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Il y avoit hors de la ville un autre Colonos, qu'on furnommoit Hippios: il eft à l'orient de l'Académie, audeffous de l'école de Zénon. Pour aller de là au mont Pentelicus, on paffe par un endroit où a été l'ancienne porte, qu'on appelloit Pyla Hippades, comme qui diroit la porte aux chevaux, à caufe que dans ce Colonos Hippios on en trouvoit un grand nombre de louage. On laiffe à main droite les fuperbes ruines d'un aquéduc, qui fervoit à la conduite des eaux du Didascalion. Cet aquéduc, commencé par Adrien, avoit été achevé par Antoninus Pius fon fucceffeur. Sur le chemin qui mène à Raphti, allez près de cet aquéduc, toujours à main droite, on voit l'endroit de l'ancienne porte d'Acharna, & plus au midi la place où étoit la porte de Melite, qu'ils appelloient Pyla Melitides. Au delà de cette porte on rencontroit le fauxbourg nommé Cala, où Cimon & Thucydide avoient leurs tombeaux. Le terroir du Colonos Hippios eft fort agréable: on y voyoit quatre temples remarquables, de Venus, de Neptune, de Promethée & des Eumenides. Au pied de la montagne de Pentelicus eft le réfervoir des eaux que l'aquéduc portoit au palais de l'empereur Adrien. On voit dans cette montagne les carrieres d'où l'on a tiré une partie du marbre qu'on a employé à orner l'ancienne Athènes. On avoit placé fur le haut une itatue de Pallas, qu'on a ôtée pour y élever une chapelle qu'on nomme Agios Georgios. Elle est deffervie par un caloyer. C'est un lieu de dévotion pour les Athéniens, qui y vont fouvent en pélerinage. De cette hauteur on découvre tout le terrein de l'ancienne & de la nouvelle Athènes. Il y a dans cette ville plufieurs monaftéres de caloyeres ou religieufes de S. Bafile, vêtues de noir; elles fubfiftent en partie des fondations faites par les chrétiens, & en partie des ouvrages qu'elles font à l'aiguille. En outre les charités de la ville ne leur manquent pas. Tout le monde affifte les pauvres en particulier, & l'on ne voit à Athènes ni mendians ni hôpitaux. Le principal monaftere de ces caloyeres eft dans une rue où il y a beaucoup de cordonniers. Celles-ci gardent la clôture, & leur église est un des plus beaux bâtimens de toute la ville. L'ancien archevêque, dont la maison est vis-à-vis de ce monaftere, eft le fupérieur de ces filles, qui n'ont point de fupérieure parmi elles, non plus que les autres.

L'ancienne Athenes étoit où eft préfentement le dehors du château qui regarde le fud-oueft, entre le Phalere & le Porto-Lione. La fondation commença par Euryalus & Hyperbius, freres, qui, les premiers y bâtirent des maifons. On logeoit auparavant dans les grottes qu'on voit encore aujourd'hui au pied du château. Les quartiers de Limna, de Cepi, de Diomea, de Cynofarges & d'Alopece font encore de ce côté-là. Après qu'on a paffé le palais de Themistocle, qu'on laiffe à main droite, on trouve un temple de Neptune d'une ftructure admirable; mais comme il y en a trois confacrés au même Dieu, on nè fait fi c'eft celui qu'on appelloit Elates, ou Cynades, ou Asphalius; c'eft aujourd'hui une églife Grecque. Auprès de ce temple il y a une fontaine du même nom; l'eau en a été détournée pour l'ufage du château. On entre de-là dans la rue du Ceramique, & l'on voit à main droite le lieu où a été le Léocorion, c'est-à-dire, le tombeau de Leos, qui ayant facrifié fes filles pour l'utilité publique, mérita d'avoir fa fépulture dans la ville. En tournant à gauche on découvre les ruines de ce fuperbe portique, qu'ils appelloient le portique du roi, c'est-à-dire, du roi des facrifices, ou du fecond des Archontes. Derriere celui-ci étoit le portique de Jupiter, dans lequel les Atheniens étaloient avec pompe les boucliers qu'ils pouvoient gagner fur leurs ennemis. Sylla leur enleva ces trophées.

que

L'Eudaneon étoit près de là; c'étoit un des quartiers de la ville ainfi appellé parce qu'on y voyoit l'autel & le tombeau d'Eudanus, furnommé Angelus, fils de Neptune. En tirant de là vers le château, on trouvoit le Metroon, ou la chapelle de la mere des Dieux. Ce fut là mourut Lycurgue, fils de Lycophron, auffi célebre dans Athenes que le fut dans Lacédémone le légiflateur Lycurgue. Le Barathron ou Orygma, abîme fameux où l'on précipitoit les coupables, eft derriere le terrein du Me troon, au pied de la roche escarpée du château. Près du Barathron étoit le tribunal appellé Parabyfthus, compofé d'onze Juges, qui ne jugeoient que les petites affaires. On voyoit auffile Bucoleon à quelques pas du portique du

roi. C'étoit ainfi que l'on appelloit le tribunal du roi des facrifices. Près de là font les ruines d'une petite chapelle appellée Agios Dyonyfios, où l'on dit la Meffe le jour de la fête de ce faint; elle touche au palais de l'archevêque, qu'on prétend avoir été celui de faint Denys ; le lieu eft fort agréable. Outre l'archevêque, il y a cinq ou fix caloyers. On y montre un puits qui ett en grande vénération parmi les Chrétiens, parce qu'ils tiennent qu'il fervit de prifon à faint Paul, qui en fut retiré par l'autorité de faint Denis. On voit près de-là les ruines du Prytanée, ou comme on a dit, s'affembloient les cinquante fenateurs qui avoient l'adminiftration des affaires de la république., C'étoit-là qu'on faifoit le procès aux flêches javelots, épées, pierres & autres chofes inanimées qui avoient conrribué à l'exécution d'un crime, quand le criminel s'étoit fauvé. Le Prytanée étoit proprement la maifon de ville d'Athenes; on y confervoit le feu perpétuel, & les hommes illuftres qui avoient rendu de grands fervices à l'état y étoient nourris, eux & leur postérité, aux dépens du public. A main droite, en tirant vers le temple de Thefée, étoit le bocage confacré à Aglaure, fille de Cecrops. Le quartier de la ville où il étoit s'appelloit Aglaureon. Il y avoit au même quartier un champ confacré à la famine, & on le nommoit Limoupedion. La porte Hiera ou porte facrée étoit au bout de ce champ: on l'appelloit Hiera, parce que c'étoit le chemin d'Eleufis, & que la célébre proceflion des mysteres de Cerés paffoit par-là. On y avoit élevé une ftatue à Anthemocritus, le même à qui l'on avoit dreffé un tombeau vers le Dipylon. Au dehors de la porte Hiera étoit un grand fauxbourg, dont il n'y a plus que des ruines; il fe nommoit Hierasiki, c'est-à-dire, figuier facré, & le chemin qui conduit à Eleufius étoit appellé Hiera Odos. La porte Dipylon eft à l'orient de celle de Hiera. Entre les deux il y en avoit une autre qu'on appelloit la petite porte du Céramique, & auprès de cellelà on trouvoit une place publique, appellée Oenos, parce que le vin s'y vendoit. Le quartier de l'ancienne ville, fitué entre le Dipylon & la petite porte du Ceramiqne, étoit nommé Ocon, c'est-à-dire, défert, parce que l'afluence du peuple y étoit beaucoup moindre que dans le ceramique, quoiqu'ils fe touchaffent l'un l'autre.

Près de-là étoit le célébre temple Anacéon, confacré aux dioscures Caftor & Pollux; autrefois on y vendoit les esclaves; & quand Pifistrate voulut défarmer les Atheniens, il les affembla dans l'Anacéon. A l'occident de la porte Hiera on voyoit celle du Pirée. Le quartier de là ville, compris entre l'un & l'autre, s'appelloit Heptachaleon. Ce fut par là que Sylla furprit Athenes. En avançant de-là vers l'ancienne porte du Pirée, on trouvoit plufieurs portiques, entr'autres celui d'Attalus, où les Romains établirent un tribunal particulier; il fut bâti environ deux cents dix années avant la naiffance du Sauveur du Monde, quand les Macédoniens, commandés par le roi Philipes, fils de Démétrius, ayant infulté les Atheniens, les obligerent à implorer le fecours des Romains & d'Attalus, roi de Pergame. La ville d'Athenes, qui décerna de très-grands honneurs à ce roi dans ce tems, appella ce portique de fon nom, & créa une nouvelle tribu nommée Attalide, qu'elle ajouta aux dix anciennes. Auprès du portique d'Attalus étoit celui de Tracon, appellé par Ariftophane Aphiton Stoa, parce qu'on y vendoit de la farine. Là on voyoit un portrait d'Helene, de la façon de Zeuxis. La chapelle de Chalcodon, dont parle Plutarque dans la vie de Thefée, étoit près de-là, & à côté un édifice où l'on voyoit quantité de ftatues faites de terre de potier, & parmi lesquelles étoit celle d'Amphictyon, roi d'Athenes. On y voyoit aufli la maifon de Polytion, remarquable par les libertinages d'Alcibiade, qui y profana les mystères de Cerès, avec les jeunes débauchés de la ville. On éleva un temple à Bacchus auprès de cette maifon. Proche de-là il y avoit un Gymnafion de Mercure, avec un portique & une place publique du même nom. Derriere ce portique étoit le jardin du philofophe Melanthius, où fut enterré l'orateur Lycurgue, & plus avant étoient des ftatues qui repréfentoient un combat du dieu Neptune contre le géant Polybote. On trouvoit enfuite proche l'ancienne porte du Pirée, un temple de Cerès, remarquable par des ftatues de la main de Praxitele, & enfuite le Pompeon,

Tome I. Rri

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C'étoit un lieu où l'on confervoit l'appareil des folemnités publiques.

Au-delà de la porte il y avoit un tombeau enrichi de la ftatue d'un cavalier, autre ouvrage de Praxitele; l'ancienne porte du Pirée étoit à deux portées de mousquet de celle d'aujourd'hui. De-là en tournant vers le château, & en fuivant un fentier fur la main droite, on découvre les ruines du temple de Jupiter Olympien. La grandeur du deffein fut caufe qu'il demeura imparfait plus de fept cents ans, quoique plufieurs rois euffent donné des fommes confidérables pour venir à bout de cette entreprise. Il coûta plus de neuf millions; l'empereur Adrien eut enfin la gloire de l'achever; il avoit quatre ftades, ou un demi quart de lieue de circuit, & dans toute cette étendue il n'y avoit aucun endroit qui ne fut embelli de quelques ftatues, plus admirables pour la délicateffe de l'ouvrage que pour l'or & l'ivoire qu'on y avoit prodigués. On y voyoit auffi le temple de Saturne & de Rhée, le bocage d'Olympia, & une foffe, qui a été toujours célébre depuis le déluge de Deucalion. On croyoit que les eaux du déluge s'étoient écoulées par-là; le tombeau de Deucalion étoit en ce quartier-là, aufli bien que la maifon Morychia, & celle de Charmidas, hommie d'une mémoire prodigieufe. Au midi du même temple on en voyoit un autre, appellé Delphinion, confacre à Appollon & à Diane; c'étoit auffi un tribunal où l'on jugeoit ceux qui prétendoient avoir fait un meurtre felon les loix. L'ancienne porte d'Egée étoit auprès, & le palais de ce roi n'en étoit pas loin. Plus bas l'on trouvoit le quartier appellé Cepi, c'est-à-dire, les jardins où il y avoit une ftatue de Venus, de la façon d'Alcamene, le plus habile des éleves de Phidias; elle paffoit pour une merveille de l'art; & Lucien en vante la gorge, la belle main, la rondeur du poignet, & les doigts, qui finisfoient infenfiblement. On voyoit encore dans le quartier de Cepi un autre temple de Venus Uranie, & proche de celui-là un d'Euclæa, un de Proferpine & un de Cerès. Ce dernier étoit appellé Eleufinion par excellence, à caufe qu'on y célébroit les grands mystères de cette Déelle. Il n'y avoit que des femmes qui euffent droit d'affifter aux cérémonies fecretes de ces fêtes, quoique le détail en fût très-licentieux.

publique décernoit aux plus habiles. Lorsque Sylla menaça la ville d'un fiége, pendant la guerre de Mithridate le féditieux Ariftion brûla la charpente de l'Odeon, dé peur qu'elle ne fervît à favorifer les attaques des Romains, mais il fut retabli par les libéralités d'Ariobarzane, roi de Cappadoce. A quelques pas de-là on entre dans le quartier de Limne ou des marais, remarquable par l'ancien temple de Bacchus. Là fe célébroit tous les ans la fête des Bacchanales par quatorze prêtreffes nommées Gerara. Les folemnités en étoient grandes; on y voyoit auprès d'un autel la fameuse colonne, qui portoit une inscription pour le reglement du mariage des rois, que la loi obligeoit à époufer une fille vierge, & née à Athenes. On voyoit auffi dans Limnæ un lieu d'exercice, appellé Limnomachia, où les jeunes enfans de la ville venoient faire des combats à coups de poing. Aux environs eft une prairie qui s'appelloit Leimeon, à un des côtés de laquelle étoit un bosquet de peupliers, nommé gyron. Ce fut là que les payfans du village d'icaria, qui les premiers porterent la comedie à Athenes, commencerent leurs représentations. On faifoit les échafauts pour placer les fpectateurs avec des arbres de l'Egiron. On trouve encore dans cette prairie un petit ruiffeau qui couduit fur les bords de la fameufe fontaine Enneacrounos, appellée Callirhoé dans les premiers tems. Elle est bien déchue de ce qu'elle fut; au lieu de neuf tuyaux que Pififtrate y fit faire; elle n'a aujourd'hui pour baffin que du gazon. Le fpectacle ruftique des payfans d'Icaria rendit cette prairie fi célébre, que les plus riches citoyens d'Athenes y firent bâtir à l'envi de fuperbes palais.

A l'orient du temple de Jupiter Olympien on en trouvoit un confacré à Lucine, appellée par les Grecs Elityia, & un autre dédié à Serapis. L'endroit où Thefée & Pirithous fe jurerent amitié n'en étoit pas loin. Il fe formoit là auprès un grand carrefour où Sophocle, témoigne que beaucoup de rues aboutiffoient. Celle des Trépieds facrés regnoit depuis là jusqu'au Prytanée, & traverfoit une grande place, appellée auffi des Trepieds facrés, où il y avoit un fuperbe temple du même nom, dans lequel on voyoit la ftatue d'un Satyre, l'un des ouvrages les plus eftimés de Praxitele. Dans la rue des Trépieds facrés il fe formoit autrefois un carrefour à trois angles, où il y avoit un tribunal nommé Trigonon. A quelques diftances de-là, au midi du Prytanée, on voyoit trois autres tribunaux fort célébres, dont l'un s'appelloit Heliaa, c'est-à-dire, expofé au foleil; c'étoit le plus fréquenté d'Athenes. Le grand nombre des caufes que l'on y plaidoit obligeoit fouvent les autres tribunaux de s'y allembler. Le fecond s'appelloit Strategion, c'étoit celui de l'Archonte, & le troifieme se nommoit Thesmothefion, parce que les fix derniers Archontes nommés Thesmothetes, y préfidoient. A l'orient de ces mêmes tribunaux étoient les ftatues des dix Eponymes; c'eft ainfi qu'on appelloit lés dix anciens heros qui avoient donné le nom aux dix tribus du pays Attique. Derriere ces ftatues étoit le lieu appellé Tholus, où les Prytannes alloient faire des facrifices folemnels. Près de là, côtoyant le château, on trouve le temple de Mars, qui eft derriere le terrein où étoit ce temple. La muraille du château eft proprement celle qu'ils nommoient Cimonion ou le mur auftral. On voyoit autrefois la tête de Medufe, & le bouclier de Minerve, que l'on appelloit Agis. Dans le roc, qui eft au-deffous, on voit encore la caverne où étoit le Trépied confacré à Apollon & à Diane. Un peu plus loin font quelques cavernes où les bergers fe refugient avec leurs troupeaux, lorsqu'on parle de quelque descente de corfaires. Là auprès on découvre les ruines de l'Odeon, fuperbe théatre de mufique, où tant de célébres muficiens ont disputé le prix que la re

Derriere des arbres, & parmi des herbes, on voit les débris du Theatre de Bacchus, qui eft le premier Theĉtre dont on ait jamais parlé. On y reconnoit encore le trait de l'enceinte, & l'on juge de la magnificence de tout le corps, par les démolitions qui en reftent. Le mot de Theatre chez les anciens fignifioit tout le corps d'un édifice, où l'on s'affembloit pour voir des repréfentations publiques. Ce fut Philon, fameux architecte, qui bâtit celui-ci du tems de Periclès, il y a plus de deux mille années. Son deffein fut encore fuivi par Ariobarzane, roi de Cappadoce, qui le retablit, & par Adrien qui le repara. Son dehors étoit compofé de trois rangs de portiques, élevés l'un fur l'autre ; & à l'égard du dedans, comme il y avoit deux lieux principaux, celui des fpectacles, & celui des fpectateurs, chacun des deux étoit compofé de fes parties différentes. Celles des fpectacles étoient l'Orcheftre, l'Hypofcenion, le Logeon, ou Thinmelée, le Proscenion, le Parascenion & la Scene. Les parties du lieu des spectateurs étoient le Coniftra ou parterre, les rangs des degrés, les Diazoma, ou corridors, les Gradins, ou petits escaliers, le Cercys & les Echos. La ftructure intérieure du theâtre regnoit en are de cercle, jusqu'aux deux encogneures de la face du Proscenion; & fur cette portion de circonférence, s'élevoient vingt-quatre rangs de fiéges par étages, qui regnoient circulairement autour du parterre, pour placer les fpectateurs. Les meilleures places étoient fur les huit rangs compris entre le huitiéme & le dix-feptiéme. Ces rangs, que l'on appelloit le Bouleuticon, étoient deftinés particuliérement pour les officiers de judicature. Les autres rangs s'appelloient Ephebicon; les citoyens s'y plaçoient, fi-tôt qu'ils étoient entrés dans leur dix-neuvième année. Au-deffus du troifiéme corridor s'élevoit une galerie ou portique, que l'on appelloit Cercys; les Atheniens y plaçoient leurs femmes. Les courtifanes avoient un lieu feparé. On mettoit auffi dans le Cercys les étran gers & les amis de province, parce qu'il falloit avoir néceffairement le droit de bourgeoifie pour être placé fur les degrés. Il y avoit même des places qui appartenoient en propre à des particuliers, & c'étoit un bien de fucceffion qui alloit aux aînés de la maifon. On ne fait pas au jufte quelle étoit la capacité de ce theâtre. Comme quelquefois le peuple y tenoit fes affemblées pour régler les affaires de l'état, il falloit qu'il pût contenir au moins fix mille hommes, puisque les loix Attiques vouloient pofitivement qu'il y eût fix mille fuffrages pour autorifer un décret du peuple. L'enceinte extérieure de l'édifice étoit toute de marbre & compofée de trois portiques, l'un audeffus de l'autre, dont le cercys étoit le plus élevé. Il n'y avoit point de toîts qui couvrit ce theâtre, ce qui obli

geoit les Atheniens, qui s'y voyoient expofés aux injures de l'air, d'y venir avec de grands manteaux, pour fe garantir du froid & de la pluye; & pour fe défendre du foleil ils avoient un feiadion, qui eft notre parafol. S'il arrivoit quelqu'orage inopiné, les fpectateurs fe retiroient, ou fous les portiques de l'enceinte extérieure, ou fous le portique d'Eumenicus, qui étoit joint au théâtre. Quoique le temple de Bacchus en fût proche, comme on ne l'ouvroit qu'une fois l'année, il n'étoit pas poffible de s'y retirer. Le droit d'entrer au théâtre de Bacchus, coûtoit à chaque citoyen, tantôt deux oboles & tantôt trois. Cet argent étoit employé aux petites réparations du bâtiment. Les perfonnes de la premiere qualité faifoient les frais de l'appareil des représentations; & c'étoit au fort que l'on tiroit de chaque tribu un homme qui étoit obligé de faire cette dépenfe. Il ne refte rien aujourd'hui du portique d'Eumenicus, qui étoit derriere les colonnes, & les ornements d'architecture, élevés dans le fonds & fur les aîles du proscenion, dont il faifoit la décoration. Ce portique d'Eumenicus étoit compofé de deux allées féparées l'une de l'autre par des colonnes. Le plan du portique étoit élevé fur le rez de chauffée, de forte que de la rue on y montoit par des perrons. Il formoit un quarré long, & l'espace de terre qu'il renfermoit, étoit embelli de palliffades & de verdure, pour réjouir la vue de ceux qui fe promenoient dans le portique. On y faifoit les répétitions des ouvrages de théâtre, comme celles de la fymphonie fe faifoient dans

l'odéon.

ges

L'ancienne porte Diocharis n'en étoit pas loin. Le tribu
nal Palladion, compofé de cent juges, appellés Ephetes
favoir cinquante d'Athenes, & autant d'Argos, étoit vers
la porte Ithonia, fur le chemin de Phalere.
2. ATHENES, ville de l'Eubée, fur le rivage Arte-
mifien, c'est-à-dire,
c'est-à-dire, fur la côte de cette ifle, qui court
depuis le cap le plus feptentrional de l'Eubée vers le
promontoire Cenæum & vers l'Euripe. Comme elle
étoit voifine de la ville de Dium, fituée au nord de l'ifle,
mais fur la côte orientale, on la furnomma à caufe de
cela ATHENA DIADES, c'est-à-dire, Athenes voifine de
Dium. Dans la fuite, ce nom Diades, qui n'étoit qu'un
furnom diftinctif, devint le nom propre de cette ville,
& on l'employa feul. Etienne le géographe dit: Athenes
eft, dit-on, auffi nommée Diades. C'eft la fixiéme Athe-
nes de cet auteur. Strabon, l. 10, p. 446, en parle
dans fa description de l'Eubée, & dit qu'elle fut bâtie
par les Atheniens. Etienne, dont la coutume eft de
chercher l'étymologie des noms dans ceux de quelques
heros, dit qu'elle fut bâtie par Dias, & cite le III. livre
d'Ephorus. On fuppofe que ce Dias étoit fils d'Abas.
Eufebe dit que ce fut Cecrops qui la fonda. Cela
s'accorde avec Strabon, & déligne le tems de la fonda-
tion. De l'Ifle, dans fa carte de l'ancienne Gréce, la
nomme fimplement Diades, fans faire mention d'Athe-
nes, qui étoit pourtant fon vrai nom.

3. ATHENES, ville d'Arabie, felon Pline, l. 6, c. 28.
Au lieu d'Athena au pluriel, que l'on lit dans les ancien-
nes éditions, le P. Hardouin écrit Athene au fingulier.

;

Le quartier de Diomea n'eft pas éloigné du theâtre de 4. ATHENES, furnommée Pontique, Athena PontiBacchus. On y voyoit autrefois un tribunal compofé de ce, lieu à l'extrêmité orientale du Pont Euxin. Arrien foixante juges, & un temple de Jupiter furnommé Dio- dans la relation qu'il fait de fon voyage le long des côtes méen. L'ancienne porte de Diomea étoit au pied de la de cette mer, en parle ainfi : nous arrivâmes à Athénes colline de Cynofarges, où l'on voit encore quelques car il y a dans le Pont Euxin un lieu nommé ainfi, où eft ruines. Ce fut là que les philofophes Cyniques établirent un temple de Minerve, bâti à la maniere des Grecs, qui leur école. La coutume étoit d'aller expofer à Cynofar- femble avoir donné le nom à tout ce lieu. Il y a auffi un les enfants d'une naiffance illégitime, & on y voyoit château abandonné, & un petit port où les vaiffeaux font un gymnafion, ou lieu d'exercice, pour eux, pour les à l'abri du vent de fud & même du fud-eft. Ceux qui y enfants des affranchis, & pour ceux qui étoient fortis de mouillent font à l'abri des vents du nord-eft, mais non parents étrangers. Les Atheniens les confondoient tous de ceux de nord-nord-oueft & de nord-oueft. Scylax de enfemble. On y trouvoit un temple d'Hercule, qui étant Cariande dit dans fon périple, p. 32, fous le titre ECEné d'un adultere, étoit invoqué fur ce pied-là. Auprès CHIRIES: après les Byferes fuit le peuple Ecechiries (ce de ce temple il y avoit un tribunal, où quand un bâtard nom eft fuspect) & le fleuve Prytanis, & le fleuve Arcroyoit avoir avéré l'auteur de fa naiffance, il le mettoit chabis; Limne, ville; Odinius, ville grecque. Le périen juftice pour le faire reconnoître. A l'orient de la col- ple d'Arrien met l'Archabis & le Prytanis fur cette côte, line, font quantité de tombeaux, entr'autres celui du il compte même quarante ftades depuis l'Athénes jusqu'à Lacédemonien Anchimolus, dont Hérodote raconte la ce dernier fleuve, & foixante depuis Archabis jusqu'à mort, & ceux d'Ifocrates, de fa femme Platana, de fon Apfare, où ils allerent en partant d'Athénes; cette refils adoptif Apharæeus, & de quelques autres de fa fa- marque étant jointe avec ce qu'on lit dans l'Anonyme de mille. Il y avoit fur le tombeau d'Ifocrates les figures, Ravenne, peut fervir à rectifier le périple de Scylax; car d'un mouton & d'une firéne, pour marquer, & la bonté au lieu qu'on y lit καὶ Ἄραβις ποταμός, Λίμνη πόλις, Ωδεινίας de fon naturel, & la douceur de fon ftyle. Le quartiers E'aanvis, Gronovius remarque très-bien qu'il fauc d'Alopece, où Socrate & Ariftide nâquirent, en étoit proche. On y trouve aujourd'hui un grand canal qui eft fec, où les eaux de l'Iliffus fe déchargeoient autrefois, pour la communication de la ville & de la marine. Les barques venoient jusqu'au pied du Mufæon. On y voit auffi un bois d'oliviers qui regne d'un côté jusqu'a moitié chemin de Porto-Lione, & qui de l'autre s'étend du midi au feptentrion, & fait comme un demi- cercle, qui embellit le territoire de la ville de ce côté-là. En descendant du cynofarge, par l'endroit de la colline où étoient les tombeaux des anciens, on trouve fur le déclin la place de l'ancienne porte Erie, ou Porte des Sepulchres. De-là, en regagnant la ville, & laiffant à main gauche le theâtre de Bacchus, on vient à l'endroit où étoit le tombeau de Talus, artifan célébre, qui a inventé le tour & la fcie. On voit proche de-là un temple dédié à Esculape, & dans fon enceinte la fontaine d'Halirrothius, fils de Neptune, qui y fut tué par le dieu Mars; toute l'antiquité a cru qu'il y avoit un canal foûterrain qui répondoit de cette fource jusqu'à Phalere, & qui y portoit les chofes flotantes qu'on avoit jettées dans la fontaine. En allant de-là au château, on trouvoit le temple de Themis, & tout auprès le tombeau d'Hyppolite, fils de Théfée. Vers la pente du château, on voyoit le temple de Cerès, furnommée Courotrophos. Le petit espace qui eft entre la colline du château & celle du parc de l'arc de Trajan, étoit remarquable par le temple de Perdix, fœur de Dédale, & par celui des Eumenides. La fontaine Panopis, qui étoit là, eft aujourd'hui à fec.

lire Apaßis pour Apaßis & A'T, ou A au lieu de
Ain; car on ne peut guères raifonnablement douter
qu'il ne foit ici queftion d'Athénes; car en renverfant
l'ordre de Seylax, on trouve de même tout de fuite dans
l'Anonyme, 1. 2, c. 17, Gadiono, ATHENAS, Archavis,
&c. Le même auteur, liv. 5, c. 10, nomme ces mêmes
lieux Gadinio, ATHENAS, Arcabis.

Ortelius, Thefaur. met deux Athénes dans cet endroit,
l'une dans la Cappadoce, l'autre fur le Pont Euxin au-
près de Trebifonde, & cite Arrien pour toutes les deux;
mais fans défigner aucun ouvrage. Ce qui me perfuade
que c'eft la même, c'eft que Ptolomée traitant de la Cap-
padoce, met dans ce pays-là, & fous ce titre le promon-
toire d'Athénes plus oriental de 15', & plus feptentrio-
nal de 39' que Trébifonde; ce qui prouve que c'eft le
même lieu dont Arrien a parlé.

5. ATHENES, ville du Péloponnefe, dans la Laconie ou pays de Lacédémone: Suidas veut que le nom de cette ville foit au fingulier. Etienne n'y met point de différence pour le nom.

6. ATHENES, lieu de la Carie, felon Etienne le géographe. Je crois qu'il a voulu parler du temple de Diane, qui étoit dans le voifinage d'lafsus.

7.

ATHENES, ville de la Béotie. Strabon I. 9, P; 407 parlant de quelques travaux, qui en débouchant le pasfage des eaux, avoient déléché auprès du lac Copaïs des lieux qui avoient été inondés, continue ainfi : quelquesuns difent que l'ancienne Orchomene étoit en ce lieu-là, d'autres prétendent que c'étoit les vilies d'Eleufine & Tome I. Rrij

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d'Athénes fur le fleuve Triton, du tems que Cécrops gouvernoit la Béotie, nommée alors Ogygie. Mais ils ajoutent que ces villes furent enfuite détruites par une inondation. Paufanias, l. 9, c. 24, dit de même: fi l'on en croit les Béotiens, il y avoit autrefois près de ce lac (Copais) d'autres villes, favoir Athénes & Eleufine qui étoient habitées, mais durant l'hiver le débordement du lac les détruifit.

3. ATHENES, ville de Gréce, dans l'Acarnanie. Démétrius cité par Etienne le géographe, dit que les Athé niens bâtiffant une ville dans la Curétide; (c'eft le nom qu'avoit alors l'Acarnanie) lui donnerent le nom d'Athénes. C'eft, je penfe, le feul veftige qui foit refté de cette ville dans les auteurs.

9. ATHENES, ville de la Ligurie, felon Etienne le Géogr. C'est peut-être l'Athénopolis des Maffiliens, que Pline met fur la côte. Mais elle étoit dans la Gaule Narbonnoife.V. NOUVELLE ATHENES* Berkelius, in Stephan. Byfant.

15. ATHENES, ville d'Italie, felon le même; mais il ne dit point en quel endroit ; peut-être eft-ce la même qu'Athénes, dont parle le Frontin, édit. Goefii p. 109, en fon livre des colonies; en ce cas elle étoit dans la Lucanie. On lit dans le texte Athenas, mais à la marge il ya Athinas.

11. ATHENES, en Sicile, felon Diodore, l. 5, c. 2, qui dit que Minerve & Diane élevées avec Proferpine, cueilloient ensemble des fleurs, à ce que racontent les fables; & qu'elles firent enfemble une robe pour Jupiter leur pere. De cette habitude de fe voir ainfi dans la Sicile, ajoute cet hiftorien, fe formala bienveillance qu'elles confervérent pour cette ifle.Elles s'y choifirent chacune un lieu particulier. Minerve voulut le pays d'alentour d'Himéra, où en fa faveur les Nymphes firent fourdre des fontaines d'eaux chaudes à l'arrivée d'Hercule; & les habitans lui confacrerent ces lieux, & la ville qui porte encore jusqu'à préfent le nom d'Athénes. Les latins ont exprimé ce nom par le mot MINERVA en leur langue.

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12. ATHENES. Dion Caffius, 1. dit 552 que l'empereur Domitien établit dans la Germanie inférieure, la légion Athénienne premiere. Ortélius foupçonne, que c'est du nom de cette légion que Thienen & Ath pour roient bien avoir pris leur nom.

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LA NOUVELLE ATHENES. Comme les fciences avoient fleuri à Athénes plus qu'en aucune autre ville de la Gréce, le nom d'Athénes eft devenu un éloge que l'on a donné aux villes qui cultivoient les arts & les fciences avec diftinction. Ainfi Cornélius Fronto, théteur & grammairien du fiécle d'Hadrien, traite RHEIMS de nouvelle Athénes, ILLE VESTRÆ ATHENÆ DUROCORTORO, dit Cellar. Geogr. ant. l. 2, c. 3, p. 391. C'eft par la même raison que ce nom a auffi été donné à la ville de Milan, où les études floriffoient dès l'empire de Trajan, comme on le voit, (1.4, ép. 13,) par une lettre de Pline le jeune neveu de celui que je cite fi fouvent dans cet ouvrage. Cela paroit encore par une inscription rapportée par Gruter, p. 177. n. 4, où il eft dit qu'Antonin Pie acheva, & dédia un aqueduc commmencé par Hadrien fon pere dans la nouvelle Athénes. AQUÆ DUCTUM IN NOVIS ATHENIS COEPTUM A DIVO HADRIANO PATRE SUO CONSUMMAVIT DEDICAVITQUE. Cellarius, Géogr. ant. l. 2, c. 9, foupçonne que ce nom défignoit particuliérement un quartier, ou bien une rue où demeuroient les gens de lettres, & les profeffeurs, ce qui n'eft pas impoffible. C'est ainfi que dans l'ifle de Délos, le lieu particulier, nommé Olympicion, ayant été bâti aux frais d'Adrien, fut nommé par les Athéniens la NOUVELLE ATHENES D'HADRIEN; car il y avoit auffi des Athéniens à Délos, comme on le prouve par plus d'une inscription. L'inscription trouvée à Milan, & rapportée ci-deffus, détermine le doute qu'a eu Tillemont, dans fon hiftoire des Empereurs ; il dit après Eufébe: il fit faire furtout beaucoup d'aqueducs. On en remarque un commencé par lui, & achevé l'an 140, par Antonin. La nouvelle Athénes, qui étoit, à ce qu'on croit une ville de la Ligurie, on pourroit l'entendre auffi de la nouvelle Athénes bâtie à Délos de l'argent d'Adrien. L'inscr. de Milan détermine & fait voir qu'il ne s'agilloit point d'une nouvelle Athénes fi éloignée. On y parle certainement d'un lieu dans la ville, ou du moins dans les fauxbourgs de Milan. Seroit-ce Athé

nes qu'Etienne met dans la Ligurie, & dont je parle au N° 9? En ce cas ce ne fauroit être l'Athénopolis de Pline.

Divers promontoires & bourgades ont porté le nom de Minerve, & ont été appellés par les Grecs A'évasov, en latin MINERVA & ATHENAUM. Je les ai recueillis fous le titre de MINERVE.

ATHENIENSIUM PORTUS, c'est-à-dire, le Port des Athéniens. Ptolomée, l. 3, c. 16, nomme ainfi un havre, entre le port Bucephalon & le promontoire Spirée : quelques-uns ctoient que c'est le même qu'ANTHEDON. Port que pline, 1. 4, c. 5, met auffi entre le promontoire Spirée & Bucéphalus.

pro

ou cap

ATHENOPOLIS, ville de la Gaule Narbon. fur la côte des Maffiliens, à qui elle appartenoit. In ora autem Athenopolis Maffilienfium, dit Pline 1. 3, c. 4, felon cet auteur, elle étoit entre le port Citharifta, voifin du montoire Zao qui eft aujourd'hui le Cap Sifiat, Sicie; & Forum Julii, qui eft Fréjus. C'est donc entre ce cap & cette ville, qu'il faut chercher l'Athénopolis des Maffiliens. Mais il y a bien des places entre deux ; delà vient la diverfité des fentimens. Cénalis veut que ce foit Riez qui eft trop loin de la côte. Pinet, dans fa traduction de Pline, dit YERES (Hieres), & ajoute en marge, ou felon aucuns MARSEILLE; Baudrand, éd. 1682, dit que quelques-uns veulent que ce foit ANTIBES, d'autres la NAPOULE; mais cela ne fe peut; car ces ports font audelà de Fréjus, & Athénopolis doit être en-deça. L'historien de Provence dit que c'eft GRIMAUD, & le P. Hardouin fe croit bien fondé à foupçonner que c'eft Toulon.

ATHENREE,prononcez ATHENRI : quelques-uns écrivent Athérith, ville d'Irlande, dans la province de Connaught, au comté de Galloway, à neuf milles à l'ouest de Galloway. Elle eft confidérable par le droit qu'elle a d'envoyer deux députés au parlement, & par la muraille dont elle eft entourée, & qui eft d'un grand circuit, mais elle n'eft gueres bien peuplée. * Etat pres. de l'Irlande, p. 29. Toutes nos cartes marquent cette ville à l'eft de Galloway. Long. 8, 55. Latit. 53, 12.

ATHENUM. Voyez ATENE.
ATHER. Voyez ATHAR.

ATHERDEE, ou ARDÉE, ville d'Irlande, dans la Province d'Ulfter, au comté de Louth, à fix milles au fud de la ville de Louth. Elle a droit d'envoyer deux députés au parlement, & de tenir un marché public. Baudrand dit mal : dans le comté de Lout en Lagenie. Il devoit dire en Ultonie, ou dans la province d'Ulfter. * Etat pres. de l'Irlande, p. 66. Long. 11, 10. Latit 53, 46.

ATHERSTOM, bourg d'Angleterre, dans la province de Warwick. On y tient marché public.* Etat pres. de la gr. Bret. t. 1.

ATHESINUS AGER, nom latin de l'ETSCHLAND, c'est-à-dire, du pays fitué au tour de l'Adige. Voyez ETS

CHLAND.

ATHESIS, nom latin de l'ADIGE. Voyez ce mot. ATHEUS, château felon Ortélius, qui cite l'hiftoire mêlée, & n'en dit rien de plus.

ATHIES, bourg de France en Picardie dans le Vermandois fur l'Oumignon. Voyez Ateia Veromanduarum, qui eft le mot latin, & où nous en parlons plus amplement. ATHIS, ville de Syrie fur l'Euphrate, felon Ptolomée, 1. 5, c. 15, qui la met dans la Chalybonitide. ATHISO, nom latin de la Tosa, petite riviere. Voyez ce mot.

ATHLONE, ville d'Irlande avec titre de baronie dans la Province de Connaught au comté de Roscomon à 15 milles au fud-eft de Roscomon. Cette ville eft fituée fur la rive gauche du Shannon à 60 milles à l'oueft de Dublin. On y tient marché, & c'étoit autrefois le fiége d'un évêque. C'eft une place forte qui eft la clef de la province, & la principale de tous ces quartiers là; il y a un château avec un très-beau pont de pierre de taille. Guillaume III, conféra à Godart Ginkel, un de fes généraux Hollandois, la dignité de comte d'Athlone, qu'il laiffa en mourant à fon fils aîné. * Etat pres. de l'Irlande, p. 32. Long. 9, 30. Latit. 53, 20.

ATHLULA. Dion-Caffius nomme ainfi une ville de l'Arabie, & ce même lieu eft nommé EPIBULA par Xiphilin, au rapport d'Ortélius, Thefaur.

ATHMATHA, (a) ville ancienne de la Palestine, dans la tribu de Juda. (b) Il eft parlé d'une ville de THEMATH ou THAMATH, dans le Grec du premier livre des rois,

& S. Jérôme, c. 30, v. 29, parle de THABATA, patrie de S. Hilarion (c) à cinq milles de Gaze, vers le midi. Nicephore (d) qui l'appelle THEBASE, la met à quinze milles de la même ville de Gaze. Je croirois, dit D. Calmet, que c'est la même ville qu'Athmata. (a) D. Calmet, Dict. (b) Jofué, c. 15, v. 54. (c) In Vic. Hilarion. (d) Hift. Eccles. 1. 9, c. 15.

ATHMONON, bourg de Gréce dans l'Attique, & de la tribu Cécropide. Il y avoit un temple de Venus Uranie, bâti par le roi Porphyrion, qui avoit régné dans l'Attique avant Atticus, & celui de Diane, furnommée Amarifia, à l'honneur de laquelle fe faifoit à Athénes une fête de ce nom. Nicon archonte d'Athénes étoit auffi d'Athmonon. C'est ce qu'en dit Spon dans fa lifte de l'Attique, t. 2, p. 310. Etienne ne dit point que ce fut un bourg. Mais il dit : Athmonon au neutre, c'eft un peuple de la tribu Cécropide. Harpocration & Suidas difent Athmonia. C'eft Paufanias qui nous apprend, l. 1, c. 14, qu'il y avoit entre les Athéniens le district (d) des Athmoniens; qu'ils prétendoient que long-tems avant Actæus un roi nommé Porphyrion avoit dédié le temple de Venus célefte, qui eft chez eux. Il dit l. 1, c. 31, les Athéniens adorent Diane Amarifimo. J'ai eu beau m'informer, je n'ai pû trouver, perfonne qui m'ait bien expliqué l'origine de ce nom. Il donne enfuite fa conjecture. Il foupçonne que ce nom eft venu de la petite ville d'Amarynthe, dans l'Euboée, où Diane Amariffe étoit honnorée, & il ajoute que les Athéniens eux-mêmes faifoient la fète de Diane Amarifie avec autant de célébrité, que ceux de l'Euboće.

ATHOL, province de l'Ecoffe feptentrionale, au milieu du royaume & au pied du mont Grantzbain. Elle est bornée au levant par le comté de Gowry, au couchant par la province de Loquabir, au feptentrion par le pays de Badenothe, & au midi par les provinces de Perth, Strathern & d'Albain. Elle eft presque toute remplie de lacs, felon Allard dans fon atlas, entre lesquels il y en a trois principaux; favoir,

Loch Eyrachele: ce lac dont la longueur s'étend du nord au fud, envoye fes caux dans le lac Rennach.

Loch Rennach: ce lac eft formé par la décharge des eaux du précédent, & par quelques ruiffeaux qui tombent dans fa partie occidentale. La riviere de Timmel en fort à l'orient pour couler vers l'occident.

Loch Garry, petit lac au nord du lac de Rennach, & à l'otient de celui d'Eyrachele. De la partie feptentrionale dece lac fort la riviere de Garry, qui paffe à Blair capitale de la province, & qui fe groffiffant de plufieurs ruisfeaux, fe joint à Fimmel, avec laquelle elle va fe perdre dans le Tay. Un peu au-deffous de cette derniere jonction font les bornes qui féparent le comté d'Athol de Perthshire.

ATHON, ville de la Palestine, aux frontieres de l'Arabie. elle fut prife par Alexandre Jannée fur Arétas roi d'Arabie. Jofeph. antiq. l. 14, C. 2.

cité

dit

*

ATHOS, haute & longue montagne de Macédoine dans une presqu'ifle, qui faifoit partie de la Chalcidique des anciens. Pline, 1.4, c. 10, dit, le détroit par lequel Xerxès roi des Perfes, fepara le mont Athos du continent, a quinze cens pas de long. La montagne depuis la plaine s'avance foixante & quinze mille pas dans la mer, & en a cent cinquante mille de tour au pied. (Le P. Lorédano, par le P. Riccioli, géograph. réform, liv. 6, ch. 18, que Pline a entendu tout le circuit qui comprend les montagnes qui en font comme annexes du côté de la Thrace.) Pline ajoute c. 12, l'ifle de Lemnos eft éloignée du mont Athos, de quatre-vingt fept mille pas... Elle a pour villes Epheftia & Myrina, dans le marché de la quelle l'Athos répand fon ombre au tems du Solftice. Solin dit de même, c. 12, éd. Salmas. Ce dernier ajoute feulement qu'on n'a pas eu tort de regarder cela comme quelque chofe de furprenant, puisqu'il y a LXXVI mille pas de l'ifle à cette montagne. Elle eft fi haute qu'on la croit plus élevée que la région de l'air d'où tombent les pluyes: ce qui le prouve, c'eft que fur les autels qui font à fa cime, les cendres ne fe diffipent point, & les monceaux qu'on y laiffe y demeurent entiers. Bellon en décrivant la Gréce, dit: l'Athos, la plus mémorable montagne, eft d'un accès dificile, & d'une telle hauteur, que les vents ne montent point jusqu'à fon fommet, & que fon ombre s'étend jusqu'à l'ille de Lemnos. Valérius

Flaccus & Stace parlent de la hauteur du mont Athos dans le même fens. Venons préfentement aux obfervations du P. Ange Lorédano. Ce P. né & élevé dans l'ifle de Naxie, s'étant fait Jéfuite, demanda d'être envoyé miffionnaire à Conftantinople, & en divers lieux de la Grèce, d'où étant de retour à Rome, il raconta au P. Riccioli ce qui fuit.

te,

pa.

Le 2 avril 1658, ce pere arriva au nord-ouest de l'isle de Lemnos. Ily féjourna trois jours, & les deux derniers furent employés à obferver. Comme il favoit ce qu'on dit de l'ombre du mont Athos, qui couvre l'ifle de Lemnos, il obferva que le foleil étoit à demi caché derriere le fommet du mont Athos, durant trois quarts d'heure avant fon coucher; un quart d'heure après qu'il fut caché derriere la partie la plus feptentrionale & la plus large de la montagne, une ombre très-fenfible fe répandit fur le rivage de la mer; pendant ce tems les rayons du foleil refléchis de deffus les fomniets des montagnes de la Thrace, qui font au nord, & couvertes de neiges, continuoient une lumiere pareille à celle du jour, & qui dure jusqu'au coucher du foleil. Il partit de l'ifle le foir 4. jour, & navigua toute la nuit vers l'Athos, où il n'arriva qu'un peu avant le midi du cinquieme, à caufe du calme. Il demeura auprès des moines de fainte Laure jusqu'au dimanche des rameaux, monta jusqu'au quart du mont: delà regardant l'Archipel avec un télescope, il vit l'ifle de Lemnos fi voifine en apparence de la montagne où il étoit, qu'elle ne lui parut pas éloignée de trente milles, quoiqu'il fut bien affuré par le témoignage des habitans qu'elle en étoit à plus de quatre-vingt. Ce qui marque, dit le P. Riccioli, que cette quatrieme partie eft bien hau& que la distance de là à l'ifle de Lemnos, doit roître moindre, parce qu'elle eft fous un angle plus petit: la réfraction peut cependant être caufe en partie que l'ifle de Lemnos paroît moins éloignée; car le P. Lorédano dit avoir fouvent remarqué que les ifles paroiffoient ou plus éloignées, ou plus voifines, ou même cachées, felon que l'air étoit différemment affecté. Les neiges & l'extrême froid ne lui permirent pas de monter jusqu'au fommet. Mais il difoit que les moines de fainte Laure avoient coûtume en été d'y monter pour célébrer la meffe dans une chapelle qui y a été bâtie; qu'ils partoient au matin du monaftere de fainte Laure, éloigné de la mer, d'environ fept milles, qu'ils arrivoient au fommet avant midi par un chemin très-difficile, parce que le mont s'élève toutà-coup comme une colomne fi haute, qu'il fait frémic les navigateurs qui paffent tout auprès. Il ajoutoit que les moines retournent le foir à leur monaftere, & que la mer eft fi profonde en cet endroit, que les ancres qui ont un cable de 400 pas, c'est-à-dire, de deux mille pieds n'en trouveroient pas le fond. Il en fort quelquefois des baleines, qui renverfent les barques, & dévorent les hommes qui navigent auprès de cette montagne. Voici que Lucas dit de cette montagne, t. I, C. 29, p. & fuiv. Etant à Salonique, qui n'eft pas éloignée du MONTE SANTO, c'est-à-dire, du mont Athos, fi célébre dans les anciens poëtes pour fa hauteur, & fi fameux parmi les Grecs modernes par la quantité de folitaires & de moines qui s'y trouvent: je crus devoir y aller pour voir de mes propres yeux, ce qu'on m'en racontoit. Je parcou rus donc pendant plufieurs jours ce défert fi renommé; je puis dire qu'il y a peu d'endroits que je n'aye vifités, jusqu'à une chapelle qui eft au fommet de la montagne & où l'on ne va presque jamais. Lorsque j'y montai il y avoit encore beaucoup de neige du côté du nord : le refte étoit fondu par le foleil. Le fommet eft un roc vif & fans arbres, où la neige ne refte pas filong-tems que dans les valons. Après en avoit paffé plufieurs à mi-côte, la plupart fort ombragés, nous arrivâmes à la chapelle qui eft fur une montagne fort élevée. Les religieux qui l'habitent l'ont confacrée à la mémoire de la Transfiguration; l'on y chante la meffe & l'on y paffe la nuit le fix août avec un concours de monde extraordinaire. Au refte, elle eft affez bien entretenue pour n'être fréquentée grand été. Le bâtiment n'a d'extraordinaire, que fa fituation. Il eft furprenant que l'on ait pu élever une chapelle, dans un lieu où l'on ne fauroit demeurer un quart d'heure fans un grand feu.

ce

que

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dans le

Ce que nos géographes appellent communément Monte Santo, ne renferme pas feulement le mont Athos, mais encore la chaîne de montagnes qui le jøint au con

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