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soldats étrangers, & particulierement d'Allemands. Quand il meurt quelque sénateur, les plus grands seigneurs, même les princes du sang, suivent le convoi, il n'y a que le roi qui ne s'y trouve pas, parce qu'il ne fait cet honneur qu'aux cinq grands officiers de la couronne, à cause qu'ils font régens nés du royaume, pendant la minorité des rois. Ces cinq officiers font, le drossart ou le grand justicier, le grand connétable, le grand amiral, le grand chancelier & le grand trésorier. Ils président chacun à une chambre, composée de quelques sénateurs ; & quand leurs charges vaquent, le roi les donne ordinairement au plus ancien sénateur des chambres, quoiqu'il lui soit permis d'en disposer en faveur de qui bon lui semble. Le drossart possede la premiere charge du royaume, & a le privilége de mettre la couronne sur la tête du roi dans la cérémonie de son couronnement; il préside au suprême conseil de juftice, auquel on appelle de tous les autres. Le connétable est le chef du conseil de guerre; il prend soin de tout ce qui regarde les armées, & de faire exactement observer aux troupes la discipline militaire. Aux entrées des rois il marche le premier devant eux, tenant l'épée nue, & dans l'assemblée des états, il est assis devant le trône, à main droite. Le pouvoir de l'amiral est fort grand; il a le commandement des armées navales; il a le choix de tous les officiers de guerre & de finances, qui fervent dans la marine, & auxquels il donne des provisions. La justice de l'amirauté lui appartient, & se rend en fon nom, il a les amendes, les confiscations, le droit de dixiéme sur toutes les prises & conquêtes faites à la mer, le droit d'ancrage, l'inspection sur les arsenaux maritimes, & donne les congés à tous les vaisseaux qui partent des ports & havres du royaume. Il est président du conseil de marine, qui connoît de toutes les entreprifes de guerres, des abus & des malversations commises par les officiers de marine, & juge en dernier reffort toutes les affaires qui concernent l'amirauté. Le chancellier eft le chef de la police, & fait tous les reglemens nécessaires pour le bien & l'utilité publique; il est le dépofitaire des sceaux de la couronne; il expédie toutes les affaires d'état, & c'est lui qui expose les volontés du roi aux états généraux; il préside au conseil de police, & c'est en ses mains que le roi dépose la justice pour la distribuer & la faire rendre à ses sujets. Le grand trésorier a l'admi. nistration des finances & des revenus du roi. Il fait rendre tous les comptes des fermes aux trésoriers particuliers; c'est lui qui figne les ordonnances & autres expéditions du trésor, qui ordonne des fonds, & paye tous les officiers du royauune; il préside à la chambre des comptes qui expédie tous les arrêts, portant imposition sur les peuples, & où l'on rapporte toutes les affaires qui regardent les finances. Le revenu des rois de Suéde étoit anciennement si médiocre, qu'à peine suffisoit-il pour leur entretien; il consistoit seulement aux droits qu'on levoit sur les marchandises qui entroient ou qui fortoient du royaume, tant par mer que par terre. La découverte des mines contribua beaucoup à l'augmenter; mais il fut beaucoup augmenté au changement de religion, car Gustave s'empara de la plus grande partie des biens & des droits du clergé, • Enfin ce qu'il l'a encore beaucoup grossi, c'est la réunion au domaine de tous les biens qui en avoient été aliénés, comme auffi de tous les dons qui avoient été faits aux gen

droit d'aubeine, si les héritiers des étrangers ne se présentent pas dans un an. La justice est administrée en Suéde par quatre tribunaux souverains, qu'on nomme parlemens, qui connoissent des affaires civiles & criminelles en dernier ressort. Chaque parlement est composé d'un président, qui est sénateur, & de douze conseillers, dont il y en a fix gentilshommes & fix docteurs, excepté celui de Stockholm; lequel, comme le premier, a l'avantage d'avoir quatre fénateurs adjoints aux douze conseillers. Sa jurisdiction s'étend sur les provinces d'Uplande, de Westmanland, de Dalécarlie, de Néricie, de Sudermanie, de Gestricie, d'Hellinghland, de Medelpadie, d'Angermanland, de Bothnie & de Laponie. Le second parlement eft celui de Jonekoping, dans la Gothie orientale, qui tenferme les provinces d'Ostrogothland, de Smaland, de Wettrogothland, de Dalie, de Wermeland, de Schonen, de Halland & de Bleking, avec les ifles d'Oeland & de Gothland. Le troisiéme est le parlement d'Abo, en Finlande, qui a sous sa jurisdiction la Finlande, la Cajanie, le Savolax, le Tavasthland, la Carélie & le Neyland; & le dernier est le parlement de Wismar, qui a dans son département les états que le roi de Suéde posséde en Allemagne. Il n'y a que les gouverneurs des provinces, ceux de Stockholm & des autres lieux, qui ayent pouvoir de faire exécuter les sentences judiciaires, & ce font ceux qui donnent cene autorité aux officiers inférieurs, qui doivent en rendre compte aux cours nationales, où ils peuvent être jugés & punis, lorsqu'ils font pleinement convaincus; mais comme les preuves sont difficiles, & que les gens de justice ont du penchant à se favoriser les uns les autres, ils fuspendent l'exécution, ou font l'office de médiateurs, & expliquent les sentences à leur mode, ce qui préjudicie audedans, & diminue le crédit des Suédois dans les pays étrangers, parce que ce n'est qu'avec beaucoup de difficulté qu'on peut se faire rendre justice. Il n'y a point de lieu dans le monde où les dépens ordinaires des procès soient plus modérés qu'en Suéde, car ce qu'il y a de plus onéreux vient de la derniere ordonnance, qui porte que toutes les déclarations, tous les actes & toutes les sentences, doivent être sur du papier marqué, dont le prix est différent selon la qualité de la cause. Le profit en revient au roi, les autres frais sont très peu de chose, car chacun a la liberté de plai. der sa cause dans des matieres criminelles ; c'est pour cela que la jurisprudence est au dessous d'un gentilhomme, & est la ressource des personnes de la plus basse naissance. La coutume des jurés, qui composent un corps de douze hom. mes, est si ancienne en Suede, que les écrivains Suédois prétendent que c'est dans leur pays qu'elle a commencé, & qu'elle s'est delà répandue chez les autres nations. Cependant elle est aujourd'hui hors d'usage par-tout, excepté dans les cours inférieures de la campagne, où les jurés sont établis à vie & ont des appointemens. Il faut y être tout d'un avis dans le jugement d'un procès; dans les autres la pluralité des voix l'emporte. On tient registre de toutes les ventes & aliénations, & de tous les autres actes obligatoires; ce qui fait qu'on achete plus fûrement, & que les choses sont moins sujettes à contestation, car l'acquéreur court risque de perdre son héritage par une autre vente postérieure, à moins qu'il ne fasse enregistrer son acte d'acquifition à la cour, où il doit être enregistré. Dans les matieres criminelles, où le fait n'est pas de la derniere éviden

tilshommes par la reine Christine. Cette réunion fut pro-ce, ou lorsque les juges font beaucoup favorables, le dé

posée aux états qui se tinrent au mois d'octobre 1680. Comme la noblesse étoit en poffeffion de ces biens, elle témoigna vouloir s'y opposer, & demanda qu'on lui en lailât la jouissance, offrant en échange une très-grande fomme. Cette proposition fut rejettée, & le roi demeurant ferme dans sa résolution, elle fut obligée d'y consentir, de même que le clergé, les bourgeois & les paysans; mais les états n'accorderent cette réunion qu'à condition que ceux qui n'en avoient que ce qu'il falloit pour leur fubfistance, ne feroient point obligés à la restitution, à moins qu'on ne leur donnat une pension raisonnable. On nomma enfuite trois commissaires pour y travailler, & en prendre l'origine depuis le regne de Gustave I. Quelques uns voulurent résister: mais ils furent à la fin obligés de se rendre. Outre ce revenu, le roi prend la troifiéine partie des amendes, quand elles n'excédent pas la somme de quarante marcs, car en ce cas il les a toutes entieres. Il a la confiscation du bien des criminels de leze majesté, & le

fendeur est reçu à se purger par ferment, auquel on ajoute souvent celui de fix ou de douze hommes, qui répondent tous de son intégrité. La trahison, le meurtre, le double adultere, le brûlement de maisons & autres crimes odieux se punislent par la mort, ce qui se fait en pendant les hommes, & en décollant les femmes : quelquefois on les brule tout vifs ; d'autrefois on les écartelle; quelquefois auffi on les pend enchaînés, felon la nature de leurs crimes. Pour les gentilshommes qui ont commis de grands crimes, on les tue à coups de fusil ou de mousquet. Le larcin étoit autrefois puni de mort; mais dans ces derniers tems on a changé cette peine en celle d'une espéce d'esclavage perpétuel. Le coupable est condamné à travailler toute sa vie aux fortifications, ou autres ouvrages ferviles, & pour cet effet, il a toujours au col un collier de fer, avec un arc qui lui passe sur la tête, où pend une clochette, qui sonne à mesure qu'il marche. Les duels entre gentilshommes, sont punis de mort sur celui des combattans qui survit, & la mémoire de l'un & de l'aute est nottée d'infamie. Si personne n'est tué, les antagonistes sont tous deux condamnés à deux ans de prison, au pain & à l'eau, & outre ce à une amende de mille écus, ou à un an de prison & à deux mille écus. Les réparations d'honneur, en cas d'affront, font renvoyées à la cour nationale de chaque partie, où l'on oblige ordinairement celui qui a offensé à se rétracter, & à demander pardon publiquement. Les biens d'acquêts & de patrimoine passent aux enfans par égales portions. Le garçon en a deux portions, la fille une. Les parens n'ont pas la liberté de disposer de leurs biens au préjudice de cette loix, qui ne peut se changer que par l'intervention d'une sentence judiciaire, fondée sur la désobéiflance des enfans. Ils peuvent seulement donner un dixiéme de leurs acquêts aux enfans ou autres qu'ils veulent favorifer. Lorsqu'un bien est chargé de dettes, l'héritier ordinairement a deux ou trois mois de tems pour examiner les affaires du défunt, après quoi il accepte l'hérédité, ou l'abandonne, auquel cas la justice s'en empare. Les Suédois n'ont pas l'esprit vif: cependant il y en a plusieurs qui acquierent par l'expérience, par l'industrie & par les voyages, un jugement mûr & folide, leur génie les portant aux choses sérieuses, où ceux qui ont la patience de continuer les études, auxquels ils s'appliquent, se rendent fort habiles; mais ils font plus propres au travail & à la fatigue, qu'à l'adresse & à la curiosité. La religion luthérienne est la feule dont l'exercice soit permis en Suéde. Leur église est gouvernée par un archevêque & par dix évêques, qui ne font embarraffés de l'administration d'aucune affaire particuliere, & ne font jamais appellés au conseil, que lorsque les états s'assemblent. Leurs revenus sont fort médiocres. Ils ont sous eux sept ou huit fur-intendans, qui ont tous autorité d'évêque, fans en avoir le nom; & fur chaque dix églises il y a un prévôt ou diacre de la campagne. Il a quelque autorité sur les ecclésiastiques inférieurs, qu'on compte par le nombre des églises, qui montent tout au plus à deux mille, tant dans le duché de Finland, que dans la Suéde. Les chapelains & les curés grossissent le corps des ecclésiastiques de près de quatre mille personnes. Ils font tous fils de paysans, ou de petits bourgeois, & par conféquent ils se contentent du petit revenu qu'ils tirent de leurs charges. Lorsqu'il meurt un évêque, le clergé de chaque diocèse propose trois personnes au roi, qui en choisit une. La même chose se fait lorsqu'il est question d'élire des sur-intendans; tous les chapitres du royaume donnent leurs voix, lorsqu'il est question de choisir un archevêque; mais la décision appartient entierement au roi, qui a aussi le patronage de la plupart des églises, à la réserve de quelques unes seulement, dont la noblesse peut disposer. Quoi qu'en disent les écrivains modernes de la Suéde, les sciences ne font pas de grande antiquité dans ce pays. Il n'y a pas plus de trois cents ans que l'université d'Upsal est établie, & on y voit peu de monumens plus antiques. Il y a seulement des épitaphes groffiérement gravées sur des rochers, & fur des pierres brutes qui se trouvent par-tout: mais comme elles sont sans date, aussi n'expriment-elles que le nom des personnes dont on n'a que ce seul mémorial. Ce que ces épitaphes ont de plus remarquable, c'est qu'elles font en vieux langage gothique, & en caractère runique. La piéce la plus curieuse qu'ayent les Suédois, est une traduction des évangélistes en langue gothique, faite il y a environ douze ou treize cents ans par Ulphila, évêque des Goths dans la Thrace : ils ont cette piéce en manuscrit. Depuis la réformation Gustave Adolphe a été le premier protecteur des sciences dans ce pays. Ce fut lui qui rétablit les universités qui y fit venir des professeurs presqu'en toutes les sciences. La reine Christine sa fille attira en Suede plusieurs hommes de lettres, & plusieurs grands personnages. L'Université d'Upsal est composée d'un chancellier, qui est toujours grand ministre de l'état, d'un vice-chancellier, toujours archevêque, d'un recteur tiré du corps des professeurs, qui sont près de vingt. Il y a ordinairement plus de sept ou huit cents étudians; le roi en entretient cinquante. Des personnes de qualité en entretenoient autrefois quelques-uns; les autres, qui ne peuvent subsister par eux-mêmes, employent le tems des vacances à recueillir les charités de leurs diocèses, qui se donnent ordinairement en grain, en beurre, en poisson sec ou en viande : ce qui les fait subsister le reste de l'année. Ils ne logent point dans le college, mais dans des maisons particulie

res. Ils ne portent point de robes, & n'observent de discipline que celle que la nécessité ou l'inclination leur inspire. L'université d'Abo, dans le duché de Finland, a les mêmes constitutions; mais il n'y a ni autant de professeurs, ni autant d'étudians. Il y en a une troisiéme à Lunden, dans le pays de Schonen. Dans chaque diocèse il y a un college pour les enfans jusqu'à ce qu'ils soient en état d'aller à l'université. Les maisons publiques pour les pauvres y font en très petit nombre; car il n'y a dans le royaume qu'environ cinq à fix hôpitaux; mais dans chaque paroisse il y a une petite maison où l'on donne l'aumône : cette maison ne se soutient que par la charité des habitans, à laquelle ils ont beaucoup de penchant. Toutes les forces de la Suéde montent à près de cinquante régimens, qui font soixante mille hommes. Chaque régiment est ordinairement de douze cents hommes & plus, compris quatre-vingt-seize officiers, dont chacun est composé. On a un si grand soin de tenir ces régimens complets, qu'il arrive rarement qu'il manque dans un régiment vingt hommes à la fois. Outre les fonds ordinaires, on a affecté à chaque régiment vingt fermes surnuméraires, pour remédier aux dommages que peuvent caufer les accidens extraordinaires du feu, & pour faire subsister les officiers qui ne sont plus en état de fervir. On a établi pour les foldats qui font hors de fervice par leur âge ou leurs blessures, un hôpital général qui jouit d'un bon revenu, & outre ce revenu chaque officier qui s'avance paye au profit de l'hôpital une somme d'argent proportionnée à la charge où il monte. Outre les armes des troupes, il y a à Stockholm un magasin confidérable, & un autre au château de Jencopingh, situé vers les frontieres de Danemarck. Ces magasins sont remplis de fer, qu'on fait venir de Oerbro; on en fait faire toutes fortes d'armes. Il y a au château de Jencopingh un train d'artillerie toujours prêt : ce château est la seule forteresse de la Suéde, éloignée de la mer, & c'est aussi celle qui a le moins besoin de fortifications; sa situation est si avantageuse, qu'un petit nombre de troupes peut la défendre contre une armée considérable.

On ne fait rien de certain des Suédois jusqu'à l'an 830, que l'empereur Louis le Débonnaire envoya Ansgarius, qui fut depuis archevêque d'Hambourg, pour tâcher de convertir les Suédois & les Goths. Cette mission n'eut d'abord que peu ou point de succès. Quelques années après l'archevêque y fit un second voyage; il baptisa le roi Olais, qui reçut depuis la couronne du martyre, & que ses sujets païens sacrifierent à leurs dieux. Le christianisme ne devint la religion des Suédois qu'environ deux cents ans après qu'elle y fut plantée par les évêques Anglois. Les royaumes de Suéde & de Gothie étoient alors unis; mais ils se séparerent, & cette séparation dura près de deux cents ans, après lesquels ils se réunirent, à condition que les maisons royales succéderoient chacune à leur tour, ce qui se fit durant cent ans; non sans beaucoup de désordre ni d'effusion de sang. Ce démêlé s'étant terminé par l'extirpation de la maison royale des Goths, il en survint un nouveau; Waldemar, fils de Berger, Jerle, ou Earle, qui descendoit du sang royal des Suédois, fut alors élu roi par le conseil de son pere, & y fit ses trois freres duc de Feinland, de Sudermanland & de Smaland: il les rendit si souverains chacun dans son duché, qui leur donna moyen de troubler fon gouvernement. En effet ils forcerent enfin Waldemar de se défaire de son royaume en faveur de son frere Magnus. Celui-ci le laissa à fon fils Berger, qui eut des guerres continuelles avec ses deux freres Erick & Waldemar, tant qu'enfin ils les rendit prisonniers, & les fit mourir de faim; après cela il fut chaslé, & le duc Erick son fils lui succéda. On avoit porté Magnus à consentir que son fils Erick fut élu roi de Suéde, conjointement avec lui, comme Haquinus, son autre fils, l'avoit été en Norwégue. Mais ces freres firent la guerre à leur pere, qui sur ces entrefaites fit empoisonner l'aîné. Haquinus s'étant racommodé avec son pere, se maria à Marguerite, fille de Waldemar, roi de Danemarck, marck, en la personne de laquelle les trois royaumes se trouverent réunis. Magnus ayant été déposé pour son mauvais gouvernement, fit place au fils de sa sœur, Alber, duc de Mecklenbourg, dont les Suédois furent bientôt las. Ils offrirent le royaume à Marguerite, à qui Haquinus fon mari avoit laislé la Norwégue: & son pere le Danemarck. Le roi Albert ayant donc été battu fut fait prisonnier par cette Marguerite, qui lui succéda, & qui unit ces trois Sfff iij

couronnes par les mêmes loix. Elles furent approuvées par les états de ces royaumes. Elles étoient fort onéreuses aux Suédois, & fort avantageuses aux Danois, qui eurent toujours l'adresse ou le bonheur de s'infinuer dans la faveur du roi, & de rendre suspects les Suédois & les Norwégiens, felon le conseil que la reine Marguerite donna à son succefleur. La Suéde vous nourrira, la Norwegue vous habillera, & le Danemarck vous défendra. A la priere de la reine Marguerite les trois nations s'élurent pour roi son jeune neveu Erick de Pomeranie, elle se réserva le gouvernement pendant sa minorité, & eut le tems de se repentir de ce qu'elle avoit fait: elle mourut enfin de la peste en 1412. Cet Erick se maria à Philippine, fille de Henri IV, roi d'Angleterre. Les historiens rapportent au sujet de cette femme, que Copenhague étant affiégée, & le roi Erick de défespoir s'étant retiré dans un monastère, elle prit le commandement de la ville, & battit les affiégeans; mais ayant ensuite pendant l'absence du roi mis une flote en mer, qui ne fit rien, il la battit & la maltraita fi fort après son retour, qu'elle se retira dans un cloître, où elle mourut bien-tôt après.

L'oppression des étrangers, sous laquelle les Suédois gémiffoient, parce que le roi leur donnoit le gouvernement des provinces, & leur confioit toutes les forteresses, sans se mettre en peine des contraventions qu'il faifoit à l'union, les contraignit enfin de secouer le joug, & de renoncer au ferment de fidélité qu'ils avoient prêté au roi Erick. Ils mirent en sa place Charles Knuteson, général du royaume, & lui donnerent la qualité de protecteur qu'il eut environ quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils se fussent déterminés à appeller Chriftophle de Baviere, que les Danois & les Norwégiens avoient déja élu roi. Le regne de Chriftophle ayant été court, & les Suédois y ayant trouvé de nouveaux sujets de se dégouter de l'union, ils se divi. ferent après sa mort, & élurent Charles Knuteson ci-devant leur protecteur, qui par un exemple mémorable de la bisarterie de la fortune, après avoir regne dix ans, fut détrôné par une faction danoise, & obligé de se retirer à Dantzick, où il fut réduit à la derniere pauvreté. Christian d'Oldenburg, roi de Danemarck & de Norwegue, lui succéda, & renouvella l'union, qui fut bien-tôt rompue. Christian fut dépossédé après un regne de cinq ans. Charles Knuteson fut alors remis sur le trône, où il ne demeura que trois ans; car le clergé ayant formé un parti plus fort que celui du roi, ce prince fut forcé de renoncer à la couronne, & de se refugier encore dans le duché de Finland, où il fut aussi pauvre, qu'il l'avoit été à Dantzick. Après sa dépofition, Erick Axelton, son gendre, fut fait gouverneur du royaume, où il y eut pendant long-tems plusieurs factions en faveur de Christian de ¡Danemarck; mais ce patti s'étant dissipé, Charles Knuteson fut rétabli pour la troisième fois far le trône de Suéde, qu'il occupa jusqu'à sa mort, après laquelle Steno Sture, gentilhomme d'ancienne famille, fut fait protecteur du royaume, qu'il défendit long tems contre le roi Christian, qui lui succéda aux couronnes de Danemarck & de Norwégue; mais enfin il fut forcé de céder la place à Jean, qui réunit encore les trois couronnes; mais comme il suivit l'exemple de fon prédécesseur, c'est-à-dire qu'il opprima la nation, & se fervit des étrangers, il ne fut pas long-tems roi. Steno Sture fut fait protecteur pour la seconde fois. Svanto Sture lui fuccéda en la même qualité. Celui-ci eut des guerres continuelles avec Jean, pendant tout le cours de sa régence, qui fut conférée à son fils après sa mort. Steno Sture le jeune, qui fit tête à la faction des Danois, dort l'archevêque d'Upsal étoit chef, étant mort de la bleffure qu'il reçut à une escarmouche contre les Danois, Christiern ou Christian, second roi de Danemarck & de Norwégue, parvint à la couronne de Suéde: mais il en usa d'une maniere si tyrannique, & répandit tant de sang innocent, & fur-tout du fang des nobles qu'il vouloit entierement détruire, que fon regne devint insupportable; de forte que tout la nation conspira contre lui sous la conduite de Gustave premier, de la race des anciens rois de Suéde: fon pere avoit été décolé, & fa mere avoit deux fœurs que Chriftiern fit emprisonner. Gustave fut d'abord reçu en qualité de gouverneur du royaume, & deux ans après on lui conféra la dignité royale, & comme les Da. nois & les Norwégiens avoient chaffé leur roi Chriftiern, qui s'étoit marié à la fœur de l'empereur Charles V, il alla

demander du secours à la cour impériale, qu'il ne put obtenir; il fut défait auffi-tôt qu'il mit le pied en Norwegue; il fut fait prisonnier, & sa prison ne finit qu'avec sa vie. Par ce moyen, Gustave se vit en repos & en liberté de rétablir les affaires du royaume, qui étoient en grand défordre. La premiere difficulté qu'il rencontra fut de la part des ecclésiastiques, qui avoient été les auteurs de tant confusions sous les regnes précédens. Pour prévenir celles qu'ils pouvoient causer à l'avenir, il diminua leurs revenus, ce qu'il fit en réunissant à la couronne toutes les terres, qui avoient été données à l'église dans les siécles précédens. Cette conduite, & la réformation qu'il fit dans la religion, donnerent occasion aux fréquentes émotions, qui troublerent la tranquillité des dix premieres années de fon regne. Mais après cela il vécut paisiblement dans ses états, & n'eut aucune guerre avec les étrangers, îî on excepte quelques démêlés qu'il eut avec la ville de Lubeck & avec la Moscovie. Jusques-là, le royaume de Suéde avoit été électif depuis plusieurs fiécles; mais il devint alors héréditaire en droite ligne de succession aux enfans mâles de Gustave, à cela près néanmoins, que faute d'enfans mâles, le droit d'élection retourneroient aux états. Gustave eut trois femmes, dont il eut quatre fils & plusieurs filles : Erick fon fils aîné devoit succéder à la couronne, Jean fut fait duc de Finland, Magnus d'Ostrogothie, & Charles de Sudermanland. Par ce moyen, ces provinces furent en quelque façon démembrées de la couronne, faute de politique, dont les Suédois se sont souvent fi mal trouvés, qu'ils ont depuis résolu solemnellement de n'y retomber jamais. Le regne de Gustave, qui fut de trente- fix ans, ayant donc fait fleurir le royaume, & l'ayant mis dans un meilleur état, qu'on ne l'avoit vu depuis plusieurs fiécles, ce prince, après avoir assuré la couronne dans sa famille, la laissa à son fils Erick. Celui-ci méditoit de faire un voyage en Angleterre, dans l'espérance de se marier à la reine Elizabeth; mais la mort du roi fon pere, & fon installation sur le trône l'arrêterent. Il regna neuf ans, & garda pendant cinq ans fon frere Jean dans une étroite prison, parce qu'il le soupçonnoit de vouloir le supplanter, ce qu'il fit enfin; mais ce ne fut qu'après s'ête marié avec la fille d'un paysan, & qu'il eut perdu l'affection de ses sujets par plusieurs actions cruelles & deshonnêtes; de sorte qu'il fut déposé sans beaucoup de difficultés, & condamné à une prison perpétuelle, où il finit ses jours. Après cette déposition, Jean III parvint à la couronne, malgré les états du royaume, qui avoient prêté ferment par avance au fils que la reine, épouse du roi Erick, lui avoit donné avant qu'ils futsent mariés. Il poursuivit avec succès la guerre de Moscovie, qui avoit commencé du tems du roi Erick, aux environs de la Livonie, & prit plusieurs places. Les Moscovites, les Polomis & les Danois, avoient des prétentions sur ce pays, car comme les Templiers avoient cédé à la Pologne leur droit fur la Livonie, les Moscovites auíli étoient convenus de céder leurs prétentions à Magnus, duc de Holstein, frere du roi de Danemarck, à condition qu'il en fit une petite reconnoissance au czar de Moscovie, en qualité de seigneur souverain; de sorte que quatre grandes nations prétendoient tout à la fois s'emparer de ce pays, ce qui fut peut-être cause que les Suédois la conquirent avec plus de facilité. Le regne de ce prince fut troublé par les changemens qu'il voulut faire pour la religion établie. Il étoit quelquefois en doute s'il devoit s'unir avec l'église latine, ou avec la grecque; à la fin il se déclara pour la premiere: mais il lui fut impossible d'obliger ses sujets à suivre son exemple. Après avoir retenu dix ans en prison son frere Erick, comme on a déja dit, il le fit empoisonner. Son frere Magnus, qui n'avoit pas l'esprit bien réglé, & qui n'étoit pas capable de former aucun dessein, ne lui donna point le moindre ombrage; mais il n'en fut pas de même de son frere charles, qui lui fit naître de grands soupçons, & ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'on ménagea les choses de façon, qu'ils n'en vinrent pas aux extrémités. Après un regne de trente-fix ans le roi Jean mourut. Son fils Sigismond lui fuccéda; sa mere s'appelloit Catherine, princefle Polonoise de la maison des Jagellons. Il avoit été élu roi de Pologne, cinq ans après la mort de son pere. Jean fon frere étoit encore en âge de minorité, de forte que fon oncle fut régent du royaume, jusqu'à ce que Sigismond vint de Pologne pour le faire couronner en Suéde, ce qui fut fait environ un an après la mort de son pere. Son couronnement fut retardé pendant quelques mois, par les difficultés qui survinrent sur le fait de la religion, & la confirmation des priviléges, mais tout cela s'étant accommodé, le roi retourna en Pologne, après avoir fait un an de séjour en Suéde, & laissa le royaume en grand désordre. Quelques années après, comme il revenoit de Pologne, fon oncle le reçut à la tête d'une armée, & défit les forces que le roi avoit avec lui. Sur ces entrefaites il se fit un accommodement; le roi s'en retourna en Pologne, & laissa à fon oncle le soin du gouvernement. Il demeura dans ce poste jusqu'à ce que les états de Sigismond, qu'ils avoient inutilement fait confentir à l'élévation de son fils sur le thrône, que Jean son frere avoit aufli refufé, conférerent la dignité royale à Charles IX fon oncle, qui se trouva par-là engagé à faire la guerre aux Polonois, comme il avoit déja fait aux Moscovites. Le théâtre de ces deux guerres fut la Livonie, où les Suédois eurent du pire, jusqu'à ce que les affaires des Moscovites tomberent dans un défordre qui les força de donner la paix à la Suéde, afin d'être fecourus contre les Polonois & contre les Tartares. Ils eurent le secours qu'ils demandoient, sous des conditions fort avantageuses à la Suéde, qui mit ses troupes sous le commandement du comte Jacob de la Gardie. Ce général rendit de grands services aux Moscovites; mais comme ils n'exécuterent pas les clauses du traité, il rompit avec eux, prit la ville de Nowogorod, & disposa les habitans & ceux des autres provinces voisines à demander pour leur czar le prince Philippe, fils puiné du roi; mais on confuma tant de tenis à négocier, qu'on perdit l'occasion. Ce roi, un an avant sa mort, eut guerre avec le Danemarck, & ce fut en cet état qu'il laissa son royaume à Gustave Adolphe son fils, qui après avoir fait la paix avec le Danemarck, par la médiation de Jacques I, roi d'Angleterre, tourna tous ses foins à la guerre de Livonie & de Moscovie. Il envoya fon frere vers les frontieres de Moscovie, non en vûe de l'établir fur ce trône, car il se proposoit de s'en mettre en poffeffion lui-même, mais à dessein d'engager les places fortes du voisinage du duché de Finlande & de la Livonie à recevoir garnison suédoise, au nom du prince Charles Philippe. Il y réuffit affez bien, jusqu'à ce qu'on eut élu un autre czar, avec qui, après plusieurs succès différens de part & d'autre, il conclut un traité de paix, par la médiation de l'Angleterre & de la Hollande. Outre une partie de la Livonie, dont la Suéde demeura en poffeffion, elle retint encore le pays d'Ingermerland, & la province de Kexholm, avec plusieurs places fortes, & chassa entierement les Moscovites de la mer Orientale. La guerre de Pologne dura plus long-tems, & ne fut pas moins avantageuse aux Suédois, qui prirent Riga & toutes les autres places que les Polonois renoient dans la Livonie, excepté un feul fort; delà ils porterent la guerre dans la Prusse, où ils firent les mêmes progrès jusqu'à ce qu'enfin l'Angleterre & la France s'étant rendues médiatrices, il se fit une trève pour fix ans. Cette trève donna le tems à Gustave de faire la guerre en Allemagne; l'empereur l'y avoit forcé, & il ne manquoit pas de gens qui l'y follicitoient. Cette expédition commença l'année suivante, & étant arrivé le 24 juin à l'embouchure de l'Oder, il débarqua sa petite armée, qui ne confiftoit qu'en sept compagnies de cavalerie, & quatrevingt-douze d'infanterie, faisant environ huit mille hommes. Outre les autres renforts qu'elle reçut, elle fut augmentée de fix régimens anglois & écoffois, commandés par le duc de Hamilton; mais ce qui la grossit plus que tout cela furent les progrès incroyables que Gustave fit. Aux premieres approches de ce prince, Stetin se rendit, & enfuite toute la Pomeranie. L'année suivante il se joignit avec l'électeur de Saxe, & défit entiérement près de Leipsic l'armée de l'empereur, commandée par le général Tilli. Il traversa delà la Franconie, le Palatinat, la Baviere, & l'année suivante il donna la bataille de Lutzen, où ses armes furent encore victorieuses, & où on a crû qu'il avoit lâchement été tué par Albert, duc de Saxe Lawembourg. Les conquêtes de ce héros effrayoit l'Europe, qui apprit sa mort avec joie. Sa fille Chriftine lui fuccéda. Cette princesse n'avoit que cinq ans. Son pere avoit gagné les états en sa faveur, & les avoit obligés à changer l'union héréditaire qui restraignoit la succession aux mâles. Pendant sa minorité le chancellier Axel Oxenstiern eut la direction des affaires d'Allemagne, où la guerre se continuoit avec des succès différens, mais pourtant à l'avantage de la Suéde, qui étoit en

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poffeffion de plus de cent places fortes, & cut une armée de plus de cent mille hommes, tant que le prince Charles Guttave fut général. Peu de tems auparavant fut conclu le traité de Munster, où la Suéde eut pour son dédommagement les duchés de Pomeranie, de Bremen, de Werden la ville de Wismar, séance dans les dietes de l'Empire & du cercle de la basse Saxe, où elle avoit droit d'opiner, & outre cela une somme de cinq millions d'écus. Il y avoit plusieurs années que la reine avoit formé le dessein de quirter la couronne; elle le fit enfin après avoir fait le prince Charles Gustave prince héréditaire. Elle se dépouilla de la couronne avec beaucoup de solemnité, & déchargea ses sujets du ferment de fidélité. Les états auroient souhaité que le prince & la reine se fussent mariés; mais ils n'avoient de penchant à cela ni l'un ni l'autre. La dignité royale fut conferée au Prince Gustave le même jour que la reine y renonça, & l'année suivante il fit la guerre à la Pologne pour se venger de l'affront qu'elle lui avoit fait de protester contre son élevation sur le trône. Les progrès qu'il fit d'abord furprirent la Pologne, & allarmerent toute l'Europe, car en trois mois de tems il prit toute la Pruffe, excepté Danzitck, une grande partie de la Lithuanie, les villes de Warsovie, de Cracovie & autres places de la haute & bafle Pologne. La plupart des peuples de ces provinces que le roi Casimir avoit abandonnés pour s'enfuir en Siléfie, prêterent ferment aux Suédois; mais cette rapidité de prospérités ne dura pas. La premiere confternation s'étant dissipée, les Polonois furent aussi prompts à abandonner le roi de Suéde, qu'ils l'avoient été à prendre fon parti. Outre cela la Moscovie & la Hollande se brouillerent avec lui. Le Danemarck devint aussi son ennemi, ce qui lui donna un prétexte honnête d'abandonner la Pologne, où il ne pouvoit plus subsister. Ayant donc laiflé le gouvernement de la Prusse à fon frere, il marcha promptement vers le Danemarck, qu'il réduisit bientôt à la nécessité d'acheter la paix, par la perte des provinces de Schode Halland & de Bleaking. Cette paix, qui fut conclue le printems suivant, fut rompue quelques mois après. Le roi de Suéde fit passer inopinément son armée dans le Seland, où il prit le château de Cronembourg, fitué à l'entrée du Sond; mais il n'eut pas le même bonheur à Copenhague, qu'il affiégea inutilement, & à laquelle il fit donner plusieurs aflauts. La flote de Hollande ayant secouru la place l'été suivant, le siége fut converti en blocus; mais enfin le roi Charles Gustave, qui en fix ans de tems s'étoit attiré l'inimitié de presque toute l'Europe, par ses entreprises hardies & malheureuses, mourut de fiévre, & finit ses jours dans le tems qu'il cherchoit à réparer la perte que les Polonois, les Brandebourgeois, les Hollandois & les Danois lui avoient causée dans l'ifle de Funen. Charles XI son fils lui fuccéda. Il n'avoit que cinq ans, & ses ministres ne songerent qu'à obtenir une paix honorable; ils en vinrent à bout. Ils vouloient maintenir la paix pendant la minorité de leur roi: & n'y réuffirent pas. Ils se joignirent en 1674 à la France contre l'électeur de Brandebourg, ce qui les engagea dans une grande guerre, dont ils ne seroient pas fortis avec honneur, fi la France n'eut exigé que le roi de Danemarck, l'électeur de Brandebourg & les ducs de Lunebourg, reftituassent aux Suédois tout ce qu'ils leur avoient enlevé. Cette paix faite, Charles XI épousa en 1680 Ulrique-Eleonor, princesse de Danemarck, & travailla efficacement à diminuer l'autorité des fénateurs pour étendre la sienne. Il ne jouit pas longtems du droit qu'il avoit acquis de ne rendre compte de ses actions qu'à Dieu seul; car il mourut en 1697. Son fils Charles XII, qui lui fuccéda, eu l'honneur de consommer le grand ouvrage de la paix de Ryswick; mais il ne jouit pas lui-même du repos qu'il avoit procuré aux autres. 11 signala les premieres années de fon regne par sa descente dans l'ifle de Zelande, au mois de septembre 1700, & par la fameuse victoire qu'il remporta sur les Moscovites devant Nerva, le 20 novembre de la même année. Ce jeune prince, brave, intrépide & infatigable, après avoir poursuivi, chaffé & fait détroner Frédéric-Auguste, duc de Saxe & roide Pologne, qui l'avoit attaqué sans sujet, fit élire en sa place Stanislas Leczinski. Il eut atteint au comble de la gloire si sa prudence eût égalé sa valeur. Ce défaut lui causa la défaite de Pultava, un exil de plusieurs années sur les terres du Turc, & ce que l'adversité a de plus grand. A fon retour dans ses états il reparut le même, les armes ne lui parti

rent point de la main, & la témérité fut cause de sa mort, qui arriva la nuit du 1 1 décembre au 12,1718, devant Friderickshall. Alors les états élurent pour leur reine la prin. cesse sa sœur, qu'ils obligerent de renoncer à tout droit héréditaire fur la couronne, & de promettre qu'elle ne tenteroit jamais de rétablir le pouvoir arbitraire. Cette princesse céda aussi-tôt la couronne à son mari, que les états élurent soi, & qui monta sur le trône aux mêmes conditions qu'elle. La reine Ulric étant morte sans enfans les décem

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bre 1741, les états de Suéde élurent le 4 juillet 1743 Adolphe Frédéric de Holstein Gottorp Eutin, évêque de Lubeck, pour succéder à la couronne après la mort du roi, & c'est ainsi que le droit d'élection a été rétabli dans ce royaume. Frédéric étant mort les avril 1751, Adolphe Frédéric lui a fuccédé fans difficulté, & les états de Suède assemblés à Stockholm à la fin de 1751, ont confirmé la forme du gouvernement établie dans le royaume.

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