Images de page
PDF
ePub

Masinissa. Le commandant de sa flotte ayant abordé à Malte, et enlevé du temple de Junon des dents d'ivoire d'une grandeur extraordinaire, en avait, à son retour, fait présent au roi mais quand ce dernier apprit d'où elles venaient, il les fit reporter dans cette île sur une galère à cinq rangs de rames, et replacer dans le temple de Junon, avec une inscription en sa langue, signifiant « qu'il les avait acceptées par ignorance, et s'était empressé de les rendre à la déesse. L'action de Masinissa est plutôt un trait de son caractère que du génie africain. Pourquoi, au reste, juger d'un homme par le seul nom de sa nation? Celui-ci, né au sein même de la barbarie, sut réparer le sacrilége d'un autre (Ande R. 549).

3. Denys de Syracuse, coupable de tous les vols que nous allons rapporter, aimait, au contraire, à en faire le sujet de ses plaisanteries. Il avait pillé le temple de Proserpine à Locres, et repassait la mer, secondé par un vent favorable. Voyez, dit-il en riant à ses amis, voyez l'heureuse navigation que les immortels accordent aux sacriléges! » Après avoir enlevé à Jupiter Olympien un manteau d'or d'un grand poids, pris sur les Carthaginois et offert à ce dieu par le tyran Hiéron, il le remplaça par un manteau de laine, en disant : « L'or est trop pesant pour l'été, trop froid pour l'hiver; et pour les deux saisons la laine est préférable. » Dans Épidaure, il fit ôter sa barbe d'or à Esculape : « Il ne convient pas, dit-il, que le fils porte de la barbe, puisque Apollon, son père, n'en a point. » Il prit | aussi, dans différents temples, des tables d'or et d'argent; et comme, selon l'usage des Grecs, on les avait déclarées, par une inscription, la propriété des dieux, qualifiés de bons, « Je ne fais,

classis Melitam appulisset, et æque ex fano Junonis dentes eburneos eximiæ magnitudinis sublatos, ad eum pro dono attulisset, ut comperit, unde advecti essent, quinqueremi reportandos Melitam, inque templo Junonis collocandos curavit, insculptos gentis suæ litteris, significantibus, regem ignorantem eos accepisse; libenter de reddidisse. Factum Masinissæ animo, quam Punico sanguini conveniens : quamquam quid attinet mores natione perpendi? in media barbaria ortus, sacrilegium rescidit alienum.

«

3. Syracusis Dionysius genitus, tot sacrilegia sua, quot jam recognoscimus, jocosis dictis prosequi voluptatis loco duxit fano enim Proserpinæ spoliato Locris, quum per altum secundo vento classe veheretur, ridens amicis : Videtisne, ait, quam bona navigatio ab ipsis immortalibus sacrilegis tribuatur?» Detracto etiam Jovi Olympio magni ponderis aureo amiculo, quo eum tyrannus Hiero e manubiis Carthaginiensium ornaverat, injectoque ei laneo pallio, dixit, æstate grave amiculum aureum esse, hieme frigidum laneum antem ad utrumque tempus anni aptius. Idem Epidauri Esculapio barbam auream demi jussit : quod affirmaret, non convenire, patrem Apollinem imberbem, ipsum barbatum conspici. Idem mensas argenteas atque aureas e fanis sustulit: quodque in his more Græciæ scriptum erat, bonorum deorum eas esse, uti se bonitate

disait-il, qu'user de leur bonté. » Voyait-il aussi de ces Victoires d'or, de ces coupes, de ces couronnes que les statues des dieux tiennent à la main, le bras étendu, il s'en emparait, « les acceptant, mais ne les ravissant pas; » c'était son mot; et il ajoutait, par forme d'argument : « Il serait absurde, quand nous demandons tant de choses aux dieux, de refuser celles qu'ils nous présentent. » Si cet impie ne subit pas la peine due à ses crimes, il trouva, après sa mort, dans l'opprobre de son fils, la punition épargnée à sa vie : car la colère des dieux est parfois tardive; mais la sévérité du châtiment en compense la lenteur.

4. Loin de s'exposer à leur vengeance, Timasithée, premier magistrat de Lipari, sut à la fois en préserver sa personne et sa patrie entière, et donner un utile exemple. Des habitants de cette fle, qui faisaient le métier de pirates, avaient pris dans le détroit une coupe d'or d'un grand poids, et le peuple voulait se la partager. Timasithée, informé que c'était une offrande destinée par les Romains, à titre de dîme, à Apollon Pythien, l'arracha des mains des vendeurs, et la fit porter à Delphes, dans le temple du dieu (An de R. 359).

5. A la prise de Milet par Alexandre, Cérès, particulièrement révérée dans cette ville, punit les soldats qui s'étaient jetés dans son temple pour le piller, en faisant briller à leurs yeux une flamme qui les rendit aveugles (Av. J.-C. 334).

6. Les Perses, quand leurs mille vaisseaux relâchèrent à Délos (1), se livrèrent, dans le temple d'Apollon, à des actes de piété plutôt que de brigandage (Av. J.-C. 479).

7. Les Athéniens bannirent le philosophe (1) Pendant l'expédition de Xerxès.

eorum prædicavit. Idem Victorias aureas et pateras, et coronas, quæ simulacrorum porrectis manibus sustinebantur, tollebat, et eas se accipere, non auferre, dicebat : perquam stultum esse argumentando, a quibus bona pre. camur, ab his porrigentibus nolle sumere. Qui tametsi de. bita supplicia non exsolvit, dedecore tamen filii, mortuus pœnas rependit, quas vivus effugerat. Lento enim gradu ad vindictam sui divina procedit ira; tarditatemque sup plicii gravitate compensat.

4. In quam ne incideret Timasitheus, Liparitanorum princeps, consilio sibi pariter, atque universæ patriæ, utili providit exemplo. Excepta namque in freto a civibus suis piraticam exercentibus magni ponderis aurea cratera, incitatoque ad eam partiendam populo, ut comperit a Romanis Pythio Apollini decimarum nomine dicatam, manibus venundantium ereptam deo Delphos perferendam curavit.

5. Milesia Ceres, Mileto ab Alexandro capta, milites, qui templum spoliaturi irruperant, flamma objecta priva vit oculis.

6. Persæ, mille navium numero Delum compulsi, templo Apollinis religiosas potius manus quam rapaces adhibuerunt.

7. Athenienses Protagoram philosophum pepulerunt, quia scribere ausus fuerat, primum ignorare se, ən dij

Protagoras, pour avoir osé écrire, d'abord qu'il ignorait s'il y a des dieux, et ensuite, supposé leur existence, quelle est leur nature. Ils condamnèrent Socrate, parce qu'il leur parut introduire une religion nouvelle. Ils écoutèrent Phidias faisant ressortir l'avantage du marbre sur l'ivoire pour la statue de Minerve, et alléguant que l'éclat en serait plus durable; mais dès qu'il ajouta, " et le prix plus modique, ils lui ordonnèrent de se taire.

8. Diomédon, l'un des dix généraux qui, à la bataille d'Arginuse, assurèrent tout ensemble aux Athéniens la victoire, et à eux-mêmes leur condamnation, n'adressa, en marchant au supplice, d'autre prière à son injuste patrie, que d'acquitter les vœux qu'il avait faits pour le salut de l'armée (Av. J.-C. 406).

CHAPITRE II.

DES MENSONGES RELIGIEUX, CHEZ LES RO

MAINS.

1. Numa Pompilius, pour attacher le peuple romain à la religion, feignait d'avoir des entretiens nocturnes avec la nymphe Égérie, et attribuait à ses conseils l'établissement d'un culte qui ne pouvait que plaire aux dieux immortels (An de R. 39).

2. Scipion l'Africain ne commençait aucune affaire, ou pour l'État ou pour lui-même, qu'il n'eût été se recueillir dans le sanctuaire de Jupiter Capitolin; aussi passait-il pour son fils (An de R. 542).

3. L. Sylla, maître d'une petite statue d'Apollon enlevée à Delphes, n'oubliait jamais,

essent: deinde si sint, quales sint. Iidem Socratem damnaverunt, quod novam religionem introducere videbatur. Jidem Phidiam tulerunt, quamdiu is marmore potius quam ebore Minervam fieri debere dicebat, quod diutius nitor esset mansurus; sed ut adjecit, et vilius, tacere jusserunt.

8. Diomedon, unus ex decem, ducibus, qui Arginusæ eadem pugna Atheniensibus victoriam, sibi vero damnationem pepererunt, quum jam ad immeritum supplicium duceretur, nihil aliud loquutus est, quam ut vota pro incolumitate exercitus ab ipso nancupata solverentur.

[merged small][ocr errors][merged small]
[blocks in formation]

1. Minos, roi des Crétois, se retirait tous les neuf ans dans une grotte profonde, et consacrée, de temps immémorial, par la religion des peuples. A son retour, il feignait que Jupiter, dont il se disait le fils, lui avait transmis les lois qu'il publiait (Av. J.-C. 1432).

2. Pisistrate, pour recouvrer le pouvoir qu'il avait perdu, imagina une cérémonie où on le voyait ramené dans la citadelle par Minerve ellemême la majestueuse contenance d'une femme inconnue, appelée Phya et revêtue du costume de la déesse, suffit pour tromper les Athéniens (Av. J.-C. 557).

3. Lycurgue sut persuader à l'austère Lacédémone que les lois qu'il présentait étaient l'œuvre d'Apollon (Av. J.-C. 845).

4. Zaleucus, en se couvrant du nom de Minerve, acquit chez les Locriens la plus haute réputation de sagesse (Av. J.-C. 500).

CHAPITRE III

DES RELIGIONS ÉTRANGÈRES REJETÉES PAR LES ROMAINS.

1. La fête des Bacchanales, nouvellement in

(1) Animal consacré à Diane.

militum complexus, orabat, uti promissa maturaret. 4. Qu. Sertorius per asperos Lusitaniæ colles cervam albam trahebat, ab ea se, quænam aut agenda, aut vitauda essent, prædicans admoneri.

DE RELIGIONE SIMULATA AB EXTERNIS.

1. Minos, Cretensium rex, nono quoque anno in quoddam præcaltum, et vetusta religione consecratum specus secedere solebat: et in eo moratus, tamquam a Jove, quo se ortum ferebat, traditas sibi leges prærogabat.

2. Pisistratus in recuperanda tyrannide, quam aniserat, simulatione reducentis se in arcem Minervæ est usus: quum per ostentationem ignotæ mulieris, quæ Phya vocabatur, formatæ ad habitum deæ, Athenienses deciperet. 3. Lycurgus consilio Apollinis gravissimæ Lacedæmo niorum civitati leges compositas ferre se persuasit.

4. Zaleucus sub nomine Minervæ apud Locrenses prudentissimus habitus est.

CAPUT III.

DE PEREGRINA RELIGIONE REJECTA.

1. Bacchanalium sacrorum mos novus institutus, quum ad perniciosam vesaniam iretur, subiatus est.

troduite à Rome, y fut abolie, parce qu'elle en- | traînait à de pernicieuses extravagances (An de R. 567).

Quand Lutatius, qui termina la première guerre Punique, voulut aller consulter les sorts de la Fortune Prénestine, le sénat le lui défendit, déclarant que les magistrats de la république ne devaient pas recourir aux auspices étrangers, mais s'en tenir à ceux de la patrie (An de R. 511).

2. C. Cornélius Hispallus, préteur pour les étrangers, porta, sous le consulat de M. Popilius Lénas et de Cn. Calpurnius, un édit qui enjoignait aux Chaldéens de sortir dans les dix jours de Rome et de l'Italie; vils imposteurs qui, spéculant sur l'ignorance et la crédulité, à l'aide d'une prétendue divination astrologique, vivaient de l'aveuglement que propageaient leurs mensonges. Il reavoya de même dans leur pays d'autres aventuriers qui, sous prétexte d'enseigner le culte de Jupiter Sabazius, travaillaient à corrompre les mœurs romaines (An de R. 614).

3. Le consul L. Émilius Paullus, voyant que, malgré l'ordre donné par le sénat de démolir les temples d'Isis et de Sérapis, aucun ouvrier n'osait y porter la main, quitta sa prétexte, saisit une hache et en frappa les portes. (An de R. 534).

CHAPITRE IV.

DES AUSPICES, CHEZ LES ROMAINS.

1. Le roi L. Tarquin, voulant ajouter de nou velles centuries à celles que Romulus avait créées sur la foi des auspices, et se voyant arrêté dans ce projet par l'augure Attius Navius, lui demanda,

Lutatius, qui primum Punicum bellum confecit, a senatu prohibitus est, sortes Fortunæ Prænestinæ adire; auspiciis enim patriis, non alienigenis, rempublicam administrari oportere judicabant.

2. C. Cornelius Hispallus, prætor peregrinus, M. Popilio Lænate, Cn. Calpurnio Coss. edicto Chaldæos, intra decimum diem abire ex Urbe atque Italia jussit: levibus et ineptis ingeniis, fallaci siderum interpretatione, quæstuosam mendaciis suis caliginem injicientes. Idem, qui Sabazii Jovis cultu simulato mores Romanos inficere conati sunt, domos suas repetere coegit.

3. L. Æmilius Paulias consul, quum senatus Isidis et Serapis fana diruenda censuisset, eaque nemo opificum attingere auderet, posita prætexta securim arripuit, templique ejus foribus inflixit.

CAPUT IV.

DE AUSPICIIS QUE CEPERE ROMANI.

1. L. Tarquinius rex centuriis equitum, quas Romulus auspicato conscripserat, alias adjicere cupiens, quum ab Attio Navio augure prohiberetur, offensus interrogavit,

[ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]

piqué de sa résistance, si une pensée qui lui venait alors à l'esprit pouvait s'exécuter: « Oui, reprit l'augure. C'est, dit Tarquin, de couper avec ce rasoir la pierre à aiguiser. » On apporta la pierre, et Attius, accomplissant ce prodige incroyable, fit éclater aux yeux du roi le pouvoir de sa science (An de R. 140).

2. Ti. Gracchus, plein des innovations qu'il méditait, consulta chez lui les auspices, au point du jour, et n'en reçut que de sinistres réponses. En effet, à peine sorti de sa maison, il se heurta si rudement le pied qu'il se disloqua un doigt. Un peu plus loin, trois corbeaux volèrent à sa rencontre en croassant, et firent tomber devant lui un morceau de tuile arraché d'un toit. Il méprisa tous ces présages, et, repoussé du Capitole par Scipion Nasica, souverain pontife, il tomba expirant sous le coup d'un débris de banquette (An de R. 620).

R

3. Dans la première guerre Punique, P. Claudius, près d'engager un combat naval, voulut, selon l'ancien usage, consulter les auspices. Sur l'avis donné par l'augure, que les poulets sacrés ne sortaient pas de leur cage (1), il les fit jeter à la mer, en disant : « Puisqu'ils ne veulent pas manger, qu'ils boivent. » De son côté, L. Junius, collègue de P. Claudius, ayant négligé de prendre les auspices, perdit sa flotte dans une tempête. Un jugement du peuple fit justice du premier; le second prévint, par une mort volontaire, l'ignominie d'une condamnation (An de R. 504).

4. Le souverain pontife Métellus allait à sa terre de Tusculum; deux corbeaux se précipitèrent au-devant de lui, comme pour l'empêcher de poursuivre sa route, et le déterminèrent enfin à retourner à Rome. La nuit suivante, le feu prit

(1) Pour manger; ce qui eût été un bon présage.

possetne fieri, quod ipse mente conceperat? Posse fier dicente, jussit novacula cotem discindi. Qua Attius allata, administrato incredibili facto, effectum suæ professionis oculis regis subjecit.

2. Ti. Gracchus, quum ad res novas pararetur, aus. pícia domi prima luce petiit : quæ illi perquam tristia responderunt. Nam janua egressus, ita pedem offendit, ut digitus ei decuteretur : tres deinde corvi, in eum adversum occinentes, partem tegulæ decussam ante ipsum propulerunt. Quibus omnibus contemptis, a Scipione Nasica pontifice maximo decussus Capitolio, fragmento subsellii ictus procubuit.

3. P. Claudius bello Punico primo, quum prælium navale committere vellet, auspiciaque more majorum petiisset, et pullarius non exire cavea pullos nuntiasset, abjici eos in mare jussit, dicens : « Quia esse nolunt, bibaut. » Et L. Junius, P. Claudii collega, neglectis auspiciis, clas. sem tempestate amisit. Quorum ille populi judicio concidit, damnationisque hic ignominiam voluntaria morte prævenit.

4. Quum Metellus pontifex maximus Tusculanum peteret, corvi duo in os ejus adversum veluti iter impedientes advolaverunt: vixque extuderunt, ut domum rediret. Insequenti nocte ædes Vestæ arsit: quo incendio, Metel

au temple de Vesta; et Métellus, pendant cet incendie, sauva le Palladium arraché aux flammes. (An de R. 512).

5. Cicéron fut averti par un augure de l'approche de sa mort. Comme il était dans sa villa de Caïète, un corbeau ébranla et fit sauter, en sa présence, l'aiguille d'un cadran solaire; puis volant vers lui, il se tint attaché par le bec au pan de sa toge, jusqu'au moment où un esclave vint annoncer à l'orateur l'arrivée des soldats envoyés pour le tuer (An de R. 710).

6. Lorsque M. Brutus eut rangé en bataille, contre César et Antoine, les débris de son armée, deux aigles, prenant leur vol des camps opposés, fondirent l'un sur l'autre. Après un combat acharné, celui qui était parti du côté de Brutus s'enfuit couvert de blessures (An de R. 711).

DES AUSPICES, CHEZ LES ÉTRANGERS.

1. Quand le roi Alexandre voulut fonder une ville (1) en Égypte, l'architecte Dinocrate, faute de craie, en traça le plan avec de la farine. Une multitude d'oiseaux sortis d'un lac voisin vint la manger à ses yeux. Les prêtres égyptiens en augurèrent que cette ville alimenterait un nombre immense d'étrangers (An de R. 420).

2. Le roi Déjotarus, qui ne faisait rien sans consulter les auspices, dut son salut à un aigle, dont la vue l'empêcha d'entrer dans une maison, qui, la nuit suivante, s'écroula tout entière (An de R. 700).

(1) Alexandrie.

us inter ipsos ignes raptum Palladium incolume servavit. 5. M. Ciceroni mors imminens auspicio prædicta est; quum enim in villa Caietana esset, corvus in conspectu ejus horologii ferrum loco motum excussit, et protinus ad ipsum tetendit, ac laciniam togæ eo usque morsu tenuit, donec servus ad occidendum eum milites venisse nuntiaret.

6. M. Brutus quum reliquias exercitus sui adversus Casarem et Antonium eduxisset, duæ aquila ex diversis castris advolaverunt, et edita inter se pugna, ea, quæ a parte Bruti fuerat, male mulcata fugit.

DE AUSPICIIS QUE CEPERE EXTERNI.

1. Quum rex Alexander urbem in Ægypto constituere vellet, architectus Dinocrates, quum cretam non haberet, polentaque futuræ urbis lineamenta duxisset, ingens avium multitudo proximo lacu emersa polentam depasta est: quod sacerdotes Ægyptiorum interpretati sunt, advenarum frequentiæ alimentis suffecturam urbem.

2. Dejotaro vero regi omnia fere auspicato gerenti salutaris aquila conspectus fuit: qua visa, abstinuit se ab ejus tecti usu, quod, nocte insequenti, ruina solo æquatum est.

CHAPITRE V.

DES PRÉSAGES, CHEZ LES ROMAINS. 1. L'observation des présages a aussi quelque rapport avec la religion; car on les attribue, non au hasard, mais à la Providence divine.

C'est elle qui inspira le mot suivant. Rome avait été ruinée par les Gaulois, et le sénat délibérait si l'on devait la rebâtir, ou passer à Véies. En ce moment même un centurion, revenant de son poste avec ses cohortes, cria dans la place des Comices: « Porte-enseigne, plante le drapeau; nous serons bien ici. » A ces mots, qui arrivèrent jusqu'à eux, les sénateurs répondirent qu'ils acceptaient le présage; et le projet d'aller s'établir à Véies fut aussitôt abandonné. Qu'il fallut peu de chose pour fixer le siége du plus grand empire qui dût exister! Les dieux regardèrent, sans doute, comme un opprobre que l'on changeât pour le misérable nom de Véies le nom de cette Rome dont les plus heureux auspices avaient marqué l'origine, et qu'on ensevelit le glorieux souvenir

d'une célèbre victoire sous les ruines d'une ville récemment détruite (An de R. 363).

2. L'auteur de cette œuvre éclatante, Camille, pria les dieux, si la prospérité du peuple romain leur paraissait excessive, de faire tomber sur lui seul le poids de quelque disgrâce; et à l'instant même il fit une chute, que l'on regarda comme le présage de la condamnation dont il fut frappé plus tard. On ne sait, en vérité, ce qui fait le plus d'honneur à ce grand homme, de sa victoire ou de cette prière généreuse; car il est également

CAPUT V.

DE OMINIBUS QUÆ ACCEPERE ROMANI.

1. Ominum etiam observatio aliquo contactu religionis innexa est: quoniam non fortuito motu, sed divina providentia constare creditur.

Quæ effecit, ut Urbe a Gallis disjecta, deliberantibus P. C. utrum Veios migrarent, an sua monia restituerent : forte eo tempore e præsidio cohortibus redeuntibus, centurio in comitio exclamaret: «< Signifer, statue signum : hic optime manebimus. » Ea enim voce audita, senatus se accipere omen respondit, e vestigioque Veios transeundi consilium omisit. Quam paucis verbis de domicilio futuri summi imperii confirmata est conditio! credo indiguum diis existimantibus, prosperrimis auspiciis Romanum nomen ortum, Veientanæ urbis appellatione mutari, inclytæque victoriæ decus modo abjectæ urbis ruinis infundi.

2. Hujus tam præclari operis auctor Camillus, quum esset precatus, ut si cui deorum nimia felicitas populi Ro mani videretur, ejus invidia suo aliquo incommodo satia. retur, subito lapsu decidit: quod omen ad damnationem, qua postea oppressus est, pertinuisse, visum est. Merito autem de laude inter se victoria et pia precatio amplissimi viri certaverunt: æque enim virtutis est, et bona patria auxisse, et mala in se transferre voluisse,

beau d'augmenter le bonheur de sa patrie et de vouloir en détourner sur soi les malheurs (An de R. 357).

3. Est-il rien de plus mémorable que ce qui arriva au consul L. Paullus (1)? Le sort venait de lui confier le soin de la guerre contre le roi Persée. Il rentra, du sénat, chez lui ; et, en embrassant sa fille, nommée Tertia, encore toute jeune, il remarqua qu'elle était triste il lui demanda la cause de son chagrin : « Persa est mort,» répondit-elle. Persa était un petit chien que cette enfant venait de perdre et qu'elle aimait beaucoup. Paullus saisit avidement ce présage, et tira d'une parole fortuite le gage assuré d'un triomphe éclatant (An de R. 585).

[ocr errors]

Il vit un âne laisser la nourriture qu'on lui présentait, pour courir du côté de l'eau. Persuadé alors que la bonté des dieux lui indiquait sa route, et d'ailleurs très-versé dans la science des augures, il obtint, de la foule qui était venue le secourir, d'être conduit jusqu'à la mer. Il se jeta aussitôt dans une barque, aborda en Afrique, et échappa ainsi aux armes victorieuses de Sylla (An de R. 665).

6. Le grand Pompée, vaincu par César à la bataille de Pharsale, et cherchant son salut dans la fuite, cingla vers l'île de Chypre, pour y faire quelques levées. En abordant à Paphos, il vit sur le rivage un magnifique édifice, et en demanda le nom au pilote. « On le nomme, répondit celui-ci, le Palais du mauvais roi. » Ce mot détruisit le peu d'espoir qui lui restait; il ne put même le dissimuler, détourna la vue de ce monument, et trahit par un soupir l'impression douloureuse que faisait sur lui ce sinistre augure (An de R. 706).

4. Cécilia, femme de Métellus, cherchant, la nuit, suivant un usage antique, un présage d'hyménée pour sa nièce, alors nubile, le fournit elle-même sans le savoir. Elle s'était rendue, à cet effet, dans une chapelle et y était assise depuis quelque temps, sans qu'aucune parole conforme à ses désirs se fût fait entendre. La jeune fille, fatiguée de se tenir debout, pria sa tante de la laisser s'asseoir un instant : « Prends ma place, lui répondit-elle, je te la cède volon-niversaire de sa naissance, et qu'il voulait citer tiers. » Ce mot, dicté par la bienveillance, devint, un vers grec, le premier qui s'offrit à sa mémoire par le fait, un sûr présage, puisque, bientôt fut ce vers d'Homère : après, Métellus, veuf de Cécilia, épousa la jeune fille dont je parle (An de R. 622).

7. Le sort que méritait M. Brutus pour son parricide (1) lui fut de même annoncé par un présage. Comme il célébrait, après ce forfait, l'an

Mais le sort et Phébus ont décidé ma perte (2) »
Ce fut, en effet, Apollon, dont César et An-

bataille de Philippes, qui dirigea ses traits contre Brutus (An de R. 710).

5. C. Marius dut certainement la vie à l'ob-toine avaient pris le nom pour mot d'ordre, à la servation d'un présage. Déclaré ennemi public par le sénat, il avait été conduit à Minturne, dans la maison de Fannia, et confié à sa garde. (1) Paul Émile.

3. Quid illud, quod L. Paullo consuli evenit, quam memorabile! quum ei sorte evenisset, ut bellum cum rege Perse gereret, et domum e curia regressus, filiolam suam nomine Tertiam, quæ tum erat admodum parvula, osculatus, tristem animadverteret : interrogavit, quid ita eo vultu esset. Quæ respondit, Persam periisse. Decesserat autem catellus, quem puella in deliciis habuerat, nomine Persa. Arripuit igitur omen Paullus, exque fortuito dicto, quasi spem certam clarissimi triumphi animo præsumpsit.

4. At Cæcilia Metelli, dum sororis filiæ, adultæ æta tis virgini, more prisco, nocte concubia, nuptialia petit, omen ipsa fecit. Nam quum in sacello quodam, ejus rei gratia, aliquamdiu persedisset, nec ulla vox proposito congruens esset audita; fessa longa standi mora puella, rogavit materteram, ut sibi paullisper locum residendi accommodaret. Cui illa : « Ego vero, inquit, libenter tibi mea sede cedo. » Quod dictum, ab indulgentia profectum, ad certi ominis processit eventum, quoniam Metellus, non ita multo post, mortua Cæcilia, virginem, de qua loquor, in matrimonium duxit.

5. C. autem Mario observatio omnis procul dubio saluti fuit, quo tempore, hostis a senatu judicatus, in domum Fanniæ Minturnis custodia causa deductus est. Animadvertit enim asellum, quum ei pabulum objiceretur, neglecto eo, ad aquam procurrentem. Quo spectaculo, deo

8. La fortune inspira aussi à C. Cassius un (1) Le meurtre de César. — (2) Iliad. XVI, 849.

rum providentia, quod sequeretur, oblatum ratus, alioquia etiam interpretandarum religionum peritissimus, a multitudine, quæ ad opem illi ferendam confluxerat, impetravit, ut ad mare perduceretur ac protinus naviculam conscendit; eaque in Africam pervectus, arma Sullæ victricia effugit.

6. Pompeius vero Magnus in acie Pharsalica victus a Cæsare, fuga quærens salutem, cursu in insulam Cyprum, ut aliquid in ea virium contraheret, classem direxit: appellensque ad oppidum Paphum, conspexit in littore speciosum ædificium gubernatoremque interrogavit, quod ei nomen esset: qui respondit Kaxo6αothéa vocari : quæ vox spem ejus, quantulacumque restabat, comminuit. Neque id dissimulanter tulit: avertit enim oculos ab illis tectis, ac dolorem, quem ex diro omine conceperat, gemitu patefecit.

7. M. etiam Bruti dignus, admisso parricidio, eventus omine designatus est. Siquidem post illud nefarium opus natalem suum celebrans, quum græcum versum expromere vellet, ad illud potissimum Homericum referendum animo tetendit :

* Αλλά με μοῖρ ̓ ὀλοὴ καὶ Λητοῦς ἔκτανεν υἱός. Qui deus Philippensi acie a Cæsare et Antonio signo da tus, in eum tela convertit.

8. Consentaneo vocis jactu C. Cassii aurem fortuna

« PrécédentContinuer »