tique, qui eft au-dessus de la Vistule, & où le Chronus, le Rubo, le Turuntue & le Chefinus, ont leur embouchure. Voyez CLYLIPENUS. VENELI, peuples de la Gaule Lyonnoise. Ptolomée, l. 2, c. 8, leur donne un port nommé Crociatonum, & place dans leur pays l'embouchure du fleuve Olina. Pline, l. 4, c. 18, écrit Venelli; mais le Pere Hardouin lit Unelli. Cette derniere orthographe eft celle de Céfar, Bel. Gal. L. 34, 1. 3, c. 1, & l. 7, c.75, qui nomme les Unelli, avec les Ofismii, les Veneti & les Rhedones, & qui fait entendre par-là que les Unelli habitoient quelque part dans la province de Bretagne. Quoique Céfar nomme les Veneli avec les Rhedones, & les Veneti, on ne doit pas conclure de-là qu'ils habitoient la province de Bretagne. On voit fort bien qu'il nomme indifféremment les peuples de Bretagne, & de Normandie. La preuve que les Veneli habitoient cette derniere province, c'est que Ptolomée met dans leur pays l'embouchure de l'Olina, aujourd'hui l'Orne. Sanfon & le P. Briet, prétendent que les Veneli étoient où eft à présent le Cotentin. VENELIOCASII. Voyez VELLOCASSES. VENENI, peuples de la Ligurie, selon Pline, 1.3, c. 5. On ignore leur véritable fituation. VENER OU VANER, lac de Suede, le plus grand de tous ceux de ce royaume: il s'étend entre la province de Gothie, qui la termine au fud & au levant; celle de Vermeland au nord, & la Dalie au couchant. Sa longueur est de vingt-cinq milles, & fa largeur de quatorze, à l'exception d'un endroit au milieu, entre Luro & Lako, où il n'a guere que cinq milles de large. Il reçoit jusqu'à vingt-quatre rivieres grandes que petites; & il renferme plusieurs isles, parmi lesquelles celles de Luro & de Lako sont les plus confidérables. Les lieux les plus remarquables Qu'on trouve sur ses bords font, tant c'est à l'endroit où la ville de Wenerburg est située que ce lac se décharge dans la riviere de Gothelba, qui va porter ses eaux dans la Manche de Danemarck. *De l'Isle, Atlas. VENERBOURG. Voyez WENERBURG. VENERIA. Voyez SICCA. VENERIE-ROYALE, maison de plaisance du roi de Sardaigne, à trois milles de Turin, entre les rivieres du Pô, de la Sture & de la Doire, qui font une fituation fort propre pour les canaux, les étangs, les fontaines & les ruisseaux, qui rendent ce lieu un des plus agréables du pays. Tout le bâtiment consiste presque en un seul pavillon, avec plusieurs cours palissadées de plus de deux mille cornes de cerf. Les chambres font ornées de belles peintures: & dans la falle font les portraits de plusieurs dames, toutes à cheval, comme pour aller à la chaffe. En 1693, un détachement de troupes françoises brûla & ravagea une partie de cette belle maison, tandis que le duc de Savoye étoit devant Pignerol. NICUM-VENERIS. VENERIS-AENĚADIS-ARA. Voyez PARTHE1. VENERIS-AENEADIS-TEMPLUM. Denis d'Halicarnafse, 1. 1, c. 50, dit qu'on nommoit ainsi le temple que les Troyens bâtirent à l'honneur de Vénus, lorsqu'ils furent arrivés sur la côte de l'Epire, & qu'ils eurent pris terre dans la Péninsule, appellée Leucaz. Du temps de Denis d'Halicarnasse ce temple étoit dans une petite isle, entre la ville & l'isthme de cette Péninsule, qui avoit été creusé. 2. VENERIS-AENEADIS-TEMPLUM, temple que les Troyens éleverent dans l'Epire, fur le promontoire d'Actium, felon Denis d'Halicarnafse. Ils bâtirent aussi le temple des grands Dieux ; & ces deux temples fubfistoient du temps de Denis d'Halicarnaffe. VENERIS-ARSINOES-FANUM, temple d'Egypte, fur le promontoire Zephyrium, entre CaTome VIi nope & Alexandrie, felon Strabon, 1. 17, p. 800. VENERIS - AUREE - CAMPUS, champ d'E gypte. Diodore de Sicile, Z. 1, c. 97, le met dans le territoire de Memphis. VENERIS-FANUM. Voyez, au mot APHRODI SIUM, l'article Aphrodifium promontorium, n. 3 1. VENERIS-INSULA. Voyez APHRODISIAS 6. 2. VENERIS-INSULA, isle du golfe Arabique, sur la côte de l'Egypte, selon Pline, 1.6 c. 29. VENERIS-LACUS. Pline, 1. 32,c. 2, fait mention d'un lac de ce nom, qu'il place à Hierapolis de Syrie, C'etoit, felon Lucien, lib. de Dea Syria, un étang fort poissonneux, dans la ville même, près du temple de Junon. On y voyoit de grands poiffons, qui avoient chacun leur nom, & qui venoient quand on les appelloit. J'en ai vû un plusieurs fois, dit Lucien, qui avoit sur l'aileron de l'épine du dos un petit ouvrage d'or qu'on y avoit appliqué. On dit, ajoutet-il, mais je ne l'ai pas éprouvé, que cet étang a deux cens braffes de profondeur; & il y a au milieu un autel de pierre, qu'on diroit qui se remue, & plufieurs le croyent; mais je pense qu'il est porté fur des colonnes, qui font au fond de l'eau. Cet autel étoit toûjours couronné, & encenfé par des personnes qui y abordoient à toute heure à la nage, pour faire leurs dévotions. On y faisoit aussi de grandes fêtes, qu'on appelloit les descentes du Lac On y portoit tous les Dieux, & Junon toute la premiere, de peur que Jupiter n'envisageât devant elle les poiffons; car on tenoit que cela les auroit tous fait mourir. Elle le de vançoit donc, & le prioit de se retirer; ce qu'il faisoir à la fin, après quelques contestations. VENERIS-MONS, montagne d'Espagne. Ap pien, de Bel. Hisp. p. 290, fait entendre qu'elle étoit au voisinage du pays des Carpétains, mais au midi du Tage. Il ajoute que cette montagne étoit toute plantée d'oliviers. 1. VENERIS-PORTUS, port de la Gaule Narbonnoise, sur la côte de la mer méditerranée. Pomponius Mela, 1.2, c.5, le marque entre les promontoires des Pyrénées, au voisinage & au nord de Cervaria. Ce port étoit fameux à cause du temple de Vénus, qui y étoit bâti. C'est aujourd'hui le port de Vendre. Ce port étoit différent de PYRENEA-VENUS. Voyez APHRODISIUM, n. 3. 2. VENERIS-PORTUS , port d'Italie, dans la Ligurie. L'itinéraire d'Antonin le met entre Segesta & Portus Delphini, ou Delphini Portus, à trente milles du premier de ces lieux, & dix-huit milles du second. Ce port, qui étoit aux confins de l'Etrurie, conserve encore présentement son ancien nom: on l'appelle PORTO-VENERE. 3. VENERIS-PORTUS, port d'Egypte, fur la côte du golfe Arabique. Après le promontoire Drepanum vient, felon Ptolomée, 1.4, c.5, Myoshormos, autrement Muris-Statio, fameux entrepôt, qui fut appellé ensuite, Magnus-Portus, enfin PortusVeneris. Strabon, 1. 16, fait aussi mention de ces différens noms. Après cela, dit-il, on trouve le grand port qu'on nomme Muris-Statio & Veneris.* Agatar chides, p. 54. VENERIS-URBS. Voyez APHRODITES. VENERON., riviere des Indes orientales, au royaume de Golconde: elle prend sa source dans les montagnes d'Orixa, &, prenant fon cours du norda ouest an fud-eft, elle se rend dans le golfe de Bengale, près du cap de Gudavari, ou Godvarin. * Ro bert, De l'Isle, Atlas. VENERSBOUG, ou WANERSBOURG, ville de Suede, dans la Westrogothie, sur la rive méridionale du lac Vener, en tirant vers le couchant, près de l'endroit par où la riviere Gothelba fort de ce lac. * De l'Isle, Atlas. VENESI, Venezeium, paroisse de Lorraine au Marquisat de Gerbevillier: fon église est sous le titre de la Nativité de Notre-Dame. Le commandeur de faint Jean de Viélâtre, & l'abbaye de Chaumousey, se contestent la collation de cette cure. Les religieux de cette abbaye perçoivent la moitié des grosses & menues dixmes, & le curé a l'autre moitié avec les novales. Le marquis de Gerbevillier posséde la haute K justice, & le commandeur la baffe. Il y a deux chapelles, dont l'une est sous le titre de fainte Catherine; on y dit la Messe tous les vendredis: l'autre est sous l'invocation de faint Nicolas & de sait Sébastien: elle fut fondée en 1521. pat Remi Cunin, cure de Venefy, dont Effey est une annexe. VENETES. Voyez VENETI. VENETHAL, fiége épiscopal, sous la métropole de Sergiopolis. La notice du patriarchat d'Antioche publiée par Schelstrate, écrit VENOTKALA, au lieu de VENETHAL. 1. VENETI, peuples de la Gaule Celtique, ou Lionnoise, dans l'Armorique. Ils habitoient dans la Péninfule, au-dessus des Namnetes. César, l. 3, Bel. Gal. c 8, leur donne la gloire d'être les plus puissans de tous les peuples établis sur ces côtes; & ils devoient cette prérogative à la grande quantité de vaifseaux qu'ils avoient, à la science & à la pratique de la navigation. Dans un autre endroit, César, c. 10, appelle leur pays Venetia, & ne leur donne point de ville. Ptolomée, l. 2, c.8, nous apprend qu'ils en avoient une nommée Dariorigum, qui pouvoit être 1eur capitale; car ce Géographe ne nomme guere que la principale place de chaque peuple. Voyez Dariorigum & Vannes. Voici ce que dit Sanfon, remarque Sur la carte de l'ancienne Gaule, touchant ces peuples. Les Veneti, font les peuples du diocèse de Vannes en Bretagne, & ce peuple a été un des plus fameux de toute la Gaule: Hujus civitatis eft longè amplassima autoritas, omnis oræ maritimæ, regionam earum, (comme dit César, 1. 3,) quod & naves habent Veneti plurimas, quibus in Britaniam navigare confueverunt; & Scientia atque usu.nauticarum rerum cæteros antecedunt, & in magno impetu maris, atque aperto, paucis portubus interjectis, quos tenent ipfi, omnes ferè, qui eodem uti mari confueverunt, habent vectigales. C'est-à-dire, cette cité a un grand avantage & une grande autorité sur toutes les côtes des cités Armoriques, parce que les Venéres ont un grand nombré de vaisseaux qui ont coutume de naviger dans la Grande Bretagne, & furpaffent tous les autres dans la connoiffance, dans l'art & l'usage de la navigation. Ce qui fait que dans cette mer vaste & impétueuse, n'y ayant que peu de bons ports qu'ils tiennent, ils tirent des droits & des péages de presque tous ceux qui y négocient. ux Céfar ajoûte un peu après, touchant l'affiette des bourgades des Vénetes: Erat ejusmodi fèrè fitus Oppidorum, ut pofita in extremis lingulis promontoriisque, neque pedibus aditum haberent, cum ex alto se æstus incitaviffet, quod bis femper accidit horarum 12. spatio ; neque navibus, quod rurfus minuente estu, naves in vadis afflictarentur: ita utrâque re Oppidorum oppugnato impediebatur. C'est-à-dite, la fituation de leurs bourgades, étoit pour la plupart de telle forte, qu'étant fur les extrémités des promontoires ou des petites langues de terres avancées dans la mer, on n'en pouvoit approcher ni par terre, quand le flux de la haute mer venoit à s'enfler fur la côte, ce qui arrive tous les jours deux fois en douze heures, ni par mer, parce que le flux se retirant, laissoit les vaissfeaux embarraffés sur les vases & fur les fables; de forte que ces deux difficultés empêchoient d'affiéger ces bourgades. Encore aujourd'hui il y a plusieurs villes en Bretagne dans cette situation; comme Vannes, Hennebont, Blavet, Quimperlay, Concarneau, Brest, &c. que le flux de la mer baigne en partie lorsqu'elle eft haute, & laiffe à sec quand elle est basse. Au reste, long-temps avant Céfar, ces peuples Venet avoient fait une puiffante colonie en Italie, vers les embouchures du Pô. Car quoique les poëtes & la plupart des historiens ayent voulu faire descendre ces Veneti en Italie, ab Henetis Paphlagonia popul, des Heneti de la Paphlagonie, Strabon montre affez qu'il ne se trouve point de peuple Henet en Paphlagonie, ni aux environs. Strabon croit auffices Veneti, (Gaulois,) auteur des Venet, fur le golfe Adriatique, vû que tous leurs voisins sont venus de la Gaule Tranfalpine en Italie, comme les Boii, & les Senones, (les Boulenois & la Romagne) Voyez l'article suivant. 2. VENETI, ancien peuple d'Italie. Il habitoit à l'orient des Euganéens, & s'étendoit jusqu'à la mer, depuis la derniere embouchure du Pô, près de Ravenne, jusqu'aux confins des Carni. Du côté du septentrion, les limites des Venetes ne furent pas toûjours les mêmes. D'abord ils s'étendirent jusqu'à l'Histrie, suivant le Périple de Scylax, où on lit: Post Venetos eft gens Histrorum; & Marcian d'Héraclée dit: Venetis contermini funt Thraces, qui Histri vocantur. Dans la fuite les Carni occuperent la partie de la côte voisine de l'Histrie, & ils s'en emparerent par la force, ou les Romains la leur céderent après avoir vaincu les Vénetes. Le pays de ces derniers est appellé Venetia, par Tite-Live, 1.39, c. 22, par Pline, 1.2, c. 72, & par Ptolomée, 1. 3, c. 1, qui y met les villes qui suivent : Il y a deux sentimens sur l'origine des Vénetes. Les uns les font venir d'Afie; Tite-Live, 1. 1, c. 1, entr'autres dit: on fait assez qu'Aténor, accompagné d'une multitude d'Hénetes, qui, chassés de la Paphlagonie, par une fédition, cherchoient une retraite & un chef, après avoir perdu leur roi Pylæmen devant Troye, vint au fond du golfe Adriatique, & qu'ayant déposté les Euganéens, qui habitoient entre les Alpes & la mer, les Hénetes & les Troyens habiterent ce terrein.... Toute la nation, ajoute Tite-Live, fut appellée Veneti Strabon, 1.4, fait venir les Vénetes dela Gaule. Après avoir parlé de la guerre de Céfar contre les Vénetes; qui habitoient dans la partie occidentale de la Gaule, fur le bord de l'océan, il ajoute: je crois que ce font-là les fondateurs de la colonie des Vénetes qui habitent sur le bord de la mer Adriatique. Dans un autre endroit, Strabon, 1.5, parle moins affirmativement, ou plutôt il se contente de rapporter les deux fentimens, dont l'un fait les Vénetes Gaulois, & l'autre les fait Paphlagoniens. Mais le fentiment de Polybe, 1.2, a quelque chose de plus décisif: en effet, dit-il, les Véneres étoient semblables par les mœurs, par les coutumes & par l'habillement aux autres Gaulois, & n'en différoient que parce qu'ils parloient une langue différente. VENETICÆ INSULE, ou VENETORUM IN SULE, isles sur la côte occidentale de la Gaule Lyonnoise. Pline, 1.4, c. 19, dit qu'elles font en grand nombre. On ne doute point qu'il ne veuille parler des isles qui sont sur la côte de la province de Bretagne. On y en compte près de deux cens, la plupart défertes & incultes. La plus considérable est Belle-Isle. On les a aussi appellées Nefiades. VENETULANI, peuple d'Italie, dans l'ancien Latium. Pline, 1. 3, c.5, qui nomme ce peuple, dit qu'il ne subsistoit plus de son temps. VENETUS LACUS, Pomponius Mela, 1.5, c. 2, nomme ainsi un des deux lacs qu'il dit que le Rhin forme vers sa source. Ce lac eft appellé Cellercée par Munsterus, & Underfée par Scudus. C'est le lac de Zell. Voyez ce mot. VENEZARES, peuples des Indes, au royaume de Cuncam. Mandeslo, voyage des Indes, l. 2, p. 245. nous apprend que ces peuples vont acheter le bled & le riz, que l'on porte au marché, dans les villes, und fois la semaine, pour le revendre dans l'Indostan & dans les autres provinces voisines, où ils se rendent avec des caffilas ou caravanes de cinq ou fix, & quelquefois de neuf ou dix milles bêtes de somme, avec lesquelles ils emmenent leurs familles, & particulierement leurs femmes, qui manient l'arc & la fléche aussi adroitement que les hommes. Par ce moyen, ils deviennent redoutables aux Rasboutes, qui ne les ont jamais ofé attaquer, non plus que les Couliers qui volent impunément les paffans, parce que les Rajas, qui devroient faire punir ces voleurs, les protégent. VENEZUELA, province de l'Amérique méridionale, qui a la mer du nord au septentrion, la nouvelle Grenade an midi, la province de Rio de la Hacha à l'occident, & celle de Cumana à l'orient, & dont le côté de Caraque est la partie orientale. En 1499. Alphonfe de Ojeda, qui avoit sur son bord Americ Vespuce, en qualité de bourgeois, entra dans le golfe de Venezuela, & lui donna ce nom, parce qu'il y trouva un village bâti fur pilotis, dans de petites isles, avec des ponts de communication de l'une à l'autre, ce qui la lui fit regarder comme une petite Venize. En 1527, Jean d'Ampuy y bâtit une ville, qu'il appella Cozo, d'où le pays prit le nom de Coziane: il y a bien de l'apparence que ces noms étoient ceux que les Indiens donnoient à la bourgade, & à Tout le canton. La ville de Cozo fut d'abord trèsAorissante, parce que l'air y est fort sain, que la fituation en étoit avantageuse; mais elle est présentement réduite à peu de chose, & le fiége épiscopal en a été transféré à Caraque: elle a cependant deux ports, l'un où la mér est toûjours tranquille; mais ce port a peu d'eau: l'autre est à l'ouest, & affez profond; mais la mer y est toûjours agitée. Curaçao, & les autres petites isles voisines, n'en font qu'à 14. lieues au nord-eft. * Le P. de Charlevoix, hist. de S. Domingue, 1. 3,5,6,7. En 1528. Jean d'Ampuy, qui commençoit à s'établir dans ce pays, fut obligé de céder là place aux Velfers, bourgeois d'Ausbourg, qui ayant fait de grandes avances à l'empereur Charles-quint, & ayant oui parler de Venezuela, comme d'un paysabondant en or, le lui demanderent en payement, & l'obtinrent, à condition de l'établir & de le peupler. Ils y envoyerent deux officiers, qui arriverent à Cozo au commencement de 1529; mais au lieu de faire un établissemsnt, ils commirent des cruautés inouies, & périrent de fatiques dans l'année même, en cherchant de l'or. La nouvelle en étant venue à l'isle Espagnole, l'audience royale de faint Domingue fit prendre poffeffion de la province de Venezuela, par Jeande Carrajal, qui ne se comporta pas mieux que n'avoient fait les deux officiers Allemands; l'audience royale lui fit son procès, & il eut la tête coupée. Cette province est terminée à l'ouest par le cap de la Vela, & le gouvernement de Rio de la Hacha; & à l'orient par la riviere d'Unaza, qui est très-poiffonneuse. La terre y est communément fertile en grains, & en quelques endroits on y fait deux récoltes par an: on y trove aussi d'excellens pâturages. Elle a beaucoup de lions; mais qui ne font point méchans, un homme avec un chien leur donne aisément la chaffe; & des tigres qui font fort mauvais: il n'est point rare de les voir entrer dans une habitation, & y enlever un homme aussi aisément qu'un chat emporte une fouris. La capitale de la province est Maracaibo, ville firuée à l'entrée du lac de ce nom, & dans le fond du golfe de Venezuela. Voyez MARACAIBO. Ses autres Villes font Cozo, ou Venezuela, Gibraltar, sur le même lac; Turcillo, Varinas, d'où vient le meilleur tabac, Tucuyo, Xerez, Merida, Baraquicimato, Valencia, Poctillo de Caroza, Leon de Caraca, où est le fiége de l'évêché & San Sebastien de los Reyes: on trouve ces villes différemment nommées dans quelques auteurs. Voyez MARACAÏBO. Le golfe de Venezuela a environ 20. lieues d'ouverture au nord, entre le cap de S. Romain & celui de Coquibocoa; il communique avec le lac Macaïbo; mais la communication en est fort étroite, & fort dangereuse pour les raisons que j'ai dites, en parlant de Maracaibo. VENGADICIA, abbaye d'hommes, de l'ordre des Camaldules, dans le Polefin de Rovigo, au diocèse d'Adria. Elle a dix paroisses sous sa dépen dance. VENGAN, ville de la Chine, dans la province de Péking, au département de Xuntien, premiere métropole de la province. Elle est de o. d. plus orientale que Péking, sous les 39. d. 5'. de latitude septentrionale. * Atlas Sinenf. VENGEONS, bourg de France, dans la Nor mandie, au diocèse de Seez, élection de Mortain Ce bourg est bien peuplé. VENHI, ville de la Chine, dans la province de Channsi, au département de Pingyang, seconde métropole de la province. Elle est de 6. d. 16'. plus or cidentale que Péking, fous 36. d. 30'. de latitude septentrionale. VENICIUM. ville de l'isle de Corse: Ptolomée 1.3, c. 2, la marque dans les terres. : VENICNIUM PROMONTORIUM, promontoire de l'Hibernie; Ptolomée, 1. 2, c. 2, la marque sur la côte septentrionale de l'isle, entre le promontoire Boreum, & l'embouchure de la riviere Vidua. Ortelius dit que ce promontoire est appellé Ligra par Niger, & Rameshead, par Camden. VENIĆNII, peuples de l'Hibernie: Ptolomées 1.2, c. 2, dit qu'ils habitoient sur la côte occidentale. On croît que c'étoit une partie de Dunnegall. VENICONTES. Voyez TAIZALI. VENIDATES, peuples d'Italie, dans la Trans padane, selon Pline, 1. 3, c. 19. Un manuscrit confulté par Ortelius, au lieu de Venidates, portoit Nedinates. Le Pere Hardouin est pour cette derniere ortographe. L'ordre alphabétique qui se trouve observé par-là le détermine. VENIEZ, bourg de France, dans la Touraine; élection de Loudun. VENISE, ville d'Italie, la capitale des états des Vénitiens, sur le golfe auquel elle donne fon nom à une lieue de la terre ferme, à trente-trois de Ra venne, à cinquante de Milan, à quatre-vingt-sept de Rome, à quatre-vingt-quinze de Vienne en Autri che. Cette ville, l'une des plus riches & des plus puissantes de l'univers, a été d'abord très-peu de chose Elle doit sa naissance aux malheurs dont l'Italie fut affligée dans le cinquieme fiecle. Quelques familles de Padoue, voulant éviter la fureur des Gots, cher cherent un asyle au milieu des eaux, & allerent s'é tablir dans les isles des Lagunes, & commencerent à peupler celle de Rialto ou Rivalta. Les autres isles devinrent peu de temps après l'asyle de ceux qui so déroberent à la cruauté d'Attila, dans le sac d'Aqui lée, & de quelques autres villes des environs que ce prince, qui se disoit le fleau de Dieu, ruina de fond en comble. Ces pauvres gens bâtirent d'abord quel ques maisonnettes, qui furent, pour ainsi dire, les fondemens de cette superbe ville. De quelqu'endroit qu'on aborde å Venise, soit du côté de la terre-ferme, foit du côté de la mer, l'aspec en est toûjourségalement fingulier & majestueux. On en découvre cependant le plus bel endroit, lorqu'on arrive de Chiosa par les Lagunes. On commence à l'appercevoir de plus de dix milles de loin, comme f elle flottoit sur la surface de la mer, & environnée d'une forêt de mats de vaisseaux & de barques, qui laissent peu à peu distinguer les magnifiques bâtimens du palais & de la place faint Marc, & quelquesuns des beaux édifices, qui sont sur le grand canal que l'on voit à main gauche. * S. Disdier, Descr.de la ville & de la république de Venise, p. 13 & fuiv! Le plan de Venise a la figure d'un turbot: l'extrê mité orientale, où est l'arsenal, en représente la queue. Cette ville est toute bâtie fur pilotis, & a été fondée non-seulement dans les endroits où la mer pa rut au commencement découverte, mais encore où l'eau avoit beaucoup de profondeur, afin qu'en rap prochant par ce moyen un grand nombre de petites isles qui environnoient celle de Réalte, qui étoit la principale, & les joignant par des ponts, on pût en former le vaste corps de la ville, dont la grandeur la fituation & la majesté extérieure, jointes au grand nombre de ses habitans, au concours des étrangers & à la forme de son gouvernement, la font admirer de tout le monde. Sannazar fit autrefois ces fix vers qui donnent à Venise une si glorieuse préférence qu'on les y a gravés sur le marbre Videat Adriacis Venetam Neptunus in undis 1 Si Tiberrim Pelago confers, Urbem.aspice utramque. Illam homines dices, hanc pofuiffe Deos. On compte dans Venise environ cent quatre-vingt mille habitans; & quoiqu'elle foit ouverte de toutes tes parts, fans portes & fans murailles, n'ayant pour remparts que fes maisons & ses palais, sans fortifications, fans citadelle, & fans garnison, elle eit une des plus fortes villes de l'Europe. Quoique l'isle de la ZUEQUE foit entierement détachée de Venise, elle ne laisse pas d'en être une partie. Il semble que ce soit une grande demi-lune, & une contregardre, qui couvre plus de la moitié de la ville du côté du midi, en s'étendant depuis la hauzeur de la place de saint Marc, jusqu'à l'extrémité occidentale, laissant un canal de plus de trois cens pas de large. Cette isle étoit autrefois habitée par les Juifs, qui lui donnerent le nom de Judeque, & enfuite par corruption Zueque. Elle est d'une largeur égale par-tout d'environ trois cens pas; & du côté qui regarde la ville, elle a un quai fort spacieux, bordé de plusieurs églises magnifiques, & de quantité de belles maisons, qui ont des jardins fur le derriere. Comme cette isle est coupée par sept ou huit canaux qui la traversent, il y a autant de grands ponts qui en continuent le quai, d'où l'aspect de la ville n'est pas moins beau que celui de la Zueque du côté de la ville; & fi le moindre vent n'empêchoit les gondoles de traverser à toute heure en sûreté son grand canal, la Zueque feroit fans doute le plus agréable séjour de Venife. Un très-grand nombre de canaux, qui donnent de toutes parts entrée dans la ville, & la traversent de tous les sens, la divisent aussi en une si grande quantité d'isles, qu'il y a des maisons seules, qui ont de l'eau des quatre côtés. Delà vient qu'il n'y a point d'endroit à Venise où l'on ne puisse aborder en barque, comme il n'y en a guere où l'on ne puiffe aller à pied, par le moyen de près de cinq cens ponts, qui en donnent la communication; d'un grand nombre de petites rues, qui percent toute la ville, & de plu fieurs quais, dont la plupart des canaux font bordés. Presque tous les canaux, qui font au centre de la ville, font fort étroits, & n'ont aucun quai, parce que les premiers fondateurs de Venise ménagerent le terrein, n'ayant pas l'idée d'une aussi belle ville qu'elle eft devenue dans la fuite. Quelques-uns des autres canaux ont un seul quai, & d'autres en ont deux; mais ils font la plupart si peu larges, que deux personnes ont de la peine à passer de front. On en voit néanmoins de très-spacieux; mais ils n'ont ni appui, ni balustrades, & font coupés vis-à-vis de chaque maison par des marches qui descendent dans les canaux, afin de pouvoir commodément entrer dans les gondoles & en fortir. Par le moyen de ces fréquentes descentes, qu'on appelle des Rives, ces quais font si étrecis, que les passans font obligés, fur-tout pendant la nuit, de se ranger près des maifons, pour ne pas s'exposer à tomber dans l'eau. La profondeur des canaux est différente; mais lorsque par le flux l'eau est à sa plus grande hauteur, elle est dans la plupart de cinq à fix pieds, excepté dans le grand canal où la profondeur est très-considérable. Presque tous les ponts de Venise font de pierre & de brique, & fi délicatement bâtis, que l'arche n'a ordinnirement que huit pouces d'épaiffeur. Les bords & le milieu font faits de chaînes de pierre dure; & font affez élevés pour donner paffage aux gondoles & aux grandes barques, qui vont incessamment par les canaux. On y monte de chaque côté par quatre ou cinq marches faites d'une pierre blanche, qui approche de la nature du marbre, & qui, avec le temps, devient fi polie & fi gliffante, que pendant la pluie & la gelée, il est fort difficile de s'empêcher de tomber; & comme ces ponts n'ont point de garde-foux, la chûte n'est pas peu dangereuse; aussi les pierres font une des trois chofes, dont le proverbe Venitien avertit les étrangers de se donner de garde. Rien ne contribue davantage à la beauté de Venise que fon grand canal, qui, commençant près de la place de faint Marc, passe en ferpentant par le centre de la ville, & va fortir vers l'occident, vis-à-vis de Fucine, où la Brente entroit autrefois dans les Lagu nes; ce qui fait aisément juger que le grand canal a été anciennement le véritable cours de cette riviere, & que la partie de la ville où eit le pont de Rialte, étoit effectivement le principal port que les Padouans eussent dans les Lagunes. Ce canal a près de deux milles de longueur, & 50 ou 60 de largeur. Comme 'il fait plusieurs retours dans le milieu de la ville, on la traverse souvent trois fois pour aller en Gondole, par le chemin le plus court, d'un côté de la ville à l'autre. Il est bordé des plus beaux palais ; mais outre qu'il manque à sa beauté un quai qui continue d'un bout à l'autre, on voit parmi ces palais un si grand nombre de petites maisons, que cela diminue une bonne partie du bel effet que feroient ces magnifiques bâtimens. On voit, en plusieurs autres endroits de la ville, des maisons & des palais trèssuperbes; mais fans entrer dans leur détail, je me contenterai de dire que les façades de ceux de Cornaro, & de Grimani, qui sont sur le grand canal, peuvent servir de modele pour les édifices des plus grands princes. On en voit fur le grand canal, comme par-tout ailleurs, un très-grand nombre d'une architecture antique, dont les façades ornées de grands balcons de marbre, au premier & au second étage, font des marques évidentes de l'ancienne puissance de la république. L'eau du grand canal est toûjours belle, & toûjours claire, soit qu'elle foit haute, ou qu'elle foit baffe, parce qu elle a beaucoup de profondeur; aussi le courant dans le flux & le reflux n'y est guere moins grand que celui d'une riviere. Les galeres & les plus grandes barques chargées y trouvent affez de fond. Ce grand canal qui sépare Venise en deux parties, presque égales, n'a que le seul pont de Rialte qui se trouve au centre de la ville, dans le quartier qui lui donne fon nom. Ce pont n'avoit été que de bois jusqu'à l'annnée 1587, que la république, sous le doge Paschal Cigogne, le fit bâtir de pierre. Il est d'une seule arche, fi grande, qu'une galere, dont le mat est abaiffé, y peut passer les rames étendues. Les fondemens furent poses sur deux milles pilotis d'ormes, après avoir foutenu l'eau, & creuse seize pieds en terre pour rendre l'ouvrage plus folide. Le ceintre de l'arche n'est qu'une moyenne portion d'un grand cercle. On ne voulut pas l'élever à proportion du diamétre, afin de monter fur le pont avec moins d'incommodité; mais il est fort large, & tout báti de grandes pierres de taille dure comme le marbre. Il foutient sur ses deux penchans un rang de boutiques de chaque côté, & dont la charpente faite en berceau & couverte de plomb, fait un agréable effet. Il reste entre ce double rang de boutiques un passage affez large dans le milieu, où l'on monte par plufieurs marches jusqu'au haut, qui eft percé des deux côtés en forme d'un portique. On découvre de-là à droite & à gauche le grand canal, & on y trouve une entrée dans les deux corridors, qui regnent d'un bout à l'autre de chaque côté du pont derriere les deux rangs de boutiques. Une grosse balustrade, foutenue par une corniche, fait l'appui des deux corridors; & le tout est d'une architecture fort réguliere. Ce pont a coûté deux cens cinquante mille ducats. Pour la commodité de ceux qui veulent promptement paffer d'un côté de la ville à l'autre, on trouve en dix-huit ou vingt endroits différens dans toute la longueur du grand canal, des trajets établis; c'est-à-dire, plusieurs gondoliers, toûjours prêts à porter les paffans dans leurs gondoles d'un bord à l'autre. Il y a de semblables trajets dans plufieurs autres endroits de la ville, où faute de ponts, le détour feroit trop grand. Les gondoliers publics font obligés aussi de conduire les personnes qui entrent dans leurs gondoles, quelque part qu'elles veuillent aller. La taxe eft de quinze fols, monnoie du pays, par heure. Le terrein est si précieux à Venise, qu'il n'y a pas à s'étonner, fi presque toutes les rues y font si étroites, que dans la plupart des plus paffantes, on ne peut y tenir que deux personnes de front. Cependant comme elles sont toutes pavées de briques mises sur le côté, & qu'on n'y voit ni carrosses, ni chevaux, ni charettes, ni traîneaux, on y marche fort commodément. Les bouts de rues ont été tenues assez larges, & on a ménagé un grand nombre de petites places, outre celles que chaque église a devant son portail. Elles font pour la plupart affez vastes. Le besoin qu'on a d'eau douce a obligé de pratiquer toutes ces places, pour y faire au milieu de chacune une citerne publique, qu'on appelle improprement des puits; car elles ne se rempliffent que d'eau de pluye, qui se ramafse toutes dans des goutieres de pierre, qui font au haut des maisons, & quila jettent dans les éponges des citernes par des tuyaux qui font enchassés dans l'épaisseur des murailles. On assure cependant qu'on voit des sources d'eau vive dans quelques-uns de ces puits. Ceux qui veulent avoir de meilleure eau, en envoyent prendre de pleins bâteaux dans la Brente, & la font jetter dans ces citernes, où elle se purifie. La place de faint Marc est une des plus magnifiques de l'Europe, tant par fa grandeur, que par la somptuofité des bâtimens dont elle est environnée, & par le concours continuel de toutes fortes de nations. Cette place est faite en potence; ou bien ce font deux places différentes, dont la premiere, qui est la moins grande, est tournée vers le midi & regarde sur la mer; & elle fait, fans difficulté, le plus Bel aspect de Venise. La mer bat contre cette place dont la rive est bordée de grandes pierres de taille avec plusieurs marches. C'est sur ce quai que font dreffées deux fort hautes colonnes de marbre tout d'une piece, éloignées l'une de l'autre de plus de foixante pas. Sur celle qui est à main droite, on voit le lion ailé de faint Marc, fait de bronze; & fur l'autre, la statue de faint Théodore, premier patron de Venise. L'architecte qui éleva ces deux colonnes, après qu'elles eurent été fort long-temps fur cette rive, sans qu'aucun ingénieur eût ofé faire cette entreprise, démanda pour toute récompense à la république, qu'il fût permis de jouer à toutes fortes de jeux de hazard sur les marches qui environnent le piédestal de chaque colonne; ce qui lui fut accordé, avec une penfion honnête pour le reste de sa vie. Parmi une grande quantité de navires que l'on voit visà-vis de cette place, il y a toûjours une galere armée, ayant la proue entre les deux colonnes, & prête à défendre le palais dans quelque émotion populaire. Elle fert aussi à faire faire l'apprentissage aux forçats, dont on équippe les galeres de la république. Cette place eft fermée à main droite du côté de l'orient par le palais ducal de faint Marc; & du côté opposé par une aile des superbes procuraties neuves, qui n'ont à cet endroit qu'un étage terminé au-dessus par une balustrade, avec plusieurs statues. Ce magnifique bâtiment, qui est l'architecture de Samsouin, fait un retour à angle droit à main gauche, & fait voir une façade trois fois plus longue, & double en hauteur, fermant tout un côté de la grande place faint Marc. Un retour des mêmes procuraties, qui se joint au portail de la petite église de saint Geminien, en fait le fond; & l'ancien édifice des procuraties vieilles opposées aux neuves, continuant avec la même Lymétrie jusqu'à une fort belle horloge, qui a vûe sur la mer, & fur la premiere place, en fait le troisfieme côté; mais le portail de l'église de saint Marc, qui avance dans la place, plus que le palais auquel elle est contigue, & qui est opposé à celui de faint Geminien, fert de quatrieme côté & d'une agréable perspective à toute la place. Sous les deux ailes des procuraties neuves, regne un grand portique à arcades, foutenues par de grandes colonnes, & enrichies dans leurs ceintres & les angles d'ornemens & de bas reliefs d'une beauté finguliere. Les procuraties vieilles ont aussi un portique, le long de l'autre côté de la place; de forte qu'on en peut faire presque tout le tour à couvert. L'affluence du monde, & la diversité des marchandises qu'on étale dans les boutiques, qui sont sous ces portiques, ne contribuent pas peu à la beauté de la place, dans laquelle on voit vis-à-vis le portail de l'église de saint Marc, trois grands & ri ches piédestaux de bronze, sur lesquels son dreffés trois mats fort hauts, où l'on attache les anciens étendards de la république les jours de folemnité. On appelle Broglio à Venife, toutes les follicita tions qui se font pour venir à bout d'une affaire; mais ce nom se donne plus particulierement aux brigues que la noblesse Vénitienne fait pour obtenir les dignités; & on appelle aussi il Broglio, l'endroit où se font ces brigues. La premiere place de faint Marc eft comme divisée en trois parties par deux enfoncemens du pavé, qui forment comme deux ruisseaux. Lorsque les nobles s'assemblent le matin, ils occupent le portique, qui est sous le palais de faint Marc, & un tiers de la place du même côté ; & lorsqu'ils vont au Broglio l'après midi, ils se tiennent sous le portique de la premiere aile des procuraties neuves, & dans l'autre riers de la place, à cause que le premier côté est à couvert du soleil levant, & que l'autre l'est du soleil couchant. Pendant que les nobles font au Broglio, les deux tiers de la place demeurent libres pour toutes fortes de personnes qui sont-là pour affaires, ou seulement pour y contenter leur curiosité, sans se mêler parmi la noblesse. Ce n'est pas une des moindres curiofités de Venise, que de voir là dès le matin, dans la belle faison, un grand nombre de nobles Vénitiens se promener, s'entretenir, & de voir même les premiers Sénateurs se briguer quelquefois les fuffrages des derniers nobles, avec une foumission surprenante. L'après midi, les étrangers s'y rendent, les nouvellistes, les nobles, & une foule de divers autres personnes, qui s'amusent tous également à voir les bateleurs, les charlatans, les faiseurs de tours de paffe-paffe, & les arracheurs de dents, dont les harangues fur-tout divertissent extrêmement. & Le palais de saint Marc est un gros bâtiment carré, dont une des deux faces principales regarde sur la rive de la mer, & l'autre sur la premiere place, dont il vient d'être parlé. Elles font enrichies de deux portiques l'un sur l'autre, dont les colonnes & les arcades, travaillées à jour, font de marbre commun, d'un ordre d'architecture antique, mais riche. Le reste des murailles est tout uni; mais diverfifié en maniere de briques peintes, qui, par leur arrangement, composent de grandes lozanges de couleurs différentes jusqu'aux creneaux, qui font de pierre de taille tout d'une piece, & diversement figurés. La couverture est fort basse; mais elle est toute de plomb; & fi l'on confidere cet édifice de près, on y verra éclater de toutes parts la magnificence de la république. La troisieme face du palais, qui eft opposée à celle qui regarde sur la place, donne sur un petit canal. Elle est d'une architecture plus moderne, & depuis le fleur d'eau jusqu'à la hauteur de deux toises, elle est d'une pierre très-dure, taillée en pointe de diamant. On y arrive en gondole, & on y entre par fix grandes portes, dont les marches font couvertes d'eau; & tout le reste de cette face, qui eft d'une hauteur & d'une longueur extraordinaire, avec les deux longs balcons, qui font aux deux étages, eft fait de marbre commun, taillé en bas reliefs. La prin cipale porte est sur la place, dans le coin qui touche à l'église de saint Marc: elle est d'une architecture fort antique, ornée de plusieurs figures. Elle donne entrée dans un long portique, qui communique à main droite dans la cour, à gauche dans l'église de saint Marc, & dont l'extrémité aboutit à un escalier qui est à découvert. La cour est raisonnablement grande; trois corps de logis en font les trois côtés dont il est parlé; & le portique de l'entrée, qui soutient un seul étage magnifiquement bâti, & contigu à l'église, en fait le quatrieme côté. Tout autour de la cour, regne un fort large portique, dont les colonnes font de marbre, taillées à pans, & à panneaux enfoncés. Il soutient un second portique, qui est au premier étage de plein-pied à celui du dehors, qui regarde sur la place. Mais rien n'égale la beauté de la face du corps de logis qu'on voit en entrant du côté de la place, & qui répond à celui qui donne fur le canal. Ce bâtiment, moins ancien que le reste du palais, paroît avoir étéfait dansla plus grande opulence |