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prenoit fon nom de la fontaine de Gehon, qui a fa fource en cet endroit, & qui coule de l'Occident au Midi, pour aller fe jetter dans le torrent de Cédron. * 2 Par. 33, 14.

VALLEE GRASSE, (La) Vallis Pinguium. C'est la vallée qui eft au pied & aux environs de la ville de Samarie. Ce pays étoit fort gras & ført fertile. Samarie êtoit affife fur la hauteur qui commandoit cette vallée: In vertice vallis pinguiffime. * Ifai.

28, 1, 4.

VALLÉE DE JEPHTAEL, vallée de la Palestine. Elle prenoit apparemment fon nom de la ville de Jephtael, frontiere de Zabulon. On n'en fait pas au vrai la fituation. * Jofué, 19, 14, 27.

VALLÉE DE JEZRAEL. C'est la même que la VALLÉE D'ESDRELON, ou le GRAND-CHAMP, qui s'étend de l'Orient à l'Occident depuis Scythopolis jufqu'au pied du mont Carmel.

VALLÉE ILLUSTRE, (La) vallée de la Palestine, près de Sichem. C'eft la même que la vallée de Moré. L'Hébreu porte Elon-Moré ; c'est-à-dire, le Chêne, ou la Chenaye de Moré. * Genef. 12, 6. VALLEE INFÉRIEURE. Voyez BORMIO. VALLÉE INTERIEURE. Voyez BORMIO. VALLÉE DE JOSAPHAT. On l'entend ordinairement de lavallée où coule le torrent de Cédron, à l'Orient & au Midi de Jérufalem. Voyez JOSA

PHAT.

VALLÉE DU LAC DE JOUX. Le mont Jura s'élargit confidérablement en certains endroits, & renferme dans fon fein diverfes vallées, qui font cenfées être de la Suiffe. Il y en a trois entre autres, qui font partie du bailliage de Romain - Motier, dans le canton de Berne, favoir celle du lac de Joux, celle de Vaulion, & celle de Vallorbe. La premiere eft la plus grande. Elle tire fon nom d'un Lac de deux lieues de longueur, & de demi-lieue de largeur, lequel en occupe le milieu. Elle a environ quatre lieues de long, & deux de large. Elle eft bordée de toutes parts; mais fur-tout du côté de la Bourgogne, de grands bois & de hautes montagnes, avec des défilés, qui en font le rempart le plus affuré. Cette vallée eft fort peuplée, & renferme huit ou dix villages, qui font trois grandes paroiffes, dont les noms font:

L'Abbaye, Le Chenit, Le Lieu.

Celle qui porte le nom d'abbaye doit fon nom & fon origine à une ancienne abbaye, qui êtoit bâtie au bord du lac, dont l'églife fubfiste encore, & qu'on croit avoir été fondée dans le fixieme fiecle par faint Loup, hermite. Etat & délices de la Suiffe, ti 2. p. 300. & fuiv.

Cette vallée, étant fort élevée, & dans le fein des montagnes, ne peut être très-fertile. Il n'y vient aucun fruit, & l'on n'y peut femer que de l'orge & de l'avoine; mais le lac fournit du poiffon en abondance. La montagne donne abondamment du pâturage, & les habitans fuppléent au refte par leur industrie. En général on remarque, que les gens des montagnes font plus actifs & plus industrieux, & par-là plus à leur aife que ceux du plat pays, qui femblent avoir plus d'avantage. Il n'y avoit autrefois qu'une feule paroiffe & un feul ministre dans toute cette vallée; mais les habitans s'étant multipliés confidérablement, les Bernois ont auffi multiplié les églifes, & ont établi trois ministres. Dans ces quartiers du mont Jura, comme dans tous les autres de la même montagne, qui dépendent du canton de Berne, les hommes vont en tout temps au temple, avec le fufil & la bayonnette, comme prêts inceffamment à combattre; & pendant le fervice Divin, ils ont leurs fufils entre les jambes, ou bien ils les mettent à des rateliers plantés exprès dans un coin du temple. Ils en ufent ainfi › parce qu'ils font fur la frontiere de Bourgogne, & qu'ils fe défient des Bourguignons, qui fe font déclarésTM fouvent ennemis des Bernois & de leurs fujets, & entr'autres dans la guerre de 1712.

Il y a diverfes chofes dans cette vallée qu imé

ritent l'attention des curieux. A une portée de canon du village de l'abbaye on voit fortir, du pied d'un rocher, une riviere toute formée, large d'une toife, & profonde d'un pied ou deux, felon les temps, & qui, après avoir fait jouer les marteaux d'une orge, va fe perdre dans le lac. A une lieue du même village, dans un coin de la montagne, on voit une profonde caverne d'une toife ou deux de diametre, & au fond de laquelle on entend une riviere fouterraine couler avec un grand bruit. Au refte, quand je parle de toife, j'entens celle de Suiffe, qui eft de dix pieds. Mais ce qui eft le plus remar quable, c'eft le lac même. On ne voit ni d'où il vient, ni où il va. Il eft comme partagé en deux lacs par un canal étroit, que l'on paffe fur un grand pont de bois ; & à demi-lieue au-deffous de ce pont, le lac fe perd dans la terre, par un grand trou qu'on 'peut voir. On croit communément qu'il va par des fouterrains jufqu'à Vallorbe, où il fort une groffe riviere, toute formée, d'un rocher, & que c'est-là l'origine de l'Orbe.

VALLÉES DES LARMES. C'étoit apparemment, dit Dom Calmet, la même que la VALLÉE DES PLEURES, ou DES PLEURANS ou DE BOCHIM,' Voyez Judic. 2, 1. & 2, & 2. Reg. 5, 23. & les articles BOCHIM ou CLOTHMON. Cette vallée étoit au midi de Jérufalem.* Pfalm. 83, 7. VALLÉE LEVONTINA. Voyez LEVONTINA, CONTIN VALLÉE LUVINO. Voyez BORMIO. VALLÉE DE MAMBRE, près d'Hébron. Voyez HEBRON.

VALLÉE DE MATTEN, vallée de Suiffe, dans' le haut Vallais, au département de Fischbach. Elle aboutit aux frontieres du duché de Milan, à quatre ou cinq lieues de Fifp où elle commence. On y trouve deux chemins pour paffer dans ce duché, & on y voit quelques bons villages, entr'autres :

Matt,

Gaffen,
Teft ou Dæfch, Stalden
Terminem.

* Etat & délices de la Suiffe, t. 4, p. 183.

VALLÉE DES MONTAGNES, (LA) Vallis Montium. C'eft ainfi que le prophete Zacharie ap-. pelle les vallées qui étoient autour de Jérufalem, & où les habitans de cette ville fe fauverent dans leur dernier malheur, lorsque la ville fut affiegée par les Romains. Zach. 14, 3.

VALLÉE DE MORE, près de Sichem. Elle eft auffi nommée la VALLÉE ILLUSTRE, dans la Genefe, c. 12, v. 6.

VALLÉE DE LA MULTITUDE DE GOG, (La) ou le CIMETIERE DE L'ARMEE DE GOC; c'é toit apparemment, dit Dom Calmet, la vallée de Jezrael, dans laquelle nous croyons que l'armée de Cambyfe fut défaite, après la mort de ce Prince Voyez l'article GOG, & le commentaire de Dom Calmet fur Ezechiel, c. 39, 11, 15.

VALLÉE DES OUVRIERS, vallis Artificum, vallée de la Palestine, en Hebreu, Ge-harafim. On la place fur le Jourdain, dans la tribu de Benjamin. * 1. Par. 4, 14. & 2. Esdr. 11, 35: VALLÉE DU RAISIN, vallis Botri: voyez NEHEL-ESCHOL.

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VALLÉE DES RAPHAIM ou VALLÉE DES GEANS. Voyez RAPHAÏM.

VALLÉE DU ROI: Voyez SAVE.

VALLÉE DES ROSEAUX, vallis Arundinis," vallée de la Palestine : l'hébreu lit la vallée ou le torrent de Kanna. Elle n'étoit pas loin de la mer Morte ou de Taphna. Morte ou de Taphna. * Jofué, 16, 8. & 17,9.

VALLÉE DE SALINES. Voyez SALINES, 4. VALLÉE DE SASS, vallée de Suiffe, dans le haut Vallais. Voyez l'article FISCHBACH. 3. VALLÉE DE SAVÉ, autrement la VALLÉE' ROYALE. Voyez SAVE.

VALLEE DE SEBOIM. Seboïm étoit une des quatre villes qui furent confumées avec Sodome par le feu du ciel. La vallée de Seboïm, dit Dom Calmet, Dict. étoit donc fur la mer Morte; mais

On n'en fait pas la fituation. Peut-être que dans la fuite on rétablit Seboim. Voyez 2, Esdras,

3 ainfi que Sodome. Quelques-uns prennent Seboim ou Tzeboim, dans un fens génériqne, pour des ferpens, des bafilics ou des hyenes. Reg. 13 18. Genef. 10, 18, 19. Ita. Chald. Heb. Vatab.

VALLÉE DE SENNIM, (La) où demeuroit Haber ou Heber le Cinéen. Cette vallée étoit dans la Galilée, aux environs de Sennaa & de Cadès de Nepthali. Judic. 4, 11.

*

VALLÉE DES TENTES, (La) convallem Tabernaculorum. L'Hébreu, dit Dom Calmet, porte la vallée de Socoth. Cette vallée étoit au-delà du Jourdain & aux environs de la ville de Socoth. Le Pfalmifte met la vallée de Socoth pour tout le pays au-delà du Jourdain, * Pfalm. 59, 6, & 107, 8. VALLEE DE TEREBINTHE, (la) ou Saül étoit campé avec l'armée d'Ifrael, lorsque le géant Goliath vint infulter les troupes des Hébreux. Cette vallée étoit au midi de Jérufalem, vers Soco & Azeca. On peut auffi donner le nom de vallée de Térébinthe à la vallée de Mambré, à caufe du Téréà cause du Térébinthe fous lequel Abraham reçut les trois Anges. Voyez TEREBINTHUS. Reg. 17, 2. * VALLEE DE VISION, (la) dans le ftyle pro(la) dans le ftyle prophétique & figuré, fignifie Jérufalem. Elle eft nommée vallée par antiphrafe, parce qu'elle eft fituée fur une montagne; & on lui donne le furnom de vision, parce qu'elle eft le fujet de la prophétie d'Ifaïe, ou parce que le temple de Jerufalem fut. bâti fur le mont Moria, qui eft la montagne de Vifion. * Ifai, 22, 1, 5. Genef. 22, 14.

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VALLÉE DES VOYAGEURS ou DES PELERINS, vallis Viatorum ad orientem maris. Nous croyons, dit Dom Calmet, que cela marque le grand chemin qui étoit au pied du mont Carmel, pour aller de la Judée, de l'Egypte & du pays des Philistins, dans la Phénicie; & réciproquement de la Phénicie, dans le pays des Philiftins, dans la Judée & dans l'Egypte. Ce chemin étoit à l'orient de la Méditerranée. * Ezech. 39, 11.

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VALLÉES (les quatre) pays de France en Gaf cogne, généralité d'Auch. Il contient les vallées de Magnoac, Aure Nefte & Baroufe.. Castelnan de Magnoac en eft la Capitale, & le lieu où fe tiennent les affemblées générales du pays. Il eft de fubvention, fait un médiocre Don gratuit tous les ans au Roi, & jouit de beaucoup de privileges. Ce pays étoit libre autrefois, & fe donna au roi de France, à condition qu'il le maintiendroit dans fes privileges, & qu'il ne pourroit l'aliéner à moindre Seigneur qu'à lui, à moins que ce ne fût au Pape. Il y a environ 40. ans que le Roi ceda le pays des quatre vallées à M. le duc d'Antin, en échange de quelques terres. Les habitans de ce pays fe plaignirent mais on leur répondit que le Roi ne les avoit point aliénés eux, mais feulement leur domaine. Ce pays eft entre le Comminges, le Bigore, & les Pyrenées, fur la frontiere d'Espagne. Sa partie qui eft dans les Pyrenées fournit les plus beaux marbres que nous ayons en France, & toutes fes rivieres roulent de l'or. * Mémoires dreffés fur les lieux.

VALLEMAGNE, vallis magna, bourg de France, dans le bas Languedoc , recette de Montpellier. Il y a dans ce lieu une abbaye d'hommes de l'ordre de Citeaux, fondée en 1150. Elle eft fous le titre de Notre-Dame, & l'Abbé jouit de dix mille livres de rente.

VALLEMONT. Voyez VALMONT. VALLENSES, peuples de l'Helvétie, felon la notice des dignités de l'Empire. Ils habitoient le pays qu'on nomme aujourd'hui le VALLAIS. Voyez

'ce mot.

VALLERAYE, lieu de France, dans la Champagne, élection de Joinville, à une lieue de Vaffy. Ce lieu n'eft pas confidérable par le nombre de fes habitans; mais feulement par fa fituation fur une petite hauteur, remplie de fources d'eaux. François I. a eu autrefois deffein d'y faire conftruire une Fortereffe. Jaillot, écrit VALERET.

VALLERNE, caftrum de Valerna, vicomté de

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France; dans la Provence, viguerie & recette de
Sifteron, fur la rive gauche de la Durance.

VALLERS, bourg de France, dans la Touraine, élection de Tours, au fud-oueft, duquel il eft fitué. Il y a à Vallers des eaux minérales. C'est une paroiffe qui dépend de l'archidiacre de Tours. On y voit une chapelle dédiée à Notre-Dame, pour laquelle les Tourangeaux ont beaucoup de dévotion.

VALLI, peuples d'Afie. Pline, . 6, c. 11, dit qu'ils habitoient fur les monts Gordiens, près des portes Caucafiennes, qui étoient dans ces montagnes.

VALLIERE, (la) duché de France, dans l'Anjou, élection de Baugé, près d'un étang, dont fe forme la riviere de Fare, qui tombe dans le Loir, aux confins de l'Anjou & de la Touraine. Voyez VAUJOUR.

VALLIS, lieu de l'Afrique propre. L'Itinéraire d'Antonin le marque fur la route de Carthage à Cirta, entre Sicilibra & Coreva, à quinze milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du fecond. Son nom lui pouvoit venir de fa fituation auprès de quelque retranchement. Holsten a cru que cette ville étoit le même fiege epifcopal que la notice des évêchés d'Afrique appellé Uil tanus ou VI litanus; mais il n'y a nulle apparence à cela. Le fiege Ullitanus, étoit dans la Numidie, & Valls ou Vallitanus dans la Proconfulaire. Voyez VALLITANUS.

VALLIS ALBA, lieu de la Phénicie, felon la notice des dignités de l'Empire, fect. 23, où on lit: Cohors prima Julia lectorum valle Alba.

VALLIS-CARINIANA, lieu de la Pannonie: l'Itineraire d'Antonin le marque fur la route de Sopiana à Acincum, entre Ponte Sociorum & Corfium ou Gorfium, à trente milles du premier de ces lieux, & à égale diftance du fecond. Lazius, l. 12, reip. Rom. au lieu de Cariniana, lit Carmiana, & dit que ce lieu fe nomme aujourdhui babilog Carettina.

VALLIS DOMITIANA, lieu de la baffe Moefie: Pitineraire d'Antonin le marque fur la route d'Arrubium à Nicomédie, entre Salmorude & ad Salices, à dix-fept milles du premier de ces lieux, & à vingt-fix milles du fecond.

VALLIS-REGIA. Voyez SAVE.

VALLITANUS, fiege épifcopal d'Afrique, dans la province Proconfulaire. Bonifacius eft qualifié episcopus plebis Vallitana par la conférence de Carthage, No. 135. Surquoi Dupin remarque que S. Optat, 1.2, fait mention d'un autre Boniface évéque des Donatiftes à Rome, & qu'il nomme, Billitanus episcopus. L'itinéraire d'Antonin & la table de Peutinger marquent vallis dans la Proconfulaire. Dupin ajoute que Reftitutus, appellé episcopus plebis Vallitana, fouscrivit en 525. au concile de Carthage fous Boniface. Voyez VALLIS.

VALLŎRBE ou VAL-ORBE, vallée de Suiffe, dans le canton de Berne, dans le mont Jura, près de la vallée du lac de Joux, dont elle eft féparée par une haute montagne. Il y a dans cette vallée un' village auffi appellé VALLORBE. L'un & l'autre tirent leur nom de la riviere d'Orbe qui y fort d'un rocher toute formée. * Etat & délices de la Suiffe, t. 2, p. 304.

VALLUM ANTONINI PII, retranchement ou muraille élevée par l'empereur Antonin Pie, dans la Grande-Bretagne, pour arrêter les incurfions des Calédoniens. On n'eft pas d'accord fur l'endroit où fut fait ce retranchement. Camden prétend qu'il paffoit par la ville de Bramenium, aujourd'hui Brampton: & felon la carte du pere Briet, il commençoit auprès de Berwick, à l'embouchure de la Twede, & entroit dans les terres vers le fud-oueft, en fuivant à peu près les mêmes limites qui féparoient l'Ecoffe de l'Angleterre.

VALLUM ou MURUS ADRIANI. Dans la cent vingt-quatrième année de JESUS-CHRIST, l'empereur Hadrien paffa dans la Grande-Bretagne, pour y appaifer un foulevement, & après avoir battu les rebelles, il y fit tirer pour la premiere fois, dit Spartian, in Hadriani vita, c. 11. une muraille de quas

tre-vingt milles de longueur, pour empêcher les peu ples fauvages du Nord de fe jetter fur les fujets des Romains. Cette muraille ou ce retranchement tenoit toute la largeur de l'Isle, depuis une mer jufqu'à l'autre ; c'est-à-dire, depuis le bord de la Tyne, au voifinage de New-Castle, jufqu'au bord de l'Eden, près de Carlisle, dans le Cumberland, & de Carlisle jufqu'à la mer. L'auteur des délices de la Grand-Bretagne, p. 1140, dit: l'hiftorien qui nous apprend certe circonstance, ne marque pas en quel endroit étoit cette muraille; mais les Ecoffois ne doutent nulle ment que ce ne fût entre les golfes de Glotta & de Bodotria, dans les mêmes endroits où Agricola avoit mis des garnifons quarante ans auparavant ; & ils font perfuadés que c'eft la même muraille,dont il refte des vestiges affez confiderables, entre les golfes dont il vient d'être parlé, qui font ceux de la Cluyd & du Forth. Mais n'en déplaife à cet auteur, & même aux Ecoffois, il paroît que c'eft le mur de Severe, qui doit être placé entre ces deux golfés, & non celui d'Adrien; car Spartien, in Hadriani vita, c. 11. dit pofitivement que le mur de Severe fut bâti bien loin au-delà de celui d'Adrien. D'ailleurs, fi le mur de ce dernier avoit été entre les golfes de Cluyd & de Forth, il n'auroit pas eu quatre-vingt mille pas de longueur, mais feulement trente deux mille, mefure qu'Aurelius Victor, epitom. hist. Augusta, & Eutrope, in Severo, 1.7, c. 19, donnent au mur de Severe. Quoiqu'il en foit, les reftes de ce grand & merveilleux ouvrage font voir qu'il étoit digne véritablement de la puiffance des Romains. D'abord Adrien ne le fit faire que de gazon; mais dans la fuite on l'a bâti de gros quartiers de pierre. Cette muraille étoit haute de quinze pieds, & en quel-.` ques endroits large de neuf, comme on le peut encore voir par les débris qui en reftent. Elle comprenoit un efpace d'environ cent mille de longueur à travers des plaines, des vallées, des montagnes & des forêts de forte qu'elle devoit avoir coûté des peines & des dépenfes infinies. Elle étoit flanquée de tours, à la diftance de mille pas, les unes des autres; & tour du long on avoit bâti une infinité de bourgs & de châteaux. Les Anglois l'appellent the Picts wall, c'eft-à-dire la muraille des Pictes. A Walvic, que l'on croit être l'ancienne Gallana, on voit des vestiges d'anciennes fortifications, & par ticulierement les ruines d'une grande fortereffe. Près de cet endroit la Tyne coupe la muraille, paffant par une voûte qu'on eut foin d'y construire, & à quelque distance de la muraille les deux Tynes fe joignent, pour ne faire plus qu'une feule riviere.

VALLUM SEVERI. L'empereur Sévere étant auffi paffé dans la Grande-Bretagne avec fes deux fils, environ l'an deux cent fept de Jefus-Christ, repouffa les Calédoniens; & pour les empêcher de revenir dans la province des Romains, il fit élever une muraille qui tenoit toute la largeur de l'isle, d'une mer à l'autre, entre les golfes de Glotta & de Bodotria, aujourd'hui les golfes de Cluyd & de Forth. Cette muraille, ou plutôt ce retranchement, puifque Spartien & les autres auteurs anciens lui donnent le nom VALLUM, fut apparemment forcée par les Calédoniens; car fous l'empire de Dioclétien, Carauffus, qui dans la fuite fe fit proclamer empereur, dépouilla les Calédoniens de leurs terres, & alla rétablir les bornes de l'empire Romain entre les golfes de la Cluyd & du Forth; & foixante ans après, ou environ, Théodofe, pere de l'empereur Théodofe le Grand, réduifit en forme de province tout le pays qui eft entre l'Angleterre & les deux golfes en question. Il l'appella Valentia, du nom de l'empereur; & pour en affurer la poffeffion aux Romains, il rétablit la muraille de l'empereur Sévere, entre les mêmes golfes. Ce pays eft la meilleure partie de l'Ecoffe: auffi cette invafion nouvelle irrita tellement les Calédoniens, qu'ils ne cefferent de harceler les Romains & les Bretons leurs fujets. Tant que l'empire Romain eut affez de force pour fe foutenir, les efforts des Calédoniens furent inutiles; mais d'abord qu'il vint à chanceler, ces peuples franchirent la barriere qu'on leur avoit oppofée, & firent de grands

ravages dans la province des Romains; de forte que ceux-ci bâtirent de pierre le mur d'Adrien, & abandonerent à l'ennemi la Province Valentia. Voyez l'article précedent.

On apperçoit encore aujourd'hui des reftes de cette muraille, appellée communément la muraille de Sévere, & on en voit le commencement entre Abercorn & Queensberry, dans le voisinage d'Edimbourg. Elle paroît derriere Abercorn, & s'étendoit de là vers l'occident par les provinces de Sterling & de Lenox, jufqu'au golfe de la Cluyd: il en refte encore des veftiges en plufieurs endroits; & les habitans l'appellent Grames-Dik. Elle coupoit le Kelwin, près de Bridftoun, & s'avançoit de là droit à l'occident l'espace de neuf à dix milles,jusqu'à Kilpatrick, fur la Cluyd. Elle étoit bordée d'un follé à fond de cuve,qu'on avoit tiré tout du long fur le côté du Nord. Les Romains s'étoient contentés de la pousfer jusqu'à Kilpatrick, parce qu'en cet endroit le canal de la Cluyd pouvoir fervir d'un affez bon rem-' part, ayant un mille de largeur. * Délices de la Gr Br. p. 1214. & fuiv.

VALLUM-STILICONIS, ou MURUS-STILICONIS, nom d'une muraille, ou d'un retranchement, qu'on croit que Stilicon fit tirer dans la Grande-Bretagne, le long du rivage, dans un espace d'environ quatre milles, depuis l'embouchure du Darwent, jusqu'à celle de l'Elne, pour défendre ces côtes, contre les irruptions des Scots ou Ecoffois, qui fortoient de l'Irlande, pour fe jetter fur ce pays-là. On rapporte à ce fujet ces vers de Claudien, où i fait parler la Grande-Bretagne en ces termes :

Me quoque vincis pereuntem Gentibus... Munivit Stilico, totam cum Scotus Hibernam Movit, & infesto spumavit remige Thetis. En effet, on voit encore dans ce quartier quelques pans de murailles anciennes.

VALMONT, bourg de France, dans la Nor mandie, au pays de Caux, avec château, châtellenie, haute juftice & abbaye. Ce bourg eft fitué fur une riviere de fon même nom, à dix lieues de Rouen, au nord-ouest, entre le Havre & faint Valeri. C'eft le titre d'une grande & riche feigneurie. Le château, élevé fur la croupe d'une montagne, eft grand, trèsbien bâti, flanqué de fix groffes, logeables, & hautes tours, avec foffés & pont-levis. Au-dedans il y a une cour, de grands bâtimens logeables, dont la façade du fond, portée fur un corridor, eft ornée de de différens écuffons, au milieu desquels on voit celui de la Salamandre du roi François Ì, avec des FF. · & des HH. On y trouve une belle chapelle. Une agréable avenue d'arbres, plantés fur la côte, fe termine à ce château affis près d'un bois. L'abbaye des grands Bénédictins de Valmont, où il n'y a plus que trois religieux, fut fondée en 1161. ou 1169, par Nicolas d'Estouteville. Le chœur de fon églife, dédiée à Notre-Dame, eft beau & bien orné; mais la nef n'a rien que de commun. La croifée du milieu de cette églife, & la chapelle de la Vierge, derriere lo choeur, font affez propres. Le bourg, l'abbaye, & l'é-, glife paroiffiale, qui eft fous l'invocation de NotreDame, font fort refferrés entre deux côtes couvertes de bois. On y tient marché le mercredi, & deux, Foires par année; l'une à la faint Jacques, & l'autre à la faint Nicolas. Le commerce des habitans confiste. en toiles ; & la petite riviere qui coule par le bourg, y fait tourner deux moulins.* Corn. Dict. fur des mém. dreffé's fur les lieux en 1703.

Cette petite riviere a fa fource à un demi quart de lieue au-deffus de l'abbaye, au pied d'une côte couverte d'un bois, un peu au-deffous de la petite églife paroiffiale de faint Ouen au Bofc, & arrofe les paroiffes de Roumesnil, Bec-Cauchois, Vast-Crist, Colville, faint Valeri & faint Benoit. Au-deffus de faint Valeri, elle reçoit une autre riviere, qui a fa、 fource très-abondante au pied de l'églife paroiffiale du Bec de Mortagne, & qui prend enfuite fon cours. par les paroiffes de Bigneville, Memoulins, Granceville & Saint-Ouen; & après que cette riviere s'eft

mêlée à celle de Valmont ; ces deux rivieres; qui n'en font plus qu'une, entrent dans le gros bourg de Fescamp, qu'elles traverfent, auffi-bien que le marais, qni eft au-deffous, avant que de paffer par les éclufes de la chauffée du port, au fortir duquel elles vont fe décharger dans la mer.

VALMONTONE, bourg d'Italie, dans la campagne de Rome, avec château. Il eft bâti fur une montagne, à fept milles au midi de Paleftrine. Quelques-uns ont cru que c'étoit la Labicum des anciens; mais j'aime mieux croire, avec Holstenius, que c'eft la Colonna.* Magin, carte de la campagne de Rome. VALNA, ou VAENA, ville d'Espagne, au royaude Cordoue, au midi du Guadalquivir, dans le voifinage de la commanderie de Porcunna. Cette ville, peu confidérable, quoiqu'affez grande, appartient aux ducs de Sexi. Elle elt bâtie fur une haute montagne. A un quart de lieue de Valna, on voit une très-belle forêt plantée de citronniers, d'orangers, de datiers & d'oliviers. Comme des voyageurs Allemands paffoient autrefois par cette ville, les habitans ayant appris de quelle nation ils étoient, allerent courant après eux, & criant qu'ils feroient rencherir le vin. Bandrand croit que Valna a été appellée Ulia, par les anciens.* Délices d'Espagne, p. 411.

VALOGNE, ou VALOGNES, ville de France, dans la baffe Normandie, au diocèfe de Coutances, fur un petit ruiffeau, à trois lieues de la mer. Ce lieu, qu'on appelle en latin Valonia, dit de Longuerue, Descr. de la France, part. 1, p. 79, n'eft pas fort ancien, & fon origine eft très-incertaine. Cependant Piganiol de la Force, affure dans fa description de la France, t. 5, p. 416, qu'on dit qu'elle a été bâtie fur les ruines de l'ancienne ville d'Alauna, & ajoute qu'on y voit encore les veftiges d'un grand amphithéâtre, & ceux de plufieurs bains publics. Valogne avoit un château, ou une fortereffe qui fut démolie en 1689. Il y a deux paroiffes dans cette ville, & plufieurs jurisdictions. On y trouve bailliage, vicomté, mairie, fénéchauffée, fiége des traites, & maîtrifes des eaux & forêts. La collégiale de cette ville fe nomme faint Malo, & eft un chapitre affez diftingué. Le couvent des Cordeliers eft remarquable à cause du tombeau de Louis de Bourbon, comte de Rouffillon, amiral de France. On voit encore dans cette ville un couvent de Capucins, une abbaye de Bénédictines, un hôpital général, ou Hôtel-Dieu, d'ancienne fondation, & un féminaire.

Le commerce de l'élection de Valogne eft aujourd'hui très-peu de chofe. Il y avoit autrefois dans cette ville une manufacture de draps, & on y trafiquoit même plufieurs autres marchandifes; mais les marchands ayant été furchargés de taille, fe font presque tous retirés ailleurs, & le commerce eft tombé.

1. VALOIRE, abbaye de France, dans la Picardie. Cette abbaye, qui eft de l'ordre de Citeaux, fut fondée par Guy, comte de Ponthieu, en 1138. Quatre ans après les religieux furent transférés à Balance, d'où ils font venus s'établir à Valoire fur l'Authie. Jeanne, reine de caftille, de Toléde & de Léon, a été enterrée dans cette ahbaye.

2. VALOIRE, vallée de France, dans le Dauphiné, en latin Vallis aurea. Le nom de vallée d'or lui a été donné à caufe de fa grande fertilité. Elle s'étend d'orient en occident, du côté du Rhône, quatre lieues plus bas que la ville de Vienne.

1. VALOIS, pays de France, dans la Picardie, mais dans le gouvernement militaire de l'isle de France. Il eft borné au nord, par le Soiffonnois, à l'orient par la champagne, au midi par la Brie, & par l'isle de France, & à l'occident par le Beauvoifis. Ce pays de Valois, autrefois comté, & aujourd'hui duché, ne s'appelloit pas en latin Comitatus Valefienfis, comme le nomment les modernes, mais Comitatus Vadenfis, à caufe d'un lieu ou château nommé Vadum, en françois Vé, où demeuroient fes comtes, & qui eft fitué entre Crespy & Villers-Cotteretz. Le comté de Valois a eu toujours fes feigneurs depuis le dixieme fiecle; & étant tombé en quenouille, il vint au comte de Vermandois, dont la fille époufa Hugues, fils de Henri I, roi de France.

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Cent ans après, ces comtés de Vermandois & de Valois étant core tombés en quenouille, Elifabeth époufa Philippe d'Alface, comte de Flandre, qui n'ayant pas eu d'enfans de cette princeffe, ces comtés furent réunis à la couronne par Philippe Augufte. Le roi Philippe le Hardi donna ce comté en partage à fon fils Charles, pere de Philippe VI,dit de Valois qui réunit fon patrimoine à la couronne. Aujourd'hui le duché de Valois eft poffédé par la maifon d'Orléans, Monfieur, frere unique du roi Louis XIV l'ayant eu en apanage. Le Valois eft un pays affez uni, il abonde en grains; mais il a principalement beaucoup de bois & de belles forêts.* Longuerue, Descr. de la France, part. I, p. 21.

2. VALOIS, Valefia, bourgade du duché de Lorraine, au diocèfe de Toul. C'est un anexe de Mattexey. Son église eft fous le titre de faint Léonard. Il y a une chapelle fous le nom de Sainte Croix, & un hermitage, fous l'invocation de fainte Barbe. 3. VALOIS, (les trois) tres Valefii: ce font trois hameaux du Duché de Lorraine, au diocèfe de Toul, office de Darney. Ces trois hameaux forment une paroiffe, dont l'églife eft dédiée à faint Michel. Le chapitre de Remiremont eft patron de la cure, qui fe donne au concours. Le curé a toute la menue dixme, & un tiers de la groffe. Le chapitre a le refte. Le hameau du Pont dépend de cette paroiffe.

1. VALON, fleuve de la Mauritanie Tingitane: Ptolomée, 1.3, c. 1, place fon embouchure entre les villes Tings & Exilia, c'eft-à-dire, environ au milieu de la côte du détroit de Gibraltar.

2. VALON, bourg de France, dans le bas Languedoc, diocèfe de Viviers.

VALONE, (la) ville de l'empire Turc, dans l'Albanie, avec un château & un grand port ou golfe, près des montagnes de la Chimere. Elle fut prife en 1690. par les Vénitiens, qui l'abandonnerent quelque temps après, & ruinerent fes deux châteaux, qui fervoient de défense au petit golfe de cette ville. La Valone eft à foixante & dix milles d'Otrante vers l'Orient; & elle a un archevêque grec. On croit que c'est l'Aulon, dont parle Ptolomée, 1. 3, c. 13.

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VALPARAYSO, abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux, en Espagne, dans le royaume de Léon, au diocèfe de Zamora.

VALPARISSO, ou VALPARAISO, bourgade, où ville de l'Amérique méridionale, au Chili, fur la côte de la mer du fud, dans une coulée affez petite, avec un port célebre.

Le pere Feuillée parle ainfi de Valpariffo : cette ville eft fituée dans un vallon au fond d'un golfe, & au pied de hautes montagnes, qui contribuent aux grandes chaleurs qu'on y reffent. Elle eft divifée en haute & baffe ville; la baffe eft fur le bord de la mer, où l'on voit plufieurs magafins qui fervent à renfermer toutes les denrées qu'on apporte du dedans des terres, pour en charger les navires, qui viennent de Lima, & d'autres endroits de la côte, & pour y décharger, les marchandifes qu'on y transporte de Lima, qui con fistent en toiles, étoffes, & plufieurs autres chofes qu'on y transporte d'Europe à Porto-Bello, & qu'on fait paffer fur des mules par terre à Panama, où les vaiffeaux de Lima les vont prendre. Ces vaiffeaux les diftribuent dans tous les ports du Pérou & du Chily, ce qui eft néceffaire à ceux qui habitent dans les terres, n'ayant chez eux ni toile, ni foie, etant défendu, fous peine de la vie, de femer ni chanvre, ni lin, ni planter de mûriers: défenfe qu'ont fait les Rois d'Espagne pour affujettir ces peuples; car s'ils avoient tout ce qui leur eft néceffaire à la vie, ils pourroient facilement fe révolter, & fecouer le joug. Vers le milieu de la baffe ville, on voit un couvent d'Auguftins, & deux petites rivieres, qui descendent des montagnes : les eaux en font excellentes ; leur équilibre avec mon aréometre dit Frefier, étoit de deux onces, trois drag. dix-fept grains, poids des meilleures eaux. Dans la haute ville eft la paroiffe, deffervie par quelques prêtres. A l'extrémité de la ville, du côté de l'eft, on voit le couvent des religieux de l'ordre de S. François, dont l'églife eft affez belle. Les habitans de la ville ne font pas riches

& le commerce leur eft d'un grand fecours pour les befoins de la vie. De cent cinquante filles qu'il Peut y avoir, à peine s'en trouve-t-il trente de blancs; le refte n'eft que de noirs, de mulâtres & de métifs. François Dracq, Anglois de nation, dit dans fon voyage autour du monde,qu'étant entré dans la mer du fud, il aborda premierement à Vilpariffo, où il furprit un navire Espagnol chargé de riches marchandifes, parmi lesquelles il trouva, dit-on, douze mille cinq cens liv. d'or de Baldivia. Ses foldats y brûlerent dix à douze maifons, & un chapelle, que les premiers fondateurs de cette ville y avoient bâtie. Elle effuia le même malheur quelque-temps après; George Spilbergue, vice-amiral de la flotte des Provinces-Unies, étant entré dans la baie de Valpariffo, où il ne trouva qu'un feul navire, les habitans eux-mêmes y mirent le feu, ainfi qu'à leurs cabanes qu'ils avoient nouvellement conftruites, & fe retirerent dans les campagnes.

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Pour entrer dans le PORT DE VALPARISSO, il faut, en doublant la pointe de ce nom, ranger de près une baffe, qui fe fait appercevoir en dedans, à demicablure de terre, afin de gagner au vent; cette baffe eft fort faine; car un vaiffeau Espagnol en approche à la longueur d'une chaloupe près, fans toucher. Lorfqu'on s'en éloigne trop, on eft obligé de louvoyer long-temps pour gagner le mouillage. En donnant fond avant la pointe de Valpariffo, au nord-oueft quart de nord, la batterie blanche à l'oueft-fud-oueft, & le cap de Concon, au nord quart de nord-eft, on a vingt-fept braffes d'eau, fond de vafe grife, tirant fur la couleur d'olive. Les vaiffeaux Espagnols, qui chargent ou déchargent à Valpariffo, fe mettent ordinairement fi près de terre, qu'ils ont trois ancres à fec, amarrées à des pierres, ou à des corps morts: & à cette distance, ils ont encore huit à dix braffes d'eau. Cette maniere de mouiller eft très bonne, parce qu'en été, régulierement tous les jours, il vient fur le midi des bifes de fud-oueft, & de fud, fi fortes, qu'elles font dérader les meilleures ancres. Il faut néanmoins prendre garde à une baffe, qui eft à une cablure de terre, affez près de la batterie qu'on appelle Caftillo-Blanco,fur laquelle il n'y a que treize à quatorze pieds d'eau de baffe mer, outre que la mer marne jusqu'à fix ou fept pieds. Au refte la baie eft fort faine on peut louvoyer & mouiller par-tout de puis cinquante braffes jusqu'à huit. Il faut feulement prendre garde en portant la bordée du côté des Siete Hermanas, c'est-à-dire, de l'eft, de ne pas s'approcher de terre plus de deux cablures & demie, visà-vis une coulée traverfée par un grand chemin rougeâtre ; il y a dans cet endroit une baffe fur laquelle il ne refte que deux braffes & demie d'eau. On ne mouille ordinairement que dans le coin de la rade, qui eft au-devant de la fortereffe, pour la commodité du commerce, & pour la sûreté des navires. Cette rade ne vaut rien du tout, en hyver, parce que les vents du nord, qui entrent fans réfiftance par l'ouverture, y rendent la mer fi mâle, qu'on y a vu quelquefois des navires jettés à la côte. Les vents de fud n'y font guere moins forts en été ; mais comme ils vient par-deffus les terres, il n'y a point de mer, & en cas qu'ils faffent dérader les navires, ils ne les jettent qu'au large.

Il y a dans la fortereffe un gouverneur d'armes; c'eft ainfi qu'on diftingue cet officier du préfident du Chili, qu'on appelle fimplement gouverneur. Quoique le gouverneur d'armes releve du préfident, il ne le reconnoit que fous le nom de capitaine général du Chili. Le fort qu'il commande eft de peu de conféquence, foit pour être mal fait, foit parce que la rade qu'il défend eft voifine d'autres anfes, qui ont les mêmes commodités que celle-ci. Telle eft celle de Quintero, qui eft fans défenfe, & n'en eft éloignée que de cinq lieues. Il eft vrai que celle de Valpariffo, comme la plus près de la capitale, eft auffi la plus fréquentée du Chili; & c'eft pour cette raison qu'on a voulu la mettre à couvert des infultes des Anglois & des Hollandois, qui ont fouvent fait des courfes far ces côtes. Autrefois il n'y avoit qu'une petite batterie à fleur d'eau ; mais depuis environ cinquante

ans', on a bâti la grande fortereffe, au pied de la haute montagne. Elle eft fituée fur une éminence de moyenne hauteur, coupée vers le fud-eft & le nordeft, par deux coulées qui forment deux foffés naturels de vingt à vingt-cinq toifes de profondeur, abaiffée presqu'au milieu de la mer: auffi eft-elle tout-à fait féparée des éminences voifines, qui font un peuplus hautes. Du côté de la mer, elle eft naturellement escarpée a n'y pouvoir monter que très-difficilement, & du côté de la terre, ou de la haute montagne, elle eft défendue par un foffé, qui traverfe d'une coulée à l'autre, & retranche ainfi l'enceinte de la fortereffe, approchant un peu du carré. La fituation du terrein n'a pas permis qu'on y fit une fortification réguliere: ce ne font proprement que des murs de retranchement, qui fuivent le contour de la hauteur, qui ne fe flanquent que peu, & fouvent point du tout. Sur le milieu du pan, qui eft au-deffus de la bourgade, il y a un petit redan de fept toifes de face avec la guérite. Le côté oppofé, qui eft au-deffus de la coulée faint Auguftin, n'eft défendu que par le flanc d'un demi-bastion, qui fait un angle mort, & dont la face tire une défense trop oblique. Le côté de la montagne eft compofé d'une courtine de vingt-fix toifes, & de deux demi-bastions de vingt toiles de face, & d'onze de flanc; de forte que la ligne de défenfe n'eft que de quarante-fix toiles. Toute cette partie eft bâtie de briques, & élevée de ving-cing pieds de haut, fur une berme. La profondeur du foffe eft d'environ dix pieds, & fa largeur de trois toifes vers les angles faillans, d'où il tire fa défense à l'angle de l'épaule. Il eft creufé dans du rocher pourri, que l'on a un peu escarpé aux deux bouts pour le rendre inacceffible par les coulées. Les parapets n'ont que deux pieds & demi d'épaiffeur; & le refte du contour de la place n'eft que d'une maçonnerie de moilon auffi foible. Il n'y a de rempart que du côté de terre pour couvrir la fortereffe, & l'empêcher d'être vue de la montagne, qui s'éleve en pente douce; mais malheureufement les flancs font batus à revers: la courtine & les faces, en enfilades, par les éminences voifines, à la portée du mousquet; de forte qu'il eft très-aifé de les rendre inutiles. Au pied du haut fort joignant la bourgade, eft une batterie de neuf piéces de canon, élevée de treize, fur un quai de même hauteur, d'où l'on peut le battre, mouillage à fleur d'eau; mais outre qu'elle ne tire aucune défenfe par fon plan, elle eft foudroyée de tous les environs. On l'appelle Caftillo-Blanco, parce qu'on l'a blanchie pour la faire voir de loin. Derriere cette batterie, font la porte, l'escalier & la rampe, qui conduit de la bourgade à la fortereffe, par un chemin couvert d'un min couvert d'un pan de mur, & plus haut par un boyau, dont l'épaulement ne couvre point la porte du corps de la place, qu'on découvre entiérement de la rade. Du côté de la montagne, au milieu de la courtine eft une autre porte, où faute de pontlevis & dormant, on monte en grimpant du foffé. C'est par-là qu'on fait paffer le canal, qui conduit l'eau qu'on tire de la coulée de faint Auguftin, pour le haut fort. On peut le couper facilement, & la garnifon ne pourroit en avoir d'autre que celle d'un ruiffeau qui coule, du fond de la coulée de faint François, par le milieu de la bourgade. On voit par-là combien peu feroit redoutable la fortereffe de Valpariffo, dès qu'on auroit mis pied à rerre, comme on le peut faire de beau temps à cette plage, qui eft au fond de la rade, dans le lieu nommé l'Almendrad, où l'artillerie ne peut presque point incommoder.

Sur la batterie baffe, il y a neuf piéces de canon de fonte, à dix-huit livres de balle, poids d'Espagne, & il n'y en a que deux qui puiffent battre à l'embarquement de l'Almendrad qui en est éloigné de près de demi-lieue. Sur le haut fort il y en a cinq de fix à douze livres de balle, & deux petits obus, qui font en tout feize piéces de fonte.

Selon le capitaine Woodes Rogers, dans fon voyage autour du monde, tome 2. fupplément, page 67; on peut compter dix lieues du pont de Concon á celui de Valpariffo. Dans le premier, on trouve un banc fur lequel la mer brife; & pour y entrer, on

doit

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