RÉMUNÉRER, du latin remunerare, réduplicatif de munerare (faire un présent); racine munus, muneris (don, présent). Rémunérer, c'est proprement donun présent, une récompense quelconque pour un service reçu. ner Rémunérer pour récompenser, se trouve déjà dans l'Origine des dignités et magistrats de France, par de La Loupe, Paris, 1573. Pourquoi ce terme, plus noble que récompenser, n'est-il pas plus fréquemment employé dans le style soutenu? Il nous a donné rémunérateur et rémunération. RENAITRE, v. réduplicatif de naître, naître de nouveau. La gloire des méchans en un moment s'éteint, RACINE, Esther, act. 11, sc. 9. Dès qu'elle voit Priam vainement furieur, Moins couvert qu'accablé d'une armure inutile: «Quelle aveugle fureur, quel courage stérile! Lui crie Hécube en pleurs. Où courez-vous, [hélas ! Contre un destin cruel que peut ce faible bras? Mon Hector même en vain renaîtrait de sa cen[dre. » DELILLE, trad. de l'Enéide, liv. 11. On dit renaître de sa cendre. Cette locution est empruntée de l'idée qu'ont eue les anciens que le phénix renaissait de sa cendre. Cette hydre renaissait de ses pertes fécondes. Une tête en tombant sous mes coups meurtriers, Enfantait deux vengeurs de sa rage héritiers. Quoi qu'il en soit, ce Jacquemart Gielée fait assembler tous les animaux chez le lion pour tenir un conseil. Il donne des sobriquets on surnoms à tous ces animaux le lion est nommé messire noble; le loup Isengrin; le verpil, renars; le taureau, bruiant, etc. « Avant cet auteur je n'ai vu dans aucun auteur le mot de renard, c'ètoit toujours le goupil, voupil et verpil (vulpes). » BARBAZAN, Dissert. sur l'Orig. de la lang. franc. pag. 47. Paris, 1759. « Ce qu'ils vous font entendre de la religion, n'est qu'un masque, dont ils amusent les simples, comme les renards amusent les pies de leurs longues queues, pour les at traper et manger à leur aise. » Sat Menip. a Il faisoit le succré, escorchoit le regnard, disait la patenostre du singe, etc.» RABELAIS, t. 1, p. 76, édit. de 1732. com « Pour retourner un renard, c me on en retourne la peau, il fandroit que la queue lui passat par la gueule. Or, comme les fusées que fait un ivrogne qui vomit ont quelque rapport avec la grosse et longue queue du renard, de là est venu, à mon avis, qu'on a appelé renarder et écorcher le renard le vomir des ivrognes. » LE DUCHAT, sur Rabelais, note à la page 165 du tom. 1, édit. de Rabelais, de 1732. Un vieux renard, mais des plus fins, Grand croqueur de poulets, grand preneur de [ lapins, Sentant son renard d'une heue. LA FONTAINE Il se dit au figuré d'un homme fin et rusé. « Il est permis de jouer à fin contre fin, et près du renard, le renard contrefaire. » CHARROS, l. 11, ch. 2 Muratori, dans ses Annales d'la lie, appelle les cardinaux Richelieu et Mazarin « ces deux illustres renards. » « Le vieux renard se possédoit à merveille dans ces occasions. » HAM. Mém. de Gram. RENARDER, . agir en renard, user de finesse. Avec le renard, on renarde, Mém. de Baif, liv. u. Ce verbe aurait dû être conservé jusqu'à l'extinction des jésuites, après laquelle Voltaire disait : « Ils ont chassé les renards, mais ils ont gardé les loups. » RENARDIER, IÈRE, adj. trompeur ; vieux mot à regretter. Jeanne d'Albret donne au cardinal de Lorraine « des larmes de crocodile, des finesses renardières. » RENARDISE, s. f. « Pour monstrer de quelle renardise et finesse ces saincts frères (les jésuites) se sont insinucz entre nous. » NIC. PASQ. Plaid. contre les jésuites. RENASQUER, . qu'on trouve écrit renáquer dans le Dict. de Trév. ancien mot pour lequel on dit aujourd'hui renacler. Onomatopée tirée du bruit qu'on fait en retirant vivement son haleine par le nez, lorsqu'on est en colère. Enrager, se dépiter. Un essaim de maudits cousins Qu'un artisan presque enragé En renasque dans sa boutique, etc. « Elle lui a pincé le nez d'une force qui a fait crier les hauts cris à la pauvre malade : elle n'a pu s'empêcher de renasquer un peu contre le zèle indiscret, etc... » Mme DE SEVIGNE, CCXLVIC Lettr. 21 janvier 1676. RENAUDER, . « pour maugréer, rechigner, regimber, faire à contre cœur un ouvrage quelconque, marmonner entre ses dents, être rassasié, renoncer sur quelque chose » Dict. du bas langage, Paris, 1808. RENCONTRE, s. f. anciennement masculin. La Fontaine a encore dit : Et les dieur . En ce rencontre ont tout fait pour le mieux. LA FONTAINE, Richard Minutolo, conte. Ce n'est que du temps de Vaugelas que ce mot a pris le genre féminin. RENCHÉRIR, V. « Comme si chascun voyoit en moy aussi clair que je fay, au lieu de me tirer arrière de l'accusation, je m'y avance et la renchery plustost par une confession ironique et mocqueuse. »> MONT. liv. III, ch. 12. RENDEUR de petits soins, ce qu'on appelle vulgairement un galantin. « Une belle dame priait Dieu tous les matins de défendre son cœur des rendeurs de petits soins. » SAINT-ÉVRE MONT. RENDOSSER, ». « Je rendossois mon humilité que la braverie m'avoit fait oublier. » Guzman d'Alfar. liv. 11 de la re part. ch. 10. RENDRE, . du latin reddere qui a la même signification. On lit dans Joinville que saint Louis disait « que malle chose estoit l'aultruy prendre; car le rendre estoit si très-grief, que seulement à le nommer, il escorchoit la gorge pour rr qui y sont. >> « Une femme coquette ne se rend point sur la passion de plaire et sur l'opinion de sa beauté. » LA BRUYÈRE. « Notre ame même est si peu un don absolu, que lorsqu'on veut faire entendre qu'un homme est mort, on dit communément qu'il vient de rendre l'ame. » Le comte DE SEGUR, Gal. tom. I. Je sais bien qu'un homme d'église, D'ACEILLY, Sur la mort d'un ecclésiastique, therine voluptueuse et cruelle, agiRÊNE, s. f. (retinaculum ). « Catait les renes sanglantes de l'Etat. » THOMAS. RENFANTILLER, V. redevenir enfant. tions. Ce mot peut s'appliquer à plus d'une époque. REGRETTABLE, adj. qu'on doit regretter. «Sa société, pleine de douceur et d'humanité, me sera toujours regrettable. » 3. J. ROUSSEAU. Quel est l'effet de ce mot dans ce joli couplet! Faut-il être tant volage? Tu nous fuis, las! quel dommage! Ce Plaisir tant regrettable Me répond: Rends grâce aux Dieux; Ils m'auraient gardé pour eux. Sans enfiler aussi plus de discours et itérer longs propos, lesquels en leur lieu et selon l'occasion nous toucheront. » JACQUES BOURGOING, Epit. au roi, en tête de son livre intitulé de Origine vulgarium vocum lingue gallicæ, etc p. 1, Paris, 1583. On ne dit plus aujourd'hui que composé ou réduplicatif reiterer quoiqu'on dise encore iteratif et itė REGRETTER, V. du latin (requirile tari, formé de queri, queritari (se plaindre ). rativement. « Ils le regrettoient d'un véritable REITRE ou RÊTRE, s. m. de l'alregret. » VAUGELAS, trad. de QuinteCurce, in-4°, 1653, pag. 737.—Re-lemand reitter (cavalier). marques écrites par J. Kacine sur quelques phrases de Vaugelas dans Son Quinte-Curce, manuscrit de la Bibliothèque du Roi. Une jeune dame (la vicomtesse d'Houdetot), qui se mourait d'une affection de poitrine, parut fort rêveuse quelques jours avant sa mort. On lui demanda : « A quoi rêvez-vous done?-Je me regrette,» réponditelle. REGRIFFER, v. « S'il se voulsist regriffer ou rebeller » Quinze Joyes du mariage, xure Joye. REHABILITER, v. « Et vous trouverez alors quelque gentilhomme capricieux ou malaisé, qui réhabilitera votre réputation par un bon mariage. » LE SAGE, Turcaret. REHAUSSER, v. Le sourcil rehaussé d'orgueilleuses chimères. Ce vers de Boileau rend bien le grande supercilium de Juvénal, Satire VI. << Encore aujourd'hui. ceux des Pays-Bas appellent ruter un homme de cheval, en leur langage, et nous par quelque altération ou corruption de lettres, reistre.» Annotations sur les Œuvres d'Alain Chartier, pag. 838, in -4°, Paris, 1617. Ce nom fut donné d'abord à des cavaliers allemands qui vinrent, en France, durant la régence de Catherine de Médicis. C'était un corps de troupes que le roi de Navarre avait appelé au secours des calvinistes. Depuis long-temps ce mot n'est plus d'usage que dans le discours familier, où un vieux rétre signifie un homme qui a couru le pays, un homme fin et rusé, à peu près comme on dit un vieux routier. REJARGONNER, v. réduplicatif | signifie et les plats qui, à un repas, de jargonner. Voyez ce mot. sont relevez par d'autres mets, et ceux qui, le repas fini, se relèvent pour les domestiques. » Ducatiana, tom. 11, pag. 447, Amsterdam, 1738. REJETER, Ne rejetons pas sur la sagesse les fautes des sages. » L'abbé MILLOT. RELAIER, v. « Le dessein de traverser un rival des plus dangereux, et d'être relaié d'une dépense qui commençoit à lui peser. » Mém. de Gram. RELATEUR, s. m. « Vos historiens nous sont inconnus. On n'en a que des morceaux extraits et rapportés par des relateurs peu critiques. FÉNÉLON. RELEVÉE, s. f. « On dit dans le palais de relevée, dire aprèspour dinée. Cette façon de parler a été introduite dans notre langue, de la contume ancienne de se coucher sur « On se levoit de table pour se coucher sur un lit de repos, d'où on se levoit ensuite pour vaquer à ses affaires. De là relevée pour aprèsdinée. » LE DUCHAT, Dict. étymol. de Ménage, édit. de 1750. RELIEF, s. m. de l'italien relievo, ouvrage plus ou moins relevé en bosse, saillie apparente. Un aveugle né définissait un miroir une machine qui met les choses en relief. Au figuré, éclat, distinction. « L'air de dignité qui donne du relief aux plus grandes vertus. » CRÉBILLON, Réponse aux discours prononcés par M. l'abbé Girard et M. l'abbé de Bernis, lue à l'Académie française. Puis-je prendre un époux, à moins que de son chef Il ne soit noble, riche, et d'un gros relief? Mots à la mode, sc. 4. Ce mot était nouveau du temps de Boursault, au moins en ce sens; il a un peu vieilli. RELIEFS, S. m. pl. restes de viandes qu'on a servies. Les uns le font venir du latin reliquiæ (restes); les autres, de relever. « Relief (de table), et par corrup-| tion, ralias, mot qui, dans Villon, « Les reliefs, dit Mme Dacier, sont tout ce qu'on dessert froid ou chaud; et, à propos de ces reliefs, ajoute-telle, Eustathe rapporte une chose assez curieuse, que Démétrius de Phalère ayant donné à Moschion les reliefs de sa table, ce Moschion, qui les vendoit, amassa en deux ans assez d'argent pour acheter trois terres. » Trad. de l'Odyssée, remarque, tom. 1, p. 83, Paris, 1756. Eschyle disait que ses tragédies n'étaient que des reliefs des festins d'Homère. « Je pense à celui que (qui) repeut (reput) cinq mille hommes de trois pains et de deux poissons, dont demoura de relief douze corbeilles. » Cent nouv. Nouvelles, Nouv. LXXXIII. Votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons. LA FONTAINE, liv. 1, fable 5. Le même, liv. 1, fable 9. On trouve dans Brantôme : « Les biens que la reine lui avoit faits par la grâce de sa vie et du relief de son ban,» Les Femmes illustres, p. 128, Leyde, 1699. Il dit ici relief de son ban, comme on dirait relever quelqu'un de son ban. RELIGIEUX, EUSE, adj. et s. du latin religiosus, a (qui a de la religion, de la piété). Voici l'étymɔlogie que Cicéron, dans son Traité de la Nature des Dieux, liv. 11, no 68, donne de ce mot religiosus: qui ommia quæ ad cultum deorum pertinerent, diligenter retractarent, et tanquam relegerent, sunt dicti religiosi ex relegendo. (Ceux qui s'occupaient avec soin à examiner de nouveau et en quelque sorte à recueillir tout ce qui avait rapport au culte des dieux, ont été nommés religieux du mot relegendo, cu français recueillir). Ce mot qui pris substantivement, se donnait autrefois à tous les chrétiens, ne s'est plus donné dans la suite qu'à ceux ou à celles qui avaient embrassé la vie monacale. Gresset dit plaisamment, en parlant des occupations des religieuses: L'une découpe un agnus en losange, Ou met du rouge à quelque bienheureux ; Etre religieux est tout autre chose que d'être dévot. RELIGION S. f. du latin religio dont la racine est ligare (lier). « A parler populairement, on peut dire d'une seule nation, qu'elle vit sous un même culte et qu'elle n'a qu'une seule religion: mais à parler exactement, il est vrai qu'elle en a plusieurs, et que chacun presque y a la sienne. » LA BRUYÈRE. «La plupart des hommes se servent plutôt de la religion qu'ils ne la servent. » Aventures de Shroop, roman angl. « La religion des grands consiste pour l'ordinaire à servir Dieu sans désobliger le diable. » OXENSTIERN. Il n'arrive que trop souvent que ceux qui prêchent une religion ne la pratiquent pas, que ceux qui la pratiquent ne la connaissent pas, et que ceux qui la connaissent ne la croient pas. Bossuet prouve la religion, et Fénélon la fait aimer. Un jour que la Mothe le Vayer passait dans la galerie du Louvre, le fanatique Desmarets dit tout haut: Voilà un homme qui n'a point de religion. « Mon ami, lui répondit le Vayer, en se retournant, j'ai tant de religion que je ne suis pas de ta religion. >> Loin du faste de Rome et des pompes mondaines, Sans ornement, sans art, belle de ses attraits, Qui court à ses autels adorer la fortune. VOLTAIRE, la Henriade, ch. 17. Religion, conscience, bonne foi. La guêpe prise pour juge entre les abeilles et les frelons, dit: Sed ne religio peccet imprudens mea. PHEDRE, liv. III, fabl. 11. (Mais de peur que ma religion ne soit surprise.) Sur ce passage Johannes Laurentius fait cette remarque : « On dit la religion en parlant d'un juge, à cause du serment par lequel il est lié. » Fables de Phèdre, édit. d'Amsterdam, 1667. « M. Freind ne disait point qu'on avait surpris la religion de la cour en accusant milord Peterborough d'avoir hasardé les troupes de la reine Anne, parce que ce n'était pas une affaire de religion.» vOLTAIRE, Histoire de Jenni ou l'Athée et le Sage, ch. iv, pag. 279, édit. de Gotha, 1787. Malgré la critique de Voltaire, cette locution, surprendre la religion de quelqu'un, pour dire le tromper par de faux exposés, s'est entièrerement accréditée. RELIGIONNAIRE, S. m. Ce mot, proscrit par Balzac, défendu par Bouhours, n'est plus usité. RELIQUE, s. f. du latin reliquia (reste, ce qui reste). « Cassius et Brutus achevèrent de perdre les reliques de la romaine liberté de laquelle ils estoient protec teurs, par la précipitation et témérité de quoi ils se tuèrent, etc. » MONT. Ess. tom. 111, pag. 314, Paris, 1789. « La faim, la lassitude consommèrent les misérables reliques de ceste armée. » CL. FAUCHET, Antiq. gaul. feuill. 24 tourné, Paris, 1599. « Ceux d'Anvers et de Bois-le-Duc sont encore vieilles reliques d'Allemans.» BERGIER, de l'Antiquité de Reims. De même qu'an vieux trone, relique de l'orage, Qui se voit dépouillé de branches et d'ombrage. RACAN, la Nymphe de la Seine, aet. v, sc. L. |