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des pâturages, où l'on nourrit du bétail. * Del. d'Espagne,

P. 521.

1. SETTIA, province de rifle de Candie, du côté de l'occident, dans l'endroit que l'on appelle ifthme: elle n'a pas plus de douze milles d'étendue. De ce même côté de foccident elle confine avec la province de Candie; du côté du feptentrion elle eft bornée par le fleuve Iftrona; au midi elle a le fleuve Saint-Zacharie & les monts Coscites, & à l'orient elle a le cap ou le promontoire de Salomon, & le cap Xacro, que les anciens nommoient Ampelus ; ces caps font baignés de la mer de Scarpanto. Le cap S. Sidero, ou Sunio, dans la même mer, s'étend davantage du côté de l'orient.* Coronelli, Ifolario, p. 221.

2. SETTIA, ville de l'ifle de Candie, & le chef-lieu de la province de même nom, fituée au feptentrion, fur le bord de la mer. Cette ville eft bien différente de ce qu'elle étoit autrefois, lorsqu'on l'appelloit Cytheum. Les ruines de fes murailles ne font plus que les veftiges de fa grandeur paflée. Son château, qui étoit affez confidérable, fut détruit par les Vénitiens en 1651, de forte que maintenant elle eft fans défenfe. Cette ville conferve encore le titre d'évêché : elle n'a pourtant point d'évêque, étant maintenant entre les mains des Turcs.

SETTIMIANO, ou S. SAUVEUR DE SETTIMO, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, en Italie, au diocèfe, & à trois milles de Florence. C'eft la principale de cet ordre dans toute la Toscane.

SETTLE, bourg d'Angleterre, dans la province d'Yorck. On y tient marché public.* Etat préfent de la Gr. Bret. t. 1. SETTON PULO, ifle de l'Océan Indien. Elle eft au bout nord-oueft de Banda, à environ cinq lieues. Cette ifle eft inhabitée, & perfonne même n'ofe y aller, parce que les infulaires croyent que le diable y habite.* Voyage de la compagnie des Indes orientales, t. 2.

SETUBAL, ville de Portugal, dans l'Estremadoure, au midi du Tage. Setubal, que quelques uns appellent mal-àpropos Saint-Ube, eft une ville nouvelle, bâtie des ruines d'une plus ancienne, nommée Cetobriga, qui étoit un peu plus avant, au couchant, où l'on adoroit Jupiter Ammon. On a trouvé dans fes mafures les reftes d'un vieux temple, & la tête d'un belier, qui étoit le fymbole de cette divinité. Setubal eft fitué à la tête du petit golfe que la marée forme à l'embouchure du Zadaon. Elle s'eft accrue par la commodité de fon port, par la fertilité de fon terroir, par la richeffe de fa pêche, & par la fécondité de fes falines. Il s'y fait une très-grande quantité de beau fel blanc, que les vaisfeaux marchands viennent charger pour porter dans les pays du nord : on y prend quantité de poillons, qu'on transporte en divers lieux du voilinage, & le commerce y eft florisfant; tellement que Setubal, depuis deux cents ans, eft devenue une ville confidérable. On a eu foin de la fermer de bonnes murailles, avec cinq baftions, deux demi-baftions du côté de terre, deux du côté de la mer, outre un petit fort nommé de Saint-Philippe, conftruit fur une éminence, à un quart de lieue de la ville. A l'entrée du port on a élevé un autre fort, nommé Saint-Jago de Outaon, de quatre bastions, avec une plate-forme, où l'on peut mettre du canon, & une tour garnie d'une nombreufe artillerie. Cette ville eft fituée au bout d'une plaine de deux lieues de longueur, extrêmement fertile en grains, en vin, & en fruits. Cette plaine eft bornée au nord, par un rang de montagnes chargées de belles forêts de pins, & de divers autres arbres. On y voit une espèce d'arbriffeau, qui porte la graine dont on fait la teinture d'écarlate. Au couchant de Setubal, la terre fait un promontoire avancé dans la mer, qui préfente deux cornes, l'une au nord du côté du Tage, & l'autre au midi du côté de l'Océan appellé par les anciens Promontorium Barbarium, & par les modernes cap de Espichel. Ce promontoire eft un rameau des montagnes dont je viens de parler, qui s'étendent en long jusques là. Les rochers de ces montagnes ne font presque autre chofe que des carrieres d'un fort beau jaspe blanc, verd, incarnat, & de diverfes autres couleurs dont on fait des colonnes, qui reçoivent une poliffure fi admirable qu'elles renvoyent les images comme des miroirs. Au couchant de Setubal eft Cezimbra, petite ville près du cap d'Espichel fur l'Océan, avec un château affez bien fortifié. Au nord-eft de Setubal, on voit Palmela fituée fur le penchant de la montagne, & accompagnée d'un château qui est bâti fur le roc. * Délices de Portugal,

P. 777.

On croit avec quelque fondement que c'eft la Salacia des Turdetains.

SETUCIS. La table de Peutinger marque un lieu de ce nom dans la Gaule Belgique.

SETUBIA, ou SETUVIA; Voyez SEGOVIA. SETUNDUM, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte. Pline, 1.6, c. 30, la nomme parmi les villes qui étoient fituées le long du Nil.

SETZ, ville de la baffe Hongrie, dans le comté de Baranywar, à la droite du Danube, fur la route de Bude à Petri-Varadin, entre Batha, ou Batafeck, & Mohatz. Edouard Brown, p. 53, dans fon voyage de Vienne à Lariffe, dit que Setz eft une très grande ville, dans laquelle il a remarqué les ruines d'un vieux château, & une paliffade en rond fur le haut d'une montagne.

SEXSONÆ, SEXSONIÆ,

Soiffons. Voyez SOISSON & AUGUSTA
SUESSIONUM.

SEU, défert d'Afrique, dans la Nigritie. Dapper Descr. de l'Afrique, p. 226, dit que ce défert eft borné au feptentrion par la partie du défert de Seth, où l'on trouve des mines d'or, à l'orient par Dauma, au midi par des montagnes inconnues, & à l'occident par le royaume de Borno.

SEVACES, peuples du Norique. Ils habitoient felon Ptolomée, l. 2, c. 4, dans la partie occidentale de la province, en commençant dès le feptentrion.

SEVATUM, nom que W. Lazius donne à la ville de Schwatz en Autriche ; mais il ne dit point dans quel auteur il a trouvé ce mot Sevatum, à moins que ce ne foit la ville Sebatum de l'itinéraire d'Antonin.

SEUDRE, (la) petite riviere de France, dans la Saintonge. Elle arrofe Saujon & Mornac, traverse les marais falans de Marennes, & fe jette dans la mer près de cette ville, & vis-à-vis la pointe méridionale de l'ifle d'Oleron. C'eft plutôt un bras de mer qu'une riviere, puisqu'eile n'eft navigable que par le fecours des marées. Toutefois elle eft extrêmement commode pour tous les lieux des environs; parce qu'elle donne entrée, quatre lieues avant dans les terres à des vaiffeaux de deux à trois cents tonneaux. Le cardinal de Richelieu, qui projettoit un grand établissement dans la Saintonge, avoit réfolu de faire conduire à fes dépens un canal de l'extrémité de la Seudre jusqu'à la Gironde, dans un espace, lequel auroit été de quatre lieues au plus. Il espéroit être bien-tôt remboursé de fes frais, par le grand ufage que l'on en auroit fait. Car l'expérience eft certaine, que les vaiffeaux qui fortent de Bordeaux, font obligés de perdre ordinairement beaucoup de tems à attendre les vents, foit à Royan foit à Verdon; ce qui n'arriveroit pas, fi la faculté de ce canal leur épargnoit la peine de doubler la pointe qui eft à l'embouchure de la Gironde. Mais de quelque utilité que ce canal puiffe être au commerce, l'idée s'en eft perdued puis la mort de ce grand miniftre.

SEUDREORUM. Ces peuples font feulement connus par une médaille de l'impératrice Fauftine, & fur laquelle on lit ce mot : Etude, Seudreorum. Goltzii, Thefaur.

1. SEVE, village de France, près de Paris, & fameux par le paffage de la riviere de Seine, qu'on y traverse fur un pont de bois de vingt & une arches, qui embraffe les deux bras de la riviere fur le chemin de Paris à Verfailles. Perrault, de l'académie royale des fciences, avoit projetté un pont de bois d'une feul arche de trente toifes de diamètre, qu'il propofa de faire conftruire. Le trait de l'arche est une portion de cercle ferme & folide. Il auroit été composé de dix-fept affemblages de pieces de bois, qui pofés en coupe l'un contre l'autre, fe doivent foutenir en l'air par la force de leur figure, plus aifément que n'auroient fait des pierres de taille, qui ont beaucoup de pefanteur. Cette ingénieuse invention auroit eu l'avantage de ne point incommoder la navigation. Ce pont n'auroit jamais été endommagé par les glaces & par les grandes eaux, & on auroit pu le rétablir fans que le paffage en eut été empêché. * Piganiol, Descr. de la France, t. 2, p. 659.

2. SEVE, riviere de France, dans la Normandie, au dio. cèle de Coutances. Elle naît auprès de Périers, paffe au pont de Séve, coule entre Nay & Blehou, reçoit enfuite les rivieres de S. George, & du Pleffis, passe à Baute, descend en

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tre Anvers & Appeville, & fe perd dans la riviere d'Aire, après un cours de quatre lieues.

3. SEVE, riviere de France. Voyez SAVE. 1. SEVENBERG ou SEVENBERGE, petite ville des PaysBas, dans la Hollande, à trois lieues de Breda, & à deux de Willemstad.

SEVEND, felon Petit de la Croix, Hift. de TimurBec, 1. 4, c. 52, riviere entre celle de Terk & celle de Coï, en Derbend. Elle fe décharge dans la mer Caspienne.

SEVENE. Voyez ZZEUENE.

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SEVENNES ou CEVENNES Cebenna, montagnes de France, au bas Languedoc, qui regnent dans les diocèfes d'Alais, d'Ufez, de Mende, & d'une partie du Vivarais ces montagues font de difficile accès, & cependant très-peuplées. Les peuples en font fort remuans : c'étoit la retraite des huguenots fous les regnes précédens : auffi la plûpart font-ils encore calviniftes dans le cœur. Ils fe font révoltés à diverfes fois; mais la plus confidérable a été fous le regne dernier vers 1703; ils ruinoient les églifes, & maffacroient indifféremment les eccléfiaftiques & les laïcs, hommes, femmes & enfans catholiques : il auroit été difficile de les réduire, fi l'on avoit eu la précaution, quelque tems auparavant, de traverfer leurs montagnes par un grand nombre de chemin royaux. Il n'a pas moins fallu que la valeur & la prudence du maréchal de Villars, pour en venir à bout. Céfar dans fes commentaires, appelle ces montagnes Mons Cebenna, & dit que cette montagne fépare les Helviens des Auvergnats; parce qu'en ce tems-là les peuples du Gevaudan & du Velay (qui font véritablement féparés du Vivarais par les Sevennes) étoient dans la dépendance des Auvergnats. Tous les auteurs Latins, comme le poëte Lucain, Mela, Pline & Aufone, appellent ces montagnes Cebenna ou Cebenna, en françois Cevennes; mais les Grecs, comme Strabon & Ptolomée l'écrivent avec la lettre M, Cemmeni; il n'y a entre les Latins que Feftus Avienus, qui au premier livre de fon traité des côtes maritimes, écrit ce mot avec la lettre M, en parlant du pays des Cevennes, qu'il nomme Regionem Cimmenicam, & qu'il dit être éloignée de la mer, & voifine du Rhône. Longuerue, Descr. de la France, part. premiere,

p. 263.

*

SEVENOKE, bourg d'Angleterre, dans la province de Kent. Il a droit de tenir marché public. * Etat préfent

de la Grande Bretagne, t. 1.

SEVENVOLDEN. On donne ce nom à la partie méridionale de la Frife. C'est un des trois quartiers qui compofent la feigneurie de Frife, & il a titre de comté. Ce nom Sevenvolden veut dire les fept forêts. Auffi n'y a-t-il

dans ce pays là que des bois & des marais qui le rendent d'un accès très-difficile. Les habitans y font un grand trafic de tourbes.

SEVERAC-L'EGLISE, bourg de France dans le Rouergue, élection de Milhaud, avec titre de comté. Ce bourg n'eft guères peuplé. Il y a dans la paroiffe une forêt nommée Vimac, contenant cent cinquante arpens : elle eft plantée de fapins.

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SEVERAC LE CHATEL petite ville de France, dans le Rouergue, élection de Milhaud, avec titre de duché.

SEVERAK, ville de la Turquie, en Afie, fur la route d'Alep à Tauris, par Diarbekir & Van. Elle est entre Arzlan-Chaye & Bogazi, felon Tavernier, Voyage de Perfe, l. 3, c. 3, qui la place fur une petite riviere qui fe jette dans l'Euphrate. Severak eft environnée d'une grande plaine au nord, au couchant & au midi; mais du côté du levant, dès qu'on eft à une lieue de la ville, la campagne n'eft qu'une roche fort dure, qui continue plus de quatre lieues. Le chemin où paffent les chevaux, les mulets & les chameaux, eft taillé dans la roche, comme un canal profond de deux pieds & large d'autant: on prend dans ce lieu-là demi piastre pour chaque charge de cheval.

SEVERESSE. Corneille dit: Torrent dangereux en France, dans le Dauphiné. Ce torrent, ajoute-t-il, roule fes eaux dans la vallée de Gaudemar, où le foleil n'entre jamais, & fe perd à Andrac, environ un quart de lieue au deffous d'Aspres, au pont dit de Severeffe. SEVERIA. Voyez SABARIA.

SEVERIA - OLIMPIA; on trouve dans le tréfor de Goltzius une médaille de l'empereur Sevére, avec ces

mots Epi Oxunia. Ortelius foupçonne que cette ville étoit en Afrique.

SEVERIACUM, lieu de la Gaule: Fortunat en parle dans la vie de S. Germain.

SEVERIANA. Voyez SEBERIANA.

SEVERIE, province de l'empire Ruffien, dans la Moscovic, avec titre de duché. Elle eft bornée au nord, partie par le grand duché de Smolensko, partie par celui de Moskov; à l'orient par la principauté de Vorotinsk, & par le pays des Colaques; au midi encore par ce même pays, & à l'occident par le duché de Czernigove. La Séve rie appartenoit anciennement à des princes defcendus du grand Démétrius; & Bafilide les en dépouilla. Sigismond III l'incorpora à la Pologne; mais elle a été depuis cédée à la Ruffie, comme faifant partie du palatinat de Smolensko. La partie méridionale de cette province eft occupée par une forêt, longue de vingt-quatre lieues d'Allemagne, & on voit auffi beaucoup de bois dans la partie feptentrionale. Les rivieres les plus remarquables font la Dubica ou riviere d'Ubiecz, la Dezna & la riviere de Nevin. Les principaux lieux de ce duché sont :

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fur le bord feptentrional du Danube. Elle est dans la partie

SEVERIN, ville des états du Turc, dans la Valachie

occidentale de cette province.

SEVERINI COEÑOBIUM, monastère que Paul Diabus, & le bord du Danube. Ortelius croit que ce monascre met aux confins des Oneriques: in Onericorum fini. tère retient fon ancien nom. Il ajoute que Leunclavius pelle Siferengen. Selon ce dernier, Siferingen eft à un grand nomme ce même monastère Zuerim, & que Lazius l'apmille de Vienne; & au lieu de lire Onericorum avec Paul Diacre, il lit Noricorum. * 1 Longobard. c. 12.

Virgile en parle au feptiéme livre de l'Enéide, vers 713.
SEVERUS-MONS, montagne d'Italie, dans la Sabine.

Qui Tetrica horrentes rupes, Montemque Severum,
Casperiamque colunt.

Severus, dit Feftus, eft le nom propre de cette montagne, qui, felon Leander, confetve encore cet ancien nom; car il veut qu'on la nomme Monte Severo.

SEVESTA, ville de Cilicie, felon Marco Paolo. Voyez AUGUSTA 5.

SEVIA, lieu de l'Arabie déferte, felon Ptolomée, 1.5, c. 19, qui le place aux confins de la Mésopota

mie.

SEVIGNAC, bourg de France, dans la Bretagne, au diocèfe de Saint-Malo, avec titre de marquifat, à neuf ou dix lieues de Rennes, & à huit de Saint-Brieu. Sa jurisdiction eft la même que celle du gros bourg de Boons, qui n'en eft éloigné que d'une lieue. Il y a eu autrefois à Sévignac un très fort château; mais il eft présentement tout ruiné. * Corn. Dict. Mémoires manuscrits.

SEVIGNY, bourg de France, dans la Champagne, élection de Rheims.

SEVILLA DEL ORO. Voyez MACAS.

1. SEVILLE, ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, capitale d'un royaume particulier du tems de Maures, à préfent archevêché. Elle eft une des premieres & des plus confidérables villes d'Espagne: fon nom moderne vient du mot phénicien, Siphele, plaine d'où l'on a formé celui de Spalis ou Hispalis: de ces deux derniers, on a fait Ibia ou Isbilia, d'où par corruption eft venu SEVILLE.

Cette ville eft dans une grande plaine, fur le fleuve Guadalquivir, qui baigne fes murailles. Elle eft fort grande, de figure ronde, ceinte de belles & de hautes murail les, flanquées de tours avec des barbacanes, & fermée de douze portes. Les rues y font étroites; mais les maisons y font belles, conftruites à la moresque, & mieux bâties

que celles de Grenade & de Cordoue. Elle a divers fauxbourg, dont le plus confidérable eft celui de Triana, qui eft à l'autre bord du fleuve. * Don Juan Alvarez de Colmenar, Délices d'Espagne & de Portugal, t. I, P. 418.

L'églife cathédrale, qui eft vers le milieu de la ville, eft la plus belle, & la plus régulièrement bâtie, qui foit dans toute l'Espagne. Sa voute eft extrêmement haute, foutenue de chaque côté par deux rangs de beaux piliers, longue de cent foixante-quinze pas, & large de quatre-vingts. Ses chapelles font bâties à l'antique; & derriere le maître-autel il y en a une grande, qui porte le nom de Nuestra Seignora de Los Reyes, notre-dame des rois, bâtie par le roi Ferdinand le Saint, qui y eft enfeveli, avec fon fils Alphonfe le Sage, & la reine Béatrix fa femme, à fes deux côtés, & fes deux enfans au deffous. Son tombeau eft couvert de fatin rouge, & chargé de trois colonnes. Au-deffus du milieu de la chapelle s'éleve une belle & grande lanterne de vitres toutes peintes, qui fert à l'éclairer, outre deux fenêtres, qui donnent du jour à

l'autel.

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Il y a deux facrifties, dont l'une, qui eft la plus grande eft ronde, & remplie d'un très-grand nombre de beaux & de riches ornemens, rangés par ordre dans des layettes. La muraille eft coupée en façon de niche jusqu'à la voute, qui eft chargée d'une lanterne de la même maniere que la chapelle. C'est dans ces niches que font les ornemens & les vafes facrés ; & à côté des niches s'élevent de grands piliers avec des enjolivemens travaillés en feuillages. On y montre diverfes reliques, comme une épine de la couronne de Notre-Seigneur, teinte d'une goûte de fon fang, une faire Véronique & plufieurs autres. Le ciboire, ou la cuftode, où l'on porte le faint facrement à la fête-Dieu, eft d'une groffeur extraordinaire d'argent mailif, du poids de dix-fept cents cinquante livres, tellement qu'il faut plus de vingt hommes pour la porter : & elle eft fi artiste ment travaillée, que la beauté de l'ouvrage difpute le prix à la matiere. Au fond de la facriftie il y a un beau tabernacle, & au milieu une fort belle fontaine à quatre tuyaux. Delà l'on palle par une petite galerie toute pavée de marbre, peinte & dorée, dans une grande fale carrée, ornée d'un lambris fort riche, & de quantité de ftatues avec des fiéges autour: c'étoit autrefois le lieu de l'affemblée du chapitre; mais aujourd'hui il s'affemble dans une autre fale, de figure ovale, pavée de marbre. On dit chaque jour trois cents meffe par obligation dans cette églife, & chaque meffe eft taxée à deux reaux.

Au dehors de l'églife regne tout à l'entour une espèce de grande galerie,où l'on monte par un beau perron de fept ou huit degrés, bordée au côté de la rue de grands piliers entrelacés d'une groffe chaîne de fer : c'eft une promenade fort agréable.

Vers le milieu de l'églife eft le clocher, qui eft d'une hauteur extraordinaire, bâti tout entier de briques, percé de grandes fenêtres, qui donnent du jour à la montée, com. pofée de trois tours l'une fur l'autre, avec des galeries & des balcons, & peint & doré par dehors. L'efcalier a la montée fi douce, & fi imperceptible, qu'on peut aller en mule, à cheval, & en chaife roulante jufqu'au plus haut; d'où l'on découvre toure la ville & la campagne : On y voit vingt-quatre groffes cloches, & cette infcription; TURRIS FORTISSIMA NOMEN DOMINI, Le nom du feigneur eft une forte tour. Le clocher finit en dôme, & on voit au-dellus une ftatue de bronze repréfentant la foi, qui tient un guidon à la main, dont le mouvement marque les changemens du vent. Lorsque Philippe III mourut on érigea dans cette églife, à fon honneur, un beau monument, dont le nom & l'invention eft venue d'Italie : on le nomine un Catafalco : c'eft un ouvrage de menuiferie, de forme carrée, où l'on fait l'office mortuaire pour l'ame de ce prince.

L'archevêque de Seville, dont le fiége ett fort ancien, a pris quelquefois le titre de primat d'Espagne. Ce prélat a fix-vingts mille ducats de revenu : la fabrique de l'églife en a trente mille, & quarante chanoines ont chacun trente mille reaux.

Outre l'églife cathédrale il y en a encore plufieurs autres, particuliérement en diverfes maifons religieufes; on y compte quatre-vingt-cinq bénéfices & trois mille cinq cens chapellenies. Le couvent de faint François eft le plus

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beau de tous, orné d'une très-belle place publique, qui eft au devant avec une agréable fontaine. Il eft partagé en trois parties, où demeurent cent foixante religieux, & cent quarante étrangers du même ordre. Le bâtiment eft fort grand, orné d'un portique, qui paffe pour être plus beau que celui de l'Escurial. L'Eglife eft bâtie à l'antique, & l'on y voit diverses chapelles, dont la plus rémarquable eft celle des Bifcayens. Le cloître eft foutenu de pilliers de marbre du côté du jardin, & embelli de bons tableaux. Le jardin eft orné de plufieurs figures; planté d'orangers & de myrtes, & arrolé par une grande fontaine, comme un grand refervoir carré. Quatre grands lions de bronze, placés aux quatre coins, jettent l'eau par la gueule, & au milieu l'on voit un enfant aflis fur quatre dauphins, qui jettent aufli de l'eau. Près de ce couvent des religieux de S. François eft l'églife de faint Bonaventure, laquelle eft à eux. Sa voute eft peinte, dorée & azurée, représentant le ciel. Cette églife n'est pas grande, mais elle eft jolie.

Le couvent de Nuestra Segnora de la Merced, notreDame de la merci, tient le fecond rang pour la beauté. Il appartient aux religieux de la merci. Leur maifon eft remarquable pour les peintures qu'on voit dans un portique repréfentant l'origine & les commencemens de leur ordre. L'églife eft belle, & on y a fur le grand autel une image de la fainte Vierge, couverte de trois rideaux, qui est une pièce à voir.

Le monastère des dominicains tient le troifiéme rang. Les religieufes ont dans cette ville des couvens, qui ne font guères moins beaux que ceux des religieux.

L'univerfité de Séville eft belle & illuftre par plufieurs favans qu'elle a produits; elle a été fondée en 1531, avec l'autorité du pape & du roi, par Rodrigue Fernandez de Santaella, natif de Carmona, & chanoine de Séville, favant homme, qui a beaucoup écrit. Il laiffa onze collégiatures, & quatre chapellenies; mais elle s'eft fort accrue depuis fa mort; & les rois lui ont accordé les mêmes priviléges qu'à celles de Salamanque, d'Alcala, & de Valladolid. Elle a toujours pour patron quelque grand feigneur. Le bâtiment, qu'on appelle El collegio major, n'eft pas loin du palais royal & des murailles de la ville. Outre ce collége, il y en a un autre, qu'on appelle de faint Thomas, appartenant aux freres prêcheurs, fondé au XV fiécle par Diego Doffa, archevêque de Seville, & precepteur de l'infant don Juan, fils des rois catholiques Ferdinand & Ifabelle. Ce collége fut bâti des reftes d'un palais, qui étoit à Marie de Padilla, maîtrelle du roi D. Pedro le Cruel : & l'on voit encore quelque chofe de l'ancien édifice : il eft la demeure de vingt collégiaux.

Les jéfuites enfeignent auffi dans leur maison. L'églife ou les écoliers entendent la meffe, eft de figure ovale ornée d'un grand nombre de tableaux, avec un petit petit balcon doré fait en galerie, qui regne tout à l'entour. On voit fur le portail des figures de ceux de la focieté, qui ont fouffert la mort pour le maintien de la Foi..

L'églife de faint Salvador fervoit autrefois de mosquée aux Maures; auffi eft-elle bâtie à la morefque ; faite en arcades foutenues par des piliers qui forment plufieurs portiques.

Au midi de la ville, près de l'églife cathédrale, eft le palais royal, appellé communément Alcaçar, qui passe, au jugement de quelques connoiffeurs; pour un ouvrage in comparable. Il eft bâti en partie à l'antique par les Maures, & en partie à la moderne, par le roi D. Pedro, furnommé le Cruel: l'antique eft plus beau que le moderne. Il a un mille d'étendue, flanqué de tours, bâties de groffes pierres taillées en carré, qu'on dit avoir été tirées des ruines d'un vieux temple d'Hercule, qui étoit dans la paroifle de faint Nicolas. Les Maures y ont laiffé beaucoup de monumens & d'infcriptions en leur langue, qu'on voit encore aujourd'hui fur le plâtre. On entre d'abord dans une cour, où regnent des portiques de toutes parts, avec une grande quantité de piliers qui foutiennent les corps de logis, dont la pierre eft ouvragée à jour. Les chambres font toutes dorées, & l'on y remarque une fale qui fert de chapelle, dont la frife eft composée des portraits des rois d'Espagne en petit. Les appartemens des étages d'en. haut font incruftés d'un marbre précieux & faits en voute. On montre là une chambre où D. Pedro fit maffacrer fes deux freres. Ce roi étoit, ce qui paroît incroyable, cruel

&

& jufte en même tems, & on en compte divers exemples, dont on fe contentera de rapporter le plus fingulier. Il aimoit à courir de nuit par les rues: une belle nuit il fut rencontré par un favetier, qui le frota vigoureusement; & ce roi brutal, au lieu de diffimuler, tua ce pauvre homme. La justice fit des perquifitions, pour découvrir les auteurs du meurtre. Une vieille femme découvrit le roi, l'ayant reconnu dans l'obfcurité, au bruit de fes jambes, dons les os craquetoient en marchant. Les magiftrats allerent là-deffus trouver le roi qui avoua le fait, & fit cou per la tête à fon effigie, pour les fatisfaire par une ombre de justice. On voit encore à Seville cette ftatue fans tête au coin de la rue, où le meutre fut commis.

Pour revenir au palais royal, on y voit par-tout l'aigle impériale, avec la devife de Charles-Quint: PLUS ULTRA, plus outre. A l'endroit où a été la partie du vieux palais, qu'on a démolie, font les jardins, partagés en divers parterres, entrecoupés de plufieurs allées carrelées, arrofés par quantité de fontaines diverfement ouvragées, bordés de paliffades d'orangers & de jafmins, plantés de bofquets d'arbres fertiles en fruits exquis, embellis de trois belles grottes, & accompagnés d'un fort bel étang qu'on trouve à l'entrée, dans lequel il y a d'ordinaire quelques cignes.

La bourfe où les marchands s'affemblent, bâtie derriere l'églife cathédrale, pour traiter des affaires de leur négoce, eft digne de la curiofité d'un voyageur. Autrefois les marchands, bourgeois & étrangers, s'aflembloient dans les galeries de l'églife cathédrale; mais comme le clergé crioit contre cet ufage, Philippe II leur accorda la permiflion l'an 1583, de lever un demi pour cent fur toutes les marchandifes qui venoient des pays étrangers, afin de bâtir une bourse. Don Juan Herreira, fameux architecte efpagnol, en donna le deffein, qui couta feul mille ducats ; & le lieu feul où elle eft en couta foixante cinq mille d'achat, & on a été plus de foixante ans à la bâtir.Elle eft faire en carré, d'ordre toscan, & compofée de quatre corps de logis: chaque façade a deux cents pieds de longueur: au devant de la bourfe on a fait une belle & grande place pavée fort proprement, & une promenade en façon de galerie fermée d'un rang de piliers, entrelacés de chaînes, qui regnent tout à l'entour.

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Il y a un beau faubourg à l'autre bord du Guadalquivir, nommé Triana. Pour y aller on palle ce fleuve fur un grand pont de bateaux, qu'on y entretient faute d'autre; parce qu'il feroit inutile d'en faire un de bois ou de pierre, à caufe du fable que la marée y apporte en quantité, & qui venant à s'amonceler, le ruineroit avec

le tems.

A l'entrée du fauxbourg eft la maison de l'inquifition qui eft un bâtiment antique. Il y a un cours où l'on va se promener : on voit à l'entrée une belle fontaine, avec deux hautes colomnes de pierres, chargées de deux ftatues, qui repréfentent Hercule & Jule-Céfar, dont le premier palle pour le fondateur, & le fecond pour le reftaurateur de Seville. C'eft à cette penfée que fait allusion un diltique latin, qu'on lit fur la porte de la Carne :

Condidit Alcides, renovavit Julius urbem,
Reftituit Chrifto Fernandus tertius heros.

Toute la ville va prendre le frais en été dans ce cours; il fe fait comme un jeu de maille double, partagé en deux allées de grands arbres fort beaux, avec de petits follés remplis d'eau. La porte de la carne dont je viens de parler, conduit à une grande boucherie, appellée El Matadero, qui par une fage politique a été mife hors de la ville, & où l'on égorge chaque jour foixante dix bœufs, fans compter le menu bétail. Avant que de les égorger on les fait combattre contre les dogues, afin que leur chair en foit plus rendre.

On voit encore dans le fauxbourg de Triana un couvent de chartreux, nommé Las Cuevas, fermé de murailles, où demeurent dix-fept religieux, qui font tous de qualité, & ont chacun plufieurs valets pour les fervir. Les pauvres étrangers reçoivent tous les jours dans cette maifon un poiffon aprêté, trois petits pains & une petite mefure de vin.

Les auguftins, dont la maison eft hors la ville, ont un cloître fait de la même maniere que ceux des cordeliers

des dominicains, & incrustés de carreaux peints, qu'on nomme Talaveras. Les ducs d'Arcos y ont des fépulcres de marbre, dans l'églife, fous le grand autel. On voit auffi hors de la ville un hôpital nommé de la Sangre, fondé par un duc d'Alcala, pour par un duc d'Alcala, pour de pauvres femmes. Rentrant dans la ville par le pont, on voit à l'entrée du port, qui eft grand & fpacieux, le long du bord du Guadalquivir, une grande place nommée l'Arenal où on décharge les marchandises, à l'un des côtés de la douane & à l'autre; ce qu'on appelle la maifon de l'or, où on met l'argent qui vient des Indes.

Toutes les marchandifes qui viennent par la mer, font déchargées à S. Lucar de Barrameda, fur des bâteaux d'une grandeur médiocre, pour les conduire à Seville le Guadalquivir ne pouvant porter de plus gros bâti

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La maifon de ville eft affez belle, ornée par dehors de quantité de ftatues, avec une très-grande place au-devant, au milieu de laquelle on voit une fontaine d'une beauté finguliere. C'eft un bâtiment antique, dont la falle où les confeillers s'affemblent, eft toute tendue de drap d'or, & la voute dorée, avec l'aigle impériale & la devife de Charles-Quint, qu'on voit par tout.

Près de cette maifon eft le palais de la juftice. On voit à un autre endroit une place où l'on tient marché, qui cft toute plantée de beaux orangers.

On compte cent vingt hôpitaux dans Seville, la plupart richement rentés, dont le plus confidérable eft près du cours. Il y a des chambres féparées pour les gentilshommes & pour les étudians de l'univerfité.

Il faudroit un volume entier pour décrire exactement Seville. Son antiquité eft le moindre endroit par où elle (e diftingue; on croit qu'elle a été bâtie par les Phéniciens : on l'eftime plus grande que Madrid, & on y voit plus de carolles que dans cette ville royale, quoiqu'elle ne foit pas tout à fait fi peuplée. On y comptoit il n'y a pas longtems vingt-quatre mille familles bourgeoifes, & trois mille dans le fauxbourg de Triana. La commodité de fa fituation fur le Guadalquivir, dans le voifinage de la mer, la rend une des plus riches villes de l'Espagne, auffi fournitelle feule au roi deux millions d'or par an. Lorsque la flotte d'argent eft arrivée des Indes, il y a plus de fix cents hommes occupés à la monnoie. Elle arrive d'ordinaire aux mois d'août & de feptembre, & repart au mois d'avril. D'autre côté le pays eft extrêmement fertile en vin, en bled, & généralement en tout ce que la terre produit pour les befoins & pour les délices de la vie. Mais l'huile est la chose que l'on y a le plus en abondance; hors de la ville, au bord occidental du fleuve, il y a un grand bois d'oliviers, qui a trente mille pas d'étendue.

Le Guadalquivir eft abondant en poiffon, & la marée, qui remonte deux lieues au-deffus de Seville, y en jette quantité de la mer, comme des alofes & des efturgeons. Tous ces avantages font dire aux Espagnols, Quien no ha vifto Sevilla, no ha visto maravilla: Qui n'a pas vu Seville n'a pas vu de merveille. Mais un des plus merveilleux ouvrages qu'on y voit eft un magnifique aqueduc, de fix lieues de long, que les Maures ont bâti, par le moyen duquel on fait venir l'eau de Carmona, & l'on y conduit toutes les fontaines de la campagne d'alentour, tellement qu'il en fournit abondamment à toute la ville. On appelle les canaux de cet aqueduc, los cannos de Carmona. Du tems des Romains on y voyoit une autre merveille, non pas de l'art, mais de la nature, dont on ne parle plus aujourd'hui. C'étoit un puits où l'eau s'élevoit au-deffus de la marée, & bailfoit quand elle montoit.

Tout ce pays étoit extrêmement peuplé du tems des Maures. Le roi Ferdinand le Saint, qui prit Seville fur eux l'an 1248, trouva dans fon gouvernement jusqu'à cent mille villes, bourgs ou villages, qui fe rendirent à lui. Encore aujourd'hui Seville a dans fa jurisdiction près de deux cents, foit petites villes, foit bourgs, fans compter les vil

lages. Le peuple de Séville eft affez honnête & civil; mais la populace y eft fort mutine, & fort libertine, comme elle l'eft dans toutes les grandes villes. Quelques voyageurs ont trouvé que les femmes y font fort galantes, & moins cruelles qu'à Madrid, paurvû qu'on ait de l'argent; mais cela n'eft pas particulier à Séville. Par tout pays,

La clef du coffre fort & des cœurs eft la même;
Si ce n'eft celle des cœurs,

C'est du moins celle des faveurs.

Le commerce des Indes & de l'Afrique fait qu'on fe fert à Séville d'esclaves, qui font marqués au nez ou à la joue. Ces miférables fe vendent & s'achettent à prix d'argent, comme des bêtes: on les fait travailler à ce qu'on veut: ils embraffent d'ordinaire la religion chrétienne, pour rendre leur condition moins dure; mais cela ne rend pas fouvent leur fort plus doux.

L'an 1565 on déterra un grand nombre de monumens anciens, & de fépulcres, dans un fauxbourg de Séville nommé el Tablado; l'un étoit un cercueil de plomb, de forme ovale, dans lequel fe trouvoit une phiole de verre, auffi de forme ovale, pleine d'os & de cendres, avec trois urnes lacrymales de verre ; ce qui apparemment avoit été la fépulture de quelque païen; auffi-bien qu'un autre tombeau, couvert d'une large pierre carrée, avec cette inscription barbare:

NOME VIXIT ANNO ET MENUS
VIII. DIEBUS XII.
H. S. E. S. T. T. L.
NOME FUIT NOMEN HÆSIT NASCENTI
CUSUCCIA.

UTRAQUE HOC TITULO NOMINA
SIGNIFICO.

VIXI PAROM, DULCISQUE FUI
DUM VIXI PARENTI.
HOC TITULO TEGEOR DEBITA
PERSOLVI.

QUIQUE LEGIS TITULUM SENTIS

QUAM VIXERINT PAROM HOC PETO NUNC DICAS, SIT TIBI TERRA LEVIS.

Il y avoit en ce lieu un grand nombre de fépulcres, pratiqués fous terre, & conftruits de briques, en façon de voute, comme une espéce de catacombe. On y trouva divers monumens de chrétiens, entre autres deux tombeaux de femmes, qui femblent avoir été des religieufes, construits chacun d'une grofle pierre de marbre, taillée en carré; l'un avec cette inscription:

PAULA EXCLSA FOEMINA FAMULA XPI.
VIXIT ANNOS XXIV. MENSES DUO.
RECESSIT IN PACE DIE XVI. Kal.
FEBRUARIAS ERA DLXXXV.

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Cela fignifie que la premiere étoit morte l'an de N. S. 586, & l'autre l'an 600.

A une lieue de Séville, on voit les ruines d'un vieux château, d'une étendue furprenante, bâti fur une colline, au bord de Guadalquivir: on l'appelle Saint-Juan del Forache.Les débris de cet édifice, & les inscriptions anciennes qu'on y a trouvées, font voir que ç'avoit été un ouvrage des Goths. Dans un autre endroit, & à la même diftance de Séville, on voit les mafures d'un théâtre & d'une ville ancienne, , que le vulgaire appelloit Sevilla la Vieja. Les favans croyent que c'est l'ancienne Italica, qui a donné la naiffance à l'empereur Adrien, &, felon quelques-uns, au poëte Silius Italicus. On y a déterré divers monumens aritiques, qui confirment cette penfée, & fur-tout une médaille de Tibére, avec cette légende : DIVI AUG. MUNIC. ITALIC. PERM. & du tems de Ferdinand le Saint, conquérant du royaume de Séville, le village, qui eft dans ce

lieu, retenoit encore quelques traces de fon ancien nom étant appellé Talca. Dans le lieu où fe voyent ces ruines, on trouve un beau cloître, dans l'églife duquel il y a un autel tout d'albâtre, qui n'a guères fon pareil dans l'Europe. Entre Séville, la vieille & la nouvelle, à demi-lieue de celle-ci, eft un couvent de l'ordre des hiéronymites, autour duquel on voit, au lieu de murailles, une belle enceinte d'allées, formée par des orangers & de cyprès. Dans l'églife, il y a un faint Laurent en fer & en bois, fi artistement travaillé, qu'on lui voit toutes les

veines.

Les longues disputes, que les métropolitains de Séville. ont eues touchant la préféance, font connoître que cere églife eft des plus anciennes & des plus illuftres de toute l'Espagne ; mais cela ne prouve pas qu'elle ait été fondée du tems des apôtres, comme le prétend Rodrigue Cano, dans fon traité des grandeffes de la ville de Séville, & que faint Pie, qu'il dit avoir été martyrifé l'an 64 de J. C. à Peniscola, où il fe trouya à la tenue d'un concile, ait été fon premier évêque. Il y a même des raifons très-fortes, qui font voir que cette tradition eft apocryphe; car s'il étoit vrai qu'il eut jetté les fondemens de cette métropole, les prélats qui l'ont poffedée n'auroient pas manqué de le mettre fur les rangs, pour disputer l'ancienneté à l'églife de Toléde, ce qu'ils n'ont jamais ofé. * Vayrac, Etat préf. de l'Espagne, t. 2, p. 348 & fuiv.

Ce qui ne laiffe aucun doute fur la dignité de cette églife, c'eft qu'elle prenoit dans le troifiéme fiécle le titre de Sainte Jerufalem, comme il paroît par le premier concile de Mérida, & par le premier de Séville, titre qui ne s'accordoit qu'aux églifes métropolitaines.

Les Maures ayant fait de Séville la capitale d'un des plus beaux royaumes d'Espagne, il n'y a pas lieu de douter que cette églife ne fe reffentit des cruels effets de l'horreur que ces infidéles faifoient paroître pour la religion chrétienne, & qu'elle ne fe vit enfévelie fous fes ruines, jusqu'à ce que faint Ferdinand la rétablit, après qu'il eut conquis Séville, & qu'il la décora du titre d'archevêché, par la permiflion qu'il en obtint du pape.

Quoi qu'il en foit, c'eft une des plus confidérables églifes d'Espagne, foit qu'on la regarde par rapport à son ancienneté, ou par rapport à fes richeffes.

Son chapitre eft compofé d'onze dignités, qui font : le doyen, l'archidiacre de Séville, le tréforier, le chantre, l'archidiacre de Carmona, l'archidiacre de Niella, l'écolâtre, l'archidiacre de Xérez, l'archidiacre d'Esija, le prieur, l'archidiacre de la Reyna, lesquels ont tous le droit de porter la mitre les jours des fêtes folemnelles; de quarante chanoines, de quarante prébendiers; de vingt femiprébendiers; de vingt chapelains, qui font à la nomination da chantre, avec approbation du chapitre, & vingt autres chapelains, qui font obligés d'affifter aux heures du chœur.

Ce chapitre eft un des plus célébres & des plus riches de la chrétienté, par les grands priviléges dont il jouit. Il nomme à onze cures, & établit un vifiteur pour en faire la vifite de deux ans en deux ans, lequel prescrit & ordonne ce qu'il juge néceffaire pour la discipline eccléfiaftique ; & lorsqu'il s'agit de quelque affaire grave, il en fait fon rapport au chapitre, pour en décider, fans l'intervention de l'archevêque.

Il nomme huit chapelains, qui font destinés à porter le dais, lorsqu'on porte le faint facrement aux malades. Il est administrateur, conjointement avec l'archevêque, du revenu de la fabrique de l'églife, qui monte à quarante mille ducats, & a inspection fur tous ceux qui en font la régie. Il nomme cinq chapelains, qui font préposés pour faire obferver le filence dans l'églife pendant l'office divin, & deux portes verges, qui fervent par femaine.

Le même chapitre eft patron du couvent de l'Incarnation, & nomme un chanoine pour en faire la vifite, dont la commiffion dure quatre ans. Il l'eft encore de l'hôpital du cardinal Jean Cervantes, & nomme un vifiteur, qui fait la fonction de fa charge conjointement avec les pricurs de fainte Marie de las Cuevas, de l'ordre des chartreux, du couvent de l'ordre de faint Jérôme. Il préfide dans le bureau du collège de Boulogne, & nomme à trois places collégiales. Il eft patron de l'hôpital de fainte Marthe.

&

L'archevêque établit l'alcayde, ou concierge de la tour de l'églife métropolitaine, lequel a foin de la porte, & y a

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