Images de page
PDF
ePub
[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

tinent de la Macédoine. Cette chaîne a fept ou huit lieues de long fur trois ou quatre de large. Les Grecs, (& c'eft delà fans doute que nos géographes l'ont pris,) donnent à cette chaîne de montagnes jointe à l'Athos le nom pes yo, c'est-à-dire, le Mont Saint: mais lorsqu'ils parlent du mont Athos en particulier, ils le nomment encore aujourd'hui Athos, & de vingt monaftetes qui fe rencontrent dans cette folitude, il n'y en a qu'un, qu'ils reconnoiffent être de cette montagne. C'eft le monaftere de fainte Laure. Il eft le plus grand & le plus riche de tous; & l'on peut même affurer qu'il porte, à plus jufte ritre que les autres, les autres, le nom de faint, qui eft commun à tous, puisque c'eft de lui que les autres ont reçu les régles de la vie monaftique.

Au refte, tous ces couvens reffemblent plutôt à des forterelles qu'à des maifons religieufes. Ils font fermés de bonnes murailles flanquées de tours, ou au moins furmontées d'un gros donjon, qui ne manquent jamais d'artillerie ni de toutes les chofes néceffaires pour une défense vigoureufe. C'eft une précaution qu'ils ont fagement prife contre les partis & les irruptions des corfaires ausquels ils font exposés des deux côtés. Coinme la plupart de ces monafteres font bâtis à cinq ou fix etages, les chambres y font vaftes & en grand nombre; mais je trouvai le tout affez mal dispofé. Il n'y a propre ment que les églifes qui puiffent plaire: auffi font-elles d'une magnificence & d'une beauté qui paffe ce que l'on doit attendre des Grecs. Elles font pavées de marbre avec quelques mofaïques, & toutes couvertes de plomb, que le foleil fait briller comme de l'argent. Les murailles font ornées de fort jolies peintures. Il y a dans plufieurs de ces églifes des coupoles, jusqu'au nombre de cinq, foutenues de très-belles colonnes; de forte qu'aux lieux mêmes où la religion chrétienne eft la dominante, ces églifes grecques ferofent regardées comme magnifiques. La plupart ne font pas vaftes; on les a néanmoins disvastes; on les a néanmoins distinguées en quatre parties. La premiere eft une espèce de portique ou d'Atrium. La feconde fait le veftibule. La troifiéme, qui eft la plus grande, fert de chœur & renferme les bancs où les prêtres & les particuliers fe mettent. Enfin, dans la quatrième est l'autel où l'on dit la meffe; perfonne, que le prêtre, n'ofe y entrer. Tout cela eft fait d'une maniere folide, bien voûté & peint, depuis le haut jusqu'en bas. Il y a en outre plufieurs beaux tableaux, venus la plupart de Moscovie, où l'on a plus de goût pour la peinture qu'en Gréce.

Tous ces monafteres n'ont pas été bâtis par les Grecs. Les Bulgares en ont fondé quatre qui ne font habités que par des moines Bulgares. Deux autres ont été bâtis & rentés par des princes d'Ibérie & de Mingrélie : il y a à préfent peu de religieux de ces deux nations. Enfin il y en a un qui doit fon établissement aux Moscovites & aux Cofaques, où l'on ne reçoit aucun religieux d'autre nation: ce dernier eft pauvre. Tous les autres font remonter leur origine au tems de Conftantin ou de fes enfans; mais les inscriptions que l'on voit dans leurs églifes, ne parlent la plupart que de quelques empereurs beaucoup plus récents; quelques-unes même ne font mention que des Vaivodes de Valaquie & de Moldavie. Les noms qu'ils donnent à leurs monafteres font presque tous bizares. Ils ne fauroient eux-mêmes en rendre raifon, quoiqu'ils débitent là-deffus quantité de fables, dont l'une détruit l'autre, & qui n'ont la plupart aucune ombre de vraisemblance.

ATH

dont le feul aspect caufe de l'horreur. Ces anachorétes font paroître dans leurs manieres beaucoup plus de piété & de recueillement que les autres. Ils ne fe foutiennent que du travail de leurs mains, à l'exemple des anciens moines. Ils ont une espéce de directeur, qu'ils appellent Dicaios, c'eft-à-dire le jufte; il dépend lui-même de l'abbé de Ste Laure, parce que leurs cellules font bâties fur le terrein de ce monaftere. Les autres couvens ont auffi dans leur territoire quelques petites églifes accompagnées chacune d'une habitation, qu'ils appellent Kellia. Ce font des fermes habitées par deux caloiers, qui cultivent les fonds qui dépendent des monafteres, & en rendent une certaine fomme par an. Les religieux ont même le droit, après la mort de ces agens, de prendre le profit qu'ils pourroient avoir fait pendant leur vie, & le fruit de leurs travaux retourne toujours à la manse abbatiale.

Tous ces religieux obfervent ponctuellement trois chofes, qui font comme les trois vœux de l'ordre: la premiere eft une abftinence rigoureufe, qu'ils prêchent dans tous leurs entretiens, & dont ils pouffent eux-mêmes extrêmement loin la pratique. La feconde eft de paffer plufieurs nuits de l'année dans leur églife en oraifon, ou à chanter les louanges de Dieu; ce qu'on appelloit dans les premiers fiécles du chriftianisme les Vigiles. La troifiéme, de ne fouffrit dans leur montagne aucune femme ni même aucune femelle des animaux domeftiques. Quelques-uns même comptent pour un relâchement d'avoir, comme ils ont à préfent, dans leurs monafteres de jeunes diacres: ils citent fur cela leurs anciens auteurs, qui marquent, difent-ils, qu'autrefois il y avoit une maison féparée pour l'éducation de ces jeunes gens, & qu'ils étoient gouvernés par des vieillards d'une piété exemplaire. Mais rien ne doit furprendre dans le relâchement de la discipline d'un couvent. Le tems altere tout jusqu'à la vérité, qu'il habille ordinairement d'une maniere bifare.

ATHREN. Maty & Corneille difent village de la Mommonie, en Irlande; il eft fur la riviere de Barrow, dans le comté de Kildare, entre la ville de ce nom & celle de Caterlagh. Athren a été autrefois plus considéra ble qu'il ne l'eft aujourd'hui.

Ces deux Meffieurs fe trompent, en ce qu'il difent la Mommonie au lieu de la Lagenie, ou province de Leinster; car c'est dans cette province que fe trouve le comté de Kildare. Baudrand, dont Maty a pris fon article, qui a jetté Corneille dans l'erreur, s'en eft très-bien garanti.

ATHRES, riviere de la Scythie, en Europe, felon Hérodote, l. 4, c. 49. Quelques auteurs difent que fon nom moderne eft LABUS.* Ortel. Thefaur.

1. ATHRIBIS, ville d'Egypte dans le Delta. Elle étoit la métropole d'un nôme, qui en prenoit le nom d'ATHRIBITES, & le canal du Nil fur lequel elle étoit fituée, celui d'Athribitique. Etienne le géographe écrit ATHLIBIS. Ortélius trouve que dans le concile d'Ephéfe il eft fair. mention d'Athribites dans la province nommée Augustamnica fecunda, en Egypte. Ortelius croit qu'il faut lire Athribetarum, de la ville d'Athribis. * Ptolom. l. 4,c. 5, & Strab. 1. 16.

2. ATHRIBIS, ville d'Arabie, felon Etienne, in voce AOAIBIE.

ATHRITÆ, peuple de l'Arabie heureuse, felon Prolomée, l. 6, c. 7.

ATHROITES, ville épiscopale. Il eft fait mention de Théon fon évêque au 3 concile d'Ephèfe, felon Ortél. ATHRULLA, ville de l'Arabie heureuse, felon Strabon, l. 16, p. 782.

ATHY, ville d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté de Kildare, à douze milles au fud de Kildare fur le Barow, affez près des frontieres du comté de la reine. Elle a droit d'envoyer deux députés au parlement. Etat préf. de l'Irlande, p. 4.

Ces monafteres ne dépendent aucunement les uns des autres : ils font tous aufli unis que s'il n'y en avoit qu'un. Au milieu est un bourg nommé KAPIARB, où l'on tient tous les famedis un marché : l'évêque de ce pays y fait sa réfidence, mais il n'a aucune jurisdiction fur les moines, & il ne peut aller leur conférer les ordres, que lorsqu'il * eft appellé; parce qu'ils croyent avoir droit de fe faire ordonner par tel évêque que bon leur femble. L'église de Kapiarb porte néanmoins le titre d'Acrotaton; c'eftà-dire très-haut. Elle eft deffervie par quelques moines détachés des principaux monafteres.

y

Il y a encore au Mont Athos une églife confidérable fous le nom de fainte Anne. Les plus aufteres des moines s'y affemblent & y font leurs dévotions. Il y en a so ou Go, dont les uns fe tiennent abfolument féparés du genre humain, & les autres demeurent deux enfemble. Leurs cellules, au nombre de 40, font dans une folitude affreufe,

ATHYMBRA, ancien nom de la ville de Nyffe, dans la Carie, près du Méandre, felon Etienne le Géogr. ATHYMBROS. Voyez THYMBROS.

ATHYNA, petite ville du royaume de Hongrie, dans l'Esclavonie propre, au comté de Poffega vers la Drave, & près de la fource de la riviere d'Orlava, à cinq milles d'Allemagne au feptentrion, en tirant vers Zigeth, dont elle n'eft guères plus éloignée, fuivant Cantelli cité par Baudrand. De l'Ifle, qui avoit mis comme village ATHYNA dans fa carte générale de Hongrie de 1703, l'a entiere

3

ment effacé dans fa carte particuliere de 1717. ATHYRAS, fleuve de la Thrace, felon Ptolomée, /. 3, c. 11. Pline, . 4, c. 11, & Mela, l. 2, c. 2, en font auili l. mention, & écrivent fans h. Un ambaffadeur de l'empereur Maximilien II, à la cour ottomane, affura Ortélius qu'on le nomme préfentement ACQUA DOLCE. Leunclavius le nomme GLYKY NERO. Ces deux noms reviennent au même, le premier eft italien, le fecond eft grec. Nicetas, cité par Ortélius, fait mention d'ATHYRAS, ville; elle étoit fituée à l'embouchure de la riviere de même nom, felon Suidas, & cette embouchure fe trouve entre Byfance & Selivrée, felon Pline & Ptolomée. Procope, Edific. 1.4, c. 8, en parle ainfi : il y a au-delà de Region une ville nommée Atyra, dont les habitans étoient extrêmement incommodés par la difette d'eau; mais Juftinien les a délivrés de cette incommodité, en faifant faire une citerne qui eft plus que fuffifante pour fournir aux nécesfités de cette ville. Il a fait auffi réparer les ruines des murailles. Etienne & Ammien Marcellin, l. 22, p. 229, éd. Lindebrog, difent que c'étoit un port. Leunclavius prétend que ce foit préfentement GRAND PONT, à l'embouchure de la riviere nommée Athyras par les anciens, & qui, felon les remarques ci-deffus, doit être entre Selivrée & Conftantinople; il y a une espéce de golfe, au fond duquel eft Grand Pont, bourgade. Elle eft fituée à-peu-près au même lieu où la carte de Peutinger, Segm. 6, met MELONTIANA, appellée MELANTIAS par Antonin: à l'entrée orientale du golfe eft PETIT PONT, dont la fituation répond affez au Region de Procope, que la carte de Peutinger appelle Regio, à 2 milles de Melontiana & à 12 de Conftantinople. Califte, l. 13, c. 33, parle d'Athyra comme d'un fauxb. de Conftantinople.

Je remarquerai ici que Baudrand cite le nom de l'ambaffadeur dont parle Ōrtélius, de la même maniere qu'il cite les auteurs dont on a les livres tefte Carolo Rimio, au lieu qu'Ortélius dit que ce miniftre le lui avoit affuré, afferuit mihi. Corneille fait pis que cela; car il dit qu'Athyras eft le nom ancien de deux rivieres de la Romanie, dont l'une eft appellée Glynicero, & l'autre Aquadolce. ATHYRIA. S. Clément d'Alexandrie, in Stromat. dit qu'Amalis, roi d'Egypte, fit creufer Athyria, ce qui femble devoir s'entendre de quelque canal ou du lit d'une riviere, fuivant la penfée d'Ortélius, Thefaur.

ATI ou ATY, petit canton d'Afrique, en Guinée, au pays nommé la côte d'or, au nord de Fantin, à l'orient d'Abrambou, à l'occident d'Agona & au midi d'Aqua. Ce pays nous eft peu connu, parce que les Européens fe contentent de trafiquer fur la côte, fans entrer fi avant dans le pays.

ATIA. Diodore de Sicile, 1. 20, parle d'une ville de ce nom dans la Campanie, que les Romains avoient, & qui fut prife & facagée par les Samnites, avec la ville de Sora. C'est la même qu'ATINA. Voyez ce mot.

ATIENZA ou ATIENÇA, petite ville d'Espagne, dans la vieille Caftille, avec un château fur une hauteur, dans les montagnes anciennement appellées Idubeda, & que l'on appelle préfentement Sierra d'Atiença, au nord-oueft de Siguenra. Baud. éd. 1705. Long. 14, 53, latit.41, 12 ATIGNI. Voyez ATTIGNI.

ATILIA. Ce nom fe trouve dans une ancienne inscrip tion rapportée par Aventin dans fes annales de Baviére. Cet auteur croit que c'eft Altenbourg en Baviére. Verfer croyoit que c'eft AZELBOURG, village près du Danube. *Ortel. Théfaur.

L'inscription dont parle Aventin porte Acilia auguftas & il rapporte de même en ajoutant qu'il croit que c'eft aujourd'hui Araubing ou Arelbourg lieu voifin, ou bien Altenbourg.

ATILIANA, ancien nom d'un lieu d'Espagne entre Aftorga & Tarracone, felon Antonin, Itiner. à xxx mille pas de Vitovena, & à xxxii mille pas de Barbariana, felon l'exemplaire du vatican. Zurita fuppofe une lacune entre Virovena, qu'il écrit VIROVESCA,& Atiliana, Mais il ne dit pas, comme Baudrand le suppose, que c'eft préfentement Sadava en Arragon; ce que cet auteur a cru voir dans Ortélius qu'il a lu trop négligemment, car pour le livre de Zurita, je doute qu'il l'ait ouvert. Voici les paroles de ce favant Espagnol, p. 607. Il me vient dans l'esprit qu'on défigne par ce nom un bourg, dont on voit auprès de Sadava des monumens remarquables & magnifiques, des tombeaux de la famille Atilienne. Après avoir

parlé du foin qu'ont les familles de conferver les tom-
beaux, & cité un paffage de Cicéron, il ajoute... Il y
a une grande maffe de pierre de taille d'une architecture
magnifique à fix colonnes. On y lit ces inscriptions :
C. ATILIO. L. F. QUIRINA. GENIALI.
ATILIA. FESTA. Avo.

L. ATILIO. C. F. QUIRINA. FESTO.
ATILIA. FESTA. PATRI OPTIMO:

ATILIA. L. F. FESTA. ET SIBI.
SE. VIVA. FECIT.

De forte qu'il ne feroit pas furprenant qu'auprès de ces tombeaux il y eût eu ou un bourg, ou du moins une auberge (Manfio) que l'on auroit appellé les monumens atiliens; Atiliana monumenta.

1. ATINA, ville d'Italie, dans la Campanie, auprès du ruiffeau de Melpis qui tombe dans le Gariglian, & non pas ville de Sicile, comme le dit Ortélius, qui cite l'oraifon de Cicéron pour Plancius; on y trouve bien le non d'ATINA, mais il n'y eft point dit où étoit cette ville. Ainfi il eft à préfumer qu'il n'a point parlé d'une autre Atina que de celle qui conferve encore aujourd'hui fon ancien nom avec le feul changement de terminaifon ATINO. Cette ville, qui étoit dans la Campanie est ancienne. Tite-Live, . 9, c. 28, dit : ceux qui attribuent au conful l'honneur d'avoir pris Nole, ajoutent qu'il prit aufli Atina & Calatia. Frontin, de Colon. dit qu'on y mena une colonie, & que ce fut Nero Claudius céfar. Les habitans en étoient nommés ATINATES. C'est la même que l'ATIA de Diodore de Sicile. Cette ville a été épiscopale, & a eu pour premier évêque Marc, qui fut ordonné par S. Pierre, & qui eut pour fucceffeur Fulgence,martyr fous Dioclétien. * Carol. à S. Paulo, Géog. Sacr. p. 54. Ugelli, Ital. Sacr. t. 6, p. 406, & t. 10, p. 19.

2. ATINA, ville d'Italie, dans la Lucanie, felon Baudrand, qui cite Pline; mais cet auteur dit feulement : il y a trois fortes d'Apuliens, les Téaniens, du nom d'un chef entre les Grecs; les Lucaniens fubjugués par Calchas: ces lieux font occupés par les Atinates. C'est tout ce qu'il en dit, l. 3, c. 11, & il ne parle en aucune façon d'une ville nommée Atina, dans la Lucanie. Il nomme bien, l. 2, c. 103, Atinas Campus la campagne où le Tanagre, nommé aujourd'hui Negro, ayant coulé quelque tems, fe perd dans un abîme, d'où il fort à 20 milles delà, felon lui, à delà, felon lui, à quatre, felon Cluvier, Ital. ant. l. p. 1254. Ce dernier dit, à la vérité, que le bourg qu'il nomme en latin Atinum, eft encore préfentement nommé Ateno; que la feconde fyllabe en eft bréve, & qu'il eft fitué au bord droit du Tanagre; mais il ne cite pas un ancien qui ait fait mention d'Atino. Ce lieu eft le même qu'Atene, dont on peut voir ci-deffus l'article tiré de Baudrand. Mais je ne fais où ce dernier a pris que ce lieu a été autrefois un fiége épiscopal, comme il le dit dans fon édition latine. Les notices épiscopales n'en font

aucune mention.

4,

D. Matthæo Egitio prétend qu'il faut prononcer la pénultiéme breve, tout au contraire d'Atina dans la Campanie qu'elle eft dans les terres, pas loin de la Polla, qu'on croit être la Marcelliana des anciens itinéraires. Il rapporte une ancienne inscription, qu'on y lit dans le château du marquis, & qui lui a été communiquée par le baron de S. Blaife, frere de l'abbé Antonini. JOVI ET

DIS PENATIBUS
P. NANONI DIO
PHANTI AUGUSTA
LES ATINATES.

3. ATINA, ville d'Italie, dans le territoire des Venetes. Pline, liv. 3, c. 10, en parle comme d'une ville déja détruite.

4. ATINA, ville du pays Latin, en Italie, dans le voifinage de Fidenes, felon Ptolomée; c'est la même qu'ATINA I, dans la Campanie; elle étoit aux frontieres des Volsques & des Marfes. De l'Ifle la donne à ces derniers, & le P. de la Rue aux premiers, en expliquant ce vers de Virgile.

Tela novant Atina potens, Tiburque fuperbum, 5. ATINA. (le mont) Voyez HYMETTS,

[blocks in formation]

ATINTANIA, ancien peuple & pays de Grèce, en Epite, dans les montagnes, felon Strabon, l. 7, p. 326. Polybe, 1. 2, c. 5, parle aufli des Atintanes, & dit que les Epirotes ayant été défaits par les Illyriens auprès d'Antigonie leur derniere ville, s'enfuirent jusques chez les Atintanes. Thucydide, l. z, ditque Sabylinthe étoit chef des Moloffes & des Atintanes. Leur pays eft nommé Atintanie par Tire-Live. Il marque expreffément, 1. 29, c. 12, que dans le traité de paix que fit le conful Sempronius, il fut réglé que quelques places qu'il nomme appartiendroient aux Romains, & que l'Atintanie feroit donnée au roi de Macédoine, fi en envoyant des ambaffadeurs il l'obtenoit du fénat. Sa demande lui fut accordée; c'eft delà que Tite-Live met cette contrée dans la Macé doine; en décrivant ce royaume, l. 45, c. 30, il le divife en quatre parties. La quatrieme, dit-il, eft habitée par les Eordéens, les Lynceftes & les Pelagons. On y joint l'Atintanie, & la Symphalide : & l'Elimiotide. Etienne le géographe dir de même que l'Atintanie fait partie de la Macédoine. Il eft difficile de marquer d'une maniere bien certaine les bornes de ce pays; fes géographes ne s'accordent même pas fur le lieu où ils le doivent mettre. Cellarius, dans une de fes cartes, les place au bord de la mer, au nord des monts Acrocerauniens. De l'Ile, dans fon ancienne Gréce, les borne à l'occident par la Chaonie, au nord-eft par le Pinde, au fud-eft par les Stymphales, ou Tymphéens, & au midi par la Thesprotie. ATISIS &

ATISO. Ortelius dit que c'eft une riviere de l'Infubrie, qui fe jette dans le lac nommé Verbanus, préfentement le lac majeur. Plutarque, dit-il, en fait mention dans la vie de Marius, & dans les Apophthegmes de Lutatius Catulus. Xilander & Cruferius rendent ce nom par celui d'Athéfis. Il ajoute qu'on lit Atifis dans l'Epitome de Tite-Live, & Athéfis dans l'hiftoire de Florus. Je trouve au contraire dans l'édition de Florus, Amfterod. apud Joann. Janffonium 1647, l. 3, c. 3, que j'ai à la main, ATESIS, & dans l'Epitome de Tite-Live, Ed. Lugd. apud Sebaft. Gryphium 1542,p. 62, Athéfis. Dacier, dans fa Traduction de Plutarque, vie de Matius, t. 4, p. 134, entend auffi la riviere d'Athéfis, & l'explique en marge par l'Adige. Dans tous ces auteurs il eft queftion de la riviere auprès de laquelle Marius défir les Cimbres. Cependant Léandre & Caftilioneus, prétendent qu'il ne s'agit point la de l'Adige, qui eft l'Achéfis des anciens, mais de la Tofa qui tombe dans le lac majeur. Le dernier prétend que Tite-Live s'eft laiffé furprendre à l'amour de la patrie, & qu'il a fubftitué l'Athéfis, qui coule à Vérone, & qui eft l'Adige, à l'Arifona de Plutarque, que les modernes ont corrompu en Athéfis pour le rendre conforme à l'erreur de Tite-Live. Sa plus forte preuve eft que du confentement général des auteurs, excepté de Tite-Live, la riviere où s'arrêterent les Cimbres après avoir franchi les Alpes, n'étoit qu'à deux jours de marche de Verceil; car, dit-il, Marius etoit campé peu loin de Verceil, en deça de la Seffia, dans le Novatez. Les habitans d'alentour nomment encore Camariano, (qui eft au couchant, & tout près de Novara) ce lieu que les favans appellent Caftra Mariana, c'elt-à-dire le champ de Marius. Eufébe, dans fa Chronique, dit que les Cimbres furent défaits par les Romains affez près de Verceil & du Pô. J'ajoute que Marius & Bojorix, roi des Cimbres, prenant enfemble le jour & le lieu pour fe donner bataille, convinrent que ce feroit le troifiéme jour, & dans la plainé de Verceil. S'ils avoient été proche de l'Adige, l'Athéfis des anciens, ils n'auroient pû arriver au champ de bataille en fix jours de marche. Il y a donc plus de vraisemblance à dire qu'ils étoient auprès de l'Atifon, aujourd'hui la Tofa.

ATITLAN, lac de l'Amérique, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Guatimala, à douze lieues de la ville de Sant Iago de Guatiinala. Les Espagnols le nomment la Laguna de Atitlan. Il a environ dix lieues de tour. * Baudrand, éd. 1705.

ATLANTA. Eufebe dit, ville de Gréce, au pays des Locres, laquelle fut ifolée par un tremblement de terre avant la naiffance de Platon. Ortélius a judicieusement trouvé qu'il est là question d'Atalanta, & que c'est ainfi qu'il faut lire.

:

ATLANTES, peuple ancien de l'Ethiopie. Hérodote, Pomponius Mela & Pline en font mention. Le premier,. 1.4, c. 184, dit qu'à dix journées au delà des Garamantes il y a une colline de fel & une eau autour de laquelle habitent des hommes que l'on appelle Atlantes les feuls hommes, dit-il, qui n'ayent point de nom; cat quoi- qu'on leur donne celui d'Atlantes en général, ils n'en ont aucun qui les diftingue les uns des autres. Ils maudiffent le foleil, lorsqu'il monte fur l'horifon, parce qu'il les brûle. Hérodote parle enfuite du mont Atlas, & dit que c'eft à caufe de cette montagne que ces peuples font ainfi nommés; & il ajoute : jusqu'à ces Atlantes je puis bien rapporter les noins de ceux qui habitent fur le mont Atlas; mais plus loin je ne le faurois. On dit qu'ils ne fe nourriffent d'aucuns animaux, & qu'ils n'ont jamais de fonges durant le fommeil. Ce que dit de ces Atlantes Pomponius Mela, l. 1, c. 8, eft un extrait de ce paffage d'Hérodote. Pline, 1. 5, c. 8, qui copie Mela, a été copié à fon tour par Solin, c. 31, p. 58, & par Martianus Capella, I. 6, de interior. Africa. Jean Léon, Descr. Africa, 7.7, c. 15, décrit, dans le royaume de Borno dans la Nigritie, des Paftres qui habitent dans les montagnes. Ils vont, dit-il, tous nuds pendant l'été, & n'ont qu'un cuir, dont ils fe couvrent ce que la pudeur ne permet pas de montrer, mais l'hiver ils s'habillent de peaux, chent fur des lits qui en font faits. Ils font fans religion & ne fuivent ni la juive, ni la mahométane, ni aucune autre. Ils vivent en bêtes, ayant les femmes & les enfans en commun. Cet auteur ajoute avoir appris d'un marchand, qui lesavoit fort fréquentés, qu'on n'y entend aucun nom propre, mais feulement des fobriquets pris des qualités perfonnelles, comme de la graiffe, de la hauteur, ou de quelque autre circonftance accidentelle. Sur cette reffemblance, Ottélius conjecture que ce pourroient être les Atlantes des anciens.

& cou

ATLANTIA, ancien nom de l'Ethiopie, felon Pline,' 1.6, c. 30.

ATLANTICI, furnom d'un peuple de la Gaule Narbonnoife. Voyez CAMBOLECTRI.

ATLANTIDE, grande ifle de l'Océan, felon les anciens, en latin Atlantis. Parmi le grand nombre d'auteurs qui en ont parlé, Platon eft celui qui en a donné l'idée la plus nette & peut-être la plus exacte, quoique fa description foit mêlée de fables. Il en parle dans fon Dialogue intitulé Timée; mais il la traite exprès dans le Dialogue intitulé Critias ou l'Atlantique. Il y prétend que Solon avoit reçu d'un prêtre Egyptien les loix qu'il apporta en Gréce. Les dieux, dit-il, partagerent entre eux l'univers, & chacun en eut une portion plus ou moins grande. Ils s'y établirent des temples & des facrifices. Neptune eut en partage l'ifle Atlantique, où il engendra des enfans d'une femme mortelle nommée Clitone, fille d'Evenor, l'un de ceux que la terre enfanta au commencement du monde. (Platon avertit que Solon avoit traduit dans fes mémoires les noms Egyptiens en Grec; ainfi l'on ne doit pas s'étonner de trouver des dénominations Grecques dans une hiftoire Egyptienne.) Clitoné avoit perdu fon pere & fa mere lorsque le dieu la connut: elle habitoit une montagne fituée au milieu d'une plaine fertile & affez éloignée de la mer. Pour que perfonne n'approchât de cette fille, Neptune découpa tellement les terres d'alentour, qu'un canal, en forme de cercle, renfermoit ce lieu: un espace de terre environnoit ce canal en rond, & étoit enfermé par un fecond canal circulaire, ainfi alternativement; de forte qu'il y avoit trois enceintes d'eau & deux de terre, ce qui rendoit la colline inacceffible aux hommes, car on ne favoit alors ce que c'étoit que vaiffeaux & que navigation. Il ne fut pas difficile à Neptune d'orner le milieu de l'ifle. Il y fit naître deux fources, l'une d'eaulfraîche, & l'autre d'eau chaude; & il rendit ce lieu très-fertile en ce qui eft néceffaire pour la

pourriture.

[ocr errors]

nourriture. Il eut de fa maîtreffe, en cinq fois qu'elle accoucha, dix enfans mâles, qui furent élevés: enfuite de quoi il partagea en dix portions toute l'ifle. Il donna à l'aîné le lieu habité par fa mere, c'est-à-dire la partie qui étoit autour de la montagne, & c'étoit la plus grande & la meilleure part; il le déclara roi de tous les autres,qu'il établit princes fur plufieurs contrées & nations. Il leur donna aufli un nom à chacun. Il appella Atlas l'aîné, & le roi de toute l'ifle; d'où vient que la mer porte le nom d'Atlantique. Son frere jumeau fut nommé dans la langue du pays Jadir, c'eft-à-dire en grec Eumelus, & eut pour fa part l'extrémité de l'ifle jusqu'aux colonnes d'Hercule; ce pays porte fon nom. Les deux jumeaux fuivans s'appellerent l'un Ampherez, l'autre Eudæmon. Ceux que Clitone avoit mis au monde en troifiéme lieu furent Mnéfée & Autochthon; ceux qu'elle avoit eus enfuite s'appellerent Elafippus & Meftor: Azaës & Diaprepes étoient nés les derniers. Ces dix freres & leur poftérité habiterent ce pays durant plufieurs fiécles, & établirent leur domination fur quantité d'ifles de la mer, étendant leurs conquêtes jusqu'à l'Egypte & la Mer de Toscane. Toute la branche d'Atlas fe multiplia beaucoup, & le plus ancien laiffoit toujours la couronne à fon fils aîné, ce qui dura plufieurs fiécles: ils eurent des biens immenfes. On avoit conftruit & ménagé dans l'ifle tout ce qui peut être fouhaité pour l'usage. Outre que l'ifle produifoit elle-même tout ce qui eft utile à la vie, on leur apportoit de dehors quantité de denrées. Les métaux, les minéraux, les arbres pour bâtir s'y trouvoient abondamment. Les pâturages fuffifoient pour nourrir des animaux fauvages & des animaux domestiques. Les herbes, les légumes, les racines, les vignes, les fleurs, les fruits, les parfums n'y manquoient pas. Les habitans élevoient des temples, des palais, des ports & des édifices dont ils ornoient tout le pays. Ils changerent ces enceintes d'eau & de terre dont j'ai parlé, & commencerent par faire une communication par le moyen des ponts, afın de pouvoir arriver au centre où étoit la métropole, & où ils bâtirent d'abord un palais pour le roi : je renvoye Platon lui-même (Dial. Critias.) ceux qui font curieux de voir une description fleurie des travaux publics dont cette ifle fut ornée; du temple de Neptune, qui avoit une ftade de long, trois arpens de largeur, & de la hauteur à proportion; du port & des fortifications, & même des mœurs & des loix de ce pays, qu'il dépeint avec autant de détail que Tournefort en fait de la grote d'Antiparos, qu'il avoit vûe effectivement. Il ne paroît point par le Dialogue intitulé le Critias, dont j'ai extrait ce qui précéde jusqu'à préfent, que cette ifle fût fort étendue. Mais dans le Timée il en donne une idée magnifique. On rapporte (c'est un prêtre Egyptien qui parle à Solon Athénien) qu'autrefois votre nation fit tête à des troupes innombrables d'ennemis, qui étant parties de la Mer Atlantique, fe font déja emparées de presque toute l'Europe & l'Afie. Car alors le détroit (de Gibraltar) étoit navigable, & il y avoit une ifle à l'entrée, que vous appellez les colonnes d'Hercule; & on dit que cette ifle étoit plus grande que l'Afrique & l'Afie enfemble; que l'on pouvoit aller delà aux ifles voifines, & de ces ifles à un continent, qui étoit à l'oppofite & voifin de la véritable mer. Dans cette ifle Atlantide étoient des rois très-puiffans, qui exerçoient leur domination fur toute l'ifle & fur plufieurs autres, & fur la plus grande partie du continent, car ils commandoient à la troifiéme partie du monde, nommée la Lybie jusqu'à l'Egypte. (Les anciens, comme je le remarque ailleurs, nommoient Lybie ce que nous appellons l'Afriqne, & ce dernier nom n'étoit que celui d'une province particuliere.) Ils occupoient auffi l'Europe jusqu'à la Mer Tyrrhéne. Soit que le bon Solon, voulant faire honneur à fa patrie,ait inventé la converfation, que le prêtre Egyptien ait voulu le flater, Platon fait dire à ce dernier que ce furent les Athéniens qui feuls s'oppoferent aux efforts de ces conquérans, & qui délivrerent du joug, non-feulement leur propre pays, mais tout ce qui eft jusqu'aux colonnes d'Hercule : ils allerent même les attaquer jusque dans leur ifle, après quoi, continue l'Egyptien, il furvint un grand tremblement de terre, une pluie qui dura un jour & une nuit; la terre s'entr'ouvrit & engloutit & les Athéniens vainqueurs, & ceux qu'ils étoient venus fubjuguer. L'ifle Atlantide fut elle-même submergée, & depuis ce tems cette mer n'eft

foit

plus navigable, à cause du limon qu'y laiffa cette ifle dé truite. Il eft aifé au lecteur d'écarter de ces récits tout ce qu'il y a de fabuleux, & de les réduire à la vérité historique. Il y a eu une très-grande isle habitée vis-à-vis du détroit, que nous appellons aujourd'hui de Gibraltar; elle étoit voifine d'autres ifles & d'un continent oppofé: tout cela eft très-poffible. L'idée de menfonge que porte avec foi le nom de Neptune, eft corrigée par l'explication. Selon le P. Kircher, dans fon Traité du Monde fouterrain, t. 1, l. 2, c. 12, p. 81, les Egyptiens racontoient que leur Hercule, furnommé Ofiris, faiffant la régence de fon royaume à fa femme Ifis, partit avec une armée, & foumit tous les peuples depuis l'orient jusqu'au détroit des deux côtés; que ce détroit fut enfuite appellé de fon nom: qu'ayant oui parler d'une grande ifle fituée dans une vafte mer, il en effaya la conquête, & y réuffit, & qu'ayant donné la paix aux habitans, il y établit une colonie fous le commandement de Neptune, l'un de fes neveux. Voilà l'origine de la fable racontée par Platon, & peut-être l'origine du dieu de la mer.

Quelques géographes ont cru que c'étoit un lieu abfo lument fabuleux. Tertullien, de Pallio, l'appelle l'isle de Pluton.* Cellar. Géog. ant. t. 2.

La grandeur de cette ifle a fait croire à quelques-uns que c'étoit l'Amérique. Ortélius, Thefaur. femble être de ce fentiment. Baudrand, éd. 1682, dit que c'eft celui des plus habiles gens, & Sanfon l'a fuivi. Un profeffeur d'Upfal en Suéde a fait un gros ouvrage fous le titre d'Atlantica, où il y a bien de l'érudition perdue pour prouver que l'Atlantide de Platon eft la Scandinavie où font la Suéde & la Norwege. Mais une feule circonftance détruit le fentiment de ces habiles, de Baudrand, & celui du profeffeur d'Upfal. C'eft que l'Atlantide doit avoir été voifine du détroit de Gibraltar, & l'Amérique & la Scandinavie en font trop loin. Il n'y a nulle vraisemblance que les rois de cette ifle, fi c'étoit l'un ou l'autre de ces deux pays, ayent pû régner fur l'Europe jusqu'à la Mer Tyrrhéne & fur l'Afrique jusqu'à l'Egypte, ni faire la guerre aux Athéniens. Cela fe détruit naturellement. J'aime mieux croire avec le P. Kircher que cette ifle si fameufe étoit une grande étendue de pays, dont les Canaries & les Açores faifoient peut-être partie. Les ifles Açores font fujettes à d'horribles tremblemens de terre, comme on peut voir dans leur article particulier, & lạ mer fait de grands ravages durant ces révolutions de la nature. Les anciens avoient confervé une tradition précieufe, que nous avons l'ingratitude de ne pas affez eftimer dans les auteurs qui nous en ont transmis quelques fragmens. Tel eft le débouchement du Pont Euxin, rapporté par Diodore de Sicile, 1.5, & qui caufa tant de dégats dans les ifles fituées à fon paffage, que celle de Samothrace en fut inondée jusqu'aux plus hautes montagnes. Cette mer n'avoit été regardée auparavant que comme un grand lac dans la Mer Egée, où apparemment elle fe creufa de nouvelles routes, & forma de nouvelles ifles. S'il eft vrai, comme les anciens l'ont cru, qu'autrefois l'Afrique & l'Espagne étoient contigues l'une à l'autre, il eft affez vraisemblable que l'effroyable impétuofité des eaux de la Méditerranée, qui fe vuida alors dans l'Océan, submergea & emporta la plus grande partie de cette ifle, qui étoit à l'oppofite. Tournefort, dans fon voyage du levant, tom. 2, p. 65, ne s'éloigne pas de ce fentiment; mais il doute fi l'Amérique ne feroit pas elle-même une partie de l'Atlantide des anciens : ce qui n'eft nullement probable. Car enfin il eft plus naturel de croire que l'Amérique eft ce continent défigné par Platon au delà de l'Atlantide & des ifles voifines ; & c'est ce qui me ramene au fentiment du P. Kircher. L'existence de cette ifle eft fort utile pour démontrer par quelle voie l'Amérique a pû être peuplée de bonne heure, en fuppofant, comme Platon le témoigne, qu'elle n'étoit pas fort éloignée de l'ancien continent, & qu'elle s'étendoit fort loin vers l'occident, où eft l'Amérique dont elle pouvoit être fort voisine.

Le traducteur de Zarate eft de ce fentiment dans un éclairciffement qui précéde fa traduction; mais il prouve l'exiftence de cette ifle par une raifon qui n'eft pas auffi convaincante qu'elle lui paroît. Il eft remarquable, dit-il, que tous les hiftoriens & tous les cosmographes anciens & modernes appellent la mer qui a englouti cette ifle, l'Océan Atlantique, retenant le même nom que portois

Tome I.

sff

[ocr errors]

autrefois l'ifle. La bonté de cette preuve eft diminuée par Fopinion où font la plupart des géographes, que l'Océan Atlantique a été ainsi nommé à caufe du voifinage du mont Atlas. Voyez ATLAS.

ATLANTIDES; Corneille dit que quelques-uns nomque quelques-uns nomment ainfi les ifles Fortunées, & qu'il y a des géographes qui les croyent être Espagnola & Cuba, fur quoi il cite Juigné. Ils devoient dire l'un & l'autre que les Atlantides font des ifles inconnues aux anciens, perfonne n'en ayant jamais parlé, mais bien de l'ifle Atlantide, dont on peut voir l'article ci-deffus. Les ifles Fortunées des anciens font les Canaries d'aujourd'hui, & n'ont rien de commun avec l'ifle de S. Domingue & celle de Cuba. ATLANTIQUE, furnom que prend l'Océan entre l'Afrique & l'Amérique. Tous les géographes ne conviennent pas des bornes de la mer, à laquelle ils donnent ce nom: quelques-uns ne l'entendent que de ce qui eft à l'occident de l'Afrique depuis le détroit le long de la côte, connue par les anciens vers le midi; car quoique dans une antiquité très-reculée ils euffent fait le tour de l'Afrique, ils n'avoient qu'une idée affez imparfaite de tout ce qui eft au delà de la montagne qu'ils appelloient le Char des Dieux, & qu'on croit être Sierra Leona; c'eft dans cet espace qu'étoient les ifles Purpuraria, aujourd'hui ifles du Cap Verd, & les ifles Fortunées, à préfent les Canaries. De l'Ifle, dans une carte du monde connue aux anciens, étend la Mer Atlantique à l'occident de l'Europe, le long des côtes de Portugal, d'Espagne, de France, & même des ifles Britanniques. D'autres nomment Océan Atlantique la vafte mer qui eft entre l'Amérique, l'Europe & l'Afrique, depuis la Mer Glaciale jusqu'à la ligne équinoctiale, au delà de laquelle eft l'Océan méridional, ou d'Ethiopie.

1. ATLAS, montagne d'Afrique, où elle fépare la Barba-. tie du Biledulgerid par une longue fuite de montagnes qui s'étend du levant au couchant; on la nomme dans le pays les Grands Monts. Quoique cette montagne fe rompe en plufieurs endroits, elle ne laiffe pas de continuer depuis Jubel Meyes, qui eft à l'extrémité des montagnes de Céel, & depuis la côte de Mazra, qui est à 80 lieues d'Alexandrie, du côté du couchant, jusqu'à la pointe qui s'avance dans l'Océan occidental près de la ville de Mella. Les naturels du pays l'appellent Ayduacal, & Ptolomée le Grand Atlas. Ce géographe en met la fituation au huitiéme degré de longitude, & au 26° degré & demi de latitude. On entend aujourd'hui par le grand. Atlas les montagnes qui s'étendent entre la Barbarie & la Namidie, depuis Meyes jusqu'à Ayduacal. On trouvera ci-deffous les bomes & la description de la partie qu'on nomme le petit Atlas. * Marmol, Descr. de l'Afrique, t. 1, l. 1, c. 5 & 7.

Le grand Atlas eft inhabitable en quelques endroits, parce qu'il eft très-escarpé; le froid y eft très-rude; les bois qui fe trouvent dans les valées, d'où naiffent les fources & les plus grands fleuves du pays, font fi hauts & fi épais qu'on y eft toujours dans l'obfcurité, mais en d'autres il eft plus doux & tempéré, & il y a de grandes bourgades peuplées de barbares Africains. Les montagnes les plus rudes confinent avec la province de Tremecen, & les plus froides avec celles de Maroc. On y conduit les troupeaux l'été, à caufe de la quantité d'herbes qui y croît; mais on les en retire avant les neiges, parce que les vents font fi froids & fi perçants alors, qu'ils font mourir le bétail; & quelquefois même ceux qui le gardent. Il y a dans ces montagnes un détroit près de la ville d'Agmet, par où les Numides paffent tous les ans dans la Barbarie, au mois d'octobre, avec leurs chameaux chargés de dates; mais la neige y tombe quelquefois en fi grande abondance, qu'en une nuit elle eft à la hauteur d'une pique, & engloutit les hommes & les bêtes. Les autres montagnes, qui confinent aux royaumes de Tremecen & de Tunis, font moins rudes, & l'on y recueille quelque froment; il y a auffi en des endroits quantité de troupeaux, & la terre eft plus tempérée.

Dans les montagnes du grand Atlas l'année n'a que deux faifons; l'hyver y dute depuis Octobre jusqu'en Avril, & il tombe alors tant de neige, que les habitans font contraints tous les matins de la détourner de devant da porte pour avoir l'entrée & la fortie libre. Depuis Avril jusqu'en Septembre ce font les fix mois d'été. Les cimes des montagnes font couvertes de neige tout le long de

l'année, particuliérement en Mauritanie; & en beaucoup de lieux le bled y croît deffous, & à mesure qu'elle fond le tuyau commence à paroître. Dans toutes ces montagnes on recueille quantité d'orge, parce que les habitans font des terraffes fur les penchants, où ils fement, après avoir foutenu la terre avec des murailles. L'orge qu'on y recueille eft fort bon & bien nourri, quoiqu'un peu aigre.

Il n'y a point de montagne au monde dont les anciens aient rapporté tant de fables que de ce grand Atlas. On lit dans les plus célebres hiftoriens, qu'il s'éleve du milieu des fables jusqu'au ciel; qu'il eft fcabreux & fec du côté de l'Océan, auquel il donne fon nom; mais qu'il eft fombre & tout couvert de forêts & de fontaines du côté de la terre ferme, fi fertile & fi abondant en toutes fortes de fruits, qu'on ne fauroit fe laffer de le voir & de l'admirer; que de jour on ne peut appercevoir aucun de fes habitans, mais que de nuit il eft tout éclatant, & vomit des feux & des flammes; qu'il eft plein de Faunes & de Satyres, & qu'il retentit du fon des flûtes, des trompettes & des tambours.* Daper, Afr. p. 8.

LE PETIT ÁTLAS, qu'on appelle auffi LANT, eft une autre fuite de montagnes qui s'éleve fort haut le long des côtes de la mer Méditerranée, où il porte le nom d'ERRIF, & s'étend le long du détroit de Gibraltar jusqu'à Bone. Diego Torres dit que quelques Espagnols appellent les deux Atlas Montes claros, les montagnes éclatantes, foit parce que leur hauteur excelfive les fait remarquer de fort loin, foit parce que leurs cimes font fort claires & resplendiffantes. Les Barbares les appelloient DYRIS, felon le témoignage de Strabon, 1. 17, p. 825.

Les principales rivieres, qui ont leurs fources au mont Atlas, font: Sus,

Muluya,

Tenfift,

Ziz,

Tecevin,

Tefne,

Hued-Ala-Abid,

Mina,

Ommirabi,

Celef,

[blocks in formation]

Hued-Icer,

Hued-Elquivir,

2

Mergerade, Magro.

2. ATLAS. On appelle ainfi un livre, dans lequel font recueillies les cartes générales & particulieres, géographiques, chorographiques & topographiques. Divers Auteurs ont donné un aflez grand nombre de cartes pour meriter le nom d'Atlas. Outre les Atlas de Blaeu & de Janffon, on a ceux de De Wit, des Sanfon, de Nolin, de De Fer, de Jaillot; ces trois derniers font moins des auteurs que des marchands de cartes. Pour faire un bon Atlas, il faut choifir les meilleures cartes de chaque auteur; ce qu'ont publié De l'Ifle & Infelin y doit entrer; celui de Robert de Vaugondy eft excellent

ATLIM, bourgade de la Tartarie Ruffienne, fur la rive orientale de l'Oby, dans l'Obdorie, ou pays des Samoyedes, au nord de la jonction de l'Irtis avec l'Obi.

ATLISCA, vallée confidérable de l'Amerique feptentrionale au Méxique, dans la province Tlascala. Puebla de los Angeles eft fituée vers le commencement de cette vallée, qui a une lieue & demie de largeur, & qui eft d'une température agréable; de forte que les femences n'y font jamais gâtées par le froid. Elle est si fertile, qu'on y recueille tous les ans du froment en abondance, & il y a plus de mille Espagnols, fans compter les naturels, qui travaillent à la culture des terres.

ATMANISPHE, ancien village de l'Arabie heureuse, au pays des Homérites, felon Ptolomée; l'ancien interprête Latin lit AGMANISPHÉ. Ce lieu n'étoit pas loin d'Aden.

ATMOSPHERE; c'est à-dire la Sphère de l'AIR. On entend par ce mot la région inférieure de l'air, laquelle envelope la terre, & où s'élevent des exhalaifons, les brouillards, les nuées & les vents. L'air qui est au-delà eft nominé l'Ether, ou la matiere Ætherée. C'est dans l'Atmosphère que fe forme la refraction de la lumiere que nous envoyent les étoiles fixes & les planetes, & ce font fes vapeurs qui font paroître la Lune plus grande

« PrécédentContinuer »