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cela que Strabon eût vécu après Prolomée, au lieu que c'eft tout le contraire; & fuppofé que la ville d'Arfinoé & celle de Throni ayent été la même, il faudroit dire qu'elle auroit quité le nom d'Arfinoé qu'elle avoit du tems de Strabon, pour prendre celui du Cap, qu'elle portoit du tems de Ptolomée, ce dont on n'a aucune preuve. Lufignan dit que c'eft préfentement FAMAGOUSTE. Baudrand doute fi cette nouvelle ville eft l'Arfinoé de Strabon ou l'Ammochoftos de Ptolomée; d'autres croyent que c'eft la Salamis de ce dernier, du moins fes Interprétes le marquent ainsi.

là.

7. ARSINOÉ, autre ancienne ville maritime de Cypre, entre l'ancienne & la nouvelle Paphos, felon Strabon, l. 14, pag. 683. Il y avoit un port de mer, un temple & un bois, & un peu plus avant dans les terres étoit un jardin facré. Lufignan dit que le nom moderne eft AFDIME. Ptolomée ne fait point mention de celleUne de ces trois dernieres Arfinoé étoit le fiége d'un évêché. Dans le concile de Chalcedoine il eft fait mention de Proechius, évêque d'Arfinoé, dans l'ifle de Cypre. Etienne le géographe ne connoit qu'une ville de ce nom dans cette ifle. C'est la feptiéme dans fa lifte. Il dit qu'on la nommoit auparavant MARIUM; ce n'est aucune de ces trois. Voyez l'article fuivant.

8. ARSINOÉ, autre ancienne ville de l'ifle de Cypre, mais dans les terres. Pline, l. 5, c. 31, qui en fait mention, dit, dans la ligne fuivante, qu'il y avoit eu autrefois au même canton plufieurs villes qui ne fubfiftoient déja plus de fon tems; favoir, Cinyria, Marium, Idalium. Il diftingue donc Marium d'Arfinoé; cela empêche qu'on ne puiffe dire que c'étoit une même ville, comme le dit Etienne. Il vaut mieux croire, avec le P. Hardouin, qu'Arfinoé s'étoit accrue des ruines de Marium, dont les habitans s'y transporterent. Lufignan, & quelques auares difent que c'eft préfentement ARZES, nom qui conferve quelque trace de l'ancien.

9.

ARSINOE, ancienne ville de la Celefyrie, felon Etienne le géographe.

10. ARSINOE, ville ancienne de Syrie, fur une coline 'de la valée qui étoit auprès du pays de Damas. Etienne, dont elle eft la troifiéme, dit fimplement qu'elle étoit en Syrie, dans la valée E', Aux; & qu'elle avoit huit ftades, c'est-à-dire, un mille de circuit. L'auteur du grand Etymologique, dit de plus qu'elle étoit fur une colline, au pied de laquelle il y avoit quantité de fources, & que ces fontaines groffiffoient comme des rivieres, & que la ville en avoit pris fon nom du mot Grec, A'pra. C'est Strabon, 1. 16, qui place Aúλava BaosAixón ou la valée royale, auprès du terrtoiire de Damas. C'est apparemment l'ARSINON de Phavorin.

11. ARSINOÉ, ville d'Egypte, presque au fond du Golfe Arabique, & à l'extrémité du canal que Ptolomée acheva de faire creufer pour la communication de la Mer rouge avec le Nil. Ptolomée fait mention de cette ville, & Strabon, 1. 17, p. 804, dit : on creufa un canal jusqu'à la mer Erythrée & au golfe d'Arabie, à la ville d'Arfinoé, , que quelques-uns appellent Cléopatride. Je parle de ce canal au mot CANAL. Les Bénédictins, qui ont donné une édition de faint Athanafe, avec une carte & des explications, ont appliqué les paroles citées de Strabon à la ville d'Arfinoé, qui étoit au - deffus de Memphis, & qui donnoit fon nom au Nôme Arfinoite. Cellarius, Geogr. ant. l. 4, c. I, n'eft pas de leur avis, & foutient, avec bien de la vraisemblance, que l'Arfinoé dont il s'agit dans le paffage de Strabon, eft différente de celle d'au-deffus de Memphis, puisque Strabon en détermine la position au bord de la mer rouge, ce qui ne peut convenir à l'autre. Il ne nie pas que cette derniere Arfinoé n'ait pu être auffi appellée Cléopatride, quoiqu'il juge qu'il feroit difficile de le démontrer. Il dit encore (Ibid.) auprès d'Arfinoé eft la ville des Heros, (Heroopolis) & Cleopatride au fond du golfe Arabique, du côté d'Egypte. 11 femble diftinguer dans ce dernier paffage les villes de Cléopatride & d'Arfinoé; mais on peut les concilier, en difant que Cléopatre ne donna pas fon nom à la ville, de maniere que l'ancien fut entierement aboli, mais qu'elle y ajouta une ville neuve, qui fut nommée Cléopatride pendant que la vieille ville confervoit le nom d'Arfinoé. Elles, étoient diftinctes l'une de l'autre ; ainfi elles avoient chacune leur nom,

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comme font encore aujourd'hui plufieurs villes, elles étoient contigües, de forte que dans la fuite, en les prenant pour une feule ville, quelques-uns les nommerent indifféremment Arfinoé, d'autres les appellerent Cléopatride.

12. ARSINOE', autre ancienne ville d'Egypte, cheflieu d'un Nôme qui en portoit le nom; à l'occident du Nil, au deffus de Memphis, au midi d'Acanthon & au nord de Ptolemaïde. C'est la même ville que l'on nommoit auparavant la VILLE DES CROCODILLES, parce que cet animal y étoit honoré. Strabon, i. 17, p. 811, dit qu'on en nourriffoit dans des étangs où ils étoient apprivoifés, & venoient prendre de la main de ceux qui les nourriffoient, de la viande, du pain, & qui même fe laiffoient ouvrir la gueule, afin que l'on y versât du breuvage préparé. Etienne met une ville nommée Arfinoé en Egypte, dans le Delta. Il fe trompe: cela ne convient ni à celle dont il eft parlé dans l'article précédent, ni à celle dont il eft queftion dans celui-ci. Cette ville devint épiscopale, & eft attribuée dans les notices à l'ARCADIE, province d'Egypte, & de laquelle Oxyrincus étoit la métropole. Saint Athanafe, dans fa lettre au peuple d'Antioche, parle d'André, évêque d'Arfinoe; & Calofirius, évêque du même lieu, eft nommé dans le concile de Chalcédoine. C'eft à cette même ville que les P. P. bénédictins attribuent le paffage de Strabon, cité dans l'article précédent, & qu'ils difent avoir été nommée Cleopatride, ce qui n'eft pas impoflible; mais la preuve qu'ils en alléguent, tirée de ce paffage de Strabon, n'en eft pas une, puisque cet auteur y a parlé d'une ville différente. Bien plus, on eft certain que cette villeci n'a point quitté fon nom d'Arfinoé, & qu'elle le portoit encore fous l'empire d'Hadrien, comme le fait voir Vaillant par une médaille fur laquelle on lit APCINOI. L. IA, c'eft-à-dire, des Arfinoites l'an XI. Le R. P. Hardouin, Num. Vet. Illuftrat., en fournit auffi une frappée fous Trajan. Ptolomée, l. 4. c. 5, appelle cette Arfinoé Métropole Méditerranée; par où il veut dire qu'elle étoit à quelque distance du Nil. Cependant elle avoit un port fur ce fleuve; & Cellarius, Geogr. ant. 1. 4. c. 1, croit que ce Port n'étoit autre que Ptolemaide. Le Sr. Lucas, dont j'ai rapporté le fentimentà l'article de FIUM, dit que l'on croit qu'elle eft batie fur les ruines de l'ancienne Arfinoé. Le P. Vansleb, Relat. d'Egypte, p. 258, les diftingue. L'ancienne ville d'Arfinoé, dit-il, fife tout proche de Fium, du côté du nord-ouest, est à préfent entiérement ruinée, l'on n'y voit plus rien qui en conferve la mémoire qu'un très-grand nombre de montagnes fort hautes, faites de fes ruines, qui font affez connoître qu'elle étoit autrefois une des plus grandes & des plus magnifiques villes d'Egypte. Les gens du pays l'appellent MEDINET FARES, ou la ville du Perfan; cet auteur dit n'en avoir pû favoir la taifon. Ils difent auffi, pourfuit-il, qu'elle fut détruite & bûlée par le moyen des chats que les ennemis y chafferent après leur avoir attaché des flambeaux à la queue: à fon exemple, je ne donne cette tradition que pour ce qu'elle vaut. Il ajoute que les Coptes l'appellent dans leurs livres A foe,

13. ARSINOE, ancien port dans la Mer bouge, à la gauche en entrant, quandon a paffé le détroit de Bab-elMandel. Strabon, . 16, p. 773, & Ptolomée, 4.4, c.7, l. en font mention. L'un & l'autre la met auprès du promontoire Dire ou Dira. Les interprêtes de ce dernier font une lourde faute, en difant que c'eft préfentement Suez, qui eft tout à l'autre bout de cette mer. Pline, 1.6, c. 29, nomme autrement cette ville; il la défigne par ces mots la troifiéme BERENICE, furnommée Epidires; ce furnom veut dire qu'elle étoit fituée fous le cap nommé Dire. Il n'y a pas d'aparence qu'il fe foit mépris fur le nom; car il parle, dit-il, d'après Juba, le mieux inftruit de tous les écrivains qui avoient écrit de ce pays-là. D'un autre. côté Strabon & Ptolomée nomment également ce lieu Arfinoé. Il n'eft pas impoffible que ce lieu, du tems de Pline, eût quitté le nom d'une reine pour prendre celui d'une autre, & qu'enfuite il ait quitté le nouveau pourreprendre l'ancien.

14. ARSINOE'. Strabon, l. 16, p. 769, met encore une autre Arfinoé furla Mer Rouge; en cotoyant, dit-il, la Troglodytique, lorsque l'on eft parti d'Héroopolis on trouve Philotere, ville qui prend ce nom de la fœur de Ptolomée II. C'est l'ouvrage de Satur, qui avoit été

peut-être pas fon pareil dans toute l'Europe. * Délices de la Suiffe, t. 2, p. 319.

envoyé à la découverte de la Troglodytique & pour la challe des éléphans; enfuite eft une autre ville d'Arfinoé. C'eft-là que fe jettent dans la mer des eaux chaudes, fa- 2. ARTA, ville de Grece & de la Turquie, en Eulées & ameres, qui tombent d'une certaine roche élevée. rope, dans la baffe Albanie, qui eft la méridionale, &c Près de-là eft une montagne fife dans une plaine & qui eft non-pas dans la haute, comme le dit Corneille. Quelques remplie de vermillon; enfuite le port de la fouris, puis géographes l'ont prife pour l'Ambracia des latins; ils fe un autre qui porte le nom de Venus. Ce port eft plus trompent cette ville conferve fon nom, & le village qui avant dans le golfe que celui de la fouris, comme il pa- occupe fa place eft nommé AMBRAKIA. Voyez AMBRAroît par ce paffage ce ne peut donc être le précédent CHIA. Spon, qui a examiné la chofe fur les lieux, le déqui étoit à l'entrée du golfe. Il eft au midi de Philoteras, cide ainfi. Ce qui a trompé quelques modernes, c'eft que & par conféquent différent d'Arfinoé & de Cléopatris, le golfe qui prenoit autrefois fon nom de la ville d'Am prifes pour une feule place, ou pour deux villes conti- brafie, le prend aujourd'hui de la ville d'Arta; mais ce gues, ce qui revient au même; car elle étoit beaucoup n'eft pas à dire que ce foit la même ville. (Spon, voyages plus au nord que Philoteras. C'eft peut-être celle-ci. 1, p. 82.) Il y a dans Arta fept à huit mille habitans, qu'Etienne le géographe met au pays des Troglodytes, & qu'il dit avoir été anciennement nommée Olbia. C'eft la dixième de cet auteur.

15. ARSINOE', ville ancienne d'Afrique, dans la Cyrenaïque, entre Leptis & Ptolemaïde, nommée anciennement Barce, à XLIII mille pas de la premiere & à XXII mille de la feconde. Pline, l. 5, c. 5, dit qu'on la nommoit TRUCHIRA; Ptolomée, l. 4, c. 4, écrit TEUCHEIRA; Strabon 4. 17, p. 837, TAUCHEIRA, en quoi il eft fuivi par Etienne. Marmol trouve fur la même côte un lieu nommé TROCHARA, & cette reffemblance de nom a perfuadé que c'étoit le même lieu.

16. ARSINOE', aquéduc du Péloponnefe, dans la Meffenie: il portoit des eaux dans la grande place de la capitale, & prenoit ce nom de la fille de Leucippe, felon Paufanias, 44, C. 31.

ARSINOITES NOMOS, ou le NOME ARSINOITE, contrée d'Egypte, l'une des fept qui formoient le pays nommé Heptanomis, c'est-à-dire, les fept Nômes. Ce pays étoit proprement le territoire d'Arfinoé, au-deffus de Memphis. Ptolomée, l. 4, c. 5, n'y met que la capitale & le port de Ptolemaïde fur le Nil, qui bornoit ce Nôme à l'orient, le Nôme Oxyrinchite le bornoit au midi, & celui de Memphis le bornoit au nord.

ARSINON, ville de Syrie, fur une colline, felon Phavorin. Je crois que c'eft ARSINOś 10. Voyez cet article.

ARSISACA, ville de la Médie, felon Prolomée, 1.6, G. 2, elle étoit dans les terres.

ARSITIS, contrée d'Afie, dans l'Hircanie, auprès du mont Coronos, felon le même, l. 6, c. 9.

ARSLAN, place forte d'Affe, dans la Perfe, proche de Casbin.* D'Herbelot. bibl. orient.

le nombre des Grecs furpaffe de beaucoup celui des
Turcs. L'églife métropolitaine appellée Evangeliftra,
c'eft-à-dire l'Annonciade, est un grand corps de bâti-
ment, qui a autant de portes & de fenêtres qu'il y a de
jours dans l'année ; il eft foutenu par plus de deux cens
colonnes de marbre. Une inscription qu'on y lit fur le
grand portail, fait foi qu'elle a été bâtie par Michel
Ducas Comnene. Cette ville & le pays d'alentour négo
cient en tabac, boutarques & fourures, dont il fe fait
grand commerce. L'archevêque ou métropolitain d'Arta
faifoit autrefois fa réfidence à Lépante, qu'il a quitté par
ce qu'il y a peu de chrétiens. Il avoit huit fuffragans;
mais l'empereur Jean Paléologue partagea en deux l'ar
chevêché d'Arta, pour ériger celui de Janina. Les quatre
évêchés qui relevent d'Arta, font RoGovs, petite ville à
dix milles de Préventza, où l'archevêque commande
auffi; VONTZA, ville avec château de l'autre côté du
golfe, AETOS, en terre ferme, affez grande ville, à
deux journées d'Arta & ACHELOOU, dont je parle dans
fon article particulier. Spon donne pour fuffragans à Ja-
nina Argiro-Caftro, Delbeno, Butrinto & Glyheon.
Une notice grecque & latine, qui eft la derniere du re-
cueil de Schelstrate, met ARTA au nombre des métro-
poles; mais elle ne nomme aucun de fes fuffragans
Voici ceux qu'elle donne à Janina.
JOANNINORUM.
1. Bothronti,
2. Bella,
3. Chimarra
4. Drinopoleos.

Arta n'est pas précisément au bord du grand golfe qui en porte le nom, mais au fond d'un autre qui eft au nord de celui-là, & qui eft formé par l'embouchure d'une ri viere fur laquelle cette ville eft fituée. Certe riviere eft précisément l'ArHAS des anciens ; de forte que l'Arta d'aujourd'hui me paroît être l'ELATRIA de Thesprotie; auffi Strabon ne la compte-t-il pas pour une ville maritime. Voyez ELATRIA. Quelques-uns ne diftinguant pas ARSOMATASA : c'eft ainfi que le géographe de Ra- l'article du nom le géographe de du nom,

ARSOLI, village d'Italie, dans la campagne de Rome, fur une colline, entre le Téverone & les confins de l'Abbruzze, au levant de Tivoli. C'étoit autrefois une ville nommée en latin Arfolium, dit Baudrand. Cette ville étoit apparemment nouvelle, & on n'en trouve aucune trace dans les anciens.

venne écrit, au lieu d'ARSAMOSATA, par un renverfe- faute. Long. 39, ononcent celui-ci, LARTA. C'est une

ment de lettres.

ARSONIUM, ville de la grande Germanie, felon Prolomée, /. 2, c. II.

ARSTAT, petit pays de France, dans la Guienne, dit Corneille. C'eft ARSAT dans le Rouergue.

ARSUF, ville maritime de la Palestine. Elle étoit autrefois entourée de murs; mais elle eft détruite préfentement. Elle est éloignée de 12 milles de Ramlah, de 6 de Joppé, de 18 de Céfarée. * Abulfeda, Manusc. de la Bibl. du roi.

ARSUFFO, petite ifle de la Méditerranée, fur les côtes de la Terre-Sainte, près du port de Joppé ou de Jaffa. Berthelot, dans fa carte de la Méditerranée, marque un petit écueil à l'embouchure d'une riviere ou torrent, qui coule entre Céfarée & Alzulo, bourgade fituće au nord-nord-est de Jaffa.

ARSURITA, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacene. La conférence de Carthage fait mention de Servius qui occupoit ce fiége.

ARSY. Voyez ARCIS.
ARSYSSA. Voyez ARCISSA.
ART, ou

1. ARTA, bourg de Suiffe au canton de Schwitz, fur le bord méridional du lac de Zug. Le bourg eft grand & bien bâti. On y fait remarquer un grand bafin de fonraine, qui eft de pierre, & d'une feule pièce, qui n'a

latit. 39, 40.

ARTABIUS, riviere d'Afie, felon Ammien Marcellin, l. 23, p. 278, éd Lindebrog. ; c'est la même qu'ArBIS. Voyez ce mot.

ARTABRI, peuple d'Espagne, felon Ptolomée, 1. 2, c. 6, auprès du promontoire Nerium, qui eft le cap de Finiftere. Pomponius Mela, l. ;, c. 1, après avoir décrit ce canton dit: on y trouve premierement les Artabri qui font encore à préfent de race Celtique, enfuite les Aftures. Strabon, 1. 3, p. 154, dit: les Artabres ont plufieurs villes dans le golfe (il entend la rade de devans Cea & Courcalion au midi du cap de Finisterre,) & ceux qui y navigent les nomment les ports des Artabres. Il ajoute: de notre tems on donne le nom d'Arotrebe aux Artabres. Il parle encore des Artabres, l. 2, p. 120, & 1.3, p. 175. Il dit même expreffément, 1. 3, p. 147, qu'ils étoient plus occidentaux & plus feptentrionaux que les Lufitaniens; Pline, 1. 4, c. 21 & 22, qui nomma le cap de Finifterre CELTICUM, & non pas ARTABRUM PROMONTORIUM, comme le difent Ortelius, Cellarius & quantité d'autres, n'a pas été affez entendu des critiques à qui la reffemblance du nom de ce peuple avec le nom d'Artabrum promontorium, qu'il donne à un cap différent de celui de Finifterre, a brouillé les idées ; parce qu'ils fe font figuré fauffement qu'il entendoit comme eux, par Artabrum promontorium, le cap auprès duquel étoient les peuples Artabri. Il ne nie pas que les Arte

très

autres,

trebes, (car c'est ainsi qu'il nomme ce peuple) ne fuffent auprès du cap qu'il appelle Celticum, en quoi il eft conforme à Ptolomée, qui nomme la même nation Artabri, & le même cap Nerium; mais il fe plaint que l'on eut transporté ce peuple du cap Celticum où il étoit, au cap de Lisbonne où il n'étoit pas; & de ce que quelques-uns de fon tems s'étoient avifés de nommer ce cap Artabrum, du nom d'un peuple chimérique nommé Artabri, ou Magnum, parce que les anciens regardoient le cap de ROCCA SINTRA, qui eft celui dont il parle dans l'endroit fi malentendu, comme le plus grand, le plus avancé & le plus occidental de toute l'Espagne, erreur qui faute aux yeux dans les cartes de Ptolomée. Ce cap nommé Artabrum par les uns, Magnum par d'autres, & Olifiponenfe par d'autres, du nom de la ville lifipo ( Lisbonne) n'a rien de commun avec le cap de Finifterre que Pline nomme Celticum. Cependant cet auteur, faute d'être bien lû & bien entendu, a été taxé d'erreur par de grands hommes, qui déférant trop à l'autorité des premiers, fe font dispenfés d'examiner la chofe à fond. Entre ces favans, on peut mettre Pélicier dans fes notes manuscrites fur Pline, Pintianus fur le même auteur, Cafaubon, in Strabon, l. 3, p. 154, Refendius Ant. Lufitan, l. 1, c. 20, Saumaife, in Solin, p. 276, Cellarius, Geogr. ant. 1. 2, c. 1, p. 105, éd. Lips. Tous accufent Pline & ceux qui l'ont fuivi, comme Solin & Mattaus Capella & d'avoir brouillé la matiere en cet endroit. Cafaubon lui impute d'avoir dit qu'il y avoit des Artabres, & qu'il n'y en avoit point; mais Pline dit formellement que les Arrotrebes étoient auprès du cap Celtique, c'efta-dire, auprès du cap de Finifterre. Puis parlant du cap de Lisbonne ou du grand cap, (c'eft ainfi qu'il nomme celui de Rocca Sintra) il dit que quelques-uns l'ont nommé Artabrum; enfuite il blâme ceux qui y mettent un peuple d'Artabres, qui n'y fut jamais; ce qu'il appelle une grande erreur, car, dit-il, en changeant les lettres » ils transpofent ici les Arrotrebes, que nous avons dit » être au cap Celtique» (c'est-à-dire au cap de Finisterre.) Arrotrebas enim quos ante Celticum diximus promontorium, hoc in loco pofuere litteris permutatis. Ortélius, qui a cru que Pline entendoit par Artabrum & par Celticum, le même promontoire, y a été trompé comme les autres. Baudrand en le copiant eft tombé dans la même erreur. Le P. Briet a fait la même faute; mais il n'accufe perfonne d'erreur. Cluvier, Introduct., l. 1, c. 11, ne s'y eft pas mépris, & il dit très-bien qu'Artabrum promontorium eft Cabo de Rocca, & Bunon voulant le corriger, s'eft lui-même égaré. Ce qui juftifie Pline, c'eft que pas un feul des anciens n'a nommé Artabrum le cap de Finisterre. Artabrum promontorium ne fe trouve que dans Pline, qui déclare que par ce nom il n'entend que celui de Lisbonne, que quelques-uns nommoient ainfi. Promontorium, quod alii Artabrum apellavere, alii lagnum, multi Olifiponenfe ab Oppido. Il y a de l'injuftice à dire qu'il a voulu nommer ainfi le même cap qu'il nomme ailleurs Celticum, & qu'il a très-bien diftingué de celui là.

ARTABRORUM PORTUS,

ARTABRUM Promontorium. Voyez l'article précé

dent.

ARTACABANE, ville d'Afie, dans l'Arie, où étoit auffi une ville nommée Alexandrie. Artacabane étoit plus grande & plus ancienne qu'Alexandrie, & quoiqu'elle eût déja trente ftades de circuit, qui font quatre mille pas, Antiochus l'aggrandit encore de cinquante autres ftades, à ce que Pline, 1. 6, c. 23, nous apprend. Solin, c. 54, fon copiste, a pris autrement fa pensée, & attribue cette grandeur de circuit, non pas à Artacabane, mais à une Alexandrie voifine du Mont-Caucafe. Ifidore de Charax, p. 8, parle auffi de cette ville qu'il met dans l'Arie; il la nomme ARTACAVAN 'Apraxávav. Ptolomée,ll. 6, c. 17, fait un plus grand changement dans le nom, car il l'appelle ARTICAUDNA 'Aprixαudva.

ARTACEON, petite ifle de la Propontide, dans le voifinage de Cyzique : il y avoit un bourg nominé auffi ARTACEON.Plin. 1. 5, cap. ult.

ARTACANA, felon Strabon, l. 11, p. 516, ville d'Afie, dans la partie feptentrionale de l'Arie, aux confins de la Parthie. Quinte-Curfe la nomme aufli Artacana dans fon hiftoire de l'expédition d'Alexandre le Grand, 1. 3, & dit que c'étoit la capitale de l'Arie. Quinte-Curfe, 1.6,

3,

écrit auffi ARTACANA felon quelques éditions; mais Or telius dit qu'un ancien exemplaire porte Artacana. Pline l'appelle ARTA COANA. Ptolomée, 1. 6, c. 5, fait bien bien mention d'Artacaua, qu'il met dans la Parthie; mais il l'éloigne un peu trop des frontieres de ce qu'il appelle l'Arie, pour que ce foit la même ville, qui par des mutations de limites auroit été tantôt d'un pays, tantôt d'un autre; comme il eft arrivé aux Villes, qui font données tantôt à la Thrace, & tantôt à la Macédoine, ou tantôt à la Macédoine, & tantôt à la Theffalie.

&

1. ARTACE, fortereffe d'Afie, dans la Bithynie, fur le Pont Euxin, felon Ptolomée, 1. s, c. I, dont les Interpretes difent que c'eft prefentement une ville nommée CARPI.

2. ARTACE, Port d'Afie, fur la côte de la Propontide, auprès de Cyzique, dont Procope, Bell. Perfic. l. 1, dit que c'eft le fauxbourg. Strabon, 1. 14, p. 635, met dans l'ifle de Cyzique deux places, Ártace & Cyzique. Pline, 1.5, c. 32, parle bien du port de Cyzique; mais il dit que la ville étoit déja détruite de fon tems, ce qu'il exprime à fon ordinaire par le mot fuit. ARIACE Portus ubi oppidum fuit. Hérodote, 1. 4, c. 14, fait mention de la ville d'Artace à l'occafion d'une prétendue apparition du Poëte Ariftée. Il dit, l. 6. c. 33, qu'elle fut incendiée les Phéniciens. Le Scholiafte d'Apollonius, in l. 1, Argonaut. v. 957, fait mention d'une fontaine furnommée Artacienne. Etienne de Byfance, met Artace dans la Phrygie, & n'eft pas le feul des anciens; mais on peut concilier ces fentimens par ce paffage de Strabon, 1. 13, p. 582. Homere met le commencement de la Troade à Afopus, & Eudoxe refferrant les bornes de la Troade la fait commencer à Artace & à Priape, à l'oppofite d'Artace, qui eft dans l'ifle de Cyzique. Etienne dit auffi

par

que

c'étoit une colonie de Milefiens. Il y a apparence que cette ville avoit été rebâtie depuis le tems de Plines puisque Paul Lucas dit en avoir vu les ruines dans fon fecond voyage de l'Afie mineure, t. 1, p. 28; voici comment il les décrit. Il y a près de la ville une montagne, dont les rochers avancent extrêmement dans la mer, là étoit autrefois une espèce de Citadelle. L'on en voit encore neuf ou dix tours carrées, qui paroiffent avoir été bâties folidement & avec art: elles font disposées d'espace en espace, & d'une maniere fymmétrique. Le tems qui les a confervées n'a pas épargné la muraille qui les joint, elle eft presque toute éboulée auprès; mais par derriere l'on voit encore plufieurs Grotes affez agréa bles. Sur le haut de la montagne font les restes de quelques autres édifices affez fuperbes; les Chrétiens du pays affurent que c'étoit une Eglife. De-là, dit l'Auteur cité, je paffai à une petite ifle qui donne une haute idée de la magnificence des anciens habitans de cette ville. Par tout font étendus de très-beaux morceaux de marbre, des chapiteaux, des colonnes, & mille autres pierres travaillées avec une admirable dextérité : il dit que felon la tradition des Grecs, ces ruines couvrent une des plus belles Eglifes du monde; on en voit encore le haut de la porte. Les côtés font de beau marbre blanc; la traversée de deffus eft hors de fa place, & le refte enfoui fort avant dans la terre. Il eft difficile d'y découvrir rien, les Turcs ne permettant pas d'y fouiller. En certains endroits la roche eft taillée comme une véritable muraille. Du côté de la mer, c'est-à-dire au Septentrion, eft une fource d'eau chaude en tout tems; mais beaucoup plus en hiver qu'en été, de l'autre côté il s'en trouve une autre d'eau froide, pour laquelle on a bâti un petit baffin en forme de voûte; c'eft un bruit commun dans toute la province, que cette eau a la vertu de guérir les maladies les plus dangereufes, lorsqu'on a foin d'y apporter ceux qui en font attaqués; l'eau en étoit un peu falée. Près de cette fource froide eft une chapelle profonde, & prefque tout-à-fait fouterraine où l'on vient en foule de tous les lieux circonvoifins ; les Grecs en font une de leurs principales dévotions, & la plupart recommandent d'y porter leurs corps après leur mort. Cette petite ifle n'a tour au plus que 450 pas de tour: l'on y trouve partout un nombre prodigieux de morceaux de verre carrés & de couleurs différentes Sans doute qu'il y a dans ces édifices quantité d'ouvra ges à la Mofaique. Repaffé dans la ville, &c. Je joindrai ici quelques remarques qui me paroiffent utiles. Cette ville dont Paul Lucas a vû les ruines, fut certai

nement bâtie depuis le tems de Pline; car il n'y a pas d'apparence que celle qui étoit déja détruite dès le premier fiécle, eût encore des reftes aufli entiers qu'il les décrit : l'Eglife dont il parle confirme cette penfée. Au refte, il ne faut pas croire que la petite ifle, qui felon lui n'a que 450 pas de circuit, foit celle que Pline dit qu'Alexandre joignit au continent, & à l'Ifthme dans lequel étoit placée Cyzique. J'aimerois mieux dire que c'eft l'ARTAGAON de Pline, laquelle tiroit fon nom du port, vis-à-vis duquel elle étoit. L'une des deux fontaines de l'ifle, conviendroit affez à la fontaine dont parle le Scholiafte d'Apollodore.

3. ARTACE, montagne dans l'ifle de Cyzique. Kylander dans fa traduction de Strabon, l. 12, p. 576, édit. de Cafaubon, met cette montagne dans l'ifle de Besbicos, mais il fe trompe, en empiétant d'une phrafe à une autre. Il fuppofe que fon Auteur dit : le Rhyndacus.. fe perd dans la Propontide auprès de l'ifle de Besbicos: dans celle-là eft la montagne de ceux de Cyzique nommée Artace; au lieu qu'il y a le Rhyndacus... fe perd dans la Propontide auprès de l'ifle de Besbicos: dans celle de ceux de Cyzique, ( c'est-à-dire dans l'ifle où eft Cyzique) eft une montagne nommée Artace, couronnée de quantité d'arbres, tout vis-à-vis de cette montagne eft une ifle de même nom, & le promontoire que l'on appelle Melanos qu'il faut doubler quand on va par mer de Cyzique à Priape. Ce paffage confirme ce que j'ai dit, que l'ifle voifine d'Artaqui décrite par Lucas, & qui eft à l'occident de cette ville & au nord du port de Cyzique, eft l'ARTACAUM de Pline; ce qui s'accorde au nom d'ARTACE que lui donne Strabon dans l'endroit que je viens de rapporter. Cette ifle eft presque en forme de croiffant, fa pointe orientale regarde le port d'Artaqui, l'occidentale s'approche du cap que Strabon appelle Melanos, fur lequel la ville de Priape étoit fituée. Cette montagne paroît aufli la même que celle fur laquelle font les ruines dont parle le voyageur cité.

4. ARTACE, ifle. Voyez l'article précédent.

5. ARTACE. Hefyche met un Artace en Armenie. ARTACENA, contrée d'Afie, dans l'Affyrie, aux environs d'Arbeles, fuivant Strabon, l. 16, p. 737. Jofeph Scaliger, dans fes notes fur Tibule, croit qu'il faut changer ce mot, & qu'il faut lire A'paxτ de forte que ce mot fignifie le territoire de la ville d'Arac ou Arec, dont il eft parlé au dixième chapitre de la Genese, & il juge que c'est l'Arectei campi de Tibulle, l. 4, carm. 1. v. 142. J'ai remarqué ailleurs que le nom moderne de l'Iraque vient delà. Mais je ne fais fi cette correction eft bien néceffaire dans Strabon. J'ai déja averti qu'il y avoit en Arménie une Artace; peut-être y en avoit-il un autre en Affyrie, & qu'ayant changé de nom, où étant détruite, le pays feul a confervé celui d'Artacene.

ARTACH, ville d'Afie. Curopalate en fait mention, & Ortelius, Thefaur. croit qu'elle pouvoit être quelque part dans la Syrie vers Hiérapolis.

ARTACII, ancien peuple vers la Myfie ou la Thrace. Dion, qui en parle, 1.51, dit qu'il fut vaincu par

Craffus.

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lomée, 1.5, c. 13, place entre Arfamofarta & Tigranocerta la ville ARTAGIGARTA auprès du Taurus. Ce changement de quelques lettres n'empêche pas qu'on ne puiffe croire qu'il a voulu parler de la même ville que Paterculus, Strabon & Zonare; mais fi on prétend que c'est une ville différente de celle-là, on ne faura plus ou chercher l'Artagera de ces auteurs, comme le remarque trèsbien Cellarius, Geog. ant. 1. 3, c. 11.

ARTAGIGARTA. J'en ai parlé dans l'article précédent. Ortelius femble douter fi ce mot ne feroit point à la place de CARCATHIOCERTA.

ARTAGIRA, ville de la Lybie intérieure. Ptol. 1. 3, c. 6.

ARTAGUS. Bocace dit que quelques-uns donnent ce nom à la montagne que les autres nomment ARGæus dans la Capadoce.

ARTALBINUM. Voyez ARIALBINUM.

ARTALESUM, fortereffe d'Afie que Procope Edif. 1.3, dit avoir paffé pour imprenable; elle étoit quelque part dans l'Armenie.

1. ARTAMIS, village de la Cyrenaïque, dans la Pentapole, felon Ptolomée, 1. 3, c. 4.

2. ARTAMIS, riviére d'Asie dans la Bactrianne, felon le même, l. 6. c. I I.

ARTAMITA. Voyez ARTEMITA.

ARTANA, en latin ORTANA, bourg d'Espagne au royaume de Navarre, à cinq lieues de la ville de Pampelune, felon Baudrand, édition 1705.

ARTANÆ THERMA. Ariftote nomme ainfi une fource d'eaux chaudes & minerales qui ne laiffoient pas d'être bonnes à boire; mais je ne fais fi elles ont rien de commun avec l'article fuivant.

ARTANES, riviere de la Bithynie. Elle a fon embouchure dans le Pont-Euxin au rapport d'Arrien, Peripl. p. 13. Marcien d'Heraclée, Peripi. p. 69, dit Artannes, au genitif Aprávvov, il compte de là 290 ftades jusqu'au port & au château de Pfillion. Scylax, Peripl. p. 35, dit auffi qu'il y a en Bithynie une riviere de ce nom; mais il écrit ARTONNES par un dans la feconde fyllabe. Arrien cité le premier, compte depuis Acra melaina, c'est-àdire le Cap Noir, jusqu'à cette riviere, 150 ftades, & delà autant jusqu'au Heuve Pfillis. Cette différence entre les 290 ftades de Marcien, & les 150 d'Arrien, d'une riviere à l'autre, n'eft pas fi contradictoire qu'elle paroit. Il y avoit plufieurs fortes de ftades, & en divers tems une ftade étoit presque le double de l'autre, comme je le démontre ailleurs. Arrien met à l'embouchure de l'Artanes un port propre à contenir de petites barques, auprès duquel étoit un temple de Venus.

ARTANISSA, ville d'Alie dans l'Ibérie, felon Prolomée, 7.5, c. 11.

ARTÁSIA ou ARTESIA, ville de la Syrie, quelque part dans le voisinage d'Antioche, felon Guillaume de Tyr, . 4, c. 7. La chronique de Jérufalem ou hiftoire de la croifade, parle ainfi de cette ville qu'elle nomme ARTHESIA. Les princes étant fortis des montagnes & du pays de Maresch avec toutes les troupes qui les fuivoient, apprirent de quelques Chrétiens de Syrie qu'ils n'étoient pas loin d'Arthefia, ville bien pourvue de tout ce qui eft néceffaire à la vie, & poffédée par les Turcs. Auffitôt Robert de Flandres fe détacha de l'armée avec Roger de ARTACOANA. Voyez ARTACANA. Roscit (Guillaume de Tyr le nomme Robert de Roferio,) ARTEA, contrée de la Perfe, felon Paufanias cité & Gozelon, fils du comte Cunon de Montaigu, avec par Ortelius, Thefaur. Cela eft conforme à ce que dit mille cuirafliers, & prit le chemin de la ville d'Arthefie Hérodote, l. 7, c. 61, qui dit que les Perfes fe don- qui étoit entourée de murs, de baftions & de tours, & noient eux-mêmes le nom A'prato Artéens, en latinoù les Turcs étoient maîtres après avoir mis les Chrétiens

ARTACINA, ville de l'ifle de Créte, felon Ptolo mée, I. 3, c. 17. Elle étoit éloignée des côtes, dit cet

auteur.

ARTAI.

ARTEI MURUS, ou en grec A'praior ruixes, petite ville ou bourg fur le Rhyndacus, dans la petite Myfie.

ARTAGERA, ville d'Afie dans l'Armenie, felon Velleius Paterculus, 1. 2, c. 102, qui dit que C. Céfar fut dangereufement bleffé par un certain nommé Addus, auprès d'Artagera. Vinet s'eft imaginé que c'étoit la même qu'Artaxate, en quoi il s'eft trompé; car Strabon 1. 11, p. 529, parle de l'une & de l'autre de ces deux villes, & les diftingue : il dit d' Artagera, qu'il nomme au pluriel ARTAGERÆ, qu'elle fut portée à la révolte par Ador, qui en commandoit la garnifon. Zonare, t. 2, p. 167, nomme auffi ce lieu au pluriel, mais au neutre Ta Aprayupa, où il employe dans la troifiéme fyllabe la diphtongue, au lieu de l'a employé par Strabon. Pto

Arméniens en esclavage. Lorsqu'ils approchoient, les Turcs barricaderent les portes, réfolus de défendre la ville. Alors les Arméniens, dont ils avoient deshonnoré les femmes & les filles, & qu'ils avoient outragés en mille manieres, prirent cette occafion de fe mettre en liberté. Ils firent main balle fur les Turcs, ouvrirent la porte aux Chrétiens, à qui ils donnerent tous les témoignages poffibles de leur reconnoiffance. On compte de cette ville à Antioche dix milles; ce fut là fut enterré Gozelon, duquel j'ai parlé. Les Turcs tâcherent envain de la reprendre. * Chron. Hierofol, Edit. Reineri Reineccii, Helmaftad 1584, in-4°. 1.3, c. 28.

que mourut &

ARTASIGARTA. Ce nom fe trouve dans l'édit. latine de Ptolomée, liv. 5, c. 13, pour fignifier une ville de la grande Arménie. Ortélius veut qu'on l'efface comme

inutile.

inutile. Il a taifon, & ce mot ne s'eft gliffé que par une repétition transpofée d'ARTAGIGARTA, de laquelle j'ai parlé à l'article d'ARTAGERA, & qui eft la derniere ville nommée par Ptolomée dans le chapitre cité : cela eft prouvé par la pofition de l'une & de l'autre, qui eft la même felon l'édition latine.

T

7: Artafigarta

Longit.
75
d. 20
75 d. 20'.

Latit.

38 d. 45,
38 d. 45'

Artagigarta Cellarius, qui a bieu vu qu'Artagigarta eft la même qu'Artagera ou Artagira, ne laiffe pas de mettre ArtaAgarta au nombre des villes inconnues, dont aucun autre auteur n'a parlé. Le mépris qu'il avoit pour les longitudes & les latitudes eft caufe qu'il ne s'eft pas apperçu que c'étoit la même ville.

ARTATUS, riviere de riviere de l'Illyrie, dont Ortélius, Thefaur. dit que Tite-Live fait mention dans fon 44. fivre, il ajoute que Ligorius, dans fa carte de la Grece, dit que c'est le Drin.

ARTAUNUM, ancienne ville de la Germanie, felon Ptolomée, l. 2, c. 11. On doute fi c'eft préfentement AuRACH en Suabe, ou WURTZBOURG en Franconie, ou ORTENBERG, bourg dans la Veteravie, entre Francfort & Fulde.

1. ARTAXATE, capitale de l'Arménie, fur le fleuve de l'Araxe. C'est une ancienne ville. Strabon, Pline, Plutarque, Dion, Juvenal & Tacite en parlent. Ce dernier dit Annal. 1. 13, c. 39, que Corbulon réfolut d'attaquer Artaxate, capitale des Arméniens. Ils la nomment presque tous ARTAXATA, orum, au pluriel neutre. Tacite, dans fes Annales, met quelquefois Artaxatá, a, au fingulier de feminin. Bayle accufe Ortélius d'avoir dit que Strabon la nommoit auffi Artaxia; mais il n'a pas lu Ortélius avec affez d'attention. Voici les propres paroles du géographe: Hanc Strabo, etiam Artaxiafata, Agraharara, & Stephanus Artaxiazota Aprakalara, appellat, c'eft-à-dire, Strabon la nomme auffi ARTAXIASATA, & Etienne Artaxiazota. ( Ce qui eft exactement vrai) Il pourfuit ainfi : Idem cum Tacito 2, Annal. etiam ARTAXIA habet, c'est-à-dire, le même, auffi bien que Tacite, au fecond livre des Annales, a auffi Artaxia. Il eft clair que l'Idem d'Ortelius fe rapporte à l'auteur qu'il a nommé le dernier, & non pas à Strabon, qui ne donne aucun prétexte de lui attribuer cela; mais Etienne le fournit en difant : λέγεταιδὲ τὴν πολιν οικίσαι Αρταξίαν Α'ρμε vias Bariλeucarta; Perhibetur hanc urbem condidiffe Artaxiam Armenia regem. La faute d'Ortélius n'eft pas d'avoir cité Strabon à faux; car il ne le cite point, quoi que Bayle le dife, & il cite Etienne; mais d'avoir pris Artaxia pour le nom de la ville, au lieu que c'eft le nom du roi, à qui Etienne dit qu'on attribuoit la fondation. Bayle blâme auffi Baudrand de ce qu'il s'eft exprimé d'une maniere à faire croire que le nom d'Artaxiafata le nom d'Artaxiafata eft le feul dont Strabon fe foit fervi : Baudrand citoit presque tous les anciens fans les lire. Il attribue à Tacite Artaxia, comme fi cet écrivain n'eût jamais dit Artaxata. Voici les mots de Baudrand: ARTAXATA numero plurali, Plinio, urbs Armenia Majoris, Artaxia Tacito & Artaxiafata Straboni, ad Araxem fluvium, &c. On croiroit que Baudrand a lu attentivement ces trois auteurs, puisque le premier nomme toujours cette ville Artaxata, le fecond Artaxia, & le troifiéme Artaxiafata. On trouve cependant Artaxata dans tous les trois. Le paffage de Baudrand n'eft qu'une corruption de celui d'Ortélius, rapporté plus haut. Le mot etiam, que Baudrand n'a pas remarqué, avertit feulement que Strabon la nomme Artaxiafata; mais fi ce mot fe trouve une fois, celui d'Artaxata y eft par-tout ailleurs où il a parlé de cette ville. Ortelius s'eft trompé lui-même fur Tacite. Voici le paffage de cet hiftorien; il est au livre II. des Annales, chap. 56. Igitur Germanicus in urbe ARTAXATA adprobantibus Nobilibus, circumfufâ multitudine, infigne regium capiti ejus impofuit. Ceteri venerantes Regem, ARTAXIAM Confalutavere, quod illi vocabulum indiderant ex nomine urbis ; c'eft-à-dire : Germanicus lui mit donc le bandeau royal fur la tête dans la ville d'Artaxate, du confentement de la nobleffe, en présence du peuple affemblé. Les autres le faluerent comme roi fous le nom d'Artaxias, l'appellant ainfi du nom de la ville. Il faudroit favoir la langue Arménienne de ce temps

pour juger fi les dérivés d'un mot fe faifoient par le re-
tranchement de quelques fyllabes; dans celles qui me
font connues, la dérivation confifte dans l'addition de
quelques fyllabes, ou dans le changement des dernieres.
Les anciens conviennent presque tous au contraire
qu'Artaxate eft formé d'Artaxas on Artaxias, qui en
étoit regardé comme fondateur; & fi les manuscrits fa-
vorifoient la correction dont le paffage de Tacite a peut-
être befoin, je n'aurois pas de peine à croire qu'il faut
ajouter au mot urbis celui de conditoris ou quelqu'autre
femblable. Strabon dit qu'elle étoit bien bâtie, dans un
lieu où le fleuve faifant un coude, forme une presqu'ifle,
& qu'il entouroit les remparts excepté à l'endroit de
l'Ifthme, où l'on y avoit fuppléé par un foffé & des pa-
fiflades. Strabon & Plutarque femblent convenir qu'elle
avoit été bâtie par le confeil d'Annibal. Les éditeurs de
Strabon conviennent tous que le paffage eft mutilé. Le
voici en François; les villes de l'Armenie font Artaxate,
qu'on appelle auffi Artaxiafata, bâtie pour le roi Arta-
xias par Annibal, qui confeilla l'un & l'autre, fur l'Araxe.
Arxate eft fituée à l'extrémité de l'Atropatene. Pour Ar-
taxate, &c. Je crois qu'il faut plutôt retrancher de ce
pallage qu'y ajouter, & que ces mots, bâtie par Annibal
qui confeilla l'un & l'autre, font une note étrangere,
qui, de la marge, où elle étoit, a paffé dans le texte, où
elle dérange tout; le texte étant très entier fans cela.
Cette note eft d'autant plus mal placée dans cet endroit,
qu'elle eft auffi relative à une autre ville dont Strabon ne
parle qu'après. Le témoignage de Plutarque eft plus en-
tier; le voici: on dit qu'Annibal (Vie de Lucullus, trad.
de Dacier, t. 4, p. 518.) après qu'Antiochus eût été dé-
fait par les Romains, fe retira auprès d'Artaxe, roi
d'Armenie, & qu'étant à fa Cour, il lui donna plu-
fieurs confeils & plufieurs inftructions très-utiles, entre
autres ayant remarqué une heureufe fituation dans un
pays très-agréable & très - fertile, dont on ne profitoit
point, & dont on ne faifoit même aucun compte, il y
traça le plan d'une ville, & qu'ayant mené Artaxe fur les
lieux, il le lui montra & l'exhorta à élever la ville fur
ce plan. Le roi ravi le pria de vouloir conduire l'ouvrage;
& en peu de tems on vit là une grande & belle ville qui
porta le nom du roi, & qui fut déclarée la capitale de
l'Arménie. Plutarque lui-même ne paroit pas fort per-
fuadé de cette tradition, il y met le correctif on dit : il
a lu Strabon, il le cite dans fes ouvrages, & il auroit
parlé avec moins de réferve, s'il y avoit lu ce qu'il dit la
d'Annibal. Etienne, qui emprunte de Strabon ce qu'il dit
de cette ville, ne parle point d'Annibal. Cornélius Nepos
qui a écrit la vie de ce fameux ennemi des Romains, &
qui parle des malheurs qui le fuivirent après fa déroute,
dit qu'Antiochus étant défait, Annibal paffa premiere-
ment en Crete, & delà en Bithynie chez le roi Prufias
où il mourut : pas un mot de fon voyage en Arménie;
ce qui me confirme dans la penfée que ces mots Avißa
κτίσαντος Αρταξία τῷ βασιλεῖ, & ce qui fuit καὶ άρξα τις
uporepay, font ajoûtés à Strabon par quelque Grec qui les
avoit mis, comme une note marginale, dans fon exem-
plaire, après avoir lu le paffage cité de Plutarque, &
que quelqu'un a fourré dans le texte rien n'eft plus
commun dans les anciens auteurs, que ces fortes d'infer-
tions, de ce que les critiques appellent Gloffemata. Cor-
bulon (Tacit. Ann. 1. 13, c. 41.) qui affiégea cette ville,
la prit dès-le lendemain; & ne pouvant la garder, y fit
mettre le feu, & la rafa la IV année du regne de Néron.
L'année d'après ( Xiplilin in Neron.) Tiridate, roi d'Ar-
menie, étant allé à Rome, Néron fatisfait des foumis-
fions qu'il lui fit, le couronna, & lui rendant fes états,
lui permit de relever fa capitale. La ville fut donc rebâtie
& nommée NERONIE. C'est dommage que Tourne-
fort, qui a été fort près des ruines de cette ville n'ait pas
fu, lorsqu'il étoit à Corvirale, ce que Chardin dit de ces
ruines, t. 2, p. 146. Il auroit vérifié ce qu'en rapporte ce
voyageur, & nous faurions fi ce que les gens du pays
nomment Ardachat est dans les circonftances marquées
par Strabon. Mais ce ne fut qu'après fon retour en France
qu'il apprit cette particularité. Les gens du
pays, dit
Chardin, t. 1, p. 229, appellent cette ville ARDACHAT
du nom d'Artaxerxes, que les orientaux nomment Ar-
dechier: ils affurent qu'on voit parmi fes ruines, celles
du palais de Tiridate, qui fut bâti il y a 1300 ans. Ils
-làdifent de plus qu'il y a une face du palais qui n'est qu'à
Tome I. Kkk

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