Schwabsted. Il fut fondé dès le tems que l'évangile fut apporté dans le pays. En 827, le moine Ansgard ou Anscher, Frison de nation, annonça la foi dans le Sleswich, après que le roi Huraldklag eut été baptisé à Mayence. Ce roi Huraldklag, ayant été chasse de son royaume par le roi Regner, avoit imploré le secours de l'empereur Louis le Débonnaire, qui le lui refusa jusqu'à ce qu'il se fut fait baptifer. Les peuples ne laisserent pas de retourner souvent à leur ancienne idolatrie, jusqu'au tems du roi Eric Barn, qui rebâtit le temple de Rypen, après qu'il eut été ramené au christianisme par le moine Ansgard. Ce prince étant mort, la religion chrétienne fut encore bannie du pays jusqu'au regne de l'empereur Henri I. Ce fut dans ce tems que les Danois, après leur défaite, embrasserent pour toujours la lumiere de l'évangile. Il y a eu trente huit évêques de Sleswich. Le dernier a été Godtschalck d'Alefeldt, qui mourut en 1541, & retint l'évêché jusqu'à la fin de ses jours, quoique les autres évêques du Danemarck eussent embrasfé le lutheranisme. Tileman de Hussen fut le premier évêques luthérien qui occupa le siége de Sleswich ou de Schwabstede. Le DUCHÉ DE SLESWICH, qui est proprement le Jutland méridional, a le Nord Jutland pour bornes au septentrion, la mer Baltique à l'orient, le Holstein au midi, & l'Océan au couchant. Il a quarante lieues d'étendue du midi au nord, & vingt-quatre du levant au couchant. Sleswich est sa capitale. Les autres lieux remarquables qui s'y trouvent font Gottorp, Flensbourg, Fredericstad, Tonningen, Hufum, Hadersleben. Les isles de Nordstrand, de Fore, de Sylt, d'Amroen, de Roem & de Mandoa, dépendent de ce duché, qui est arrosé d'un grand nombre de rivieres, ce qui le rend très-fertile. Ce ne font par-tout que prairies & pâturages. La partie orientale est beaucoup plus élevée que l'occidentale, qui consiste en de grandes plaines, abondantes en toutes fortes de grains. Le duché de Sleswisch est une ancienne dépendance du royaume de Danemarck. Le roi Nicolas I le donna en 1128 à Canut fon neveu, fils du roi Eric, surnommé Ejegod. En 1280, Eric Glipping, roi de Danemarck & de Suéde, en investit Waldemar IV, fils d'Eric I, duc de Sleswich. Eric II en fut privé pat Christophle I, auquel Gerhard le Grand, comte de Holstein, l'enleva. Ce dernier en obtint la confirmation de la reine Marguerite, qui lui en donna l'investiture en 1388. Sa postérité se trouvant éteinte en 1459, dans la personne d'Adolphe, Christian I réunit ce pays au royaume de Danemarck; mais après la mort de Frédéric I, ses enfans le partagerent à Rendsbourg en 1544. Il ell divisé en différens bailliages, savoir; On compte dans tous ces bailliages quatorze villes, treize forteresses ou châteaux, & environ quatorze cents quatrevingts villages. Ceux de Hadersleben, de Rypen, de Flensbourg & de Christian - Preys, avec les isles de Roen, d'Amroen, de Mandoa, & la partie occidentale de celle de Fore, appartiennent au roi de Danemarck: ceux de Gottorp, de Tondern, d'Apenrade, d'Husum de Wittensée, de Morkier, d'Eyderstede & de Lohm, devroient être possédés par le duc de Holstein-Gottorp, avec les isles de Femern, de Nord-Strand & de Sylt, & la partie orientale de celle de Fore ; & les bailliages de Sonderbourg, de Nordbourg, de Glucksbourg, & une partie de Sundwit, avec les isles d'Alsen & d'Arroë, font partagés entre les ducs de Holstein-Glucksbourg. L'évêque de Sleswich y possédoit autrefois un domaine considérable que les rois de Danemarck ont réuni à leur couronne, & ont seulement laiffé au chapitre de Sleswich la jouissance de quelques terres. La noblesse de cette province est fort puissante. On l'a divisée en quatre cercles, dont le premier est celui d'Hardersleben: les trois autres font ceux de Tondern, de Flensbourg & de Gottorp. * D'Audifret, Géogr. t. 1. SLEWARDAG, baronnie d'Irlande, dans la province de Munster. C'est une des quatorze du comté de Tipperari. * Etat préf. de la Gr. Bret. t. 3. SLEW-BLOEMY, en latin Bladina Montes, montagnes d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté de la Reine, ou de Queens-County. Ces montagnes sont dans le quartier occidental du comté, qui en est tout couvert. Elles donnent la source à trois grandes rivieres; savoir le Barrow, la Shure & la Nure, qui coulent toutes trois au midi, par diverses routes, & se joignent dans le havre de Waterford. *Délices de la Gr. Bret. p. 1546. SLEWGALEN, montagnes d'Irlande, dans la province d'Ulfter, au comté de Tyrone. Ce comté est divisé en deux grandes parties par ces montagnes, qui forment une longue chaine, qui le traversent dans sa longueur. Ces montagnes ont quelques mines de fer, & donnent la source à diverses petites rivieres, qui coulent vers le lac de Neaugh. Gr. Bret. p. 1590. * Délices de la SLEWMARGIGH, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des sept qui composent le comté de Quenes-County. * Etat préf. de l'Irlande, p. 44. SLIERBACH, abbaye d'hommes, ordre de câteaux, en Allemagne, dans la haute Autriche, au diocèse de Passau. SLEY, SLIE, OU SLYE. Voyez SLIE. SLINGÆ, lieu de la Frise ancienne. Ortelius, Thef. dit qu'il en est fait mention dans une ancienne inscription conservée à Rome, & qui est du tems de Charlemagne. SLOBODA, ville de l'empire Russien, dans la province de Viatka, sur la rive droite de la Viatka, au-dessous de Orlo. * De l'Isle, Atlas. 1. SLONIM, district du grand duché de Lithuanie, au palatinat de Novogrodek. Il prend son nom de sa capitale, & s'étend entre les rivieres de Zelwio & de Sczara. * De l'Isle, Atlas. 2. SLONIM, ville du grand duché de Lithuanie, dans le palatinat de Novogrodek, & le chef lieu d'un district auquel elle donne son nom. Cette petite ville, située sur la rive gauche de la Sczara, est revêtue de quelques fortifications, & l'on y a bâti un château, pour la défendre des insultes des ennemis.* De l'Isle, Atlas. Andr. Cellar. Descr. Polon. D'Audifret, Géogr. t. 1. SLOOTEN, ville des Pays-Bas, dans la Frise ,all Westergoo, dont elle est la capitale. Cette ville, située près d'un grand lac, qui porte le nom de Slooter-Meer, est à trois lieues de Sneeck, & à une du Zuyderzée, mer avec laquelle les habitans de Slooten ont communication par le moyen d'un canal. Cette ville est séparée en deux par un canal navigable, qui vient de Slooter-Meer, & qui va se jetter à une lieue par delà la ville dans un autre canal, qu'on dit avoir été creusé par Tacon II, podestat de Frise. Quoique petite, Slooten est bien peuplée & marchande. Elle a trois portes, une église, & une maison de ville, où le magiftrat, qui eft composé de quatre bourguemeftres, & de trois fénateurs, s'assemble pour rendre justice, & gouverner les affaires publiques. Le terroir des environs eft trèsfertile en froment & en pâturages, ce qui fait qu'on y éléve beaucoup de bétail, & qu'on y fait beaucoup de beurre & de fromage. Il n'y a pas long-tems que Slooten a été mise au rang des villes. Elle avoit toujours été ouverte; mais pendant les guerres de religion, les confédérés l'entourerent de quelques ouvrages, que les Espagnols ruinerent dans la suite. Les états de la province les ont fait réparer depuis, & y ont ajouté de nouvelles fortifications; de forte qu'elle a maintenant un bon fossé rempli d'eau, & des remparts, défendus par cinq bons bastions. SLOTNA. Voyez AURARIE. SLUCZK, ville du grand duché de Lithuanie, au palatinat de Novogrodek. Elle prend son nom de la riviere sur laquelle elle est située. Cellarius, Descr. Polon. p. 413, dit dans sa description de la Pologne, , que c'est la plus grande ville du pays, mais qu'elle est presque toute bâtie de bois, si on en excepte le palais ducal, l'église des catholiques, & quelques autres édifices. Sous le regne de Sigismond I, les Tartares furent défaits au voisinage de cette ville, en trois batailles rangées, par Constantin, duc d'Ostrog. 2 LE DUCHÉ DE SLUCZK est dans la partie orientale du palatinat de Novogrodek. Il a eu autrefois ses princes particuliers, qui poffedoient de grandes terres. Leur maison est éteinte; & depuis ce tems le duché est possédé par les princes de Radziwil. SLUCZA, ville de Pologne, dans le palatinat de Kalisch, fur la rive droite de la Warta, au fud eft de Gnesne. Cette petite ville fut prise & réduite en cendre par les Teutoniques l'an 1331. * Alex. Guagnin, Rer. Polon. t. 2, p. 31. SLYE, SLIE, OU SLEY; riviere du Danemark, dans le Jutland méridional. C'est proprement un golfe de la mer Baltique, qui entre dans les terres, & qui est beaucoup plus long que large. Il a depuis son embouchure jusqu'au Gottorp, cinq milles d'Allemagne de longueur. De tous les côtés de ses rivages, il reçoit plusieurs ruisseaux & petites rivieres: l'on y pêche toutes fortes de poissons; les plus excellens sont les brochets, les éturgeons & les harangs, dont on fait une grande pêche à l'embouchure de ce golfe & au voisinage de Sonderburg. Quoique l'embouchure de la Slye soit suffisamment large, il n'y a pourtant pas assez de fond pour que de grands vaisseaux y puissent entrer. On dit que la reine Marguerite Sambirie y fit jetter de grosses pierres qui en ont gâté l'entrée. Pontanus & Jean Peterson rapportent qu'en 1426 les habitans du Holstein y jetterent aussi quantité de pierres dans le tems que la ville de Śleswich étoit afliégée par le roi Eric. Les mêmes auteurs ajoutent que l'entrée du golfe fut ensuite nétoyée par les Danois; & que comme aujourd'hui c'est le sable & la vase qui ferment cette embouchure; on devroit la nétoyer. * Hermanid. Descript. Daniæ, p. 857, t. 2. SMALAND ou GOTHIE MÉRIDIONALE, province de la Suéde, dans la partie méridionale de la Gothie. Elle est bornée au nord par l'Ostrogothie; à l'orient par la mer Baltique : au midi partie par la Schone, partie par le Blecking; à l'occident par la Westrogothie. On lui donne environ quarante lieues du couchant au levant, & vingt-cinq à trente lieues du midi au nord, le long de la côte. On la divise en plusieurs territoires, qui font ceux de Wernfland, de More, de Tiust, de Tyaderds & d'Asboland Finhed. Sa ville capitale est Calmar. On divise aufli cette province en continent & en isles, entre lesquelles la plus grande est celle d'Oland ou Oeland. Les lieux les plus remarquables font: SMAL-COUNTY, baronnie d'Irlande, dans la province de Munster, au midi de Clanwilliam. C'est une des neuf baronnies qui composent le comité de Limerick. * Etat présent de l'Irlande. SMÁLKALDEN, ville d'Allemagne, dans le cercle de la haute Saxe, avec un territoire qui s'étend entre le duché de Weimar & celui de Saxe-Naumbourg. Cette ville située à un mille de la riviere de Werra, & à fix d'Erford, est renommée par les confédérations que les princes proteftans y firent dans les années 1530, 1537 & 1540, pour la défense de leur religion; d'où la guerre qu'entreprirent contre eux l'empereur Charles V, & fon frere Ferdinand fut appellée Smalcaldique. Cette ville a été la capitale du comté de Frankenstein. Berthol VIII, comte de Hennebert, l'acheta de Louis & de Sigebert, comte de Frankenstein. Aujourd'hui Smalkalden appartient au landgrave de HesleCaffel. * Jaillot, Atlas. SMARAGDITES-MONS. Pline, 1. 37, c. 5, dit qu'on appelloit ainsi une montagne voisine de Chalcédoine, où l'on trouvoit des émeraudes vicieuses. SMARAGDUS-MONS, montagne d'Egypte. Prolomée, 1.4, c.5, la marque sur la côte du golfe Arabique, entre Nechefia & Lepte extrema. C'est apparemment dans cette montagne qu'étoient les mines d'émeraudes, dont Héliodore fait si souvent mention. 1 SMELDINGI, peuples de la Germanie, au-delà de : l'Elbe. Il est dit dans les annales de Charlemagne, ad an. 808, que Charles, fils de cet empereur, jetta un pont fur l'Elbe, & mena l'armée qu'il avoit sous les ordres dans le pays des Hilinons & des Smeldingi, qui s'étoient foulevés & avoient pris le parti du roi Godefroi Charles, après avoir ravagé tout le pays de ces peuples, repaffa l'Elbe lain & fauf, & rentra dans la Saxe. C'est là tout ce que nous avons pour reconnoître à peu près le pays qu'habitoient les Smeldingi. SMENUS, fleuve du Péloponnése, dans la Laconie. Ce fleuve à son embouchure, dit Paufanias, 1. 3, c. 24, à la gauche d'un promontoire fort élevé, fur lequel il y a un temple de Diane, surnommée Dictynna, en l'honneur de laquelle il se célébre un jour de fête tous les ans. Je ne connois point de fleuve, poursuit Paufanias, dont les eaux soient plus douces ni meilleures à boire. Il a sa source dans la montagne de Taïgète, & palle à cinq stades de la ville. C'est le fleuve Smeneos de Diodore de Sicile. SMERWICK, port de l'Irlande, dans la province de Momonie, sur la côte du comté de Kerry. Le cap de Brandon-Hills fait près de son extrémité deux bons havres, l'un au nord appellé SMERWICK, & l'autre au sud nommé DINGLE. Celui de Smerwick n'est ni grand ni profond : mais il est net & bien fermé. Son nom est corrompu de S. Marie Wirck. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1509. SMIDEROVIE. Corneille, Dict. dit: ville principale de Rascie; elle est assez proche de Belgrade. Il entend sans doute la ville de Semendrie, dans la Servie, à la droite du Danube, un peu au-dessous de Belgrade. SMIHEL, SMIELE OU ISMAIL, ville des états du Turc, en Europe, non dans la basse Bulgarie, comme le dit Corneille, Dict. mais dans le Budziac on Bessarabie, fur la bouche la plus septentrionale du Danube, environ à quatre milles au-dessus du Keli ou Kilia Nove. SMILA, ville de Grèce, aux confins de la Thrace & de la Macédoine, selon Hérodote, qui la place dans une contrée qu'il nomme Crossaz. SMINTHA, ville de l'Asse mineure, dans la Troade, felon Etienne le géographe, Euftathe & Q. Calaber. Elle donnoit fon nom à une montagne voisine, appellée SMINTHIUM NEMUS. Cette ville qui est nommée SMINTHIUM par Strabon, l. 10, p. 473, étoit voisine d'Hamaxitia, & se trouvoit déserte du tems de ce géographe, qui nous apprend qu'il y avoit divers lieux appellés Sminthe; savoir, deux près d'Hamaxite, hors du temple d'Apollon Sminthien, d'autres dans le territoire de Larisse, dans l'isle de Rhodes, & en plusieurs autres endroits. Smintha fut une ville sur la côte de l'Hellespont. Elle devoit sa fondation à une colonie de Crétois, & elle avoit un temple où Apollon rendoit des oracles. Homere parle de Siminthe dans le premier livre de l'Iliade: SMIRNE. Voyez SMYRNE. SMOCOBUM PRÆFECTURA, préfecture dont il est parlé dans les sanctions pontificales des empereurs d'orient, qui la mettent dans un canton appellé Baltitzes. Cette préfecture ni ce canton ne sont point connus d'ailleurs. SMOLENORUM REGIO, contrée que Nicétas, cité par Ortelius, place dans la Thrace. 1. SMOLENSKO, province de l'empire Russien, dans la Ruffie-Blanche, avec titre de grand duché & de palatinat. Elle est bornée au nord par la principauté de Biela, à l'orient par le Duché de Moscou, au midi partie par le duché de Severie, partie par le palatinat de Mcislave, & à l'occident partie par le même palatinat, partie par celui de Witepsk. Le Nieper traverse cette province d'orient en occident. C'étoit autrefois un palatinat séparé, qui faisoit partie de la Lithuanie, dont il est frontiere. * De l'Isle, Atlas. Voyez l'article suivant. 2. SMOLENSKO, ville de l'empire Russien, au grand duché de même nom, dont elle est la capitale. Cette ville fituée sur le Nieper, à la droite, dans la partie occidentale de la province, se trouve aux confins de la Moscovie, & de la Lithuanie vers le 54d 35' de latitude. Elle est grande & forte: son évêché, qui est suffragant de l'archevêché de Gnesne, fut institué par le pape Urbain VIII, à la sollicitation du roi Vladislas IV. Comme cette place est sur les ; frontieres, elle a été sujette à bien des changemens. Elle appartenoit autrefois aux ducs de Ruffie. Mais Vitold, grand duc de Lithuanie, s'en empara en 1403. En 1514, le grand duc de Moscovie s'en rendit le maître. Sigismond III, roi de Pologne, l'enleva aux Moscovites en 1611: ceux-ci tenterent plusieurs fois de la reprendre, mais toujours inutilement.Enfin Alexis Michalowits la reprit le 13 octobre 1654, & les Polonois céderent aux Moscovites, par un traité de paix en 1687, tout le droit qu'ils prétendoient avoir sur cette ville & fur tout le duché dont elle porte le nom ; & depuis ce tems-là elle a fait partie des états du czar, qui entretient garnison dans le château, qui est dans une montagne au milieu de la ville. * Le Brun, Voyage, t. s, P257 SMOLNICK. Corneille, Dict. dit, sans citer de garant, bourg de la haute Hongrie, accompagné d'un château. On le trouve dans les montagnes, au comté de Scepus, vers les frontieres de la Pologne. Ce bourg n'est point marqué dans la carte de la Pologne par de l'Isle, 1717. SMONGI. La relation de l'ambassade des Hollandois au Japon appelle ainsi une ville de cet empire. Smongi, ditelle, eft affez célébre, & à côté de cette ville est le beau palais d'Onnaïs. On monte à ce palais par un escalier taillé dans le roc, & qui est coupé en deux à la seiziéme marche. Il continue de la forte jusqu'au perron bâti à l'italienne fur le roc, derriere lequel il se rejoint. Deux pavillons assez beaux, aux coins desquels il y a des boules & des dragons, sont appuyés sur deux arcades, dont le soubassement est percé de quatre croisées, environnées de balustres. A dix marches plus haut est le grand portail du palais, où l'on entre par trois endroits, le tout de la même structure que la premiere entrée, si ce n'est qu'il n'y a point de boules fur la couverture. Ce portail qui touche de chaque côté à une tour à trois étages, où l'on garde les trésors, est bâti au milieu d'une galerie percée de huit croisées en dehors, & d'autant en dedans. Les bords de la couverture font aussi semés de petites boules. Un peu plus loin il y a deux autres tours, mais plus petites & de même figure. Elles servent de logement aux femmes & aux concubines. Près delà est une ville appellée Coyo. SMYRALEA. Voyez CÉSARÉE, no 7. SMYRNE, ville de la Turquie, en Afie, dans l'Anatolie, au pays de Sarchan. C'est la plus belle porte par où l'on puisse entrer dans le Levant : elle est bâtie au fond d'une baye capable de contenir la plus grande armée navale. Des sept églises de l'Apocalypse, c'est la seule qui subsiste avec honneur; elle doit cet avantage à saint Polycarbe, à qui faint Jean, qui l'avoit formé dans l'épiscopat, écrivit par ordre du Seigneur : Soyez fidelle jusques à la mort, je vous donnerai la couronne de vie. Les autres villes que Saint Jean avertit par ordre du Seigneur, font tout-à-fait ruinées. Sardes, Pergame, Ephese, Thyatire, Philadelphie, Laodicée ne sont plus que de misérables villages, où l'on trouve quelques inscriptions. * Tournefort, Voyage du Levant, t. 2, p. 196, & suiv. fes Smyrne est une des plus grandes & des plus riches villes du Levant. La bonté de son port l'a conservée & fait rebâtir plusieurs fois, après avoir été renversée par les tremblemens de terre. C'est comme le rendez-vous des marchands des quatre parties du monde, & l'entrepôt des marchandiqu'elles produisent. On compte quinze mille Turcs dans cette ville, dix mille Grecs, dix-huit cents Juifs, deux cents Arméniens, & autant de Francs. Les Turcs y ont dix-neuf mosquées, les Grecs deux églises, les Juifs huit synagogues, les Arméniens une église, & les Latins trois couvens de religieux. L'évêque Latin n'a que cent écus romains de rente; celui des Grecs a mille cinq cents piastres. Quoique celui des Arméniens ne subsiste que par les aumônes de sa nation, il est le mieux partagé de tous les prélats chrétiens. On amasse ces aurones les fêtes & les dimanches, & on assure qu'elles montent à fix ou sept bourses par an. La situation de cette ville est admirable. Elle s'étend le long de la mer, au pied d'une colline qui domine le port. Les rues y font mieux percées, mieux pavées, & les maisons mieux bâties que dans les autres villes de terre - ferme. La rue des Francs, qui est le plus bel endroit de Smyrne, regne le long du port. On peut dire que c'est un des plus riches magasins du mo monde; aussi la ville est placée comme au cen 4 tre du commerce du Levant, à huit journées de Constanti. nople par terre, & à quatre cents milles par eau, à vingtcinq journées d'Alep par caravanes, à fix de Cogna, à sept de Cutaye, & à fix de Satalie. Il n'y a dans Smyrne qu'un sarda qui commande deux mille janisfaires, logés dans la ville, ou aux environs. La justice y est administrée par un cadi. La nation françoise étoit composée en 1702, d'environ trente marchands bien établis, sans compter plusieurs autres François qui y faifoient un commerce moins confidérable. La nation angloise y étoit nombreuse aussi & leur négoce, étoit floriffant. Dans le tems que nous étions à Smyrne, continue de Tournefort, la nation hollandoise n'étoit composée que de dix-huit ou vingt marchands bien établis & fort eftimés. Il n'y avoit que deux Génois, qui négocioient sous la banniere de France. Il y résidoic un consul de Venise, quoiqu'il n'y eut aucun marchand de cette nation. Les caravanes de Perse ne cessent d'arriver à Smyrne, depuis la Toussaint jusqu'en mai & juin. On y porte quelquefois jusqu'à deux mille bales de foie par an, sans compter les drogues & les toiles. Les François y portent de la cochenille, de l'indigo, de la falsepareille, du bois de bréfil & de campêche, du verd de gris, des amandes, du tartre, du poivre, de la canelle, du girofle, du gingembre, de la muscade. Les draps du Languedoc, les serges de Beauvais, les cadis de Nismes, les pinchinas, les satins de Florence, le papier, l'étain fin, le bon acier & les émaux de Nevers, y sont de bon débit. Avant que ce commerce y fût bien établi, les marchands des autres nations appelloient les François Mercanti di Barretti, parce qu'ils fournissoient, de même qu'aujourd'hui, presque tous les bonnets & les calottes de laines. Ils y portoient aussi de la fayence; mais la plus grande quantité est envoyée d'Ancone. On estime à Smyrne les fouines de France, & fur-tout celles du Dauphiné, dont on se sert pour les fourrures. Une fourrure de veste s'y vend depuis cinquante jusques à quatre-vingts écus: on mêle les plus foncées en couleur avec le samour, qui est la marthe zibeline, ou la fouine de Moscovie. On employe beaucoup plus de ces peaux de fouines qui viennent par la Sicile, que de celle de France; mais elles y font moins cheres, parce que celles de France passent sur le pied des fouines d'Arménie & de Géorgie. Outre les foies de Perse & le fil de chevre d'Angora & de Beibazar, qui font les plus riches marchandises du Levant, les François tirent de Smyrne le coton filé, ou caragach, le coton en rame, les laines fines, les laines bâtardes, & celles de Metelin, les noix de gale, la cire, la scamonée, la rhubarbe, l'opium, l'aloë, la turie, le galbanum, la gomme arabique, la gomme adragant, la gomme ammoniac, le semen contra, l'encens, la zedoaria, & des tapis grands & communs. Tout le commerce se fait par l'entremise des Juifs, & on ne sauroit rien vendre ni acheter, qui ne pafle par leurs mains. On a beau les traiter de chifous & de malheureux, rien ne se meut que par leurs organes. Les marchands étrangers vivent entre eux avec beaucoup de politesse, & ils ne manquent à aucune visite de cérémonie ou de bienséance. Les Turcs paroissent rarement dans la rue des Francs, qui eft de toute la longueur de la ville. Il semble quand on eft dans cette rue, que l'on soit en pleine chrétienneté; on n'y parle qu'italien, françois, anglois, hollandois & fur - tout provençal. Tout le monde se découvre en se saluant. On y voit des capucins, des jésuites, des recolets. On y célébre publiquement & fans trouble l'office divin; mais d'un autre côté on n'y garde pas assez de mesure avec les Mahometans, car les cabarets y font ouverts à toutes les heures du jour & de la nuit. On y joue, on y fait bonne chere, on y danse à la françoise, à la grecque, à la turque. Ce quartier seroit très-beau, , s'il y avoit un quai sur le port; mais la mer vient battre jusqu'au derriere des maisons, & les bateaux entrent , pour ainsi dire, dans les magasins. Les tremblemens de terre, ausquels cette ville est fort fujette, y ont causé en différens tems plusieurs changemens. II en arriva un si terrible en 1688, que la ville fut entierement renversée; & comme on crut que les maisons étoient trop pesantes, & qu'elles ne prêtoient pas affez aux secouffes, on les a faites plus légeres : les fondemens sont de pierre jusqu'à la hauteur de dix ou quinze pieds, & le reste est de bois. Depuis ce tems les tremblemens n'ont pas tant fait de ravages. ravages. Les Grecs en comptent fix principaux ; & c'est une tradition parmi eux qu'un septiéme renversera & détruira entierement la ville, qui ne sera jamais rebâtie. SMYRNE, comme je l'ai déja insinné, est une ville fort ancienne, bâtie felon les Grecs, par l'amazone Smyrna, qui lui donna fon nom. Elle est située au fond d'une baye, a dix lieues de fon embouchure, qui est assurée par de hautes montagnes contre tous les vents, excepté contre celui d'aval: & ainsi elle ne peut fouffrir aucun dommage du côté de la mer ; car le fleuve Hermus qui s'y décharge fait un banc de fable, qui arrête la fureur de la mer, & qui ne laifle qu'un passage aflez étroit; mais le plus ignorant pilote peut conduire, sans péril, les vaisseaux dans la baye, où il y a toujours de la place, & du fond avec un bon mouillage ou tenure. Cette baye a le mont Sipylus au nord, & au nord-est une autre montagne, qui peut être le mont Megefis dont parlent Ptolomée & Strabon. Du côté de la pointe d'occident, jusqu'au promontoire Argennum, l'on voit le mont Mimas qu'on appelle présentement les Freres, à cause des deux pointes qui y font. Il y a là une petite ouverture qui est l'embouchure de la baye; mais les montages recommencent à s'élever delà pour joindre le mont Sipylus. Ces montagnes ne font pas escarpées par-tout, & entre elles & la baye il y a des champs très-fertiles. On y voit des oliviers, des vignobles, & des terres à bled; depuis là jusqu'au mont Sipylus, il y a une vallée de deux lieues de long, & environ d'un quart de large, en quelques endroits. Cette vallée, avec les jardins de la ville, & la ville même, eft arrosée de deux beaux courants d'eau douce, dont l'un coule au nord, venant du mont Sipylus, & l'autre du mont Mimas du côté du fud: ils se joignent ensemble au nord-est de la ville, & fe déchargent dans la mer au nord-ouest à l'extrémité de la ville, après s'être un peu grossis. Celui qui vient du nord, du mont Sipylus, est une riviere confidérable, où il y a quantité de poissons. L'autre qui vient du mont Mimas est porté pour la plus grande partie dans la ville par des aqueducs, dont deux font fort bien bâtis, avec des arches de pierre, qui croisent la vallée, ou le foffé profond qui s'eft creuté de lui-même, entre les deux montagnes; dont celle qui est le plus au nord est le lieu où étoit l'ancienne Smyrne, qui n'est plus qu'un château. Le reste de l'eau se répand dans les jardins. Strabon fait la meilleure & la plus courte description de l'ancienne situation & de la beauté de cette place. De-là, dit-il, la décrivant au nord d'Ephése, il y a une autre baye où étoit l'ancienne Smyrne, à vingt stades, ou deux milles & demi de la nouvelle. Lorsque les Lydiens eurent détruit Smyrne, la campagne d'alentour n'étoit peuplée que de villages pendant quatre cents ans ou environ. Après quoi Antigonus la rebâtit, & Lysimachus après lui; mais c'est aujourd'hui une des plus belles villes de l'Asie. Une partie est bâtie sur la montagne, mais la plus grande partie est dans une plaine, sur le port, vis-à-vis du temple de la mere des dieux, & du gymnase ou de l'école. Les rues sont les plus belles du monde, coupées en angles droits, & pavées de pierres. Il y a de grands portiques carrés au plus haut & au plus bas de la ville, avec une bibliotheque & un homérion, qui est un portique carré avec un temple, où est la statue d'Homère; car ceux de Smyrne font fort jaloux de ce qu'Homére a pris naissance parmi eux, & ils ont un médaillon de cuivre qu'ils appellent homérion, La riviere de Meles coule le long des murailles. Entre les autres commodités de la ville, il y a un port qui se ferme quand on veut. * George Wheler, Voyage de Dalm. &c. p. 258 & suiv. t. I. qui est de l'homérion, on pourroit croire qu'on l'a appellé le temple de Janus, peut-être à cause de quelque ressemblance avec celui de Rome, car il n'est pas fort éloigné de la riviere que l'on suppose avoir été celle de Meles. C'est un petit portique ou bâtiment carré de pierres d'environ trois brasles de long & de large, avec deux portes opposées l'une à l'autre, l'une au nord & l'autre au fud, avec une grande niche en dedans contre la muraille orientale, où pouvoit être l'effigie d'Homére; quoiqu'il y en ait qui affurent que c'étoit un temple de Janus. On ne peut guères conjecturer où étoit le Gymnasium, non plus que les beaux portiques qui ornoient cette place. Le port qu'on ouvroit, & que l'on fermoit quand on vouloit, pouvoit être cette petite place carrée sous la citadelle, qui sert à présent de havre aux galeres & autres petits vaisseaux. Le théâtre & le cirque ne font pas des moindres restes de l'antiquité, quoique Strabon n'en parle point. Le théâtre étoit sur le penchant d'une montagne, au nord de la citadelle, & bâti de marbre blanc. On vient de le détruire pour bâtir un kan nouveau & un bazar ou bezestein, qui est vouté de pierres de taille, & long de quatre cents pas. On a trouvé dans les fondemens un pot de médailles, qui font toutes de l'empereur Gallien, de fa famille, & des tyrans qui régnoient en même tems que lui; ce qui fait conjecturer que cet empereur avoit fait bâtir ce superbe édifice, ou que du moins il avoit été bâti de son tems. Il y en a pourtant qui affurent qu'il fut bâti du tems de l'empereur Claude. Ils se fondent fur ce qu'on a trouvé dans la scène de ce théâtre une base de statue, qui n'avoit que le mot de Claudius. Le cirque est creusé profondément dans la montagne qui est au couchant de la citadelle. Il a environ deux cents cinquante pas de long, & quarante-cinq de large. On s'en servoit pour les courses, & les tournois de chevaux. Les Grecs appelloient ces lieux des stades, lorsqu'ils n'étoient que de cent vingt-cinq pas, & des Diaules lorsqu'ils avoient le double comme celui ci; les Latins les appelloient Cirques. On voit encore dans cet endroit quantité d'anciens fondemens; mais on ne sait ce que c'étoit. On trouve aussi plusieurs inscriptions & médailles qui concernent cette place; il y en a qui font fort considérables; d'autres ne font que des fragmens où on lit le nom des empereurs Tibère, Claude & Neron. Strabon donne à plusieurs princes le titre de restaurateurs de Smyrne; & le fragment d'une de ces inscriptions attribue la même gloire à l'empereur Adrien en ces termes : ΑΥΤΟΚΡΑΤΟΡΙ ΑΔΡΙΑΝΩΙ ΟΔΥΜΠΙΩΙ ΣΩΤΗΡΙ ΚΑΙ ΚΤΙΣΤΗΙ C'est-à-dire : à l'empereur Adrien Olympien, sauveur & fondateur. Il y en a un autre qui est une lettre des empereurs Sévère & Caracalla à ceux de Smyrne, & l'on y lit ces mots: ΟΙ ΘΕΙΟΤΑΤΟΙ ΑΥΤΟΚΡΑΣΟΡΕΣ ΣΕΟΥΗΡΟΣ ΚΑΙ ΑΝΤΟ ΝΕΙΝΟΣ ΚΑΙΣΑΡΕΣ ΣΜΥΡΝΑΙΟΙΣ ΕΙ ΚΛΑΥΙΔΙΟΣ ΡΟΥΦΙΝΟΣ Ο ΠΩΛΕΙΤΗΣ ΥΜΩΝ ΔΙΑ ΤΗΝ ΠΡΟΑΙΡΕΣΙΝ Η ΣΥΝΕΣΤΙΝ ΕΠΙ ΠΑΙΔΕΙΑ ΚΑΙ ΤΟΝ ΕΝ ΛΟΛΟΙΣ ΣΥΝΕΧΗ ΒΙΟΝ ΤΗΝ. ΠΓΡΟΚΕΙΜΕΝΗΝ ΤΟΙΣ ΣΟΦΙΣΤΟΙΣ ΚΑΤΑ ΤΑΣ ΘΕΙΑΣ ΤΩΝ ΠΡΟΓΟΝΩΝ ΗΜΩΝ ΔΙΑ ΤΑΞΕΙΣ ΑΤΕΛΕΙΑΝΤΩΝ ΛΕΤΟΥΡΓΙΩΝ ΚΑΡ ΠΟΥΜΕΝΟΣ ΥΜΩΝ ΑΥΤΩΝ ΕΚΟΥΣΙΩ ΑΝΑΓΚΗ ΠΣΟΚΑΛΟΥΜΕΝΩΝ ΣΤΡΑΤΗΓΙΑΝ ΚΑΤΑ ΤΟ ΠΡΟΣ ΤΗΝ ΠΑΤΡΙΔΑ ΦΙΛΤΡΟΝ La vieille Smyrne étoit vraisemblablement sur une montagne au sud de la nouvelle, & au couchant de la haute fortereffe; car il y a là plusieurs monceaux de pierres, qui font conjecturer que la muraille de la ville étoit en cet endroit. Cette nouvelle Smyrne, quoique ancienne à notre égard, commandoit fans doute toute la montagne, le ΥΦΕΣΤΗ ΤΗΝ vieux châteaux étant dessus, & tout ce qui y touche, audessous de la pointe, s'étendant dans la baye au sud, & la plaine qui est beaucoup plus au nord-est que la nouvelle Smyrne de notre tems; mais je ne crois pas qu'elle s'étendit tant au nord; car en entrant dans la rue des Francs, il y a une muraille, qui semble avoir fait partie de la ville. On va le long de cette muraille quand on vient de la mer, à un grand bâtiment de pierre démoli, lequel peut avoir été le temple de Cybèle, mere des dieux. Pour ce ΤΗΝ ΤΟΥ ΝΕΙΣΤΑ ΑΛΛΑ ΜΕΝ ΕΙΝ ΑΠΡΑΓΜΟΣΥΝΗΝ ΑΚΕΙΝΗΤΟΝ ΑΥΤΩ ΔΙΚΑΙΟΤΑΤΟΝ ΕΣΤΙΝ ΟΤ ΓΑΡ ΑΞΙΟΝ ΤΩ ΑΝΔΡΙ ΤΗΝ ΕΙΣ ΥΜΑΣ ΦΙΛΟΤΕ ΜΙΑΝ ΓΕΝΕ ΣΘΑΙ ΖΗΜΙΑΝ ΚΑΙ ΜΑΛΙΣΤΑ ΤΑΥΤΗΝ ΥΜΩΝ ΑΙΤΟΥΝ. Tome V. Ffff ΤΩΝ ΥΠΕΡ 594 ΑΥΤΟΥ ΤΗΝ ΧΑΡΙΝ SMY ΕΥΤΥΧΕΤΕ SMY ont leur cimetiere près de là au sud sous la montagne ; & au ΕΠΕΣΕΣΒΕΥΕΝ ΑΥΡ. ΑΝΤ ΩΝΕΙΝΟΣ ΚΑΙ ΑΙΛΙΟΣ nord de la citadelle, le long de la côte, on voit d'abord le ΕΠΗΡΑΤΟΣ à C'est-à-dire, les très-divins empereurs Sévère & Antonin Il y a un de citerne, pierre qui sert à présent proche du jardin d'un ancien aga de la ville. Il fut tiré des ruines; il n'y a pas long-tems, l'on trouva dedans les os d'un homme avec son casque de cuivre, son épée & ses épeun Romain; car on Fons. L'inscription fait voir que c'étoit s'est servi longt-tems de cuivre pour faire des armes, avant d'y employer du fer. Il y a encore d'autres inscriptions qui font affez considérables, & quantité de médailles, qui apprennent plusieurs particularités qui concernent cette place. On en a trouve des empereurs Tite & Domitien, avec ane figure chargée sur les revers, qui porte un rameau dans sa main droite, une corne d'abondance de la gauche : l'eau qui en tombe représente la riviere d'Hermus. On lit les mots fuivans : ΣΜΥΡΝΑΙΩΝ ΕΡΜΟΣ ΕΠΥ ΙΩΝΙΟΥΣ; c'est à-dire Hermus des habitans de Smyrne, dans l'Ionie: on en peut recueillir que ceux de Smyrne tiroient tribut de la riviere d'Hermus, & qu'elle étoit annexée à l'Ionie. Il y a aussi des médailles qui nous apprennent les confédérations de cette ville avec d'autres, comme Pergame du tems de Caracalla avec Thyatire: & Apollinaris, avec Hierapolis; celleci semble avoir été solemnifée par quelques jeux, ce qui est représenté par deux urnes remplies de branches de palme, avec le mot OMONOIA, c'est-à-dire la confédération. On a trouvé aussi une médaille, où l'on voit une tête couronnée de lauriers, & ces lettres autour : IΕΡΑΣΥΝΚΛΕToc & une autre avec le frontispice d'un temple, une image debout entre des colomnes, & ces lettres autour; ΣΜΥΡΝΑΙΩΝ. Γ... ΝΕΩΚΟΡΩΝ ; c'est - à-dire, le faint Senat de Smyrne trois fois Néocore, Il y a lieu de croire que cela suppose une fauffe divinité, qui étoit le protecteur du sénat qu'ils estimoient si saint, comme on le voit encore par le titre de cette inscription qui se trouve au sépulcre des Arméniens: C'est-à-dire, à la bonne fortune, à la très-illustre Metropo- Cette ville a eu l'avantage de recevoir de bonne heure l'é- Tout ce qui défend Smyrne de l'invasion des corsaires n'est qu'une petite forteresse à la bouche du golfe, environ à deux lieues de la ville, & dont les gros canons font la plus grande fûreté, n'étant environnée que d'un petit follé, & de quelques murailles, avec un batterie de deux ou trois gros canons contre terre. Pour le château, qui est sur la montagne proche de la ville, il est négligé. On voit une ou deux aigles romaines bien gravées sur les murailles, & un autre bas relief d'un homme à cheval. Il y a une inscription en marbre sur la porte, en caractères grecs modernes; mais elle est trop haute pour la pouvoir lire. Il y a encore une autre vieille petite citadelle sur le port pour les galeres, & les vaisseaux ; & l'échelle ou douane des sujets du grandseigneur eft de l'autre côté Les Anglois & les Hollandois nouveau bezestan, vouté de grandes pierres de taille tirées du théâtre: il ressemble à un rue fermée aux deux extrémi tés, dont les boutiques sont de petites chambres qui ont toutes chacune leur dôme couvert de plomb, percé à jour avec des vitres. On trouve tout joignant & vis-à-vis, un fort beau kan, nouvellement bâti, après quoi suit l'échelle, ou la douane des Francs; c'est là que commence la rue des Francs du côté de l'eau. On y a des échelles & des magasins propres à charger & à décharger les marchandises; ce font aujourd'hui les plus beaux & les meilleurs bâtimens de Smyrne. Il y a quantité de caméléons autour de Smyrne; ils ressemblent en quelque forte à un grand lézard; mais ils ont les épaules relevées comme un pourceau, & leurs pieds sont séparés comme ceux d'un pivert, ou d'un perroquet, avec deux ongles devant & trois derriere, qui ne font séparés l'un de l'autre que proche des extrémités. Ils ont une longue queue comme un rat. Ils font ordinairement verds, tirant fur le brun autour des épaules, & d'un verd jaune sous le ventre, avec des taches quelquefois rouges, & quelquefois blanches; mais le verd se change de tems en tems en noirátre, sans qu'il reste rien de la premiere couleur : les taches blanches disparcissent aussi & s'obscurcissent; elles demeurent auffi quelquefois; d'autres fois elles se changent en une couleur tirant fur le pourpre, ce qui arrive souvent lorsqu'ils font troublés. Tout le verd de def. sus se tache souvent de noir, & retourne aufli souvent du noir au verd. Ordinairement quand ils dorment sous une couverture blanche, ils deviennent blancs; mais cela leur arrive aussi sous une couverture rouge. Ils prennent difficilement la couleur bleue. La nature a donné ce changement de couleurs à cet animal pour sa conservation; car il est fort lent à marcher. Lorsqu'il se voit en danger d'être pris, il ouvre la gueule, & fitle comme une couleuvre. Les petits changent de couleurs plus promptement que les grands, sans doute parce qu'ils font plus farouches. Leurs yeux font admirables pour les couleurs: ils font grands à proportion de leur tête. Ils font couvert d'une peau calleuse de la même substance que le corps. La tête de cet animal est comme immobile, de forte qu'il ne peut pas se tourner comme il voudroit: mais la subtilité de ses yeux répare cet inconvénient. Il peut regarder en même tems devant lui avec un œil, & derriere avec l'autre. Sa langue est une forte de petite trompe cartilagineuse, d'environ demi - pouce de long, creuse & jointe à fon gofier par une membrane charnue & dure, dans laquelle elle est renfermée, lorsqu'elle est dans sa gueule; il la tire dehors environ un pouce. Elle eft enduite d'une substance glutineuse pour prendre des mouches, qui s'y attachent comme à de la glu. On croit que ces mouches font leur nourriture ordinaire. Il y a encore autour de Smyrne quantités de pélicans. Les brebis de ce pays font fort grosses: elles ont une grosse queue qui leurcouvre tout le croupion; ce n'est qu'un pur morceau de graisse sur les os, & quelques-unes pesent jusqu'à dix livres. Il croît dans le territoire des jujubes, du smyrnion, & de l'origanum: cette derniere plante dure toujours, elle pouffe en haut des tiges longues, boiseuses, environnées de petites branches, à diverses distances, & dont les feuilles sont plus petires que le majoram de Candie, quoiqu'elles ne foient ni si longues ni fi blanches. Elles sont plus longues que larges, aboutifsant en une pointe aiguë. Au haut de la tige cette plante porte un bouquet de petite graine écaillée comme la gouffe de lin, & toure la plante fent fort bon. Les Romains, pour conserver la plus belle porte de l'Asie, traiterent toujours les citoyens de Smyrne fort humainement ; & ceux-ci leur furent fidéles. Ils semirent sous leur protection durant la guerre d'Antiochus. Il n'y a que Craffus, proconful romain, qui paroisse avoir été malheureux près de cette ville. Dans les guerres de Céfar & de Pompée, Smyrne se déclara pour ce dernier, & lui fournit des vaisseaux. Après la mort de César, Smyrne qui penchoit du côté des conjurés, refusa l'entrée à Dolabella, & reçut le conful Trebonius l'un des principaux anteurs de la mort du dictateur; mais Dolabella l'amusa si à propos, qu'étant entré la nuit dans la ville, il la surprit, & le fit martyriser pendant deux jours. Dolabella cependant ne put pas conserver la place: Caffius & Brutus s'y affsemblerent pour y prendre leurs mesures. On oublia tout le pallé quand Auguste fut paisible possesseur de l'Empire. Tibére honora |