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même nation, et leurs États si éloignés les uns des autres, qu'ils n'avaient rien à démêler ensemble. Mais il était malaisé qu'ils fussent contents de ce que la fortune leur avait donné, les hommes faisant peu de cas de ce qu'ils possèdent quand ils espèrent quelque chose de meilleur, outre qu'ils croyaient avoir moins de peine à augmenter leurs royaumes qu'ils n'en avaient eu à les acquérir.

Il y avait déjà sept jours que le corps d'Alexandre reposait sur son lit de parade, sans qu'on lui eût rendu les honneurs funèbres, tous les soins étant employés aux affaires publiques et à pour voir au gouvernement de l'empire. Or, il n'y a point de pays au monde où les chaleurs soient plus excessives qu'en la Mésopotamie. Elles font mourir plusieurs animaux qu'elles surprennent en rase campagne; et le soleil y est si ardent qu'il brûle comme un feu. D'ailleurs, l'eau y est fort rare, et encore les habitants du pays la cachent aux étrangers et la gardent toute pour eux. Cependant quand on vint à visiter le corps, on le trouva sain et entier, sans aucune tache, et même ayant le teint aussi frais et aussi vermeil que s'il cût été en vie; tellement que les Égyptiens et les Chaldéens qui avaient chargé de l'embaumer à leur façon n'osèrent d'abord y mettre la main, croyant qu'il respirât encore; mais après, l'ayant priè de permettre à des mains mortelles de le toucher, ils vidèrent les entrailles, et embaumèrent le corps; puis le mirent sur un trône d'or,

specie imperii alieni procurandi, singuli [ingentia] invaserant regna; sublatis certaminum causis, quum et omnes ejusdem gentis essent, et a ceteris suis quisque imperii regione discreti. Sed difficile erat, eo contentos esse, quod obtulerat occasio: quippe sordent prima quæque, quum majora sperantur. Itaque omnibus expeditius videbatur augere regna, quam fuisset accipere. Septimus dies erat, ex quo corpus regis jacebat in solio; curis omnium ad formandum publicum statum a tam solemni munere aversis. Et non aliis quam Mesopotamiæ regione fervidior æstus exsistit, adeo ut pleraque animalia, quæ in nudo solo deprehendit, exstinguat: tantus est vapor solis et cæli, quo cuncta velut igne torrentur! Fontes aquarum et rari sunt, et incolentium fraude celantur : ipsis usus patet; ignotus est advenis. Ut tandem curare corpus exanimum amicis vacavit; nulla tabe, ne minimo quidem livore corruptum videre, qui intraverant: vigor quoque, qui constat ex spiritu, non destituerat vultum. Itaque Ægyptii Chaldæique, jussi corpus suo more curare, primo non sunt ausi admovere velut spiranti manus: deinde precati, ut jus fasquè esset mortalibus attrectare eum, purgavere corpus; repletumque est odoribus aureum solium, et

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rempli de parfums, avec son diadème à la tête, et tous les autres ornements de l'empire. Plusieurs ont cru qu'il était mort de poison, qu'Iollas, fils d'Antipater, grand échanson, lui donna par le commandement de son père. Il est certain qu'on avait souvent ouï dire à Alexandre << qu'Antipater aspirait à la couronne; qu'il était plus puissant qu'il n'appartenait à un simple lieutenant de roi, et qu'enorgueilli de la victoire de Sparte, il prétendait tenir de lui-même ce qu'il ne tenait que de la bonté de son maître. » Quelques-uns ont eu opinion que Cratère avait été envoyé avec les vieux soldats pour le tuer. On assure que ce poison, qui s'engendre en Macédoine, est si subtil qu'il consume même le fer, et ne se peut porter que dans la corne du pied d'un mulet. Ils appellent Styx la fontaine d'où coule cette mortelle liqueur, que Cassandre avait apportée et donnéc à son frère Iollas, qui la mit dans la coupe du roi quand il but le dernier coup. Mais, soit qu'il ait été empoisonné ou non, la puissance de ceux qu'on en accusait en étouffa bientôt le bruit; car Antipater s'empara de la Macédoine et de la Grèce, et ses enfants lui ayant succédé exterminèrent toute la race d'Alexandre, jusqu'aux plus éloignés. Au reste, Ptolémée, qui eut l'Égypte en partage, fit porter le corps à Memphis, et de là à quelques années en Alexandrie, où l'on rend toutes sortes d'honneurs à son nom et à sa mémoire.

capiti adjecta fortunæ ejus insignia. Veneno necatum esse credidere plerique: filium Antipatri inter ministros, Iollam nomine, patris jussu dedisse. Sæpe certe audita erat vox Alexandri, Antipatrum regium affectare fastigium; majoremque esse præfecti opibus, ac titulo Spartanæ victoriæ inflatum, omnia a se data asserentem sibi. Credebant etiam, Craterum cum veterum militum manu ad interficiendum eum missum. Vim autem veneni, quod in Macedonia gignitur, talem esse constat, ut ferrum quoque exurat, ungulæ jumenti duntaxat patiens. Stygem appellant fontem, ex quo pestiferum virus emanat. Hoc per Cassandrum allatum, traditumque fratri Iollæ, et ab eo supremæ regis potioni inditum. Hæc utcumque sunt tradita, eorum, quos rumor adsperserat, mox potentia exstinxit. Regnum enim Macedoniæ Antipater, et Græciam quoque invasit : soboles deinde excepit; interfectis omnibus, quicumque Alexandrum etiam longinqua cognatione contigerant. Ceterum corpus ejus a Ptolemæo, cui Ægyptus cesserat, Memphin, et inde paucis post annis Alexandriam translatum est; omnisque memoriæ ac nomini honos habetur.

QUINTE-CURCE.

SUR QUINTE-CURCE.

LIVRE TROISIÈME.

II. L'infanterie était composée de deux cent cinquante mille hommes. etc. Ici, Vaugelas n'a pas suivi à la lettre le texte de Quinte-Curce. On peut en voir le motif dans la préface de Du Ryer. Voici la traduction littérale de ce passage, depuis les mots : Persarum erant centum millia, jusqu'à ceux-ci: festinatio prohibebat acciri. « Les Perses comptaient cent mille combattants, parmi lesquels trente mille soldats à cheval. La cavalerie des Mèdes était de dix mille hommes, l'infanterie de cinquante mille. Les cavaliers Barcaniens étaient au nombre de deux mille, tous armés de haches. Dix mille fantassins suivaient avec la même armure. Les Arméniens avaient envoyé quarante mille fantassins et sept mille cavaliers. Les Hyrcaniens, renommés par leur bravoure, parmi les peuples de ces contres, étaient venus au nombre de dix mille, tous cavaliers. Les Derbices avaient armé quarante mille fantassius, le plus grand nombre avec des piques en fer, le reste avec des bâtons durcis au feu. Ils étaient en outre accompagnés de deux mille cavaliers de la même nation. Des bords de la mer Caspienne était venue une armée de huit mille hommes de pied et de deux cents chevaux. Il y avait avec eux d'autres peuples inconnus, formant deux mille fantassins et le double en cavalerie. A ces forces étaient venus se joindre trente mille Grecs mercenaires, dans la fleur de l'age. Car pour les Bactriens, les Sogdiens, les Indiens et les autres peuples de la mer Rouge, dont les noms mêmes étaient ignorés même de celui qui les commandait, la hâte avait été si grande qu'on n'avait pu les faire venir. >>>

III. Die jam illustri. « Lorsque le jour brillait de tout son éclat. >> Omission de Vaugelas.

IV. Rursus altero cornu in diversum litus excurrit. Cette chaîne de montagnes revient aboutir, par l'extrémité opposée, à une autre partie du rivage.

Qui propellerent. S'il s'était trouvé des bras pour rouler ces pierres à son passage.

XI. Triginta omnino et duo ex peditibus desiderati sunt. « Il ne périt en tout que trente deux fantassins. >>> Vaugelas: trois cents.

XII. Invitari deinde amicos, quibus maxime assueverat, jussit, quippe summa duntaxat cutis in femore perstricta non prohibebat interesse convivio. « Il fit ensuite inviter à sa table les plus intimes de ses amis; car sa blessure, qui ne lui avait qu'effleuré légèrement la cuisse, ne l'empêchait point d'assister à un repas. >>> Phrase omise par Vaugelas.

XIII. Eodem metu arma jactare, ac nota diverticula petere cœperunt. « Les soldats, saisis de la même épouvante, jetèrent leur armes et gaguèrent des sentiers détournés qui leur étaient connus. » Phrase omise par Vaugelas. >>>

LIVRE QUATRIÈME.

1. Les Dieux vous veuillent combler de toutes sortes de biens, et à jamais puissiez-vous jouir de la gloire

que mérite une si haute vertu! Nous ignorons sur quel texte Vaugelas a traduit cette phrase, dont le latin ne se trouve pas dans les meilleures éditions.

II. Quum forte panem quidam militum frangerent. « Des soldats, en rompant leur pain. >>> Vaugelas a lu frangeret, et ne parle, en conséquence, que d'un soldat.

III. Tres omnino naves arte ipsa mænid opposuerunt: quibus rex invectus ipsas demersit. On lit dans les anciennes éditions triremes omnes; leçon adoptée par Vaugelas. D'après la nouvelle leçon, plus conforme au témoignage des autres historiens, il faut traduire : « les Tyriens protégèrent leurs murailles avec trois vaisseaux : le roi les attaqua et les coula à fond. >>>

Quippe gubernatores, alias imperare soliti, tum metu mortis jussa exsequebantur. « Car les pilotes, accoutumés à commander en d'autres temps, exécutaient alors, par crainte de la mort, les ordres qu'ils recevaient. » Membre de phrase omis par Vaugelas.

Corvi vero et ferreæ manus tormentis emissæ plerosque rapiebant. « La plupart des Macédoniens étaient enlevés par les grappins et les harpons que lançaient les machines de l'ennemi. » Membre de phrase omis par Vaugelas.

V. Quindecim legarentur. Quinze ambassadeurs. Vaugelas a lu duodecim.

Secuti sunt ducem piratici lembi. «Les pirates suivirent leur chef. >>> Vaugelas a traduit d'après un texte qui portait decem, ce qui donne un autre sens à la phrase.

VI. Alexandre... fit élever un cavalier à la hauteur des murailles. En termes de fortification, un cavalier est une élévation de terre sur laquelle on met des machines de guerre, soit pour l'attaque, soit pour la défense d'une place.

Jusqu'à ce qu'enveloppé sans se vouloir rendre, il tomba vif entre leurs mains, et fut mené.... Le latin de ces deux lignes a été supplée par Freinshémius.

XI. Cette phrase: « Dites-lui que je ne suis pas venu en Asie, » est la traduction du passage suivant que l'on trouve dans quelques éditions: «Et me in Asiam non venisse, ut ab aliis acciperem, sed ut aliis darem. Si secundus, et non par mihi vellet haberi, facerem forsitan, quæ petit. Cæterum, nec mundus duobus solibus potest regi, nec duo summa regna, salvo statu terrarum, potest habere. Proinde, aut deditionem hodie, aut in crastinum bellum paret: nec aliam sibi, quam expertus est, polliceatur fortunam. »

XII. Quinquaginta falcati currus. « Cinquante chariots armés de faux. » Vaugelas a écrit, cent, d'après l'au

torité d'Arrien.

Summa totius exercitus, equites quadraginta quinque millia: pedestris acies ducenta millia expleverat. « L'armée s'élevait en tout à quarante-cinq mille hommes de cavalerie et à deux cent mille d'infanterie. » Vaugelas, croyant le texte altéré en cet endroit, a donné un nombre beaucoup plus élevé que celui-là, d'après l'autorité d'autres historiens. Voyez la préface.

Ilaque, dissimulato eo, .... ad hostem contenderent. On s'accorde à regarder tout ce passage, renfermé dans ce texte entre deux crochets, comme une interpolation. Le commentateur allemand Schmeider le croit traduit de Trogue-Pompée, dans l'ouvrage duquel il appartenait sans doute à la description de la bataille d'Issus. Vaugelas a en outre, traduit d'après un texte qui, avant les mots: Itaque, dissimulato co,.. donne deux autres phrases que voici: Movebat etiam eum multitudo hostium, respectu paucitatis suæ gentis ; sed interdum reputabat, quantas res cum hac gente gessisset, quantosque populos fudisset. Itaque quum spes metum vinceret, periculosius bellum differre ratus, ne desperatio suis cresceret, dissimulato co, etc.

XIII. In subsidiis cum manu sua Canos: post eum Orestes, Lyncestesque. Post illos Polypercon, dux

peregrini militis; hujus agminis Amyntas princeps erat. « A la réserve était Cénus, avec sa troupe, et derrière lui les chefs de la famille des Orestes et des Lyncestes. Polypercon venait ensuite à la tête des troupes étrangères, placées sous le commandement supérieur d'Amyntas. >>> La différence des textes explique ici celle des traductions. Vaugelas lisait: Simmias agminis Amyntæ princeps

erat.

Frons lævi cornu hæc erat. « Ainsi se présentait l'aile gauche. - Phrase omise par Vaugelas.

XIV. Præterea breves et mutabiles vices rerum sunt: et fortuna nunquam simpliciter indulget. « Les choses humaines, dans leur cours rapide, sont sujettes à mille changements, et jamais la fortune n'accorde ses faveurs sans retour. >>> Phrase omise par Vaugelas.

XV. Mille equitibus. « Mille chevaux. >> Vaugelas a écrit trois mille, d'après l'autorité de Diodore.

XVI. Persarum... millia XL. Quarante mille Perses. Vaugelas avait écrit quatre cent mille, quoiqu'Arrien, ce lui de tous les auteurs qui porte le plus haut le nombre des Perses tués dans cette bataille, le borne à trois cent mille (m, 15, 16).

LIVRE CINQUIÈME.

1. Non, ut plerique credidere. « Non, comme plusieurs l'ont cru. » Vaugelas avait traduit d'après une édition où on lisait : vel ut plerique, ce qui donne un sens tout différent.

Altitudo muri c cubitum. « La hauteur des murailles est de cent coudées. >> Vaugelas : cinquante.

Per xc stadia habitatur. « Il n'y a que quatre-vingtdix stades qui soient habités. » Une édition, suivie par Vaugelas, porte, per Lxxx stadia.

Et c'est, à mon avis, à cause du feu. Vaugelas a traduit une glose, propter incendia, que rejettent les bonnes éditions.

II. Novem. Tous les manuscrits donnent ici novem. Vaugelas a mis huit dans sa traduction; et en effet le texte même donne les noms de huit chiliarques seulement. Étaient-ils huit en effet, ou le nom du neuvième a-t-il disparu des manuscrits? c'est ce qu'on ne peut décider.

III. Per L stadia. «Pendant cinquante stades. >> Vaugelas: mille stades, d'après un passage de Diodore (xvu, 67). V. Liberi in flore ætatis et rerum agnoscent, et fratres ergastuli detrimenta ? « Nos enfants, brillants de jeunesse et de prospérité, nous reconnaîtront-ils, plus que nos frères, dans ces restes d'hommes échappés à la prison des esclaves? >> Le texte dont s'est servi Vaugelas lui a fait adopter un autre sens.

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VIII. Bis me victum, bis fugientem persecuti estis. « Deux fois vaincu, deux fois réduit à fuir, je vous ai toujours vus fidèles. » Vangelas s'est un peu écarté du sens littéral de ce passage.

XIII. Paucis equitum comitantibus. Arrien (1, 21, 16) dit six cents cavaliers.

Quam abacta est, semivivi. Le texte de ce livre de Quinte-Curce finit là. « Ce qui suit, jusqu'à la fin du livre, a été suppléé de Justin par le traducteur, » dit Du Ryer dans une note. Presque toutes les éditions donnent le supplément latin de Freinshémius dont voici ici la traduction, empruntée à l'excellent travail de MM. Aug. et Alph. Trognon.

Il entendit les gémissements d'un homme qui semblait près d'expirer. Curieux, comme il est naturel à tout homme, de voir ce que renfermait ce chariot, il écarte les peaux qui le recouvraient, et y trouve Darius percé de plusieurs blessures; son vêtement royal, les chaînes d'or dont l'avaient chargé les assassins, ne laissaient aucun doute. - Darius n'était pas étranger à la langue grecque2; et il remercia les Dieux, qui, après une suite de si grands malheurs, lui accordaient au moins la consolation, de ne pas mourir dans une entière solitude: « Qui que tu sois, dit-il3, par ce partage commun de l'humanité dont les plus grands rois ne sont pas exempts, comme te l'atteste le spectacle qui est sous tes yeux, je te prie et te conjure de porter mes dernières paroles à Alexandre: dis-lui que de tous les maux bien tristes que j'ai soufferts, sans en excepter même cette catastrophe sans exemple qui termine mes jours, aucun ne m'a été plus sensible que de me voir, après tant de bienfaits dont il m'a comblé, ainsi que ma famille, condamné à vivre l'ennemi d'un vainqueur aussi clément et à mourir ingrat envers lui. Mais s'il est vrai que les derniers vœux des infortunés aient quelque pouvoir auprès des Dieux, s'il est une divinité compâtissante pour accueillir les prières qui s'exhalent avec le dernier soupir, puisse-t-il, échappant à tous les périls et à jamais préservé de la contagion de mon malheur et des persécutions de la fortune, passer sur le trône de Cyrus une vie glorieuse! que, fidèle à ses vertueux sentiments, il permette à ma mère et à mes enfants d'occuper près de lui la place qu'ils auront méritée par leur affection et leur obéissance! Puisse aussi un prompt châtiment atteindre les parricides! Et sans doute Alexandre le leur infligera, sinon par compassion pour un ennemi malheureux, du moins par haine pour leurs forfaits, et afin que l'impunité ne les enhardisse pas à conspirer contre d'autres rois et contre lui-même. » - Ayant étanché la soif qui le dévorait avec un peu d'eau que lui apporta Polystrate, il continua ainsi : « Il a donc fallu que, pour dernier trait à toutes mes misères, je ne pusse récompenser le dernier service que tu viens de me rendre! mais Alexandre t'en donnera le prix, et les Dieux à Alexandre. » Il lui tendit ensuite la main, en lui recommandant de porter à Alexandre ce gage de sa foi royale, et, prenant celle de Polystrate, il expira. - On ne sait si Alexandre arriva pendant qu'il respirait encore; ce qu'il y a de certain 4, c'est que, en apprenant la fin misérable de ce puissant monarque, il répandit d'abondantes larmes, se dépouilla de sa chlamyde pour en couvrir le corps de Darius, et le fit porter en grande pompe vers sa famille, pour qu'il y reçût les honneurs de la sépulture royale chez les Perses, et fût placé dans le monument où reposaient ses ancêtres. Cette ingratitude des hommes, qui paya tant de bienfaits par une mort cruelle, est sans doute en elle-même bien digne d'horreur et d'exécration; mais il est une circons

Plut. alexand. Arrian. III, 21, 16; Justin. x1, 15. 2 Q. Curt. v, II. - 5 Justin. 1. c. - Diod. Sic. xvu, 73; Arrian. 1. c.

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tance qui la couvre d'une infamie plus noire encore aux yeux de la postérité, c'est la fidélité merveilleuse d'un chien, qui, seul, resta près de Darius délaissé de tous ses serviteurs, et qui lui garda, au moment de sa mort, le même attachement qu'il lui avait témoigné pendant sa vie. Telle fut la fin de ce prince, qu'on eût cru insulter si on ne l'eût salué du nom de roi des rois ou de parent des Dieux; et il y eut un grand exemple de plus, pour prouver que personne n'est mieux exposé aux coups de la fortune que l'homme qu'elle entoure le plus de ses trompeuses caresses, et qui a plié la tête en esclave sous son joug.

LIVRE SIXIEME.

1. Pugnæ discrimen...... Le commencement de ce sixième livre est perdu, comme la fin du précédent : la traduction est celle du supplément de Freinshémius.

Ut oratoresmittere ad regem liceret precati. « Ils de mandèrent qu'il leur fût permis d'envoyer des députés au roi. » Vaugelas a lu oratorem.

III. Cum feris bestiisresest quas captas et inclusas. « Nous avons affaire à des bêtes sauvages qui, prises et enfermées, ne s'apprivoisent pas. » Vaugelas a omis les mots: quas captas et inclusas.

IV. Ipse cum phalange et equitatu. «Pour lui, avec la phalange et la cavalerie. » Membre de phrase omis par Vaugelas.

Media flexu modico sinum faciunt, lunæ maxime similem, quum eminent cornua, nondum totumorbem sidere implente. « Au milieu, le sol décrit une légère sinuosité, qui ressemble au disque de la lune, lorsque les deux pointes de son croissant font saillie et que l'astre n'est pas encore dans son plein. » Vaugelasa, dans sa traduction, beaucoup trop abrégé ce passage.

V. Modicaque Græcorum militum manu. « Avec un petit corps de soldats grecs. » Vaugelas: une bonne troupe de soldats grecs.

Hos... dextra regi admovit. Il les fit avancer à droite du roi. » Vaugelas: il les présenta au roi.

Accoutumés de brosser... Brosser est un terme de chasse, qui signifie: course à cheval ou à pied au travers des bois les plus épais.

Planitiem ramis impeditam. « La plaine encombrée de branches d'arbres. » Vaugelas n'a pas traduit les deux derniers mots latins.

VI. Amicos vero et equites. Quelques commentateurs entendent par ces mots une troupe à cheval, particulière ment appelée la cavalerie des Amis; sens adopté par plusieurs traducteurs. Vaugelas ne l'a pas entendu ainsi. Regem, victis quam victoribus similiorem. « Un roi plus semblable aux vaincus qu'aux vainqueurs. » Omission de Vaugelas.

Iter facienti litteræ ci afferuntur a finitimis satraparum; e quibus cognoscit, Bessum quidem hostili animo occurrere.. « En route, il recut des lettres des satrapes du voisinage, qui lui annonçaient l'approche menaçante de Bessus... » La traduction de Vaugelas, faite sur un autre texte, est ici d'une concision qui nuit un peu

à la clarté.

Cujus cognito adventu, Satibarzanes cum II millibus equitum (nec enim plures subito contrahi poterant) Bactra perfugit, ceteri proximos montes occupaverunt. « A la nouvelle de son arrivée, Satibarzane

Euseb. ebron; Elian. Hist. anim. VI, 25.

pas permis d'en rassembler davantage) et il s'enfuit à réunit deux mille cavaliers (car la précipitation ne lui avait Bactres : le reste de ses troupes alla se jeter dans les montagnes voisines. » Les deux lignes de Vaugelas sont la traduction un peu trop concise de cette plhrase.

nistravit. « Le parti que la raison ne pouvait lui inspiQuod ratio non potuit, fortuna consilium submirer, la fortune vint le lui offrir. » Il faut que Vauge. las ait traduit cette phrase d'après une leçon défectueuse donnant oratio, pour avoir dit: la fortune fit ce que le discours n'avait su faire. Il n'est ici aucunement question de discours.

Hæc vapore torrida inarruerat. D'après quelques interprètes, fidèles à la lettre du texte, c'est le soleil même qui mit le feu à ces branches desséchées, inarruerat; et Alexandre ne fit que l'alimenter en y jetant des arbres. La traduction de Vaugelas supprime ici l'action du soleil, et fait d'Alexandre le premier incendiaire.

Sonabant incendio silvæ, atque ea quoque, quæ non incenderat miles, concepto igne, proxima quæque die; et les endroits mêmes que les soldats n'avaient pas adurebant. « Les forêts retentissaient du bruit de l'incenembrasés, la flamme, gagnant de proche en proche, les atteignait bientôt. » Phrase omise par le traducteur.

Rex, data venia, non obsidionem modo solvit, sed. traduction a passé ces derniers mots. « Le roi leur fit grâce, et outre qu'il leva le siége... » La

Que commandait Andromachus. - C'est d'après un traduction ces mots que les textes de Quinte-Curce ne passage d'Arrien (1, 25) que Vaugelas a introduit dans sa donnent pas.

VII. Dymnus, modice apud regem auctoritatis et flagrabat, obsequio uni sibi dedili corporis vinctus. gratiæ, exoleti, cui Nicomacho erat nomen, amore Is, quod ex vultu quoque perspici poterat, similis attonito, remotis arbitris, cum juvene secessit in templum, arcana se et silenda affere præfatus, suspensumutriusque animi, rogat, ut affirmet jurejurando, que exspectatione, per mutuam caritatem, et pignora quæ commisisset, silentio esse tecturum. tain Dymnus, homme peu considéré du roi, peu en fa« Un cerveur auprès de lui, était passionnément épris d'un jeune débauché, nommé Nicomaque : le lien de leur attachement était les honteuses complaisances que ce dernier avait pour lui seul. Dymnus, saisi, un jour, d'un trouble extraordinaire que l'on pouvait lire sur son visage, emmena secrètement le jeune homme dans un temple, lui annonçant exigeaient la plus grande discrétion. Après l'avoir tenu qu'il avait à lui faire des révélations mystérieuses et qui dans l'attente, il l'adjura au nom de leur mutuelle tendresse et des gages qu'ils s'en étaient donnés, de s'engager par serment à taire ce qu'il allait lui confier. Nicomaque, ne se doutant pas, etc. >>> Vaugelas a donné un traduction infidèle et tronquée de tout ce passage.

Et amore et metu amens. « Éperdu d'amour et de crainte. » Vaugelas n'a pas rendu et amore.

Si id sustinere non posset, attamen ne proderet se, cujus erga ipsum benevolentiæ, præter alia, hoc quocommisisset fidei adhuc inexperte. - Vaugelas, qui que haberet fortissimum pignus, quod capul suum traduisait sur un autre texte, a brièvement rendu tout cette phrase, dont voici le sens : « que s'il ne peut s'y ce paragraphe, et omis notamment une grande partie de résoudre, au moins il ne le trahisse pas, lui dont il a reçu tant de marques d'attachement, et la plus grande de toutes, puisqu'il vient de confier ses jours à sa foi, sans l'avoir encore mise à l'épreuve. »

VII. Super armamentarium posito. Placé à la tête de l'arsenal. Vaugelas a traduit, maître de la garde-robe, mot qu'il a répété deux lignes plus bas', pour rendre encere la même expression latine.

VIII. Is eadem, quæ detulerat ad regem, ordine exposuit. - Celui-ci répéta mot pour mot sa déposition précédente. - La traduction de Vaugelas parle de la déposition d'un frère de Nicomaque, ce qui n'est point dans le texte.

Jam ad omnes aditus dispositi milites; equites quoque itinera obsidere jussi, ne quis... occultus evaderet. « Déjà des soldats avaient été postés sur toutes les avenues; et l'on avait même envoyé des détachements de cavalerie pour occuper les routes, et empêcher quelque messager secret d'aller avertir.. » La traduction de Vaugelas n'a pas une ligne pour tout ce passage.

X. Non enim detecto facinore nomen meum præteriit, ut posset videri socio pepercisse; sed Nicomacho, quem taciturum arcana de semetipso credebat, confessus, aliis nominatis, me unum sub trahebat. «Car ce n'est pas après que le complot fut découvert, qu'il a tu mon nom de manière à ce que l'on puisse croire qu'il voulait ménager un complice; mais il avouait tout à Nicomaque, dont il espérait la discrétion sur lui-même; et, en lui nommant les autres, il m'a seul excepté. » La traduction de Vauge las n'est pas ici très-fidèle.

Amatoris et scorti jurgio interponi aures meas credidi infelix. « J'ai cru, pour mon malheur, que j'étais appelé, comme confident, à une querelle d'amour. » Omission de Vaugelas.

XI. Quoniam et vera confessis, et falsa dicentibus, idem doloris finis ostenditur. « Parce que la fin de la souffrance est aussi bien le prix d'un aveu véritable que d'un faux aveu. » Membre de phrase un peu abrégé par Vaugelas.

LIVRE SEPTIÈME.

II. Vinculum fidei. « Comme gages de leur fidélité. >>> Omission de Vaugelas.

Per deserta etiam ob siccitatem loca camelis. « Après avoir traversé, sur des chameaux, un pays désert, à cause de la sécheresse qui y régnait. » Omission de Vaugelas.

Embellis de fontaines et de canaux. - Cela n'est pas dans le texte.

III. Evergetas. Ευεργέτης. Bienfaiteur.

vu millibus seniorum Macedonum et præterea militibus, quorum opera uti desisset, permissum, in novam urbem considere. « Sept mille Macédoniens des plus âgés, et avec eux les soldats dont les services étaient devenus inutiles, eurent la permission de se fixer dans la

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lux. « Et les ombres de la nuit donnent, pour ainsi dire, plus de clarté que le jour même. » Omission de Vaugelas.

Quia nec vestigium, quod sequantur, inveniunt, et nitor siderum caligine absconditur. « Parce que la terre ne leur offre aucune trace que l'on puisse suivre, et que la lumière des astres s'éteint au milieu des brouillards. >>> Vaugelas a entendu autrement ce passage.

Itaque Bactriani equites xxx millia expleverant. « Aussi les Bactriens avaient-ils fourni trente mille cavaliers. » Omission de Vaugelas.

V. Ut meminisset sui, orabant. « Ils le suppliaient de songer à lui. » Omission de Vaugelas.

Et materia maxime sterili. « Et le bois manquait absolument. » Omission de Vaugelas.

Quibus a Besso maxima fides habebatur. « Les plus intimes confidents de Bessus. » Omission de Vaugelas.

Postero die occurrentibus, Branchidas secum procedere jubet. « Le lendemain, les Milésiens étant venus le trouver, il ordonne aux Branchides de le suivre. » La traduction de Vaugelas offre un sens différent.

Aut supplicum velamentis. « Ni les vêtements sacrés des suppliants. » Omission de Vaugelas.

Quem inter corporis custodes habebat. « Qu'il comp. tait parmi les gardes de sa personne. » Omission de Vaugelas.

VII. Aux Alaunes de le Danube. Nous ne savons

d'après quel texte Vaugelas a nommé ici les Alaunes. - Au reste, ce passage est un de ceux où les descriptions géographiques de Quinte-Curce font le désespoir des commentateurs et de ceux qui veulent s'éclairer de leur travail.

Amicos in consilium advocari jubet. « 11 appelle donc ses amis en conseil. » Omission de Vaugelas.

Les Sogdiens révoltés. Addition de Vaugelas.
Deos quoque incusans. « Accusant jusqu'aux Dieux. »
Omission de Vaugelas.

L'Europe entière nous est ouverte. - Vaugelas a lu patere, au lieu de parere, leçon donnée par plusieurs manuscrits.

Sibi enim ad alia gloriam concedere Deos. Ce passage a péniblement exercé la sagacité des commentateurs; quelques-uns ont voulu changer le texte. Voici le sens proposé par le plus récent traducteur de Quinte-Curce; il diffère de celui de Vaugelas : les Dieux, en effet, avaient encore pour lui de la gloire en réserve.

VIII. Salubre consilium sequens, quam præsens tempus, ostendit melius. « L'avenir, mieux que le temps présent, pourra te faire apprécier la sagesse de ce conseil. >> Omission de Vaugelas.

IX. Salutis immemores. « Sans prendre aucun soin de leur vie. » Omission de Vaugelas.

X. Carminibus sui moris lætitiaque celebrare. «Et ils la célébraient par des chants de leur pays et par des

ville nouvelle. << Vaugelas a traduit d'après un texte qui témoignages d'allégresse. » Omission de Vaugelas.

porte servorum Macedonum.

IV. Consilium habes fidele, quod diutius exsequi supervacuum est. « C'est un conseil loyal que je vous donne; le développer plus longuement serait inutile. >>> Vaugelas a donné aux derniers mots de cette phrase un autre sens.

Ut supra dictum est. « Comme il a été dit plus haut. >>> Omission de Vaugelas.

Siros vocabant Barbari. « Les Barbares les appellent Siri, Σεῖρους. » Nous les appelons aujourd'hui des Silos. Et propemodum clarior est noctis umbra, quam

XI. Quidam mulctati parte membrorum. « Quelquesuns privés de l'usage d'une partie de leurs membres. » Omission de Vaugelas.

LIVRE HUITIÈME.

I. Attonili amici, ne positis quidem, sed abjectis poculis, consurgunt, in eventum rei, quam tanto impetu acturus esset, intenti. « Ses amis effrayés, ne prennent pas le temps de poser leurs coupes; ils les jettent, et

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