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l'embouchure de ce fleuve, à celle du Jaxartes: ce font deux fautes, que le pere Hardouin a corrigées, fur un pasfage d'Eratosthéne, cité par Pline, & rapporté par Strabon: on voit, par ce pasfage, que dans Pline au lieu de ad ostium Zoni fluminis, il faut lire ad ostium Oxi fluminis; & qu'au lieu de M. CCCC. [flad. ] il faut lire MM. CCCC. [ftad.] ZONS ou ZOONS, ville d'Allemagne, dans l'électorat de Cologne, à la gauche du Rhin, entre Cologne & Nuys, à trois lieues communes d'Allemagne, au-desfous de la premiere de ces villes, & à deux lieues au-desfus de la feconde. Cette petite ville eft renommée, par fon péage & par fon château. *Jaillot, Atlas.

ZONZEN, ville de Perfe, dans la province de Mazandran, felon Tavernier, Voyage de Perfe, 1.3, qui cite les géographes Perfiens, & la marque à 85 d. 15'. de longitude, fous les 35 d. 59'. de latitude. Cette ville eft asfez jolie.

ZOPARISTUS, ville d'Afie, dans la petite Arménie: Ptolomée, l. 5, c. 7, la marque dans la Méliténe, en-deçà de l'Euphrate.

ZOPHOÍM, contrée des princes, dans la terre d'Edom, felon S. Jerôme ( In quæft. Hebr.) qui dit que, de fon tems, on la nommoit Gabalena: Les Septante & Eufébe ne lifent pas Zophoïm, mais Zaphoim; du reste, ni l'un ni l'autre de ces noms, ne paroît avoir aucune affinité avec le mot Hébreu, Hiram, que l'on trouve dans la Vulgate, & où Hiram n'eft pas le nom d'une contrée, mais le nom d'un homme, l'un des princes d'Edom, qui paroît cependant avoir donné fon nom à un pays & à un peuple. Voyez le chapitre trente-fixiéme, v. 40 & fuiv. de la Genéfe.

ZOQUES, peuples de l'Amérique feptentrionale, dans la Nouvelle-Espagne, & dans la partie feptentrionale du gouvernement de Chiapa, aux confins de celui de Tabasco: au pays de Chiapa, dit Thomas Gage, eft jointe la province des Zoques, la plus riche de celles de Chiapa. Elle s'étend, d'un côté, à Tabasco, d'où, par la riviere de Grijalua, on transporte en fûreté les marchandifes du pays, à S. Jean de Ulhua, ou la Vera-Crux: les habitans trafiquent ausfi avec ceux du pays de Jucatan, par le Havre, qu'on appelle le Port-Royal, qui eft entre Grijalua & Jucatan. Quoique cette riviere de Tabasco ou Grijalua, & le Port-Royal foient fort commodes, pour le commerce de la province des Zoques, les Espagnols ne fe font jamais guéres fortifiés de ce côté, ce qui a autrefois tenté les Anglois & les Hollandois d'y faire descente; mais comme la riviere eft peu profonde, que le climat eft chaud, que les bourgades fe trouvent fort incommodées des moucherons, & que la principale marchandise de ce pays, ne confiste qu'en cacao, ces difficultés firent qu'après être entrés dans la riviere, ils ne pasferent pas outre. Les bourgades de cette province des Zoques font petires; mais font riches, parce qu'il y a quantité de foye, & la meilleure cochenille de toute l'Amérique, & il n'y a point de province, où il s'en trouve plus qu'en celle-ci il y a peu d'Indiens, qui n'ayent deurs vergers plantés de mûriers, non qu'ils l'estiment beaucoup d'eux-mêmes, mais parce qu'ils ont vu que des Espagnols en faifoient grand cas, & leur en offroient de l'argent, les contraignant même de les cultiver dans les endroits où ils avoient reconnu que ces arbres croisfoient mieux qu'ailleurs: il y a tant de foye dans ce pays, que le principal trafic des Indiens, confiste en des tapis de foye, de toutes couleurs, que font les femmes, & qu'ils vendent aux Espagnols, qui les envoyent en Espagne: c'eft une chose admirable, de voir la diverfité des ouvrages de ces Indiennes. Le peuple de ce pays eft fpirituel, ingénieux, & bien fait de corps, le climat eft chaud, vers Tabasco; mais, au-dedans du pays, il y a des endroits où il fait très-froid: on n'y recueille point de froment; en récompenfe, on y a une grande abondance de mahis; ausfi n'y trouve-t-on pas une ausfi grande quantité de bétail, qu'aux environs de Chiapa; pour du gibier, de la volaille & des coqs d'Inde, il s'y en trouye autant qu'en aucun endroit

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du nouveau monde. * De P'Isle, Méxique. Relat. des Indes occ. 2. part. c. 18.

De Laet, dans fa description des Indes occidentales, 1.7, c. 5, dit que les Zoques ou Zoaques, font le fecond peuple de la province de Chiapa; que leur pays eft peuplé de vingt-cinq bourgades, dans la premiere desquelles, nommée Tecpatlan, les Dominicains ont une maifon : ce pays, ajoute-t-il, eft chaud & humide, à caufe de l'abondance des pluies, & de la quantité des rivieres & des torrens, qui rendent les chemins fort difficiles, & fournisfent pourtant de très-bons poisfons.

ZORAMBUS, fleuve de la Carmanie: Prolomée, 1.6, c.8, marque l'embouchure de ce fleuve, entre le port Cophanta & la ville Badara : le manuscrit de la bibliothéque Palatine, porte Zoramba, pour Zorambus.

ZORIGA, ville de la Grande-Arménie: Ptolomée, l. 5, c. 13, paroît la placer dans la Bafiliféne, à la gauche, & à quelque distance de l'Euphrate.

ZOROANDA, lieu d'Afie, dans le mont Taurus, felon Pline, 7.6, c. 27, qui femble entendre, par-là, l'endroit où le Tigre fe perd fous terre, & d'où il paroît de nouveau: ce lieu étoit dans la Chalonitide, felon Strabon, l. 11, p. 529. Les manuscrits de Pline, confultés par le pere Hardouin lifent Zoaranda, au lieu de Zoroanda, & Solin écrit Zomada.

ZOROLUS, fleuve de Thrace: il en eft parlé, dans la vie de S. Alexandre, martyr. Ortelius foupçonne que ce fleuve pourroit avoir été ainfi nommé, de Zurulum ou Tzurulum, ville de ces quartiers-là. Cette riviere fe perdoit dans le Bithyas; & on l'appelle aujourd'hui Chiourlie. Voyez ce mot.

ZOROMBA. Voyez ZORAMBUS.

ZOROPASSUS, ville de la Petite-Arménie: Ptolomée, 1.5, c.7, l'attribue à la préfecture Murianne.

ZOROPASSENUS, fiége épiscopal d'Afie, dans l'Ifaurie. Athenæus, fon évêque, fouscrivit au concile de Nicée, tenu l'an 325.

ZOROYMA, fiége épiscopal de Syrie, fous la métropole de Bostra, felon Guillaume de Tyr, cité par Ortelius, Thefaur.

ZORTA. Voyez ZURTA.

ZOSITERPUM, ville de Thrace, felon Ortelius, qui cite le quatriéme livre des édifices de Justinien, par Procope. Coufin, dans fa traduction, l. 4 C. II écrit Zofiterfum: cette ville, ou plûtôt ce fort, étoit dans la province de Rhodope.

ZOSTER, promontoire de l'Atique: Strabon, 1.9, p. 398, le place fur la côte du golfe Saronique, & dit que c'eft un long promontoire, entre la bourgade d'Azone ou d'Axone, & un autre promontoire voifin de Thorea: c'est à peu-près tout ce que nous favons de la fituation du promontoire Zoster, dont Etienne le Géographe fait un Ifthme: cette fituation s'accorde avec celle que Paufanias, l.1, c. 31, femble donner au Zoster, & dont il fait un lieu, fitué fur le bord de la Mer, entre Alime & Prospalte: Minerve, Apollon, Diane & Latone, ajoute-t-il, y font particuliérement honorés, & y ont des autels: on ne croit pas que Latone y ait fait fes couches; mais on dit que, fentant fon terme approcher, elle y délia fa ceinture: c'eft de-là, que ce lieu avoit pris fon nom, & qu'on donna à Latone le furnom de Sosteria, de même qu'à Minerve, à Diane & à Apollon.

ZOSTIUM, nom d'un lieu, felon Suidas, qui ne le défigne pas autrement.

ZOTH, nom d'une nation, qui habitoit autrefois dans les pays marécageux, qui font entre les villes de Vasfeth & de Bastorah. Cette nation s'étant révoltée, fut défaite & réduite en fervitude, par Motasfem, huitiéme Kalife des Abbasfides: l'auteur du Mircat dit que cette nation habite Sôwad, Urak, dans les villages de l'Iraque Babylonienne; cependant le nom de Zoth convient ausfi à un peuple des Indes; & on appelle, en Arabe, Zothi, une forte

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d'étoffe, qui vient de leur pays. * D'Herbelot, Biblioth. or.

ZOTALE, fleuve d'Afie, felon Ortelius, qui cite ce pasfage de Pline, 1.6, c. 16: Nam interfluente Margo, qui corrivatur in Zotale: mais je ferois du fentiment du pere Hardouin, qui entend, par Zotale, un territoire, une campagne, ou un canton, dans lequel le Margus fe partageoit en divers ruisfeaux, pour arrofer le pays.

ZOTAPA, ville de l'Ifaurie: il en eft parlé, dans le concile de Chalcédoine.

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- ZOTHES. Voyez ZATHES.

ZOTON, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte c'eft Pline, 7.6., c. 29, qui en fait mention.

ZOUG. Voyez ZUG.

ZOUPE, place de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Lima, entre l'embouchure de la riviere de Barranca & le havre de Guara: depuis la riviere de Barranca, jusqu'à la plage de Zoupe, il y a deux lieues ; fous le vent de cette plage, on voit des montagnes rougeâtres, près de la Mer; fous le vent de ces montagnes, faites une petite pointe basfe, & fous le vent de cette pointe, vous trouverez le port de Barranca, qui eft fous le 11 d. de latitude méridionale, & où l'on peut mouiller à 6 ou 7 brasfes d'eau. La plage de Zoupe forme une grande baye fablonneufe, où il ne vient que des barques, pour charger du grain: il y a toujours fur cette plage de grosfes houles, & la Mer y eft fort rude, lorsque le vent y donne: de cette plage, à l'isle de S. Martin, il y a trois lieues; la terre eft basfe vers la Mer; mais dans l'intérieur du pays, il y a plufieurs petites montagnes, qui resfemblent à des volcans. Cette isle, qui eft à un quart de lieue ou environ du rivage, paroît blanche, & peut avoir une demie lieue de circonférence: le havre de Guara, qui en eft éloigné d'une lieue, fe trouve fous le 11 d. 30'. de latitude méridionale. * Woode Rogers. Supplément aux voyages, t. 2, P. 45.

ZOUR, ville de Perfe: Tavernier, Voyage de Perfe, 1.3, qui cite les géographes Perfiens, dit que cette ville fe trouve à 70 d. 20'. de longitude, & à 35 d. 32'. de latitude: il n'y a rien de remarquable dans cette ville, qui eft de la province de BeladCouresfon.

ZOUCH, nom d'une bourgade de la Tartarie, au pays des Usbecks, & de la dépendance de la ville de Bokharah: celui qui y eft né, ou qui en tire fon origine, eft furnommé Zouschi.* D'Herbelot, Biblioth. or.

ZUBEDI, ferme ou fonds de terre, dans l'Afrique propre, au territoire d'Hippone, felon S. Augustin, cité par Ortelius, Thefaur.

ZUBUL. Voyez ZILIA.

ZUCABIARITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Mauritanie Céfarienfe, felon la notice d'Afrique, qui fournit Stephanus, fon évêque. * Harduin. collect. conc. t. 2, p. 874.

ZUCALA, Ifthme, qui joint la péninfule de Crimée, avec la petite Tartarie. Cet ifthme, que les anciens nommoient Ifthmus Tauricus, eft entre le lac de Sescan & le golfe de Nigropoli, partie de la Mer Noire: fa largeur n'eft que d'une demie lieue, & il eft défendu par la ville de Précop, qu'on y a bâie. Baudrand, Dict.

*

ZUCCORA, bourgade de l'isle de Piscopia, fi tuée dans la Méditerranée, fur la côte d'Afie. Cette bourgade, qui a un château, eft arrofée d'un ruisfeau d'eau douce, qui ne tarit point. Boschini, dans fon traité de l'Archipel, dit que les habitans de Zuccora asfûrent qu'il s'y trouve beaucoup de mines; mais que la crainte d'y attirer les Turcs, les empêche d'y travailler. * Corn. Dict.

ZUCCUBAR. Voyez SUCCUBAR. ZUCHABARUS, montagne de l'Afrique propre: Ptolomée, 1.4, c.3, dit que le fleuve Cyniphus, & la fontaine Acaba avoient leur fource dans cette montagne : Hérodote, l. 4, c. 165, l'appelle Charitum Mons: car il nomme ainfi la montagne où le fleuve Cyniphus ou Cinyphus prenoit fa

fource..

1. ZUCHIS, ville de la Libye, felon Etienne le Géographe, qui cite le feiziéme livre de Strabon; mais il devoit citer le dix-feptiéme livre : car c'eft où Strabon, l. 17, p. 835, parle de cette ville-là, qu'il place fur le bord d'un lac de même nom, & qu'il dit célebre, pour fes teintures en pourpre, & pour fes falaifons de toutes fortes: d'ailleurs, Strabon met cette ville dans l'Afrique propre, ainfi que le lac fur lequel elle étoit fituée. Voyez l'article fuivant. Il eft encore à remarquer qu'Étienne le Géographe (In verbo.), nomme cette ville s Xuches, fans avertir que c'eft toujours la même place, fous deux ortographes différentes, mais qui reviennent à la même chofe, parce que les anciens ont asíez fouvent pris les lettres Z &, l'une pour l'autre: c'eft ainfi qu'Héfyche appelle un peuple de la Troade, tantôt Alira, tantôt Ağara que Αξίωται ; Tzetzés appelle un peuple des environs de la Colchide, tantôt Kopa, tantôt Kora; & qu'Etienne le Géographe lui-même (d'une isle de l'Océan Indien) écrit indifféremment rorálio, & Tomák105.

2. ZUCHIS, lac de l'Afrique propre: Strabon, l. 17, p. 835, dit qu'on le trouvoit après la petite Syrte; qu'il avoit près de quatre cens stades de circuit; que fon entrée étoit étroite; & qu'on voyoit fur fon bord la ville de Zuchis, qui fait l'article précédent.

ZUCKMANTEL, petite ville de la Haute-Siléfie, dans le duché de Neisfe.

ŽUDIDAVA: Corneille, je ne fais fur quelle autorité, écrit ainfi le nom de l'ancienne Sucidava, ville de la Dace. Voyez SUCIDAVA.

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ZUENZIGA habitation d'Afrique, dans le Zahara: elle a Tegaza au Couchant, Hayr au Levant, Sugulmesfe, Tebelbelt & Beni-horay au Septentrion, & le défert de Guir au Midi. Quoique le pays de Zuenziga foit un défert encore plus fec & plus ftérile que ceux de Zenega & de Tegaza, il ne laisse pas d'être habité par les Guanaferis: c'eft par-là, que pasfent les marchands de Trémécén, qui vont à Tombut & au royaume d'Yça, avec grand péril de leur vie : car les hommes & les animaux meurent quelquefois de foif en chemin, particulié rement au quartier de Gogden, où l'on fait neuf journées fans trouver d'eau, fi ce n'eft quelquefois quelques marais, quand il a plu, & ces marais tarisfent bientôt. Les habitans font Africains, & parmi-eux, il y a quelques Arabes, qui tirent tribut de Sugulmesfe, pour les terres qu'ils labourent, & errent par ces déferts, jusqu'à Yguid, s'arrêtant aux endroits où il y a de l'herbe, pour leurs troupeaux: ils font fort riches en bétail, & recueillent beaucoup de dattes, fur la frontiere du Biledulgerid, où ils regnent, par le grand nombre de leur cavalerie; ils ont d'autres Arabes avec eux, qu'on nomme Garfa & Esgué, & font tous fort nobles; de forte que les rois de Barbarie recherchent leur alliance, & époufent les filles de leurs commandans. * Dapper, Afrique, p. 217.

ZUERA ou CUERA, ville d'Espagne, dans l'Aragon, fur le chemin de Saragosfe, en France, par la principauté de Bearn: cette petite ville eft fi tuée fur le Gallego, dans une campagne fertile, à quatre lieues de Saragosfe. * Délices d'Espagne 66z.

p.

1. ZUG, (prononcez ZOUG) canton de la Suisfe, & le feptiéme; il confine, à l'Orient & au Nord, au canton de Zurich; à l'Occident, au canton de Lucerne, & aux provinces libres, dont il est féparé par la Reuff; & au Midi, au canton de Schwitz. Ce canton, avec quelques contrées voifines, a été le pays des anciens Tugeni, dont Stra-. bon 7.7, parle, dans fa description de l'Helvétie & qui fe joignirent aux Cimbres, dans leur expédi tion contre l'Italie: les Tugeni font joints, par cet auteur, l. 4, aux Tigurini, qui font ceux de Zurich: le pays de Zoug eft petit, n'ayant que quatre ou cinq lieues de longueur; mais il peut pasfer pour bon: les montagnes donnent d'excellens pâturages, & font parfemées de grands villages, dont les plus confidérables font: Egeri ou Egri, Mintzengen,

Nuhen & autres. Au bord du lac, on trouve celui de S. André, qui a été autrefois une ville: la plaine eft fertile en vins, en bled, en fruits & en chataignes, particuliérement autour du lac : elle eft fort peuplée; & généralement parlant, c'est un beau & riche pays: on y voit quantité de villages, deux beaux bourgs, Cham & Bar, une riche abbaye de filles, qu'on nomme Frawenthal, au bord de la Reuff, & la ville de Zoug, qui fait l'article fuivant. Tous les habitans de ce canton font catholiques, & reconnoisfent toujours la jurisdiction de l'évêque & dé l'official de Constance: ils ont une étroite alliance avec les cantons de Lucerne, d'Ury, de Schwitz & d'Underwald; & quand ils s'asfemblent, on les appelle ordinairement la Ligue des cinq Cantons. *Etat & Délices de la Suisfe, t. 2, p. 458.

2. ZUG ou ZOUG, ville de Suisfe, capitale du canton de ce nom : elle ne fe trouve marquée en aucun lieu avant cinq cens ans ; on rapporte son origi ne aux feigneurs de Hallville, qui la bâtirent dans un lieu commode, près du lac auquel elle donne ausfi fon nom. Les comtes de Habsbourg fuccéderent à fes feigneurs, & à ceux-ci, les ducs d'Autriche, qui en firent leur place d'armes contre les cantons, qui l'asfiégerent en 1352: quoique la garnifon Autrichienne eut abandonné la place, les habitans fe défendirent bien; & ayant enfin été pris, leurs vainqueurs les reçurent dans leur alliance, & Zoug devint le feptiéme canton, parce qu'il obtint le pas fur Glaris, qui eft néanmoins un peu plus ancien, ayant été aggrégé au corps Helvétique en 1351.* Longue rue, Defcr. de la France, 2 part. p. 277. Etat & Délices de la Suisfe, t. 2, p. 459.

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La ville de Zug, 1.6 c. 27, eft fituée au bord oriental du lac, dans une belle & fertile campagne, au pied d'une agréable coline, qui, s'élevant peu-àpeu, forme une montagne : les rues y font grandes & larges, les maifons asfez bien bâties. On y remarque quatre édifices religieux: l'églife collégiale de S. Oswald, qui eft presque au milieu de la ville; un couvent de Capucins, qui eft à un coin, fur une hauteur; & l'églife paroisfiale de S. Michel, qui eft hors de la ville, avec un couvent de religieufes, à côté.

Le 3 de Mars 1435, la rue, qui étoit au bord du lac s'abima dans l'eau, avec tout un rang de maifons, & la muraille de la ville, qui la bordoit de ce côté. Il y eut vingt-fix maisons abimées, & cinquan-te perfonnes noyées. Les habitans bâtirent de nouvelles rues, de l'autre côté de la ville, & firent, avec le tems, comme une nouvelle ville, qu'ils environnerent de murailles & de tours: ce quartier eft arpellé Neustatt, c'eft-à-dire, la nouvelle Ville. En 1594, quatre maifons furent abimées tout d'un coup dans le lac. Presque tous les habitans du pays attribuerent ces tristes évenemens aux carpes du lac, lesquelles, en creufant infenfiblement le rivage & les fondemens des maifons, en occafionnerent la ruine. En effet, l'on y pêche asfez ordinairement des carpes, depuis cinquante, jusqu'à quatre-vingt-dix livres.* Haller. Chronic. 1.54, c. 4.

A la principale porte de l'églife de S. Oswald, on lit cette inscription:

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Dona fibi dantes aurum cum thure libantes. Diis myrrham fociant, proni fua corpora curvant. Au-dedans de l'églife, on voit une ftatue équestre, en bois, fous laquelle eft l'écu des armes d'Angleterre, avec ces mots, autour: SANCTUS OSWALDUS, REX ANGLIE, PATRONUS HUJUS ECCLESIÆ. La figure de S. Oswald, eft ornée d'un manteau royal, & a fur la tête une couronne. On remarque encore, dans cette églife, plufieurs tombeaux, avec des épitaphes.

La ville de Zug n'a point d'autorité fur la campagne des environs, ce qui fait que le canton eft partagé en cinq quartiers, dont la ville en forme deux & la campagne trois. Les trois de la campagne font: Mentzingen, Egeri & Bar, qui eft un bourg dans la plaine, près de la ville. Ces cinq communautés enfemble, compofent un corps de république Démocratique, qui commande à tout le canton. L'Amman, ou le chef de l'état, eft changé tous les deux ans, & pris tour-à-tour dans chacune des cinq communautés. Il réfide toujours à Zug, avec la régence du pays. C'eft pour cela, que quand on prend un amman, dans l'une des communautés de la campagne, il eft obligé d'aller faire fa demeure dans la ville, pour tout le tems que dure fa charge. Du reste, la ville a fon confeil, fon chef, & ses officiers à part.

Le canton de Zug n'a pas fix bailliages, comme le difent Stanian, auteur de la relation de la Suisfe & l'abbé de Longuerue, dans fa description de la France ancienne & moderne: il en a feulement cinq, fans compter ceux dont il jouit en commun, avec les autres cantons. Ruchat auteur des délices de la Suisfe, appelle ces bailliages, des gouvernemens: car il dit que cette petite république donne des gouverneurs à quelques places qui lui font fujettes, comme à Cham, à S. André, ou plûtôt à S. Adrien] à Hunenberg, à Walchweit, à SteinhauJen, [ dont la haute jurisdiction appartient à Zurich ] & à S. Woffgang.

Le Lac de Zug, en Allemand, Zuger-zée, partage presque entiérement le canton de Zoug en deux parties inégales: l'une orientale, qui eft la plus grande; & l'autre occidentale, qui eft plus petite. Il s'étend, en longueur, du Nord au Midi, tournant néanmoins un peu vers le Midi oriental.

ZUGABBARITANUS, fiége épiscopal d'Afrique. On ne fait dans quelle province. La conférence de Carthage fait mention de Germanus, évêque donatiste. * Harduin. collect. conc. t. 1, p. 1098.

ZUGANA, ville de l'Arabie-Heureufe: Prolomée, 1.6, c. 7, la marque dans les terres ; & le manuscrit de la bibliothéque Palatine, écrit Lugana, pour Zugana.

ZUGÄR, ville de l'Afrique propre: Ptolomée, 1.4, c. 3, la compte parmi les villes, qui fe trouvoient entre les fleuves Bagradas & Triton.

ZUJA, riviere d'Espagne, dans l'Estremadoure. Elle prend fa fource dans la Sierra Morera, & fe jette dans la Guadiana, un peu au-desfus de Medelin. * Délices d'Espagne, p. 360.

ZUICHEM, village des Pays-Bas, dans la Frife, au quartier appelle Ostergo, & à une lieue de Leuwarde. Ce village eft remarquable, parce qu'il a donné la naissance à Viglius ab Ayta, chef & préfident du confeil-privé à Bruxelles, fous le regne de Philippe II, roi d'Espagne, & qui fut chancelier de l'ordre de la Toifon d'Or. Il mourut à Bruxelles, en 1577, âgé de 70 ans. Son corps fut enterré á Gand, dans l'églife de S. Ravon, dont il avoit été tr'autres, celle d'un collége, pour les Frisons, à Louprevôt mitré. Il fit plufieurs belles fondations, envain, & qui porte fon nom.

ZÚICKAU, ville d'Allemagne, au marquifat de Misnie, dans le cercle de Voigtland. Cette ville, fituée fur la Mulde, au pied des monts Fichtelberg, eft la principale ville du cercle. Henri l'Oifeleur, la fit aggrandir, & lui donna de très-beaux priviléges: mais on ne fauroit garrantir ce qu'avancent rlufieurs historiens, qu'il la mit au rang des villes libres &

Impériales. Il eft néanmoins certain qu'elle jouit ongtems de fa liberté, & que ce fut Frederic le Mordu, marquis de Misnie, qui la lui ôta, en 1308. D'Audifret, Géogr. t. 3.

Zuickau confine avec le cercle de Voigtland, mais n'y eft pas compris : il eft dans le cercle d'Éytzeburge.

ZUIDBERQUIN, paroisfe de France, aux Pays-Bas, dans la Flandre - Flamingante, & de la fubdélégation de Casfel. Cette paroisfe eft confidérable.

ZUIDBEVELAND. Voyez BEVELAND. ZUININBERG. Corneille, qui cite les mémoigui cite les mémoires & plans géographiques, 1698, dit que Zuininberg eft une ville d'Allemagne, qui n'eft pas fort éloignée du Rhin, & qu'elle eft des dépendances du Landgrave de Hesfe. Tout cela n'a ni exactitude ni précifion. Au lieu de Zuininberg, on écrit Zwingenberg; & c'eft une petite ville, appartenante au Landgrave de Hesfe-Darmstadt, fur la route de Heidelberg à Francfort, en pasfant par Darmstadt.

ZULFA. Voyez ZULPHA.

ZULLICHAW, ville d'Allemagne, dans la Siléfie, au quartier de la principauté de Crosfen, qui fe trouve à la droite de l'Oder. Elle eft environ à une lieue, au Nord, de ce fleuve, & environ à cinq lieues, à l'Orient feptentrional, de la ville de Crosfen.

1. ZULPHA ou ZULFA, ville de l'Arménie, fur la route d'Ervan à Tauris, entre Nakfivan & Astabat. C'est l'ancienne patrie des Arméniens, que ChaAbas emmena en Perfe. Elle eft fituée entre deux montagnes, fur l'Aras, qui ne laisfe que très-peu de terrein de côté & d'autre. Cette riviere ne commen

ce à porter batteau, qu'à deux lieues ou environ audesfous de Zulpha: car au-desfus, elle ne peut guéres fouffrir que des radeaux. Comme le pays au-desfous de Zulpha s'abbaisfe & s'étend en plaines, le cours du fleuve devient plus tranquile. Il y avoit autrefois, à Zulpha, un beau pont de pierre, fur l'Aras; mais Cha-Abas le fit rompre, & ruina la ville, pour ne rien laisfer aux Turcs. Il ruina ausfi tout le pays entre Eryan & Tauris, afin que fi l'armée Ottomanne marchoit de ce côté, elle ne trouvât point de quoi fubfister. Il emmena, en Perfe, tous les habitans de Zulpha & des environs, & les disperfa en divers endroits de fon royaume, où ils firent Aleurir le commerce en foye. Ce font eux, qui ont bâti la ville de Zulpha, qui n'eft féparée d'Ispahan, que par la riviere de Senderou, & qu'ils appellent Zulpha la neuve, pour la distinguer de la vieille Zulpha d'Arménie. Voyez l'article fuivant. Une troifiéme partie de ce peuple, fut disperfée dans plufieurs villages, entre Ispahan & Sciras. * Tavernier, Voyage de Perfe, 1. 1, c. 4.

Ni par les ruines de Zulpha, ni par fa fituation, on ne voit pas que cette ville ait jamais eu aucune beauté les pierres étoient grosfiérement asfemblées, fans ciment; & les bâtimens resfembloient plus à des caves, qu'à des maifons. Le côté du NordQueft étoit le plus habité, & il n'y avoit presque rien de l'autre côté. Les terres, qui font au voifinage de Zulpha, étant très-fertiles, il y eft revenu quelques familles Arméniennes, qui y vivent doucement. Cogia-Nazar, l'un des principaux Armé niens, qui fortirent de Zulpha, s'étant rendu puisfant, par le négoce, & ayant acquis un grand crédit auprès de Cha-Abas & de Cha Sefi, fon fuccesfeur, il fut fait Kelonter, c'eft-à-dire, chef & juge de la nation Arménienne, fit bâtir, en faveur de fa patrie, deux grands caravanferas, qu'on voit à Zulpha, de côté & d'autre de la riviere.

A une demi-lieue au-deçà de Zulpha, avant que de pasfer un torrent, qui fe jette dans l'Aras, on peut prendre deux chemins, pour aller à Tauris. L'un, qui eft la route la plus ordinaire, tire au Sud-Eft: l'autre, qui eft à la gauche, tire au Nord-Eft.

Entre Nakfivan & Zulpha, de côté & d'autre, au Septentrion & au Midi, il y a dix couvens de chrétiens Arméniens, éloignés de deux ou trois

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lieues, plus ou moins, les uns des autres. Ils reconnoisfent le pape, & font gouvernés par des religieux Dominicains, de leur nation. Pour y avoir toujours un nombre fuffifant de religieux, on envoye de tems-en-tems, à Rome, des enfans du pays, qu'on juge les plus propres à l'étude : ils y apprennent la Langue Latine & l'Italienne, & ils y trouvent les fecours nécesfaires pour leur profesfion. On compte, dans ce quartier, environ fix mille ames, qui fuivent l'églife Romaine en toutes chofes, à la réferve de l'office & de la mesfe, qu'ils chantent en Arménien, afin que tout le monde l'entende. L'archevêque étant élu, on l'envoye à Rome, où le pape le confirme. Il fait fa réfidence dans un gros bourg, qui eft un des plus beaux lieux de toute l'Afie. Le vin & les fruits y font excellens, & on y trouve en abondance tout ce qui eft nécesfaire à la vie. Chaque couvent eft accompagné d'un bourg ou gros village, dont voici les noms. Le premier, qui eft du côté du Nord, s'appelle Abarener; le fecond, Abraghonnex; le troifiéme, Kerna; le quatrième, Soletak; le cinquième, Kouchkachen; le fixiéme, Giaoux ; le feptiéme, Chiabonnez; le huitième, Araghouche; le neuviéme, Kanzuk; le dixiéme, Kizouk, & ce dernier eft aux frontieres du Curdistan ou de l'Asfyrie. C'eft où les Arméniens croyent que S. Barthelemi & S. Matthieu ont été martyrifés: & ils difent qu'ils ont encore quelques reliques de ces deux apôtres. Plufieurs Mahométans même y viennent en dévotion. Il y a deux ou trois de ces couvens, où l'on reçoit charitablement les Chrétiens, qui viennent de l'Europe, quoique les moines y foient fort pauvres. Ils vivent d'ailleurs dans une grande austérité, ne mangeant presque jamais que des herbes. Ce qui les rend fi pauvres, c'eft la tyrannie des gouver neurs, qui viennent de tems-en-tems, & à qui il faut qu'ils fasfent des préfens. Comme ils n'ont pas le moyen de donner beaucoup, ces gouverneurs ne les aiment pas; & les traitent de maniere à les obliger d'en aller faire leurs plaintes au roi.

A une lieue & demie du principal de ces dix couvens, il y a une haute montagne, féparée de toutes les autres, & faite en pain de fucre, comme le pic de l'isle de Tenerife. Au pied de cette montagne, il y a quelques fources, qui ont la vertu de guérir ceux qui ont été mordus d'un ferpent; & même, fi l'on porte quelques ferpens à cette montagne, ils y meurent ausfi-tôt.

2. ZULPHA, ville de Perfe, près d'Ispahan. II y en a qui la nomment Iulpha, & d'autres, Giolpha, chacun fuivant, dans ces noms étrangers de villes, de provinces & de rivieres, l'ortographe qui lui femble la meilleure. Zulpha ett éloignée d'Ispahan, vers le Midi, d'une demi-heure de chemin d'un homme de pied; & la riviere de Senderou pasfe à peu-près dans une distance égale entre les deux villes. Le chemin, qui mene de l'une à l'autre, eft ce qu'il y a de plus beau à Ispahan, & dans tout le reste de la Perfe; mais il ne pasferoit pas pour extraordinaire en Europe, où l'on voit plufieurs avenues de maifons particulieres, qui furpasfent en beauté celle dont je vais faire la description. C'eft une allée de plus de quinze cens pas de long, fur foixante & dix ou quatre-vingt de large, coupée presque également par la riviere, fur laquelle il y a, dans cet endroit, un beau pont, dont je parlerai plus bas. Elle commence par un pavillon, d'environ quarante pieds en carré, qui joint le derriere du palais du roi, & qui eft à double étage, percé en haut & en bas, de plufieurs grandes fenêtres, fermées par des treillis de bois artistement travaillés. Il n'y a que le roi & fa maison, qui entre par-là dans cette allée: car ceux qui fortent d'Ispahan, pour aller à Zulpha, ou en d'autres lieux, au-delà de la riviere, fe rendent dans l'allée, par une porte de la ville, qui touche le pavillon. Cette allée eft appellée la rue de Tcharbag, c'est-à-dire, la rue des quatre jardins. Un canal régne tout du long, depuis le pavillon, d'où fort un ruisfeau, qui le remplit, jusqu'au grand pont. Les deux bords du canal, qui font de pierre de taille, & larges de deux ou trois pieds, forment un che

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min, que les pasfans prennent quelquefois: car le chemin ordinaire, tant pour les gens de pied, que pour les chevaux, eft de côté & d'autre de l'allée, depuis les arbres, jusqu'aux murailles des jardins du roi, qui ferment l'allée des deux côtés: c'eft un chemin relevé de pierre de taille, & de quatre pieds de large ou environ. Il n'y a qu'un rang d'arbres de chaque côté ; & ce font des arbres fort droits & fort hauts, appellés Tchinards, qui n'ont, au haut, qu'une grosfe touffe. L'espace, qui eft entre le canal & les arbres n'eft point pavé, & laisfe un champ, que l'on feme quelquefois. Environ à deux cens pas du grand pavillon, le ruisfeau tombe dans un basfin de trente ou trente-cinq pieds de diametre; & dans cet endroit, comme dans d'autres, qui font plus bas, & où il y a ausfi d'autres basfins, l'allée eft croifée, par un chemin pavé & relevé comme les autres, & de dix à douze pieds de large. A maingauche de ce premier basfin, il y a un pavillon, à peu-près de même grandeur & de même ftructure que celui qui eft au commencement de l'allée; & c'eft dans une fale basfe & voûtée, au milieu de laquelle il y a un basfin d'eau, qu'on va prendre le caffé. De ce pavillon, jusqu'au pont, l'allée rrend de la pente, & l'eau fait quelques cascades. * Tavernier, Voyage de Perfe, 1.4, c. 6.

Tous les jardins, qui font de côté & d'autre, foit en-deçà, foit au-delà du pont, appartiennent au roi. Mais ni ces jardins, ni celui de Hezardgerib, qui eft le plus beau de toute la Perfe, ne font enjolivés & entretenus, comme ceux que nous avons en Europe: car on n'y voit point de beaux parterres, ni d'allées de charmes, ni d'autres embellisfemens, qui font fi ordinaires en Italie & en France. On y laisfe croître l'herbe en beaucoup d'endroits; & on fe contente d'avoir un grand nombre d'arbres fruitiers, & de ces grands arbres touffus par le haut, plantés à la ligne, ce qui fait toute la décoration des jardins de Perfe. Des deux côtés des murailles des jardins, qui ferment l'allée, on voit, dans de justes intervalles, des portes asfez bien enjolivées, & audesfus de chacune, un petit falon. Presqu'au milieu de l'allée, entre le grand pavilentre le grand pavillon, où elle commence, & le pont, il y a, à che, une maifon de Dervis, à qui le roi a donné un de fes jardins, pour y bâtir. Ils gardent quelques reliques d'Aly, ou de quelqu'autre prophète; & on les voit en pasfant fous une voûte, devant laquelle les Perfans font une profonde inclination. Ces Dervis vont par les rues, toujours deux-à-deux, un vieux & un jeune, & instruifent les marchands fur la religion. Ils font habillés de peaux de mouton, à peu-près comme les peintres nous repréfentent faint Jean. Ils tiennent toujours devant leur porte, un grand vaisfeau, plein d'eau, avec plufieurs petits pots; & tous les pasfans, qui ont foif, peuvent al ler boire dans ce lieu-là, fans qu'on leur demande rien: ils y trouvent même de la glace en Eté, afin que l'eau foit plus fraîche.

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La riviere de Senderou, qui, comme toutes les autres rivieres de Perfe, à la réferve de l'Aras, ne porte point de batteau, coupe l'allée, qui eft continuée par un pont, auquel on a donné le nom d'Alyverdi-Kan, qui l'a fait bâtir, & on l'appelle ausfi le Pont de Zulpha. Il eft bâti de bonnes briques, avec des pierres de taille, & eft tout uni, le milieu n'étant pas plus élevé que les deux bouts. Il n'a guéres moins de trois cent cinquante pas de longueur, & de vingt en largeur; & il eft foutenu de quantité de petites arches de pierre, qui font fort basfes. De chaque côté, il a une gallerie, large de huit ou neuf pieds, & qui va d'un bout à l'autre. Plufieurs arcades, de vingt-cinq à trente pieds de haut, foutiennent la plate-forme, dont elle eft couverte; & ceux qui veulent être plus à l'air, quand la chaleur n'eft pas grande, peuvent pasfer par-desfus. Le pasfage, le plus ordinaire, eft fous les galleries, qui tiennent lieu de parapet, & qui ont plufieurs ouvertures fur la riviere, par où elles reçoivent de la fraîcheur. Elles font fort élevées par-desfus le rez-de

chaussée du pont; & on y monte, par des escaliers
aifés, le milieu du pont, qui n'a que vingt-cinq pieds
de large, eft pour les charriots & les autres voitures.
Il y a encote un autre pasfage, quand l'eau eft basfe,
en Eté; & il eft fort agréable, pour fa fraicheur.
C'est un petit chemin, qui touche le fond de la ri-
viere, où il y a des pierres dispofées
afin qu'on
puisfe pasfer, fans fe mouiller le pied. Il traverse
toutes les arches, d'un bout du pont à l'autre, par
une porte, que l'on a faite à chacune; & l'on y des-
cend de desfus le pont, par un petit escalier, que
l'on a pris dans les épaisfeurs. Il y en a un de même,
de chaque côté du pont, pour monter fur la plate-
forme de la gallerie; cette plate-forme a plus de
deux toifes de large, avec fes garde-fous de côté &
d'autre. Ainfi, il y a fix pasfages fur ce pont, un par
le milieu, quatre aux deux côtés; favoir: les deux
galleries & leurs plate-formes, & le petit chemin,
qui perce les arches. Ce pont eft véritablement le feul
bel ouvrage de la Perfe.

Après qu'on a rasfé le pont de Zulpha, on trouve
que la grande allée de Tcharbag continue encore
l'espace de plus de huit cens pas, jusqu'au jardin de
Hezardgerib. Le ruisfeau, qui pasfe par le milieu
de cette autre moitié de la grande allée, vient de la
même riviere de Senderou, qu'on a coupée trois ou
quatre lieues au-desfus d'Ispahan. Quand on a mar-
ché environ quatre cens pas, on trouve une cascade,
qui tombe dans un basfin, & de côté & d'autre de la
cascade, il y a dix ou douze marches, qu'il faut
monter, pour gagner le bour de l'allée. Elle a en face
la maifon qui eft au-devant du grand jardin de He-
zardgerib, c'est-à-dire, de mille arpens; & cette
maifon confiste en un fallon, qui eft fur la porte de
la maifon, avec quatre petites chambres aux quatre
coins. Le jardin eft beau, pour la Perfe. Comme il a
été pratiqué fur la pente d'une colline, il eft compo-
fé de feize terrasfes, foutenues par une muraille de
fix à fept pieds de haut. Toutes les fontaines n'ont
qu'un petit filet d'eau; & ce qui fe voit de plus rai-
fonnable dans ce jardin, eft la quatriéme terrasfe.
C'est un grand basfin octogone, de plus de fix-vingt
pieds de diamétre, autour duquel il y a, dans des
distances égales, plufieurs petits tuyaux, qui jettent
de l'eau de la hauteur d'environ trois pieds; & on
descend dans ce basfin, par trois marches. Un canal
de pierre regne au milieu de la principale allée, qui
vient aboutir au bâtiment; & ce canal eft de la même
largeur que celui de l'allée de Tcharbag, qui en re-
çoit l'eau, & lui eft oppofé en droite ligne. Au dixié-
me étage, on trouve un autre basfin, de même gran-
deur & de même forme
deur & de même forme que celui du quatriéme; &
au dernier, qui termine la grande allée, & la lon-
gueur du jardin, il y a un autre canal, qui traverse
toutes les allées, qui font, comme la grande, de
toute la longueur du jardin. On y voit quelques fal-
lons ouverts de tous les côtés, pour prendre le frais,
& quelques cascades & napes d'eau, le long du ca-
nal; mais pour des parterres, des allées de charmes,
& d'autres enjolivemens de cette nature, il n'en faut
point chercher, ni au jardin de Hezardgerib, ni en
aucun autre jardin de la Perfe.

Après avoir marché environ cent pas, au-delà du pont, dans la grande allée de Tcharbag, on trouve, à la droite, une rue, entre de grandes murailles de jardins, qui appartiennent au roi; & cette rue conduit à Zulpha, qui n'eft éloignée du pont, que de deux ou trois portées de mousquet.

La ville de Zulpha eft proprement une colonie d'Arméniens, comme je l'ai dit, dans l'article précédent; & c'eft de-là, que cette colonie a pris le nom de Zulpha. Elle s'eft tellement accrue depuis, qu'elle peut pasfer aujourd'hui pour une asfez grande ville, ayant près de demi-lieue de longueur, & étant large à peu-près de la moitié. Il y a des rues principales, qui en font presque toute la longueur; & l'une de ces rues a, de chaque côté, une rangée de Tchinards, dont le pied eft rafraîchi par un petit canal d'eau, que les Arméniens conduifent dans leurs jardins. La plupart des autres rues ont de même une

rangée

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