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des mieux confervés qui foient en France. C'eft un compartiment dans une bordure, dont les deux côtés s'élevent fous les chaifes des chanoines : le pavé forme un mélange de couleurs fort agréable, quoiqu'il ne foit pas délicatement travaillé: il eft appliqué fur un fond de ftuc très-dur. On croit que ce pavé n'eft pas plus ancien que l'églife que l'on voit aujourd'hui, & qui fut bâtie dans le onzième fiécle, tems auquel le goût des pavés à la mofaïque, qui avoit été perdu près de cinq cents ans, revint à la mode. On fit alors venir de Conftantinople des ouvriers pour travailler à ces fortes de pavés dans les églifes. Plufieurs en firent faire dans les falles de leurs maifons. On en découvrit un en 1713, à fix pieds de profondeur, dans la mai. fon d'un chanoine de cette églife. On en trouva, lorsqu'on creufa les fondemens des bâtimens du féminaire & des nouveaux bâtimens de l'archevêché, à une toife de profondeur. Il y a encore aujourd'hui de ces fortes d'appartemens bas dans les anciennes maifons du cloître de NotreDame. Ils fervent de céliers. Ebal, archevêque de Rheims, avoit orné fon palais d'une falle pavée à la molaïque. On a ruiné ce qui reftoit de mofaïque dans l'églife de l'abbaye de faint Pierre de Rheims, en 1690. On a brifé les veftiges d'antiquité, qui étoient dans le chœur de S. Simphorien, lorsqu'en 1709 on a fait conftruire un grand autel de marbre.

L'églife collégiale de faint Timothée eft auffi très-ancienne. Elle a été bâtie par Eusebe, disciple de S. Timothée & de faint Apollinaire, martyrs. Il y avoit autrefois dans cette églife une congrégation de clercs, qui y demeurerent jusqu'environ l'an 840, mait ayant été réduits à un feul prêtre, l'archevêque Adalbéron la donna en 977, à l'abbé de faint Remy, pour y recevoir les pauvres pélerins. On y mit peu de tems après des religieux bénédic tins, qui y ont été jusqu'en 1064, que Chervais, archevêque, y établit un college de douze chanoines, qui y font encore à préfent, & dont les prébendes font à la collation de l'abbé de S. Remy.

L'églife collégiale de fainte Balfamie ou fainte Nourrice, ainfi appellée parce qu'elle l'avoit été de S. Remy, a été fondée en 1180, par Guillaume de Champagne, archevêque, & par le chapitre de Notre-Dame. Les douze chanoines, qui compofent ce chapitre, font nommés par ce chapitre, font nommés par ceux de l'églife métropolitaine. Les trois autres chapitres du diocèfe de Rheims font à Mézieres, à Brux, à Mont

faucon.

Celui de faint Pierre de Mézieres, fut fondé en 1176, par Manafsès, fecond comte de Réthel, frere d'Albert, chanoine de Rheims, de Baudouin & d'Hugues, fon aîné, qui s'étoit fait moine à S. Remy, & par Guillaume de Champagne, archevêque de Rheims, pour douze chanoines & un doyen. Il eft dit dans l'acte de fondation, que ces chanoines porteront le même habit que les chanoines de l'églife de Rheims.

Le chapitre de Braux eft plus ancien. Il doit fon origine à Hincmar; Ebbon, fon prédéceffeur, avoit réparé l'églife dans laquelle il avoit transporté le corps de S. Vivant, archevêque, qu'il avoit tiré du cimetiere de S. Agricole. Flodoart dit qu'il y établit une communauté d'eccléfiaftiques. La légende de S. Vivant porte qu'il y transféra feulement le corps de ce faint; & qu'Hincmar, fon fucceffeur, l'enrichit par fes libéralités, & y fonda un chapitre de cha

noines.

Le chapitre de Montfaucon eft l'un des plus anciens du diocèfe de Rheims. Hincmar en fait mention dans une ordonnance fynodale de 874. On croit qu'originairement ce chapitre étoit occupé par des moines fondés par S. Balderic, vulgairement S. Brandry. Les chanoines font feigneurs de la ville, dans laquelle il y avoit un château que le roi Henri IV fit démolir.

Il y a dans Rheims cinq abbayes, trois d'hommes, & deux de filles. Les trois abbayes d'hommes font faint Remi, faint Nicaife, & faint Denis.

La principale eft celle de faint Remi, ordre de faint Be noît, congrégation de faint Maur. Le terrein qu'elle occupe étoit autrefois un grand cimetiere hors de la ville, dans le quel étoit une petite églife, fous l'invocation de S. Christophe, martyr. S. Remy y fut inhumé en 545. Le concours prodigieux des fidéles au tombeau du faint évêque, obligea d'agrandir cette églife; à quoi l'on employa la partie des fonds qu'il avoit reçus de Clovis, lorsqu'il l'avoit baptifé,

laquelle il avoit laiflé pour le lieu de fa fépulture. La reine Clotilde, veuve de Clovis, donna des fommes confidérables pour ce bâtiment; ce qui fit, que dans la fuite on a regardé Clovis, Clotilde & S. Remy, comme les premiers fondateurs de l'abbaye royale de S. Remy. D'abord il y cut des clercs établis dans cette églife. Enfuite il y eut des chanoines réguliers fous la conduite de Gebchard & d'Epiphane, qui furent qualifiés abbés. Le corps de S. Remy fut tiré de fon tombeau en 600, & transporté derriere l'autel de la nouvelle églife, qui fut confacrée fous le nom du faint évêque, par l'archevêque Sonnace, lequel avoit contribué beaucoup à la dépenfe du bâtiment. L'archevêque Tilpin ou Turpin, entreprit en 786 de rendre cette églife plus vafte & plus belle. Il étoit abbé des chanoines qu'il remplaça par des bénédictins, parce qu'il avoit été bénédictin lui-même. Les archevêques de Rheims, fes fucceffeurs, furent tous abbés de S. Remy, jusqu'en 945, que l'archevêque Hugue permit aux moines d'élire un abbé régulier; ce qui continua jusqu'en 1523, que l'abbaye fut mise en commende. Les augmentations, commencées par Tilpin, furent achevées fur le plan de ce prélat, fous l'épiscopat d'Hincmar, qui dédia de nouveau cette églife en 880. Tous les fucceffeurs de faint Remy ayant pris cet endroit en affection, y firent de grands biens, & presque tous le choifirent pour leur fépulture, jusqu'à Oldaric, trente-feptiéme archevêque, qui fut enterré dans la cathédrale en 969. En 1018, Airard, fixiéme abbé régulier de S. Remy, jetta les fondemens d'une nouvelle églife. Thierry, fon fucceffeur, en trouva le plan trop dispendieux. Il en fit un nouveau, fur lequel fut bâtie l'églife telle qu'elle eft aujourd'hui. Ce fut l'abbé Hincmar qui l'acheva. Le faint pape Léon IX, fe trouvant en France, en fit la dédicace en 1049. Après la dédicace du grand autel, il ordonna que fept prêtres, appellés cardinaux, auroient feuls droit d'y célébrer la melle, & défendit, fous peine d'excommunication, à tous autres prêtres de la dire à cet autel, à l'exception pourtant des chanoines de Rheims, qui pourroient l'y célébrer deux fois l'année feulement. Ce pape fut affitté, pour cette cérémonie, des archevêques de Rheims, de Tréves, de Lyon, de Befançon & de beaucoup d'autres prélats, qui compoferent enfuite au nombre de vingt évêques & de cinquante abbés, le concile que Léon IX tint dans le chœur de cette églife. On y voit fuspendue au milieu une couronne d'une prodigieuse grandeur, au-deffous de laquelle fe tint ce concile. Les quatre-vingt- feize cierges, que porte cette couronne, repréfentent les quatre-vingt-feize années de la vie de S. Remy. En 1162, Pierre de Celles, alors quinziéme abbé régulier, depuis évêque de Chartres, fit bâtir le rond-point de l'églife, le portail & les tours. En 1481, l'archevêque Robert de Lenoncourt, fit bâtir l'autre portail du côté du midi; unit à la manfe abbatiale le prieuré de Corbeni; auquel il donna une ferme appellée la cenfe du Hâtois; & fit préfent à l'églife d'une tapifferie repréfentant la vie de S. Remy. La façade du grand autel eft d'or, enrichie de pierreries. La pyramide, qui lui fert de retable, a trois étages. Dans le plus bas eft le corps de S. Gibrien, que renferme une châile d'argent doré. Dans l'étage du milieu eft la châffe de fainte Cilinie, mere de S. Remy, laquelle eft couverte de lames d'or. Dans l'étage d'en-haut un grand reliquaire renferme un bras, apporté dans cette églife en 1268. On dit qu'il est en chair & en os; & l'on en fait préfent à l'apôtre S. Philippe. Entre le fanctuaire & le chœur, eft un candélabre de cuivre à fept branches, d'une hauteur étonnante, & d'un travail admirable. Derriere le grand autel, eft le magnifique tombeau que le cardinal de Lenoncour fit ériger en 1533, à la gloire de S. Remy, dont le corps est tout entier dans une chaffe d'argent longue de fept pieds & demi, & de même forme que le tombeau qui la renferme. Ce tombeau de marbre blanc, dont la longueur & la hauteur font de vingt pieds, eft le plus beau qui foit en France. Deux colonnes de porphire d'ordre compofite, forment les deux côtés de l'ouverture du tombeau, laquelle eft ornée d'un grand nombre de perles, d'émeraudes, de rubis, de turquoifes & d'autres pierres précieuses. La fainte ampoule, qui contient l'huile avec laquelle on facre les rois de France, eft gardée à l'entrée du tombeau, dans un reliquaire d'or ou d'argent doré, couvert de pierres précicules. Dans le même endroit eft un bâton revêtu d'or,

qui

qui fut envoyé, dit-on, par le pape Hormisdas, à faint dent réciproquement les derniers devoirs ; & ils affiftent en
Remy, lorsqu'il le créa légat apoftolique. Autour du tom- corps aux fervices des défunts. L'archimonaftère de faint
beau dans des niches féparées les unes des autres, par des Remy eft encore affocié avec de très-célébres & anciennes
colonnes de jaspe, font les ftatues de marbre des douze pairs églifes & monaftères, comme le chapitre de l'églife de
de France, de grandeur naturelle. Ils font revêtus des ha- Laon, l'abbaye de S. Denys en France, l'abbaye de fainé
bits qu'ils portent au facre des rois. Le premier eft celui Nicaife de Rheims; l'abbaye de S. Waft d'Arras, l'abbaye
de l'archevêque de Rheims, dont la fonction eft de les fa- de S. Benigne de Dijon, l'ordre entier de cîteaux, l'ab-
crer. Enfuite l'évêque, duc de Laon, tient la fainte am- baye de Clugny & l'abbaye de S. Remy de Sens. Foul-
poule; l'évêque, duc de Langres, le fceptre royal; l'évêques, archevêque de Rheims & abbé de S. Remy en 882,
que, comte de Beauvais, la cotte d'armes du roi; l'évê- fit reporter d'Orbais à Rheims, le corps de S. Remy, qui
que, comte de Châlons, l'anneau, & l'évêque, comte y avoit été transporté d'Epernai, où l'on l'avoit caché à
de Noyon, le baudrier. Le duc de Bourgogne porte la caufe des guerres. Il commença la table d'or du grand au-
couronne; le duc de Guiène, l'oriflamme; le duc de Nor- tel. Hervée, fon fucceffeur, fir en 900 reporter à faint
mandie, un autre étendart; le comte de Champagne, la Remy le corps de ce faint, que Foulques avoit fait mettre
banniere royale; le comte de Flandres l'épée, & le comte dans la cathérale; & il acheva la table d'or du grand autel.
de Toulouse les éperons. Au-deffous des niches font des En 1394, Jean Canard, abbé régulier, fit couvrir de
bas-reliefs d'argent doré, qui repréfentent la vie de faint plomb la charpente de l'églife & le petit clocher, & fit
Remy. La ftatue du faint eft dans une niche plus élevée que faire de la tapifferie pour le chœur. Pierre Claudi, abbé
les autres, à l'un des bouts du tombeau. Il eft représenté régulier en 1212, réforma ce monaftère, suivant les cons-
affis, auprès de lui, d'un côté, Clovis à genoux fur un titutions de Grégoire IX, qu'il avoit reçu dans fon abbaye
prie-Dieu, & de l'autre, Thierri, aumonier du prélat, te- en 1224. Charles, cardinal de Lorraine, archevêque de
nant la croix. Carloman, fils de Pepin le Bref, & frere de Rheims & abbé commendataire de S. Remy, donna en
Charlemagne, a sa sépulture au côté droit du tombeau de 1572, aux minimes, du confentement des religieux, le
S. Remi. Près des pilliers du chœur, aux deux côtés du prieuré de S. Côme, pour faire le couvent, qui eft au-
grand autel, font les tombeaux du roi Louis IV, dit d'Ou- jourd'hui proche de cette abbaye. On vendit en ce tems-
tremer, & du roi Lothaire, fon fils. Ces tombeaux font là les deux côtés du grand autel de l'abbaye, qui étoient
de pierres, & travaillés à l'antique. Les deux rois y font de vermeil doré, & plufieurs autres piéces précieuses,
représentés au naturel, affis fur des espéces de trônes, & pour payer la taxe impofée à caufe de la guerre contre
revêtus des ornemens royaux. Gerberie, femme de Louis les huguenots. Henri de Lorraine, archevêque de Rheims
d'Outremer, eft inhumée dans le milieu du chœur. A fes & abbé de S. Remy en 1622, donna à cette abbaye un
côtés, font enterrés Rognolde, comte de Rouffi & Albrus ornement complet de drap d'or, & y établit la réforme
de fa femme, fille de Louis d'Outremer & de cette reine. de la congrégation de S. Maur. Tous les rois de France
Au-deffous du candelabre eft le tombeau de Frédérune, prennent la qualité de fondateurs de cet archimonastère
l'une des femmes de Charles le Simple. Le cœur du car- dans toutes les lettres patentes, par lesquelles ils en confir-
dinal de Lenoncourt, eft au bas des marches du grand au- ment les priviléges. En 1668, on commença le rétabliffe-
tel. Dans le chœur, dans les côtés de la nef, dans les cha- ment des lieux réguliers, que les religieux ont continué
pelles & dans le cloître, font beaucoup d'autres tombeaux depuis, & à préfent ce couvent eft très magnifique. Tous
de perfonnes très confidérables. Le pavé du chœur eft un les lieux qui le compofent ont un air de grandeur, qui
chef d'œuvre de mofaïque. Le tréforier Widon ou Gui, le n'eft pas ordinaire. La bibliothéque eft fort éclairée, & la
fit faire en 1090. Il repréfente, en divers tableaux, des vue en eft très-agréable: elle eft remplie d'un grand
perfonnages & des animaux. Le tout eft en marbre de di- nombre de livres rares & curieux, & de plufieurs manus-
verfes couleurs, dont les différentes parties font fi bien crits.
jointes & fi bien maftiquées, que l'ouvrage paroît fait au
pinceau. Le fonds eft jaune, & les différents marbres em-
ployés dans la compofition du deffein, font de couleur na
turelle ou teints, & émaillés à la mofaïque. Les plus gros
morceaux n'excedent pas la grandeur de l'ongle. Le fonds
eft interrompu par quelques tombes de marbre blanc ou
noir; & par quelques pièces rondes de jafpe, les unes de
couleur de pourpre, les autres ondées de diverfes cou-
leurs, lesquelles font enchâffées dans des compartimens de
mofaïque. L'églife eft belle & grande; mais obfcure, &
bâtie à l'antique. Elle a néanmoins un air de grandeur.
Elle eft bien ornée, & fon tréfor, qui mérite d'être vu,
renferme quantité de précieuses reliques, parmi lesquel-
les, cependant, il y en a quelques-unes qu'on a bien de la
peine à croire véritables. Tel eft le fang qui coula du côté
de notre Seigneur fur la croix. Tels font auffi les cheveux
de la Vierge. L'abbaye de S. Remy porte le nom d'Archi-
monaftère, que les papes lui ont donné, non feulement à
cause du grand nombre de monaftères qui font fous fa dé-
pendance, mais encore à caufe de l'union étroite qu'elle a
cue, pendant plufieurs fiécles, avec l'archevêque & le
chapitre de l'églife de Rheims. L'abbé de S. Remy a droit
d'officier pontificalement, & de conférer les ordres mi-
neurs. Quoique l'union des deux titres d'archevêque de
Rheims & d'abbé de S. Remy, ne foit plus perpétuelle,
cet abbé a confervé le droit de précéder tous les autres
abbés de la province, de préfenter le nouvel archevêque
au chapitre de la métropolitaine, & de porter la fainte
ampoule au facre des rois. En l'abfence de l'abbé, les
religieux jouiffent des mêmes prérogatives. Dans les céré-
monies publiques, où le chapitre & les religieux fe trou-
vent enfemble, ceux-ci tiennent la gauche, & le chapitre
la droite; & les officiers de l'autel & du choeur des deux
églifes fe mêlent enfemble à certains jours. La fociété de
ces deux églifes eft aufli ancienne que le monastère. Elle
s'étend fur le fpirituel & fur le temporel, & leurs biens
font comme confondus, tant dedans le royaume que de
hors. A la mort des chanoines & des religieux, ils fe ren-

La feconde abbaye eft celle de S. Nicaife, dont l'églife, autrefois dédiée aux faints martyrs Vital & Agricole, fut bâtie, à ce que l'on croit, par Jovinus. Ce Gaulois, natif de Rheims, fut maître de la milice de l'Empire, & conful. Il mourut en 370, & fut inhumé dans cette églife. On y voit fon tombeau, qui paffe pour un des plus beaux ouvrages de ces tems-là. C'eft une feule pièce de marbre de huit pieds & demi de long, de quatre & demi de large & de trois & demi de haut. Il eft orné d'une chaffe repréfentée en relief. On voit deux grands feigneurs, dont le plus jeune perce d'un javelot un lion, qui paroît dans l'attitude de mettre en piéce un chaffeur, qu'il tient renversé par terre. Il y a huit ou neuf autres figures de chafleurs

à

pied, & l'on voit près d'un chêne un grand fanglier, la tête & le col d'un cerf, avec un daim, qui paroît être aux abois. Cette églife fut rebâtie en 1230, & dédiée à S. Nicaife. Elle paffe pour un chef-d'œuvre d'architecture. On y remarque une fingularité, qui n'a peut-être point d'exemple, & dont il eft difficile de rendre raifon. Un des gros piliers ou arcboutans tremble à vue d'œil au fon d'une certaine cloche. Il ne tremble que lorsque cette cloche fonne, foit feule, foit avec les trois autres qui font dans le même clocher, & ne tremble pas lorsque les autres fonnent fans elle. Gervais, archevêque de Rheims, ayant fait rebâtir cette église en 1056, comme on la voit aujourd'hui, la dédia fous l'invocation de S. Nicaife, & y mit des bénédictins en 1065. D'autres difent que ce fut en 1230, qu'elle fut rebâtie. Quoi qu'il en foit, ces religieux eurent des abbés réguliers jusqu'en 1530, que l'abbaye fut donnée en commende. Les chanoines de la fainte Chapelle de Paris la poffedent depuis 1641, qu'elle leur fut donnée en échange des revenus de la régale, dont ils jouiffoient auparavant, Les religieux ont depuis quelques années fait faire de très-beaux bâtimens, & l'on y remarque un escalier d'une architecture des plus hardies. La bibliothéque a une très-belle vue. Le tréfor renferme des richelles & des reliques précieuses, parmi lesquelles on auroit pu fe dis penfer de mettre une prétendue pantoufle de la vierge.

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La troifiéme abbaye d'hommes eft celle de faint Denys, de l'ordre des chanoines réguliers de faint Augustin, bâtie par Hincmar, qui fut fait archevêque de Rheims en 845, & mourut en 882. Gervais, l'un de fes fucceffeurs, l'ayant fait augmenter, y établit des chanoines réguliers en 1067. Les abbés en furent électifs jusqu'au tems du concordat que l'abbaye tomba en commende. Les chanoines réguliers de faint Denys embrafferent en 1633 la reforme, & furent unis à la congrégation de France, dont le général eft l'abbé régulier, électif & triennal de fainte Geneviève de Paris. Les religieux ont fait élever depuis peu un grand autel de marbre, qui eft très-beau. Il eft fur le modèle de l'autel de l'églife cathédrale de Châlons. Les cloîtres font anciens; mais on y a fait des bâtimens qui font beaux & commodes, & les religieux font agréablement logés Le jardin ett grand & bien entretenu. L'églife, quoiqu'ancienne, a de la beauté.

Les deux abbayes de filles qui font à Rheims, font celles de faint Pierre & de faint Etienne.

L'abbaye de faint Pierre, dite de faint Pierre aux Nones, eft de l'ordre de faint Benoît. Elle fut fondée, felon quelques-uns, vers 600 ou 633 par S Balderic & fainte Bove fa fœur, & par fainte Dode leur niéce, du fang royal de France. D'autres attribuent cette fondation à Clotilde, époufe du roi Clovis. Cette abbaye a cinquante à foixante religieufes. Madanie de Béthune, l'une des dernieres abbelles, a fait rebâtir une partie de l'églife, qu'elle a ornée de marbre en beaucoup d'endroits, d'autels magnifiques & d'un très-beau tabernacle. Le chœur des religieufes a un air de grandeur. L'appartement de l'abbeffe peut paffer pour un palais, & il ne faut pas s'étonner fi elles ont eu fouvent des princeffes pour abbeffes. Tous les lieux réguliers font beaux & commodes, & on pourroit fans exagération donner à cette abbaye le titre de féminaire d'abbelles. Elle doit fa plus grande magnificence aux édifices que madame Renée de Lorraine y a fait faire dans le tems qu'elle en étoit abbeffe. Elle étoit niéce des cardinaux Charles & Louis de Lorraine, dont les cœurs repofent dans le chœur des religieufes, fous une colomne de marbre qu'elle avoit fait ériger. Le cœur du cardinal de Guife eft affez près de cette colomne. On garde dans cette abbaye les corps de fainte Bove, de fainte Dode & de faint Zénon martyr, & un grand reliquaire dans lequel il y a une portion de toutes les reliques qui font à la fainte chapelle de Paris.

L'abbaye de faint Etienne aux Nones, eft de l'ordre de faint Auguftin. Les religieufes de ce monaftere étoient cidevant à Soiffons; & elles vinrent s'établir à Rheims en 1617, en vertu de l'échange qu'elle firent de leur maifon de Soiffons, avec celles du prieuré du val des écoliers qui étoit à Rheims. Il y a dans cette abbaye quarante à cinquante religieufes. L'abbeffe a été élective jusqu'en 1654, que madame de Rambouillet en fut nommée abbelle, & inftalée par la reine Anne d'Autriche, lors du facre du roi Louis XIV.

Le féminaire de la ville de Rheims, où il y a ordinairement cent jeunes clercs, qui font à préfent inftruits par des chanoines réguliers de congrégation de fainte Gecongrégation de fainte Geneviève, eft fort grand. Il fut établi par le cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Rheims en 1594, & rebâti en l'état qu'il eft aujourd'hui par M. le Tellier, archevêque en 1678.

Les jéfuites avoient à Rheims un fort beau collége, où ils furent reçus en 1606. C'étoit auparavant un prieuré, appellé faint Maurice, qui dépendoit de l'abbaye de Marmoûtier-lès-Tours. François Brûlard, abbé de la Val-Roi, fils de Brûlard de Sillery, chancelier de France, contribua beaucoup par fes libéralités à bâtir ce collége. Les peres le reconnoiffent pour leur fondateur. Ils étoient au nombre de trente ou trente-cinq, & prenoient des penfionnaires.

L'églife de la commanderie de faint Antoine a été fondée pat faint Remy vers l'an 500, & dédiée à faint Martin, à faint Antoine & à tous les confeffeurs, avec treize prébendes pour treize pauvres, à chacun desquels on donnoit tous les jours un pain & quelque argent pour les nourrit & entretenir; ce qui ayant duré jusqu'à l'année 1200, Guillaume, archevêque de Rheims, pour réformer les abus qui s'y commettoient, augmenta en 1201 cette fondation, & y établit un hôtel pour les pauvres malades,

dont l'adminiftration fut donnée aux maîtres & freres de faint Antoine, fous l'autorité de l'archevêque. On recevoit dans cet hôpital, les perfonnes attaquées de la maladie, dite du feu faint Antoine, qui étoit fort fréquente en ce tems la. Ce mal s'étant entierement éteint, & n'y ayant plus de malades en cet hôpital, le roi en 1676, en a réuni tous les revenus à l'hôtel des invalides de Paris, pour les pauvres officiers & foldats eftropiés & hors d'état de fervir; & il a laiffé pour entretenir fix religieux, deux mille livres de rente.

L'églife de la commanderie de l'ordre de faint Jean de Jerufalem a été auffi bâtie par faint Remy. Ce n'étoit alors qu'une chapelle, qui fut rebâtie & augmentée vers 1040 par Conftans, doyen de l'églife de Rheims, qui y fonda quelques prébendes & y établit des chanoines. Henri de France, archevêque de Rheims, donna cette églife aux Templiers en 1173, & après que cet ordre fut aboli, elle fut donnée aux chevaliers de l'ordre de faint Jean de Jerufalem. Elle appartient aux freres fervans d'armes. Le feu commandeur Bellot a fait réparer & orner l'églife, qui eft fort ancienne; & rétablir tous les bâtimens. On y voit des appartemens fort réguliers & de bon goût.

Il y a encore à Rheims un monaftere de religieufes cordelieres, dite de fainte Claire, qui y furent érables durant la vie même de cette fainte, qui leur dona la premiere fupérieure à la priere de l'archevêque de Khams, & par l'entremife de faint François d'Affife. Les religieufes élifent entr'elles pour trois ans leur fupérieure, qui porte le titre d'abbeffe, & qui peut être continuée encore pour trois autres années feulement. Elles font au nombre de

quarante.

Il y a encore un autre monaftere de filles de l'ordre de Fontevrault, appellé Longueau, parce qu'elles étoient autrefois au prieuré de Longueau, à une lieue de Châtillon fur Marne, fondé par Thibault II, du nom, comte de Champagne, qui leur accorda leur chauffage dans l'une de fes forêts. Ces religieufes s'établirent à Rheims vers 1630. Les lettres-patentes qui confirment leurs priviléges & leur établiffement font du mois de feptembre 1641, regiltrées le 14 janvier 1642. Elles font trente-cinq à quarante religieufes. Elles ont fait faire un autel, qui eft d'un deffein particulier. Il eft de marbre, fait en rotonde, avec des figures femblables à celles qui font à l'autel du val de grace à Paris. Ce grand autel eft accompagné de deux autels de marbre, ce qui donne à cette églife un air de diftinction.

Les carmelites furent établies à Rheims par ordre de la reine mere, Anne d'Autriche, qui les amena de Paris. Elles font environ trente religieufes. Elles avoient obtenu des lettres-Patentes dès le mois de janvier 1633. Il y eut plufieurs oppofitions à leur établissement, qui se fit enfin le 20 Juin 1640.

Il y a encore une maifon de religieufes de la congrégation, établie en 1636. Elles ont été tirées de Laon. Elles font au nombre de trente ou quarante; & fe font engagées par un traité fai tavec la ville le 9 juin 1637, que du nombre des filles du chœur, il y en auroit toujours dix originaires de Rheims, qui ne donneroient chacune pour leur dot que trois mille livres.

Il y a outre cela à Rheims un couvent d'auguftins, un de carmes, un de dominicains, un de cordeliers, un de capucins & un de minimes.

Les auguftins fuccederent en 1320, fous l'épiscopat de Robert de Courtenay, aux freres de la pénitence du fac, qui occupoient d'abord ce couvent. Ce lieu s'appelloit an ciennement la place aux Anches. Il y avoit en cet endroit une chapelle dédiée à faint Michel & aux faint Anges; & du nom d'anges s'eft formé celui d'anche.

Les carmes avoient été reçus à Rheims dès l'an 1292, ils furent cependant obligés de fe retirer. Les habits qu'ils portoient d'abord étoient barrés de bleu & de noir. De-là vient le nom qu'ils portoient, de Freres Barrés ou Freres Pies. Ils rentrerent à Rheims au mois de feptembre 1325, fous l'archevêque Guillaume de Trye, cardinal & oncle de Philippe de Valois.

Les dominicains ou jacobins font établis à Rheims dès 1220, tems auquel Guillaume de Joinville en étoit archevêque. Ils s'établirent d'abord à l'endroit où eft aujourd'hui l'abbaye de faint Etienne dans la rue neuve. Il refte encore dans le cloître de ces religieufes un bas - relief, où l'on voit des dominicains à genoux au pied d'une image

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de la fainte Vierge, En 1250, ils quitterent leur premiere maifon, où Nicolas de Sailli, doyen de Rheims, placa des religieux du val des écoliers; & les dominicains bâtirent à l'endroit où il font encore aujourd'hui.

Les cordeliers furent reçus à Rheims presque en même tems que les dominicains, fous l'épiscopat de Guillaume de Joinville. Ils logerent d'abord vers la porte de Mars. On leur donna enfuite le terrein qu'ils occupent encore aujourd'hui. En 1440, leur couvent fut brulé avec tous leurs titres & manuscrits. On voit dans le cloître un basrelief du neuviéme fiécle, où un apothicaire s'eft avifé quatre cents ans après de faire ajouter fon épitaphe en lettres émaillées.

Les capucins furent établis à Rheims en 1612, quoiqu'admis dès l'an 1593. Charles de Gonzague, duc de Nevers & gouverneur de Champagne, aflembla pour cet effet le 14 de juin, les bourgeois, qui reçurent ces petes; & Louis de Lorraine, alors archévêque, leur donna un grand espace dans fon jardin, où ils bâtirent leur couvent, qui fut achevé en 1620.

Les minimes ont fuccédé au chapitre de faint Côme & faint Damien, dont l'églife fubfiftoit des le tems d'Hincmar. Ils fe retirerent à Rheims en 1569, après que les calviniftes eurent détruit leur couvent de Bracancour, dans le diocèfe de Langres. Antoinette de Bourbon, mere du cardinal Charles de Lorraine, les protégeant; ce prélat les fit admettre à Rheims en 1572, ce qui fut con firmé par lettres-patentes de l'an 1596.

Il y a encore à Rheims trois grands & magnifiques hôpitaux. Le premier eft pour les pauvres malades. Le fecond fert à renfermer les pauvres mendians; & le troi fiéme eft pour les pauvres incurables. Un quatrième hôpital moins confidérable eft pour les pauvres or felins; & la maifon appellée Magneux, est destinée à de pauvres filles, ausquelles on apprend à faire toutes fortes d'ouvrages con venables à leur fexe.* Longuerue, Descrip. de la France, p. 44. Baugier, Mémoires de Champagne, t. 1, p. 291. 1. RHEINAU ou RHINAW, petite ville de Suiffe, dans le Thourgaw, fur la rive gauche du Rhin, aux confins du canton de Zurich, en latin Augia - Rheni. Elle est située à une lieue & demie au-deffous de Schaffhoufe, dans un endroit où le Rhin fait tant de tours, & va tellement ferpentant, qu'il femble vouloir remonter vers fa fource. Ainfi la fituation de cette place eft avantageufe pour la fortifier, étant dans une presqu'ifle étroite, qui eft exactement enfermée du Rhin de trois côtés, & les deux cours du Rhin ne laiffant pour l'entrée de la presqu'ifle, qu'un ifthme ou paffage affez étroit, qui eft du côté de la Suiffe, & qu'on peut garder facilement. Auffi étoit-elle du tems des Romains l'une des places les plus fortes qu'ils euffent pour arrêter les courfes des Allemands. On voit encore de vieilles murailles, qui font les marques & les reftes de fon ancienne grandeur. Elle embrafla la réformation en 1529, mais en 1599 l'abbé voulut y rétablir la religion catholique. Il bâtit une facriftie & une chapelle mortuaire, à côté du chœur par dedans. Enfuite il fit fermer le chœur d'une grille, & y pofa trois autels, nonobftant toutes les remontrances, & les oppofitions des feigneurs de Zurich. Cinq ans après il fit commandement à tous les habitans de Rhi naw de quitter leur religion pour embraffer la fienne, ou de vuider le bourg, dans le terme d'un an; quoique les cantons défintéreffés, & même les intéreffés de l'une & de l'autre religion cuflent confenti que cette églife fut laiffée pour l'ufage des catholiques, & qu'ils euffent ordonné que les réformés en bâtiroient une autre à leurs dépens; cette affaire agita beaucoup les esprits, jusqu'en 1613, que les cantons catholiques convinrent avec Zurich, que l'églife feroit agrandie, & qu'on y feroit une muraille mitoyenne, pour la partager enfemble avec le cimetiere. Les feigneurs de Zurich avoient fait arrêter tous les revenus que l'abbé avoit dans leur canton. L'abbé eft feigneur de la ville mais il n'en eft pas fouverain. La haute juftice criminelle eft exercée par le prévôt de Thourgaw, & les confiscation des biens des coupables appartient aux fept anciens cantons. Les habitans de Rheinau ont leur drapeau particulier, fous lequel ils vont à la guerre pour les cantons, & non pour l'abbé, qui n'a que la feigneurie utile de la ville. Cet abbé eft de l'Empire, & vaffal de la maifon d'Autriche.* Etat & Délices de la Suiffe,t. 3, p. 166. Longuerue, Descr. de la France, part. 2, p. 293.

2. RHEINAU ou RHINAW, abbaye de Suiffe, dans le Thourgaw, près de la ville de Rheinau. C'eft un ancien monaftère de bénédictins, bâti fur une petite ifle, que fait le Rhin cette abbaye fut fondée environ l'an 800; elle a pour patron faint Findanus Irlandois, qui fut un des premier moines du lieu. On paffe de la ville dans le couvent fur un beau pont de pierre. L'abbé a haute & balle jurisdiction fur le bourg, pour les affaires civiles & criminelles; mais comme l'églife ne répand janiais le fang, il remet le criminel entre les mains du bailli du pays, pour en faire l'exécution, & les biens confisqués appartiennent aux cantons. Voyez l'article précédent. * Etat & Dél. de la Suiffe, t. 3, p. 167.

3. RHEINAU ou RHINGAW, bourg d'Allemagne, dans ́ l'évêché de Strafbourg. Quelques-uns lui donnent le titre de ville; il eft fitué près de l'endroit où l'Ischer tombe. dans le Rhin. * Zeyler, Topogr. Alfatiæ.

RHEINBERG ou BERCK, ville d'Allemagne, fur le Rhin, à huit milles de Cologne, du côté du midi, près de Budberg, entre Orfoy & Burick, au voisinage du comté de Mours. Elle eft grande, avantageufement fituée, & bien fortifiée. Čomme elle est la derniere place de l'électorat de Cologne, elle a été fouvent prife & reprife. Henri Frédéric, prince d'Orange, la prit par accord pour les Etas généraux des Provinces-unies, qui la réftituerent enfuite. En dernier lieu elle fe rendit au r de Pruffe en 1703, après avoir été quelque tems bloquée. Mais en 1714, le traité de paix la fit retourner fous la puiffance de fon ancien maître. * Zeyler, Topogr. Elect. Colon. Hubner, Geogr.

1. RHEINECK, RHINEGG, ville de Suiffe, & la capitale du Rheinthal. Elle eft bâtie au nord du Rhin, à l'en-. droit où ce fleuve fe jette dans le lac de Conftance; fituation très-avantageufe pour le commerce de l'Italie avec l'Allemagne. Il y a un fort château, où demeure le bailli du pays envoyé de la part des cantons. * Etat & Dél. de la Suiffe, t. 3, p. 182.

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2. RHEINECK ou RHINECK, petite ville d'Allemagne, dans l'archevêché de Cologne, fituée entre Brifach & Andernach, fur le bord du Rhin : les archevêques de Cologne ont voulu fe faifir de la ville & feigneurie de Rheineck; mais il perdirent leur procès à la chambre de l'Empire, qui les adjugea le 30 de janvier, l'an 1967, au feigneur de Warfberg.* Zeyler, Topogr. Elector. Colon.

P. 53.

RHEINFELDEN, ville d'Allemagne, & la quatrième des villes Foreftieres du Rhin. Elle eft fituée à la gauche du fleuve, à un mille de Sickingen. Ce n'étoit autrefois qu'un château; mais préfentement, c'eft la plus belle & la mieux fortifiée de ces quatre villes. Elle a un beau pont fur le Rhin. La famille des Truchfefs, de Rheinfelde, en porte le nom. L'empereur engagea cette ville à la maifon d'Autriche, avec réserve de fes priviléges. Mais les Autrichiens voulant s'en rendre entierement maîtres, cette ville fit une alliance avec les Bâlois, & ruina entierement en 1646 le château qui étoit fur une roche dans le Rhin. Cette roche eft encore, jusqu'à cette heure, nommée la Pierre de Rheinfelden: on la voit au bout du pont. En 1448 cette ville fut prife par ftratagême, & affujettie à la maison d'Autriche, & les guerres d'Allemagne l'ont fait fouvent changer de maître, & beaucoup fouffrir. En 1638, il y eut près de cette ville deux actions, dans l'une desquelles le duc de Rohan fut bleffé à mort, & alla mourir le 13 d'avril à Konigsfeld, au canton de Berne. En 1744 les François prirent cette ville, & renverferent le fort de Bourftall, fitué dans une ifle du Rhin, qui la dé

fendoit.

RHEINFELS, château d'Allemagne, dans le Hunsruck, fur un rocher, près du Rhin, entre Bingen au midi, & Coblentz au feptentrion. Ce château fut bâti en 1245, & le landgrave Erneft de Helle-Caffel le fit fortifier fur la fin du dernier fiécle. Voyez S. GOWER. * Zeyler, Topog. Palatin. infer. Rheni, p. 65.

RHEINHAUSEN, bourg d'Allemagne dans l'évêché de Spire, à un demi-mille de la ville de Spire. Il y a une porte impériale.* Dict. geogr. des Pays-i -Bas.

RHEINLAND, Rhenolandia. On nomme ainfi cette partie de la Sud-Hollande, qui s'étend affez loin des deux cô. tés du Rhin, fur-tout du côté du nord, & dont Leide eft la ville capitale. On n'y trouve qu'une autre ville confidéra

ble, qui eft Harlem. Ce pays s'étend en longueur, du nord au fud, depuis le Kennemerland & I'Ye, jusqu'à Delfeland & au Schieland; & fa largeur fe prend depuis l'océan germanique, ou la mer du nord, qui le baigne à l'occident, jusqu'à l'Amfteland, & jusqu'aux terres de la feigneurie d'Utrecht, qui le bornent à l'orient.* Nic. Wischer, Carte du Rheinland.

RHEINSBURG. Voyez REINSBURGH. RHEINTHAL, (LE) c'eft-à-dire le VAL DU RHIN, eft une vallée de la Suifle, au bord occidental du Rhin. Elle eft longue d'environ fix lieues de chemin, mais étroite, & s'étend depuis la baronnie de Sax, jusqu'au lac de Constance, étant bornée à l'oueft par le canton d'Appenzel. Le Rheinthal eft partagé en deux parties générales, le HAUT & le BAS-RHEINTHAL. Il s'y trouve deux petites villes, quelques châteaux, & plufieurs villages. Les villes font Altftetten dans le haut Rheinthal & Rhyneck dans le bas. Les villages font: Balgach, Marbach, S. Margretha, Oberriedt, &c. Ce petit pays eft fertile en bled & en vin; mais principalement en vin, & le rouge eft excellent. On y fait outre cela un commerce très-confidérable de lin & de toiles, que l'on envoye à S. Gall & en d'autres endroits. Il eft partagé en cinq communautés, qu'on appelle Haf, c'est-à-dire Cours. Ces communautés font Altftetten, Marbach, Bernang, Thal, (dont dépend la ville de Rhyneck) & Oberriedt. La fouveraineté de Rheinthal appartient à neuf cantons favoir aux huit anciens, & à celui d'Appenzell, qui y a été adinis en fe faifant canton. Ils y envoyent tour à tour un bailli qui réfide à Rhyneck, & qui eft en office pendant deux ans, afin que le tour de chaque canton vienne plus fouvent. Quant à la jurisdiction & aux autres droits feigneu riaux, l'abbé de Saint-Gall les partage avec ces cantons. Chacune des communautés que je viens de nommer, a deux chefs, ou ammans. Les cantons en choififfent un, & l'abbé choisit l'autre. Quand il s'agit de partager les amendes, l'abbé en tire la moitié, excepté à Altstetten, où elles fe partagent en trois parties, dont la ville en tire une. Outre cela, quoique le Rheinthal foit pour la plus grande partie de la religion réformée; l'abbé a le patronat des églifes réformées, qui font Altftetten, Marbach, Balgach, & faint Margretha. Ces églifes ont le droit de choisir leurs pafteurs; mais elles font obligées d'en élire deux, qu'elles préfentent à l'abbé, qui choifit celui qu'il veut. Elles prennent ordinairement leurs Pafteurs dans l'académie de Zurich. L'abbé de Saint-Gall a de très-grands revenus dans ce pays, & il a presque tous ceux du haut Rheinthal. Les princes d'Autriche, comtes du Tirol & de Breghence, s'emparerent du haut domaine du Rheinthal qu'ils laifferent aux comtes de Togge. Un de ces comtes engagea ce droit à Ulric Bejerer & à Henri fon frere. Jacques Bejerer fon frere & héritier, ayant différend avec ceux d'Appenzell, leur vendit le Rheinthal l'an 1460. Ils en jouirent feuls durant trente ans, jusqu'à l'an 1490. * Longuerue, Description de la France, part. 2, page 294. Ceux d'Appenzell, qui ne s'étoient pas encore alors cantonnés, accorderent la fouveraineté du Rheinthal aux cantons de Zurich, de Lucerne, d'Uri, de Suiffe, d'Underwald, de Zug, & de Glaris: & fe contenterent d'y avoir part comme les autres. Le canton de Berne a été par la paix d'Arau affocié aux autres cantons pour la feigneurie de Rheinthal, dont le bailli est établi par tous les cantons. *Etat & Délices de la Suisse, t. 3, p. 179. Longuerue, Desc. de la France, t. 2. p. 294.

RHEINWALD RHENANA VALLIS, grande vallée au pays des Grifons, dans la Ligue haute ou grife, fous la communauté de Schams. Cette vallée s'étend depuis celle de Schams au nord, jusqu'à la fource du haut Rhin. Il y a plufieurs bons villages, Suero, Splugen, Planura, Novena, &c. C'est là que le mont de l'oifeau, Vogelberg Colme dell'Ucello, ou faint Bernardin, eft couvert de glaces éternelles, ou glacieres de deux lieues de long, d'où fortent divers ruiffeaux, au-deffous d'un endroit fauvage ( qu'on nomme Paradis, apparemment par ironie.) Tous ces ruiffeaux fe jettent dans un lit profond, & forment le haut Rhin. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 4, page 29.

Ces montagnes, autour de la fource du Rhin, font fi ru des, & fi fauvages, qu'elles ne fervent qu'aux brebis, qu'on y mene d'Italie; car quand les grandes chaleurs ont grillé les pâturages en Italie, on mene quantité de troupeaux dans les Grifons, & cela vaut à ces peuples environ deux cents

mille écus par an. Les bergers Bergamasques, qui paiffent ces brebis, menent une vie fort rude, & fort groffiere. Leur nourriture ordinaire eft de la farine de mil, cuite à l'eau fans fel & fans beurre. Quelquefois, quand ils veulent faire bonne chère, ils mangent de quelque brebis, qui sera crevée, ou fe fera précipitée en bas des rochers. Leurs cabanes font des bâtimens de pièrrès, attachés à quelque ro cher uni, de huit ou dix pieds de long, de cinq ou fix de large, & de fix de haut, couvertes d'un toit transparent. Leur matelas eft un peu de vieux foin, leur oreiller quelque pierre, & leur couverture quelque vieille & groffiere houfle de cheval.

RHEINZABERN, village d'Allemagne, dans l'évêché de Spire, fur la riviere d'Hunerbach, environ à une licue du Rhin. Voyez SAVERNE.

RHEMAN ou REMAN, lieu fortifié, dans la Méfopotamie. Ammien Marcellin, l. 18, c. 10, dit que ce lieu appartenoit aux Romains. On croit que c'eft le même dont parle Ezechiel, cap. 27, v. 22, & que le texte hébreu appelle Raema, & la Vulgate Rema. Cependant il femble qu'Ezechiel mette Ræma ou Rema dans l'Arabie.

RHEMENI, peuples que Zofime, 1. 3, met au nombre des Perfes. Ortelius, Thefaur. dit qu'à la marge du livre on lifoit RHESENI.

RHEMI. Voyez RHEIMS.

RHEMNIA, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte, felon Pline, 1. 6, c. 29.

1. RHENE, ifle de la mer Egée, au voifinage de celle de Délos. Elle fe trouve auffi nommée Rhenia, Rhenea, Rhenis, Rhenius, Rhenea, & Celadufa. C'étoit le cimetiere des habitans de l'ifle de Délos; car il n'étoit par permis d'enterrer les morts dans une ifle facrée. Elle étoit déferte, & fi proche de Délos, que felon Thucydide, l. 3, p. 242, Polycrate, tyran de Samos, s'étant emparé de cette ifle, la joignit à celle de Délos, par le moyen d'une chaîne, & la confacra à Apollon Délien. Plutarque, in Nicia, en racontant la magnificence & la dévotion de Nicias dit; Avant lui les choeurs de mufique que les villes envoyoient à Délos pour chanter des hymnes & des cantiques à Apollon, arrivoient d'ordinaire avec beaucoup de défordre, parce que les habitans de l'ifle accourant fur le rivage au-devant du vailleau, n'attendoient pas qu'ils fuffent descendus à terre, mais pouffés par leur impatience, ils les preffoient de chanter en débarquant. De forte que ces pauvres muficiens étoient forcés de chanter dans le tems même qu'ils fe couronnoient de leurs chapeaux de fleurs, & qu'ils prenoient leurs habits de cérémonie, ce qui ne pouvoit fe faire qu'avec beaucoup d'indécence & de confufion. Quand Nicias eut l'honneur de conduire cette pompe facrée,appellée Théorie,il fe garda bien d'aller aborder à Délos; mais pour éviter cet inconvénient, il alla descendre dans l'ifle de Rhene, ayant avec lui fon chœur de muficiens, les victimes pour le facrifice, & tous les autres préparatifs pour la fête. Sur-tout il avoit amené un pont, qu'il avoit eu la précaution de faire conftruire à Athènes, à la mefure de la largeur du canal qui fépare l'ifle de Rhene de celle de Délos.Ce pont étoit d'une magnificence extraordinaire, orné de dorures, de beaux tableaux & de riches tapifferies. Nicias le fit jetter la nuit fur le canal, & le lendemain au point du jour, il fit paffer toute la proceffion & fes muficiens fuperbement parés, qui en marchant en bel ordre & avec décence, rempliffoient l'air de leurs cantiques. Dans cette belle ordonnance il arriva au temple d'Apollon, Strabon, l. 10, p. 686.

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Corneille, Dia. qui n'avoit confulté ni Thucydide ni Plutarque, dit que ce fut Nicais qui attacha l'ifle de Rhene à celle de Délos avec une chaîne. Il attribue auffi l'action de Polycrate à Nicias, & paffe fous filence le nom de Polycrate & la véritable action de Nicias.

2. RHENE, petite ville d'Allemagne, dans l'évêché de Munfter, fur la riviere d'Ems, à environ quatre milles de Lingen.

RHENEN, ville des Pays-Bas, dans la province d'U trecht, fur le Rhin, à quatre milles d'Utrecht, & à deux milles de Wickte-Duerftede. Cette ville eft très-ancienne, & ceinte de murailles & de bastions. Sur la tour de l'églife il y a une très-belle horloge, avec un carillon. * Zeyler, Top. Ultrajecti, & Seelandia, p. 149.

RHENI, peuples qui habitoient fur,le Rhin, felon Etienne le géographe, qui ne défigne pas davantage ces peuples. Pline, 14, c. 17, connoît aufli un peuple qu'il appelle

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