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de chevaux. Surgères a titre de marquifat, & appartient à une branche de la maifon de la Roche-Foucaut.

SURGUES, paroille de France, dans la Picardie, au gouvernement d'Ardres, à cinq lieues de Boulogne & de S. Omer, avec titre de baronnie. Esquieules eft un fecours de cette paroiffe.

SURGUTO ou SURGUT, ville de l'Empire Ruffien dans la Sibérie, à l'eft de l'Oby. Cette petite ville eft mal peuplée, & on y fair fort peu de commerce. La plupart des gens de ce pays font fi miférables, qu'à peine ont-ils de quoi le couvrir le corps. Ils poffédent peu de terres labourables, & ce qu'ils cultivent eft fort peu de chofe, de forte qu'ils ne fubfiftent que de la chaffe des martes zibelines, des hermines & des renards. Ils ne prennent pas les martes avec des trapes, ils les tuent avec des fleches émouffées, ou bien ils allument du feu fous l'arbre, fur lequel fe tient la marte-zibeline, qui ne pouvant fupporter la fumée, fe laiffe tomber. Alors ceux qui font fous l'arbre fe jettent des fus. Pour les hermines ils leur tendent des trapes, & vont à la chaffe des renards avec des chiens. On trouve fur-tout, en avançant dans le pays à l'eft, & en remontant l'Oby, depuis Surgut jusqu'à la ville de Narum, de très belles marteszibelines, d'un brun pâle, & de noires; les plus belles hermiues viennent de la Sibérie, & même de toute la Ruffie. Les renards noirs font d'une beauté inexprimable. On en conferve les plus beaux pour la cour, & on les eftime jusqu'à deux ou trois cents roubles la pièce. Il y en a même qui furpaflent en cette couleur les plus belles martes-zibelines de la Daurie. On les prend avec des chiens, ausquels ils donnent fouvent le change. Il y a auffi dans ce pays des renards, qui ne font qu'à demi noirs, mêlés de gris, & l'on prend rarement de ceux qui font entierement noirs. Quant au rouges, ils y abondent. On trouve encore quantité de loutres & de bièvres. Les premiers ne vivent que de proye, & font de dangereux animaux. Ils fe perchent fur les arbres comme les luxes, d'où ils ne branlent pas, jusqu'à ce qu'il paffe des élans, des cerfs, des daims, ou des lievres, fur lesquels ils s'élançent, & ils ne les quittent pas qu'ils les ayent terraffés, & percés à coup de dents, après quoi ils les dévorent. On fait des contes extraordinaires touchant les bievres, qui ont leurs tanieres le long de cette riviere, dans les endroits les moins fréquentés, & où il y a une plus grande abondance de poiffon, qui fait leur nourriture ordinaire. On prétend entr'autres que ces animaux s'atroupent par couples au printems, & font une forte de voifinage; qu'enfuite ils font des prifonniers de leur espéce, & qu'ils traînent dans leurs tanieres, pour leur fervir d'esclaves; qu'ils abattent des arbres, en les rongeant par le pied, & les traînent vers leurs demeures, où ils en coupent des branches d'une certaine longueur, dont ils fe fervent pour enfermer les provifions qu'ils font pendant l'été, vers le tems que leurs femelles font leurs petits. On ajoute qu'enfuite ces animaux s'affemblent une feconde fois, & qu'après avoir abattu un arbre, qui a quelquefois une aulne de tour, ils le réduifent à la longueur de deux braffes, puis le traînent dans l'eau jusqu'à leurs tanieres, devant les trous desquels ils le dreffent dans l'eau à la profondeur d'une aulne, fans que cet arbre touche le fond, & le pofent dans un équilibre fi jufte, que ni la force du vent, ni celle des vagues ne fauroit l'ébranler. Si l'on ne connoiffoit pas l'industrie du caftor, celle des bievres pafferoit pour une fable. Il y a bien des gens dans ce pays, qui attribuent fur-tout l'érection de cette arbre, devant les tanieres, à la magie des Oftiaques, & des autres païens qui habitent dans ces quartiers ; mais ils ajoutent qu'il eft certain que les payfans favent diftinguer parmi ces animaux les esclaves d'avec les autres, par leur maigreur, & par leur poil qui eft ras à force de travailler. Les Ruffiens & les Oftiaques qui les prennent à la chasse, ne détruifent jamais toute la taniere, & ont foint d'y laiffer toujours un mâle & une femelle, pour la multiplication de l'espéce.* Adam Brand. Voyage de Moscovic. Corn. le Bruyn, Voyages, t. 3, p. 343.

SURGY, bourg de France, dans le Nivernois, élection de Clamecy.

SURIA. Voyez SYRIE.

SURIASSER, ville de la Turquie, en Afie, dans l'Anatolie, felon Davity, Ionie, qui dit qu'elle est voi fine de Smyrne & fert de demeure à un Sangiac. Cette ville, ajoute-t-il, eft importante, & fituée près lu cap Stellaro ou Stillari, anciennement Mymas, op, op

pofé à l'ifle de Scio. De l'Ifle ne connoît point cette

ville.

SURIATES, peuples d'Italie, dans l'Umbrie, felon Pline, l. 7, c. 14. Le pere Hardouin lit Curiates, au lieu de Suriates, fans donner aucune raifon de ce chan

gement.

SURICI, ifle de l'Archipel, près de la côte feptentrionale de l'ifle de Négrepont, environ au fud-ouest du cap fud-oueft de l'ifle de Sciatta. Cette ifle, qui femble être marquée fous le nom de Podico, dans les cartes marines italiennes, eft prife pour l'ancienne Cicynethus ou Otulis, dont Etienne le géographe fait mention. Les vaiffeaux peuvent trouver une fort bonne rade à l'abri des vents du nord & du nord-oueft, entre cette ifle & celle de Négrepont. Mais en tirant delà du côté de l'orient, il n'y a aucune bonne rade pour les grands bâtimens, le long de la côte feptentrionale de cette derniere ifle, la mer y étant fort profonde par-tour & fans fond. Cette côte eft dure, inégale & raboteufe, & les matelots courent infailliblement risque d'y faire naufrage, lorsqu'ils font pouffes contre un rivage un peu bas, & qu'ils ne peuvent pas l'éviter en détournant leurs voiles.* Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 339.

SURIGA, ville de la Mauritanie Tingitane. Ptolomée, 1. 4, c. 1, la place fur l'Océan Atlantique, entre le promontoire Ufadium & l'embouchure du fleuve Una. Le nom moderne eft Abet, felon quelques uns, & Goz-Porto, felon d'autres. Goza & non pas Goz-Porto eft la même ville qu'Abet.

SURII, peuples qui n'admettoient à leurs facrifices aucun esclave, felon Athenée, qui cite Philarque. Ortel. Thefaur.

SURIN, feigneurie de France, dans le Berry. Elle appartenoit aux peres jéfuites, à qui Henri II, prince de Condé, la donna, pour fonder la claffe de théologie dans leur college de la ville de Bourges.

SURINA, province de l'Amérique méridionale, au pays des Amazones, à l'orient de celui des Cufignates, nation qui cultive les plaines fituées fur le bord méridional du fleuve des Amazones. Les peuples, qui habitent cette province, font les Surines & les Coripunes, nation les plus curieufes & les plus adroites de toute l'Amérique en ouvrages de bois. Ils font des bancs & des fiéges en figure d'animaux, avec une délicateffe qui va au-delà de tout ce qu'on peut s'imaginer. Ils font aufli des javelots & des fleches que recherchent toutes les nations voilines. Les petites idoles qu'ils forment au naturel, font travaillées avec une fi grande induftrie, que nos plus habiles fculpteurs feroient contraints de les admirer. L'échange qu'ils font de tous ces divers ouvrages, leur fait mener une vie aifée & commode; le commerce qu'ils en font leur attirant de tous cotés toutes les chofes qui leur peuvent être néceffaires.* Le comte de Pagan, Relat. hift. & géogr. de la riviere des Amazones.

SURINAM ou SURINAME, riviere de l'Amérique, dans la terme ferme, au pays appellé Guïane ou Goyanne. Elle a fon embouchure entre celles de Coupenam & de Soramine, coule presque du midi au nord, donne fon nom à cette étendue de pays, où les Hollandois fe font établis, eft fituée dans la Guïane, fur les côtes de l'Amérique méridionale, à fix ou fept degrés de latitude feptentrionale. A fon embouchure il y a des bancs de fable, mais qui font couverts de trois braffes d'eau, lorsque la marée eft haute. Elle a environ une lieue de largeur, qu'elle conferve depuis fon embouchure, jusqu'au confluent de la Commewine, qui fe jette dans la riviere de Suriname. La premiere descend de l'occident & l'autre de l'orient. Ces deux rivieres, au-deffus de leur confluent, ont chacune environ une demi-lieue de largeur, & font fi profondes, qu'elles peuvent porter les plus gros bâtimens, jusqu'à trente lieues en les remontant.* De l'Ifle, Atlas. Janiçon, Etat préfent des Provinces-Unies, t. 2, p. 406 & fuiv.

A deux lieues de l'embouchure de cette riviere, il y a le fort Zelandia, bâti de briques, avec un bourg nommé Paramaribo, d'environ quatre cents maifons. Les François avoient occupé ce pofte l'an 1640, mais ils l'abandonnerent quelque tems après, parce qu'ils le trouverent trop mal fain. Les Anglois enfuite en prirent poffeffion, mais ils en firent peu de cas; de forte qu'en 1668 Charles II,

roi

i

roi de la grande Bretagne, tomba facilement d'accord de rendre cette colonie aux Hollandois, ce qui n'eut pourtant fon entiere exécution qu'après la conclufion de la paix

en 1674.

pays

Le étoit alors effectivement fort mal fain, parce qu'il étoit tout couvert de bois, qui empêchoient que le vent & le foleil, quoique deux fois vertical l'année, ne le defféchaffent. Cependant quelques habitans de Zélande, fous la protection des états de cette province, y allerent former des établiffemens, & voyant qu'on en pouvoit tirer une prodigieufe quantité de fucre, ils abattirent tant de bois, que le foleil & les vents, en defléchant le terrein rendirent ce pays beaucoup plus fain qu'auparavant.

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Comme la nouvelle compagnie des Indes occidentales, à qui les états de Zélande avoient transporté cette colonie, n'étoit pas en état par elle-même d'y envoyer tout le fecours néceffaire, elle en céda un tiers aux magiftrats d'Amfterdam, un autre à M. d'Aarffens, feigneur de Somelsdyk, & ne s'en réserva que le troifiéme tiers. C'est delà qu'on a nommé cette colonie la fociété de Suriname; mais la fouveraineté en appartient aux Etats Généraux. Depuis cet arangement, plufieurs familles fe transporterent dans ce pays, & y firent des plantations de fucre, qui leur rapporterent des profits confidérables. A mesure que cette colonie fe peuploit, l'air s'y purifioit par de grands abatis d'arbres & des brouffailles, & par le plantage des cannes de fucre; ce qui y attira un grand nombre d'habitans de forte qu'en 1683, on y comptoit déja jusqu'à cinq ou fix cents familles.

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Ces heureux fuccès porterent les Etats Généraux à favorifer cette colonie; ils lui accorderent le 23 feptembre 1682, un octroi, contenant trente-deux articles, en faveur de la compagnie des Indes occidentales, & pour la fureté de ceux qui étoient déja établis dans cette colonie, ou qui s'y établiroient dans la fuite.

Entr'autres prérogatives, leurs hautes puiffances, par cet octroi, accorderent à la compagnie le droit de lever trois florins par laft de tous les vailleaux qui entreroient dans le port de Surinam, ou qui en fortiroient : de même qu'une capitulation de cinquante livres de fucre par an fur chaque habitant, blanc ou noir; & deux & demi pour cent de la valeur de toutes les marchandifes, envoyées en Hollande, ou vendues dans le pays même, pour le droit du poids public.

Un autre avantage confidérable de la compagnie eft celui d'avoir feule le droit de transporter des Negres à Suriname; mais elle eft obligée de les y vendre publiquement deux à deux, pour en accommoder tous les habitans, fans aucune diftinction. Elle peut auffi obliger tous les vaifleaux qui vont dans ce pays d'y transporter chacun douze perfonnes, moyennant trente florins par tête, tant pour le paffage, que pour la nourriture; & deux enfans, au-deffous de douze ans, ne paffent que pour une perfonne.

Il eft permis à tous les habitans de la république d'aller s'établir à Suriname, & d'y négocier, en payant à la compagnie le droit du laft, ci-deflus mentionné, & en dondant caution que leurs vaiffeaux n'iront point fur les côtes d'Afrique, ni dans aucun lieu où la compagnie a feule le droit de trafiquer, & qu'ils retourneront directement dans les ports de ces provinces. Après avoir payé le droit du laft à la compagnie, ils en obtiennent des palleports pour faire leur voyage: & afin de favorifer les négocians particuliers, il eft défendu à la compagnie d'envoyer à Suriname un plus grand nombre de vaiffeaux qu'il ne lui en faut pour y transporter des esclaves.

La compagnie eft chargée de l'entretien du fort Zelindia & de celui de Somelsdyc, de même que de l'artillerie, des munitions de guerre, du payement des troupes, & de tout ce qui concerne le maintien & la défenfe de la colonie. Elle a foin aufli d'y envoyer des miniftres, mais ils font entretenus aux dépends de la colonie.

Enfin, par le grand nombre des Hollandois, qui y ont fait des plantations, la colonie est devenue très-florillante, & s'eft étendue jusqu'à trente lieues au-deffus de l'embouchure de la riviere; mais il n'y a pas apparence qu'elle puiffe s'étendre plus loin, à caufe des cataractes qui empêchent de remonter les deux rivieres, & des rochers qui ne permettent pas de pénétrer plus avant, & qui fervent en même tems de remparts à la colonie contre les atta

ques des Sauvages qui habitent fur les hauteurs, & qu'on ne peut apprivoifer.

Depuis quelques années la colonie eft devenue trèspuiffante; car, outre les Indiens, on y compte aujourd'hui plus de huit cents familles, parmi lesquelles il y en a un affez grand nombre de François réfugiés, qui ont un pasteur,que la colonie entretient. On fait auffi monter les plantations jusqu'à quatre cents & plus, qui rapportent des profits immenfes aux propriétaires.

Toutes ces plantations font fituées le long des rivieres. Un peu au-deffus de Paramaribo, il y a une belle maison, qui fut bâtie fous le gouvernement de M. de Somelsdyk. Plus haut on trouve un village, nommé le Zantpunt, qui confifte en vingt-cinq ou trente maifons, avec une églife. Au-deffus de ce village il y en a un autre, qu'on nomme le quartier des Juifs. Les meilleures plantations font dans ces quartiers, & c'étoit autrefois l'extrémité de la colonie; mais la fœur de M. de Somelsdyk étant arrivée dans ces pays, les Labadiftes, qui l'accompagnerent, établirent plus haut une plantation, qui porte encore leur nom. Au confluent des rivieres de Suriname & de Commewine, eft fitué le Krabbebosch, lieu fort marécageux, & où on n'a pû conftruire un fort pour défendre ces deux rivieres; cependant il y a celui de Somelsdyk, au confluent de la Commewine & de la Cottica, qui eft un autre bras de la riviere de Suriname. Le long de la Cottica, il y a un grand nombre de plantations, jusqu'à quinze ou feize lieues en remontant, auffi - bien que fur une autre petite riviere qu'on nomme Piereka, & qui tombe de la Cottica dans la Commewine. Il y a divers autres bras de ces rivieres, le long desquels font quantité de plantations.

est

Ces rivieres font abondantes en poiffons, les uns trèsbons & les autres fort rares. On en remarque entr'autres un qu'on nomme Torpille, & qui caufe un engourdiflement des membres à tous ceux qui le touchent feulement avec un bâton.

Depuis la fin de novembre jusqu'au mois de juillet la chaleur y eft tempérée, & les pluies y font abondantes.

Pendant le refte de l'année la chaleur y eft exceffive. Les jours & les nuits font presque égaux pendant toute l'année, & le foleil s'éleve & fe couche toujours à fix heures, ou une demi-heure plutôt ou plus tard. Le pays voifin de la mer eft bas, marécageux & rempli de bois; mais à trente lieues de là il eft montagneux, & entrecoupé de grandes plaines, où l'on voit plufieurs bocages. Les arbres font verds toute l'année, & quelques-uns portent des fleurs & des fruits en même tems; la plûpart répandent une odeur qui embaume tous les environs. Ce pays convient beaucoup mieux aux perfonnes âgées qu'aux jeunes gens.

Les maladies qui y regnent le plus font les fiévres de toute espece, le jawe & l'hydropifie, que l'on nomme la maladie du pays. Le jave reflemble fort à la vérole, & l'on gagne facilement ce mal avec les Indiennes, qui en font presque toutes attaquées naturellement. L'hydropifie eft caufée par la mauvaise nourriture qu'on donne aux esclaves; mais ceux qui fe nourriffent mieux en font exempts.

Il y croît quatre forte de racines, dont les Indiens fe nourriffent principalement, & qu'on nomme james, planton, caffade & bonanoe. La premiere porte des fleurs femblables au houblon; cette racine meurit dans l'espace de huit mois, &, quand on l'a bouillie ou rotie, elle fe met en mie. Le planton eft le fruit d'un arbre, qui n'est mur qu'au bout d'une année, & qui eft plus gros qu'une féve: il y en a quarante ou cinquante à une touffe, mais l'arbre n'en porte qu'une. On cueille ce fruit avant qu'il foit tout-à-fait mur, on le fait bouillir ou rotir, & l'on en fait une espéce de pain. La caffade eft une autre racine, de la groffeur de la jambe : elle produit un arbre de huir pieds de haut. Quand l'arbre a crû pendant un an, on arrache cette racine, & on replante les branches de l'arbre. On ratifle cette racine & on en exprime tout le fuc, qui eft un venin ; & après qu'elle a été féchée & pilée, on en fait des gâteaux, qu'on cuit fur des pierres chaudes. Cette espéce de pain eft bon quand il eft frais, mais il ne vaut guères quand il a paffé un jour. Les Indiens font de cette racine ainfi préparée, diverfes fortes de boiffons, dont l'une entr'antres, qu'on nomme perinoe, eft bonne, & reffemble aflez à de la bierre forte. La bonanoe est une racine femblable à celle de planton, excepté qu'elle eft d'un meilleur gout.

Entre les diverfes fortes de fruits que le pays produit naturellement, on remarque les femerrimars, les guavers & les pommes de pin. Les femerrimar's croiffent fur un arbre d'une hauteur raifonnable, & reffemblent affez aux pêches; en dehors ils font cotonneux, mais on ne peut les manger que quand ils font pourris, & alors ils ont le gout du cotigaac. Le gaver eft auffi gros qu'une neffle: il eft jaune & rempli de petits grains; c'eft un fruit fort délicat, & qui a le même gour que les grofeilles: il croît dans les prairies. La pomme de pin eft le meilleur de tous les fruits, & a un pied de long & huit pouces de groffeur; en dehors elle eft verte & marquetée; en dedans jaune, pleine de jus, renfermé dans de petites cellules en forme de rayon de miel, & la tête eft ornée d'une couronne de feuilles. Ce fruit croît fur un arbriffeau de la hauteur d'environ quatre pieds, & fa tige fort de la racine, de la même maniere que celle d'un artichaud. On en coupe la tête, qu'on replante, & qui produit un nouveau fruit au bout de dix mois.

Le pays eft fécond en orangers, limoniers, citronniers, melons d'eau & musqués, & en vignes que l'on fait venir de l'Europe, & qui produifent des fruits auffi bons que partout ailleurs.

La chair n'eft pas fi bonne en ce pays qu'en Europe, parce que la chaleur rend la chair de toutes les bêtes qu'on y éleve, molle & peu appétillante, il en faut excepter le cochon, qui y eft beaucoup meilleur, Le poitfon y eft auffi fort bon; mais les pluies continuelles & les inondations, ne permettent pas qu'on en prenne en quantité. On fait venir de la chair & du pois fon falé, de la nouvelle Angleterre, de la Virginie & de Hollande.

Dans de certaines faifons de l'année, on prend fur le bord de la mer, des tortues, qui pefent deux ou trois cents livres, & dont la chair & les œufs font une affez bonne nourriture, quoique d'une dure digeftion, fur-tout quand elle eft falée.

On y voit toute forte d'oifeaux, à l'exception des roffignols. Il y a entr'autres une grande quantité de canards, de farcelles, de pluviers, de bécafles, de faifans, de perdrix, &c. Les perroquets y font plus communs que les corneilles en Europe; & il s'y trouve quantité d'autres oifeaux, qu'on ne voit point ailleurs, mais de nul ufage.

Il y a quantité de cerfs, de liévres, de lapins, d'arma dilles, de cochons, de mierenbeers, de bufles, de tigres, des finges, des guenons, & autres animaux qui fe logent fur les arbres.

Les cerfs font à peu près comme ceux de l'Europe, & bons à manger.

Les liévres reffemblent à des cochons de lait, excepté la gueule, qui eft celle d'un liévre. Ils ont le poil brun, doux & marqueté de blanc, & font fort bons à manger.

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Les lapins ont le poil rouge, font plus petits que les liévres, mais ne font fi bons.

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Les armadilles ont des pattes courtes, avec trois griffes & une tête de cochon, la gueule petite, & fans dents : ils font armés d'écailles, excepté la tête & le ventre: il y en a qui pefent jusqu'à quatre-vingts livres, & ce feroit un très-bon manger, s'ils ne fentoient pas trop le mufc.

Les cochons font de trois fortes; les uns reffemblent à des loutres, vivent principalement dans l'eau, & font un fort bon manger. On nomme les deux autres fortes des pakkira & Pinko; le premier a le nombril fur le dos, eft d'une couleur grife, mais n'eft pas fort bon à manger. Le fecond n'eft pas fi gros qu'un de nos cochons ; mais il ne vaut pas moins.

Le mierenbeer eft de la groffeur d'un cochon ordinaire, d'une couleur grifâtre, & a une queue longue & velue, comme celle d'un renard ou d'un écureuil, dont il fe couvre tout le corps en tems de pluie : il a la tête petite; mais fon mufeau a un pied de long depuis les yeux: il n'a point de dents; fa langue eft longue & étroite, & il peut l'étendre jusqu'à la longueur d'un pied. Il la foure dans les fourmillieres, pour en tirer les fourmis, qui font fa nourriture ordinaire. İl eft fort, fur-tout par les griffes de devant, dont il peut bleffer dangereufement un homme; mais comme il marche lentement, on peut l'éviter facilement. Sa chair n'est

pas des meilleures, mais on peut la manger quand on a fain.

Le buffle eft auffi gros qu'un jeune bœuf de deux ans, & la chair en eft auffi bonne.

Il y a trois fortes de tigres; de noirs, de marquerés & de rouges. Les premiers font plus dangereux que les autres, mais ils paroiffent rarement dans les lieux habités. Les marquetés font plutôt des léopards que des tigres, & caufent de grands dommages aux habitans; car ils fautent au-deffus d'une muraille de cinq ou fix pieds de hauteur fans lâcher leur proie, quand ce feroit même un cochon. Les rouges ne font pas en fi grande quantité, ni fi dangereux que les

autres.

On trouve dans les bois quantité de tortues de terre, qui font les trois quarts moins grolles que celles de mer. L'écaille en eft fi dure, qu'une charrette peut paffer fur leur dos fans les écrafer; on les brife à grands coups de hache, & les tigres en favent tirer la chair en les renverfant. Les habitans en gardent un certain nombre dans leurs étables, pour s'en fervir en cas de befoin, & la chair en est allez bonne.

Il y a auffi dans les bois des porc-épics, qui font plus gros qu'en Europe, & qui ont pour défense des piquans blancs & noirs, de la largeur de deux mains.

Les finges & les guenons fourmillent dans les bois, & font des cris fi épouvantables à une certaine heure du jour & de la nuit, qu'on peut les entendre à deux licues.

Le marmazet, le quotto, le cuscari & le luyart, font encore des animaux remarquables. Le marmazet est un allez joli animal, beaucoup plus petit qu'un singe, mais qui le furpaffe extrêmement en agilité. Le quotto eft d'une cou leur noire, & un peu plus grand qu'un finge : il a la queue fort longue, la face rouge, le poil lui couvre le front, & il a le cri fort éclatant. Le cuscari eft noir, plus petit que le marmazet, & a la figure d'un lion. Le luy art ou paresfeux, eft ainsi nommé, à cause de la lenteur avec laquelle il marche, fans que rien puiffe le faire aller plus vite qu'à fon ordinaire. Il lui faut un jour entier pour monter fur un arbre, & n'en descend qu'après avoir mangé tout ce qui fert à la nourriture. Cet animal eft plus grand qu'une guenon, & a une peau de toute fortes de couleurs; fon cri eft défagréable.

Le pays de Surinam eft rempli d'animaux rampans, & d'infectes venimeux. On y trouve des ferpens en grand nombre, & de différentes fortes. Il y en a qui ont trente pieds de longueur, & qui font gros à proportion, mais ils ne font point venimeux ni méchans, quand ils n'ont point faim. Ce font proprement des ferpens d'eaux, quoiqu'ils viennent quelquefois paître fur terre. Il y en a de plus petits, qui font en plus grand nombre & très-venimeux. D'autres ont une peau couverte d'écailles de différentes couleurs vives, fous lesquelles eft un venin mortel. Enfin il y en a qui ont la peau bourgeonnée avec des cornes à la queue, & des défenses au haut de la gueule, de la largeur & la longueur de deux pouces.

Le fcorpion eft noir, reffemble à une écreviffe, & le cache fous du bois fec, ou dans le blé. Son aiguillon eft dans la queue: celui qui en eft piqué fentira pendant quelques heures des douleurs exceffives; mais il n'en meurt pas. Le remede ordinaire eft de le fracaffer & de l'appliquer fur la bleffure.

Les chauve-fouris fucent le fang fans qu'on le fente, que quand il eft trop tard. Elles paroiffent en volant de la grosfeur d'un pigeon, & font caufe qu'il n'y a pas beaucoup de cochons, par la raifon que je viens de dire.

Il n'y a point de pays au monde, où l'on voye une fi grande quantité de grenouilles. Quand il a plu, la campagne en eft couverte, & elles viennent jusques dans les maifons; leur cri eft beaucoup plus défagréable qu'en Europe.

Les fourmis font les infectes qui causent plus de dommage aux habitans, & les terres fablonneufes fur-tout en font ravagées.

Le muskyta eft une forte de moucheron extrêmement incommode, & fa piquûre caufe de groffes puftules; on en est plus tourmenté dans les terres balles & vers la mer, que dans les endroits élevés.

Les vers que ce pays produit font dignes d'admiration, par leurs métamorphofes auffi furprenantes, que celles des

vers à foie. Les uns fe transforment en infectes volati les, auffi gros que de petits oifeaux, & les autres en plantes.

A l'égard du commerce, les principales productions du pays font le fucre, le coton, de la gomme, du tabac, du bois marqueté, du bois de teinture, &c.

Le fucre paffe pour valoir dix pour cent plus que celui de l'ifle des Barbades. On l'y achete ordinairement depuis fix à sept dutes jusqu'à douze & quinze la livre. Les cannes dont on tire le fucre, ont fix ou fept pieds de hauteur, & font de la groffeur du bras.

On fait du fyrop une liqueur diftilée, qu'on nomme Rum, & qui eft une fois plus forte que l'eau-de-vie, & on en fait un grand négoce dans les colonies Angloi fes.

Le coton n'y croît pas fi bien que dans l'ifle des Barbades, & dans d'autres endroits, peut-être parce qu'il y pleut

Σπορ.

Il croît deux fortes de gomme dans ce pays, en affez grande abondance, l'une appellée gomme de montagne, & l'autre gummi Semnia.

Le tabac y croît fort bien; mais il n'eft pas fi bon que celui de Virginie. Auffi n'eft-il confumé que par les habitans, tout le monde fume dans ce pays-là, hommes, femmes & enfans.

Il y a quantité de bois marqueté, & propre à la menuiferie; il fe vendoit autrefois en Angleterre au même prix que le fucre. Le bois de teinture y croît auffi en allez grande abondance, & l'on en fait un bon com

merce.

Les grandes pluies, qui tombent dans ce pays, font caule que l'indigo n'y croît pas en abondance

On y recueille de la caffe en abondance, & l'on y trouve une forte de baume, excellent pour des plaies fraî ches.

Il y croît préfentement affez de ris, du cacao, un peu de rocou, & de la banille.

Depuis quelques années on y a planté du caffé qui y croît bien, & eft auffi eftimé que celui du Levant. On croit qu'on celui du Levant. On croit qu'on ellayera d'y planter auffì du thé. Toutes les marchandifes, qui viennent de Suriname, ne payent que trente fols d'entrée à l'amirauté.

La colonie de Suriname eft gouvernée à Amfterdam par un collège de dix directeurs, dont cinq font nommés par les magiftrats, quatre par la compagnie des Indes occidentales, & un par M. de Sommelsdyk. Ce collége a un fecrétaire, & quoique fubordonné à la compagnie des Indes occidentales, il envoye fes ordres à la régence de Suriname pour l'obfervation de la police, & de tout ce qui eft nécesfaire au maintien de cette colonie. Ce font aufli les directeurs qui envoyent un gouverneur à Suriname; mais il faut qu'il foit approuvé par les Etats Généraux, ausquels il doit prêter ferment de fidélité, de même qu'aux direc

teurs.

Le gouverneur, qui a fous lui un commandant, exerce une autorité fuprême dans toute la colonie, au nom des Etats Généraux & de la fociété, tant par rapport à la police qu'aux affaires militaires. Cependant dans des affaires d'importance, il eft obligé de convoquer & confulter le confeil politique, dont il eft préfident, auffi-bien que du confeil de juftice. Il n'a qu'une voix dans ces deux confeils. Il dispofe par interim de toutes les charges vacantes, jusqu'à ce qu'il en foit ordonné autrement par les directeurs de la fociété. Il donne les ordres qu'il juge les plus convenables au maintien & à la fûreté de la colonie, contre les attaques & les infultes des ennemis; il convoque un grand confeil de guerre, compofé du commandant, de tous les capitaines, & d'autant de membres du confeil politique qu'il y a d'officiers militaires. Le confeil de guerre fubalterne eft chargé de la correction & punition des fautes commifes par les foldats, & eft compofé du commandant, des capitaines, des lieutenans & des enfeignes; on peut voir l'inftruction du gouverneur dans le grand livre des pla

cards.

Monfieur de Sommelsdyk a été le premier gouverneur de Suriname, depuis la ceffion que la compagnie des Indes occidentales en avoit faite. Il partit d'Amfterdam le 3 feptembre 1683 avec trois navires, fur lesquels il y avoit trois cents foldats, toute forte de munitions de guerre, des vivres, & tout ce qui étoit néceffaire à l'entretien de la co

lonie & du fort Zelandia. Quelques années après fon arri. vée, les foldats fe révolterent, parce qu'on avoit été obligé de diminuer leurs rations, & que les provifions commençoient à manquer, y ayant plufieurs mois qu'aucuu bâtiment n'étoit arrivé de Hollande. Dans cette révolte, M. de Sommelsdyk reçut quarante-fept bleffures, dont il mourut fur le champ, le 19 juillet 1688.

Le commandant Verboone, quoiqu'affez aimé des foldats, reçut un coup de bale dans le ventre, dont il mourut neuf jours après, les foldats s'emparerent enfuite du fort, fe choifirent des officiers, fe rendirent maître des deux vaiffeaux qui étoient dans la riviere, les pourvurent des provifions qu'ils trouverent dans les magafins, & exigerent trois ou quatre mille florins des bourgeois, pour les exempter du pillage. Enfin ils avoient pris toutes les mefures néceffaires pour leur départ; mais comme il y avoit trois ou quatre navires dans la Commewine, & enviròn quatre-vingts foldats dans ce quartier, le confeil politique leur envoya ordre de descendre au plutôt, & tous les habitans de la colonie prirent les armes. On attaqua les féditieux avec tant de vigueur qu'ils furent obligés de fe rendre à discrétion; & tout fut pacifié par la mort de huit des plus coupables, dont cinq furent pendus & les autres

roués.

Le confeil politique eft compofé du gouverneur, qui en eft le préfident, du commandant, qui eft le premier confeiller, & de neuf autres confeillers ; il y a auffi un conseiller fiscal & un fecrétaire.

Il n'y a que cinq confeillers qui forment le confeil civil, avec le gouverneur, qui en eft préfident, outre un fecrétaire & deux baillifs. Il y a deux commis jurés à la secrétairerie, & deux écrivains ordinaires.

La chambre des orphelins eft gouvernée par quatre, commiflaires qui ont un écrivain.

Il y a fix commiffaires pour terminer les petites affaires & ils ont un fecrétaire.

Il y a plufieurs officiers, entr'autres l'inspecteur fur le fyrop & les liqueurs. Le receveur des impofitions modiques, le commis du négoce des esclaves, qui a quatre affistans, le maître des ventes publiques, quatre arpenteurs jurés, un huiffier de la chambre du confeil, un esfayeur du fucre, un effayeur du fyrop, un inspecteur des bâtimens, un receveur général, qui a deux affistans: ce commis eft en même tems teneur des livres de la garnifon, outre un interpréte Indien, un officier des Négres, le pere de l'hôpital, le jardinier & un valet du poids.

Les troupes, qui font entretenues pour la fureté de la colonie, confiftent en quatre compagnies d'infanterie commandées chacune par un capitaine, un lieutenant, un enfeigne, & deux fergens. Le gouverneur eft colonel de ces quatre compagnies, & capitaine de la premiere. Il y a auffi un chirurgien major & un prévôt.

Toute la colonie eft partagée en huit divifions, qui for ment autant de compagnies de bourgeois. Ces compagnies ont chacune leur capitaine avec un lieutenant & un enfeigne. Les deux premieres font compofées des habitans de Paramaribo, la troifiéme de la divifion de Thorarika, la quatrième de la haute divifion de Commewine, la cinquiéme de la baffe divifion de Commewine, la fixiéme de Cotica & Perica, la feptième de celle de Para, & la huitième de celle des Juifs.

Il y a trois églifes dans toute la colonie de Suriname ; une à Paramaribo, qui fert aux Hollandois & aux François refugiés qui y font établis; la feconde eft dans la basse divifion de Commewine, & la troifiéme dans la divifion de Cotica & Perica. Dans chacune de ces églifes il y a un pafteur, deux anciens, deux diacres & un lecteur, qui eft en même tems maître d'écôle. Les églifes, les pasteurs & les lecteurs font entretenus aux dépens de la colonie.

SURJON, ville de Perfe. Tavernier, Voyage de Perfe 1.3, dit que les géographes du pays la marquent à 74° 40′ de longitude, fous les 30d 20 de latitude. C'est dans cette ville que fe font les plus beaux tapis de Perfe, qu'on appelle communément tapis de Turquie. Il s'y fait auffi quantité de chaals très fins, qui font des ceintures de poil de chévre très-bien travaillées, que les Perfans mettent en croifant par-deffus leurs belles ceintures de foie, pour les laiffer plus en vue. On nourrit quantité de bétail à Surjón ; &

T'on y

fait du beurre qu'on transporte ailleurs dans des peaux de bouc. SURISTENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Mauritanie Sitifenfe, felon la notice des évêchés de cette province, qui fait mention d'Aufidius.

1. SURIUM, ville de l'Illyrie, fur la côte de la Dalmatie, felon Plme, l. 3, c. 26, où on lit: Contra Surium, Bubus, & Capris laudata Brattia. Mais ce pallage de Pline eft furement défectueux; ce qui a fait que Pintaut & le pere Hardouin, fur la foi des meilleurs manuscrits, l'ont corrigée de la maniere qui fuit; Contra Tragurium Bavo: &Capris laudata Brattia, de cette façon la ville de Surium que perfonne ne connoiffoit, s'évanouit pour faire place à Tragurium, dont Pline lui-même fait mention dans un au

tre endroit.

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2. SURIUM ou SURION ville de la Colchide : Ptolomée, 1.5, c. 10, la marque dans les terres. Pline, l. 6, c. 4, la place dans l'endroit où le Phase commence à être navigable, & reçoit un fleuve aufli nommé Surium. Quelques géographes croyent que fon nom moderne eft Allo.

3. SURIUM, fleuve de la Colchide. Voyez l'article précédent.

SURMONTORIUM. Voyez RIPA ALTA. SURO, ville ou riviere d'Espagne, felon Appien, de Bel. civ. qui nomme ainfi le lieu près duquel Metellus & Pompée combattirent contre Sertorius & Perpenna; mais les meilleures éditions, au lieu de ad Suronem, portent ad Sucronem; ce qui nous remet en pays de connoillance. Voyez SUCRO

SUROGANA, ville de la Bactriane : Ptolomée, l. 6, c. 11, la compte au nombre des villes voifines du fleuve Oxus. Le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Suragana, au lieu de Surogana.

SURRENTINI COLLES. Voyez SURRENTUM. SURRENTINUM PROMONTORIUM, promontoire d'Italie, fur la côte de la Campanie. Tacite, Annal. 1. 4, dit que ce promontoire eft féparé de l'ifle de Caprée, par un détroit de trois milles; de forte qu'il eft question du promontoire de Minerve, qui prit le nom de Surrentinum, à caufe de la ville de Surrentum, qui en étoit voifine.

SURRENTIUM PROMONTORIUM, promontoire de la Libye intérieure, felon Polybe, cité par Pline, 1.5, c. 1, qui dit que ce promontoire eft la partie du mont Barce, qui court du côté de l'occident, & s'avance par conféquent dans l'Océan atlantique. On croit que c'eft la même chofe que le promontoire Arfinarium, aujourd'hui le CapVerd.

SURRENTUM, ville d'Italie, dans la Campanie, fur le bord de la mer. Pomponius Mela, l. 2, c. 4, qui décrit cette côte en revenant de la Lucanie, pour aller dans le Latium, place Surrentum fur le golfe de Pouzzol, aujourd'hui le golfe de Naples, entre le promontoire de Minerve & Herculaneum. Pline, l. 3, c. 5, au contraire, qui va du Latium dans la Lucanie, met Surrentum entre le Sarnus & le promontoire de Minerve. Ces deux auteurs s'accordent ainfi pour la pofition de cette ville, qui fubfifte aujourd'hui dans le même endroit & conferve fon ancien nom; car on l'appelle à préfent Sorrento. Au lieu de Surrentum, Prolomée, 1. 3, c. 1, écrit Surentum, Expertov; Strabon lit dans un endroit Σύραιον, & dans un autre Σύρρεντον ; Etienne le geographe dir Συριντιον, Denys d'Halicarnalle Σύρριντον, & Dion Caffius Eupevrov. Tous les Latins doublent Ir. On lit dans Silius Italicus, l. 8, v. 544.

Surrentum, & pauper fulci cerealis Abella.

C'étoit une colonie romaine, felon Frontin, de Coloniis, qui l'appelle Surrentinum oppidum. Au voifinage font les collines de Surrente, colles Surrentini, vignoble fameux, dont le vin fe disputoit aux meilleurs de l'Italie. Ovide, Metam. l. 15, v. 710, en fait l'éloge:

Et Surrentino generofos Palmite Colles.
Et Martial dit :

Surrentina bibis? nec murrhina picta, nec aurum ;
Sume; dabunt calices hec tibi vina fuos.

Cette ville étoit évêché dès l'an soo, & on la voit archevêché tout à coup vers l'an 1059. Ses fuffragans font:

Malla, Vico, Caftel à Mare di Stabia.

SURREY, comté d'Angleterre, borné au nord par la Tamife, qui le fépare de la province de Middlefex, à l'orient par la province de Kent, & par celle de Sussex, au midi encore par celle de Suflex, & au couchant par les comtés de Northampton & de Backshire. Cette province a trente-quatre milles de longueur, fur vingt deux de largeur, & cent douze de circuit. Dans cet espace font renfermés cinq cents quatre-vingt-douze mille arpens de terre. On y compte treize quartiers, treize villes ou bourg à marché, & cent quarante paroifles, où l'on peut voir jusqu'à trente quatre mille deux cents dix huit maisons ; ce qui fuffit pour faire comprendre à quel point cette province est peuplée. Outre la Tamife, qui lave l extrémité feptentrionale de cette province, on y voit deux rivieres qui l'arrofent dans toute fa largeur du fud au nord, favoir le Wey & le Mole, qui prennent leur fource, le premier au coin du fudoueft, & l'autre au fud eft de ce conté. Le Wey palle à Fernham, à Godalmin, & à Guilford: le Mole ne voit rien de fort remarquable fur fes bords ; il fe jette dans la Tamife, un peu au deffus de Kingston. Les Saxons s'étant emparés de ce pays, lui donnerent le nom de Suth Rye, ou Surrey, parce qu'il eft au sud de la Tamile.* Dél. d'Angleterre, p. 851.

L'air du comté de Surrey eft fec & fain, parce qu'il eft avancé dans les terres, & eft fablonneux. Le terroir eft allez fertile en bled; mais il eft fur tout abondant en pâturages, où l'on nourrit le meilleur mouton du royaume. Les dunes qui s'élevent par-ci par-là dans la province, font d'agréables collines, avec des plaines couvertes de verdure, où l'on fait fouvent des courfes de chevaux, & d'où l'on découvre les belles maisons, & les parcs de divers feigneurs, gentils. hommes, & gens riches, lefquelles s'y trouvent en grand nombre. Généralement parlant les extrémités de cette province font beaucoup moins fertiles que le milieu. Les villes & bourgs où l'on tient marché font:

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SURRHA, ville de l'Ibérie, felon le texte grec de Prolomée, l. 5, c. 11. Le nom de cette ville ne fe trouve point dans les exemplaires latins, qui connoiffent feulement une ville nommée Sura, laquelle fe trouve auffi dans le texte grec.

SURSÉE, ville de Suiffe, au canton de Lucerne, à deux lieues au midi de la ville de ce nom, & presque au milieu du canton. La riviere de Sur ou Surh, forme un petit lac long de deux lieues ou environ, & large de demi-lieue, & fur les bords duquel font deux petites villes, Surfée & Sempach. Surfée eft à l'iffue du lac, près de l'endroit d'où fort la Sur : c'est une jolie petite ville, compofée de deux ou trois rues larges, & ornées de quelques belles fontaines. On y remarque la maifon de ville qui eft paffablement belle. La chambre du confeil eft toute de bois de chêne, & fi artistement faite, qu'on n'y voit ni clou, ni cheville. Cette ville comme celle de Sempach, a de beaux priviléges. Elles ont leur chef qu'elles appellent avoyer, leur police & leur confeil, & ne reçoivent point de bailli. Il y en a un néanmoins à Sempach; mais il n'a point de jurisdiction fur la ville. Son autorité ne s'étend que fur le lac. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 2, · p. 400.

SURTA, ville de la petite Arménie, selon Prolomée, 1. 5, c. 13.

SURTAINVILLE, paroiffe de France, dans la Normandie, élection de Valogne. Cette paroiffe releve de la baronnie de Briquebec. Elle borde la mer d'un côté, & la forêt de Briquebec de l'autre. Il y a une chapelle dédiée à S. Ergonaffe, qu'on prétend être une des compagnes de fainte Urfule. Le plus ordinaire commerce des habitans eft celui de

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