nommées de la quantité de vautours qu'on y trouva; car Açor en Espagnol, & en Portugais, lignifie vautour. On les appelle auffi les Terceres du nom de la principale de toutes, & qui fut ainsi nommée parce qu'elle est la troisieme qu'on rencontre en venant du Portugal. Le commandeur ne reconnut que les ifles de Fayal, de Pico, de S. George, la Graciofa, la Tercere, Ste Marie & S. Michel. Cette derniere est célébre par la fameuse bataille navale que le marquis de Santa-Cruz y gagna en 1582 fur D. Antoine, qui disputoit la couronne de Portugalà Philippe II, roi d'Espagne. Toutes ces isles étoient fans habitans naturels, lorsque le commandeur de Almouros y arriva, & il y commença un établissement. Celles de Flores & de Corvo n'ont été connues que quelques années après. On rencontra dans celle de Fayal des familles flamandes que quelque naufrage, ou quelqu'autre accident y avoit apparemment jettées. C'est aux deux isles de Flores & de Corvo, qui font au nord & fud, & les plus occidentales de toutes, que les Portugais avoient placé d'abord leur premiet méridien fur ce qu'ils crurent avoir observé que l'éguille aimantée ne varioit point par leur travers; mais on affure aujourd'hui que cette observation eft faufsfe. Ce qui est certain c'est que les Portugais placent présentement leur premier méridien au pic des Açores, & que plusieurs autres nations les ont suivis en cela. On trouve dans l'isle de Corvo une statue équestre d'une espéce de terre cuite, montée sur un piedeftal * de même matiere, où il y avoit des caracteres qu'on n'a pû déchiffrer, & qu'on n'a pas eu soin de conserver. Le cavalier montroit de la main droite l'occident, comme pour faire entendre qu'il y avoit des terres de ce côté-là. ACOUS, village de France, dans le Béarn. Il est situé au midi d'une petite riviere nommée le Vert, qui coule dans la vallée d'Aspe d'orient en occident. Il y a 138 feux, y compris Joers, & se trouve dans la route d'Oleron à Lescar, ville située au pied des Pyrénées. Maty en fait un bourg, & veut qu'il s'appelle en latin Aspaluca; en quoi il a copié l'Abbé Baudrand, qui cite pour garant de Marca. Ce dernier ne dit rien moins que ce que le géographe lui fait dire. Voyez ASPALUCA. ACQS, ville épiscopale de France, dans la Gascogne. C'est ainsi que ce mot devroit s'écrire, venant d'Aqua; mais un usage vicieux a confondu l'article avec le nom & corrompu l'ortographe, & l'on dit aujourd'hui Dax ou DACQS. Voyez DACQS. ACQUA, ce mot qui, dans la langue italienne, signifie de l'eau, entre dans la composition de plusieurs noms géographiques. On y joint ordinairement un autre. mot qui fert à distinguer le lieu où est cette eau ou cette fontaine d'avec les autres. ACQUA CHE FAVELLA, c'est - à - dire, l'eau qui parle. C'est ainsi que Léandre, Descri, di tutta l'Ital. p. 223, appelle une fontaine du royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, auprès des ruines de l'ancienne Sybaris, ville fituée dans la golfe de Tarente. C'est la même que Diodore de Sicile, 1. 12, nomme THURIA, & qui donna lieu aux Sybarites, chasses de leur ville, d'en bâtir une nouvelle fur ses bords, & de l'appeller Thuria du nom de cette fontaine ; après que l'oracle d'Apollon leur eût commandé de choisir pour s'établir de nouveau un lieu où ils auroient de l'eau à boire par mefure, & à manger fans mesure; ils chercherent tant, qu'enfin ils trouverent cette fontaine nommée Thuria, dont l'eau jailliffoit par un tuyau de cuivre, que les habitans du lieu appelloient d'un nom qui signifie un boisseau. Ils jugerent que c'étoit le sens de l'Oracle & s'établirent en cet endroit. Le nom moderne de cette fontaine vient du gazouillement de ses eaux. Maty semble avoir ignoré la fignification du mot favellare, qui veut dire parler; puisqu'il cherche un mystere dans l'étymologie. Le nom de cette fontaine semble, dit-il, indiquer qu'on a crû que fes eaux avoient la propriété d'embellir ceux qui s'en lavoient. Maty a cru lans doute que Chefavella étoit mis pour Che fa bella, ce qui n'est point vrai. ACQUA DELLA MELLA, bourg du royaume de Naples, dans la principauté citérieure : on le nomme en latin Aqua Malorum, c'est-à-dire l'eau des pommes. Il eft fitué au bout de la délicieuse vallée où l'on recueille le bon vin de Sanseverino: auprès de ce château il y a une riviere qui, fortant de sa source, coule quelques milles, après quoi elle se perd fous terre, & à cent pas ACQUA DOLCE, riviere de la Turquie Européenne 1. ACQUA NEGRA, bourg du Mantouan, auprès de Caneto, fur les frontieres du Breffan, auprès de l'embouchure de la Chiese, dans l'Oglio. * Léandre, p. 3970 2. ACQUA NEGRA, bourgade de la Lombardie, auprès de Crémone & de l'embouchure de l'Adda dans le Pô. * Atlas de Vischer. ACQUA PENDENTE. Voyez AQUAPENDENTE. ACQUA SPARTA, bourg de l'état de l'églife, dans l'Ombrie: il a titre de duché. Léandre, p. 97, dit qu'en suivant la route qu'Antonin appelle Voie Flaminienne, on trouve au pied d'une montagne le château d'Aqua Sparta, où nâquit le P. Matteo, religieux de l'ordre des freres mineurs, cardinal de l'église romaine, & favant, comme il paroît par ses commentaires sur les sentences. 1. ACQUA VIVA, bourg de Naples, dans la terre de Bawi, à quinze milles de la capitale de ce nom, à l'orient de Cassano. Maty prétend que c'est de ce lieu que l'illustre maison d'Acquaviva prend son nom; cependant Léandre dit que c'est du lieu de ce nom qui occupe le troisieme article. Ce bourg est situé fort avantageufement dans une délicieuse campagne, où l'on recueille des grains & des vins en abondance, & où il y a des forêts remplies de gibier: il dépend des comtes de Joïa, ducs d'Atri. * Léandre, p. 2450 2. ACQUA VIVA, bourgade du royaume de Naples, dans le comté de Molisse, entre les fources les plus feptentrionales du Vulturno, à fix milles & au nord occidental d'Isernia, entre les montagnes de l'Apennin. * Atlas de Blaeu. 3. ACQUA VIVA, bourg d'Italie, dans la Marche d'Ancone, au nord de la source de la Ragnola, petite riviere presque parallele au Tronto, & qui fe jette dans le golfe de Venife: il est situé à douze petits milles d'Ascoli. Ce bourg est célébre à cause de la famille d'Acquaviva, de laquelle font les ducs d'At i. Cette illuftre famille a produit quantité d'hommes célébres par leurs vertus militaires. Le P. Claude d'Acquaviva fut élu général de la compagnie de Jesus en 1585, & mourut le 31 janvier 1615. Rodolphe Acquaviva, fon neveu, après avoir beaucoup étendu la Religion catholique dans les Indes Orientales, couronna ses travaux apoftoliques par le martyre, pour ne point parler ici des cardinaux qui ont foutenu & augmenté l'éclat de ce nom. * Léandre. ACQUARIA, (a) en latin Aquarium, petire ville d'Italie: elle eft dans le pays de Frignano, au duché de Modene, & renommée par ses eaux médicinales, qui lui ont fait donner le nom qu'elle porte. Elle (b) est située fur une montagne, au midi de la riviere de Panaro, que l'on paffe fur un pont, long. 28, 16, latit. 44, 22,& à environ dix-huit milles de Modéne, vers le midi occidental de cette ville. * (a) Corn. Dict. (b) Atlas de Blaeu. ACQUE CALDES. Molet croit que c'est le non moderne d'une ancienne ville de l'Espagne Tariagonoife, nommée en latin Aqua Quintia ou Quintiana, de laquelle Ptolomée fait mention. * Ortel. Thef. ACQUE DI MONDRAGONE. Voyez MONDRA CONE. ACQUE DOLCI. Léandre croit que c'est le nom moderne d'une ancienne ville maritime, de la partie septentrionale de Sicile, que Ptolomée appelle Calacta, Hérodote Caleate, & Antonin Galeate, par corruption. ACQUE SALVIE, marais dans le voisinage de Rome, auprès du lieu où S. Pierre & S. Paul reçurent la couronne du martyre: il est formé des eaux qui coulent du lac Albano. * Léandre, p. 155. ACQUI, ville de la Lombardie, dans le Montferrat. Pline, liv. 3, ch. 5, la nomme Aqua Statilienfium, & la place dans la Ligurie. Strabon, liv. 6, pag. 217, en avoit mées Acré-Monte, à la fource de la riviere d'Anapo. Ce n'est point parler exactement : ACRÉ-MONTE, ou Sainte Marie (6) d'Acremont, n'est point à la fource de l'Ana auíli parlé dans ces termes: on trouve ensuite Claftidium, gurie, comme le remarque Cafaubon fur le passage que je viens de citer. Elle fut bâtie par les Statiliens, peuple qui habitoit les Alpes, comme on peut le conclure d'un pallage de Tire-Live, liv. 46, qui fait mention des Liguriens Statellates. Il est aise de voir que le nom-moderne est le même que l'ancien, & qu'il a été donné à ce lieu à cause des eaux chaudes & médecinales dont les anciens Romains ont connu l'utilité. Chorier prétend que cette ville se nommoit d'abord Silvestra, avant que d'être nommée Aqua, en quoi il est réfuté par Léandre, pag. 183. Elle est située sur la rive feptent. de la Bormia, entre le confluent de cette riviere avec celle d'Ero, à l'occident d'hyver, & de Visono à l'orient d'été. Cette ville, felon Corneille, eft épiscopale sous la métropole de Milan: on y voit des lieux dispofés pour y prendre des bains commodément. Une chose qui paroît merveilleuse, c'est que fur ces eaux bouillantes, il vient de l'herbe très-verte qui s'y conserve. Acqui a été autrefois bien plus célébre, & a eu beaucoup d'habitans; mais leur discorde a fouvent caufé leur ruine, & leur a attiré une extrême mifére. Cela donna lieu à un homme sage de dire qu'Acqui étoit une boëte d'or remplie de ferpens. Les guerres du Montferrat, longit. 26, 5, latit. 44, 40, & celles d'Italie pour la fucceflion d'Espagne, n'ont pas réparé les portes qu'elle avoit faites. George Merula, fameux par fon histoire des Visconti de Milan, & par divers autres ouvrages, & qui mourut à Milan en 1594, étoit d'Acqui, & joignoit à fon nom l'épithète de Statilien, pour faire honneur à sa patrie. Le sceau de cette ville représente une aigle, qui tient un liévre dans ses ferres, avec ce vers latin : Lector aquis dignum communis respice fignum. ACQUIGNI, bourg de Normandie. Voyez AQUIGNI. ACRA. Ce mot, qui vient du grec Axpos, qui signifie haut, élevé, orgueilleux, a donné occafion de nommer ainsi plusieurs lieux, villes, châteaux, &c. à cause de leur situation; delà Aκρα, Ακρις & Οκρις, fommet, promontoire, citadelle. Etienne le géographe nomme dix villes de ce nom. 1. ACRA, ville de la grande Gréce, dans la Japygie, à l'extrêmité du cap, que les anciens ont nommé Japygium & Salentinum promontorium, & que l'on nomme aujourd'hui il capo Sancta-Maria di Leuca, dans le royaume de Naples. Baudrand, édit. 1682, donne le nom d' Acra Japygia au cap même. Etienne dit que c'étoit une ville que quelques-uns nommenr Hydruse, & Baudrand ajoute qu'il y avoit là autrefois une ville fameuse, où est à préfent le port de Santa-Maria di Leuca, dans la terre d'Otrante. 2. ACRA, ville d'Italie, qui renferme le port de Brindes, felon Etienne. Les commentateurs se plaignent fort de la dépravation de cet article. Nous ferions bien obligés à Hermolaüs, s'il l'eût laissé tel qu'il y a apparence qu'Etienne l'avoit compofé: par malheur ce n'est pas le feul endroit où ce pernicieux abréviateur a mérité les malédictions des géographes. 3. ACRA OU ACRE, ce dernier est le plus ufité parmi les latins, ancienne ville de Sicile, à l'occident de Syracufe, & fur la route d'Olympe à Hybla Herca. Ptolomée, liv. 3, ch. 4, la nomme Axpalai, mais les critiques ne doutent point que ce ne foit une faute du copiste, qui a redoublé la diphthongue inutilement. Etienne dit qu'elle fút fondée par les habitans de Syracufe.. Thucydide, liv. 6, ajoute que ce fut foixante-dix ans après la fondation de Syracufe, & vingt ans avant celle de Casmene. Si lius, pour marquer qu'elle étoit située sur une montagne, dit, 1. 14, V. 107. Non Tapfos, non è tumilis glacialibus Acre defuerunt. Les auteurs (a) ne conviennent pas de fon nom moderne. Cluvier croit qu'elle étoit au lieu où est aujourd'hui le monastère nommé SAINTE MARIE D'ARCIA, entre les villes de Noto & Avula, & compte pour une espéce de preuve la reffemblance d'Acre avec Arcia. Corneille dit que d'autres en placent les ruines, nom mun des géographes, Alfeo. * (a) Sicil. ant. l. 2, p. 352. (6) Atlas de de l'Ifie. 4. La quatrieme ne se trouve point dans Etienne, à cause d'une lacune qui eft dans cet article. 5. ACRA, ancienne ville d'Eubée; on ne fait en quelle partie de cette isle. 6. ACRA, ancienne ville de Scythie: on croit que c'est la même de laquelle Ptolomée, liv. 3, ch. 5, a parlé : il la place dans la Sarmatie Européenne, à 60 d. 30 de longitude, & à 49 d. 40' de latit. fur le Palus Méotide, à l'occident de cette mer, entre l'embouchure du fleuve Gerrhus & celle du fleuve Byce ou Buges. L'Anonyme de Ravenne, 1.4, c. 3, la nomme fimplement Acra. Pline, 1.4, la nomme Acra Taurorum ; & Strabon, 1. 11, p. 494, Ancra Panticap&orum, & n'en fait qu'un village. 7. ACRA, ancienne ville de l'isle de Cypre, felon Etienne. Nous ignorons en quel endroit elle étoit fituée. La carte de cette ille, dans l'atlas intitulé Orbis vetus, n'en fait aucune mention. 8. ACRA, ancienne ville de la Grèce, dans l'Acarnanie, felon Etienne. Polybe, 1.5, en fait mention. Les cartes de l'ancienne Gréce, par Sophien, ni celles de de l'Isle, n'en donnent aucune trace. 9. ACRA, ancienne ville au-dessus d'Antioche, aux environs de Daphné. Selon Etienne elle étoit dans la Syrie, auprès de l'Oronte, & on l'appelloit aufli APSASIUM, felon Ortelius. Thefaur. 10. ACRA, ancienne ville d'Afie, delà le Tigre. Arrien, 1.7, en fait mention dans fon histoire d'Alexandre le Grand. 11. ACRA, ville d'Afrique, fur l'Océan Atlantique, felon le périple de Hannon. 12. ACRA, l'une (2) des collines sur lesquelles étoit bâtie l'ancienne Jérufalem, avant qu'on y eût joint la ville de David, qui étoit fur la montagne de Sion. Le roi Antiochus (b) Epiphane fit bâtir une citadelle au nord, fur une hauteur qui dominoit ce faint lieu; ce qui fit donner le nom d'Acra à cette montagne. Jofeph dit que cette hauteur étoit en demi-cercle, & que Simon Machabée ayant chaffé les Syriens, qui occupoient la citadelle d'Acra, la démolit, & employa trois ans à applanir la hauteur fur laquelle elle étoit batie: il en fit jetter les démolitions dans la vallée qui étoit au pied, afin que le temple n'eût plus rien qui le commandát. On bâtit enfuite fur la montagne d'Acra le palais d'ifélene, reine des Adiabéniens, le palais d'Agrippa, les archives publiques, & le confeil où s'affembloient les magiftrats de Jérusalem. * (a) Cellar, Géog. ant. l. 3, c. 13. (b) D. Calmet, Dict. de la Bible. 13. ACRA, ville de la Palestine, qui fut détruite par Simon, felon Jofeph, de beilo, 1, 2, Quelques-uns lifent Acaron pour Acra; d'autres l'entendent par une citadelle ou fort. Il semble cependant que c'étoit le nom d'un lieu particulier, dont il est fait mention dans le livre des Machabées, l. 1, c. 14, v. 7, où il est dit que Simon rassembla beaucoup de prifonniers, qu'il fe rendit maître de Gazura, de Betfura & d'Acra, & qu'il en ôta toutes les impuretés. La vulgate dit au lieu d'Acra la Citadele, & la verfion de Louvain, la Fortereffe. * Reland. Palæft. pag. 543. 14. ACRA, royaume d'Afrique, sur la côte d'or.. Voyez ACRON. ACRABA, ville de la Mésopotamie, dans les terres, felon Ptolomée, 1.5, c. 18. ACRABATA, ville de la demi-tribu de Manaffé, fur les frontieres de le tribu d'Issachar, au midi, & à une heure & demie de chemin de Thersa, selon Sanfon, index geogr. p. 9. 1. ACRABATHENA REGIO, ou la Toparchie d'ACRABATA, c'étoit l'une des onze toparchies ou départemens de la Judée: elle eft nommée la troisieme en ordre, felon Jofeph, de bello, 1.3, 6. 2, & la cinquieme, felon Pline, liv. 5, ch. 14. Ce canton s'étendoit entre Naplouse ou Sichem & Jericho, tirant vers l'orient: il avoit environ douze milles, ou quatre lienes de long. Jofeph parle de cette Acrabaténe. Voyez ci-dessous ACRABBIN. * D. Calmet, Dict. de la Bible. C ( . 2. ACRABATHENE, autre canton de la Judée, fur la frontiere de l'Idumée, vers l'extrêmité méridionale de la Mer-Morte. Ce canton tire fon nom d'Acrabim, qui est traduit dans la vulgate, num. c. 34, v. 4, la montée du scorpion. Il est parle de cette derniere Acrabaténe dans le premier livre des Machabées, c. 5, v.3, où elle est nommée ACRABATHANE. * D. Calmet, Dict. de la Bible. Le P. Bonfrerius admet aussi cette distinction dans ses notes fur S. Jerôme, onomast. urb. &c., p. 17; mais il doute si l'on peut trouver une troisieme ACRABATHENE dans la tribu de Nepthali. S. Jerôme nomme Acrabithene un lieu sur les frontieres des Amorrhéens, duquel la tribu de Nepthali n'extermina point les étrangers, comme il est écrit dans le livre des juges. S. Jerôme a copié cela d'Eufebe, qui, au lieu d'Acrabithéne, comme P'écrit S. Jerôme, dit seulement Acrabbin. Le passage des juges, c. I, , v. 35 & 36, ne dit point qu'il y eût un pareil lieu dans la tribu de Nepthali, puisqu'au contraire dans le dernier verset, il est dit que les limites des Amorrhéens furent depuis la montée du Scorpion, Petra & au-delà; mais il n'y est plus question de la tribu de Nepthali, qui étoit bien loin dela. Ce nom est écrit ACRABATTINE, par Eufebe. 1. ACRABBIN ou ACRABBIM. Eufebe l'écrit AKPABBEIN. S. Jerôme, Adorabi; ce qui est sans doute dans ce dernier, une faute de ses copistes. C'est la frontiere de la Judée orientale, dans la tribu de Juda. Ce bourg tire fon nom d'un mot hébreu, qui veut dire les scorpions, fans doute parce qu'il y en avoit beaucoup en cet endroit. 2. ACRABBIN ou AKRABIM, bourgade de l'Acrabathene: elle étoit située à neuf milles, ou à trois lieues de Sichem, vers l'orient, fur le chemin de Sichem à Jéricho. * Eufeb. Onom. ACRACANUM, riviere de la Babylonie. Quelques savans croyent que c'est la même que le BAARSARES, qui tombe dans l'Euphrate. * Cellar. géog. ant. 1. 3, c. 16. ACRADINE, ifle & ville de Sicile, joignant Syracufe: elle est fameuse par le siége qu'en fit Marcellus, général des Romains. C'étoit la partie la plus grande & la plus orientale de Syracufe: elle étoit séparée de Tycha par une muraille flanquée de tours, & d'Ortygia par une place nommée Pentapyle, à cause qu'il y avoit un fort muni de cinq tours. Cicéron, in Verrem, l. 4, la décrit ainsi. Il y a en core à Syracufe une autre ville, nommée Acradine, dans laquelle il y a une très-grande place publique, de trèsbeaux portiques, un pritanée fort orné, un grand palais & un magnifique temple de Jupiter Olympien. Le reste de cette ville, divisé par une large rue qui va d'un bout à l'autre, & par plusieurs de traverse, contient les maifons des particuliers. Corneille appelle cette ville Acarnanie, & cite faussement Cicéron. Voyez SYRACUSE. * Cluv. Sicil. ant. pag. 141. 1. ACRAGAS ou AGRAGAS, ancienne ville de Sicile, selon Etienne le géographe: elle prenoit fon nom d'une riviere qui la baignoit. Les latins la nomment Agrigentum. Voyez GIRGENTI. 2. ACRAGAS, ancienne ville de Thrace, selon le même. Ortelius la met au nombre de celles dont on ignore la position. 3. ACRAGAS, ancienne ville de l'Eubée, selon le même. 4. ACRAGAS, ancienne ville de Chypre, felon le même : on en ignore la position. 5. ACRAGAS, ancienne ville de l'Etolie, felon le même. 6. ACRAGAS, ville ancienne de Lydie, dans l'Afie mineure, felon Corneille: il ajoute qu'elle étoit épiscopale; ce qui eft certain, si Acragas est véritablement I'Acraffus des anciennes notices; mais ce qu'il ajoute, que Nicolas son évêque souscrivit au concile de Chalcédoine n'est pas exact: Nicolas étoit évêque d'Acarassus, ville de Lycie. L'évêque d'Acrassus en Lydie souscrivit aussiace concile, mais il s'appelloit Patrice. Corneille a confondu ces deuxvilles, lorsqu'il a dit Acragas en latin Acrafus ou Acaraffus; elles étoient dans des provinces différentes. * Carol. à S. Paulo, p. 235 & 239. ACRAIPHIA, ancienne ville de Grèce, dans la Béotie. Les latins l'appellent Acraphia & Acraphium. Paufanias la nomme Acraphnium; il ajoute qu'elle fut ancien 1 nement bâtie sur le territoire de Thébes, & dit favoir de bonne part que plusieurs personnes qui se sauvoient du fac de Thebes, ville détruite par Alexandre, ne pouvant arriver jusques dans l'Attique, à cause de leur foibleffe & de leur grand âge, s'arrêterent dans la Béotie, où ils s'établirent. Cette ville éroit située sur le Proüs, & on y voyoit le temple & la statue de Bacchus. A environ quinze stades de cette ville, on trouvoit à main droite le temple d'Apollon Ptous. Prous étoit fils d'Athamas & de Thémiste: ce fut lui qui donna le furnom & à la montagne & au dieu Apollon qu'on y adoroit. Avant qu'Alexandre renversat la ville de Thébes, il y avoit dans cer endroit un oracle. Strabon, 1. 9, p. 410, nomme aufli cette ville Acraiphia, aulli-bien qu'Hérodote; mais Ptolomée, 1.3, c. 15, l'appelle ACRIPHIA. De l'Isle la nomme ACREPHIA dans son ancienne Grèce. ACRAS, montagne de Syrie, auprès de Laodicée : elle s'écroula & tomba dans la mer l'an 856, par un tremblement de terre qui se fit sentir dans la Syrie, dans la Perfe, dans l'Arabie, & même jusques dans le Korafan. Cette montagne a eu le nom d'Acras, qui veut dire Chauve, à cause qu'elle étoit entierement découverte, & fans aucun arbre. * Corn. Dict. & d'Herbelot, Bibl. Orient. ACRASA, ville de l'Afie mineure, dans la Lydie, selon Baudrand, edit. 1682, qui allégue Holstenius, pour reprocher à Ptolomée de l'avoir mal nommée Nacrafa. Je n'ai trouvé aucun passage d'Holstenius, où il soit parlé d'Acrasa. La notice des provinces de l'empire d'Orient, publiée par Schelstrate, ant. ecclef. t. 2, fait bien mention, p. 718, d'Acuasa, mais on y en parle comme d'une ville d'Egypte, dans la Thébaïde. Il est vrai que dans la province de Lydie, dont il est question, on trouve Oxρασος en latin Ocrafus; cer éditeur avertit en marge qu'il faut lire Acraffus. Le même avertissement se trouve dans l'édition de la même notice, qui eft à la fin de la géographie du P. Charles de S. Paul. Ainfi il s'agitici d'Acraffus, ville qui n'est point différente d'Acragas 6. Le même P. de S. Paul, en parlant d'Acraffus, doute fi ce ne feroit point la Nacrafa de Ptolomée, & Holstenius ne fait aucune remarque là-dessus. ACRA-SPANDONA, promontoire de la Romanie, auprès de Pera, l'un des fauxbourgs de Conftantinople. Les Grecs le nommoient METOPON, & Nicéphore le désigne par le promontoire feptentrional. * Ortel. in voce ΜΕΤΟΡΟΝ. ON. ACRAT ou ACRATH, ancienne ville de la Mauritanie Tingitane, selon Ptolomée, l. 4, c. 15. La situation qu il lui donne a fait juger (a) à quelques-uns, que c'est aujourd'hui une ville forte du royaume de Fez, dans la province d'Errif. Ils nomment cette ville différemment : les uns écrivent (6) BEDIZ-VELEZ ; d'autres (c) BELIZ; d'autres VELEZ. De l'Ifle, qui nomme la province le Riffe, ne marque BELEZ que comme un village à quel que distance de la mer. Baudrand lui donne un port, aussi - bien que N. Sanfon, qu'il semble avoir fuivi. * (a) Sanfon, atlas. (b) Baudrand, édit. 1682. (c) Marmol, 1. 1, p. 7. ACRE, (a) SAINT JEAN-D'ACRE, ACCO, ACCA, ACE, ACRA OU PTOLEMAIDE, en latin Acra, Ptolemais, ville de la Phénicie: elle est située, felon Ptolomée, à 66 d. so' de longit. & à 33 d. de latit. & felon de l'Ifle, elle est d'environ 20 plus méridionale. Il ne faut pas confondre cette Ptolémaide avec une autre ville maritimede même nom, dans la Cyrénaïque, province de la Lybie. Elle s'appelloit autrefois Acco. Relland croit la trouver dans le prophéte Michée, c. 1, V. 10. N'annoncez point ceci dans Geth, & ne pleurez point dans Acco. Les Grecs changerent fon nom d'Acco en d'Acé, & y ajouterent celui de Ptolemais. Cette ville (b) qui étoit possédée par le roi Demetrius, fils de Seleucus, fut livrée à Alexandre, fils d'Antiochus Epiphane; enfuite Alexandre, roi des Juifs l'affliégea & la céda à Prolomée; Tigrane, roi d'Armenie, l'alliégea aufli: enfin elle fut foumise a la domination des Romains: l'empereur Claudius la fit réparer, & lui donna le furnom de Cafarea. (c) C'est ce que semble annoncer une médaille fur laquelle on lit ces mots. COL-CASAREA PTOLEMAIS. Les Sarrafins s'en rendirent maîtres, & changerent fon nom de Ptolémaïs en celui d'Acca ou ACRA, qu'elle a conservé jusqu'à préfent. Elle est devenue célébre par les croifades: les Chré tiens la reprirent fur les Sarrafins en 1104. Le grand Tome I, G Saladin s'en rendit maître en 1187; mais Richard, Cœur de Lion, roi d'Angleterre, & Philippe-Auguste l'afliégerent & la prirent à la vue de l'armée de Saladin, qui Faifoit tous fes efforts pour la défendre. Les chevaliers de S. Jean de Jérusalem s'y maintinrent jusqu'à l'an 1291, que cette ville repassa au pouvoir des Mahométans. De cette ville, autrefois si superbe & fi riche, qui, par la commodité de son port, étoit l'entrepôt de l'Europe & de l'Afie, il n'en reste que des débris. Les Mahometans la faccagerent & la renverserent la derniere fois qu'ils la reprirent fur les Chrétiens. Il n'y a plus aujourd'hui que cinquante à foixante cabanes, outre une tour carrée & environnée de logemens à double étage pour les marchands qui viennent d'Europe. Ils mettent leurs marchandises dans la tour, qu'on a soin de fermer toutes les nuits. Il y a une chapelle où les carmes du Mont-Carmel vont de tems en tems dire la messe. Il y a un aga qui commande auffi fur Tyr; mais il dépend du bacha de Galilée. (a) Reland, Palaft. p. 534& feq. (b) Joseph antiq. 1. 13, c. 3. (c) Harduini num. antiq. p. 142. (d) Corn. Dict. & Dublan, voy. de la Terre Sainte. ACREMIRA, bourgade de la Bafilicate, dans le royaume de Naples, dans les montagnes, & proche de S. Mauro & Cantiano. * Léand. p. 226. 1. ACRI, riviere du royaume de Naples. On écrit ce nom plus communement par un G. Voyez AGRI. 2. ACRI, ville du royaume de Naples, à douze lieues de la mer, felon Corneille, qui ne dit point en quelle province. Sanson la met dans la Calabre citérieure, à la fource de la riviere de Trionto. Ce n'est qu'un bourg. ACRIA, ancienne ville maritime du Péloponnefe, à l'extrémité du golfe de Lacédémone, près de l'embouchure de l'Eurotas: on croit que c'est à présent ORMOAS; mais Sanfon les diftingue, en plaçant Acria immédiatement au bord de la mer; & pour Ormeas, (car c'est ainsi qu'il écrit le nom moderne,) il le met plus avant dans les terres, en tirant fur le nord-nord-eft.. ACRIDA. Voyez ACHRIDE. ACRIDOPHAGES, (2) peuples d'Ethiopie, qui habitoient un pays voisin des déserts au-delà du Nil. Leur nom fignifie qu'ils mangeoient des sauterelles. Ils étoient plus petits que les autres, fort maigres & fort noirs. Vers le printems, les vents d'ouest pouffent une grande quantité de fauterelles du désert dans le pays qu'ils habitoient. Elles font fort grandes, ont les aîles d'une vilaine couleur. Voici l'artifice dont ils se servoient pour les prendre. Ces gens-là ramaffoient dans une longue & large vallée, ce qu'ils pouvoient trouver de matiere combustible dans le voisinage, & lorsque le tems étoit venu que les vents entraînoient les sauterelles, comme une épaisse nuée par-dessus cette vallée, ils mettoient le feu à cette matiere préparée, & à de l'herbe déja fannée. Ces infectes, étouffés par la fumée, tomboient d'abord en si grande quantité, que c'étoit une provifion de vivres pour ce peuple. Comme ce pays ne manque point de sel, ils les marinoient & leur donnoient un goût agréable. Ils ne nourrissoient point de bestiaux, & trop éloignés de la mer pour avoir du poisson, ils n'avoient point d'autre nourriture que les sauterelles. Ils étoient légersà la course, ne vivoient guères au-delà de quarante ans, & périffoient de bonne heure par la maladie pédiculaire; ce qui peut être attribué aussi - bien à leur nourriture, qu'à l'air qu'ils respiroient. Strabon, 1. 16, p. 763, en dit la înême chose. Pline parle bien des fauterelles dans l'endroit cité par Corneille, mais il ne dit rien de ce peuple. C'est sans doute de ces sauterelles (b) de la grande espéce, dont S. Jean vivoit dans le désert Pline, 1. 11, c. 29, dit qu'aux Indes il s'en trouve qui ont trois pieds de long, & qu'on fait fécher leurs jambes & leurs cuiffes, pour s'en servir au lieu de scies. * (2) Diod. Sicul. 1.3, c. 3. (b) S. Math. c. 3, v. 4. ACRIENS, en latin Acrii, montagnes de Sicile. On les appelloit aussi HEREI. On les nomme à présent SorI. * Univ. terr. orbis. ACRILLÆ, ancienne ville de Sicile, aux environs de Syracuse, selon Etienne le géographe. Tite-Live, 1. 24, c.35, en parle, auffi-bien que Plutarque, dans la vie de Marcellus. Il ne faut pas la confondre avec Acra, dont elle étoit différente; & on peut conclure du passage de Tite-Live, qu'Acrilla, ou Acrilla étoit entre Acræ, & Agrigente. ACRINIPRION. Voyez ASCIBURGIUM. ACRIOTERI, marais de l'Afie mineure, dans la grande Phrygie, fur la frontiere de la Pisidie. Son ancien nom est TATTA, & de l'Isle, dans son Atlas, le met dans la Capadece premiere, sur les confins de la Galatie falutaire. ACRIPHIA, ville de Béotie, felon Ptolomée. C'est une faute des copistes pour ACRAIPHIA. Voyez ce mot. 1. ACRITAS, ancien nom du cap de Bithynie, joignant le bosphore de Thrace. P. Gilles, dans la description de ce bosphore, dit qu'il confervoit son ancien nom. Stukius croyoit que c'est le même cap qui eft nommé le Cap-Noir, άκρα μέλαινα par Apollonius, Orphée & Théocrite. * Ortel. Thef. 2. ACRITAS, ancien nom d'un promontoire de la Messenie, dans le Péloponese, selon Ptolomée & Strabon. Niger & Sophien croyent que fon nom moderne est CAPO DE GALLO. 3. ACRITAS, ifle. Cedrene & Curopalate, qui font mention de cette ifle, n'en marquent pas affez la position, pour déterminer si elle étoit dans la Propontide ou aux environs, ni si elle appartenoit à l'Asie ou à l'Europe. * Ortel. Thef. 1. ACROATHON, ACROATHOS, ACROTHOUN, ACROTHON OU ACROTHOOS, ville de la Macédoine dans la Chalcidie. Cette ville ne subsistoit déjà plus du tems de Pomponius Mela, 1. 2, c. 2, qui dit qu'elle étoit fur une des cimes du mont Athos, & que fes habitans vivoient plus longtems de moitié qu'on ne vît dans les autres pays. Pline, 1. 4, c. 10, dit, en parlant du mont Athos, que fur son sommet il y avoit eu une ville nommée Acrothon. A présent, poursuit-il, il y a Uranople, Paléorium, Thyssus, Cléonæ & Apollonia, de laquelle les habitans font surnommés Macrobes, c'est-à-dire, de longue vie. Cette conformité a fait soupçonner à Cellarius, géogr. ant. t. 1, p. 152, qu'Apollonia avoit fuccédé à la ville d'Acroathon. Maisil y a une difficulté. C'est que P. Mela place Apollonia entre le Nestos & le Strymon, au lieu qu'Acroathon étoit sur le mont Athos. De l'Isle place très-bien Acroathos dans la presqu'isle; mais il la met au pied de la montagne au bord de la mer, au lieu que les anciens conviennent qu'elle étoit au haut d'une des cimes de l'Athos. 2. ACROATHON, promontoire de la Macédoine. C'est la pointe la plus orientale de la presqu'ifle que forme le mont Athos, à l'opposite de l'isle de Lemnos. * Atlas de de l'Isle. ACROCERAUNES, OU LES MONTS ACROCERAUNIENS. C'est ainsi que Ptolomée, 1.3, c. 14, appelle les montagnes de l'Epire, que Pomponius, 1. 1, c. 19, &1.2, c.3, Mela & Strabon nomment simplement Cerauniens. Pline, 1.4, c. 1, met sur une de leurs cimes un château nommé Chimere, d'où vient le nom de la ville de Chimere, qui subsiste encore, & le nom moderne de ces montagnes qu'on appelle aujourd'hui le MONT DE LA CHIMERE; Monti della Chimera. Le nom d'Acrocérauniens vient du grec, & il leur avoit été donné à cause des foudres dont leurs fommets font souvent frappés. Ces montagnes commencent à la mer vers le 40 deg. 25' de latitude, & s'avancent de l'ouest à l'est, jusqu'au fleuve Panyasus, où elles se joignent aux monts Candaviens & au Pinde, dont elles font une continuation. Quelquesuns appellentles Acroceraunes, MONTS DU DIABLE. Les peuples qui les habitent fontnommés Chimeriots. Voyez CHIMERIOTS. Les Acroceraunes séparoient l'Albanie de l'Epire ancienne. On engraisse dans ces montagnes des bêtes de boucherie pour les Turcs. * Corn. Dict. , ACROCERAUNIE, ville épiscopale de l'Epire, fous la métropole de Durazzo. Elle est située au pied des monts Acrocérauniens fur le golfe dit Chimera, dont elle porte aujourd'hui le nom. Pline, que Corneille cite pour garant de cet article, ne fait dans les endroits indiqués, 1. 3, c. 23, & 1.5, c. 27, aucune mention d'une ville nommée Acroceraunia, il parle seulement d'un château nommé Chimera de fon tems, nom qu'il a conservé jusqu'à présent, & qu'il a donné à ces montagnes, & à une étendue de pays le long de la mer. L'Anonyme de Ravenne, 1.5, c. 13, fait mention d'une ville nommée AcROCERAUNION. Surita, dans fes notes fur Antonin, est perfuadé que c'est Porto Panormo, nommé par Thucydide Port Chimérien, & que 1 Strabon, 1.7, p. 316, dit être les monts Cerauniens, & qui étoit différent du château Chimera. Je ne trouve dans les notices aucune trace de ce fiége épiscopal, & elles n'en font pas plus de mention que Pline à l'endroit cité. Corneille eût mieux fait de citer pour garant Baudrand, de qui il a copié cet article, & qui cite à fon tour le P. Briet, quoique ce Pere n'ait nullement parlé de l'évêché chímérique d'Acroceraunie, non plus que de la ville de ce nom. La même faute eft encore copiée dans le dictionnaire de Trevoux. ACROCOMES, c'est plutôt une épithète, que le nom particulier d'un peuple, comme le veut Corneille. On appelloit ainsi ceux qui laissoient croître leurs cheveux par-devant, par opposition aux Acarnaniens qui se les coupoient. ACROCORINTHE, ancienne citadelle de Corinthe. Elle est située sur un lieu fort élevé, où il est très-difficile de monter en moins d'une heure. Les avenues en font extrêmement escarpées, & le chemin est fort étroit. Il n'y a qu'une feule entrée; mais il faut passer deux portes avant que d'être tout-à-fait dedans. Cette citadelle contient trois mosquées & leurs minarets, avec cinq ou fix petites églises de Grecs. S. Nicolas en est la métropolitaine. On y voit quelques manuscrits, & entr'autres une liturgie de S. Chryfoftome fur un parchemin en rouleau, qui étoit la maniere ancienne d'écrire les livres. Ce château, où commande un aga, étoit peuplé comme une petite ville, du tems que la république de Venise le poffédoit, puisque l'on y voit un grand nombre de maisons; mais une partie tombe en ruine. C'est le refuge des Turcs contre les corsaires. Ses murailles qui suivent les contours du rocher, ont environ trois milles de circuit. Elles font affez bien entretenues; mais il y a peu de canon, & encore moins de foldats. Toutes les fabriques qui y font n'ont rien de remarquable pour l'antiquité. Tout eft du tems des Chrétiens. Vers le plus haut de l'éminence, on trouve une fource d'eau, affez bonne & affez abondante. C'est la fontaine Pyrene, où l'on dit que le cheval Pegase fut pris par Bellerophon, dans le tems qu'il y buvoit. Il y en a encore une autre, moins considérable, & plus de deux cents puits ou citernes. Au levant & au fud on voit deux petits châteaux bâtis à côté du grand. Ils ont chacun leur aga particulier qui y commande, mais il ne s'y tient personne. Le premier, qui n'étoit que comme un bastion, résista longtems à Mahomet II, après qu'il eut pris la principale forteresse. L'autre est appellé Hebreo Caftro, parce que c'étoit le quartier des Juifs, qui sont présentement chaffés de Corinthe. Rien n'est plus beau que la vûe qu'offre ce château. On voit delà les deux golfes d'Egina & de Lépante, l'Hélicon, le Parnaffe, la Campagne de Sicion, les ifles de Colouri & d'Egina, Athènes, le cap Colonne, l'ifle de S. George, Cenchrée, & le port de Lechæum. * Corn. Dict. Spon. Voy. de Gréce, 1. 6. ACROLISSUS, ancienne forteresse de l'Illyrie, dans la Dalmatie, auprès de l'embouchure du Drino, dans le golfe de Venife. Elle étoit sur une montagne au nord oriental de la ville de Liffus. Polybe, liv. 8, dit qu'elle étoit fort élevée, & qu'elle parut imprenable à Philippe, roi de Macédoine. Il ajoute qu'elle n'étoit pas contigue à la ville de Lissus, mais qu'il y avoit une distance de la ville jusqu'au pied de la montagne où étoit Acroliffus. * Cellar. Geog. ant. 1. 2, c. 8. ACROLOCHIAS, promontoire d'Egypte, proche l'ifle de Pharos, felon Strabon, 1. 16, p. 791. Cafaubon semble favorifer la conjecture d'Ortelius, qui avoit propofé comme un doute, fi ce n'étoit pas le même que Strabon nomme plus bas, p. 794, LOCHIAS ACRA, & dont le nom moderne est CASTELLETTO? ACROMA. C'est ainsi que Paul Diacre nomme le promontoire de la Chersonese Taurique de Ptolomée, nommé Criu Metopon; c'est-à-dire, le front du Belier. Voyez CRIU. * Ortel. Thefaur. 1. ACRON, ou AKRON, royaume d'Afrique sur la côte d'or, entre Fantin au couchant & Agouna au levant. Au milieu de ce royaume, auprès du village d'Apam, il y a un petit fort ou plutôt une maifon fortifiée de deux batteries que les Hollandois cominencerent de bâtir en 1697. Ils lui ont donné le nom de Fort de la Patience, parce qu'ils exercerent leur patience en le bâtissant, à caufe des oppositions continuelles des Negres, qui continuent d'en chagriner le commandant, foit par leur mauvais naturel, foit par le négoce. Il y a fur les deux batteries huit piéces de canon; mais fon plus grand ornement, & fa plus grande force confifte dans une pointe confidérable qui est devant ce bâtiment. Le village qui est au-dessous est petit, & n'avoit, à la fin du fiécle dernier, d'autres habitans que quelques pêcheurs. Comme cet endroit elt fort commode pour le négoce, il feroit bientôt peuplé fi les habitans naturels s'accommodoient avec les gens du fort. Les habitans d'Acron ne font jamais la guerre, ou du moins ils la font fort rarement; car comme ils sont sous la protection des habitans de Fantin, il n'y a personne qui ose les infulter, ce qui leur donne moyen de cultiver leur pays dans une profonde paix Tous les ans ils font une riche récolte, & envoyent leurs denrées dans les endroits les plus proches. On trouve dans ce pays abondance de bon gibier, comme des cerfs, des lièvres, des perdrix, des faifans & des bêtes fauves. Acron est divisé en deux, fans quoi il feroit affez puissant. La partie où les Hollandois sont établis s'appelle LE PETIT ACRON, & LE GRAND ACRON est plus avancé dans les terres. Celui-ci n'est pas gouverné par un roi, mais par plusieurs des principaux du pays. Ces deux pays, quoique séparés l'un de l'autre, & n'ayant rien de commun ensemble, vivent en bonne intelligence & dans une étroite amitié. Un peu au-dessous du fort des Hollandois il y a une petite riviere falée, qui a fon cours du côté de la terre (apparemment pour se jetter dans la Volte) & a à peu-près une lieue d'étendue. Élle est fort abondante en poiffon; on y trouve aussi quantité d'oiseaux. * Bofman, lettre v. 2. ACRON, ville de la Palestine. Voyez ACCARON. ACRONIUS - LACUS. C'est ainsi que Pomponius Mela, liv. 3, c. 2, nomme le lac de CONSTANCE en Suiffe. 1. ACROPOLIS, ville du royaume de Naples. Voyez AGROPOLI. 2. ACROPOLIS, ancienne ville de l'Etolie, felon Etienne le géographe. 3. ACROPOLIS, ancienne ville de l'Ibérie Asiatique; c'est-à-dire, de la Géorgie, felon Dion, 1. 37. 4. ACROPOLIS, ville de Lybie (a) dans la (b) Marmarique. On l'appelloit aufli ANTIPYRGUS. Son nom moderne eft LUCHO. Ce n'est plus qu'un village, entre le port de Trabuco au couchant, & celui de l'ancienne ville de Scythranius à l'orient, à 500 milles de l'ifle de Can: die. (a) Stephan. Byfunt, (b) Baud. éd. 1682. 5. ACROPOLIS. C'est ainsi que quelques auteurs nomment en latin, ou plutôt en grec, la partie méridionale de la ville d'Anvers. Ils nomment auffi Paleopolis, ou la vieille ville, le milieu de la ville, & Neapolis, ou ville neuve, la partie septentrionale. Voyez ANVERS. 6. ACROPOLIS, citadelle d'Athènes, qu'on appelloiť anciennement Cecropia, du nom de Cecrops, qui en avoit fait une petite ville. Elle est bâtie fur un roc escarpé de tous côtés, si ce n'est au couchant, par où l'on y entre : la montée n'y est pas mauvaise. Les murailles ont douze cents pas ordinaires de tour; & au bas de la colline, on voit distinctement les fondemens d'une autré muraille qui l'environnoit presque toute, & qui rendoit la citadelle d'un abord plus difficile. Acropolis eft à une distance égale de deux éminences. L'une, qui est de la même hauteur que la fortereffe, & à fon fud-ouest à la portée d'un fauconneau, est le Musaum. L'autre est le mont Anchesmos, qu'elle a au nord-eft; & il est fi rude, qu'il feroit très-difficile d'y monter des piéces d'artillerie, pour battre la ville & la citadelle; outre qu'il n'y a point de terre-plain dessus, & que ce ne font que des pointes de rocker, sur l'une desquelles est une chapelle d'Agios Georgios, où étoit autrefois la statue de Jupiter Anchesmien. * Spon. Voyage de Gréce, l. 5. Le bas de la ville d'Athènes est au nord de la citadelle, qui la couvre tellement du côté de la mer, qu'on ne la voit pas. En dedans de la premiere port on trouve un bas relief de deux figures qui se donnent la la main l'une à l'autre. Sur la feconde est un traversier de marbre, où se lit une inscription d'un Flavius Septimius Marcellinus, qui avoit rebâti les portes de la ville à ses dépens. LorsTome I. Gij |