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RHENUS. Voyez RHIN.

RHENUS, riviere de la Flaminie, chez les Boïens, selon Pline, 1.3, c. 16, qui dans un autre endroit le nomme Rhenus Bononienfis. Silius Italicus, pour le diftinguer du Rhin qui a sa source chez les Grifons, lui donne l'épithete de Petit, 1. 16, V, 35, Parvique Bononia Rheni. Le nom moderne de cette riviere est RENO. Voyez ce mot.

RHERIGONIUS SINUS, golfe de la grande Bretagne, sur la côte septentrionale de l'isle. Ptolémée, 1. 8, le marque entre les promontoires Novantum & Epidium. La partie septentrionale de sa carte de l'isle d'Albion est si mal dirigée, qu'on ne fait quel golfe ce doit être aujourd'hui.

RHESALA, ville des peuples Umbrici, selon Etienne le géographe.

RHĖSAN, ville de l'empire Russien, sur la riviere d'Occa, & la capitale d'un duché, auquel elle donne son nom. C'étoit autrefois une fort belle ville; mais les Tartares de Crim la ruinerent, ainsi que tout le duché en 1568. Depuis ce tems, la considération de la fertilité du pays, qui s'étend depuis cette riviere jusqu'au retranchement qu'on a fait contre l'irruption des Tartares, , a été cause qu'on a rassemblé les habitans que l'invasion de ces barbares avoit dispersés. On fit porter les matériaux de Rhesan à huit lieues de-là, où fut bâtie la ville qu'on appelle encore aujourd'hui Pereslaw Refanski, parce qu'on y fit aller plusieurs habitans de la ville Pereslaw. Rhesan dans sa décadence n'a pas laitlé de se conserver l'honneur de la résidence de l'archevêque. * Olearius, Voyage de Moscovie & de Perse,

P. 273.

La PROVINCE DE RHESAN, qui a titre de duché, est située entre les rivieres de Don & d'Occa. Elle produit une très-grande quantité de bled, de mil, & de toute forte de venaison & de gibier. Ses rivieres sont abondantes en poisson. Quelques géographes ont dit que la province de Rhesan étoit située vers l'occident de la ville de Moscou, quoiqu'ils la placent entre le Don & l'Occa, mais vers le midi.

RHESAPHA, ville de Syrie, dans la Palmyrène, selon Ptolomée, 1. s, c. 1s, qui la place auprès de Cholle. Le manuscrit de la bibliothéque palatine lit RhaeSapha.

RHESCHIPHA, ville de la Mésopotamie: Ptolémée, 1.5, c. 18, dit qu'elle est sur le bord de l'Euphrate, entre Bethauna & Agamana.

RHESCYNTHIUS, montagne de la Thrace, felon Ortelius, Thefaur. qui cite Nicander, dont le scheliaste reconnoît une ville de même nom sur la montagne. Ce mont Rhescynthius avoit fait donner à Junon le surnom de Rhescynthia.

RHESENI. Voyez RHEMENI.

RHESINA, Ville qu'Etienne le géographe met au voisinage du fleuve Aboras. On voit par le concile d'Antioche qu'elle étoit dans la Mélopotamie. Ce pourroit être la ville Rhifina ou Rhasena de Ptolémée ; car ses interprétes lisent Rhefina.

RHESIUM, lien hors de la ville de Constantinople, selon Suidas. Procope, Edif. l. 1, c. 4, qui écrit Rherfium pour Rhefium, dit que l'église de saint Theodore étoit bâtie dans ce lieu à l'opposite de Constantinople.

RHESPERIA, ifle que Pline, 1.5, c. 31, met vers la côte de l'Ionie. RHESSA, village de l'Idumée. C'est Joseph, Ant. l. 14, 6. 25, qui en parle.

co, & le

RHESSIUM. Voyez RHESIUM. RHESUS. Voyez RHEBAS. RHETICO.Pomponius Mela, 1.3, c.3, dit que le RhetiTorus ou Taurus, sont les plus hautes montagnes que l'on connoiffe. Ortelius, Thefaur. qui cite Scudus, dit que Rhetico est une montagne de la Suisse, & qu'on la nomme Pretitgouwerberg.

RHETIGONIUM, ville de la grande Bretagne, selon Ptolémée, 1. 2, c. 3, qui la donne aux Novantes. Un manus

t

crit confulté par Ortelius, porte Piφιγόνων Rerigonium. Ce doit être la véritable ortographe; car cette ville étoit située sur le golfe Rerigonius.

RHEUCUS, montagne de l'Arcadie, selon Paufanias, cité par Ortelius.

RHEUNUS, village de l'Arcadie. Paufanias, 1.8, c. 23, dit que c'est au-dessus de ce village que se perdoit sous terre une riviere, qui reparoilloit au-dessous de ce même village, & prenoit le nom de Tragus.

RHIBII, peuples de Scythie: Ptolémée, 1.6, c. 14, les place en-deça de l'lmaüs, près du fleuve Oxus, & leur donne une ville nommée Dauaba.

RHIDACUS. Voyez ZIOBERIS.

RHIGIA, ville de l'Hibernie: elle est placée par Prolomée, 1.2, c.2, dans la partie orientale de l'isle, mais dans les terres, près de Rhaba. Le même auteur place dans le même quartier une autre ville qu'il nomme Rhigia-Altera, & il la marque entre Macolicum & Dunum. Mercator donne présentement à cette derniere le nom de Limburg, & Cambden veut que ce lieu soit appellé Reglis dans la vie de S. Patrice, & que ce soit ce qu'on appelle communément le purgatoire de S. Patrice. Un manuscrit consulté par Ortelius, porte Rhegia pour Rhigia, & le manuscrit de la bibliothéque palatine lit Regia.

RHIGITUM, ville de la Sabine. C'est Denys d'Halicarnasse, 1.5, qui parle de cette ville. Ses interprétes lisent Regillum. Voyez REGILLÆ.

RHIGODUNUM, ville de la grande Bretagne. Ptolomée, 1. 2, c.3, la donne aux Brigantes, & la place entre Ifurium & Olicana. Quelques-uns croient que c'est aujourd'hui Rippon. D'autres veulent que Rhigodunum soit la même ville que Bremetonacum d'Antonin. Voyez ce mot.

RHIGUSCÆ, peuples de la Rhétie. Ils habitoient du côté du midi, selon Ptolomée, l. 2, 6. 12. RHIMBERG. Voyez RHEINBERG. RHIMOSOLI, peuples de la Sarmatie asiatique, selon Pline, 1.6, c. 7. Le pere Hardouin lit Rhymosoli.

1. RHIN, (LE) Rhenus, fleuve d'Europe, qui sépare la France de l'Allemagne.

La description abbrégée que César fait, l. 4, c. 10, du cours de ce fleuve, n'est point exacte. Il n'en a pas connu les sources, qu'il place au pays des Lepontii, dans les Alpes, au lieu qu'elles sont dans celui des Rhett, les Grifons. Il dit qu'après un long espace ce fleuve court aux confins des Nantuates, peuples qu'il met ailleurs, avec raifon, sur le Rhône. En effet, les Nantuates, les Veragri & les Seduni étoient des peuples voisins & contigus, habitans des pays situés depuis les confins des Allobroges ou de la Savoye, le lac Leman ou de Genève, & le Rhône, jusqu'aux Alpes les plus hautes. Les Nantuates occupoient donc le Faussigny, avec une partie du Chablais. Les Seduni occupoient le haut Valois, font la capitale est Sion, & les Veragri occupoient le bas Valois, dont la capitale est Martigny. Tous ces pays sont fort loin du Rhin; mais quand César dit que ce fleuve passe par les confins des Helvétiens, il dit la vérité, comme il la dit encore lorsqu'il ajoute que le Rhin sépare le pays des Helvétiens de celui des Germains; & que lorsqu'il approche de l'océan, il se divise en plusieurs branches. Cefar n'est pas exact non plus, en plaçant sur le Rhin les Sequani, les Mediomatrici, les Tribocei & les Treveri, c'est-à-dire, les habitans des territoires de Besançon, de Metz, de Strasbourg & de Trèves. Surquoi Nicolas Sanson observe que, si ces peuples habitoient sur le bord du Rhin, les Tribocei, devoient être entre les Sequani & les Mediomatrici : mais qu'il est plus convenable de dire que les Sequani & les Mediomatrici seuls habitoient fur ce fleuve, avant que César vint dans les Gaules, & que l'on peut juger par ce qu'il en dit lui-même, que de son tems les Tribocei, ceux de Strasbourg, les Nemetes, ceux de Spire, les Vangiones, ceux de Worms & de Mayence, s'étoient rendus maîtres de la partie du Rhin, entre le pays des Rauraci, ceux de Bâle, que Céfar oublie de placer sur ce fleuve, & le pays des Treveri, ceux de Trèves, situés au confluent du Rhin & de la Meuse, vers Coblentz. Céfar, dans un autre endroit, met sur le Rhin les Condrufi, les Segni, les Carefi & les Pamani. Le même Nicolas Sanson prétend qu'il convient mieux de placer les Carefi & les Pamani, fur la Meufe; & que pour les Segni & les Condrufi, ils étoient sur le

1

Rhin, les premiers dans le duché de Juliers, les seconds dans l'archevêché de Cologne. Céfar met aussi sur le Rhin les Bataves: mais il dit en même tems que la Meuse ayant reçu la branche du Rhin, appellée le Vahal, forme l'ifle des Bataves; & que courant encore quatre-vingt mille pas, elle tombe dans le Rhin. Les Bataves habitoient réellement sur le Rhin: mais ce n'étoit pas la Meuse qui formoit l'isle des Bataves. C'étoit le Rhin lui-même, qui se partageoit en deux bras à l'orient de leur pays.

Le cours du Rhin est aujourd'hui mieux connu qu'il ne l'étoit du tems de César. Ce fleuve tire sa source ou plutôt Yes sources du pays des Grisons, dans la partie qu'on nomme la Ligue haute. Du mont Adula, qui occupe tout le pays nommé RHEINWALD, & qui s'étend fort avant dans Tous les pays d'alentour sous divers noms, coulent trois petites rivieres, dont l'une qui eft à l'occident, & fort du mont Crispalt, est appellée par les Allemands VORDERRHEIN, c'est-à-dire, le Rhin de devant, & par les François le BAS-RHIN. La seconde qui fort du mont SaintBarnabé Luckmanierberg, s'appelle le RHIN DU MILIEU, & la troifiéme qui sort du mont Saint-Bernardin, Vogelberg, est nommée par les Allemands HINDER-RHEIN, c'està-dire, le Rhin de derriere, & par les François le HAUTRHIN. Tout près delà, un peu à côté à l'oueft, on trouve les sources de quatre rivieres considérables, savoir dans le mont de la Fourche celle du Rhône, qui court droit à l'ouest; celle du Tesin, qui court au fud; celle du Reuss, qui prend son cours vers le nord, & celle de l'Aare, qui coule au nord-oueft.

isles entieres; en forme de nouvelles où il n'y en a point eu; change la figure des anciens bords, déracine des arbres, qu'il transporte dans le courant de la navigation, & change même souvent son lit, ce qui fait beaucoup de peine aux bateliers, parce qu'ils font obligés d'apprendre tous les ans le chemin qu'ils doivent tenir. En un mot, la navigation du Rhin est très difficile; car, outre ce que je viens de dire, l'on ne peut point établir un chemin le long des bords de ce fleuve, pour tirer les bateaux en remontant avec des chevaux, à cause de la quantité de coupures que font les bras qui forment les ifles, ce qui interrompt à tout moment la communication de l'un à l'autre. Ces difficultés font que l'on voit rarement arriver des marchandises de Francfort & de Bâle par les bateaux, les marchands aimant mieux payer plus cherement le port par terre, que de courir les risques de la navigation.

Ce fleuve roule de l'or dans son sable. Aussi-tôt que les débordemens font ceflés, les habitans des isles, ou ceux dont la demeure n'est pas éloignée du Rhin, s'occupent à ramasser cet or qui est très-fin; &, quoique cette occupation ne soit pas capable de les enrichir, elle ne laisse pas de contribuer beaucoup à la subsistance de ces pauvres gens. Ce sont les seigneurs souverains & limitrophes, qui leur afferment ce droit, comme auffi celui de la pêche du poisson, qui est abondant dans ce fleuve. Dans une certaine saison de l'année, on prend à Bâle des saumons, qui y montent de la mer, ce qui paroît surprenant, attendu le grand éloignement de l'océan.

Voici les noms des pays que ce fleuve traverse, & ceux des villes & des principaux lieux qu'il arrose. Dans le pays des GRISONS, Meyenfeld, à droite. Dans le RHEINTHAL, Rheinec, à gauche. Dans le CANTON DE SCHAFFHOUSE, Stein, d. Dieffenhufen, g. Schaffhouse, d. Reinaw, g.

Dans le CANTON DE ZURICH, Eglifaw, d.

Dans le TERRITOIRE DES VILLES FORESTIERES, Wals. dhut, d. Lauffenbourg, g. Seckingen, d. Rheinfelden, g.

Dans le PALATINAT DU RHIN, Hagensbach, g. Gemersheim, g. Philisbourg, d. Spire, g. Manheim, d. Worms, d. Stein, d. Gernsheim, d. Oppenheim, g.

Dans L'ARCHEVÊCHÉ DE MAYENCE, Mayence, g. El. fet, d. Estrich, d. Budelheim, d. Bingen, g. Dreyckause, g.

Dans le HUNSRUCH, Bacarach, g. Ober-Wezel, g. Rheinfels, g. Boppart, g. Pedernach, g. Capelle, g. Coblents, g.

Dans L'HERRIM, Caub, d. S. Goarshausen, d. Wel-
menach, d. Broubach, d. Ober-Lohnstein, d. Hermenstein, d.
Zoll-Engers, d. Harmestein, d. Huningen, d. Lintz, d.
Dans L'EYSSEL, Andernach, g.
Dans le CANTON DE BALE, Bale, g. le Petit-Bale, d.
Dans le SUNIGAW, Huningue, g.

Le BAS RHIN & le RHIN DU MILIEU, dont les sources font dans le Rheinwald, après avoir coulé quelques lieues Yéparément, se joignent auprès de Disentis, pour ne plus former qu'une branche. Le HAUT-RHIN tire sa source d'une glaciere, qui n'a pas sa pareille dans toute la Suifle, & qui s'étend deux lieues en longueur. De cette glaciere qui est au-dessus d'une montagne affreuse, nommée par ironie PARADIS, coulent quantité de ruisseaux qui tombent dans une espece d'abysme parmi des rochers, & forment une riviere, qui, courant circulairement, palle à Splugen, à Tusis, à Rhetzuns; &, au-dessous de ce dernier lieu, se jette dans l'autre branche du Rhin. Les deux branches réunies, coulent droit au nord, à travers le pays des Grifons; & ayant séparé le Rheintald d'avec le comté de Tyrol, elles se jettent dans le lac de Constance. Le Rhin en fort à Stein; &, prenant son cours à l'oueft, il lave les murailles de Dieffenhofen & de Schaffhouse. Delà tournant au fud, à une petite lieue de cette derniere ville, il paffe par des cataractes, qui forment près de Lauffen, une belle nape d'eau, laquelle tombe de la hauteur de cent ou de cent vingt pieds, avec un fi grand bruit, qu'on l'entend de demi-lieue de loin. An-dessus d'Egliseaw, il tourne encore à l'ouest, lave les quatre villes forestieres, Waldshut, Lauffenbourg, Seckingen & Rhinfelden; puis passe au milieu de Bâle. Après quoi, il quitte la Suille, prenant son cours droit au nord, & féparant d'abord le Suntgaw d'une partie du Brisgaw; la haute Alface de l'autre partie du Brisgaw, & d'une partie de l'Ortenau; la basse Alface de l'autre partie de l'Ortenau. Il entre ensuite dans le palatinat du Rhin qu'il traverse, ainsi que plusieurs états appartenans à différens princes de l'Empire; &, après avoir été forcé de se diviser près le fort de Skenk, en Dans le DUCHÉ DE CLÈVES, Duysbourg, d. Wezel, d. deux moitiés, dont l'une prend le nom de Wahal, il se Rées, d. Emmerick, d. Orsoy, g. Rheinberg, g. Santen, g. partage encore au dessus d'Arnheim, où une autre partie Griet, g. des eaux qui lui restent, entre dans un canal que Drufus fit dreffer autrefois & conduire proche du lieu que l'on appelle aujourd'hui Doefburg, pour faire communiquer en cet endroit-là les eaux du Rhin avec celle de l'Iffel, jusqu'à ce qu'elles foient effectivement tombées dans cette riviere. A fept ou huit keues au-dessous d'Arnheim, le Rhin se partage encore à la petite ville de Duerstede, où sa branche principale prend le nom de Leck, & la petite traîne encore celui de Rhin. Il passe à Utrecht, où il se divise pour la quatrième fois. Une partie prend le nom de Weck, & le ruilleau qu'on nomme toujours le Rhin, passe à Worden, & se perd dans deux ou trois canaux à deux lieues au-dessous de Leyde, sans pouvoir se porter jusqu'à la

mer.

Ce fleuve est très-rapide, fort profond, & fon fond est d'un gros gravier mêlé de cailloux. Il est fort bizarre dans fes débordemens, car pour lors il emporte souvent des

Dans le BRISGAW, Neuburg, d. Brisach, d. Burcken, d.
Schoneck, d.

Dans la HAUTE-ALSACE, Murckelsheim, g. Strasbourg, g.
Dans L'ORTENAW, Kell, d. Fort-Mutin, d.

Dans la BASSE-ALSACE, Fort-Louis, g. Romagen, g.
Bonn, g. Bruyll, g. Cologne, g. Nuys, g.

Dans le DUCHÉ DE BERG, Lulsdorft, d. Portz, d. Dnite, d. Mulheim, d. Duffeldorp, d. Keyserwert, d.

Dans la GUELDRE-HOLLANDOISE, Tolhuis, g. Arnheim, d. Dorewert, d. Wageningen, d.

Dans la SEIGNEURIE D'UTRECHT, Rheneri, d. Wick-teDuerftde, g. Utrecht, Voerden, Niewerbung, Bodegrave, Suammerdam, Alphen, Rynburg, g. Leide.

Dans L'ARCHEVÊCHÉ DE COLOGNE, Rheineck, Brifich, Zinzich, Valckenbourg, g. Catwic fur le Rhin, g. Catwicop-Zec.

Les rivieres qui se jettent dans le Rhin, font; le Langnard, d. l'Ill, d. le Thur, g. le Tos, g. l'Aar, g. l'Alb, d. la Birse, g. la Wisel, d. la Kandera, d. l'Eltz, d. l'Ischer, g. la Zems, g. le Schutter, d. la Moselle, g. la Seyn, d. la Nette, g. la Wied, d. l'Ahr, g. l'Agger, d. la Kinche, d. la Renchen, d. la Sor, g. la Sur, g. la Soltzbach, g. la Murg, d. la Lauter, g. l'Helbach, g. l'Otterbach, g. l'Hunerbach, g. la Plintz, d. le Suler, d. le Duffel, d. l'Erft, g. le Boer, d. l'Emfer, d. la Lippe, d. la Giesen, d. la Queich, g. chose de cette forte: Actisarus, roi d'Ethiopie voulant pur-mée, 1. 4, c. 2, la place dans les terres, entre Arina &

la Saltza, d. le Speyerbach, g.le Necker, d. la Weschnitz, d. le Zigelbach, d. le Schwartzbach, d. le Mein, d. la Sala, g. la Nuhe, g. le Gladebach, d. la Lohn, d.

Deux cercles de l'Empire prennent leur nom du Rhin, le CERCLE DU HAUT-RHIN & le CERCLE DU BAS-RHIN. On appelle aufli simplement le HAUT-RHIN & le BASRHIN les endroits de ce fleuve, qui répondent à ces deux cercles. Voyez le mot Allemagne, & la copie d'un ancien manuscrit imprimée à la fin de cet ouvrage. * Nic. Sanfon, Remarques fur la carte de l'ancienne Gaule. Etat & Délices de la Suiffe. Piganiol de la Force, Description de la France, t. 7, p. 382.

2. RHIN, riviere d'Allemagne : elle a sa source aux confins du Mecklenbourg & de la moyenne marche de Brandebourg, d'où elle prend son cours du nord au sud, traversant le comté de Rappin ou Ruppin, dans lequel elle forme divers lacs. En fortant de ce comté elle tourne tout court du côté de l'oueft, & groffie des eaux d'une petite branche du Havel, après avoir arrofé Fehrbellin, d. Frifack, g. & Rhinow, g. elle va se perdre dans le grand Havel, un peu au dessous de cette derniere ville.* Jaillot, Atlas. RHINGIBERI, ville de l'Inde, en- deçà du Gange. Prolémée, 1.7, c. 2, la marque sur le bord de ce fleuve, entre Lariagara & Agimoetha.

RHINNEA, ifle de l'Arabie heureuse, sur la côte orientale, felon Pline, l. 6, c. 28.

RHINOCOLURA OU RHINOCORURA : mais RHINOCOLURA est plus correct. Ce terme signifie les narines coupées, parce que les anciens habitans de cette ville furent ainsi mutilés. Diodore de Sicile, l. 1, c. 60, raconte la

RHIPE. Voyez RHYPE.

RHIPES. Voyez RYPA.

RHIPHATHAI. Voyez PAPHLAGONIA.

RHISANA. Voyez RISANA.
RHISINA. Voyez RHESINA.

RHISINUM. Voyez RHIZINIUM.

RHISOPHAGI, peuples de l'Ethiopie, selon Diodore de Sicile, 1.3, c. 27, & Strabon, l. 16, p. 771, qui dit qu'on les nomme aussi Elii. Ils habitoient aux environs de l'ifle de Méroé, sur le bord des fleuves Aftaboras & Attapas. Ces peuples, comme les autres Ethiopiens, ont été nommés Indiens par quelques autres anciens. J'en ai expliqué la raison à l'article Ethiopie. Voyez ce mot.

ŘHISPIA, ville de la haute Pannonie. Ptolémée, 1.2, c. 15, dit qu'elle étoit éloignée du Danube, & il la place entre Savaria & Vinundria. Lazius, l. 12, dans sa Carte de la Hongrie, dit que c'est présentement Fering; mais il la nomme Rekasburg dans sa République romaine.

RHISUS, ville de la Magnésie, felon Pline, 1. 4, c. 9.

RHITI OU RHETI. Paufanias, 1.1, c. 38, donne ce nom à des eaux qui fortirent de la terre, dans le Péloponnèse, qu'on croyoit venir de l'Euripe, qui passoient à Eleufine, & qui se rendoient dans la mer. Il ajoute que ces eaux ne ressembloient aux rivieres que par leurs courses; car elles avoient presque la falure de la mer. On vouloit que ces Rhiti fussent confacrées à Cérès & à Proferpine, & qu'il ne fut permis à personne qu'aux prêtres de manger des poissons qui se trouvoient dans ces eaux.

RHITIA, ville de la Mauritanie céfariense : Prolo

ger son royaume des voleurs qui le désoloient, & ne voulant pas toutefois les faire mourir, en amalla tant qu'il put, leur fit couper le nez, & les rélegua dans un lieu désert & stérile, où ils bâtirent une ville, qui, à cause de leurs nés coupés, fut nommée Rhinocolure. Sénèque de Im. l. 3, 6. 20, dit que ce fut un roi de Perse, apparemment Cambise, qui leur fit souffrir cet ignominieux châtiment. * Strabon, I. 16.

Il y a près de Rhinocolure, une riviere que plusieurs ont prise pour le fleuve d'Egypte. Mais nous croyons que le fleuve d'Egypte (a) n'est autre que le Nil, & que le torrent qui coule près de Rhinocolure, est le Torrent de Bézor (b) ou le Torrent du Désert, (c) dont il est parlé ailleurs dans l'écriture. Cette ville de Rhinocolure est attribuée quelquefois à la Syrie & à la Palestine, dont en effet elle faisoit partie anciennement: & quelquefois à l'Egypte, (d) dont elle dépendit dans la fuite. Son évêque étoit fuffragant de Pélufe. On dit (e) que ce fut à Rhinocolure que Noé partagea le monde à ses trois fils. On ignore quel étoit l'ancien nom de Rhinocolure; je veux dire, le nom hébreu que ce lieu portoit, avant que les Grecs lui eussent donné celui de Rhinocolure, & qu'ils eussent inventé la fable des narines coupées. S. Hilarion, célébre anachorette de ce pays-là, demeura long-tems à Flacidie, ville voisine de Rhinocolure. *(a) Josué XV, 4,47. Ifai. XXVII, 12. (b) 1 Reg. XXX, 9, 10, 21. Amos VI, 14. (d) Hieron. ad Ifai. XIX & XXVII. (c) Epipban. Ancorat. Chron. Pascal. p. 26, &c. RHINOW, petite ville d'Allemagne, dans la moyenne marche de Brandebourg, sur la rive méridionale de la riviere de Rhin, un peu au-dessus de l'embouchure de cette riviere, dans le grand Havel. * Jaillot, Atlas.

,

RHINSBERG, petite ville d'Allemagne dans la moyenne marche de Brandebourg, au comté de Rappinou Ruppin, fur le bord d'un lac que forme le Rhin qui lui donne fon nom. * Jaillot, Atlas.

RHION. Voyez RHIUM.

RHIPÆ. Voyez RHYPÆ.

RHIPEI OU RHIPHAI-MONTES, montagnes de la Sarmatie. La premiere ortographe est suivie par les Grecs, & la feconde par les Latins. Il y en a qui confondent les monts Riphées avec les monts Hyperboréens, témoin Etienne le géographe, qui dit Ριπαία "Ορος Ὑπερβορέων, Ripaa mons Hyperboreorum. Pline, 1. 4, c. 12, met les monts Hyperborées beaucoup au-delà des monts Riphées. Voyez HYPERBORÉE. Pomponius Mela, 1.3, c.5, met pareille ment les monts Hyperborées, fort au-delà des monts Riphées. Cellarius, Geogr. ant. l. 2, c. 6, juge que l'on doit placer les monts Riphées dans la Moscovie, & les monts Hyperborées au-delà du cercle arctique.

Victoria. Le manuscrit de la bibliothéque palatine, porte Aripa, pour Rithia.

,

RHITTIUM, ville de la basse Pannonie, selon Ptolé mée, 1.2, c. 16, qui la marque sur le bord du Danube entre Acumincum Legio & Taururum. Marius Niger & Simler veulent que ce soit présentement Salunkemen, dans l'Esclavonie. Selon Lazius, c'est Ratza, petit bourg de la même province. Rhittium pourroit bien être la ville Ritti de l'itinéraire d'Antonin, & la ville Rifti de la notice des dignités de l'Empire.

RHITUM, REITUM ou RHEUTUM, lieu aux environs de l'isthme de Corinthe, selon Thucydide, 1. 4, p. 281. Il paroît que c'étoit un lieu maritime.

RHITHYMNA, ville de l'isle de Créte. Ptolémée, 1.3, c. 17, la marque sur la côte septentrionale, entre Pantomatrium & le golfe Amphimalis. Sophien & Bellonius la nomment Rhetima. Voyez RHYTIUM.

1. RHIUM, & ANTHIRRIUM, noms que Ptolomée, 1.3, c.15 & 16, donne aux deux promontoires qui ferment le golfe de Corinthe, du côté de l'occident. Il appelle Rhium le promontoire qui est sur la côte de l'Achaïe propre, & Antirrhium celui qui est dans le pays des Locres-Ozoles. Ortelius, Thefaur. s'est trompé, quand il a dit que le promontoire Rhium étoit dans le pays des Locres. Ptolémée le met positivement dans le Péloponnèse : Strabon, 1.8, en fait de même: Rhium Achaia eft promontorium; ce qui'est encore appuyé du témoignage de Pline, 1. 6, c. 2. In ora Promontorium Anthirrbium, ubi oftium Corinthiaci finus minus mille passuum latitudine influentis, Etolosque dirimentis à Peloponneso. Promontorium quod contra procedit apellatur Rhium. Ptolomée & Strabon ajoutent que le promontoire Rhium, étoit aussi appellé Drepanum, à caufe de la ressemblance qu'il avoit à une faulx. Le détroit entre ces deux promontoires est aussi nommé Rhium par Pomponius Mela, 1. 2, c. 3, & par Tite-Live, 1. 27, c. 29. Aujourd'hui ce détroit s'appelle le détroit de Lépante, Stretto di Lepanto, & les deux caps ou promontoires ont le nom de Châteaux, Caftelli di Lepanto. Selon Etienne le géographe, il y avoit une ville de même nom fur chacun de ces promontoires: Rium, dit-il, urbs Messena vel Achaia. Et alia Ætolie que etiam Molycria vocabatur. Mais selon les apparences, cette derniere s'appelloit Antirrium. Quant à la premiere, nous n'avons que TiteLive, 1. 27. c. 30, qui en faile quelque mention, encore n'est-ce pas bien clairement. Voyez Rio 1.

Selon

2. RHIUM, ville de Péloponnèse, dans la Messenie, sur le golfe Thuriates, à l'opposite du promontoire Tanarus, felon Strabon, 1.8, p. 360. Etienne le géographe met aussi dans la Messénie une ville nommée Rhium; mais îl balance à la placer dans la Messenie ou dans l'Achaïe. Voyez l'article précédent.

3. RHIUM, promontoire de l'ifle de Corse : Ptelomée, 1.3, c. 2, le marque sur la côte orientale, entre le mont Rhætius, & la ville Urcinium.

RHIUSIAVA, ville de la Germanie. Elle étoit sur le Danube, entre Are Flavia & Alcimanis, selon Ptolomée, l. 2, c. 11. Ceux qui croient que c'est aujourd'hui Giengen, sont dans l'erreur, puisque Rhiusiava étoit sur le Danube, & que Giengen est sur la Brentz.

RHIXANA. Voyez RHIZANA.
RHIZÆUM. Voyez Rhizus.

RHIZALA, port de l'ifle de Taprobane: Ptolémée, 1.7, c. 4, la marque sur le grand rivage, entre la ville Procuri & le promontoire Oxia.

1. RHIZANA, ville de la Dalmatie. Elle étoit, felon Ptolémée, 1. 2, c. 17, dans les terres, entre Doclea & Scodra.

2. RHIZANA, ville de la Gédrosie, sur la cote de la mer: Ptolomée, 1.6, c. 21, la place près de Coiamba. 3. RHIZANA, ville de l'Arachosie, entre Alexandrie & Arbaca. C'est Ptolomée, 1.6, c. 20, qui en parle. RHIZENIA, ville de l'ifle de Créte, selon Etienne le géographe.

RHIZINIUM, felon Pline, 1. 3, c. 22, & RHISINUM, selon Proloniée, l. 2, c. 17. Ville de la Dalmatie, sur la côte du golfe, auquel elle donnoit son nom, & que l'on appelloit Rhifonicus-Sinus. Strabon, l. 7, p. 314, Etienne le géographe, & quelques autres auteurs nomment cette ville, Rhizon. C'est, à ce que croit Simler, la même ville, qui est appellée Birziminium dans l'itinéraire d'Antonin. Le nom moderne est Rizano, Rizine ou Rezina. Voyez RISANA. Quant au golfe on l'appelle Golfo di Cataro, RHIZIS, grand promontoire, chez les Troglodytes, selon Etienne le géographe.

1. RHIZON. Voyez RHIZINIUM.

2. RHIZON, fleuve de l'Illyrie: Polybe, 1.2, 1. II, & Etienne le géographe en font mention. Ils y mettent aussi une ville de même nom, & qui est la même que Rhizinium. Voyez ce mot.

1. RHIZUS, port de la Cappadoce, au-dessus de Trébizonde, selon Ptolomée, 1.5, c. 6, qui le place entre la ville Pitiusa & le promontoire d'Athènes. Procope au troifiéme livre des édifices, c. 7, dit que l'empereur JuRinien fit bâtir dans le pays de Rhisée, qui est au-delà des limites de Trébizonde, un fort si considérable, qu'il n'y avoit point de fortifications semblables dans les villes voifines des Perses. Le port de Rhizus, s'appelle aujourd'hui Erisse, selon Leunclavius.

2. RHIZUS, ville de Thessalie, sur la côte, selon Strabon, 1. 9, p. 443, & Etienne le géographe.

RHOALI, peuples que Pline, 1.5, c. 24, met au voifinage de la Mésopotamie.

RHOARA, ville de la Parthie: Ptolémée, 1.6, c. s, la marque entre Caripraca & Semina.

RHOAS, fleuve de la Colchide, selon Pline, 1.6,

6.4.

RHOBASCI, peuples de Scythie, en - deça de l'Imaiis: Prolémée, 1.6, c. 14, dit qu'ils habitoient près des sources les plus orientales du fleuve Rha. Ses interprétes lisent Rhobosci pour Rhobasci.

RHOBEA, nom d'un lieu dont parle Etienne le géographe.

RHOBODUNUM, ville de la Germanie, sur le Danube: Ptolémée, l. 2, c. 11, la marque entre Phelicia & Andupetium.

RHOBOGDIUM, promontoire de l'Hibernie, dans sa partie septentrionale, selon Ptolomée, 1. 2, c. 2. Cambden croit que c'est présentement le cap Fair - Forland. Ptolémée, ibid, place dans le même quartier des peuples qu'il nomme Robogdii.

RHOBONDA, ville de la Mauritanie césariense : Elle étoit, felon Ptolomée, 1. 4. c. 2, emre Tubusuptus & Aufum.

RHOBOSCI. Voyez RHOBASCI.

1. RHODA, ville de l'Espagne tarragonnoise chez les Indigétes, felon Etienne le géographe. Cette ville bâtie par les Rhodiens, est sur le bord d'un fleuve qui tombe des Pyrénées, & qui est appellé Thicis par Pomponius Mela, & Tichis par Pline. Caton campa dans cet endroit avec son

armée, selon Tite-Liv. 1. 34, c. 8. C'est aujourd'hui la ville de ROSES; & le nom latin de ses habitans eft Rho

DENSES.

2. RHODA ou RHODA RHODIORUM, ville de la Gaule Narbonnoise: Pline, 1. 3,6.4, qui en parle, fait entendre qu'elle ne subsistoit plus de son tems. Elle avoit été bâtie par les Rhodiens, sur le bord du Rhône, fleuve auquel elle a donné fon nom, selon saint Jérôme, in Prolog. epist. ad Galat. Marcien d'Héraclée appelle cette ville Rhodanufia.

RHODE. Voyez RUDIÆ. RHODAGANI, peuples de l'isle de Taprobane: Ptolémée, l. 7, 6.4, les place au midi. Le manuscrit de la bibliothéque palatine porte Rhogandani pour Rhodagani.

RHODANTUM. Voyez RODANTUM.
RHODANUS. Voyez RHÔNE.

RHODANUSIA. Voyez LUGDUNUM, & RHODA, no. 2.

1. RHODE, fleuve de la Sarmatie Européenne. Pline, 1.456.12, le met au voisinage de l'Axiaces. Voyez SA

GARIS.

2. RHODE ou RHODIA, petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Capitanate, sur la côte du golfe Adriatique, à l'orient septentrional du lac de Varano. On croit que c'est la ville Hyrium ou Hyria, des anciens. * Magin, Carte de la Capitanate.

RHODENTUM, lieu de l'Asie mineure, dans la Cap. padoce, felon Ortelius, Thefaur. qui cite Constantin Porphyrogénète.

RHODES, (Rhodus) isle d'Asie, d'environ cent trente milles de tour, située sur la côte méridionale de la Natolie, & de la Province d'Aidinelli, dont elle n'est séparée que par un canal de huit à dix lieues de large. Cette portion de la méditerranée s'appelloit autrefois la mer de Carpathie, & fe nomme aujourd'hui la mer de Scarpanto.

L'ifle de Rhodes a porté différens noms, selon les différentes colonies qui s'y sont établies. Pline dit qu'elle a été appellée Ophiusa, Afteria, Ethraa, Trinacria, Corymbia, Pocessa, Atabira, Macaria & Oloossa. Il est inutile d'entrer dans le détail de l'origine de ces différens noms; il suffit de rendre compte de celui d'Ophiusa, le plus ancien que cette isle ait porté. Il vient du grec "Όφις, qui signifie serpent; & l'isle étoit en effet infestée d'une multitude immense de ces reptiles. Hyginus, sur le témoignage du Rhodien Polyzelus, rapporte qu'un Thessalien, fils de Triopus, ou, selon Diodore de Sicile, de Lapithus, ayant été jetté par la tempête sur les côtes de Rhodes, extermina ces animaux nuisibles; & qu'un certain Phorbas entr'autres en tua un d'une grandeur prodigieuse, qui dévoroit les habitans. Samuel Bochard prétend que les Phéniciens donnerent à cette ifle le nom de Gefirath-Rod, c'est-à-dire, l'ifle aux ferpens. Gefirath, chez les Phéniciens, les Siriens, les Chaldéens & les Arabes, signifie ifle; & Rod en phénicien veut dire ferpent. Les Grecs traduisirent Gefirath-Rod par Ophiusa; mais en même tems la nécessité du commerce leur fit gréciser le nom que les peuples, nommés ci-deslus, avec lesquels ils commerçoient, donnoient à cette ifle; & de Rod il firent Rhodos, nom qu'elle n'a point discontinué de porter. Cette origine du nom de Rhodes est d'une vraisemblance qui doit faire disparoître toutes les autres. Les uns le font venir de ce que cette ifle produisoit quantité de roses, & rhodos en grec signifie rose. D'autres veulent qu'elle ait été nommée Rhode de ce qu'en jettant les fondemens de la ville de Lindus, on trouva un bouton de rose d'airain, que les habitans firent ensuite mettre sur leurs monnoies; mais l'inspection de celles de ces monnoies qui nous restent, fait voir que ce qu'on a pris pour un bouton de rose, est une fleur de grenadier. Les Rhodiens, qui faifoient grand usage de cette fleur pour leurs teintures, la mirent sur leurs nonnoies, par la même raison que les Siriens mettoient anciennement sur les leurs, la coquille du petit poisson qui leur fournissoit la pourpre.

Les trois principales villes de l'isle de Rhodes furent d'abord, suivant tous les anciens géographes, Lindus, Camirus & Julifus. Ptolémée les place mal; Strabon eft plus exact, en mettant Lindus au sud-est de l'ifle, Camirus à l'ouest & Julifus au nord. Diodore de Sicile attribue la fondation de ces villes à Tlépoléme, fils d'Hercule; mais Strabon, Strabon, sur un vers d'Homere, croit qu'elles furent bâties par les trois freres Heliades qui descendoient d'Apollon, & qui donnerent chacun leur nom à chacune de ces villes. Le même auteur dit que celle de Rhodes ne fut bâtie à l'est de l'ifle que durant la guerre du Peloponnèse. La grandeur & la commodité de son port, la magnificence de ses bâtimens & tous les ornemens dont on les décora, lui firent bientôt effacer la splendeur des trois autres villes, & la rendirent la capitale de l'ifle. Ses académies, & fur-tout celles d'éloquence & de sculpture, y attiroient en foule les étrangers. Il sortoit tant de chefs-d'œuvre de la derniere, qu'on publioit que Minerve faisoit son séjour dans cette ville. Il y avoit anciennement dans l'isle des mines de fer & d'airain; & les habitans, habiles dans l'art d'employer ces métaux, en faisoient des armes, des instrumens de guerre & fur-tout des statues. On comptoit dans l'ancienne ville de Rhodes jusqu'à trois mille de ces dernieres, faites par les plus habiles statuaires : elles représentoient des divinités, des princes & des hommes illustres. La plus singuliere étoit le colosse du soleil, dieu tutélaire de l'isle. Ce colosse, de septante coudées de haut, étoit l'ouvrage de Churès de Lindus, disciple de Lisippe. Il fut élevé à l'entrée du porr, & les vaisseaux passoient à la voile entre ses jambes. Il fur renversé par un tremblement de terre: on en vit alors toute la grosseur : il se trouva peu d'hommes qui pussent en embrasser le pouce, & chacun des autres doigts étoit plus gros que beaucoup de statues. Sa chute l'entreouvrit en plusieurs endroits, & l'on vit dedans de grosses pierres, avec lesquelles le statuaire en avoit su contrebalancer si bien la pésanteur, qu'il l'avoit affermi sur ses pieds. Il resta plusieurs fiécles ainsi couché par terre, & enfin il fut acheté par un juif, qui l'ayant brifé, en eut, dit on, de quoi charger neuf cents chameaux. Qui le croira, pourra bien croire d'autres choses. Les temples de Rhodes éroient d'ailleurs remplis de tableaux de Parrhafius, de Protogène, de Zeuxis, d'Apelle & d'autres grands maîtres. Le détail de toutes les beautés que cette ville renfermoit seroit immenfe. On peut voir le traité que Meurfius en a fait.

Les Rhodiensétoient sur-tout excellens hommes de mer; & Cicéron dit que de son tems personne ne l'emportoit sur eux à cet égard; aussi les Romains firent-ils alliance avec eux, & s'en servirent utilement dans les différentes guerres qu'ils eurent sur mer en Orient. Ils en adopterent les loix maritimes; & la loi Rhodia, inférée dans le digeste, est le fondement de toutes les loix que les autres nations ont faites depuis par rapport à la mer.

Lorsque, vers le déclin de l'Empire grec, les François & les Vénitiens se furent emparés de Constantinople & de la plupart des isles de l'Archipel, les Génois firent la conquête de Rhodes & des petites isles de sa dépendance, ainsi que des Ciclades & des Sparades. En 1249 l'empereur Vatace envoya Jean Cantacuzéne avec une flotte considérable pour chasser les Génois de Rhodes. Ce général, débarqué dans l'isle sans obstacle, eut forcé les Génois à se retirer, sans Guillaume de Ville - Hardouin, seigneur françois & prince d'Achaïe, & le prince Hugue de Bourgogne, qui, paslant avec leurs troupes pour aller joindre saint Louis dans l'ifle de Chipre, laisserent aux Génois quelques troupes d'élite, qui les aiderent à forcer les Grecs à se rembarquer. Bien-tôt après, saint Louis ayant été fait prisonnier en Egypte, Vatace profita de la consternation où cet accident jetta les chrétiens latins du levant, pour faire une autre tentative sur Rhodes. Elle lui réuffit, & le Protosebaste Théodore en chassa les Génois. Dans la fuite, l'empire penchant de plus en plus vers sa fin, des seigneurs de la maison Gualfa, gouverneurs de Rhodes s'en rendirent souverains; & pour se maintenir dans leur ufurpation, ils peuplerent l'isle de Turcs & de Sarrasins, & prêterent leurs ports aux corfaires de ces nations pour leur servir d'asyle, lorsqu'ils étoient poursuivis par les galeres des hospitaliers de saint Jean de Jerufalem ou des autres chrétiens latins.

Ce fut du moins le prétexte que prit Guillaume de Villaret, grand-naître des hospitaliers, pour entreprendre la conquête de cette ifle. Il la côtoya lui-même pour en reconnoître les ports & les forteresses, & s'instruisit du nombre des habitans; ans; mais ne se trouvant pas des forces suffifantes pour réuffit dans son dessein, il se contenta de s'emparer de quelques islots voisins, & mourut pendant qu'il travailloit à se mettre en état d'exécuter son projet.

Foulques de Villarer, son frere & son succeffeur, vint en France solliciter le pape Clement V, & le roi Philippe le Bel, de l'aider à faire une conquête, qui seroit d'une extrême utilité pour les expéditions des croisades. Ils lui promirent l'un & l'autre de puissans secours, & le pape prêta nonante mille florins à l'ordre. Le grand-maître, se voyant en état d'exécuter ce que son frere avoit projetté, fit part de son dessein, en 1306, à l'empereur Andronic, & lui demanda pour l'ordre l'investiture de l'isle, qui continueroit à relever de l'Empire; Andronic rejetta cette proposition, quoiqu'elle fût accompagnée de l'offre de lui fournir tous les ans trois cents chevaliers pour être employés à la guerre de Perse. Le grand-maître prévenant le refus de l'empereur auquel il s'attendoit, avoit cependant mis à la voile ; & déclarant publiquement son dessein, il étoit abordé à l'isle de Rhodes, dont les habitans, qui ne s'étoient point préparés à se défendre, le laisserent tranquillement débarquer fes troupes, ses vivres & ses munitions de guerre. Cantonnés dans leurs places fortes, ils s'y défendirent tant qu'ils purent; mais en moins de quatre ans les hospitaliers furent maîtres de toute l'ifle, & prirent le nom de chevaliers de Rhodes.

Ils avoient à peine eu le tems de relever les murailles de la ville de Rhodes, dont les bastions & les autres fortifications n'étoient pas encore rétablis, qu'Ottoman, à la priere des Mahomérans chassés de l'isle, y débarque en 1310 une armée considérable, & forme le siége de la capitale: mais les chevaliers se défendent avec tant de courage, & fatiguent si fort les affiégeans par leurs forties continuelles, qu'Ottoman est obligé de se rembarquer. Beaucoup d'historiens font honneur de la levée du siége au comte de Savoie, Amédée V dit le Grand, qui vint, disent-ils, au secours des chevaliers avec une puissante flotte. Ils ajoutent que, pour conserver la mémoire de cet événement, il avoit prit pour dévise ces quatre lettres majuscules séparées par des points F. E. T. R., que l'on interpréte, fortitudo ejus tenuit Rhodum, c'est à-dire, sa valeur conferva Rhodes. Ils disent encore qu'à cette occafion il ôta de ses armes l'aigle de Savoie, pour y substituer la croix de faint Jean de Jerufalem. Ce n'est là qu'un tissu de faussetés. 1o. Il est prouvé par l'histoire, qu'Amédée V passa les années entieres de 1309, de 1310 & de 1314 en Angleterre, ensuite dans ses états, & puis à Rome & dans le reste de l'Italie à la suite de l'empereur Henri VII, qu'il n'avoit point alors de flotte ni de troupes en mer; & qu'il ne prit dans ce tems aucune part aux affaires des croifades. 2°. On trouve dès 1304 la croix de saint Jean de Jerufalem sur l'écusson de Savoie dans un sceau de Thomas, prince de Savoie; ce qui prouve que le comte Amédée V n'est pas le premier qui l'ait portée dans ses armes. 3°. La dévise des quatre lettres mystérieuses se voit sur les monnoies du prince Louis de Savoie, baron de Vaud, mort en 1301, & l'on voit au tombeau de Louis de Savoie, pere du comte Amédée V, la représentation d'un chien ayant un collier sur lequel sont ces mêmes lettres, mais en petits caracteres non séparés par des points, & formant le mot fert. Dès que les Turcs furent rembarqués, on mit, par de nouvelles fortifications, la ville de Rhodes hors d'insulte.

Le grand-maître ensuite donna tout son soin au rétablissement du commerce, qui dans tous les tems avoit rendu cette ifle une des plus florissantes de l'Afie. Les ports en furent ouverts à toutes les nations; & grand nombre de chrétiens, fur-tout des Latins, dispersés depuis la perte de la Terre-Sainte, s'y vinrent établir, enforte qu'il se forma du mêlange des chevaliers & des habitans grecs & latins, un nouvel état, qui, tout ensemble guerrier & marchand, devint aussi puissant par ses richesses, que redoutable par la valeur de ses nouveaux souverains.

Plusieurs grand maîtres ajouterent des fortifications à la ville de Rhodes. Dieudonné de Gozon fit entourer de murailles le fauxbourg du côté de la mer, & construire le mole, où depuis les vaisseaux & les galeres aborderent. Jean de Lastic fit encore d'autres fortifications, lorsqu'une grosse flotte du sultan d'Egypte parut à la hauteur de l'ifle, & vint y débarquer dix-huit mille hommes d'infanterie, avec un gros corps de cavalerie & de mamelucs. Ils affiégerent la capitale, & repouffés dans tous les assauts qu'ils livrerent, ils y virent périr la meilleure partie de l'armée, & se haterent de se rembarquer. Après leur retraite, il Tome V.

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