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loient des portes ou des gueules d'Enfer: Oftia Ditis, Orci janua, Inferni janua Regis, dit Virgile. Il femble que l'on peut auffi dire la même chofe de l'autre lac qui eft proche de là, qui eft un des Achérons : & c'eft apparemment ce qui fait que Lucrece appelle ces fortes d'étangs, Averna Loca. Silius confond notre Averne avec le Styx & le Cocyte, & les autres fleuves d'Enfer ; ce qui peut faire croire que ces noms font devenus communs à plufieurs lacs, ou riviéres à peu près femblables.

Les ruines qui paroillent en divers endroits fur la pente des côteaux autour de l'Averne, font une marque que ce lieu-la fut beaucoup cultivé, depuis qu'on eut abbatu les bois de haute futaye qui l'environnoient. Il eft cependant incertain fi les malures qui font à l'extrémité du lac, font d'un temple de Mercure ou de Neptune; mais les Antiquaires conviennent que ce n'eft pas d'un temple d'Apollon,comme le peuple dit communément.

Il eit bon de remarquer que quand on approche de l'Averne, on eft frappé de quelqu odeur défagréable; mais il n'eit pas fûr que cela provienne du lac. Les eaux en font allez vives & alfez claires, quoiqu'elles tirent un peu fur le bleu obfcur. Elles ont au goût quelque peu d'âpreté, qui tient du minéral; cependant le lac eft affez poiffonneux.

Le peuple croit que JESUS-CHRIST, revenant des Limbes, accompagné des Saints Peres, palla par une montagne fituée proche de ce lac, appellée pour cet effet Monte di Chrifto.

Quelques uns veulent auffi que les bains de Sainte Croix ayent été ainfi nommés, parce que les inftruments de la Pallion y apparurent. En tournant à main gauche, quarante ou cinquante pas de ce lac, on trouve la grotte de la Sibylle de Cames. Voyez au mot GROTTE.

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AVERNES, (LES) petit canton de France, dans la prévôté & vicomté de Paris, entre Genefte & Mitry. C'eft une campagne d'environ trois licues, au couchant de Mitry, & à l'orient de Genefte. Elle est très - fertile en froment.

AVERSE, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la province de Labour, dans une très-belle plaine, à moitié chemin, entre Capouë, au feptentrion, & Naples, au midi, avec un évêché fuffragant de l'archevêché de Naples, mais exempt de fa jurisdiction. Elle a été bâue par les rois Normands. Baudrand, qui l'a vue, dit quelle est a fez petite & étendue feulement en long. Long. 31, yo laut. 41.

AVES, (Lifled) ou l'ISLE DES OISEAUX; il y en a plufieurs de ce nom qu'il faut diftinguer.

1. AVES, (l'iflè ď) ifle de l'Amérique feptentrionale, vers le 11 d. 45 m. de latitude nord, felon Dampier, Voyages, t. 1, p. 66, à environ huit ou neuf lieues de l'ifle de Bon-air; à environ quatorze ou dix-huit du continent. Les tables Hollandoifes lui donnent 11 d. 44 m. de latitude, & 309 d. 48 m. de longitude, à compter du premier méridien des Hollandois; ce qui ne s'écarte gueres de celle de De l'ifle, qui, du méridien ordinaire, la met par les 311 d. 45 m. ou environ. Elle eft petite & n'a pas plus de quatre milles de long & demimille de large, du côté de l'orient. Du côté du feptentrion la terre eft baffe, & fouvent inondée quand la mer monte; mais du côté du midi il y a un gros banc de Corail que la mer y a jerté. Du côté de l'occident elle a près d'an mille de large. Le pays eft uni & fans arbres; les armateurs, qui vont fouvent dans cette ifle, y ont creufé deux ou trois puits. Ce qui fait que les aventuriers fréquentent cette ifle, c'eft qu'il y a au milieu, du côté du nord, an bon havre, où ils peuvent commodément carener les vailfeaux. Cette ifle tire fon nom de la quantité des oifeaux qu'il y a, & fur- tout d'une espéce qu'on nomine hommes de guerre, & des bouties. La boubie eft un oiseau aquatique, un peu moins gros qu'une poule, & d'un gris clair. L'auteur cité a remarqué que les boubies de cette ifle font plus blanches que les autres. Cet oifeau a le bec fort, plus long & plus gros que celui des corneilles & plus large par le bout; fes pieds font plats comme ceux des canards. C'eft un oifeau fort fimple & qui ne s'ôte qu'à peine du chemin des gens. Ailleurs il fait fon nid à terre; mais là fur les arbres. L'auteur regarde cela comme particulier à cette ifle. Leur chair eft noire & a le goût de poiffon; les aventuriers en mangent fouvent. L'homme de guerre et gros environ

comme un milan, & à peu près de la même figure, mais il eft noir, & a le cou rouge. Il vit de poitfon: cependant il ne defcend jamais fur l'eau, mais le tient dans l'air comme le milan; & quand il voit la proye il s'élance la tête la premiere, Temporte fort légerement avec le bec, & s'en retourne incontinent dans les airs, ne touchant jamais l'eau que du bec. Ses aîles font fort longues, & les pieds faits comme ceux des autres animaux terreftres. Il fait fon nid fur les arbres quand il en trouve; mais faute d'arbres il le fait par terre.

Un banc de rochers regne de l'orient au feptentrion & forme une espèce de demi-lune; ce banc brife la mer, & on marche commodément jusqu au feptentrion fur un terrein égal & fabloneux. Il y a dans l'enceinte de ce rocher deux ou trois petites ifles fabloneuses, à environ trois miles de la principale ifle. Le comte d'Etrées y pers dit la flotte de France qu'il commandoit, & qui y fir naufrage en 1678. Comme il venoit de l'eft, fon vaiffeau donna contre ce rocher, & tira deux coups de canon pour avertir le refte de fa flote. Mais comme les autres vailleaux crurent que leur amiral étoit aux mains avec les ennemis, ils hillerent leurs huniers, mirent autant de voiles qu'ils purent, & vinrent à toutes voiles échouer après lui à demi-mille les uns des autres. Le fanal que le comte avoit fait mettre au grand mât, fut le malheureux fignal qui les obligea de le fuivre. De toute cette flotte il ne fe fauva qu'un feul vaiffeau du roi & un pirate. L'ifle dont il eft ici queftion eft entre les illes de la Marguerite & de Curaçao, fur la côte de Venezuela.

Je crois que de la Martiniere fe trompe, quand il dit que c'eft-là que le comte d'Etrées perdit en 1678 la flotte du roi, qu'il commandoit. Le général n'alla point de Tabago à Curaçao, puisque de Pouancey, gouverneut de Saint Domingue, à qui il avoit donné ordre de le venir joindre pour l'accompagner à Curaçao, le rencontra à faint Chriftophe, d'où la flotte prit la route de Curaçao: or fur cette route on trouve des ifles d'Aves qui font toutes environnées de brifans & de rochers; & c'eft fur ces écueils c'eft fur ces écueils que la flotte fe brifa.* Hiftoire de S. Domingue, 1. 8.

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2. AVES, (l'ifle d') ifle fituée au nord de la précédente, au midi de l'ile de Porto Ricco, & à l'occident de la Dominique. Le P. Labat lui donne 15 d. 30 m. de latitude, en quoi il s'accorde avec les tables Hollandoifes, qui marquent la même latitude; mais elles la font plus orientale de 3 d. 47 m. que l'autre. Ce Pere dit que la petite ifle d'Aves, car c'eft ainsi qu'on ladiftingue de l'autre, eft cinquante lieues fous le vent de la Dominique eft & ouest de la grande Savane. Elle n'a pas plus de deux lieues en tout, ou tout au plus trois lieues de tour. Elle a à l'oueft & au nord oueft deux iflets qui en font éloignés de cinq à fix cens pas, qui ne paroiffent que comme des rochers ftériles, couverts & tous blancs des ordures des oifeaux qui s'y retirent. A la vue ils peuvent avoir un quart de lieue de tour. Ils font joints à l'ifle par de hauts fonds, parfemés de brifans, qui fe découvrent de baffe mer, qui font remplis de coquillages & de gengembre; c'est-à-dire, de petits morceaux de chaux arrachés du fond de la mer, & dont la fuperficie eft devenue unie à force d'être roulés par les lames fur les ro ches du bord de la mer. Quoique cette ifle, qui eft beau coup plus longue que large, ne paroiffe de loin, que comme un banc de fable, presque de niveau avec la furface de l'eau, elle paroit tout autre chofe lorsqu'on eft deffus. Le P. Labat affure, fans pourtant l'avoir mefurée, que fon milieu eft plus de huit toifes au - deffus du bord de la mer. Il y a des récifs à l'eft & au nordeft, qui avancent confidérablement dans la mer; le refte lui a paru affez fain. Le vaiffeau étoit au fud-ouest, à demi- portée de piftolet de terre, fur trois braffes & demie de fond de fable blanc.

Le terrein de cetre ifle eft fablonneux presque par tout, fon milieu eft mêlé de pietres, & d'une terre grife que les ordures des oifeaux engraiffent continuellement. Ils étoient peu farouches, mais ils le deviennent à force d'être pourfuivis. Il eft inutile de chercher fur ce rocher des ruiffeaux ou des fontaines, ou des mares pour con ferver des eaux de pluye, tout cela y manque abfolu ment, quoiqu'en échange il y ait plufieurs mares & petits étangs d'eau falée ou plus que demi-falée, qui fervent de retraite à une infinité de gibier de mer. Voici une mas

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niere pour trouver de l'eau douce dans ces fortes d'ifles. L'utilité en eft trop grande pour ne la pas inférer ici: Faites avec la main, ou avec une pelle, un trou dans le fable cinq ou fix pieds au-deffus de l'endroit où vous préfumez que les plus grofles lames ne couvrent pas le terrein. Vous n'aurez pas creufé huit ou dix pouces, que vous trouverez l'eau. Prenez cette nouvelle eau en diligence, vous la trouverez parfaitement douce, & fi vous vous donnez la patience de la laiffer repofer dans un vafe, pour donner le loifir au fable qui y étoit mêlé de tomber au fond, vous aurez de parfaitement belle & bonne eau; mais il ne faut pas s'attendre que ce petit puits en fourniffe long-temps. En moins d'un quart d'heure, vous y voyez l'eau croître à vue d'œil, & devenir falée en même-temps. Cet inconvénient, qu'on ne peut éviter, eft compenfé par la facilité & le peu de dépenfe qu'il y a à faire ces puits: on en eft quitte pour boucher celui dont on s'eft fervi, & en faire un autre chaque fois qu'on en a befoin. Si Serrano avoit fu ce fecret, il n'auroit pas eu tant de peine à fubfifter dans fon rocher, & il n'auroit pas été obligé de boire du sang de tortue pour fe défaltérer.

Il ne faut pas s'imaginer que l'ifle d'Aves ne foit qu'un. rocher pelé, & entiérement couvert de fable. Il y a des arbriffeaux en grande quantité, & même des Goyaviers, des Corofloliers & des Cachimans, petits à la vérité, & mal faits, parce qu'ils ne trouvent pas beaucoup de fonds & de nourriture. L'auteur qui fournit cet article avertit, que fi dans la fuite on y trouve des orangers & des citroniers, c'eft à lui que le public en aura l'obligation, parce qu'il a femé quantité de graines de ces deux fruits dans beaucoup d'endroits, qui pourront être d'un grand foulagement à ceux que la providence y con

duirk.

3. AVES, (l'ifle d') ifle de l'Amérique feptentrionale, fur la côte orientale de Terre - neuve, entre la Baye blanche, & la Baye de Frelay. Les tables Hollandoifes lui donnent so d.'s m. de latitude. Les cartes Françoifes la nomment l'Ile aux oifeaux. Les cartes dreffées fur les mémoires des Anglois, changent les noms donnés par les François, aux caps & havres de Terre-neuve, & dans celle de cette ifle par H. mol; au lieu de cette ifle, aut lieu de celle des Oifeaux, qui n'y paroit point, on voit quantité d'écueils fans nom qui bordent la côte.

Ce fut Jacques Cartier qui découvrit le premier cette ifle, & qui lui donna le nom qu'elle porte. Il y a encore deux Ifles des oifeaux, fort proches l'une de l'autre, au milieu du golfe faint Laurent. Ce font deux rochers qu'on approche à la petite portée du canon, dont le plus grand ne paroit pas avoir trois cents pas de circuit, & entre lesquels une chaloupe auroit peine à paffer; ils ne s'élevent guéres que cinquante ou foixante pas au-deffus de l'eau, & il eft difficile de dire de quelle couleur ils font, parce que la fiente des oifeaux, qui y font par milliers, en couvre abfolument la furface & les bords. On voit feulement, fur les côtés qui font à Pic, quelques veines d'un rouge pâle. Hiftoire de la nouvelle France, du P. Charlevoix, 1. 3.

par

*

4. AVES, (l'isle d') ifle d'Afie, dans la mer du Sud, à l'orient du Japon. Les cartes Hollandoifes lui donnent 32. d. 5 m. de latitude nord, & 16 d. 25 m. de longitude. 5. AVES. Corneille nomme ainfi la riviere nommée les Portugais RIO D'AVE. Voyez Ave. AVESA, (1) petite riviére de l'Etat de l'Eglife, dans la Romagne; elle a fa fource près de faint Martin, traverfe une partie de la Romagne, & fe jette dans le golfe de Venife, près de Rimini. Les anciens l'ont connue fous le nom d'Aprufa. * Baudrand, éd. 1705.

AVESICA. Voyez ANESICA.

AVESNES, en latin Avefna, ou Avena, felon Guil laume le Breton, ville de France, au comté de Hainaut, dans les Pays-bas François, fur la riviére de Hespre, d'environ fept cents feux, & de 2550 habitans. Elle fut cédée à la France par le traité de paix des Pyrenées en 1659. On entre dans cette ville par trois différentes portes. Les dedans font fort mal bâtis, les rues mal percées & mal distribuées. Les places font petites & fort irrégulieres ; il n'y a que trois églifes, qui n'ont rien de fort remarquable pour leur ftructure. Toute petite qu'eft cette place, elle ne laiffe point d'avoir beaucoup d'ouvrages. L'enceinte eft fort irréguliére & compofée de fix

baftions. Elle a été bien réparée par le maréchal de Vauban, qui y a fait de grands travaux, comme plufieurs grandes demi - lunes, dont quelques-unes font doubles. Il a encore conftruit une grande contre-garde, mais fur-tout une grande éclufe à l'entrée de la riviére couverte d'une grande demi-lune de fa façon. Tous ces ouvrages font entourés d'un foffé, dont la partie par laquelle coule la riviere, eft fort large, le refte du follé eft plus petit, & étant fitué fur la montagne, il eft fec à fordinaire. Le tout eft accompagné d'un chemin couverr & de fon glacis. On doit remarquer que dans les baftions de la place on a confervé de vieux cavaliers de terre, tels que les pratiquoit le chevalier de Ville, qui a fait l'enceinte de cette place. La fortie de la riviere de Hespre eft défendue par une petite redoute de maçonnerie d'une figure carrée. Deux autres redoutes de même, mais pentagonales, défendent l'entrée de la même riviere. Elles font couvertes d'un avant-foffé, accompagné de fon chemin couvert, & de fon glacis. Avesnes eft aujourd'hui une place frontiére de France, depuis qu'on a démantelé la Capelle. * Piganiol de la Force, Descr de France, t. 6, p. 214.

Le bailliage de cette ville fut établi pat édit du roi en 1661; il eft compofé d'un bailli d'honneur, d'un lieutenant-civil & criminel, d'un lieutenant-particulier, de quatre confeillers, d'un procureur du roi, d'un avocat du roi, & d'un greffier. Il y a dans Avesnes un chapitre compofé de douze chanoines, y compris le prevôt & le doyen. Les canonicats valent environ 3oo livres, & font à la nomination du roi. Le prevôt feul eft nommé par le chapitre. Piganiol de la Force, Descrip. de la France, t. 4, p. 160 & 178.

*

AVESNES LE AUBERT, village, dans le Cambrefis, à deux lieues & demie de Cambrai. * Didl. géogr. des Pays bas.

ÁVESNES, ou AVESNES LE COMTE, gros bourg de France, en Artois, à trois lieues & demie d'Arras, & autant de faint Pol. Ce bourg a donné le nom au bailliage d'Avesnes, dont il est le chef-lieu. * Mémoires communiqués. Long. 11, 33. lat. 50, 10.

BAILLIAGE D'AVESNES, l'une des douze contrées de l'Artois. Ortélius & Mercator le mettent au nombre des neuf anciens bailliages ou châtellenies de l'Artois. Voyez

ARTOIS.

AVESNES, abbaye de France, en Artois, proche de Bapaume. * Dict. géogr. des Pays-bas. AVESNES-LES-SECQUES, village des Pays-Bas, en Hainault, à une lieue de Bouchain.

AVEURDRE, ville de France, au Bourbonnois, près de l'Allier, & aux confins du Nivernois. * Baudrand, éd. 1705.

AVEY. Baudrand, après avoir parlé de cette riviére, fous le nom d'Aveiron, en fait un double article fous celui d'Avey, comme fi c'étoient deux rivieres différentes. C'eft pourtant la même, dont le vrai nom eft AVEYROU, ou AVEIROU. Corneille écrit Aveyron.

AVEZ-ARRAS, riviere de France, en Gascogne. Corneille a trouvé dans un Atlas, qu'il ne nomme point, qu'elle arrofe l'archiprêtré d'Aire, dans le diocèse de ce nom, & fe rend dans l'Adour.

AVEZZANO, village d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze ultérieure, près du lac de Celano. Baudrand dit que c'eft l'ALPHABUCELIS des anciens Marfes. Il eft vrai que l'on trouve le nom d'Alphabucelis dans Ptolomée, 1.3, c. i, qui la donne aux Marfes. Mais il eft vifible que cet auteur, ou fes copistes, ont corrompu ce mot, qui doit être Alba Fucentis. Albi, autre village un peu plus éloigné du lac, s'accorde mieux pour la fituation, avec cette ancienne ville, que celui d'Avezzano.

AUFEIA. Voyez l'article FUCINUS LACUS.

AUFEN, riviere de France, dans la baffe Bretagne, au diocèfe de Quimper, où elle prend fa fource vers la partie feptentrionale; fur les confins du diocèfe de Treguier, d'où, courant vers le fud-oueft, elle paffe à Karkais, où elle change fon cours vers l'oueft, paffe à Landeleau, arrofe Château-neuf, Châteaulin, & va fe perdre dans la baye de Breft, près de l'abbaye de Landevenec. Baudrand, Robert, 1751.

AUFENTE, riviere d'Italie, dans l'état de l'Eglife, & dans la campagne de Rome, Elle a fa fource auprès

de

Sezze, & tombe dans la mer, près de Terracine. On l'ap pelle auffi, & même plus communément PORTATORE, felon Baudrand, éd. 1705. Magin nomme BAUDINO ou AUFENTE, la riviére, dont la fource eft entre Piperno & Rocca Secca, & dont les eaux mêlées avec F. de Stretto, coulent à Terracine. C'eft l'UFENS des anciens.

AUFFAY, bourg de France, en Normandie, dans le pays de Caux, en Latin Altifagus. Il eft fitué fur la Scie, au deffus de Longueville, au-deffous des baronnies de S. Victor & de la Pierre, às lieues de Dieppe, & à7 de Rouen. Ce bourg eit affez confidérable, au milieu d'une plaine fertile en grains. Sa paroiffe, autrefois gouvernée par des Bénédictins, porte le titre de Notre-Dame. A l'entrée du bourg eft une chapelle, qu'on appelle de faint Claude. Il y en a une autre plus grande fous l'invocation de la Sainte Trinité, au hameau nommé Bois-mêlé près de la belle maison de ce même nom, accompagné d'un très-beau plan de hêtres, & de grandes avenues d'arbres. On tient marché à Auffay tous les jeudis, vendredis & famedis ; & fon principal commerce confifte en cuirs, en tannerie & en grains. On y fait aufli blanchir des toiles fur les prés.* Mem. dreffés fur les lieux en 1702. AUFFBOURG, village de Suiffe, dans le Turgow quoiqu'il foit fi proche de la ville de Stein, qu'il en eft comme le fauxbourg. On y voit de vieilles murailles ou mazures, reste de l'ancienne fortereffe des Romains. On trouve dans l'églife d'anciennes inscriptions romaines, mais fi effacées qu'on ne peut presque plus les lire. On déterre fouvent des médailles romaines dans le pays d'alentour. Délices de la Suiffe, t. 1, p. 86.

1.

3, c. I,

*

AUFIDENA, ancienne ville d'Italie, au pays des Samnites, fur les confins des Pelignes, entre Sulmone, & la colonie d'Æfernia, au pied de l'Apennin. Ptolomée, dit qu'elle étoit au pays des Caracens, peuple d'entre les Samnites; & Tite-Live, l. 10, c. 12, dit qu'elle fut prise par Cn. Fulvius. Antonin Itiner. la met à vingt-quatre mille pas de Sulmone, & à vingt-huit mille pas d'Efernia. Pline, l. 3, c. 12, en nomme les habitans AUFIDENATES. C'eft préfentement ALFIDENA fur le Sangro.

AUFIDI PONS, pont fur lequel on paffoit l'Ofante, en allant de Bénévent à Otrante ou à Tarente. Je ne le remarquerois pas fi ce n'est que quelques exemplaires d'Antonin, portant Pentafidus, on y a méconnu les mots de Pons & d'Audifidus. Ortélius ne s'y est pas trompé. L'exemplaire du Vatican a Ponte Aufidi, dans l'une de ces deux routes, & Pentaufidio dans l'autre; il faut Ponte Aufidii dans tous les deux.

AUFIDUS, ancien nom de l'OFANTE, riviére d'Italie. Voyez au noin moderne.

AUFINA ou AUFINUM, ancienne ville d'Italie. Pline, qui en nomme les habitants AUFINATES, les compte entre les Veftins. Il leur donne le furnom de Cismontani, en-deçà des montagnes ; ce qu'il faut moins entendre par rapport à Rome & au Latium, que parce que les plus hautes cimes de l'Apennin, qui fuffent chez les Veltins, étoient au-delà d'Aufina. Cette ville a été épispale, & le pape Simplicius, dans fa feconde lettre, donne des louanges à Gaudence, fon évêque ( Aufinienfis Ecclefia) comme l'obferve le P. Hardouin. C'eft préfentement un village nommé OFENA, entre Aquila, Monte Maielle, Pianella & Citta di Penne. Elle eft de l'Abruzze citérieure. Corneille cite à faux Pline, comme s'il eût dit que les Aufinates étoient d'entre les Samnites. Pline dit au-contraire qu'ils étoient d'entre les Veftins, peuple féparé des Samnites par l'Apennin. Corneille ajoute que leur capitale nommée Aufidena étoit dans la quatrième région d'Italie, felon Ptolomée. Cette citation eft auffi fauffe que la premiere. Pline diftingue l'Italie par régions; mais cette diftinction eft inconnue à Prolomée. Il parle d'Aufidena, qui répond aux Aufidenates de Pline, mais qui n'a rien de commun avec les Aufinates de ce dernier, qui les diftingue très - exactement. La ville & le peuple des Aufinates ne paroiffent pas avoir été connus de Prolomée, qui n'en fait aucune

mention.

AUFNAY, petite ifle de Suiffe, dans le lac de Zurich, un peu au-deffous de Rapersweill. Elle appartient au monaftere d'Einfidlen, auquel l'empereur Otton I. en fit préfent l'an 965. Toute petite qu'elle eft, elle a deux églifes, dans l'une desquelles on voit le tombeau de

faint Adalric fils de Herman, duc de Suabe & de Regulinda; il fut moine à Einfidlen, & mourut l'an 973. * Délices de la Suiffe, t. I, p. 103.

AUFONA, nom latin de la Nyne, riviere de la Grande Bretagne, en Angleterre. Voyez NYN ou NEN.

AUFUSTIANÆ: c'eft ainfi qu'on lit dans l'Itinéraire d'Antonin, le nom d'une ville fur la route de Salone à Dyrrachium. Il la met à xxv m. p. de Narona. Surita, p. 493, doute s'il ne vaut pas mieux lire ad Fauftanias ou ad Fauftinianas. Baudrand, ne voulant pas citer Surita pour cette correction, à l'exemple d'Ortelius, dit que d'autres qu'Antonin nomment ce lieu ad Fuftinianas, & renvoie à ce mot; mais n'en dit rien, ni au mot Ad, ni à celui de Fuftiniana.

AUGA, nom latin d'Eu, ville de France, en Normandie, aux limites de la Picardie.

AUGÆA, ancienne ville de Macédoine, dans la Chalcidique, felon Ptolomée, . 3, C. 13.

AUGALA, ville d'Afrique, dans la Mauritanie Céfarienfe, felon le même, l. 4, c. 2. Elle étoit dans les terres, à quelque distance de la mer. Voyez AUGELA, 2.

AUGALI, peuple d'Afie, dans la Sogdiane, felon le même, l. 6, c. 12. Ils étoient entre les Tachores & les montagnes.

AUGANS, peuple d'Afie dans l'Indouftan, entre Cabul & Candahar, vers les montagnes de Balch. De l'Ife qui les nomme AGUANES ou Augans, les met au midi de la ville de Cabul, & au nord du pays de Hajacan, dans fa carte des Indes. Tavernier, Voyage des Indes, l. 1, c. 6, p. 63, écrit d'eux qu'ils font gens forts & grands voleurs de nuit. C'eft, dit-il, la coutume des Indiens de fe nettoyer & racler la langue tous les matins avec un petit morceau courbe d'une certaine racine, ce qui leur fait jetter quantité d'ordures, les excite à vomir. Quoique ceux qui habitent ces terres frontiéres de Perfe & des Indes pratiquent la même chose, ils ne vomiffent que peu le matin; mais en revanche, quand ils prennent leurs repas, dès qu'ils ont mangé deux ou trois morceaux, le cœur leur fouléve, & ils font contraints d'aller vomir, après quoi ils reviennent manger avec appétit. Ce voyageur ajoute que s'ils ne faifoient cela, ils ne vivroient pas jufqu'à l'âge de trente ans, & qu'ils deviendroient comme hydropiques.

AUGARA, ville d'Afie, dans l'Arie, felon Ptol. l. 6, c. 17. AUGARARS, peuple de l'Amérique méridionale au Bréfil, vers la capitainie de Porto Seguro, assez avant dans les terres. * Baudrand, éd. 1705.

AUGASII, peuples d'entre les Maffagetes, felon Etienne le géographe. Voyez ATTASII.

1. AUGE, Ethicus, dans fa Cofmographie, met au fond du golfe Perfique, à l'embouchure du Tigre, une ville nommée AUGE. Si cet auteur méritoit un peu plus de crédit, il y auroit lieu de croire que c'eft préfentement Balfora.

2. AUGE, en latin Algia, petit pays de France, en Normandie, dans le diocèfe de Lifieux, avec titre de Vicomté.Il eft fitué des deux côtés de la Touque, au-deffous de Lifieux, entre la Dive & le Lieuvin, & la mer à la vue du Havre de Grace, & comprend les villes de Honfleur de Pont-l'Evêque, & le marquifat de Beuvron, la baronnie de Roncheville fur la Touque; les prieurés clauftraux des chanoines réguliers de Saint Auguftin, fous le titre de Sainte Barbe en Auge, & celui des Bénédictins de Beaumont; les petits ports de mer de Saint Sauveur sur Dive, & des Touques, & celui de Honfleur; un bon nombre de bourgs & quantité de villages. Le bailliage, la vicomté & l'élection du pays d'Auge, ont leurs fiéges à Pont-l'Evêque, dont l'élection comprend cent trentehuit paroiffes. Le gouverneur d'Honfleur l'est auffi du Pont-l'Evêque & du pays d'Auge, qui contient dans fon étendue un grand nombre des feigneuries particuliéres. Ce pays produit des grains & une quantité extraordinaire de pommes, dont on fait de très-bon cidre; la forêt de Touque fournit des bois pour bâtir & pour brûler; & vers l'embouchure de la riviere de ce nom, dans la mer

il

y a des falines où l'on fait de beau fel blanc. Il y a auffi des pâturages très-gras, où l'on nourrit quantité de bœufs & autres beftiaux que l'on conduit à Paris & dans plufieurs provinces du royaume : on les nomme bœufs du pays d'Auge, pour en distinguer la bonté. * Corn. Dict. Mémoires dreffés fur les lieux en 1702.

Tome I.

XXX

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De Longuerue dans fa desc, de la France, 1. part. p. 81, obferve que le pays d'Auge étoit autrefois une grande forêt appellée SALTUS ALGIA, laquelle depuis ce temslà a été pour la plupart défrichée & effartée. Elle a donné le nom à une bourgade nommée SAULT D'AUGE OU SOT D'AUGE. Elle s'étendoit jufqu'à la ville de Séez. Cet auteur fuit en cela Hadrien de Valois, qu'il copie fouvent fans le citer, fi ce n'eft lorfqu'il le contredit: ce dernier croit que le premier qui ait fait mention du pays d'Auge, c'eft Adelme, évêque de Séez, dans la vie de Sainte Opportune: » Alors, dit cet évêque, accompagnée de quan»tité de parens, elle arriva à un monaftere voifin de la » ville de Sáez, fitué dans la forêt d'Auge, & nommé » Montreul (Monafteriolum); ce fut-là qu'Opportune » ayant pris l'habit de religieufe, fut mife au nombre des » faintes femmes qui y fervoient Dieu. « Ce Montreul eft près d'Echaufou, (Échaufour, en latin Efcafcio. De Longuerue ne connoît que deux villes dans le pays d'Auge; favoir, Argentan & Hiefime. A l'égard de la premiere, elle n'est pas du pays d'Auge, mais d'un petit pays voilin nommé les Marches, comme le dit très bien Piganiol de la Force. Pour ce qui eft d'Hiefme, elle en elt, & même de Longuerue prétend qu'elle a été la capitale du pays auquel elle donnoit fon nom dans le fixiéme fiécle, fous les petits-fils de Clovis; fur quoi il cite la vie de Saint Germain de Paris, écrite par. Fortunat. Comme Hiefme eft en latin Auximum, les feigneurs ou vicomtes d'Auge ont été nommés Auximenfes, dans les monumens latins. Piganiol de la Force obferve après Huet, que ce pays a tiré fon nom de fes prairies; car Au, Aw, Ave, & ou en Allemand fignifient un Pré. Il l'étend jufqu'au Romois, & y met la ville de Lifieux, mais c'eft en y confondant le Lieuvin, qui en eft féparé par la Touque jufqu'à la petite riviere qui vient de Blangi, & depuis ce dernier lieu par une ligne terminée à la baye de Honfleur. Il les diftingue ailleurs. Il convient, avec les mémoires rapportés ci-deffus, de la fertilité du pays. Le pays, dit-il, p. 49, eft fort gras; les habitans y engraiffent des bœufs qui leur viennent de Poitou & de Bretagne. Ils y nourriffent auffi beaucoup de vaches dont le lait, outre la fubfiftance qu'il donne au peuple, eft employé à ces excellens fromages que l'on appelle Angelots de Livarot, & en beurres. Les terres labourables font fortes, & produifent peu de bon bled. Le feinfoin, qu'on appelle autrement bourgogne, eft fort en ufage en ce pays. On lui remarque une propriété qui eft que les terres que cette herbe a occupées pendant vingt ans, quoique naturellement elles foient d'une mauvaise qualité, rendent, quand elles font défrichées, quatre ou cinq récoltes de fuite extrémement abondantes. On éleve beaucoup de chevaux dans ce même canton. L'on y fait auffi quelques chanvres, principalement vers Argentan, & on y fait une grande quantité de cidres, qui fe débitent par les riviéres de Dive & de Touques.

3. AUGE, abbaye célébre de bénédictios, dans une petite ifle du lac de Conftance. De fon nom latin Augia, joint à l'épithete de riche, dives, eft venu le nom de REICHENOW qui eft plus commun. Voyez ce mot.

4. AUGE, (1). riviere de France, en Champagne. Elle paffe à la Fère, traverfe Sezanne, & tombe dans l'Aube, au-deffus d'Anglure..* Coulon, rivieres de France, I part. p.65.

1. AUGEIÆ, (arum) ville de Gréce, au pays des Locres Epicnémidiens, felon Strabon, 1. 8, p. 64, elle ne fubfiftoit déja plus de fon tems.

2. AUGEIE, (arum) Strabon, 1. 8, p. 364, parlant de quelques villes de Laconie nommées par Homere, dit que quelques-unes étoient détruites, d'autres ne fubfiftoient plus qu'en des mafures, & d'autres enfin avoient eu leurs noms tous changés, comme Augeia en Egea; car, ajoute-t-il, Augeia dans la Locride, ne fubfifte plus. Ortelius a jugé dela qu'il y avoit dans la Locride une ville nommée Augeia; mais je ne fais fi Strabon a dit que cette ville fut dans la Laconie; car, en parlant par oc cafion des villes de ce pays, il fait une digreffion fur des noms abrégés ou changés par les poëtes. Entre autres on y voit Syraco pour Syracufe, & c'eft à la fuite de cette digreffion que fe trouve la mention qu'il fait d'Augeia, ce qui rend incertain s'il a voulu mettre ce lieu dans la Laconie de laquelle il parloit avant la digreffion. Cependant il y en avoit un dans la Laconie;

mais c'est Paufanias, l. 3, c. 31, qui nous l'apprend, & il étoit entre Crocea & Gythion, il dit que c'étoit une petite ville é nommée ÆGIA, & qu'on la prenoit pour la même qu'Homere avoit appellée AUGELA,

AUGELA, felon De l'Ile dans fon Atlas, petit pays d'Afrique en Barbarie, à l'extrêmité orientale du royaume de Tripoli, aux frontieres de l'Egypte maritime, Ce pays qui eft défert, à la réferve de deux places que nous y connoiffons, eft féparé du royaume de Tripoli par le mont Meies. Une autre chaîne de montagnes le fepare. de l'Egypte. Dans cette derniere montagne eft une petite place nommée Si-ouab ou Sant-rie, qui releve de Tripoli.

Vers l'occident de ce défert eft une ville nommée AuGELA OU OUGUELA, où il y a de l'eau, & des palmiers. Il eft remarquable que ce pays ait confervé le nom du peuple, qui l'habitoit du tems de Ptolomée, l. 4., c.s, qui nomme AUGILA une ville qui appartenoit à un peu ple nommé AUGILE.

AUGELLA ou AUGELLA Voyez ANGELLA..

5,

AUGEMMI, Orrélius dit AUGEMMUM, & le met dans l'Afrique propre. Antonin, Itiner. le met fur la route de Tacape, à la grande Leptis; or, la premiere de ces deux villes étoit à l'entrée, & la feconde au milieu de la province Tripolitaine.

AUGES, montagne d'Arcadie, felon Ortelius, qui, contre fon ordinaire, ne dit point dans quel auteur il a trouvé ce mot. Il dit que, felon Callimaque, il y avoit un lieu de ce nom dans l'ifle de Delos. • AUGI. Voyez MASSAGETES.

AUGIAN, ville d'Afie dans l'Azerbeyan, ou Adorbejan au 1v. climat, felon Naffir-Eddin, p. 99, qui écrit le nom de cette ville AUJAN, & lui donne 82 d. 1o' de longitude, & 37 d. 48' de latitude.

1. AUGILA, ville d'Afrique, pays du peuple nominé AUGILA. On la nommoit aufli ÆGILA; c'eft ainfi qu'on lit dans les anciennes éditions, d'Hérodote, 1. 4, C. 172. La nouvelle porte Augila. Ptolomée, l. 4, c. 5, la met chez les Augiles & les Nafamons. On eft affez gé néralement perfuadé que c'eft préfentement AUGULA, ou comme plufieurs écrivent AUGUEL A Voyez Au

GELA.

2. AUGILA, autre ville d'Afrique, dans la Mauritanie Céfarienne, felon Ptolomée, I. 4, c. 2, cité par Or télius. Ce dernier fe trompe. On lit Augala dans ce géo graphe, comme Ortélius lui-même le marque en fon lieu.

AUGILÆ, ancien peuple d'Afrique, à l'occident de l'Egypte. Pomponius Mela, l. 1, c. 8, dit qu'ils ne reconnoiffoient point d'autres dieux que les manes, ou les ames des morts. Ils jurent, dit-il, par eux, les confultent comme des oracles, &, leur ayant demandé ce qu'ils fouhaitent, ils fe couchent fur leurs tombeaux, & prennent pour réponse les fonges qu'ils font. Leurs femmes ont la coûtume de s'abandonner la premiere nuit des nôces à tous ceux qui ont apporté un préfent, & fe font honneur du grand nombre; du refte elles font enfuite d'une grande fidélité à leurs maris. On a voulu blâmer Male de ce qu'il dit des Augiles ce qu'Hérodote avoit dit des Nafamons 1. 4, c. 172, mais on a eu tort, car, comme le remarque Voffius, in Melam, p. 45, les Augiles faifoient partie des Nafamons.

AUGINA, ville de l'Afrique propre. Il en eft fait mention dans l'Itinéraire d'Antonin, fi j'en crois Ortélius, Thefaur, qui doit avoir eu un exemplaire différent de ceux de Surita, de Bertius & du Vatican, où je n'ai rien trouvé de pareil. Le même Ortelius dit que le concile de Carthage, tenu fous St Cyprien, fournit un évêché d'AGGIVA. Je trouverois bien plus de rapport entre Augina & le fiége nommé Aniguienfis, peut-être il faut lire Auginenfis par le changement d'une n, en u, & par la transpofition d'un point. Or le fiége Auguienfis fe trouve dans la conférence de Carthage, Die. 1, c. 126, & les favans ignorent fous quelle province il faut le placer.

AUGINUS, montagne de la Ligurie. Tite-Live 39, chap. 2 la nomme, à l'occafion des Friniates Liguriens, qui, après s'être foumis par force aux Romains, & s'en voyant maltraités, parce qu'ils ne donnoient point leurs armes, que ceux-ci leur vouloient ôter, abandonnerent leurs villages, & fe refugiérent dans cette montagne. Bernardin Saccus ne dit pas que ce foit préfente

ment le MONTE AUGON, aux confins du territoire de Pavie, comme le dit Baudrand, éd. 1682. Cet auteur s'exprime plus modeftement. J'aimerois mieux, dit-il, apprendre fi c'eft le même que le mont Augon, que de l'affurer. Cela eft fort différent d'une décifion. D'autres croyent que c'eft Monte Codoro, dans l'état de Gênes; & Cluvier, Ital. ant. l. 1, p. 76, qui lit Briniates, au lieu de Friniates, dans le paffage de Tite-Live, ne doute point que cette montagne ne foit le Codoro, d'où fort la riviere Boactes. Selon lui les Briniates tiroient leur nom de Brinia ou Brinium, qui est Brignolo. Ces noms font écrits différemment par Magin, car, comme Cluvier, Ital. ant. l. 1, p. 73, dit que le Boactes eft la riviere qui, coulant à Brignolo, fe joint à la Magra, & y entre par la rive droite : Magin fournit la Votra, qui a fa fource au mont Gottaro, paffe à Brugneto, & tombe dans la Magra, à laquelle elle porte les eaux de plufieurs petites rivieres. AUGON, montagne d'Italie dans le Pavefan. Elle fait partie de l'Apennin. Voyez l'article précedent.

AUGOUSTE. Voyez AGOSTA.

AUGSBOURG ou AUSBOURG, ville d'Allemagne, en Suabe, en latin Augufta Vindelicorum. Elle étoit capitale des Licatiens, peuple d'entre les Vindéliciens, & s'appelloit d'abord Licatiorum Damafia, mais les Romains s'en rendirent maîtres, & y envoyerent une Colonie. Suev. Desc. p. 4. Zeyler dit que ce fut 12 ans, 2 mois & 27 jours avant le nailfance de Jefus-Chrift. Elle prit le nom d'Augufta de l'Empereur Augufte, & pour la diftinguer de plufieurs autres qui le portoient auffi, on y ajouta le nom des Vindéliciens, peuple de l'Illyrie, qui au commencement s'étendoit le long du Danube, depuis fa fource jusqu'à Paffau, & qui étoit divifé en plufieurs nations, entre lesquelles étoient les Licatiens, qui habitoient près de la riviere du Lech (Lycus). Lichetenaw dit qu'Augsbourg, avant d'être colonie Romaine, s'appelloit Zizeris ou Cizara; que les lieux les plus voifins étoient Criecher, Averon, Habinoberg & Dernlec; & que la principale place de la ville s'appelloit PERLAICH, à caufe du maffacre d'une légion romaine arrivé dans ce lieu. Welfer traite tout cela de fables; parce qu'il ne s'en trouve rien dans l'antiquité, & prou ve qu'Augsbourg a porté le nom de COLONIA JULIA AUGUSTA. Lazius affure que c'eft L'AUGUSTA DRUSI de Strabon; mais ce nom ne fe trouve point dans ce géographe. AUGUSTA VINDELICORUM, fuivant Ortélius, eft placée par Prolomée dans la Vindélicie; mais Aventin prétend qu'elle n'existe plus; qu'elle étoit la capitale des Boifi, & qu'elle étoit fituée aux environs du village & château de WOLFSFARTS HAUZEN (Voyez ce mot) au confluent de l'Ifer & du Loyfa. Plufieurs auteurs font de cette opinion; entre-autres Lazius qui dit, qu'il y a dans cet endroit un bourg nommé WINDING. C'est une erreur fondée fur une fauffe description de la Vindélicie. On a cru qu'il ne falloit point chercher Augufta au-delà du Lech, parce que Ptolomée femble donner cette riviere pour bornes à la Vindélicie. L'opinion d'Aventin eft réfutée par quatre colonnes milliaires qui fubfiftent depuis le regne de Septime Severe, par les descriptions des chemins qu'Augufte repara, par quelques exemplaires de l'itinéraire d'Antonin, & par le poëte Fortunat, qui, parlant d'AUGUSTA VINDELICORUM, dit: Quàm Vindo Lycusque fluentat; ce qui ne convient qu'à la ville d'AUGSBOURG. Elle eft nommée par Tacite, la trèscélebre colonie de la province de Rhétie; & dans des mé dailles de Tibere, publiées par Goltzius, COLONIA AUGUSTA RHETORUM, parce que la Rhétie comprenoit la Vindélicie, comme on le voit dans Ptolomée.

Il est remarquable que de tant de villes qui portoient le nom d'Augufta, Augsbourg foit la feule, entre celles qui fubfiftent encore, qui n'ait presque rien perdu de fon ancienne splendeur, malgré les revers qu'elle a esfuyés. En 451, elle fut faccagée par Attila. Sous l'empereur Otton le Grand, elle fut pillée par des rebelles. En 1026, Welfon Guelfe, duc de Baviere, attaqua Bruno, évêque d'Augsbourg, prit la ville & la rafa. L'an 1084, Léopold, duc d'Autriche, & Herman duc de Suabe, en mirent une partie en cendres; & quatre ans après Guelfe de Baviére brûla le refte & renverfa les murailles. En 1462, il y mourut onze mille perfonnes de la pefte, qui, l'année fuivante, emporta un quart des habitans des environs. En 1535, il en mourut treize mille

dans la ville. Sa fituation, fon commerce, & les autres avantages ont toujours encouragé fes citoyens à la rétablir. Comme colonie romaine, elle fut environ 550 ans fous les Romains ou les Goths, & elle paffa enfuite fous la domination des François, & fut une des villes confidérables de la Germanie, jusqu'à ce que le royaume de France,étant détaché de celui d'Allemagne,elle fe trouvât dans ce dernier. Les ducs de Suabe la poffedérent, à titre de fief du royaume de Germanie, jusqu'à Conrad dernier duc, de qui elle racheta fa liberté. L'an 1426, elle obtint de l'empereur Sigismond le privilége que l'avouerie d'Augsbourg ne pourroit être ni aliénée ni engagée, mais que les citoyens choifiroient eux-mêmes un avoué, Stadt end Landvogt. Ils racheterent auffi de tems à autre divers droits de l'évêque. En 1272, il leur ceda la jurisdiction fur les Juifs qui demeuroient dans la ville, & deux ans après il les accommoda de quelques autres franchifes, de forte que Augsbourg eft devenue une république gouvernée par fon propre fénat; mais fon état où territoire eft partagé entre cinq ou fix fouverains de l'Empire. Elle eft fituée fur une hauteur agréable entre les rivieres de Wertache & du Lech, nommées par les anciens Vindo & Licus, d'où fe forma le nom de Vindelici. Elle à vers l'orient, de l'autre côté du Lech, la petite ville de Friedberg; vers le midi, la petite ville de Landsperg & les montagnes de l'Algow; vers le nord, le Danube; au couchant, le margraviat de Burgow. Elle eft comprise dans la Suabe, qu'elle termine. Un petit bras détourné du Lech traverfe la ville. Les eaux en font fi claires & fi bonnes, qu'on n'en cherche point d'autres. Il y a quatre out cing tours fur ce bras de riviere, au haut desquelles on a fait des réservoirs, & les moulins qui font en bas font jouer des pompes, qui portent l'eau dans ces réfervoirs, d'où elle fe diftribue par toute la ville. Les rues font plus droites & plus larges qu'à Nuremberg, mais les maisons ne font pas généralement fi belles. Elles font communé→ ment blanchies par-dehors ou chargées de peintures. Il y en a peu de pierres de taille. Presque tout le pavé des chambres eft d'un certain marbre jaunâtre, qui vient du Tirol; & les plafonds font, ou de menuiferie à compar timens, ou d'un certain ciment qui prend un beau poli, & qui dure beaucoup; mais il y a une fort grande irrégularité dans toute leur maniere de bâtir. La plupart des chambres biaisent en figures qui n'ont point de nom, & elles font encore gâtées par la mauvaise dispofition des efcaliers, qui en emportent un grand coin. Les fortifications n'ont presque rien de bon ni de régulier. Elles ont réfifté cependant plufieurs fois à de rudes affauts. L'air d'Augsbourg eft très-fain. Le terroir d'alentour est égal & fertile en fruits: mais il n'y croît point de vignes. Il y a des bois & des plaines fournies de toutes fortes de gibier. Les dehors de la ville, arrofés de ruiffeaux & de fources, font ornés de maifons de campagnes agréables & de jolis jardins.

La ville eft Impériale, & fon fénat eft miparti de Catholiques & de Luthériens; mais il n'est pas le feul qui gouverne, & l'autorité fouveraine dont il n'a qu'une partie dans le territoire, eft partagée entre lui,l'évêque, & quelques autres feigneurs. Les Catholiques y font les proceflions, & y portent publiquement le faint Sacrement aux malades. Eux & les Proteftans évitent les occafions de fe chagriner,& de fe scandalifer les uns les autres. Les pauvres de l'une & de l'autre religion font mis dans le même hôpital; & font affiftés pour le spirituel, les uns par des prêtres, les autres par des miniftres. Les Juifs demeurent à une lieue de la ville, & font obligés, quand ils y viennent, de payer un florin par heure.

Le magiftrat n'eft compoíé que de familles nobles & patriciennes, depuis que l'autorité des tribus y a été anéantie par un édit de Charles V en 1548, & transmife abfolument aux perfonnes de condition. On les diftingue en deux claffes, celles des anciennes maifons qui rempliffoient les charges de magiftrature dès l'an 1368, lorsque le peuple fe fouleva contre fes fupérieurs & changea la forme du gouvernement ; & celles des familles modernes, qui depuis le régne de Charles V ont été reçues dans les charges, & fe font alliées avec les patriciens. Les premieres fourniffent 31 perfonnes, & les autres 14, enforte que le fénat eft compofé de Ils partagent tous entre eux l'administration de la justice & des finances, l'intendance des bâtimens, l'ins Tome I. Xxx ij

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