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gais & quelques Anglois, felon Baudrand, éd. 1682, ont cru qu'il eft vers la Tartarie, à l'endroit où l'on a trouvé le détroit d'leffo. D'autres ont pretendu depuis qu'il eft au nord de la Californie. Plufieurs cartes le marquent, mais diverfement: les plus fages auteurs le retranchent, jusqu'à ce qu'on ait quelques connoiffances, au moins vraisemblables, de fon exiftence & de fa pofition. Il eft furprenant que dans une fi profonde ignorance où l'on eft fur cette matiere, des cartes en ayent tracé & peuplé les côtes avec autant d'affurance qu'on auroit pu faire celles d'Espagne ou de l'Italie. Dès l'an 1682 Baudrand, t. 2, P, 442, avoit mis ce détroit entre les êtres imaginaires, & averti qu'il n'a été ni découvert ni parcouru. Corneille dit que d'Audifret dans fa géographie ancienne & moderne, t. I, place le détroit d'Anian à l'extrêmité de la Tartarie, & qu'il affure que ce fut par-là qu'on fit paffer les Indiens qui furent jettés par les mauvais tems fur les côtes d'Allemagne, & dont un roi des Suéves fit préfent à Quintus Metellus Celer, proconful des Gaules; mais voici les propres termes de d'Audifret, t. 1, p.1 2. Quelques géographes ONT INVENTÉ un détroit à l'extrêmité de la Tartarie, auquel ils ont donné le nom de détroit d'Anian, & c'eft par-là qu'on a fait paffer les Indiens qui furent jettés, &c. On voit que d'Audifret fe moque, & de ce détroit inventé, & du paffage que l'on a donné par-là aux Indiens préfentés au proconful des Gaules. Ce n'eft pas que d'habiles géographes n'aient parlé de ce détroit comme de quelque chofe de réel. Le P. Riccioli, géogr. réfor. l. 9, P: 407, va jusqu'à en marquer la longitude, & la latitude; favoir so dég. de latitude, & 228 de longitude. Mais le même P. i. 1, p. 19, dit qu'on n'en fait rien de certain. Le P. Deschales géog. l. 4, propof. 18, en parle avec la même incertitude, & Varenius aufli; mais il foutient qu'il doit y avoir quelque détroit entre l'Amérique & le Groënland; il dit l. 1, c. 12, prop.7, n. 9, que c'est le fentiment des habiles mariniers, & voici fur quoi il eft fondé. Dans la partie de la Mer pacifique qui eft entre la Tartarie & les côtes occidentales de l'Amérique feptentrionale, à fept cens milles du Japon, en venant vers l'Amérique, on trouve un courant du nord & du nord-oueft, quoique dans le même tems le vent fouffle d'un point oppofé. Les mariniers Flamands l'appellent de holle zee van't noorden; mais cent milles avant que d'être aux côtes de la Nouvelle-Espagne, ce courant ne fe trouve plus; car il eft emporté vers quelque large détroit au nord au-delà de la Nouvelle-Espagne. On ajoute à cela que dans les fept cens milles, on trouve beaucoup de baleines, & de ces poiffons que les Espagnols appellent Albacares, Bonites, &c. poiffons qui fe voyent d'ordinaire auprès des détroits, de forte qu'on peut juger qu'ils viennent du détroit ou de la Mer d'Anian, dans cette partie de la Mer Pacifique, puisqu'on ne les y trouve point dans toutes les autres. Cependant le plus grand nombre des modernes, continue Varenius, nient qu'il y ait un tel détroit, & ne mettent qu'une vafte mer entre la Tartarie ou la Corée & l'Amérique.

ANIANA, ville de la Méfopotamie, fur l'Euphrate, felon Ptolomée, l. 5, c. 18.

ANIANÆ THERMÆ, bains de la Campanie, dans le territoire de Cumes: c'eft aujourd'hui le lieu nommé BAGNI DEL LAGO, felon Léandre cité par Ortelius. Thefaur.

ANIANE, quelques-uns difent AGNANE; d'autres, SAINT BENOIT D'ANIANE, Aniana, petite ville de France, dans le Bas-Languedoc, au diocèfe de Montpellier, au pied des montagnes, près de la riviere d'Eraud, à quatre lieues de Lodève, en allant vers Montpellier. L'historien de l'ordre de S. Benoît, t. 2, 4.5, c. 2, p. 345, dit qu'un autre S. Benoît ayant quitté des religieux, dont les mœurs ne s'accordoient pas avec les fiennes, retourna dans le Languedoc fa patrie, bâtit un petit hermitage, près d'une chapelle dédiée à S. Saturnin, fur un ruiffeau, nommée ANIAN, non loin de la riviere d'Eraud. Il y bâtit enfuite un monaftère; mais le nombre de fes disciples s'étant accru, il quitta la vallée où il s'étoit établi, parce qu'elle étoit trop ferrée, & il transporta fa communauté dans un lieu voifin, où il bâtit une feconde églife, & l'accompagna d'un cloître. La réputation de cet abbé lui attira beaucoup

de religieux, & il fut obligé d'envoyer de fon abbaye d'Anian des colonies pour peupler divers autres monastères; celui de Menat en Auvergne, celui de S. Savin dans le diocèfe de Poitiers, & celui de Maffay dans le Berry. On voit que l'abbaye a pris le nom de l'hermitage, ou plutôt du ruiffeau, & qu'elle l'a donné à la ville. C'est l'abbé qui en eft feigneur. Long. 21, 24. Lat. 43 46.

ANIANUS SINUS, golfe dans le voifinage de celui que l'on appelloit Maliacus finus dans la Theffalie. Ortelius qui trouvoit ce nom dans Tite-Live, l. 28, c. 2, fit connoître qu'il aimoit mieux lire ÆNIANUS, & fa conjecture a été fuivie dans les éditions récentes de cet hiftorien.

ANJAR, gros bourg d'Afie, en Turquie, fur la route d'Alep à Alexandrette. * Voyages du pere Avril, p. 18,

ANIAWA, (le cap d') entre l'ifle des États au levant, & la terre d'effo au couchant, au midi du cap de Patience, vers le 165 deg. 20' de long. & le 46 deg. de lat. Carte de Buache, 1750.

ANICAVAC, ou ANICAGUE, ancienne ville d'Arménie. On en voit les reftes à quelques milles du ChoutLoue. Tournefort dit que la fignification d'Anicavac veut dire la ville d'Aniqui, qui étoit un roi d'Arménie.

ANICHE, ancienne ville de l'Inde, en-deçà le Gange, felon Ptolomée, l. 7, c. 1, cité par Ortelius Thefur. qui dit que l'interpréte de ce géographe le change en NANICHE, les éditions d'Alde & de Bertius portent ANINACHA.

ANICHIA, ancienne ville de la Béotie, felon Pline, 4.4, 6.7, telle que l'a écrit Ortelius; mais au lieu de Lamia & Anichia, que l'on lifoit dans cet auteur, le P. Hardouin a rétabli fur l'autorité des manuscrits & des autres anciens géographes, LARYMNA & An

CHOA,

ANICIANÆ LAPIDICINĂ, carriéres d'où l'on tiroit des pierres. Elles étoient en Italie dans la Toscane,-vers le lac de Bolfena, dans le patrimoine de S. Pierre.

ANICIUM, c'eft ainfi que Gaguin & quelques autres appellent une ville de France, que nous appellons le Pui. Elle eft dans le Vélay, non loin des fources de la Loire.

ANIDUS, montagne d'Italie. Tite Live, l. 40, c. 38, en fait mention, & parle d'un décret par lequel il fut ordonné aux Liguriens Apuans, (c'est-à-dire à ceux des Liguriens qui habitoient le territoire d'Apua, aujourd'hui Pontremoli, dans la vallée de Magra) d'abandonner le mont Anidus, qui doit avoir été une partie du mont Apennin, pour fe transporter dans le pays des Samnites. C'eft aujourd'hui il monte Borgada, à la fource de la Magra.

ANIEN & ANIENUS. Voyez ANIO & TEVERONE.
ANIGER. Voyez ANIGRUS.

ANIGREA, lieu du Peloponèfe, entre le lac de Lerne & la mer, felon Paufanias, l. 2, c, 38.

ANIGRUS, riviere de Péloponèfe; on l'appelloit auparavant MINYEIUS & MINTERIUS, au rapport de Strabon, l. 8, p. 347. Cet auteur nous apprend qu'entre cette riviere & la montagne d'où coule le Jardan, on montroit une prairie avec un tombeau célebre, & des roches escarpées de cette montagne, où étoit autrefois la Ville de SAMOs, dont il fe plaint que les Périples n'ayent point parlé, foit parce qu'elle étoit déja détruite lorsqu'on les compofoit, foit parce qu'elle étoit dans un lieu ecarté. Cafaubon juge que cet auteur a voulu dire que cette Samos étoit la même dont parle Stéfichore dans l'épithalame de Rhadina, mariée au tyran de Corinthe, & que l'époufe étoit de cette ville. Paufanias, l. 5, c. 5, dit que l'Anigrus tombe du Lapithe, montagne de l'Arcadie, & que dès fa fource, fes eaux ont une odeur fi forte qu'avant que de recevoir les eaux d'une autre riviere, nommée l'ACIDAS, il ne peut nourrir aucuns poiffons : il ajoute que ceux mêmes qu'il reçoit de cette riviere, ne valent plus rien à manger, quoiqu'ils foient fort bons au-deffus du lieu où fe fait le mélange de leurs eaux. Paufanias dit avoir appris d'un Ephéfien, que le Jardan eft l'ancien nom de l'Acidas, mais il dit n'en avoir aucune preuve. Il recherche enfuite la caufe de cette infection des eaux de l'Anigrus, & l'attribue à ce qu'un

.

centaure bleffé par Hercule, alla y laver fa plaie, & à d'autres raifons prifes de la fable. Ovid, Metamorph. I. 15, parle fur ce ton-là.

Antè bibebatur nunc quas contingere nolis
Fundit ANIGROS aquas: poftquàm lavêre bimembres.
Vulnera, clavigeri qua fecerat Herculis arcus.

ί.

Mais une chofe remarquable, c'eft l'Antre des ANIGRIDES, felon Paufanias, . 5, c. 5, ou des ANIGRIADES, felon Strabon, l. 8, p. 347, qui étoit affez près de l'Anigrus. Ceux qui y entroient ayant la peau gâtée par des dartres & autres maladies cutanées, imploroient les nymphes, felon le rite qu'on leur prescrivoit, frottoient l'endroit de la peau malade, & paffoient la riviere à la nage. Après quoi ils laiffoient dans l'eau toute l'impureté, & fortoient entiérement nets & purifiés. Mais Paufanias n'en parle qu'avec le correctif, on croit.

ANIKAGAE, felon Tavernier, voyage de Perfe, 1. 1, c. 2. grande ville d'Arménie, dont on ne voit plus que des ruines; elle a été appellée ainfi du nom d'un roi fon fondateur, de forte qu'Anikagae fignifie en langue Arménienne la ville d'Ani. Elle fe trouve la feconde journée de caravane en allant de Cars à Erivan. Le long des murailles, qui regardent le levant, paffe une riviere fort rapide qui vient des montagnes de Mengrélie, & va fe perdre dans la riviere de Cars. L'affiéte de cette ville étoit forte, étant bâtie dans un marais où l'on voit des reftes de deux chauffées, par lesquelles feulement on pouvoit en approcher. Cette ville eft fans doute la même dont il est question à l'article d'Ani.

ANIKAN, OU INGHENISIAN, ville d'Afrique, fur la côte d'or, au royaume de Fantin, deux lieues à l'eft de Mawri. Les Hollandois y avoient un comptoir qu'ils ont abandonné. Bosman. Côte de Guinée, par Bellin.

ANILCO, contrée de l'Amérique feptentrionale. dans la Floride. Laët rapporte que Fernand Soto,qui entra dans cette contrée vers l'an 1538, après s'y être avancé trente lieues ou environ, en découvrit le village principal. Ce village étoit arrofé d'une riviere, & il pouvoit y avoir quatre cens maifons. Le palais du roi bâti fur une colline fort relevée, commandoit fur la riviere: fi-tôt qu'il eut fu l'arrivée des Espagnols, il prit la fuite, & on ne put l'obliger à revenir. Soto paffa delà dans la province de Guachacoya, par de rudes montagnes.

Sanfon, dans fa carte de l'Amérique feptentrionale, a tâché de trouver une place à Anilco. Mais faute d'avoir connu le grand fleuve de Miffiffipi, fa carte ne reffemble en aucune façon à ce que les autres relations modernes nous apprennent de la Floride. Celle de de l'Ifle marque Anilcou au midi de quelques montagnes, & près la fource de la riviere des Yafous, qui tombe dans le Misfilipi à l'orient de ce fleuve. Ce lieu fait préfentement partie de la Louifiane.

ANIMACHA, riviere d'Afie dans la presqu'ile de l'Inde, deçà le Gange, & au pays de Malabar. Elle a fa fource dans le royaume de Calicut, & après avoir paffé à la petite Ville d'ANIMACHA, elle fe jette dans l'Océan Indien à 6 lieues au Septentrion de Cran

ganor.

Cette riviere eft fans doute la même chofe que la riviere qui a fa fource dans les montagnes de Gate dans le Malabar, & qui, coulant vers le fud-ouest, paffe à Enamaco; puis, fe féparant en deux branches, dont l'une va auprès de Muricol, fe joint à la riviere qui descend d'Angamale, auprès de l'ifle où font Paliport & Vaypin.

ANIMMEY ou ANIME, petite ville d'Afrique, dans la province de Maroc propre. Elle eft peuplée de Bereberes de la tribu de Muçamoda, & a été bâtie par les anciens Africains, fur la pente d'une montagne du grand Atlas, qu'on nomme auffi ANIMEY, du côté du Septentrion, à treize lieues de Maroc, vers le levant. La riviere d'Agmet en paffe à cinq lieues, & entre cette riviere & la ville, il y a une grand plaine qui rapporte quantité de bled, & donne beaucoup d'herbe pour les troupeaux. L'an 1513 un jeune Africain de la même tribu s'en empara, & remit dans l'obéiffance plufieurs lieux qui s'étoient foulevés. Il battit même les Portugais qui vinrent contre le pays accompagnés des Arabes, & qui, fans avoir examiné la nature du lieu, s'embarras

ferent en un endroit, où de trois cens chevaux portugais, il n'en refta pas un feul. Il fut fi enflé de cet avantage qu'il refufa le tribut au roi. Ce prince irrité de ce refus, envoya contre lui quantité de cavalerie, avec des arquebufiers & des arbalètriers à pied, qui le tuerent dans un combat; après quoi la ville d'Animmey s'étant rendue, fe fit tributaire du roi de Fez comme auparavant. Elle demeura depuis fous fon pouvoir, jusqu'au regne des chérifs. Cette ville n'eft forte, ni par art, ni par nature, étant commandée de la montagne, & n'ayant que de méchantes murailles. La riviere de Tenfiff prend sa fource près delà & coule vers le septentrion, d'où elle tourne du côté de l'occident, toujours à travers les plaines jusqu'à ce qu'elle entre dans l'Océan, en la contrée de Safi.* Corneille, diction. Marmol, t. 2, l. 3, c. 42 & 50.

La montagne d'ANIMMEY eft bornée au couchant de celle d'Hentede, au levant de celle de Tecevin & habitée de Bereberes, de la tribu de Muçamoda, qui fe piquent de bravoure. Ils ont quantité de chevaux & force troupeaux de gros & menu bétail, à caufe qu'il y a beaucoup d'herbe fur cette montagne, & que l'air y eft affez tempéré. Elle eft fort peuplée, & a par-tout des noyers, des oliviers, des coignaffiers, des pommiers & autres arbres fruitiers. On recueille de l'orge, du froment & du millet, fur la pente & dans les vallées, où l'on a foin de les arrofer des fontaines qui naiffent entre ces rochers, & qui font enfuite les deux rivieres qu'on appelle Tecevin.

ANIMOTHA, ville de l'Arabie, felon le livre des notices de l'empire, Sect. 22.

ANINA, ville de l'Inde, au-delà du Gange, felon Ptolomée, l. 7, c. 2. La verfion latine porte ANTHINA.

ANINACHA. Voyez ANICHE.

ANINETUS, felon Ortelius Thefaur. ANINETUM, felon le Pere Charles de faint Paul. Géog. facr. p. 227. Anineta, felon la notice de Hiérocles, & Aninatum, felon Leunclave, ville de l'Afie proprement dite fous le patriarchat de Conftantinople. Elle étoit épiscopale, & reconnoiffoit Ephèse pour métropole. Théodore fon évêque, aflifta & fouscrivit au concile d'Ephèfe, & Mama ( Aninetenfis) à celui de Chalcédoine.

ANINSULA OU ANISOLA, nom latin d'une abbaye de France, dans la province du Maine. On la nommoit autrefois ANILLE en françois. On lit dans l'hiftoire de l'ordre de faint Benoît, t. 1, 4. 2, c 30, §. 2, p. 269, que S.. Calais & S. Avi étant allés ensemble dans le Perche en une folitude, y bâtirent un monaftère qui porte aujourd'hui le nom de ce dernier, & eft habité par des religieufes; faint Calais fe fépara enfuite de fon ami, & paffa dans le Maine avec deux religieux, l'un appellé Daumer & l'autre Gal. Il s'arrêta près de la riviere d'Anille, & y bâtit un monaftère fur un fond que lui donna le roi Childebert, & on trouva, en fouillant dans la terre, un tréfor qui fournit aux frais de l'édifice. Cette abbaye qui porte préfentement le nom de S. Calais fon fondateur, mort vers l'an 542, fut choisie pour fervir de retraite à Mérovée, fils de Chilpéric, après qu'il eut été tiré de prifon & ordonné prêtre. Le roi fon pere, qu'il avoit irrité par fa mauvaife conduite, l'envoya dans ce monaftère pour y être inftruit dans les devoirs du facerdoce: mais fur le chemin on le tira des mains de fes gardes, & on le mena à faint Martin de Tours. Voyez SAINT CALAIS. Baudrand nomme ce lieu Aninfula fancti Carilephi, en François Saint Calez ou Saint Calais, furnommé du défert. Masson, cité par Ortélius, nomme ce lieu CARILEFO.

ANINUSIA, ville épiscopale, felon Ortélius, qui dit qu'il en eft fait mention au troifiéme concile d'Ephèfe, & que Théodore en étoit évêque. Le P. Charles de Saint Paul, Géog. facr. p. 226, & Holfténius parlent d'ANINETA OU ANINETUM, ou même ANINATUM dont l'évêque Théodore fouscrivit au concile d'Ephèfe; mais ils ne parlent point d'Aninufia.

ANIO, enis, felon les auteurs de la bonne latinité, ANIEN, felon Vibius Sequefter, ou ANIENUS, felon Stace, in Tiburt. riviere d'Italie, que l'on appelle aujourd'hui le Teverone. Pline en met la fource dans la montagne des Trébains, ( & non pas des Thébains, comme le dit Corneille à l'article d'ANIEN,) c'eft-à-dire auprès de la ville

que

que Prolomée nomme Treba dans le Latium, & que l'on nomme préfentement Trevi. Pline ajoute qu'il porte dans le Tibre trois lacs qui ont donné le nom à la ville de Sublaque, aujourd'hui Subiaco. Voyez TEVERONE.

ANJOU, province de France, en latin Andegavia & Andegavenfis ager. Elle a trente lieues de longueur & vingt de largeur. Elle touche le Maine vers le feptentrion, la Bretagne vers le couchant, le Poitou vers le midi, & la Touraine vers le levant. Ses anciens peuples ont été connus fous le nom d'ANDES & ANDEGAVI. Sa divifion ordinaire eft en HAUT & en BAS Anjou, fuivant le cours de la Loire. On peut auffi le confidérer par rapport au feptentrion & au midi de la Loire. L'Anjou fut longtems comté, devint enfuite duché fouverain, lequel réuniffant plufieurs provinces, étoit fort confidérable (). Foulques, furnommé Nerra, comte d'Anjou, & contemporain de Robert, roi de France, poffédoit Loches & Amboife en Touraine, Mirebeau, Loudun, Montereul, & Maulevrier en Poitou. Le roi Robert l'excita à faire la guerre à Eudes, comte de Blois, de Chartres & de

Tours.

Henri I, roi de France, engagea Geofroi, furnommé Martel, fils & fucceffeur de Foulques Nerra, à attaquer Thibaud, auffi fils & fucceffeur d'Eudes, aux comtés de Chartres, de Tours & de Blois, lequel foutenoit le parti de Robert, qui vouloit fe faire proclamer roi, au préjudice de Henri I. Geofroi battit Thibaud, le fit prifonnier, & exigea pour fa rançon Tours, Chinon, Langey. Quelques auteurs prétendent que Geofroi l'engagea a rendre hommage à Thibaud pour le pays qu'on lui cédoit. Le même Geofroi Martel défit & prit dans une autre bataille, Guillaume, duc d'Aquitaine & comte de Poitou, fe faifit de la Saintonge; mats,par le confeil des Evêques, il rendit au bout de trois ans la liberté à Guillaume, qui lui céda la Saintonge, à condition qu'il lui en rendroit hommage.

Geofroi le Barbu & Foulques Rechin fuccéderent à Geofroi-Martel, leur oncle maternel, mort fans enfans. Ils fe disputerent fur le partage des états,& Foulques à la fin prit Geofroi le Barbu. Les comtes de Chartres & de Blois leverent des troupes, & le menacerent de l'attaquer avec toutes leurs forces, s'il ne rendoit la liberté à fon frere; mais il les appaifa, en fe foumettaut de rendre hommage pour la Touraine au comte de Chartres. Foulques Rechin laiffa fes deux comtés à fon fils Foulques, furnommé Hierofolimitain. Géofroi le Bel, ou Plantageneft, les pofféda après fon pere Foulques Hierofolimitain. Il eut de Mathilde, fille & héritiere de Henri I, roi d'Angleterre & duc de Normandie, Henri II, qui hérita du royaume d'Angleterre & du duché de Normandie par fa mere; de l'Anjou, de la Touraine & du Maine par fon pere. Heuri II rendoit hommage à Thibaud le Grand, comte de Champagne, pour le comté de Touraine; mais Philippe - Augufte ayant conquis fur lui Tours, ne le rendit à Richard fon fils & fucceffeur, qu'à condition qu'il lui en feroit hommage à lui feulement. Le même Roi voulut que Jean, frere & fucceffeur de Richard, lui rendit aufli hommage pour les duchés d'Aquitaine, les comtés d'Anjou, de Poitou, &c. Sur fon refus, il confisqua tous les duchés & comtés qu'il poffédoit en France, & s'en rendit maître à force d'armes. Pendant 94 ans que les comtes d'Anjou ont poffédé la Touraine & le Maine, ces trois provinces avoient la même coutume & les mêmes loix. Louis IX, roi de France, donna les comtés d'Anjou & du Maine à Charles, fon fils, qui fut depuis roi de Sicile. Charles II fuccéda à fon pere Charles I, dans fon royaume de Sicile, dans fes principautés de Capoue & de Tarente, dans fes duchés de la Pouille & deĈalabre, & dans fes comtés d'Anjou, du Maine & de Provence; mais il maria fa fille Marguerite à Charles, comte de Valois, fecond fils de Philippe le Hardi, & lui donna en propriété les comtés d'Anjou, & du Maine. Philippe de Valois, depuis Roi de France, fuccéda à fon pere dans fes comtés de Valois, d'Anjou & du Maine. Le roi Jean, fils de Philippe de Valois, érigea l'Anjou en duché, & le donna en appanage, avec le comté du Maine à Louis, fon fecond fils, l'an 1360. Charles V y ajouta le duché de Lorraine. Il laiffa fes duchés & comtés à fes descendans, jusqu'à Charles VI, qui par fon testament, les céda tous à Louis XI, roi de France,

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fon coufin. Louis XII réforma les loix & coutumes de l'Anjou & du Maine. François I donna ce duché d'Anjou en appanage à fa mere Louife deSavoie. Henri!!! l'eut pour appanage avant que d'être roi, il paffa enfuite à François, fon frere puiné, qui réunit en la perfonne l'Anjou, la Touraine & le Maine. Après fa mort, ces provinces retournerent à la couronne. Philippe V, roi d'Espagne a eu l'Anjou en appanage (a). Ceci eft presque tout ti de M. de Valois qui a très-bien débrouillé cette partie de la géographie hiftorique.

Entre le grand nombre de rivieres qui arrofent l'Anjou, & qui font au nombre de quarante-neuf, il y en a fix de navigables, felon Piganiol de la Force, nouvelle defc. de la France, t. 6, p. 99: la Loire qui coupe l'Anjou presque par la moitié, la Vienne qui avoit autrefois fon cours à côté de la Loire, jusqu'au-delà de Saumur, le Toué, navigable depuis Montreuil-Bellai, la Mayenne depuis Laval, le Loir depuis Château-du-Loir, & la Sarte depuis Malicorne. On pourroit rendre l'Authion navigable au-deffus de Longué, felon les devis qui en ont été faits. Les chemins font presque impraticables en plufieurs endroits, à caufe des ponts qui font rompus pour la plupart. Il feroit aufli néceffaire pour la sureté publique de faire arracher les bois taillis à cent pas de chaque côté des grands chemins. Le climat eft affez tempéré, & le pays agréablement diverfifié de collines & de rafes campagnes. Il eft cependant encore plus uni que montueux, fi ce n'eft fur les bords de la Loire, & en quelques cantons des Mauges. On compte dans ce Pays jusqu'à trente-trois forêts, toutes de chênes mêlés de hetres. Les productions de la terre font des vins blancs, du froment, du feigle, de l'orge, des avoines, des pois, des féves, des lins, des chanvres, des noix & quelques châtaignes. On fait auffi des cidres dans le bas Anjou. Il y a des arbres fruitiers de toutes les efpeces & des fruits qui font très-bons. On y nourrit quantité de bœufs, de vaches & de moutons, ce qui fait une des plus grandes richetfes de la province. On trouve des mines de charbon de terre dans les paroiffes de S. Aubin de Luigné, de Chaudefons, de Chalonne, de Montejean fur Loire, de S. Georges, de Concourfon, dans la terre des Noulis, &c. On dit que de cent livre de charbon, on en tire pour dix fols d'or haut en couleur. On a découvert une inine de plomb dans la paroiffe du petit Montreveau; mais elle a été abandonnée comme ingrate. On trouve aufli des mines de fer en plufieurs endroits. Il n'y a que deux forges dans toute la province, l'une à Pouancé, & l'autre à Château-la-Valliere. Une hiftoire manufcrite d'Anjou, porte qu'au village de Chevaux, paroiffe de Courcelles, on trouve des mines où il y a de l'argent, de l'étain, du plomb & de l'airain, & que de cent livres de matiere on tireroit trois onces d'argent. Il y a en Anjou des carrieres de marbre, des falpêtrieres, & des carrieres d'ardoifes, les meilleures du Royaume; l'ouverture de ces carrieres d'ardoifes reffemble à celle d'un puits fort large. Les ardoifes font dans le fond jointes les unes aux autres, ainfi que des planches; on les détache, & enfuite on les taille en carré long, de l'épaiffeur ordinairement de deux écus, & d'un pied de longueur. La machine avec laquelle on la tire de la carriere eft tournée à force de chevaux, & fert auffi à puifer l'eau qui s'y amafse de plufieurs fources, & qui fans ce foin rempliroit les ardoifieres en fort peu de tems. Pour ce qui eft des fontaines minérales, il y en a plufieurs dans cette province, mais elles ont peu de vertu ; les habitans du pays n'en font aucun cas. Près de Château-Gontier il s'en trouve une pour la gravelle. Celle de l'Eperviere eft auprès d'Angers. L'on en voit une dans l'abbaye du Pairreneuf, une à Soncelle, appellée la fontaine S. Armand, que l'on dit être falutaire pour la goutte & les fluxions de poitrine; une autre à Suet, paroiffe de Seiche; une enfin dans la paroiffe de Chaudefons. Les géographes & les itinérairės nous font de petits contes fur trois fontaines d'Anjou. Ils affurent que dans la paroiffe de Varreins, auprès de Saumur, on trouve une fontaine qui coule & s'arrêt deux fois le jour; qu'une autre auprès d'Angers envoic des vapeurs au cerveau, comme feroit le vin; & que dans une autre qui eft auprès de la Flêche, l'argent y prend la couleur de l'or. Autant de merveilles, autant de fables. Il y a des Verreries à Chenu & en quelques

Tome I.

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autres endroits, comme auffi des carrieres de pierre blanche le long de la riviere de Loire. Cette pierre blanche est très-propre pour les édifices.

La province d'Anjou eft du reffort du Parlement de Paris, & a fa coutume particuliere, qui fut rédigée le 7 Septembre 1508. Le fénéchal d'Anjou eft d'épée, & a les mêmes honneurs & fonctions que les autres fénéchaux. Il commande l'arriere-ban, lorsqu'il eft convoqué. C'eft en cette qualité que Louis-François Servien, marquis de Sablé, le commnanda en 1674; mais fon commandement fut court, car en arrivant en Lorraine où étoit fon rendez-vous, lui & fon arriere-ban furent enlevés par les troupes du duc de Lorraine. Mézerai rapporte qu'en 1555, le feigneur de la Jaille (c'étoit René de la Jaille fénéchal d'Anjou ) avoit été enlevé avec fon arriere-ban par le chevalier d'Auffimont, gouverneur de Bapaume.

Il y a trois fiéges préfidiaux dant cette province, Angers, la Flèche & Château-Gontier. Le préfidial d'Angers a été établi au mois de mars 1551; celui de la Flê che au mois de feptembre de l'an 1595, & celui de Château-Gontier au mois de Juillet de l'an 1639; deux prevotés royales, Angers & Saumur; fix fieges royaux, Angers, la Flèche, Château-Gontier, Saumur, Beaugé & Beaufort.

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Pour la finance, l'Anjou eft de la généralité de Tours, & du reffort de la chambre des comptes & de la cour des aides de Paris. On y a établi fix élections, Angers, Saumur Baugé, Château - Gontier, Montreuil - Bellai & la Flèche. Cinq maîtrifes des eaux & forêts, Angers, Baugé, Briffac, Pouancé, Candé, & Montreuil-Bellai. Une jurisdiction des traites établie par François I l'an 1519, compofée de deux juges, d'un procureur du roi & d'un greffier. Une juftice confulaire,établie par édit du mois de mars l'an 1564. Une chambre des monnoies, de laquelle j'ai parlé à l'article d'Angers.

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La mairie eft compofée d'un maire en titre d'office, de quatre échevins électifs de deux en deux ans, de douze confeillers électifs & perpétuels, de huit affeffeurs, d'un procureur de la ville, d'un commiffaire & d'un greffier, créés en titre d'office. Ce corps de ville a jurisdiction fur les manufactures de la ville, fauxbourg & banlieue. Le commerce qui fe fait en Anjou, confifte en vins blancs, beftiaux, bleds, ardoifes, faumons, alofes, chanvres, lins, fil, toiles, orges, avoines, féves, pois, noix, étamines, droguets, bougies, confitures-féches, gibier, falpêtre, eau-de-vie, vinaigre, pruneaux, huiles de miel, chaux, chapelets, &c. Les manufactures font deux rafineries de fucre, l'une à Angers & l'autre à Saumur, dix blanchifferies de cire, favoir fept à Angers, & trois à Château-Gontier. Il y a auffi dans ces deux villes quelques blanchifferies de toiles. On fait auffi à Angers de très-belles étamines de laine fur foye rayées d'or, des camelots fins, des ras & des ferges. Ón fabrique des toiles à Château - Gontier, qu'on transporte à Saint-Malo, pour les pays étrangers. On en fabrique auffi à Chollet pour le Poitou, la Rochelle & Bordeaux. L'on fait à Saumur des bagues & des boucles d'or, des médailles, des chapelets, & autres clincailleries. J'ai déja parlé de l'univerfité d'Angers.

Outre cela il y a dans cette province deux colléges fameux; le premier à la Flêche, fondé par Herni le Grand, ci-devant dirigé par les jéfuites; aujourd'hui une partie fert d'entrepôt pour l'école militaire; l'autre eft encore un collége où des féculiers inftruifent la jeuneffe. Le fecond collége est à Saumur, dirigé par les prêtres de l'Oratoire.

par

Il y a un gouverneur & lieutenant-général de la province d'Anjou. Un lieutenant - général du roi, tant du haut que du bas Anjou. Deux lieutenants de roi d'Anjou, dont les charges font héréditaires, & ont été créées édit de l'an 1692. Un gouverneur de la ville & du Château d'Angers. Ce gouvernement particulier eft uni au gouvernement général de la province. Le gouverneur de la ville & du château d'Angers, a fous lui un lieutenant de roi de la ville & du château, un major, & cinquante hommes de garnifon. Le gouvernement de la ville & du château du pont de Sé eft uni au gouvernement général de la province. Il y a un lieutenant de roi,

Les autres gouvernemens particuliers de l'Anjou, font ceux de la Flêche, de Beaufort en Vallée, de ChâteauGontier, & de Baugé. Briffac, à quatre lieues d'Angers, eft une duché-pairie érigée l'an 1611 au mois d'avril, en faveur de Charles de Coffé, maréchal de France. Les lettres-patentes de cette érection ont été confirmées par d'autres patentes du 7 feptembre de l'an 1616; & enregiftrées en vertu de lettres de furannation, du 18 feptembre de l'an 1619, par arrêt du 20 de juillet de l'an 1620. Elle appartient aujourd'hui à Charles Timoléon de Coffé.

Vaujour dans la paroiffe de Châteaux, & dans l'élection de Baugé, fut érigée en duché-pairie le 13 de mai de l'an 1667, en faveur de Louife-Françoife de la Beaume le Blanc de la Valliere, & de Marie-Anne légitimée de France, fa fille, qui époufa dans la fuite le prince de Conti, dont elle eft veuve. Cette feigneurie avoit été achetée par décret fur les héritiers de la maifon de Bueil-Sancerre, & s'appelloit autrefois la baronie de Château-Angour. Il y a dans l'Anjou une maréchauffée générale créée pour cette province, & le comté de Laval, par édit du mois de décembre de l'an 1641. Le prevôt général a deux lieutenans, un affeffeur-commiffaire des montres, un procureur du roi contrôleur de montres, un greffier, deux exempts & trente archers. Trois maréchauffées provinciales, Angers, la Flêche & ChâteauGontier: trois réfidences du prevôt d'Angers, à Saumur, à Baugé, à Pouancé, & un lieutenant de robe-courte à Beaufort. Ce prevôt provincial a fous lui deux lieutenants, un affeffeur, un procureur du roi, un greffier, & dix-neuf archers. Sa charge eft d'ancienne création.

ANJOUAN ou ZOANI, felon les Arabes, ifle d'Afrique, une des ifles de Comorre, au nord de l'ifle Mayotte, dont elle eft à quatorze lieues, entre l'ifle de Madagascar au levant, & la côte de Zanguebar au couchant; le milieu de l'ifle eft à 12 degrés de latitude méridionale.

Cette ifle eft agréable & fertile; on y trouve toute forte de rafraîchiffemens en abondance; les fruits y font fort bons, les eaux très-vives, ce qui fouvent occafionne des maladies aux paffagers. Lett. edif. 3o recueil.

La capitale de cette ille s'appelle DEMOмMOO, OU DEMos. Tous les habitans de cette ifle font Mahometans: il y a beaucoup de mosquées; leurs docteurs font Arabes. Le peuple eft d'un naturel doux, on n'y voit point les femmes comme dans les Indes. Il y a beaucoup d'esclaves qu'on tire d'Ethiopie & de Madagascar, & à bon marché. L'ifle eft arrofée par une quantité de ruiffeaux, qui la rendent fertile. Il y a des fruits de différente espéce. On y trouve beaucoup de volailles, de paons, de perdrix, de cailles, de perroquets, & beaucoup de poisfon. Le coco y eft très-commun. Les vaiffeaux y font joints & coufus avec du cairo, au lieu de clou. Quand la mouffon eft commode, les habitans de l'ifle Anjouan vont à Madagascar chercher du ris, du millet, de l'ambre gris & des esclaves, qu'ils portent par la Mer Rouge en Arabie, où ils prennent en échange des toiles, des mouchoirs des Indes, du coton & de l'amphion. Voyage de la Compagnie Hollandoife t. 4, p. 327.

ANIS, (le mont) Anicius mons, montagne de France, au Velai, dans les Cevenes. Elle étoit autrefois connue par la ville de Rueffium, & préfentement par la ville du Puy, bâtie des ruines de la précédente.

ANISA. Corneille, fut l'autorité de Davity, place une ifle de ce nom près de la côte d'Afrique, à peu de distance de celle de Mofambique. Selon lui on y recueille quantité de manne, mais elle n'eft pas fi bonne que celle des autres pays, parce qu'elle eft dure & d'un rouge tirant fur le gris. Cette ifle, pourfuit-il, nourrit beaucoup de bétail, que les habitans vendent à ceux de la terre ferme.

ANISENA. Ovide dans le v livre de fes faftes, v. 467, nomme, felon quelques exemplaires, Anifena flumina, une riviere de Sicile ; & l'abbé de Marolles, qui ne cherchoit pas beaucoup de fineffe dans fes traductions, rend ces mots par ceux-ci, la riviere d'Anife. Or telius avoit déja foupçonné que ce mot étoit corrompu; & Ciofanus remarque qu'on lit Amena dans quelques manufcrits: l'éditeur d'Ovide à l'ufage du Dauphin

rétablit Amenana, du nom d'Amenanus, riviere de Sicile près de l'Etna, conformément à l'édition de Nicolas Heinfius. Voyez AMENANUS.

ANISOLA. Voyez ANINSULA. ANISUS, nom latin d'une riviere d'Autriche. Ce nom fe trouve, felon Rhenanus, dans un calendrier ancien, & dans la vie de S. Florien. C'est aujourd'hui la riviere de l'Ens.

ANITHA, ville de l'Arabie Pétrée, felon Ptolomée. ANITORGIS, ancienne ville de l'Espagne. Tite-Live, 1. 25, c. 32, dit que les deux généraux, P. Cornelius & P. Scipion s'avançant avec l'armée féparée en deux corps, & renforcée de trente mille Celtibériens, jusqu'à la ville Anitorgis, camperent en préfence de l'ennemi, dont ils étoient féparés par la riviere. Beuterus dans fa chronique d'Espagne, varie fur le nom moderne de cette ville, car dans un endroit il dit que c'eft PAMPELUNE, & dans un autre il la prend pour ALBARAZIN.

1. ANIUS, fleuve de l'Epire. Il a fa fource dans le mont Pindus, entre les montagnes de Meropus & d'Asnaus, & vient fe jetter dans la Mer Adriatique, au-desfous d'Apollonie, du côté du fud. Etienne de Bifance le nomme EAS. Strabon, 4.7, le nomme Aous, & dit qu'il coule à dix ftades de la ville. Il eft appellé Lous par corruption chez Ptolomée,& fon nom moderne eft POLLONA. C'eft ainfi qu'en parle le P. Lubin dans fes tables géographiques pour l'intelligence des vies des hommes illuftres, écrites par Plutarque ; & c'eft dans cet auteur, in Cæfare, qu'il a trouvé le nom d'ANIUS, qui ne fe trouve point ailleurs; car outre les auteurs qu'il cite dans fa remarque, Tite-Live le nomme Aous, l. 32, c. 5, & 10. Il faut auffi remarquer que Ptolomée n'eft pas le feul qui ait nommé cette riviere Lous. Polybe, l. 5. c. 110, lui donne aufli ce nom; mais Cafaubon corrige Aous. J'ai déja remarqué au mot EAs qu'il a été facile aux copiftes de fe tromper, vû la reffemblance des lettres A, A. Mais en citant, le nom de Strabon s'eft gliffé pour celui de Ptolomée. Voyez ÆAS 2.

1.

2. ANIUS, lieu dans le voifinage de Pouzol. Erythraus dans fon Indice fur Virgile, dit après Bocace, que c'eft préfentement LAGO SUDATORIO.

ANKALIA. Voyez HYRCANIUM.

ANKING, ville de la Chine, dans la province de Nankin. On la nomme auffi CHICHEU; elle n'eft éloignée de Tonglou que de fix lieues, & fon circuit eft de deux. Ses murs font très bien flanqués & fort épais, & elle a au midi la riviere de Kiang: le fauxbourg qui eft arrofé des eaux de ce fleuve, enferme de magnifiques bâtimens & de fort beaux temples. Il y en a un élevé proche delà fur une colline fort verdoyante. Les habitans y vont en foule immoler des bêtes, brûler de l'encens, & offrir toutes fortes de parfums de fruits & de fleurs. Ce temple eft embelli d'une haute tour, qui foutient encore fept baluftres fort bien travaillés. * Corn. dict. ambaff. des Hollandois à la Chine, c. 33.

Cette ville eft nommée ANHING dans d'autres relations. Voyez ANHING. Dans la description de la Chine du P. Martini, elle eft nommée Chicheu, & eft la douzieme ville de la neuvieme province nommée Kiangnan, dont Nankin eft la capitale. On y remarque que fon terroir s'éleve tout autour en montagnes, & n'a pas beaucoup de montagnes; qu'il ne laiffe pas pourtant d'être fort fertile, & d'être abondamment pourvu de tout ce qui eft néceffaire ; & que s'il lui manque quelque chofe, la riviere de Kiang qui en eft proche, le lui peut aifément fournir. Ce Pere pourfuit ainfi : cette ville a fix cités fous fa jurisdiction, Chicheu, Cingyang, Tungling, Xetai, Kiente, Tunglieu. Cette derniere eft la même que Tunglou. *Recueil de Thevenot, t. 3, p. 10 & 132. ANKLAND, ou BISHOP, petite ville d'Angleterre, dans le Comté de Durham, fur la riviere de Were, fur le penchant d'une colline, dans un lieu fort agréable. L'évêque de Durham y a un beau palais. Robert la nommal AUKLAN. Long. 16, 10. Lat. 4, 40.

ANKOBAR, riviere & royaume d'Afrique. Voyez

ANCOBER.

1. ANNA, ancienne ville de la Palestine, au-deffus de Jerico, felon Etienne le géographe, qui cite Jofeph pour fon garant. Il y a apparence qu'Etienne, ou fon abréviateur avoient en vue un paffage du cinquieme livre de cet historien, où il dit que peu de jours après la

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mmes con

es trois

prife de Jérico, Jofué envoya trois mille.. tre la ville d'Aina, fituée au-deffus de Jérico mille hommes ayant attaqué les habitans d'Aina, mis en fuite, avec perte de trente-fix hommes. Cu. fans doute une faute de copifte, qui a mis A've pour Awa. Le géographe de Nubie autorife ce fentiment. Il dit, (clim 3, part. 5, pag. 115 & 116) Tibériade eft la plus grande ville, & la métropole entre les villes du Jourdain : delà à Sur il y a deux grandes journées de chemin; delà à la montagne d'Ablac un peu moins d'une journée; delà à Baifan pas tout-à-fait une journée, & delà à AANNA du pays de Ghaur, jusqu'aux confins du territoire du Jourdain, & enfuite jusqu'au lieu nommé Giamila, une journée. Le pays de Ghaur eft la Célesyrie où Anna, ou bien Aina étoit fituée. Le patriarche Eutychius dans les annales d'Alexandrie, édit. Pokock. p. 111 & 116, ne s'écarte pas beaucoup de cette orthographe, car il nomme cette ville ANA, que l'on peut lire auffi Ani, fans changement de lettres. Cette même ville eft nommée dans le texte hébreux de l'écriture y (Jofué, c. 8, v. 28 ) & comme la lettre y eft une de celles dont la prononciation eft très-contestée, parce qu'elle ne répond pas bien précisément à aucune des lettres grecques ou latines, il y a une extrême différence entre les manieres de l'exprimer. Les feptante l'ont traduite par un G, Fa, la plupart par un H, Hai. Berkelius prétend même, avec bien du fondement, que cette ville n'eft pas différente de celle que Jofeph nomme ailleurs Kava, Kana, ou avec la terminaifon a, Kávata; le K n'étant venu que d'une aspiration renforcée; & on peut lui accorder que Ava Aana, Ani A'iva rai Kava & Kuvata, ne font que des variations qui viennent des différentes dialectes des langues par lesquelles ce nom, qui dans le fonds est toujours le même, a paffé. D. Calmet dans fon dictionnaire de l'écriture fainte, à l'article HAI, dit qu'elle a été auffi nommée ALATH. Elle eft différente d'ANNA fur l'Euphrate. Corneille, ni Baudrand ne l'ont point connue.

2. ANNA, ville d'Afie fur l'Euphrate, partie dans le Diarbekir, & partie dans l'Arabie. Voyez ANA 1.

eft

3. ANNA, felon de Wit, Atlas, ville de l'Arabie déferte, aux confins de l'Arabie heureufe, au bord occidental du fleuve Aftan, qui joignoit l'Euphrate près de fon embouchure. De Wit, qui la met ainfi dans fa carte, autorifé par Baudrand, que Maty & Corneille ont copié. Mais les cartes plus récentes changent bien les chofes, & l'Aftan n'y eft plus reconnoiffable; encore moins la ville d'Anna, il ne faut pas la confondre avec les deux précédentes. Celle-ci eft marquée au midi occidental de Balfora.

4. ANNA, ancienne ville de Lydie, felon le périple de Scylax de Cariande, p. 36. Les critiques prétendent que c'eft une faute, & qu'il faut lire dans le grec, non pas Avva, mais Avala. Anaa étoit une ville de l'Ionie, vis-àvis de Samos, quoique quelques-uns l'ayent attribuée à la Carie.

5. ANNA. Corneille met en Epire un port de ce nom, près du golfe de Torron. C'eft, dit-il, un port presque défert. Il n'auroit pas mal fait de dire en quel lieu de l'Epire fe trouve le golfe qu'il nomme ainfi, ou de citer l'auteur dont il a tiré cet article, & dans lequel on auroit peut-être trouvé plus de lumieres qu'il n'en donne.

ANNABERG, (a) quelques-uns difent S. ANNENBERG, ou S. ANNABERG, petite ville d'Allemagne en la Misnie, dans la haute Saxe, près de la Bohême, fur le Schneeberg, & à la fource du torrent Schop, à neuf milles d'Allemagne de Meffein au midi en tirant vers Ellebogen, & à onze milles de Leipfik. (b) Cette ville a été autrefois nommée SCHRECKENBERG; les pieces de dix kreutz qui y ont été fabriquées, portent encore le nom de Schreckenberger; on les appelle auffi Gros de l'Ange (EngelsGrofchen) parce que la figure d'un ange y eft empreinte. En 1496 les travaux des mines d'argent de ce lieu ayant produit une affez forte fomme d'argent, jusqu'à l'année 1500, George, duc de Saxe, y fonda une ville, & changea le nom de Schreckenberg, qui fignifie la montagne de l'Epouvante, ou la montagne effrayante, en celui de S. ANNABERG, c'eft-à-dire le Mont fainte Anne. L'année suivante Maximilien I lui donna des priviléges, avec une foire tous les ans, & un marché toutes les femaines. En 1503 on l'entoura de murailles, & on y dépofa des reli

Tome I.

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