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parties, qui font en dedans ou aux extrémités. La RÉGION INTERIEURE eft la partie la plus engagée dans les terres de cette même région : La région extérieure eft la partie la plus dégagée, & comme au dehors des terres de cette même région. Ainfi la partie de l'Afrique qui fe trouve la plus engagée dans fes terres, fe nomme AFRIQUE INTÉRIEURE; & celle qui eft la plus dégagée, & comme féparée de fes terres, s'appelle AFRIQUE EXTÉRIEURB.

La grandeur respective d'une RÉGION à l'autre la fait encore divifer en GRANDE & en PETITE, comme quand on divife l'Afie en Afie majeure & en Afie mineure, & la Tartarie en grande & en petite.

les

L'antiquité & la nouveauté de la poffeffion, & encore la nouvelle découverte de quelque région, l'ont fait divifer en VIEILLE & en NOUVELLE. C'eft ainfi que Espagnols ont appellé VIEILLE la partie de la Caftille qu'ils ont reconquife fur les Maures, & NOUVELLE celle qu'ils n'ont eue que depuis: de même le Méxique fe divife en VIEUX & en NOUVEAU. C'eft encore ainfi que Quivira fut nommé la nouvelle Albion par François Drach, &c.

Enfin les RÉGIONS, felon les parties du ciel, vers lesquelles elles font fituées l'une à l'égard de l'autre, font Septentrionales, Méridionales, Orientales & Occidentales. Ainfi la Jutlande en Dannemarc fe trouve divifée en Nord Jutland & en Sud Jutland, c'est-à-dire, en feptentrionale & méridionale. La Gothlande en Suéde eft divifée en Oftro-Gothlande, en Weftro-Gothlande & en Sud-Gothlande, c'est-à-dire, en orientale, occidentale & méridionale.

Il y a des Régions, comme dit Sanfon, qui font appellées orientales & occidentales, non pour être ainfi fituées l'une à l'égard de l'autre, mais par le rapport qu'elles ont avec quelqu'autre région qui le trouve entre deux. Telles font les Indes orientales & les Indes occidentales à l'égard de l'Europe.

Dans la topographie le mot de région eft en ufage pour fignifier les différens quartiers d'une ville, comme dans Rome qui étoit divifée en quatre régions.

REGIS MONS, lieu aux confins de la Pannonie & de l'Italie, & où Paul Diacre, . 2, Longobard. c. 7, dit l. que l'on nourriffoit des bœufs fauvages. Lazius, Respub. Rom. 12, place ce lieu fur la route qui conduit de Petovio dans la Carniole; il ajoute qu'on le nomme préfentement Vogel, & qu'il y avoit encore un château qu'on appelloit Kunigs-berg, qui fignifie la même chofe que Regis mons.

REGIS VILLA, lieu d'Italie, dans la Toscane. Strabon, l. 5 p. 225, le marque entre Coffa & Oftie, fur la côte de la mer. Il dit que la tradition du pays vouloit que c'eut été autrefois le palais royal de Maleotus Pelasgien, qui ayant demeuré dans ce lieu avec les Pelasgiens qui s'y étoient établis, étoit paffé de là à Athenes. Voyez REGA.

REGIUM, ville de la Rhétie, felon l'itineraire d'Antonin, qui la marque entre Augufta & Abufina, à vingtquatre milles de la premiere & à vingt milles de la feconde. Au lieu de Regium,quelques manuscrits portent Reginum. 1. REGIUM. Voyez RHEGIUM & AUGUSTA TIBERII. 2. REGIUM APATOS, REGIUM YERICHO REGIUM LIVAS, REGIUM GADARON. Ce font quatre fiéges épiscopaux, que la notice du patriarchat de Jerufalem met fous la métropole de Céfarée, fur la côte de la Palestine.

3. REGIUM FLUMEN. Voyez BASILIUM. 4. REGLE (la) Regula, abbaye de filles en France de l'ordre de faint Benoit, dans le Limoufin, & dans la ville de Limoges. Voyez LIMOGES.

REGNI, peuples de la grande Bretagne : Ptolomée, 1. 2, c. 3, les place au midi des Attrebatii & des Cantii. On croit qu'ils habitoient le Surrey.

REGNIPOLIS. Voyez RATISBONNE. REGNITZ, ou REDNITZ. Voyez REDNITZ. REGNUM, ville de la grande Bretagne. L'itineraire d'Antonin, Iter. 7, la met à quatre-vingt-feize milles de Londres. On croit que c'eft préfentement Rinewood. Thomas Gale foupçonne que c'étoit une colonie venue de la ville Regium ou Reginum dans la Rhetie. Les habitans de cette ville & de fon territoire font appellés KAGNI par Ptolomée. Voyez Regni.

REGNY, paroiffe de France, dans la Bourgogne, ati diocèfe d'Autun, recette de Charolles. Elle eft fituée fur la riviere de l'Arroux, & il y a un pont pour aller à l'églife. Dans les grandes eaux, cette riviere porte bateau l'espace de deux lieues, jusqu'à la Loire. Les hameaux qui dépendent de cette paroiffe font Avali, Vernay, la Vefure, le bois de Tremblay, les Billeaux, le Montaulans; le Grenot & Villegier en dépendent auffi; mais ces lieux font du Charollois.

REGTLES, ifle de l'Irlande, dans la province d'Ulfter, au comté de Dunnegal, dans le lac de Dirg ou Derg. Nicolas Wischer, dans fa carte de l'Irlande, nomme cette ifle REGLES; les habitans du pays l'appellent Ellano Frugactory, c'est-à-dire, l'ifle du Purgatoire. Il y avoit dans cette ifle, près du monaftère, une grotte étroite, taillée dans le roc, tout-à-fait obscure, fans fenêtres, de la hauteur d'un homme un peu grand, & qui pouvoit contenir cinq ou fix perfonnes. La renommée vouloit que ceux qui entroient dans cette grotte y euffent des vifions pleines d'horreur, qu'ils y viffent des fantômes épouvantables, & que cela eût été accordé aux prieres de S. Patrice, pour convaincre les incrédules de l'immortalité de l'ame & des peines d'une autre vie.Ce purgatoire de S. Patrice ne fubfifte plus. La grotte fut entierement ruinée lorsqu'on chaffa les moines du mo

naftère.* Corn. Dict.

REGULBIUM, ville de la grande Bretagne, fur la côte appellée Littus Saxonicum. C'est la notice des dignités de l'empire, fect. 52, qui en fait mention. Le nom moderne felon Guil. Cambden, Britannia, eft Reculuer, dans la province de Kent, à l'embouchure de la Tamife.

REGULIACA VILLA, lieu de France, fur l'Aisne, felon Ortelius, Thefaur. qui cite la vie de S. Vaft.

REGUSIO, lieu de l'Italie Cispadane. L'itinéraire d'Antonin le marque fur la route de Milan à Arles, en prenant par les alpes Cottiennes, entre Fines & Ad-Martis, à trentetrois milles du premier de ces lieux, & à feize milles du fecond. Quelques géographes prétendent qu'il y a faute dans cet endroit de l'itinéraire, & qu'au lieu de Regufio il faut lire Segufio.

REGUSTRON, ville de la Gaule Narbonnoife, felon l'itinéraire d'Antonin, qui la met fur la route de la Galice entre Alamontes & Alaunium, à feize milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du fecond. Quelques manuscrits, au lieu de Reguftron, portent Secufteron, leçon qu'Ortelius, Thefaur. feroit tenté de préférer à la premiere, aujourd'hui Sifteron.

REHBURG, petite ville d'Allemagne, avec feigneurie de même nom, dans la principauté de Calenberg, à quatre milles d'Hanover, près d'un lac appellé le SteinhuederMeer. Cette petite ville n'a qu'une porte. Zeyler, Top. ducat. Brunswic, p. 113.

REHIMENA, contrée de la Perfide, felon Ammien Marcellin, l. 25, c. 7. Accurfe lit RHESINA, pour REHIMENA. Voyez RHESINA.

REHMAN OU REMAN, lieu fortifié par les Romains, dans la Méfopotamie, à ce qu'il paroît par un paffage d'Ammien Marcellin, l. 18, c. 10. On croit que c'eft le même lieu dont parle Ezechiel, c. 27, v. 22. L'Hébreu lit RAEMA, & la vulgate REMA.

REI OU REI CHEHRIAR, ville d'Afie, dans l'Yrac-Agemi, ou l'Hyrcanie de Perfe, environ à cinq journées de Nischabourg. Elle eft fituée à 35d 35' de latitude, & à 70d de longitude. Cette ville fut affiégée en 1221, par les Mogols. Elle promettoit une vigoureuse défenfe, mais les Mogols l'eurent à bon marché; elle étoit alors divifée en deux factions; l'une fuivoit les dogmes d'Abouhanifa, un des quatre docteurs qui font les chefs des quatre fectes prétendues orthodoxes dans le mahométisme; & l'autre étoit attachée aux fentimens du docteur Schafay. Si tôt que l'armée mogole parut, le cadi de la ville, qui étoit du dernier parti, fut au-devant avec les principaux de fa fecte, & offrit de rendre la place de la part de tous les fectateurs fchafaïtes. Le général de l'armée accepta l'offre, & promit d'épargner tous ceux de leur croyance. Par ce moyen il entra dans la ville par deux portes, dont la faction de Schafay étoit maîtreffe. Comme l'autre parti s'étoit fortifié, il fit quelque réfiftance, plûtôt par la haine qu'il avoit pour les Schafaïtes que pour les Mogols mêmes. Ils furent bien-tôt forcés, & presque tous mis à mort. Ainfi il périt en cette occafion la moitié des habitans de Rei, Petit de la Croix, Hift. du grand Genghizean, l. 3, c. J.

REJAUMONT, forêt de France, dans le Languedoc, élection de Montauban. C'eft une forêt de chênes en hauts taillis, propres feulement à brûler : elle ne contient que trois cents arpens.

1. REICHENBACH, petite ville d'Allemagne, dans la Siléfie, & dans la principauté de Sweidniz, vers les frontieres de Bohême. Elle eft fituée fur une riviere de même nom. En 1633, elle fut prife par Schaffgotsch, colonel des Impériaux, après une vive défense qui lui avoit couté trois cents hommes. Il la mit au pillage, & fit paffer les habitans au fil de l'épée. * Zeyler, Topogr. Silefix, p. 174.

2. REICHENBACH, ville d'Allemagne, dans le Voigtland, fur le chemin d'Altenbourg à Olnitz & Eger. Elle eft à un mille de Werda, à deux de Plawen, & à trois d'Olnitz. Cette ville appartient à l'électeur de Saxe, & elle eft fort renommée par fon grand commerce.* Zeyler, Topogr. Saxon. p. 157. Hubner, Geogr.

3. REICHENBACH, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, dans la baffe Baviere.

REICHENBERG, château d'Allemagne, dans le pays du landgrave de Heffe, fur une montagne. Il fut bâti par Guillaume III, comte de Cazenelnbogen en 1270. Les troupes françoifes fe faifirent de ce château l'année 1639; mais le commandant heffois de Rheinfels le reprit la même année. * Zeyler, Top. Haffiæ, p. 67.

REICHENFELS, bourg d'Allemagne, dans la Carinthie, avec château. Ce bourg eft fort confidérable, & appartient à l'évêque de Bamberg. * Zeyler, Top. Carinthia,

p. 102,

REICHENAW, Augia dives, ifle du lac de Conftance, au fud de la presqu'ifle qu'elle forme. Elle a environ une lieue d'étendue du fud-eft au nord oueft, & moitié moins de largeur. S. Pirmin fonda en 724, dans cette ifle, fituée au couchant de Constance, un célébre monaftère fous la regle de S. Benoît, & en fut le premier abbé : les rois de France l'enrichirent par leurs bienfaits. Ses abbés avoient féance aux dietes de l'Empire, parmi ceux du cercle de Souabe, & ils devinrent fi puiffants, qu'ils comptoient cinq cents gentils hommes parmi leurs vaffaux. Les évêques de Conftance la firent unir à leur manfe épiscopale, en 1540, & ils en jouiffent encore, déforte que cette abbaye, où il n'y a qu'une douzaine de moines, n'a plus rien de confidérable. L'Empereur Charles le gros eft inhumé dans l'églife de cette abbaye.

REICHENSTEIN, petite ville d'Allemagne, dans la Siléfie, à deux milles de Glatz, & à quatre de Neiffe. Elle appartenoit autrefois aux ducs de Munsterberg, puis à la famille de Rofenberg, qui la rendit en 1599 à Joachim Frédéric, duc de Lignitz & de Brieg. Il y a autour de cette ville des mines très-fameules, & entre autres une mine d'or, appellée l'Ane d'Or. En 1542, elle perdit feize cents habitans par la pefte, & ce malheur fut attribué aux fortiléges d'un foffoyeur, qui fut brûlé. * Zeyler, Topogr. Silefiæ.

REICHENWEYER ou REICHENVEYLER, ville de France, dans l'Alface, au-deffous de Keyferfberg. Elle fut environnée de murailles l'an 1291, par les foins des feigneurs de Harburg ou Horburg, dont les fuccefleurs Walther & Burckhart de Horburg la vendirent en 1324, avec diverses autres feigneuries à Ulric, comte de Wurtenberg. * Zeyler, Topogr. Alfat. p. 413.

REICHERSBERG, petite ville d'Allemagne, dans la Baviere, à deux milles de Scharding, fur la riviere d'In. REICHERSHOFFEN, bourg d'Allemagne, dans la Baviere, fur la riviere de Par, à deux milles d'Ingolstadt.

REICHSHOFEN ou REITHOFEN, petite ville de la baffe Alface, fituée dans le voisinage de Haguenaw. Elle appartint autrefois à l'électeur Palatin, enfuite à la famille d'Ochsenstein, & depuis aux comtes Hanaw. Munsterus dit que cette ville fituée dans la feigneurie de Lichtenberg, avoit été de fon tems aux comtes de Blitsch, qui l'avoient eue de la famille d'Ochfenstein, & l'avoient laiffée aux comtes de Deux-Ponts,& qu'enfuite Jacques,comte de DeuxPonts, l'avoit donnée en fief, fous de certaines conditions, à l'évêché de Strasbourg, dont les évêques ont eu beaucoup de disputes fur ce fujet; mais en 1633, cette ville avec le château de Reichshofen, fut contrainte de fe rendre à discrétion à Chrétien, comte palatin, de la ligne de Birckenfeld. Zeyler, Topogr. Alfaciæ, p. 44.

REIDE OU REID-SCHANS, fortereffe des Pays-Bas, dans

la feigneurie de Groningue, à l'embouchure de l'Ems, à deux grandes lieues au-delfus de Delfzuyl. * Dict. géogr. des Pays-Bas.

REIDERLAND, petite contrée d'Allemagne, dans la Weftphalie, & qui fait partie du comté d'Embden. Elle eft renfermée entre l'Emland, la riviere d'Ems, le Dollert & le marais de Bortange. Cette contrée étoit autrefois plus grande qu'elle n'eft préfentement. Il y en eut une moitié d'engloutie le 25 décembre 1277, par l'inondation de la Mer. Le bourg de Wener eft le principal lieu de cette

contrée.

REIFFENBERG, château d'Allemagne, dans le landgraviat de Helle-Caffel. Il eft bâti fur une montagne,& fortifié. Cronberg & Konigstein n'en font qu'à un mille: ce château, de même que le bourg qui eft fitué au pied de la montagne, appartient à une famille du même nom. * Zeyler, Topogr. Halliæ, p. 67.

REIFFERSCHEID, petite ville d'Allemagne, avec château, dans le cercle du bas-Rhin, au pays appellé Eiffel, près de Mandercheid. Les comtes de Reifferscheid en por

tent le nom.

REIFFNIZ ou REIFFNICZ, bourg & château d'Allemagne, dans la Carniole, dans la Windifch-Marck. Il apparte noit autrefois aux comtes de Kifl; mais à préfent ce bourg & fes dépendances font poffédées par la famille de Trigler. En 1480, les Turcs ayant pénétré jusqu'à ce bourg, brûlereat, pillerent & ravagerent toute cette contrée. * Zeyler, Top. Carniæ, p. 129.

REIGELSBERG, petite ville d'Allemagne, dans la Franconie, entre les bourgs de Rieds & d'Aab, Zeyler, Top. Franconiæ, p. 74.

REILLAC-XAINTRIE, bourg de France, dans le Limoufin, élection de Tulles. On y comte environ sept cents habitans.

REILLANE, petite ville de France, dans la Provence, viguerie d'Aix, avec titre de vicomté. Il n'y a guères plus de cinq cents habitans: elle ne laisse de cinq cents habitans: elle ne laiffe pas néanmoins d'avoir entrée aux affemblées de la province. Il y a un couvent de cordeliers qui eft fort ancien.

Reillane n'eft point dans la viguerie d'Aix, mais dans celle de Forcalquier.

REILLANETTE, bourg de France, dans le Dauphiné, avec un château. Ce bourg eft inacceffible de tous côtés, & fortifié de plufieurs baftions. La plaine peut fournir du bois & du bled pour la garnison.

REIMBECK ou REYNEBECK, bailliage du duché de Holstein, dans la Stormarie. Il a pris fon nom d'un village fitué au deffous de Bergersdorff, près de la riviere de Bille Bille, entre Hambourg & Tritow. Il y avoit autrefois dans ce lieu un monaftère fondé par le comte Alfonfe, qui embraffa la vie religieufe. Dans la fuite ce monaftère fut donné à des religieufes, qui en 1530, le cederent volontairement avec les dépendances à Frédéric, roi de Danemarck & duc de Holstein. Elles quitterent alors la vic religieufe, & firent cette démarche, après un grand festin, dans lequel elles cafferent les vîtres & briferent les mcubles, fuivant le rapport d'Helvaderus. * Hermanid, Descr. Dan. p. 1047. Zeyler, Topogr. Holfat. Sylva, Chronolog. REIMS. Voyez RHEIMS.

REIN, Rana, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, en Allemagne, dans la bafle Stirie, au diocèfe de Seckau, à cinq lieues au nord-ouest de Gratz.

REINECK OU RINECK, petite ville d'Allemagne, dans la Franconie, avec château. Elle eft fituée fur la riviere de Sal, à cinq milles de Wurtzbourg, & à neuf de Hanaw. Le château appartient à l'électeur de Mayence, & la ville au comte de Hanaw. Zeyler, Topogr. Francon.

P. 45.

REINFELDE, REINFELDIA, petite ville d'Allemagne, au duché de Holstein, dans la Wagrie, près d'Oldeflo. Il y avoit autrefois dans ce lieu un monastère célé bre de l'ordre de cîteaux. Reckmann dit dans fa chronique, que ce monaftère fut fondé en 1186, par Adolphe, comte de Holstein, & que Jean, comte de Holstein, y fut enterré en 1264. Plufieurs autres princes de cette maifon y ont auffi été inhumés. Le continuateur anonyme d'Helmod dit qu'Adolphe I comte de Holstein, fonda ce monaftère. Cela ne fe peut. Adolphe I ne poffeda point la Wagrie. Zeyler, Topogr. Sax. inf. p. 201. Hermanid, Descr. Daniæ, p. 1011.

*

REINFREW, ville du royaume d'Ecoffe, & le cheflieu d'une baronnie de même nom, fituée au nord-eft de la province de Cunnigham. La ville eft bâtie fur le bord de la Clyde, & elle donne le titre de baron au prince d'Ecoffe. *Etat préfent de la gr. Bret. t. 2, p. 259.

REINHARTSBRUNN ou REINHARTSBORN, abbaye d'Allemagne, dans la Turinge, entre Tennenberg & Géorgenthal, près du bois de Thuringe. Elle fut fondée par Louis II, comte de Doringe, furnommé le Sauteur qui ayant tué Frédéric, comte palatin de Saxe, & époufé fa veuve, bâtit cette abbaye en 1085, pour y faire pénitence. Il y mourut en 1124, âgé de 73 ans. Sa femme fit bâtir de fon douaire un monaftère appellé Oldersleben, où elle finit pareillement fes jours. Une chronique de Thuringe, dit que l'abbaye de Rheinhartfbrun tire fon nom d'un fayencier, nommé Rheinhart, qui habitoit dans le bois près d'une fontaine très-profonde.* Zeyler, Topogr. Turingia.

REINHAUSEN, château d'Allemagne, au duché de Brunswig, dans la principauté de Calemberg, au voifinage de la ville de Gottingen. Zeyler, Top. ducat. Brunsw.

P. 133.

*

REINHERS, petite ville d'Allemagne, dans la Siléfie au comté de Glatz. Elle eft fituée à fept milles du cheflieu de ce comté, fur la route de Bohême. * Zeyler, Top. Bohem.

REINSBURGH ou REINSBOURG, village des Pays-Bas, dans le Rheinland, à une grande lieue de Leyde, près de Carwick-op-Rhin. Il dépendoit autrefois d'une célébre abbaye, que Théodore & Florent, tous deux comtes de Hollande, y avoient fondée fucceffivement, auffi-bien que la comteffe Peronnelle & une dame de la maifon de Saxe. On les voit peints dans une vitre de l'églife, chacun felon fon ordre. Les états de Hollande poffedent aujourd'hui cette abbaye, dans laquelle il y avoit autrefois des religieufes nommées dames, à caufe que leur abbelle étoit dame fpirituelle & temporelle de ce lieu, avec droit de juftice haute, moyenne & bafle, & qu'on n'y recevoit aucune fille qui ne fut d'une nobleffe très-ancienne. Elles ne faifoient ordinairement profeffion qu'après avoir paffé plufieurs années dans ce monaftère, parce que quelque tems qu'il y eut qu'elles fuffent religieufes, elles pouvoient fortir & fe matier, tant qu'elles n'avoient point fait profeffion. On faifoit de grandes aumônes dans cette abbaye trois fois la femaine ; & chaque jour de diftribution, il s'y affembloit jusqu'à deux mille perfonnes. Outre les tombeaux des fondateurs, on en voit dans cette église qui font magnifiques : ce font des tombeaux de comteffes & d'autres feigneurs de Hollande. * Corn. Dict. Guichardin, Descr. des Pays-Bas.

REINSTEIN, château d'Allemagne, dans l'évêché d'Halberstat, & chef-lieu d'un comté, dont le domaine a été réuni à la principauté d'Halberstat, dont il étoit mouvant, par l'extinction de la race des comtes. REITENHESLAC, abbaye d'hommes, ordre de ordre de cîteaux, dans la haute Baviere, au diocèfe de Saltzbourg.

REIPERSWEILER, petite ville de France, dans l'Alface. Elle appartient à la famille de Lichtenberg, qui y a fon tombeau.

REIPOLTSKIRCK, feigneurie d'Allemagne, dans le palatinat du Rhin, au duché de Deux-Ponts. Le cheflieu qui lui donne le nom, eft fitué à deux lieues de Lautereck.* Hubner, Geogr.

REISCHBACH ou REISPACH, bourg d'Allemagne, dans la balle Baviere, & dans la régence de Landshut, avec une feigneurie de même nom.

REISHOFFEN, petite ville de France, dans la baffe Alface, dans le bailliage d'Oberbronne : elle n'a qu'environ fix cents habitans.

REITE, grand bourg d'Allemagne, dans le Tyrol, aux confins de la Suabe, à un quart de mille du château d'Ehrenberg. Zeyler, Topogr. com. Tyrol. p. 153.

*

RELANGÉS, lieu du duché de Lorraine, au diocèse de Toul, office de Darney. Son églife paroiffiale eft fous le vocable de l'affomption de Notre-Dame. Le prieur du lieu qui en eft auffi feigneur, eft patron de la cure: le curé perçoit la moitié de la groffe & menue dixme, le facristain de Relanges a l'autre moitié. Le prieuré de Relanges eft fous le titre de faint Pierre. Il dépend de l'abbaye de

cluni, de l'ordre de faint Benoît. Ce prieuré a été fondé au treiziéme fiécle, par Thierri de Lorraine, feigneur du Châtelet. Il eft en commande, & fon revenu eft de mille livres; la facriftic eft un office en titre, qui a quelques revenus. Le prieur eft patron de plufieurs cures: il est seigneur de Relanges, de Vivier-le-Gras, d'Ische, de Nonville, Dombale, They-fous-Montfort, Etrenne & Bouzanville.

RELAY, (le) prieuré de France, dans la Touraine diocèfe de Tours. Il eft de l'ordre de fontevrault.

2

RELECQ, RESTES ou LES RELEC : en latin NoftraDomina de Reliquiis ou de Reliquiis Abbatia: abbaye de France, dans la Bretagne, au diocèse de S. Pol de Léon, à la fource d'une petite riviere, à trois lieues & demie audeffus de Morlai. Cette abbaye, qui fe trouve aux confins des diocèfes de faint Pol de Léon, de Treguier & de Quimper, dans un vallon, eft de l'ordre de citeaux. Elle fut fondée pour des religieux le 12 des calendes d'août 1132. C'est un pélerinage très-célébre dans le pays : elle vaut douze mille livres de rente à l'abbé. Au-deffus du vallon, où cette abbaye eft fituée, il y a une grande

forêt.

RELIAC, bourg de France, dans le Quercy, au diocèle de Cahors, élection de Figeac. Il n'a pas trois cents habitans.

RELIQUE, abbaye de France, dans la Bretagne. Voyez RELECQ.

REMAGEN, bourgade d'Allemagne, au duché de Juliers, fur la rive gauche du Rhin, environ à deux lieues au-dellous de Bonn.* Jaillot, Atlas.

REMATA, lieu de Sicile, felon Ortelius, Thefaur. qui cite Cédrène.

REMBERVILLE ou REMBERVILLIERS, petite ville de France, au diocèfe de Toul, & le chef-lieu d'une châtellenie du temporel de l'évêché de Metz. Cette ville a appartenu autrefois à des feigneurs particuliers, de qui Etienne de Bar, évêque de Metz, l'acquit en 1120. Ĉe Ce prélat la fit entourer de murailles, & y fit conftruire une fortereffe pour fa défense. La cure eft à la collation de l'abbé de Senones. La paroiffe eft dédiée à S. Libaire. Il y a plufieurs chapelles rentées, un hôpital, un monastère de bénédictines du faint Sacrement, & un couvent de capucins.

REMEN, bourg d'Allemagne, dans la Weftphalie, au confluent du Wefer & de la Verne, en latin Rema. Henri de Herforden, l. 2, c. 69, prétend que Charlemagne fit bâtir une église dans ce lieu, & qu'il lui donna le nom de Rema, par imitation de celui de la ville de Rheims en France. Monument. Paderborn. p. 101. Il y auroit affez d'apparence à cela, Charlemagne ayant donné des noms françois à plufieurs endroits de l'Allemagne. Cependant fi l'on examine la chofe de près, on ne conviendra pas qu'il foit l'auteur du nom Rema, qui étoit connu avant que ce prince fût au monde. Il feroit plus naturel d'attribuer l'origine de ce nom à quelqu'un des rois de France, fes prédécesfeurs, qui firent la guerre contre les Allemands.

REMERVILLE, ville de France, dans le pays Meffin, recette de Metz. La paroiffe eft dédiée à la nativité de Notre Dame, & la cure eft à la collation du chapitre de Brixei. L'évêque de Metz eft feigneur de cette petite ville, par le moyen de l'échange qui en a été faite avec le duc de Lorraine, pour Maffal. La terre de Courbefault, qui dépend de cette paroiffe, eft de la fouveraineté de

Lorraine.

REM-HORMOUS, ville de Perfe, felon Tavernier, 1. 3, qui la met à 74d 45' de longitude, & à 31d 45' de latitude. Les Perfans difent que c'eft dans cette ville que naquit Salomon, pere nourricier d'Aly, gendre de Mahomet.

REMI ou RHEMI, peuples de la Gaule belgique. La derniere ortographe eft aujourd'hui la plus commune, & la premiere étoit plus ufitée chez les anciens. Les itinérai res romains, & les notices de l'Empire, lifent Remi, auffibien qu'une ancienne inscription confervée dans le tréfor de Gruter, p. 158, no. 1. CIVITATI SUÆ REMORUM. Les peuples Remi étoient regardés du tems de Célar, comme les plus confidérables après les Edui: Eo tum ftatu res erat (in Gallia) ut longe principes haberentur Edui; fecundum locum dignitatis Rhemi obtinebant. Ce peuple, qui comprenoit du tems de Céfar, tout ce qui eft préfentement fous

les diocèles de Rheims, de Châlons & de Laon, avoit encore compris auparavant le pays qui forme le diocèfe de Soiffons: c'eft pour cela que dans Céfar, ceux de Rheims appellent ceux de Soiffons: Fratres confanguineosque fuos, qui eodem jure iisdemque legibus utantur, unum imperium, unumque magiftratum cum ipfis habeant. D'où il elt aifé de juger que ceux de Soiffons avoient fait autrefois partie de la cité des Rhemois. La capitale de ces derniers étoit Durotortorum, aujourd'hui Rheims. Voyez DUROCORTORUM & RHEIMS. * Sanfon, Remarq. fur la carte de l'ancienne Gaule.

REMIGNY, paroiffe de France, dans la Bourgogne, au bailliage de Châlon. Eile eft fituée fur le penchant d'une petite montagne qui la couvre au foleil levant, & elle eft bornée par la riviere d'Heune, au couchant. Il y a un pont fur cette riviere. Quant au pays ce font montagnes & vignes.

1. REMILLI ou REMILLI EN ALBANOIS. Voyez Ru

MILLY.

2. REMILLI, bourgade de France, au pays Meffin, recette de Metz, & qui n'a qu'environ deux cents cinquante habitans.

Remilli eft un des plus anciens domaines de l'églife de Metz. Lorsque dans le douzième fiécle plufieurs feigneurs ufurperent les terres de l'évêché, Remilli feul ne fut point démembré de la manfe épiscopale, dont il fait encore partie aujourd'hui. Remilli avoit été donné en fief au comte Linange, dans le treiziéme fiécle; mais le comte ayant pris les armes contre l'évêque Bouchard d'Avennes, il fut vaincu, & pour fa felonie perdit Remilli, qui fut réuni au domaine de l'évêché; & le conte fut outre cela privé de l'avouerie de faint Avod, qui fut donnée enfuite au comte de Sarburg. Dans le fiécle fuivant, le ban de Remilli fut encore donné en fief au comte Sauvage, dont il reconnut l'évêque Renaud de Bar l'an 1306.* Longuerue, Descr. de la France, p. 169.

3. REMILLI, baronnie de France, dans la Normandie, élection de Coûtances.

4. REMILLI, paroiffe de France, dans le Nivernois, élection de Nevers, fur le bord de la riviere d'Alaine, à trois lieues de la ville de Luzy. Plufieurs petits villages, ou hameaux dépendent de cette paroiffe, qui eft fituée les deux tiers en plaine. Ce font terres à feigle & avoine. Il y a des foins fuffifamment pour la nourriture des beftiaux. Les pacages font en bois, & il peut y en avoir autour de quatre cents arpens. Il y a auffi des futayes, plufieurs étangs, & quelques vignes. La petite chartreufe d'Aponay eft fituée dans cette paroiffe, dont les religieux de ce monaftere font feigneurs.

REMIREMONT, petite ville du duché de Lorraine, au diocèfe de Toul, fur la Mofelle, à quatre lieues audeffus d'Epinal. C'eft le lieu le plus célébre de toute la Vosge, à caufe de l'illuftre chapitre des dames chanoinesfes très-nobles, qui occupent l'églife & collége de faint Pierre. Cette ville eft aujourd'hui dans une vallée, fur la rive gauche de la Mofelle; autrefois elle étoit à l'orient de la Mofelle, fur une montagne, où faint Romaric avoit en propre un château nommé HABEND, où il fonda des monafteres pour des moines & des religieufes qui fuivoient Tinftitut de faint Colomban, comme il étoit pratiqué à Luxeul en Bourgogne. Ce lieu s'appelle aujourd'hui le SAINT MONT, à caufe qu'il a été habité par un grand nombre de faints. Saint Amé fut le premier abbé des moines qui avoient deux oratoires, & Macteflede, abbeffe des religieufes qui en avoient fept. Il y avoit dans les neuf oratoires neuf chœurs de perfonnes facrées, qui chantoient les louanges de Dieu, & qui imitoient les neufs chœurs des Anges.* Longuerue, Descr. de la France, part. 2, p. 149. Ce lieu fut ruiné jusqu'aux fondemens, dans le commencement du neuviéme fiécle, par les Hongrois ou les nouveaux Huns. On bâtit enfuite une nouvelle églife dans la plaine, de l'autre côté de la Mofelle, dans une fituation qui n'étoit pas incommode, comme celle du Saint Mont. Les bénédictins veulent que les filles que l'on établit dans cette nouvelle maison ayant été des religieufes de l'ordre, & les chanoineffes foutiennent qu'elles n'en ont jamais été depuis la fondation de la nouvelle maifon de faint Pierre, & que c'est à elles & en leur confidération que les papes ont accordé de fi grands priviléges, avec une exemption entiere de la jurisdiction de l'ordinaire.

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Remiremont, qu'on appelle un des quatre hôpitaux de Lorraine, étoit un collége impérial, dont les empereurs ont donné, il y a long-tems, l'avouerie aux ducs de Lorraine, qui en ont pris l'inveftiture jusqu'au duc Charles IV, qui la reçut l'an 1627, de l'empereur Ferdinand II. Car dans la patente on a marqué l'avouerie de la ville de Toul, & celle du monaftere de Remiremont, advocatia monafterii in Rumelsberg, Tullenfis diœcefis. Les Allemands appellent Remiremont, RUMELSBERG OU ROMBERG 3 c'eft-à-dire le mont de Romaric, d'où eft venu le nom de ROMARIMONT corrompu en REMIREMONT. Le Saint Mont, après avoir été long-tems défert & abandonné fut occupé par des chanoines réguliers de faint Augustin ils y ont demeuré jusqu'à l'an 1623, qu'ils l'ont cédé aux moines de la congregation de faint Vannes.

L'abbaye de Remiremont eft gouvernée par une abbelle, une doyenne & une fecrète ou facriftine, dont les fonctions & les manfes font féparées. Tout le revenu de cette abbaye eft partagé en cent quarante-quatre prébendes, dont l'abbelfe en pollede trente-fix. Vingt neuf autres font partagées entre douze chapelains, le grand fénéchal, le grand fonrier ou maître des bois, & quelques autres officiers qui font tous gens de qualité, & qui en retirent très-peu de profit. Les foixante-dix neuf prébendes qui teftent; fe partagent entre les chanoineffes, qui font rangées fous vingt une compagnies. De ces compagnies il y en a cinq de cinq chanoineffes chacune, huit de quatre, fix de trois, & deux de deux. Chaque chanoinefle eft aprébendée fur l'une de ces compagnies, & regarde les autres comme les compagnes de prébende. Si elles viennent à mourir fans avoir aprébendé une demoifelle, la furvivante fuccede à leurs meubles & à leurs prébendes ; enforte cependant qu'une dame qui fe trouve feule dans une compagnie de cinq eft obligée d'aprébender trois demoifelles, l'une fur les deux premieres prébendes, l'autré fur les deux d'après, & la troifiéme fur celle qui refte. La furvivante d'une compagnie de quatre ou de trois doit faire deux niéces ; & celle d'une compagnie de deux n'en doit faire qu'une. Si elles y manquent, l'abbelfe y pourvoir après un certain délai. Par ce moyen le chœur eft toujours rempli d'environ quarante dames, & le fervice s'y fait avec beaucoup de régularité. Elles n'ont ni vœux ni clôture. L'abbeffe eft pourtant obligée par les ftatuts de faire les vœux folemnels de religion, à moins qu'elle n'obtienne dispenfe du pape, & les officiers doivent feulement faire des vœux fimples. Les chanoineffes touchent leurs distributions au choeur, comme les chanoines. Le revenu de l'abbeffe eft d'environ quinze mille livres.* Piganiol, Descr. de la France, t. 7, p. 363.

L'abbeffe de Remiremont ufe de cette formule: Je N. par la grace de Dieu, humble abbeffe de l'église de faint Pierre de Remiremont de l'ordre de faint Benoît, diocèse de Toul, immédiatement foumise au faint fiége apoftolique. C'eft pourquoi la ville de Remiremont porte pour armes les clefs de faint Pierre. Elle eft princefle du faint empire ; & en cette qualité elle fe fait fervir avec toutes les cérémonies princieres; privilége accordé en l'an 1090, à l'abbeffe Félicie de Lore, & confirmé par l'empereur Albert I, de la maifon d'Autriche, en la perfonne de Clémence d'Oyfelet, au mois d'avril de l'année 1307. Quand cette abbeffe va à l'offrande ou à la proceffion, fa dame d'honneur porte la queue de fon manteau, & fon fénéchal porte la croffe devant elle. Le diacre & le fous-diacre la vont prendre à fa chaife abbatiale pour la mener à l'of frande, puis la reconduisent à la place, & lui apportent l'évangile, le corporal, & la paix à baifer.

L'abbeffe eft feule haute jufticiere en la franche chambre, & mairie de Celles, & dans les mairies de Rehaupaux & de Chandray. Elle a feule haute, baffe & moyenne juftice fur les fujets de la Grange de ... les Remiremont, & droit de leur impofer taille à volonté. Elle a le quart de toutes les dixmes de fon églife. Elle eft pour la moitié, contre le chapitre & la dame fonriere, haute, moyenne & balle jufticiere en la ville, fauxbourg & finage de Remiremont. Elle a la moitié aux poids & aux mefures, le quart en la pêche des foffés de la ville, & le quart à tous les droits d'entrée, outre plufieurs amendes, rentes en argent, pain, vin, huile, agneaux, chapons, poules, œufs, cire, fel & bois. En cas de vacance, elle confére en tous mois la demi-prébende de faint André, qui doit fournir le

charbon que l'on met en hyver dans l'églife, & dans la facriftie de faint Pierre; celle du fépulchre, la chapelle de faint Servais, comme auffi les douze canonicats fervans. Elle fuccede aux prébendes des dames qui n'ont ni nieces ni compagnes, & à leurs biens, fi elles n'en ont pas dispofé par teftament. Elle hérite aufli du maître de l'hôpital de Remiremont, s'il meurt fans tefter; mais en ĉe cas elle eft chargée des dettes de la fucceffion. Au refte cet of ficier ne peut tefter fans fon confentement. Tous les ans, le jeudi d'après la Notre-Dame de décembre, elle tient fon plaid folemnel accompagnée de toutes les dames chanoineffes, excepté la doyenne, du grand prévôt & du fénéchal. Et ce plaid fe benit par le doyen de la juftice ordinaire de Remiremont, en ces termes: Je benis le plaid de madame de par Dieu & de par faint Pierre. Toutes les fentences qui interviennent fur les caufes plaidées devant l'abbeffe, font fignées de fa main, & commencent par cette formule : Vû par nous dame abbeffe de Remiremont. Toutes les ordonnances fe font pareillement en fon nom dans tous les lieux dépendans de fa croffe. Quand les voix font miparties dans le chapitre, & qu'elle y eft préfente, le côté dont elle eft, emporte la balance. Ses mandemens à fes maires & à fes autres officiers finisfent par ces mots: De par madame.

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Elle fait faire les montres & les revues des bourgeois en armes par fon fénéchal, qui n'obéit qu'à elle. Auffi ne fait-il point fes preuves en chapitre, mais feulement à l'abbeffe. En tems de guerre ce fénéchal garde les clefs de la ville, donne le mot qu'il reçoit d'elle ou de la dame chanoineffe, fa lieutenante en fon abfence. Dans les proceflions il porte une épée pour marque de l'autorité qu'il

tient d'elle.

Lorsqu'elle s'abfente de la ville, elle y établit pour lieutenante une dame de prébende, ou une dame niece, dont elle peut changer autant de fois qu'elle s'abfente. Alors l'abbeffe ne peut plus rien ordonner du lieu où elle eft, fa lieutenante ayant l'exercice abfolu de la jurisdiction de la croffe, pour tout ce qui concerne la manfe abbatiale, mais non pour les aprébendemens, ni pour les permissions de s'abfenter, & de tefter, qui font de la jurisdiction de la doyenne, de la dame fecrete, ou de la plus ancienne chanoineffe en l'abfence de la dame abbeffe. Le jour de Noël, l'abbeffe doit pour étrennes dix-huit livres neuf gros au chapitre, deux écus fols à la doyenne, & la collation à toutes les chanoineffes à certains jours de l'année. Quand elle eft préfer.te au chœur, c'est à elle que fe doivent préfenter les demoiselles qu'on veut aprébender, afin qu'elle les coëffe. Si la dame abbeffe eft nommée la premiere dans les actes & dans les ordonnances du chapitre, c'eft en qualité de chanoineffe aprébendée, & non point comme abbeffe. Et cela eft fi vrai, que fi une abbelle, par extraordinaire, eft élue avant que d'être chanoinelle, elle ne peut entrer ni avoir voix au chapitre, qu'elle ne fe faffe aprébender auparavant. Car fa prefence n'eft point néceflaire pour la validité des actes qui fe font par le chapitre. Et cet ufage eft conforme à ce qui fe pratique envers les évêques qui n'entrent point dans leurs chapitres comme évêques, mais comme plus anciens chanoines, titre attaché à leur dignité épiscopale.

Les députés de l'abbaye aux états généraux du pays font nommés conjointement par l'abbelle, & par le chapitre, & ont féance parmi ceux du clergé, mais comme les dames chanoinefles font du corps de l'ancienne chevalerie de Lorraine, elles jouiffent également de tous les droits du clergé & de la nobleffe.

Les hommages que les fujets de l'abbaye rendent à l'églife de Remiremont le lundi de la Pentecôte, & celui des quatre grands officiers, qui fe rend la veille de la divifion des apôtres, fe reçoivent conjointement par l'abbeffe & par le chapitre : & toutes les tranfactions qui fe font avec les ducs de Lorraine, & les autres princes, font fous le nom de l'abbeffe & du chapitre.

Quand l'abbeffe meurt, fa fucceffion échoit par moitié au chapitre & à la future abbeffe. Dès qu'elle eft morte, le chapitre met fa crolle au tréfor; fon cabinet, fes chambres & fes caffetes font fcellées du feau de la doyenne. Elle eft exposée en public revêtue de fes habits de cérémonie, avec une crofle de cire à fon côté. Le jour de fon enterrement, on lui dit trois meffes hautes, après quoi elle eft portée au cimetiere des dames, ou dans la

chapelle de faint André, où plufieurs abbeffes font enterrées, felon qu'elle en a ordonné par fon testament. L'anneau avec lequel elle a été bénite, appartient au chanoine de femaine du grand-autel.

La doyenne a la même jurisdiction que l'abbeffe fur le chœur de l'églife de Remiremont, & eft juge ordinaire des chanoines & des autres bénéficiers de cette églife, dans l'enceinte du cloître. C'est à elle qu'il faut adreffer les preuves des demoiselles poftulantes, pour les faire examiner par le chapitre : & c'eft elle qui prend le ferment des chevaliers qui préfentent les preuves de ces poftulantes. Elle a droit de convoquer le chapitre quand il lui plait : elle y préfide, prend les voix, prononce les ordonnances capitulaires, & les fait enregistrer par l'écolâtre, dans le livre des ftatuts, dont elle a la garde. Quand les voix font miparties, la fienne eft préponderante, ainfi que celle de l'abbeffe lorsqu'elle y affifte.

Toutes les actions qui s'intentent en chapitre, foit contre des chanoineffes ou des officiers de l'abbaye, sont en fon nom. Les appels interjettés des fentences rendues par la juftice ordinaire de Remiremont reffortiffent à fon bufet, où elle eft affiftée des chanoines. Pendant la femainefainte que les cloches ne fonnent point, c'eft à elle à don ner le fignal pour commencer l'office, en la préfence même de l'abbefle. Elle a une clef de la chaffe de faint Romeric, une du feau, une autre des armoires où font les titres de l'abbaye, une du coffre de l'argent, & une · du chancel ou chanceau, c'est-à-dire du haut du chœur ainfi appellé à Cancellis, parce qu'il eft fermé d'une grille qui s'ouvre pendant l'office. Elle nomme le folliciteur du chapitre & l'écolâtre. Elle met l'infirmiere & les coquerelles, dont la fonction eft de garder les dames chanoineffes depuis l'extrême-onction jusqu'à leur enterrement, & elle les deftitue quand il y a caufe. Ces officieres à leur entrée lui doivent deux écus fols. Elle confere trois ou quatre chapelles, dont elle fait expedier les provifions par l'écolâtre, qui eft proprement le fecrétaire du chapitre. L'abbeffe, le grand prévôt, le grand & le petit chancelier, & le grand fontier, lui doivent chacun deux écus fols, le premier jour de l'an. Les offrandes du vendredi faint, qui fe font en adorant la croix, lui appartiennent.

Elle n'affifte point au plaid de l'abbeffe, parce que c'eft au chapitre de connoître de toutes les difficultés qui peuvent furvenir en ce plaid, foit entre la dame abbeffe, & le grand prévôt; foit entre la bourgeoifie, l'abbeffe & le prévôt. Et fi les chanoinefles y affiftent, ce n'eft que pour honorer la féance de l'abbeffe, ce qui ne tire point à conféquence, attendu qu'elles ne compofent point de chapitre en l'abfence de la doyenne, qui en eft la repréfentante. Elle eft élue par le chapitre comme l'abbefle, mais avec cette différence, que l'abbeffe ne peut affifter à fon élection, au lieu que la doyenne intervient & préfide à celle de l'abbelfe. Elle eft feulement mife en poffeffion par l'abbeffe, en fon abfence par la dame fecrete, qui eft la troifiéme dignité de l'abbaye; & en l'absence de la fecrete par la plus ancienne chanoineffe. Elle porte le grand couvre chef comme l'abbeffe, & a fon fiege au chœur, visà-vis la chaife abbatiale. Quand elle s'abfente de la ville, elle y met une lieutenante, qui doit être du corps du chapitre, foit dame de prébende ou niéce, c'eft-à-dire qui attend une prébende vacante. Lorsque la doyenne vient à mourir, les clefs, dont elle avoit la garde, font commifes à une chanoineffe pour les garder jusqu'à ce que l'on ait élu une autre doyenne.

des

La fecrete a la direction de la facriftie, & la décoration de l'églife. Elle a trois facriftins qui fervent fous elle en titre de bénéficiers, & un clerc qui gouverne la fonnerie; d'où il eft appellé le Clocher. Elle adminiftre les revenus qui font affectés à l'achat & à l'entretien des ornemens, vafes, &c. Elle dispofe de quatre cures, & donne la permiffion de dire la meffe au chancel aux prêtres, qui ne font pas du corps de l'églife de Remiremont. Six ou fept paroiffes lui doivent un préfent le lundi de la Pentecôte, losqu'elles viennent en proceffion rendre hommage à l'églife de faint Pierre de Remiremont. Elle a haute, moyenne, & baffe juftice en la mairie de Pont, où elle impofe taille à volonté une fois l'année. Elle y met le maire, & le peut deftituer quand elle veut. Elle a pareillement juftice en la feigneurie de Beffontaine, & de bons revenus en grains, vin, huile, cire, volaille, beurre, fromage, bois,

&

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