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à diner, fi mieux n'aime chaque laboureur prendre trente fols en espéce.

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3. SAINT THIBAULT DES BOIS, prieuré de France, au diocèfe d'Auxerre, fitué fur le bord des bois, dans un lieu du territoire de la paroiffe de Chevannes, à deux lieues ou environ d'Auxerre. On croit qu'il a été fondé vers l'an 1152, parce qu'il n'en eft fait mention dans les bulles des papes, en faveur de l'abbaye de faint Germain d'Auxerre dont il dépend, que depuis l'an 1553. L'églife portoit au commencement le titre de Notre-Dame, & T'avoit encore en 1208. Renaud, abbé de faint Germain, lui donna du bien en 1233. Ce lieu prit le nom de SaintThibault, à l'occafion du corps d'un faint de ce nom, qui y fut dépofé dans un tems qu'on ne fait point, & peut-être celui d'un folitaire de ces quartiers-là, ou un faint religieux de ce prieuré, ou bien ce pourroit être celui d'un faint Thibault, confeffeur de Font-Morygny en Berry. Quoi qu'il en foit du faint Thibault qui a fait oublier l'ancien nom de Beaumont que portoit ce prieuré, les habitans de Provins qui y vinrent l'an 1331 en qualité de députés, pour en obtenir des reliques, y virent tout le corps dans le tombeau, comme il eft marqué dans le procès-verbal confervé à Provins, & ils en obtinrent fous le nom de faint Thibault fils du comte de Champagne. Le refte du corps fut porté en 1400 à faint Germain d'Auxerre, à caufe des périls du tems, comme on lit dans le régiftre du chapitre d'Auxerre de la même année. L'évêque de Nevers fit la cérémonie avac la permiffion de l'évêque d'Auxerre. Ce prieuré aujourd'hui réduit en fimple chapelle, dont les biens font réunis à l'abbaye de faint Germain, eft un lieu de pélérinage, fur-tout le premier de juillet. Note tirée des obfervations manuscrites de M. Lebeuf chanoine d'Auxerre, fur le livre des faintes Grotes de l'abbaye de faint Germain. SAINT THIERRY, en latin sanctus Theodoricus, abbaye de France, en Champagne, au diocèfe de Rheims. Elle eft fituée à deux petites lieues au nord de Rheims, dans une paroiffe à qui elle a donné fon nom, & qui eft compofée d'environ trois cents quatre-vingts habitans. Elle eft de l'ordre de faint Benoît, & a été fondée vers l'an $25 par faint Thierry, disciple de faint Remy. La manfe abbatiale a été unie à l'archevêché de Rheims, en dédommagement de l'érection de l'archevêché de Cambray. Elle eft de douze mille livres. On appelle fouvent l'abbaye SAINTTHIERRY DU MONT D'OR, Fanum fancti Theodorici in monte aureo. Quelques-uns veulent tirer l'étymologie du mont d'Or, de celui du mont Oreb, parce que, difent-ils, faint-Thierry a choifi cette montagne pour fa retraite & pour le lieu de fa fépulture, comme Moyfe avoit fait du mont Oreb. Ce n'étoit, lorsque faint Thierry s'y eft retiré, qu'une montagne couverte de bois, au milieu desquels il choifit un emplacement pour bâtir fon monaftère, auquel faint Remy, dont il étoit le fecrétaire, ajouta l'églife, qui fut dans la fuite détruite par les courfes des barbares, & par le relâchement des religieux que ces deux faints avoient établis. Ils fe firent même fécularifer environ vers l'an 716, & les feigneurs voifins s'emparerent d'une partie de leurs biens. Les Hongrois détruifirent leur monaftère & leur église, qui refterent dans cet état jusque vers l'an 974, que l'archevêque Adalberon la fit rétablir, y remit des moines, & leur fit rendre une partie de leurs terres. Les comtes de Roucy étoient leurs avoués; mais ils furent délivrés de cette avouerie par Henri I, roi de France. Quand les rois vont à Saint-Marcou faire leur neuvaine par euxmêmes ou par leurs aumôniers, ils vont dîner à SaintThierry, où ils font défrayés par les abbés de faint-Thierry, d'Auvilliers & de Saint-Bafle. Paul Bailly, le huitiéme de leurs abbés commendataires y introduifit la réforme de faint Maur en 1627. Cette abhaye a beaucoup fouffert pendant les guerres de la minorité de Louis XIV. Elle est située fur une colline, au-deffus de la croupe de la montagne; l'air y eft très-bon & la vue charmante.

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SAINT THIERS DE SAON ou DE SAOU, en latin fancti Thiraucii ou Tercii de Saone, ou de Rupe Saonenfi abbatia, abbaye de France, en Dauphiné, au diocèle de Valence. C'eft une abbaye d'hommes de l'ordre de faint Auguftin, & elle dépend immédiatement du faint fiége.

1. SAINT-THOMAS, bois de France, en Gascogne, au bas Comminges. Il eft de trois cents cinquante arpens quarts cinq perches,& de la maîtrife de l'ifle Jourdain.

trois

2. SAINT-THOMAS, ifle de l'Amérique, entre les Antilles, à l'orient de Porto Ricco. Il ne faut pas confondre Saint-Thomas avec Saint-Thomé. Cette derniere eft fur la côte d'Afrique, directement fous la ligne, & Saint-Thomas de l'Amérique eft par les 18 de latitude nord.

Cette petite ille eft la derniere du côté de l'ouest, de toutes celles qui compofent cet amas d'ifles ou d'iflets, qu'on appelle les VIERGES. Le PORT qui eft naturel eft fort joli & fort commode. C'eft un enfoncement oval, formé par les cuiffes de deux mornes, affez hauts du côté de la terre ou du centre de l'ifle, qui s'abaiffent infenfiblement, & qui forment en finiffant deux motes rondes & plates, qui femblent faites exprès pour placer deux batteries pour défendre l'entrée du port. Le mouillage eft excellents pour toutes fortes de bâtimens. * Labat, nouveaux voyages aux ifles françoifes de l'Amérique, t. 2, p. 285.

Quoique cette ille n'ait qu'environ fix lieues de tour, elle ne laille pas d'avoir deux maîtres, favoir le roi de Danemarck & l'électeur de Brandebourg, aujourd'hui roi de Pruffe. Il eft vrai que les Brandebourgeois n'y font que fous la protection des Danois, & ce font les Hollanlandois qui y font le commerce fous le nom des Danois.

Il y a une espéce de FORT, presque au milieu du port, qui n'eft qu'un petit carré avec de très-petits baftions fans ouvrages extérieurs; toute la défense confifte en un plan de raquettes, qui regnent autour, & qui occupent le terrein que devroient occuper le foflé & le chemin-couvert. Ce terrein peut avoir fix à fept toifes de large. Les raquettes y font bien entretenues, fi preflées, fi ferrées à leur fommer & fi unies, qu'il femble qu'on les taille tous les jours. Elles ont pour le moins fept pieds de haut. Les bâtimens qui font dans le fort font adollés contre le mur, pour laifler une cour carrée au milieu.

Le BOURG commence à cinquante ou foixante pas à l'ouest du fort. Il fait la même figure que l'ance, & n'est compotée que d'une longue rue, qui fe termine au comptoir de la compagnie de Danemarck.

Ce comptoir elt grand, vafte, bien bâti. Il y a beaucoup de logemens, & des magafins commodes pour les marchandifes, & pour mettre les Négres qu'elle reçoit & qu'elle trafique avec les Espagnols.

A la droite du comptoir, il y a deux petites rues, remplies de François réfugiés d'Europe & des ifles. On les appelle le quartier de Brandebourg. Il y a dans cette ifle trois ou quatre religions, fans que pas une ait de temple, à peu près comme à la Barbade. Cependant, généralement parlant, il n'y a que deux religions dominantes à Saint-Thomas, c'eft-à-dire la lutherienne & la calvinifte. Celle-ci avoit ordinairement deux miniftres, un François & un Hollandois. La premiere n'en avoit qu'un,, qui parloit flamand & allemand.

Les maifons du bourg n'étoient ci-devant que de fourches en terres, couvertes de cannes ou de rofeaux, & environnées de torchis, blanchis avec de la chaux. Les fréquens incendies ont obligé à les bâtir de briques. Elles font baffes, peu ont deux étages. Elles font très-propres, carrelées de carreaux verniffés ou de fayance, & blanchies à la hollandoife. Ils difent qu'ils n'ofent les faire plus hautes, à caufe du peu de folidité du terrein où l'on ne peut creufer trois pieds fans trouver d'eau & le fable mouvant.

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On fait un commerce très-confidérable dans cette petite ifle, & c'eft ce qui y a attiré les habitans qui la peuplent. Comme le roi de Danemarck eft ordinairement neutre, fon port eft ouvert à toutes fortes de nations. Il fert en tems de paix d'entrepôt pour le commerce, que les François, Anglois, Espagnols & Hollandois n'ofent faire onvertement dans leurs ifles. Et en tems de guerre il eft le refuge des vaiffeaux marchands pourfuivis par les corfaires. C'est là qu'ils conduifent leurs prifes & qu'ils les vendent, quand ils les font trop bas pour les faire remonter aux ifles du vent; de forte que les marchands de cette ifle avec les vainqueurs l'avantage de leurs victoires. C'eft encore de ce port que partent quantité de barques, pour aller en traite le long de la côte de terre-ferme, d'où elles rapportent beaucoup d'argent en espèces, ou en barres & des marchandifes de prix. Voilà ce qui rend ce petit lieu ri

partagent

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che & toujours pleins de marchandises. Les cannes y vienment très-bien, & le fucre eft beau & bien grené. Le terrein quoique léger eft bon, & produit bien le manioc, le mill, les patates & toutes fortes de fruits & d'herbages. Ils ont peu de bœufs & de chevaux. Cependant ils ne manquem pas de viande; les Espagnols de Porto-Rico leur en fourniffent en abondance. Ils élevent des cabrittes qui font excellentes, & des volailles de toutes fortes en quantité. Avec tout cela les vivres y font chers, ce qui vient de la quantité de gens qui y abordent, & de ce que l'argent y eft commun.

Au reste, l'ifle de Saint Thomas n'eft capable d'aucune défenfe, ni pour elle-même, ni pour le pays, ni pour les vaiffeaux qui feroient dans le port; il y a à la vérité une grande batterie fur le bord de la mer au bas du fort, où T'on voit une vingtaine de canons; mais cette batterie quoique bonne pour battre dans l'entrée du port, eft inutile pour tout le refte; parce qu'étant ouverte par derriere, elle peut être aifément prife par ceux qui l'attaqueroient du côté de terre, après avoir fait leur descente à la petite ance, qui eft derriere le comptoir des Danois.

La CARAVELLE DE SAINT-THOMAS elt un rocher affez élevé avec deux pointes toutes blanches des ordures que les oifeaux font deffus. Cela le fait paroître de loin comme une corvette ou un brigantin, & c'eft ce qui lui a fait donner le nom de caravelle, qui eft un petit bâtiment espagnol. Ce rocher eft environ à trois lieues au fud-oueft de Saint-Thomas.

3.

SAINT THOMÉ. Voyez SAN THOMÉ, no. 2. SAINT-TIBERI ou TUBERY, Oppidum fancti Tiberii, ville de France, dans le bas Languedoc, au diocèfe d'Agde. Cette ville eft fiége d'un bailliage royal. Elle eft très-ancienne; fon ancien nom eft Ceffero. Pline, Ptolomée & tous les itinéraires en font mention fous ce nom, que les anciens actes, rapportés par le pere Mabillon, nous difent être la ville, où le monastère de faint Tibery avoit été fondé. L'abbaye de faint Tibery lui a fait dans la fuite changer fon ancien nom. Elle eft de l'ordre de faint Benoît, de la congrégation de faint Maur. L'abbé jouit de huit mille livres de rente. Elle a été fondée l'an 817, par Louis le Débonnaire.

SAINT-TRIVIER, ville de France, dans la Breffe, au diocèfe de Lyon. Elle eft petite, & n'a que trois cents quarante habitans, elle eft fituée fur une hauteur, à deux lieues de la Sône, & à cinq de Bourg. Il y a un hôpital & un college. Le terroir des environs eft affez abondant, mais il eft fort couvert : les chemins y font mauvais, & les avenues difficiles & marécageufes.

Cette ville a le titre de comté, qui appartient à la mai fon de Cremeaux d'Antrague.

SAINT-TRON, en latin fancti Trudonis fanum ou Trudonopolis ou Trudonium oppidum, ville d'Allemagne, au pays de Liége, dans la Hafbaye, dont elle eft la capitale. Ceux du pays difent Saint-Truyen. Elle eft fur les frontieres du Brabant, à trois lieues de Tongres, à cinq de Mastricht, & à autant de Liége. Les murailles en fuTent abattues l'an 1675. La moitié de la ville appartient à l'évêque de Liége; & l'autre moitié à l'abbé de faint Tron, abbaye qui donne le nom à la ville. L'évêque & l'abbé partagent entre eux la nomination des magiftrats. Quelques-uns croyent que cette ville eft la Sarcinium des

anciens.

SAINT-TROPEZ, ville maritime de Provence, fur le golfe de Grimaud, à quatre lieues de Frejus, & à douze de Toulon. Cette ville eft au bord de la Méditerranée, fur laquelle elle a un affez beau port entre Frejus & Hieres, à quatre lieues de Frejus, & à douze de Toulon. Elle doit fon origine & fon nom à un prieuré dépendant de faint Victor de Marseille : elle n'a que deux cents dix habitans. C'est un gouvernement de place, avec un état major. Cette place a une citadelle. Le golfe, dans lequel elle a fon port, s'appelle ordinairement le golfe de Grimaud, en latin Gambrecius ou Gambrecitanus. Quand on vient de l'oueft pour y entrer, il faut prendre le nord-oueft, & faire route vers Nagaye, & lorsqu'on découvre le château de Grimaud, il faut auffi-tôt venir un peu au Lof, pour éviter un banc de rochers, qui n'eft pas éloigné. On va mouiller aux Canabiers. Honoré Bouche croit que c'eft l'ancienne Heraclea Cacabaria. Sa paroiffe eft deffervie par un prieur régulier de l'ordre de Saint Benoît, qui a fous lui

cinq prêtres. Il y a auffi un couvent de capucins. SAINT TRUTPERT, abbaye d'hommes, ordre de. faint Benoît, en Suabe, dans le Brisgaw, à trois lieues au midi de Fribourg. Elle a été rétablie au commencement du dixième siècle.

1. SAINT-VAAST, en latin fanctus Vedaftus, bourg de France, en Normandie, au diocèfe de Coutance. Ce bourg eft fitué à deux licaes de Harfleur, à trois de Valogne, & à treize de Coutance; il a un petit port de mer où les vaiffeaux abordent. Il eft compofé de douze cents vingt-fix habitans. Il y a un bon nombre de poiffonnierspêcheurs, & c'eft où l'on vend le meilleur poiffon qu'on porte à Paris. Le fort de la Hougue eft d'un côté dans une petite ifle qui porte ce nom; c'eft une groffe tour fortifiée. De l'autre côté, à une demi-licue, eft l'ifle de Tatihou un peu plus grande, où il y a auffi une groffe tour fortifiée, qui avance plus dans la mer, & le bourg de SaintVaaft eft entre deux. Ce fut là où les vaiffeaux du roi de France furent brulés en 1692. Il y a une espèce de marché le dimanche.

2. SAINT-VAAST D'ARRAS. Voyez ARRAS.

3. SAINT VAAST ou S. WAST DE MOREUIL, en latin Morolium fancto Vedafto Sacrum, abbaye de France, en Picardie. Voyez MOREUIL.

SAINT-VALERY, Oppidum fancti Valerici, ville de France, en Picardie, au diocèle d'Amiens. Elle est située à l'embouchure de la Somme, dans le Vimeux, à quatre lieues au-deffous d'Abbeville. Elle a trois mille deux cents quatre-vingts habitans; elle doit fon origine au monastère de faint Valery. L'entrée de la Somme, fur laquelle cette ville eft bâtie, eft périlleuse, à caufe des bancs de fable qui changent continuellement avec les vents & les crues d'eau ; de forte qu'on ne peut s'y engager qu'avec les meilleurs pilotes du pays. L'eau monte en pleine mer de trois braffes à la pointe de Hourdel, de deux & demie au Crotoy, & de deux à Saint-Valery: ainfi les vaiffeaux choififlent où ils veulent s'arrêter; mais ils paffent ordinairement dans une fuffe, qui joint le fauxbourg de SaintValery; & quoique l'entrée de la riviere foit difficile, il s'y fait un grand commerce. Le monaftère, dont cette ville porte le nom, s'appelloit anciennement LEUGONAUS. Orderic Vital, qui écrivoit au douzième siècle, appelle ce lieu Legonaus, & c'étoit un port comme il eft encore aujourd'hui. S. Valery, fon fondateur, étoit Auvergnat & vivoit dans le feptiéme fiécle. Le monaftère ayant beaucoup fouffert au neuviéme & au dixiéme fiécle; les moines prirent des chevaliers pour les défendre. Ces avoués fe rendirent indépendans & propriétaires sous le nom de barons & de marquis.

Le commerce de Saint-Valery est estimable & considérable par la facilité qu'il y a de transporter les marchandifes à Amiens, & delà par toute la province, jusqu'en Artois, en Champagne, & à Paris, fans efluyer les retardemens ordinaires par la voye du Havre-de-Grace. Un bâtiment fe rend de Hollande à Saint-Valery en vingt-quatre heures; & les marchandifes, dont il eft chargé, pallent à Amiens en deux jour & demi, par le moyen des gribannes, qui remontent la Somme, riviere douce & creufe. Si les marchands font plus preffés, ils ont la route des charrois, qui vont en trois jours à Paris : & c'est ce qui a déterminé le confeil du roi de France, à permettre l'entrée de l'épicerie par ce port, à la réserve des fucres & cires, venant des pays étrangers, dont il a plû au roi, d'en favorifer d'autres. Pendant les traites des bleds, il en eft boucoup forti par ce port pour la Bretagne & la Normandie, & à préfent il eft d'un grand ufage pour le débit de toutes les manufactures de Picardie, qui paffent jusqu'en Espagne & en Portugal ; d'autre part, les denrées qui y viennent par mer & par terre, font les fucres de Nantes, de la Rochelle & de Normandie, les eau-de-vie de Marseille, les cidres d'Auge, les miels blancs de Bretagne, les pelleteries de la Rochelle, les beurres de Normandie ; & du dehors du royaume, les cendres du Dannemark pour le blanchiffage, & les cendres potaffes de Hollande, pour la fabrique du favon, les huiles de toutes façons, les laines d'Espagne, pour la fabrique des étoffes, le bois de Campêche & de Brefil, pour les teintures, &c. de la morue, des des harangs, des fromages de Hollande, & des fers blancs & noirs de Hambourg, des aciers de Hongrie, des favons, des toiles, des baleines, des draps, des camelo:s

d'Hollande, des fuifs, des beurres, du charbon de terre, des ardoifes, du plomb, de l'étaim, de la couperofe, de Palun, toutes fortes d'épiceries & de drogues, & de clincaillerie d'Angleterre. La ville de Saint-Valery a une amirauté.

2. SAINT-VALERY EN CAUX, gros bourg de France, avec port de mer, dans la haute Normandie, en latin fanctus Valericus. Il eft fitué à fix licues de Dieppe & de Fescamp, & à onze ou douze de Rouen. La paroille de faint Valery, qui eft de l'exemption de Fescamp, eft deflervie par douze prêtres, & comprend environ quinze cents communians. Le port de ce bourg, relferré entre deux côtes de roche, eft par-tout revêtu de pierres de taille, en maniere de baffin, avec des éclufes, & accompagné d'un quai bien pavé, qui regne à l'entour. Les vaiffeaux y font à l'abri des vents, & dans les grandes marées, il y entre feize pieds d'eau. Le couvent des pénitens domine fur ce port, où il y a un hôpital. L'églife de Notre-Dame de Bon-Port, bâtie affez près du rivage de la mer, eft une aide de la paroiffe. On y célébre tous les offices divins, & on y conferve le Saint Sacrement, pour le porter aux malades; mais pour les baptêmes & les mariages, on eft obligé d'aller au bourg, qui eft féparé du port par un marécage d'un quart de lieue de long. Il y a à Saint-Valery un gouverneur, un maire, une haute juftice, une amirauté, & un grenier à fel. On y tient marché tous les mardis & les vendredis, & foire les deux fêtes de la Pentecôte, & le jour de faint Leger, à la chapelle qui eft au haut de la côte. On y travaille en draperies, & l'on y fait des frocs & des toiles. Une petite riviere dont les eaux fe font perdues, traver foit autrefois le port. Une tour carrée défend la muraille & la porte, qui eft à l'entrée de ce même port. Il y a une autre tour & du canon au pied de la falaife. Deux jettées ou digues élargiffent le canal, & facilitent l'entrée des vaiffeaux. Celle qui eft du côté de Dieppe, doit être continuée jusqu'à cent toifes. La navigation de Saint-Valery confifte en quelques vaiffeaux pour la pêche des morues de Terre-Neuve, en une trentaine de groffes barques pour la grande pêche du harang, & pour le transport des denrées, & en plufieurs petites barques ou bateaux, pour faire les petites pêches le long de la côte. Il y a quarante ans ou environ que le port de Saint-Valery n'étoit qu'une petite plage de mer, qui fervoit de retraite à quelques pêcheurs ; mais le roi ayant donné les ordres pour le faire déboucher, la comle faire déboucher, la commodité de fa fituation y attira quelques marchands, & les travaux confidérables que l'on y a faits l'ayant rendu un petit port bien fermé, la navigation y augmente, & l'on y a bâti une centaine de maisons près de la mer. * Mémoires dreffés fur les lieux en 1700.

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1. SAINT-VALLIER, comté de France, en Dauphiné, C'est le dernier héritage de la maifon de Poitiers. Il fut érigé en comté pour Diane de Poitiers, avant qu'elle fûr ducheffe de Valentinois, & après avoir paffé à fes filles : il a été poffédé par différentes perfonnes jusqu'au comte de Saint-Vallier d'à préfent, qui eft de la famille de la

Croix.

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SAINT-VANDRILLE, Vandrigefillus, bourg du pays de Caux, en Normandie, avec une abbaye confidérable de bénédictins de la congrégation de faint Maur. Il eft fitué à une lieue de Caudebec, & à un quart de lieue de la Seine, jusqu'où s'étend le dixmage de la paroille faint Michel. L'abbaye de faint Vandrille eft dans un vallon, fur le petit ruiffeau de Caillouville. Ce monaftère, connu autrefois fous le nom de Fontenelle, eft très-célébre dans le martyrologe romain, qui fait mémoire des faints dont on

gou

illuftres par leur fainteté & par leur fcience, aux églifes de Sens, de Toulouse, de Lyon, de Séez de Rouen, de Terouanne, de Paris, de Bayeux, de Rheims, d'Evreux, &c. L'églife bâtie en croix eft belle, claire, bien voutée, trèspropre, & fort dégagée dans fon deffein, avec un large corridor. Le chœur couvert de plomb, a neuf piliers de chaque côté, & quinze chapelles à l'entour, dont plufieurs font ornées. On n'a pas épargné l'or au tabernacle du grand autel. Les trois portes du chœur, & quatre grandes arcades du Sancta Sanctorum, font fermées d'une grande balustrade de fer richement ouvragée; & un grand nombre de faints abbés, & autres religieux de l'abbaye font repréfentés en peinture fur les murailles & fur les piliers de ce choeur dont les chaifes font d'une belle menuiferie. La tribune, qui fépare le chœur de la nef, eft d'un agréable deffein, & terminée par une balustrade de pierre. Au milieu de l'églife il y a un plafond, en maniere de grande calotte, ornée d'architecture & de sculpture, au deffous du clocher construit en forme de lanterne ; la voute de la nef ne couvre que trois arcades, & une muraille fépare le refte de la nef que l'on n'a pas encore achevée. La facriftie eft très-commode, & ornée d'ouvrages de menuiferie. On y admire fur-tout la beauté de la ferrure, par grandes plaques cizelées comme de l'argent. Il y a dans le tréfor de cette facriftie, quan- ́ tité de reliques précieuses, que l'on conferve dans des chefs, des bras & d'autres reliquaires d'argent. Cette abbaye ayant été détruite par les Normands en 850 ou 860, fut rétablie par Richard II, roi d'Angleterre, & duc de Normandie vers l'an 1035. La maifon des religieux, entierement rebâtie à neuf par les bénédictins de la congrégation de faint Maur, avant la fin du dernier fiécle, eft grande & complette. On la diftingue entre les plus belles de la Normandie. Le cloître eft fort beau, & la grande fale tient du magnifique. Elle a dix grandes croifées de chaque côté, & un rang de neuf colonues de pierre dans le milieu, porte la voute. Les jardins font vaftes, & dans le grand enclos qui s'éleve jusques vers le haut de la côte, & près d'un bois, il y a de longues terraffes d'où l'on voit la Seine. Sur le terrein de cette abbaye, on trouve quatre chapelles, où l'on dit des mesfes. Celle qui porte le titre de Notre-Dame de Caillouville, fut bâtie par faint Vandrille premier abbé, qui vécut jusqu'à quatre-vingt-feize ans, & mourut le 22 juillet de l'an 685 felon les uns, & 689 felon les autres,en présence de faint Ouen, archevêque de Rouen, & de trois cents religieux. On baigne les enfans malades dans la fource du ruiffeau de Caillouville, qui paffe au travers de cette abbaye. La chapelle de faint Saturnin, archevêque de Toulouse, où l'on vient de plufieurs villes en pélerinage, fut conftruite l'an 660. Le corps de faint Harduin y repole, après avoir vécu long-tems en qualité de religieux réclus, dans le même lieu où elle a été bâtie. Celle que l'on appelle la chapelle de faint Paul eft la fépulture de la plus grande partie des faints de l'abbaye de Fontenelle, ou de faint Vandrille, & entr'autres du faint de ce nom, de faint Gaon fon neveu, de faint Hugues archevêque de Rouen, de faint Anfberg archevêque de la même ville, & de faint Vulfran archevêque de Sens. La qua triéme eft la chapelle de la maifon abbatiale, érigée en l'honneur de faint Etienne premier martyr, & de faint Pancrace, auffi martyr. De plus, au hameau de Gauville il y a une chapelle du titre de faint Amand, où ce faint qui a été abbé de faint Vandrille, a fa fépulture. La chapelle du titre de faint Jacques, eft encore de la dépendance de cette abbaye, dont l'abbé est seigneur de Caudebec, & patron de la cure de cette ville. La fénéchauffée, haute-justice de Saint-Vandrille, va tenir dans la même ville la jurisdiction du bailliage durant une femaine de carême. Mém. dreffés fur les lieux en 1.702.

SAINT-VAURY, petite ville de France, dans le Limoufin. Il y avoit autrefois une abbaye de même nom laquelle a été fécularifée en chapitre de chanoines auprès

de cette ville; & du côté de Gueret, on voit encore une

croix de pierres de taille, au piédestal de laquelle eft gravée la couronne d'Angleterre. C'étoit la borne de la do

mination des Anglois, lorsqu'ils poflédoient le Limousin. Sa juftice eft du reflort du préfidial de Limoges.

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chapelles ou peller cette abbaye la terre des faints, puisque fous le églifes bâties fur fon territoire. On peut apvernement de fes trente-quatre premiers abbés, dont il y dont elle étoit autrefois la principale ville. Elle eft fituée à ena vingt reconnus pour faints, elle a donné des prélats l'endroit où le rencontrent les deux rivieres de Glan & de

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Wunich. Elle a de bonnes murailles, fix églifes, une place -publique, avec une très-belle fontaine de marbre blanc toute d'une pierre. Cette piéce eft antique, & a été apportée de Saal on Zolfeld, placé voifine. On voit aux environs de Saint-Veit quatre hautes montagnes, qui portent les noms de Saint-Veit, Saint-Ulric, Saint-Laurent & Sainte-Hélène : fur chacune on voit une chapelle où le peuple va en pélerinage à pied, quoiqu'il y ait fept ou huit lieues françoifes de chemin. Les habitans font fort fujets aux goîtres, & il n'y en a d'exemts que ceux qui boivent beaucoup de bierre & de vin. Brown, qui me fournit ces remarques, dir y en avoir vu de plus groffes que dans la Savoye & près des Alpes.

On croit que Saint-Veit eft l'ancienne Candollica. 2. SAINT-VEIT, petite ville des Pays-Bas, au pays de Luxembourg. Elle étoit à Guillaume de Nassau, roi d'Angleterre, & fait partie de fa fucceffion.

3. SAINT-VEIT, ville d'Italie, fur la côte d'Iftrie, au golfe de Venife, fous la domination impériale. Elle est dans l'Iftrie, au nord de l'ifle de Cherso. Il y a un château dans la ville & un autre fur une montagne. Il s'appelle Therfat, & auprès un couvent de cordeliers, qui est un pélerinage très-fréquenté de la riviere jusqu'au monasière, il y a une montée dont on ne fauroit compter au jufte les degrés, & on ne trouve point deux fois le même -compte. Au milieu, de cette montée eft une petite place avec une chapelle, que l'on dit être faite fur le modèle de Notre-Dame de Lorette. Devant la ville eft un couvent de -capucins, où le fit en 1618, le traité de paix entre la maifon d'Autriche & les Vénitiens: bien des géographes le mettent dans la Carniole, parce qu'en effet, il eft du gouvernement de cette province. Cette ville de Saint-Veit eft la même que FIUME.

4. SAINT-VEIT, bourgade d'Allemagne, au comté de Gorice, fur un des deux ruiffeaux dont fe forme le Vipao, riviere qui tombe dans le Lizonfo. Ce bourg eft à un mille de Wippach, & eft regardé par les Allemands, comme une dépendance de la Carniole, parce qu'il eft effectivement aux frontieres de ce duché. Auffi Zeyler le traite-t-il dans l'ordre des lieux de la Carniole.

5. SAINT VEIT, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, en Allemagne, dans la baffe Baviere, au fud-eft de Landshut, dans le diocèfe de Saltzbourg.

1. SAINT-VENANT, ville de France, dans l'Artois, fur la Lys, vers les frontieres de Flandres, à deux lieues d'Aire, avec titre de comté. La principale défense de cette place confifte dans les inondations que forment les ruisfeaux de Robeck & de Garbeck. Il n'y a qu'une feule églife, fous l'invocation du martyr faint Venant, en latin Venantius. Il vivoit vers l'an 762, du tems de Pepin, roi de France. il fervit dans les armées de ce prince, fe donna enfuite à Dieu, & fe retira dans les bois aux environs d'Aire, & y fut affaffiné par un voleur, qui crut trouver ehez lui de grandes richeffes. Les miracles que Dieu opéra fur le tombeau de ce faint homme, & le concours que la dévotion y attira, donnerent lieu de commencer cette ville qui en prit le nom. On trouva en 1608 les offemens de faint Venant au village de Saint-Hifbergue, à une lieue de cette ville; mais il y a toujours eu contestation fi c'étoient les véritables reliques de ce faint martyr, dont la fête fe célebre le 10 octobre. Il y a un nouvel hôpital pour les malades, établi en 1702. Louis XIV a ordonné que les biens & les revenus de l'ancien hôpital de cette ville, ceux de ses maladreries, & ceux de Haverkerke ferviffent pour fon entretien. Cette place a eu autrefois de bonnes fortifications. Le maréchal de Turenne la prit en 1657, & deux ans après elle fut cédée à la France par le traité des Pyrénées. Ses fortifications furent alors démolies : les François les releverent enfuite, & y mirent une bonne garnifon. Les alliés de l'empereur l'affiégerent en 1710, & la prirent le 29 d'octobre; mais elle fut rendue à la France en 1713, par la paix d'Utrecht.

2. SAINT-VENANT, chapitre de France, en Touraine, au diocèle de Tours. Il eft compofé de dix chanoi nes & de dix-huit chapelains fous la collation du chapitre de faint Martin de Tours.

SAINT-VENDELIN ou SAINT-WENDEL, petite ville d'Allemagne., au pays de Treves, fur le ruiffeau de Bliefs, dans le Wefterreich. Baudouin, archevêque de Treves, acheta le château & le territoire. Baudrand dit qu'elle a

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fait partie du comté de Sarbruck, & qu'étant fief de l'évêché de Metz, elle a été réunie à la France en 1680, aulfi la donne-t-il à la France.

SAINT-VERAIN, en latin S. Veranus, petite ville de France, dans le Nivernois, au diocèfe d'Auxerre. Le château a été fermé de murs très-folides; mais ces lieux ont beaucoup fouffert dans les guerres des ducs de Bourgogne. On ignore l'ancien nom de ce lieu; il prit le nom de faint Verain, évêque de Cavaillon, dans le tems que le corps de ce faint fut porté de Cavaillon à Gergeau fur Loire. Il y fut dépofé pendant quelque tems, ce qui donna occafion à l'érection du prieuré qui fert aujourd'hui de paroiffe, & qui eft une des dépendances de l'abbaye de faint Germain d'Auxerre. Cette ville eft une baronnie qui a des mouvances affez confidérables. Le baron eft l'un des quatre qui font tenus de porter l'évêque d'Auxerre à fon joyeux avenement. On en a un catalogue depuis le commencement du douzième siècle. Il y a au château une chapelle, dont la fondation eft très-ancienne. Cette feigneurie eft dans la maifon de Nevers, depuis environ deux fiécles. Saint-Verain étoit autrefois un lieu de grand pélerinage, & la proceffion de la ville de Nevers y eft venue dans les tems de calamité, nonobftant l'éloignement de plus de dix lieues. On fuit en ce lieu-là la coutume d'Auxerre, & eft dù bailliage.

SAINT-VIANCE, marquifat de France, dans le Limofin, au diocèfe de Limoges. Cette paroille est du préfidial de Brive, & a près de fix cents habitans. Cette terre appartient au marquis de Saint-Viance, dont la famille porte le nom de Felix. Elle est ancienne, & a eu plufieurs fujets de mérite.

1. SAINT-VICTOR, bourg de France, dans le Beaujolois, au diocèfe de Lyon, élection de Ville-Franche. Il a cinq cents habitans. Il y a une châtellenie royale reffortiffante à la fénéchauffée de Saint-Etienne.

2. SAINT-VICTOR, bois de France, en Normandie, au pays de Caux, entre le bourg de Saint-Victor en Caux & celui de Tôtes. Il a environ une lieue & demiè de tour.

3. SAINT-VICTOR EN CAUX, bourg de France, dans la haute Normandie, au pays de Caux, avec une abbaye de bénédictins non réformés. Il a titre de baronnie. Il eft fitué entre Dieppe & Rouen, à fix lieues de l'une & de l'autre ville, à une grande lieue au deffus d'Aufray, près de la baronnie de la Pierre, & un peu au-deffous des fources de la petite riviere de Scie, dans une belle campagne de terres fertiles en grains. Les rentes feigneuriales & les droits de la foire qu'on tient en ce bourg le jour de la fète de faint Victor, appartiennent aux chanoines de la cathédrale de Rouen. Il n'y a dans ce bourg qu'un feul puits. I'abbaye de faint Victor eft fituée dans le bourg qui lui doit fon nom & fon origine. Ce n'étoit d'abord qu'un prieuré fondé en 1048, par Roger de Mortemer, pendant que faint Maurille étoit archevêque de Rouen. Ce prieuré étoit foumis à l'abbé de faint Ouen de Rouen, du confentement duquel il fut érigé en abbaye l'an 1074.

1. SAINT-VINCENT, ifle de l'Amérique, la plus peuplée de celles que les Caraïbes poffedent dans les Antilles. Elle eft au fud de Sainte-Luce, à feize lieues de l'isle de Barbados, & à douze de la Grenade, fur la hauteur de feize degrés. Cette ifle peut avoir huit lieues de long & feize de large. Sa forme eft presque ronde, & la terre eft relevée de plufieurs hautes montagnes, au pied defquelles il y a des plaines propres à rapporter, fi elles étoient cultivées. Le long de la côte qui regarde le fud-oueft, elle a plufieurs bayes où font des ancrages fort commodes. On en peut prendre aifément de l'eau, & la descente y eft très-facile. Ses habitans font de mêmes mœurs que leurs voifins, de moyenne taille, pareffeux, & n'ont d'autre foin que de chercher à fournir aux néceffités de la vie. Ils ont quantité de beaux villages, où ils vivent tranquillement; ils traversent jusqu'au continent avec leurs canots quoiqu'il en foit éloigné de trente-cinq lieues, après quoi ils retournent à leur ifle, fans fe fervir de compas. Ils fe tiennent fur leurs gardes, & fe défient des étrangers. Cependant quand il en arrive à leur rade, ils leur donnent de la cafave, de l'eau, des fruits, & d'autres vivres qui croisfent en leurs terres, & qu'ils échangent avec des coûteaux, des ferpes, des coignées & autres ferremens. * De Laet, Hift. des Antilles de Rochefort. Il faut y ajouter ce que le

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P. Labat en å dit depuis dans les voyages de l'Amérique, t. 2, p. 148.

Cette ifle, dit-il, paroît avoir dix-huit à vingt lieues de tour; elle eft par les 13d de latitude nord. Son aspect n'a rien que de fauvage & de défagréable. Elle eft fort hachée, pleine de hautes montagnes couvertes de bois. On voit, à la vérité, de petits vallons, où il y a des défrichés de peu d'étendue autour des rivieres, qui y font en bon nombre. C'est là le centre de la république caraïde: c'est l'endroit où les fauvages font en plus grand nombre: la Dominique n'en approche pas. Outre les fauvages, elle eft encore peuplée d'un grand nombre de Négres fugitifs, pour la plupart de la Barbade, qui étant au vent de SaintVincent, donne aux fuyards toute la commodité de fe fauver des habitations de leurs maîtres dans des canots, ou fur des piperis ou radeaux, & de fe retirer parmi les Sauvages; les Caraïbes les ramenoient autrefois à leurs maîtres, lorsqu'ils étoient en paix avec eux, ou les vendoient aux François ou aux Espagnols. Ils prirent par la fuite la méthode de les garder, dont ils fe repentent; car le nombre des Négres s'eft tellement accru, ou par ceux qui les font venus joindre de la Barbade, ou par ceux qui font nés dans le pays, qu'il furpaffe de beaucoup celui des Caraïbes; de forte qu'ils les ont contraint de partager l'ifle avec eux, & de leur céder la Cabefterre. Mais ce n'eft pas cela qui chagrine le plus les Sauvages, c'eft l'enlévement fréquent de leurs femmes & de leurs filles, dont les Négres fe faififfent quand ils en ont befoin, & qu'il n'eft pas poffible de retirer de leurs mains, parce qu'étant plus braves & en plus grand nombre, ils fe mocquent des Caraïbes, les maltraitent, & les obligeront peut-être un jour d'aller chercher une autre ifle. Ils fouffrent impatiemment les outrages des Négres, fe plaignent hautement de leur ingratitude, & follicitent fouvent les François & les Anglois de les délivrer de ces hôtes dangereux; mais ils n'ont ofé jusqu'à préfent prendre les armes, & fe joindre aux Européens, qui ayant autant d'intérêt qu'eux de détruire cet afyle de leurs esclaves fugitifs, les auroient puiffamment aidés. Depuis que le pere Labat écrivoit, Labat écrivoit, des François fe font établis à l'ifle de Saint-Vincent, font venir du tabac, qui fe vend en France & en Hollande, fous le nom de tabac de Saint-Vincent, ou tabac de Dunkerque, à cause qu'il s'en débite beaucoup à Dunkerque.

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2. SAINT-VINCENT, ifle de l'Amérique méridionale, fur la côte du Brefil, avec une ville de même nom, & celle de Santos, qui eft le chef lieu d'une capitainie ou gouvernement qui porte le nom de capitainie de SaintVincent. Voyez SAN VICENTE.

5. SAINT-VINCENT, ifle fur la côte occidentale d'Afrique. Voyez VINCENT. (SAINT)

4. SAINT VINCENT, prieuré de France, en Bourgogne, au diocèfe d'Autun. Il eft fitué dans une paroiffe de même nom, dont la fituation eft affez belle, & en un pays de plaines. C'étoit autrefois une abbaye de l'ordre de faint Augustin. Il y a à présent des chanoines de la congrégation de France. Le roi eft collateur de ce prieuré.

5. SAINT-VINCENT, baronnie de France, dans le Poitou. Elle eft de l'élection de Saint Maixent, & appartient au duc de Mazarin & à l'abbé de Saint-Maixent.

6. SAINT VINCENT, abbaye de France, ordre de faint Auguftin, dans la ville de Senlis. Cette abbaye a été fondée en 1067, par Anne de Ruffie, femme d'Henri I. Elle eft de douze mille livres, dont l'abbé en a fept mille pour lui. Il y a un collége dans cette abbaye : elle a embraffé la réforme dès l'an 1620, avant même l'abbaye de fainte Geneviève de Paris.

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de Châteauneuf, en Thimerais. Elle eft fituée au milieu des bois, affez près du même lieu de Châteauneuf, fur le territoire de la paroifle de faint-Même, fancti Maximi. Elle fut fondée pour des chanoines réguliers qui ont reçu la réforme. La manfe abbatiale n'eft que de quinze cents. livres. On y conferve le chef de faint Chriftophle; le reliquaire rond dans lequel il eft, paroît fait à Constantinople, au huitième ou neuvième fiécle. Ce reliquaire fur donné par Michel Ducas, empereur, pour y placer une partie du chef de faint Chriftophle. L'églife a été brulée par les huguenots; M. de Luyne, abbé régulier, l'a fait rebâtir, & les logemens des religieux. Par un acte de vifite qui y fit un évêque de Chartres, avant le tems des huguenots, on voit qu'ils étoient dix-neuf religieux, qu'ils chantoient matines à cinq heures du matin, nones à trois heures & demie, puis vepres & complies à huit heures du foir.

10. SAINT-VINCENT, bourg d'Espagne, dans l'As turie de Santillane.

II. SAINT-VINCENT DE CHATEAU DOUBLE, commanderie de l'ordre de Malte, dans le Dauphiné, au diocèfe de Valence.

1. SAINT-VIVANT, (bois de) en France, en Languedoc. Il eft de cent quatre-vingt-fept arpens & demi, & de la maîtrife de Touloufe.

2. SAINT VIVANT, prieuré de France, en Bourgogne, au diocèle d'Aurun, dans le bailliage de Nuys. Il eft fitué dans une paroiffe à laquelle il donne fon nom, fur le côteau d'une montagne fort élevée. Il a été fondé en abbaye en 912, par Manallès, seigneur de Vergy & comte de Dijon. Le prieur en est seigneur.

1. SAINT URBAIN, abbaye de France, en Champagne, au diocèfe de Châlons. Elle est située sur la Marne, à une lieue de Joinville, en remontant vers la fource de la riviere, dans un bourg qui tire fon nom & fon origine de cette abbaye. Elle eft de l'ordre de faint Benoît, de la congrégation de faint Vanne. Elle a été fondée par Archambault, évêque de Châlons, dans le neuviéme fiécle, d'abord fous le titre de la fainte Trinité, depuis changé en celui de faint Urbain. Charles le chauve lui a fait de grands biens. L'abbé jouit de dix mille livres de rente, & les moines de quatre mille. L'abbé eft commendataire, & l'abbaye porte le titre de vicomté. L'abbé cft patron d'environ trente cures, & quelques prieurés, entr'autres de celle de Joinville, de Saint-Urbain, de la Noue, &c.

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2. SAINT URBAIN, abbaye de Suiffe, dans le canton de Lucerne. Cette abbaye eft de l'ordre de cîteaux, l'extrémité feptentrionale du canton de Lucerne, à une lieue à l'occident de Zofingue. Elle est belle & riche, & a été fplendidement réparée ces dernieres années. Elle fut fondée l'an 1174, & dotée richement. Les religieux difent que les Bernois n'ont que trois deniers de rente plus qu'eux. Ils ont le long du grand chemin de beaux étangs, d'un petit quart de lieue de circuit, qui leur fervent de réfervoir pour le poiffon. On les nétoye de tems en tems. Il y a environ trente ans qu'on les nétoya, & on y trouva trois cents têtes de petits enfans, qu'on n'y cher. choit pas. Cet accident, comme on peut juger, fit une rumeur épouvantable dans tout le pays d'alentour. Ce couvent eft indépendant, mais fous la protection de Lucerne, & en quelque maniere même fous celle de Berne; car la communauté a une alliance ancienne de combour

geoifie avec Berne ; & toutes les fois qu'on y élit un abbé, l'abbé nouvellement élu eft obligé d'aller à Berne, en perfonne, renouveller l'alliance; alors on le fait alleoir par honneur dans le grand confeil, comme bourgeois. Cette cérémonie fe fait toujours avec beaucoup de pompé. * Etat & délices de la Suiffe, t. 2, p. 402.

7. SAINT VINCENT DE BOURG, abbaye de Franen Guyenne, au diocèfe de Bourdeaux. Cette abbaye eft d'hommes, & de l'orde de faint Auguftin. Elle eft située dans la ville de Bourg, & vaut quatre mille livres. 8. SAINT VINCENT DE LUC, abbaye de France, l'ordre de faint Benoît. La manfe conventuelle eft réunie qu'il dans le Béarn, au diocèfe d'Oléron. Cette abbaye eft de aux barnabites. L'abbé jouit de fix mille livres de rente, & entre aux états de la province.

2; SAINT VINCENT AUX BOIS. Sancti Vincentii in Nemore, abbaye de France, au diocèfe de Chartres. Elle a été fondée au douziéme fiécle, par Gervais, baron

SAINT- URSANE ou SAINT-URSIS, en allemand (par corruption du nom) Sanderfitz, petite ville de Suifle, dans le canton de Bafle. Elle eft fituée dans une vallée profonde, entre de hautes montagnes, à deux lieues à l'oueft de Porentru. Elle eft lavée par la riviere du Doux (Dubis,) qui ferpente tellement dans ce pays, qu'il remonte vers la fource. Cette ville doit fon origine à un faint hermite nommé Urficin, qui s'étant retiré dans ces quartiers-là, alors couverts de bois & inhabités, y bâtit une cellule, & puis une petite églife. Dans la suite du tems, plufieurs familles s'y habituerent, & formerent un village, qui enfuite s'eft accru, & eft devenu une ville

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