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nom, vis-à-vis de Portho-Delphino. Ce fut aux environs de cette ifle que les Turcs défirent l'armée navale des Vénitiens en 1695

SPALMAX. Voyez TAMARITIUM. SPANDAW ou SPANDOW, ville d'Allemagne, dans la moyenne Marche de Brandebourg, fur le Havel, vis à-vis de l'embouchure de la Sprée, à trois lieues au-dellous & au nord occidental de Berlin. Avant que d'entrer dans Spandaw, on paffe fur la grande chauffée d'un étang, au milicu duquel paroît la grande citadelle de cette ville, flanquée de plufieurs baftions, où s'éleve un donjon trèsancien, défendu par plufieurs piéces de canon, ainfi que toute les fortifications de cette citadelle, que l'on dit imprenable, à caufe de ce grand étang, qui, en l'environnant, empêche que l'on n'y puille aborder facilement. Elle renferme un arcenal qu'on eftime l'un des principaux d'Allemagne pour la quantité de belles armes dont il eft fourni. Cette place fert comme de clef à l'électeur de Brandebourg; auffi a-t-il foin d'y entretenir une groffe garnifon, de même que dans la ville que quelques-uns nomment Spadaon, & qui n'eft éloignée de cette citadelle que d'une mousquerade. Certe ville eft fortifiée de remparts de terre & de murailles de briques. Il y paffe one riviere qui porte bateaux, jusqu'à dix lieues par de-là, en un lieu où il y a de fort belles mines, d'où l'on tire le fer à peu de frais, à cause de la quantité de bois qui le trouve dans le pays, & des moulins qu'on a établis pour faire mouvoir les forges. * Jaillot, Atlas. Corn. Dict. Jovin de Rochefort, Voyage de Suéde.

Il y a dans cette ville une colonie de réfugiés François. SPANDEUS, fontaine de l'ifle de Coa; c'eft Vibius Sequefter qui en parle.

SPANETA. Voyez HISPANETA.

SPANGENBERG, ville d'Allemagne, dans le bas landgraviat de Helle, au quartier appellé Ampt - Spangenberg, dont elle eft le chef-lieu. Cette ville fituée environ à quatre lieues au midi oriental de Caffel, fur une petite riviere qui fe jette dans la Fulde, eft accompagnée d'un château. Gerard Valk, Carte de la Heffe.

SPANHEIM, ou SPONHEIM, comté d'Allemagne, dans le bas Palatinat. Ses bornes font l'électorat du Palatinat à l'orient; les terres de l'électorat de Mayence au feptentrion; celles de Treves à l'occident, & les duchés de Lorraine & de Deux Ponts au midi. Il avoit une étendue fort confidérable, & étoit divifé en anterieur & ultérieur, après le partage qu'en firent les deux branches de la maifon de Spanheim. L'électeur palatin poffede trois cinquièmes parties du comté antérieur, avec la ville de Creutznac: le marquis de Bade a les deux autres parties, avec la moitié du château de Kaufenberg qui domine cette ville. Elizabeth, fils unique de Simon, comte de Spanheim, épousa Robert le Petit, fils de l'empereur Robert, & en reconnoidance de l'amitié que cet empereur conferva pour elle après la mort de fon mari, dont elle n'eut point d'enfans, elle lui donna en 1405 la cinquième partie du comté antérieur de Spanheim, du confentement de fon pere, après la mort duquel les autres parties pafferent à Jean fon coufin comte de Spanheim, qui potlédoit le comté ultérieur. Jean fe voyant fans enfans, inftitua pour fes héritiers, Bernard, marquis de Bade, & Frédéric, comte de Weldentz fes coulins, laillant à chacun deux quints du comté antérieur, & la moitié de l'ultérieur, qu'ils gouvernerent en commun. Frédéric, comte de Weldentz, n'eut qu'une fille nommée Anne, qui porta cette fucceffion, à Etienne comte Palatin, cinquième fils de l'empereur Robert, qui avoit cu en partage la feigneurie de Simineren. Il en eut deux fils Frédéric & Louis. Le premier eut le pays de Simmeren, & les deux cinquièmes du comté antérieur de Spanheim, & Louis eut les comtés des Deux-Ponts & de Weldentz, avec la moitié du comté ultérieur de Spanheim. Ce comté ultérieur eft divifé en cinq bailliages. Le prince palatin de Birckenfeld jouit feul de celui de Birckenfeld, & le marquis de Bade de celui de Caftellaum; mais ils poffedent en commun ceux de Traerbach, d'Allenbach, & de Winterberg. SPANIA, ville d'Egypte : Palladius, in vita Aphtonii, y met un monastère.

SPANIENSIS CIVITAS; faint Auguftin, Epift. 169, parle d'un foudiacre de cette ville, nommé Primus. SPANIJA. Voyez ESPAGNE.

SPANYDRION, lieu de la Phénicie ; Siméon le Méta

phrafte, in vita Epiph. dit que c'est dans ce lieu Epiphane s'étoit caché.

que faint

SPARENBERG, château d'Allemagne, dans la Westphalie, au comté de Ravenfberg, au voifinage de la ville de Bilefeld fur une montague. Il est très fort. SPARSA. Voyez Nova.

SPARTA. Voyez LACE DÉMONE, THERAMNA & SPARTE.

SPARTACUS. Etienne le géographe met une ville de ce nom dans la Thrace, & cite Eratofthéne.

SPARTANI, peuple Afiatique, felon Juftin, l. 41; mais, dit Ortélius, peut-être faut-il lire Ariani, car on ne connoît point de Spartani en Afie.

SPARTARIA. Voyez CARTHAGE, No 4.

SPARTARIUS CAMPUS, campagne dont parle Strabon, l. 3, p. 160. Il la met en Espagne, & dit que le chemin de Sagunte & de Setabis à Cordoue, s'éloignoit un peu de la mer, & paffoit par cette campagne : Strabon entend parler de la campagne qui étoit aux environs de Car thage la neuve, & où l'on trouvoit cette espéce de jonc, appellé Spartum, Esparte, qui avoit donné à la ville le nom de Spartaria, & à la campagne celui de Spartarius Campus. C'étoit une espèce de jonc blanc & fec, qui croiffoit lans eau. Il étoit d'un ufage presque univerfel. Il fe filoit, & on en faifoit des cordes pour les chariots, des cables pour les vaiffeaux, des nates pour fervir de lits, des naffes pour la pêche, des fouliers & des habits pour les pauvres gens, & enfin il fervoit à brûler. On le transportoit de toutes parts, & fur tout en Italie. Cette espéce de jonc fe trouve encore à préfent dans la même campagne,

& dans la même quantité aux environs de Carthagene. 1. SPARTE, ville de Péloponnéfe, dans la Laconie, fur le fleuve Eurotas. J'ai déja parlé de cette ville à l'article Lacédémone, nom fous lequel elle a été peut-être autant connue que fous celui de Sparte. Il n'eft question ici que de donner la description de cette célébre ville, & je l'einprunte de Paufanias, ., c. 11 & fuiv. de la traduction de l. l'abbé Gedoyn, celui des anciens qui la donne avec plus d'exactitude.

En descendant de Thornax, on recontre Sparte, qui étoit appellée ainfi de fa fondation, mais qui dans la fuite prit le nom de Lacédémone, parce que c'étoit celui du pays. Il y avoit dans cette ville beaucoup de chofes dignes de curiofité. En premier lieu la place publique, où fe tenoit le fénat des vieillards, qui étoient au nombre de vingt-huit; le fénat de ceux qui font les confervateurs des loix; le fénat des éphores & le fénat de ces magiftrats, qu'ils appelloient Bidiéens. Le fénat des vieillards étoit le fouverain tribunal des Lacédémoniens; il régloit toutes les affaires de l'état. Les autres fénateurs étoient, à proprement parler, des archontes; les éphores étoient au nombre de cinq, & les bidiéens de même. Ceux-ci étoient commis pour veiller fur les jeunes gens, & préfider à leurs exercices, foit dans le lieu qu'ils nommoient le Plataniste, foit ailleurs. Ceux-là étoient chargés de foins moins importans, & chaque année ils en nommoient un d'entr'eux qui préfidoit aux autres, & dont le nom fervoit à marquer l'année, de la même maniere qu'à Athénes les neuf élifoient un d'entre enx qui avoit le nom d'Archonte par excellence. Le plus bel édifice qu'il y eût dans la place étoit le portique des Perses, ainfi nommé, parce qu'il avoit été bâti des dépouilles remportées fur les Perfes. Dans la fuite on l'avoit beaucoup agrandi & orné. Tous les chefs de l'armée des Barbares, & entr'autres Mardonius', fils de Gobryas, avoient là leurs ftatues de marbre blanc, fur autant de colonnes. On y voyoit auffi celle d'Artemife, fille de Lygdamis & reine d'Halicarnaffe, laquelle, dit-on, joignit fes forces à celles de Xerxès contre les Grecs, & marqua beaucoup de valeur dans le combat navale près de Salamine. Après le portique des Perfes, ce qu'il y avoit de plus beau à voir dans cette place, étoient deux temples, dont l'un confacré à Jules Célar, l'autre à Augufte. On remarquoit fur l'autel de ce dernier une figure d'Agias, gravée fur du cuivre; c'eft cet Agias qui prédit à Lyfander qu'il fe rendroit maître de toute la flotte d'Athénes à Egespotame, à la réserve de dix galeres, qui en effet fe fauverent en Chypre. Dans la place de Sparte, on voyoit encore trois ftatues, une d'Apollon Pythæus, l'autre de Diane, & la troifiéme de Latone. L'endroit où étoient ces ftatues, étoit une enceinte appellée Chœur,

parce que dans ces jeux publics auxquels les jeunes gens s'exerçoient, & qui fe célébroient avec beaucoup de for lemnité, toute la jeuneffe alloit là, & y formoit des chœurs de mufique en l'honneur d'Apollon; près delà étoient plufieurs temples, l'un confacré à la Terre, l'autre à Jupiter Agoreus, un autre à Minerve Agorea, & un quatrième à Neptune, furnommé Asphalius. Apollon & Junon avoient aufli chacun le leur. On voyoit aufli une grande ftatue qui repréfentoit le peuple de Sparte, & un peu plus bas le temple des Parques; près ce temple étoit le tombeau d'Orefte: auprès de fa fépulture on remarquoit le portrait du roi Polydore, fils d'Alcaméne. Au même lieu, il y avoit un Mercure furnommé Agoreus, lequel portoit un petit Bacchus. Il y avoit aufli dans le même endroit des rangées d'anciennes ftatuies, qui repréfentoient les éphores de ces tems. Parmi ces ftatues on voyoit le tombeau d'Epiménide, & celui d'Aphareus, fils de Périeres. Du côté où étoient les parques, on voyoit les falles, où les Lacédémoniens prenoient ces repas publics, qu'ils appelloient Phiditias là étoit Jupiter Hospitalier & Minerve Hospita liere. En fortant de la place, & pallant par la rue des Bar rieres, on trouvoit une maifon qu'ils appelloient le Boo néte. Au-deffùs du fénat des Bidiéens, il y avoit un temple de Minerve, où l'on dit qu'Ulyfle confacra une statue à la déeffe, fous le nom de Minerve Celeuthea, comme un monument de la victoire qu'il avoit remportée fur les amans de Pénélope, & fit bâtir fous le même nom trois temples en trois différens endroits. Au bout de la rue des Barrieres, on trouvoit une fépulture de héros, entr'autres celle d'Iops, qu'on croit avoir vécu environ le tems de Lelex & de Mylés, celle d'Amphiaraüs, fils d'Oïclés. Près delà étoit le temple de Neptune, furnommé Tenarius, & allez près on voyoit une ftatue de Minerve. Du même côté on trouvoit la place Hellénie, ainfi appellée, parce que dans le tems que Xerxès pafla en Europe, toutes les villes grecques, qui prirent les armes contre lui, envoyerent leurs députés à Sparte, & ces députés s'aboucherent là. D'autres difoient que cette dénomination venoit de ce que tous les princes de la Gréce, ayant pour l'amour de Ménelas, entrepris le fiége de Troye, s'affemblerent en ce lieu. Près de cette place on montroit le tombeau de Talthybius; mais ceux d'Egion en Achaïe, avoient auffi dans le marché de leur ville un tombeau, qu'ils affuroient être celui de Talthybius. Dans le même quartier on voyoit un autel, dédié à Apollon Acritas, ainfi appellé parce que cet autel étoit bâti fur une hauteur. On trouvoit dans le même endroit un temple de la Terre, qu'ils nommoient Gasepton, & un peu au deffous un autre temple d'Apollon, furnommé Maléa tès; paffé la rue des Barrieres, contre les murs de la ville, on trouvoit une chapelle dédiée à Dictynna, & enfuite les tombeaux de ces rois, qui ont été appellés Eurypontides. Auprès de la place Hellénienne, étoit le temple d'Arfinoé, fille de Leucippe, & belle-fœur de Caftor & de Pollux. Du côté des remparts, on voyoit un temple de Diane, & uu peu plus loin la fépulture de ces devins, qui vinrent d'Elis, & qu'on appelloit Jamides. Maron & Alphée y avoient auffi leurs temples. C'étoit deux grands capitaines, qui, après Léonidas, fignalerent le plus leur courage au combat des Thermopyles. A quelques pas de là, on voyoit le temple de Jupiter Tropeus. Mais de tous les temples, qui étoient à Sparte, le plus réveré étoit celui de la mere des dieux. On voyoit auprès le monument héroïque d'Hyppolyte, fils de Thefée, & celui d'Aulon' Arcadien, fils de Tlefiméne, frere de Parthénopée, fils de Mélanion, & d'autres le faifoient fon propre fils. La grande place de Sparte avoit encore une autre iffue,du côté de laquelle on trouvoit un édifice, où les habitans venoient prendre le frais. On difoit que ce bâtiment étoit un ouvrage de Théodore de Samos, qui le premier trouva l'art de fondre le fer, & d'en faire des ftatues. C'est à la voute de cet édifice, que les Lacédémoniens avoient fuspendu la lyre de Timothée de Milet, après l'avoir puni de ce qu'aux fept cordes de l'ancienne lyre, il en avoit ajouté quatre autres. Près de là étoit une rotonde, où il y avoit deux ftatues, l'une de Jupiter Olympien, l'autre de Venus Olympienne. On trouvoit près de là le tombeau de Cynortas, fils d'Amyclas, & un peu plus loin celui de Caftor, avec fon temple qui étoit tout auprès. On montroit aufli le tombeau de ces deux fils d'Aphareus, auprès de l'édifice dont on a parlé, & qu'on nommoit Sxias. Auprès de la chapelle de

Venus Olympienne, on, voyoit un temple de Proferpine Confervatrice, bâti par Orphée de Thrace, & felon d'autres, par cet Abaris, qui étoit venu des pays Hyperboréens. Quant à Carnéus, furnommé le Domestique, il étoit honoré à Sparte, avant même le retour des Héraclides dans le Péloponnése. A l'égard du culte d'Apollon Carnéus, qui avoit été embraffé de tous les Dotiens, il tiroit fon origine d'un certain Carnus, qui étoit d'Acarnanie, & qui avoit reçu d'Apollon même l'art de deviner; mais le Carnéus que les Lacédémoniens avoient furnommé le Domestique, étoit différent, puisqu'il avoit déja fon culte à Sparte, dans la maifon du devin Crius, lorsque les Achéens étoient ercore maîtres de la ville. Cependant d'autres difoient que ks Grecs, pour conftruire ce cheval de bois, qui fut in fatal aux Troyens, couperent une grande quantité de cornouillers fur le mont Ida, dans un bois confacré à Apollon, & que par là ayant attiré fur eux la colere du dieu, ils inftituerent un culte en fon honneur, & du nom de l'arbre don nerent à Apollon le furnom de Carnéus, en transpofant une lettre à la maniere des anciens. Auprès de ce temple d'Apollon, on voyoit la statue d'Aphéteus; du même côté, mais un peu au dellus, on trouvoit des portiques de figure carrée, où l'on vendoit anciennement toute forte de mercerie. A quelques pas de là étoient trois autels dédiés à Ju piter Ambulius, à Minerve Ambulia, & aux Dioscures, qui avoient le furnom d'Ambulii. Vis-à-vis étoit une éminence appellée Colona, où il y avoit un temple de Bac chus Colonate; ce temple tenoit presqu'à un bois qu'ils avoient confacré à ce héros, qui eut l'honneur de conduire Bacchus à Sparte. Les temples de Bacchus & de Jupiter Evanemus, étoient proche l'un de l'autre. De ce dernier on voyoit le monument héroïque de Pleuron, dont les erfans de Tyndare descendoient par leur mere. Près de la étoit une colline, où Junon Argiva avoit un temple qui avoit été confacré, dit-on, par Eurydice, fille de Lacédémon, & femme d'Acrifius, fils d'Abas; car le temple de Junon Hyperchiria, avoit été bâti par le confeil de l'Ora cle, dans le tems que le fleuve Eurotas inondoit toute la campagne. On voyoit dans ce temple une statue de bois d'un gout fort ancien, qui repréfentoit Venus Junon. Tou! tes les femmes, qui avoient des filles à marier, faifoient des facrifices à cette déeffe. Sur le chemin qui menoit à la colline, on trouvoit à droite une ftatue d'un certain Hésy moclès, fils d'Hippofténe. Au fortir de la place, en al lafft au couchant, on voyoit le cénotaphe de Brasidas, fils de Telleis, & enfuite le théâtre ; il étoit bâti de marbre blanc. Vis-à-vis du théâtre étoit le tombeau du roi Paufanias, qui commandoit les Lacédémoniens au combat de Platée. La fépulture de Léonidas étoit auprès. Tous les ans on faifoit les oraisons funébres de ces grands capitaines fur leurs tombeaux : ces orailons étoient fuivies de jeux funéraires, où il n'y avoir que les Lacédémoniens qui fus fent reçûs à disputer le prix. Léonidas étoit véritablement inhumé dans ce lieu; car fes os avoient été rapportés des Thermopyles par Paufanias, quarante ans après fa mort. On voyoit aufli là une colonne, fur laquelle étoient gravés les noms de ces braves, qui foutinrent l'effort des Perfes aux Thermopyles, & ceux de leurs peres. Il y avoit un quartier dans la ville qu'on nommoit le Théomélide, où étoient les tombeaux des rois, dits Agides. Le Lesché étoit tout contre. C'étoit le lieu où les Crotanes s'aflembloient; & les Crotanes étoient la cohorte des Pitanates. On trouvoit enfuite le temple d'Esculape, qu'ils nomment l'Enapadon, & un peu plus loin le tombeau de Tenarus, d'où un promontoire fort connu avoit pris fa dénomination. Dans le même quartier on voyoit le temple de Neptune Hippocurius, & celui de Diane Eginea. En 'retournant vers la Lesché, on trouvoit fur fon chemin le temple de Diané floria, autrement dite Limnéa. Près de ces rombeaux des Agides, on voyoit une colonne, fur laquelle on avoir gravé les victoires qu'un Lacédémonien, nommé Anchionis, avoit remportées, au nombre de fept, tant à Olympo qu'ailleurs. Ou voyoit auffi le temple de Thetis dans ce quartier. Pour le culte de Cérès Cthonia, qui étoit établi à Sparte, les habitans croyoient l'avoir reçu d'Orphée ; mais il y a plus d'apparence qu'ils l'avoient pris des habitans d'Hermione, chez qui cette déefle étoit honorée fous le même nom. On voyoit aufli à Sparte un temple de Serapis & un de Jupiter Olympien. Il y avoit un lieu qu'ils appelloient Dromos, où ils exerçoient leurs jeunes gens à

la courfe. En y entrant du côté qui regardoit la fépulture des Agides, on voyoit à main gauche le tombeau d'Eumédès, un des fils d'Hippocoon, & à quelques pas une vieille ftatue d'Hercule. C'étoit à ce dieu, & en ce lieu, que facrifioient les jeunes gens qui fortoient de l'adolescence, pour entrer dans la claffe des hommes. Le Dromos avoit deux gymnafes ou lieux d'exercices, dont l'un avoit été confacré à cet ufage par Euryclide de Sparte. Au dehors, & près de la ftatue d'Hercule, on montroit la maifon de Menelas. Plus loin on trouvoit les temples des Dioscures, des Graces, de Lucine, d'Apollon Carnéus & de Diane Hégémaque. A droite du Dromos, on voyoit le temple d'Agnitas; c'étoit un furnom qui avoit été donné à Esculape, à cause du bois dont fa statue avoit été faite. Quand on avoit paffé le temple d'Esculape, on voyoit un trophée que Pollux avoit érigé lui-même après la victoire qu'il avoit remportée fur Lyncée. Les Dioscures avoient leurs ftatues à l'entrée du Dromos, comme des divinités qui préfident à la barriere. Plus loin, on voyoit le monument héroïque d'Alcon ; à quelques pas étoit le temple de Neptune, furnommé Domatitès. Plus loin étoit le Platanifte, ainli nommé à cause de la quantité de grands platanes dont il étoit rempli. Les jeunes Spartiates faifoient leurs combats dans cette plaine, qui étoit toute entourée de l'Euripe; on y paffoit fur deux ponts. A l'entrée de l'un, il y avoit une statue d'Hercule, & à l'entrée de l'autre un portrait de Licurgue. Dans le college où les jeunes gens étoient élevés, ils facrifioient avant que d'aller au combat. Ce college étoit hors de la ville, & près du quartier Therapné. Les deux troupes des combatans, immoloient le petit d'une chienne, au dieu Mars, ne croyant pouvoir offrir, au plus courageux de tous les dieux, une victime plus agréable, que l'animal le plus courageux qu'il y ait entre les animaux domeftiques; & après leurs facrifices, ils prenoient deux fangliers apprivoilés, & les menoient avec eux pour les faire battre l'un contre l'autre; chaque troupe s'intérefloit pour le fien. Le lendemain fur le midi, ils alloient dans la plaine dont on a parlé, après avoir tiré au fort la nuit auparavant, pour favoir par quel côté chaque troupe prendroit le chemin du rendez-vous; car, comme on a dit,il y avoit deux ponts, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Le fignal donné, ils fe battoient à coups de poing, à coups de pied; ils fe mordoient de toutes leurs forces, & s'entr'arrachoient les yeux; on les voyoit fe battre à toute outrance, tantôt un contre eux, tantôt par pelotons & tantôt tous enfemble, chaque troupe faifant tous les efforts pour faire reculer l'autre, & pour la pouffer dans l'eau qui étoit derriere. Vers ce bois de platanes, on voyoit auffi le monument hé roïque de Cynisca, fille du roi Archidame. Derriere un portique qui étoit là, on trouvoit d'autres monumens héroïques, comme ceux d'Alcime & d'Enarephore, un peu plus loin ceux de Dorcée & de Sébrus. Dorcée avoit donné fon nom à une fontaine, qui étoit dans le voifinage, & Sébrus le fien à une rue de ce quartier. A droite du monunient de Sébrus, on remarquoit le tombeau d'Alcman. Là fe trouvoient auffi le temple d'Hélène & d'Hercule, le premier plus près de la fépulture d'Alcman, le fecond contre les murs de la ville. Dans ce dernier, il y avoit une ftatue d'Hercule armé; on dit qu'Hercule étoit représenté ainsi, à caufe de fon combat avec Hippocoon & fes enfans. En fortant du Dromos, du côté de l'orient, on trouvoit un temple dédié à Minerve Axiopœnas ou Vengerefle. Minerve avoit encore dans cette rue un temple, qu'on trouvoit à gauche au fortir du Dromos. On rencontroit enfuite le temple d'Hippofthène, homme célébre pour avoir été plufieurs fois vainqueur à la lutte, & vis-à-vis de ce temple il y avoit une ftatue fort ancienne, qui représentoit Mars enchaîné, fur le même fondement, qu'on voyoit à Athénes une victoire fans aîles; car les Lacédémoniens s'étoient imaginés, que Mars étant enchaîné demeureroit toujours avec eux, comme les Athéniens avoient cru que la victoire n'ayant point d'aîles, ne pourroit s'envoler ailleurs. Il y avoit encore à Sparte un autre Lesché, qu'ils nommoient le Pacile. On voyoit tout près les monumens héroïques de Cadmus, fils d'Agenor, d'Oeolicus, fils de Theras, & d'Egée, fils d'Oeolicus. On croyoit que c'étoit Mefis, Léas & Europas, fils d'Hyrée & petit-fils d'Egée, qui avoient fait élever ces monumens. Ils avoient même ajouté celui d'Amphiloque, parce que Tifamène leur ancêtre étoit né de Demonafle, fœur d'Amphiloque. Les

.

Lacédémoniens étoient les feuls Grecs qui réveroient Junon fous le nom d'Egophage, & qui lui immoloient une chévre. Si on reprenoit le chemin du théâtre, on voyoit un temple de Neptune Génethlius, & deux monumens héroïques, l'un de Cléodée, fils d'Hyllus, l'autre d'Oebalus ; Esculape avoit plufieurs temples dans Sparte; mais le plus célébre de tous étoit celui qui étoit auprès du Boonéte, & à la gauche duquel on voyoit le monument héroïque de Teleclus. Plus avant on découvroit une petite colline, au haut de laquelle il y avoit un vieux temple de Venus, où cette déeffe étoit repréfentée armée. Ce temple étoit fingulier; mais, à proprement parler, c'étoient deux temples l'un fur l'autre; celui de deffus étoit dédié à Morpho, furnom de Venus. La déeffe y étoit voilée, & avoit des chaînes aux pieds. Les habitans de Sparte difoient que c'étoit Tyndare qui lui avoit mis ces chaînes, pour donner à entendre combien la fidélité des femmes envers leurs maris devoit être inviolable; d'autres difoient que c'étoit pour le venger de Venus, à qui il imputoit l'incontinence & les adulteres de fes propres filles. Le temple le plus proche, qui fe préfentoit enfuite, étoit celui d'Hilaire & de Phœbé. Un œuf, enveloppé de bandelettes, étoit fuspendu à la voute du temple, & le pleuple croyoit, que c'étoit l'œuf dont accoucha Leda. Des femmes de Sparte filoient tous les ans une tunique pour la ftatue d'Apollon, qui étoit à Amycle, & le lieu où elles filoient, s'appelloit par excellence la tunique. On voyoit auprès une maison habitée autrefois par les tils de Tyndare, & depuis achetée par un particulier nommé Phormion. En allant vers la porte de la ville, on trouvoit fur fon chemin le monument héroïque de Chilon, qui avoit été autrefois en grande réputation de fageffe, & celui d'un héros Athénien, qui étoit un des principaux de cette colonie, que Dorieüs, fils d'Anaxandride, avoit débarqué en Sicile. Les Lacédémoniens avoient auffi bâti un temple à Lycurgue leur légiflateur comme à un dieu ; derriere fon temple on voyoit le tombeau de fon fils Eucosmus, auprès d'un autel qui étoit dédié à Lathria & à Anaxandra, deux fœurs jumelles, qui avoient épousé les deux fils d'Ariftodème, auffi jumeaux. Vis-à-vis du temple de Lycurgue, étoit la fépulture de Théopompe, fils de Nicandre, & celle de cet Eurybiade, qui commandoit la flotte des Lacédémoniens au combat d'Artemifium & à celui de Salamine contre les Perfes. On trouvoit enfuite le monument héroïque d'Aftrabacus. On paffoit de là dans une rue nommée Limnée, qu il y avoit un temple dédié à Diane Orthia. Du temple de Diane, il n'y avoit pas loin à celui de Lucinie. Les Lacédémoniens difoient que c'étoit l'oracle de Delphes qui leur avoit confeillé d'honorer Lucine comme une déeffe. Dans la ville il n'y avoit point de citadelle bâtie fur une hauteur, comme la Cadmée à Thèbes, ou Lariffa à Argos; mais il y avoit plufieur s collines dans l'enceinte de la ville & la plus haute tenoit lieu de citadelle. Minerve y avoit fon temple fous les noms de Minerve Poliuchos & Chalciacos, comme qui diroit de Minerve, gardienne de la ville. Tyndare avoit commencé cet édifice; fes enfans entreprirent de l'achever & d'y employer le prix des dépouilles qu'ils avoient remportées fur les Aphidnéens; mais l'entreprise étant encore reftée imparfaite, les Lacédémoniens, long-tems après, conftruifirent un nouveau temple tout d'airain, comme la statue de la déeffe. L'ouvrier dont ils s'étoient fervis, fe nommoit Gitiadas; au-dedans du temple, la plupart des travaux d'Hercule étoient gravés fur l'airain. Là étoient auffi grávés les exploits des Tyndarides, & fur-tout l'enlevement des filles de Leucippe. On voyoit enfuite d'un côté Vulcain, qui dégageoit la mere de fes chaines, & d'un autre Persée prêt à partir, pour aller combattre Méduse, en Libye. Des nymphes lui mettoient un casque fur la tête, & des talonieres aux pieds, afin qu'il pût voler en cas de befoin. On n'avoit pas oublié tout ce qui avoit rapport à la naisfance de Minerve, & ce qui effaçoit le refte, c'étoit un Neptune & une Amphitrite, d'une beauté merveilleufe. On trouvoit enfuite une chapelle de Minerve Ergané. Aux environs du temple, il y avoit deux portiques, l'un au midi, l'autre au couchant. Vers le premier étoit une chapelle de Jupiter furnommé Cosmétès, & devant cette chapelle le tombeau de Tyndare: fur le fecond portique, on voyoit deux aigles éployées, qui portoient chacune une victoire. C'étoit un préfent de Lyfander, & en même tems un monument des deux victoires qu'il avoit remportées,

l'une

l'une près d'Ephèfe, fur Antiochus, le lieutenant d'Alcibiade, qui commandoit les galeres d'Athénes, fur la flotte athénienne, qu'il avoit défaite entierement à Egespotame. A l'aile gauche du temple d'airain, il y avoit une chapelle confacrée aux Mufes, parce que les Lacédémoniens marchoient à l'ennemi, non au fon de la trompette, mais au fon des Alûres & de la lyre.

Derriere le temple étoit la chapelle de Venus Area, où l'on voyoit des statues de bois auffi anciennes qu'il y en ait dans toute la Grece. A l'aîle droite on voit un jupiter en bronze, qui eft de toutes les ftatues de bronze, la plus ancienne. Ce n'étoit point un ouvrage d'une feule & même fabrique; il avoit été fait fucceffivement & par piéces ; enfuite ces piéces avoient été fi bien jointes ensemble avec des clous, qu'elles faifoient un tout fort folide. A l'égard de cette ftatue de Jupiter, les Lacédémoniens foutenoient que c'étoit Léarque de Rhegium qui l'avoit faite; felon quelques uns, c'étoit un éleve de Dipane & de Scyllis, & felon d'autres, de Dédale même. De ce côté étoit un endroit appellé Scenoma, où l'on trouvoit le portrait d'une femme. Les Lacédémoniens difoient que c'étoit Euryléonis qui s'étoit rendue célébre pour avoir conduit un char à deux chevaux dans la carriere, & remporté le prix aux jeux olympiques. A l'autel même du temple de Minerve il y avoit deux ftatues de ce Paufanias, qui commandoit l'armée de Lacédémone au combat de Platée. On difoit que ce même Paufanias, se voyant atteint & convaincu de trahifon, avoit été le feul qui fe fût refugié à l'autel de Minerve Chalciœcos, & qu'il n'y eût pas trouvé fa fureté. La raison qu'on en rapportoit, c'elt qu'auparavant il avoit commis un meurtre dont il n'avoit jamais pû s'en faire purifier. Dans le tems que ce prince commandoit l'armée navale des Lacédémoniens, & de leurs alliés fur l'Hellespont, il devint amoureux d'une jeune Byfantine; ceux qui avoient ordre de l'introduire dans fa chambre y étant entrés fur le commencement de la nuit, le trouverent déja endormi. Cléonice, c'étoit le nom de la jeune perfonne, en approchant de fon lit, renverfa par mégarde une lampe qui étoit allumée; à ce bruit Paufanias fe réveille en furfaut, & comme il étoit dans des agitations continuelles à caufe du deflein qu'il avoit formé de trahir fa patrie, fe croyant découvert, il fe leve, prend fon cimeterre, en frappe fa maîtreffe & la jette morte à fes pieds. C'eft là le meurtre dont il n'avoit jamais pû fe purifier, quelques fupplications, quelque expédient qu'il eût employé. Les Lacédémoniens, par ordre exprès de l'oracle de Delphes, avoient depuis érigé deux ftatues en bronze à ce prince, & rendu une espéce de culte au génie Epidote, dans la pensée que ce génie appaiferoit la déeffe. Après ces ftatues, on en voyoit une de Venus furnommée Ambologera, c'eft-à-dire, Venus qui éloigne la vieilleffe. Celle-ci avoit été auffi érigée par l'avis de l'oracle, enfuite celles du fommeil & de la mort, qui font freres au rapport d'Homére, dans l'Iliade. Si de là on paffoit dans la rue Alpia, on trouvoit le temple de Minerve dite Ophthalmitis, comme qui diroit Minerve qui conferve les yeux. On difoit que c'étoit Lycurgue même, qui avoit confacré ce temple, fous ce titre, à Minerve, en mémoire de ce que dans une émeute, ayant eu un œil crevé par Alcandre, à qui fes loix ne plaifoient pas, il avoit été fauvé en ce lieu par le peuple, fans le fecours duquel il auroit peut-être perdu l'autre œil, & la vie même. Plus loin on trouvoit le temple d'Ammon. Quant au temple de Diane Cnagia, ainfi la nommoient-ils, voici ce qu'ils en racontoient. Cnagéus étoit felon eux un homme originaire du pays, lequel avoit accompagné Caftor & Pollux au fiége d'Aphidna. Ayant été fait prifonnier dans un combat, il avoit été vendu, & envoyé en Créte; après avoir été esclave quelque tems dans une ville où les Crétois avoient un temple de Diane, il s'étoit enfui avec la prêtreffe, qui avoit emporté avec elle la ftatue de Diane. Tous les deux étant venus à Sparte, leur aventure avoit donné lieu au temple & au furnom de la déeffe, mais on ne peut croire, que ce Cnagéus eût paffé en Créte à l'occafion que difoient les Lacédémoniens. Car premierement il n'y avoit point eu de combat à Aphidna, Théfée étoit pour lors chez les Thesprotiens; d'ailleurs les Athéniens étoient partagés, & même la plupart penchoient plus pour Mnefthée que pour lui. Comment auroient-ils combattu en faveur du dernier ? Mais quand il y auroit eu un combat, il n'y a pas apparence qu'aucun du parti des victorieux eut pû être prifonnier de guerre, les Lacédémoniens ayant tellement eu l'avantage, qu'ils pri

rent même Aphidna.

2.SPARTĖ, ville des Etats du Turc, en Asie, dans l'Anatolie, fur la route de Satalie à Igridy, affez près & au* midi d'un grand lac, auquel on donne cent milles de circuit. Cette ville, dit Paul Lucas, Voyage de l'Afie mineure, c. 34, inconnue à nos géographes, comme beaucoup d'autres dont ce pays eft plein, eft petite, fans murailles, & a des maifons très-mal bâties. Mais fa fituation eft avantageufe : elle est dans une belle plaine, remplie de jardins & d'arbres fruitiers. Il y a des chrétiens, mais ils ne font, à proprement parler, de la ville que pour le jour; car quoiqu'ils y ayent leurs boutiques où ils fe rendent tous les matins, leur demeure eft dans un fauxbourg éloigné de Sparte d'un bon quart de lieue. Il y a quatre églifes, deffervies par des Grecs. On dit que l'ancienne Sparte étoit entre les montagnes à quatre lieues de là, & en un endroit appellé Dourdan, où on voit de vaftes ruines, qui paroiflent être ceux de quelque grande ville.

Dans un autre endroit, Paul Lucas, Voyage en Turquie, en Afie, t. 1, p. 252, dit, que Sparte eft fituée au pied d'une chaîne de montagnes fort hautes ; c'est-à-dire, du mont Taurus, qui traverse toute l'Afie, jusqu'au fond des Indes. Il y en a une qui s'éleve en pain de fucre, fur le fommet de laquelle on voit encore les ruines d'un ancien château De l'autre côté de la plaine on en voit une autre, fur laquelle il y a auffi quelques reftes d'une fortereffe. Les Turcs difent que ces montagnes appartenoient à deux petits princes, qui étoient ennemis : que l'un avoit de belles fources dans fes petits états, tandis que le pays de l'autre étoit fort aride; que celui-ci avoit une très-belle fille, dont le prince voifin devint amoureux, la fit demander en mariage & propofa la paix. Son ennemi, pour éluder la propofition, lui répondit que s'il pouvoit lui faire venir de l'eau dans fon châ teau, il lui accorderoit fa fille, mais qu'il ne devoit pas l'espérer autrement: le prince amoureux ne fut rebuté ni par les représentations de les meilleurs amis, ni par les dépenfes exceflives d'un ouvrage fi extraordinaire: il fit travailler à un fouterrein vouté, qui devoit faire la communication de fes états à ceux de fon voifin, avec tant de diligence, que le prince ennemi admirant fon ouvrage, & voyant fon courage & fon amour, lui donna fa fille, qui fut le lien d'une grande union entr'eux. Les Turcs affurent encore qu'il n'y a pas quarante-cinq ans que ce fouterrein étoit ouvert; mais qu'un pacha le fit fermer, parce qu'il fervoit de retraite aux voleurs, & qu'on y trouvoit quelquefois des gens affaffinés.

Entre le village d'Aglafon & Sparte, on trouve une montagne des plus hautes. Elle tire for nom du village, & s'appelle Aglafon-Bey. Elle fe fépare en plufieurs branches, fur les pointes desquelles on voit plufieurs châteaux, d'une étendue prodigieufe, & même des villes entieres dont les maisons font bâties des plus groffes pierres de taille, & quelques-unes même de marbre. Quoique ces lieux foient tout charmans, on n'y trouve aucuns habitans. La descente d'A glafon-Bey eft affez douce. C'eft un vallon entre deux montagnes. Il y paffe un petit ruiffeau qui ferpente beaucoup. Delà on entre dans une plaine, où le trouvent encore plufieurs petites éminences, mais qui paroiffent n'être faites que des ruines de quelque grande ville, qui étoit là autrefois ; à une lieue de ces hauteurs eft la ville de Sparte.

Dans les montagnes dont on vient de parler, on trouve une espéce d'animal, qui n'eft ni lion, ni tigre, ni loup, mais qui tient de ces trois bêtes; il eft extrêmement carnasfier, ne vivant, dit-on, que de cadavres; ce qui oblige les habitans du pays à mettre autour des fépulcres plufieurs perches, avec des banderoles, pour fervir d'épouventail, quoique fouvent tout cela foit inutile. Ce qu'il y a de fingulier c'eft que cet animal, tout carnaffier qu'il eft, fe laille tuer comme un agneau quand il eft furpris.

3.

SPARTE, village qu'Etienne le géographe met aux environs du Pont-Euxin.

SPARTIVENTO, cap d'Italie, au royaume de Naples, à l'extrémité de la Calabre ultérieure, à l'endroit qui joint la côte méridionale avec l'orientale. Ce cap, nommé anciennement Herculis promontorium, donne le nom au golfe de Spartivento, qui s'étend au nord oriental jusqu'à celui de Burfano, qui en eft éloigné d'environ quatre milles. Il y a fur la pointe du cap de Spartivento une tour de garde. * Magin, Atlas Ital.

SPARTOLUS, ville de la Thrace, dans la Bottique, felon Thucydide, 7. 2. Etienne le géographe qui cite le même autour, miet cette ville dans la Macédoine. SPARTUM, montagne voisine du Pont-Euxin, felon le

même auteur.

SPASINE. Voyez CHARAX, no. 10. SPATANA, port de l'ifle de Taprobane: Ptolomée, 1.7, c. 4, le marque fur le grand rivage, entre l'embouchure du fleuve Ganges & la ville Nagadiba.

SPATARA. Corneille, qui cite Menefius, donne le nom de Spatara à l'ifle de Cranaé. Voyez CRANAÉ.

SPATHE, ville que Curopalate.& Cédrène paroiffent mettre aux environs de l'Arménie.

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SPAUTA, lac de la Médie Atropatie. Ce lac produit un fel, auquel Strabon,.. 1, p. 524, attribue des qualités qu'il n'a pas à préfent. Pierre Gylles, dans une lettre dont Ortelius a cu communication, appelle ce lac Spota, & le décrit de la forte : » Nous trouvâmes ce lac fi falé, que » rivage étoit couvert d'une glace continuelle de fel l'espace » de quatre ftades. J'eus la curiofité, ajoute-t-il, de faire » l'épreuve de ce que Strabon avoit dit de ce fel. Je me pro» menai nud dans le lac l'espace de deux cents pas en avan» çant vers le milieu, & l'eau me venoit à peine au milieu » du corps. Je voyois le lac couvert d'une croute de fel continuelle, fans pouvoir découvrir la terre d'aucun côté. » On prétend qu'il faut fix jours pour faire le tour de ce » lac. SPEAN, riviere d'Ecoffe. Elle fort du lac de Laggan, aux frontieres de Badenoch, & coule à l'occident pour aller fe jetter dans le lac Aber, à l'endroit où il fe décharge par fon canal. * Délices de la Grande Bretagne, pag.

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1350.

SPEDIA. Les Latins difent Biondo, & Leander appelle ainfi la petite ville de l'Etat de Gênes, connue à préfent fous le nom de Specie. Voyez SPEZZE.

SPEI-FANUM ou TEMPLUM, temple d'Italie. Denys d'Halicarnaffe, l. 9, c. 30, le met à huit ftades de la ville de Rome. Tite-Live, l. 24,c. 47, en parlant de l'incendie & du rétabliffement du temple de l'Espérance, dit qu'il étoit au dehors de la porte Carmentale.

SPEÏR-BACH, (Le) petite riviere de l'Alface. Elle a fa fource à Flochepein, dans les montagnes de Vosge, coule à Franckenftein, Newftatt, & Speir, ou Spire, comme le prononcent les François, au-deffous duquel elle tombe dans le Rhin, à dix ou douze lieues de fa fource. Cette riviere eft célébre par la victoire que le maréchal de Talard remporta fur fes bords en 1703. * Supplément au manuscrit de la bibliotheque de M. de Corberon, premier préfident au confeil fouverain d'Alface.

SPELEUM, lieu voifin de la ville Pella, en Macédoine, felon Etienne le géographe. Tite-Live, 1. 45, 4. 33, parke auffi de ce lieu.

SPELLO, bourg d'Italie, dans l'Ombrie, au duché de Spolete, à cinq milles de Foligno, fur une colline de l'Apennin. C'eft l'ancienne ville que Strabon, l'itinéraire d'Antonin, Silius Italicus appellent Hyspellum; & que Pline nomme Hispellium. Ce bourg eft de la jurisdiction de la ville de Perugia. Il fut faccagé en 1529, par Philibert prince d'Orange. Ce général, qui étoit au fervice de l'empereur, marchoit alors à Perugia pour en challer Malatesta Bagliono, à la priere du pape Clément VII. Le pape Paul III fit enfuite abattre les murailles; de forte qu'on le voit encore aujourd'hui dans ce pitoyable état. Cependant les ruines d'un ancien théâtre, & quelques autres monumens marquent encore fon antiquité. Dès le fixiéme fiécle fon évêché fut uni à celui de Spolete.

SPELTENI, peuple de la Bithinie, felon Ptolomée, 1.5, c. 2 il le met au voifinage des Moxiani.

1. SPELUNCA, ville de Syrie : Ptolomée, l. 5, c. 15, la place dans la Chalybonitide.

2. SPELUNCA, ville de l'Arabie, felon la notice des dignités de l'Empire.

1. SPELUNCE, lieu d'Italie, au territoire de Fondi. On lit dans Pline, l. 3, c. 5..... Amycle à ferpentibus deleta. Dein locus Spelunca, lacus Fundanus, Caieta Portus. Le pere Hardouin remarque qu'il eft queftion de la caverne d'Amyclée, appellée aujourd'hui Sperlonga, & qui eft au bord de la mer; ce qui eft caufe que le golfe d'Amyclée a pris le nom de mare di Sperlonga. Il feroit cependant plus naturel de dire que par ce mot Spelunce, Pline entend

quelque lieu voifin de la caverne ou quelque maifon bâtie delius; car felon Tacite, l. 4, Spelunca étoit une maison de campagne (villa,) & felon Suétone, in Tiberio, c. 40, c'étoit un prétoire; car les jurisconfultes donnent quelquefois le nom de prétoire à une maison de campagne bâtie avec quelque magnificence.

2. SPELUNCE, lieu d'Italie : l'itinéraire d'Antonin le marque fur la route d'Equotaticum à Hydruntum, entre Egnatia & Brundufium, à vingt milles de la premiere de ces places, & à dix-neuf milles de la feconde. Cependant dans une autre route, qui va de Rome à Brindes, le même itinéraire compte vingt & un milles d'Egnatia à Spelunca, & feulement dix-huit milles de Spelunce à Brundufium ou Brindes.

SPENDEROBIS; Chalcondyle, dans la vie d'Amurat II, appelle ainfi la capitale des Triballiens, ou de la Bul. garie; & à la marche on lit Senderovia. Leunclavius remarque que c'est une ville de la Servie, fur le bord du Danube, que les Turcs nomment Semender, & les Hongrois Sendrew, par corruption & par contraction pour faint An◄ dré, qui eft le véritable nom de cette ville. Ortélius ne feroit pas éloigné de croire que c'est l'ancienne Singidunum.

SPENNAZOLA, SPINNACCIOLA, ville d'Italie, au royaume de Naples.

SPERCHEA, promontoire de la Macédoine: Prolomée, 1.3, c. 13, le marque fur la côte de la Phthiotide, dans le golfe Pelasgique, entre Echinus & Theba Phihiotidis. Le nom moderne eft Comen, felon Niger; & Phthelia felon Sophien. Il y avoit fur ce promontoire une ville de mêine

nom.

SPERCHIÆ, lieu de la Macédoine, au voifinage du fleuve Aois, felon Tite Live,. 32, c. 15, qui entend fans doute parler du promontoire SPERCHEA, ou de la ville de

ce nom.

SPERCHIUS, fleuve de la Macédoine, dans la Phthiotide: Ptolomée l. 3, c. 23, place fon embouchure entre Theba Phthiotidis & Scarphia. Ce fleuve eft nommé Comen par Thevet, Agriomela & Xerias par Sophien; & Ifac Tzetzes dit que de fon tems on le nommoit Salam. b. a; mais il pourroit bien confondre ce fleuve avec le Pénce. Voyez PENEUS. Apollodore donne au fleuve Sperchius le furnom de Borus. On voit dans Homére que Pelée voua au Sperchius la chevelure d'Achille, s'il revenoit heureufement dans fa patrie après le fiége de Troye.

SPERLONGA,bourg d'Italie, au royaume de Naples, fur la côte de la terre de Labour, entre Gaëre & Terracine, à trois lieues de chacune de ces places. Voyez SPE

LUNCA I.

SPERMATOPHAGI, peuples de l'Ethiopie, felon Strabon, l. 16, p. 771. Ces peuples font aufli connus de Diodore de Sicile, 1. 3, p. 159.

SPESSHART, forêt d'Allemagne, dans la Franconie entre la ville de Francfort & l'abbaye de Fulde. C'est une partie de l'ancienne forêt Hercinienne.

SPEY ou SPAEA, riviere d'Ecoffe, la plus groffe de ce royaume, après le Tai, & la plus rapide de toutes. Elle fort du pied d'une montagne, aux confins des provinces de Loch-Aber & de Badenoch. En fortant de cette derniere province qu'elle parcourt dans toute fa longueur, de l'occident à l'orient, elle tourne au nord-eft, & traverse une vallée à laquelle elle donne le nom de Strath Spey; delà elle court dans un canton de pays montueux, appellé Brac of Murray, à l'extrémité duquel elle mouille le pied du château de Rothes. Presque dans tout fon cours, qui eft de foixante milles, elle eft bordée de montagnes, de forêts & de précipices, & reçoit quantité d'autres rivieres & de torrens. A fix milles de la mer elle prend fa courfe droit au nord, à travers de belles plaines bien cultivées, & va se jetter dans l'Océan, au-dessous de Bagie, maison du duc de Gordon. Elle y tombe avec tant de rapidité, que la marée n'y peut monter qu'à la hauteur d'un mille. Dans le tems des grandes chaleurs elle s'enfle confidérablement fans pluie, feulement par le moyen des vent d'oueft: alors elle inonde le pays voifin. Son embouchure eft embarraflée d'une barre de fable, & elle n'y fait qu'un petit port, où il n'entre que de petits bâtimens. Tout l'avantage qu'elle com munique à ceux qui habitent fur fes bords, c'est la pêche des faumons. Il n'y a point de riviere dans la Grande Bretagne,

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