quement de la foule, et porta au premier un coup de poing à la tête qui l'étendit par terre sans mouvement; après quoi on l'emporta sans que personne eût l'air d'y faire la moindre attention. Toutefois, cet événement ne sauva pas les autres femmes d'une attaque aussi cruelle qu'extraordinaire; car un troisième homme se présenta dans la lice qui les traita tout aussi mal; et, pour comble de disgrâce, elles eurent la mortification d'être improuvées deux fois de suite, et obligées de recommencer leurs exercices, qui furent, à quelque chose près, les mêmes que ceux qui avaient été exécutés par les premières femmes. Ensuite parut un loustig, un gracioso, qui fit quelques plaisanteries sur le feu d'artifice, ce qui provoqua le rire de la multitude aux dépens de Cook et de ses compagnons. » Mais le spectacle le plus curieux auquel assistèrent les Anglais, fut la grande solennité du natchi, que personne n'a revue depuis Cook, et qui ne se reproduira probablement plus. Nous empruntons la description entière de cette solennité à la plume élégante de M. Reybaud. La fête eut lieu le 8 juillet. Dans la matinée, Cook et ses compagnons débarquèrent à Moua, où ils trouvèrent, dans un enclos assez mal tenu, Poulaho présidant un kava. Vers les dix heures seulement, on se rendit au grand malai. Bientôt, par tous les chemins qui aboutissaient à cette place, arrivèrent des groupes d'hommes armés de lances et de casse-tête; rangés sur le malaï, ils psalmodièrent en chœur un chant plaintif et doux. Pendant ce temps, le reste des insulaires défilaient un à un, chacun portant au bout d'une perche un igname, qu'il déposait aux pieds des chanteurs. Le tour-tonga et son fils, âgé de douze ans, parurent à leur tour, et s'assirent sur le gazon. Alors seulement on invita les Anglais à aller se placer auprès de ces illustres personnages; mais, comme marque de déférence, on leur fit quitter leurs souliers, et délier leurs cheveux. Quand tous les porteurs d'ignames furent arrivés, on releva chaque perche, que l'on plaça sur les épaules de deux hommes. Ces porteurs, se disposant d'une manière processionnelle, marchèrent par groupes de dix ou douze, et traversèrent ainsi le malaï au pas accéléré. Chaque peloton était conduit par un guerrier armé d'une massue ou d'une espèce de sabre, et escorté par d'autres guerriers. Un naturel, portant un pigeon en vie sur une perche ornée, suivait cette troupe, composée de deux cent cinquante personnes viron. Ces individus se dirigèrent vers le faï-toka voisin, où les ignames furent déposées en deux tas. en Quand ces préliminaires furent achevés, Poulaho fit dire à Cook qu'il devait retenir ses équipages dans leurs canots, attendu qu'un tabou solennel allait bientôt frapper toute l'île, et que les personnes que l'on trouverait dans la campagne, étrangers ou indigènes, couraient le risque d'être maté, assommées. Le capitaine insista pour être admis, ou seul, ou faiblement accompagné, au reste de la cérémonie. Le touï tonga s'y refusa; il chercha des biais, et ce fut après de grands efforts que Cook, longtemps repoussé par les naturels, parvint à se placer dans un endroit d'où il put voir toute la scène du faïtoka. Un grand nombre de naturels se trouvaient déjà groupés dans l'enceinte. Ils marchaient encore processionnellement avec des perches, au bout desquelles pendait un petit morceau de bois simulant une igname, et ils affectaient l'allure d'hommes accablés sous leur fardeau. Ils défilèrent ainsi devant les Anglais, avant de se rendre vers la grande case de Poulaho. Là, nouvel obstacle pour Cook et pour ses compagnons, nouvelle et rigoureuse consigne. Enfin, ils parvinrent à obtenir une place derrière les palissades élevées, qui leur eussent masqué tout le coup d'œil, sans de larges trouées qu'ils y pratiquèrent avec leurs couteaux. La place du malaï et ses avenues étaient couvertes d'une foule éparse, au travers de laquelle on voyait arriver : des hommes portant de petits bâtons et des feuilles de cocotier. Un vieillard alla au-devant d'eux, s'assit au milieu du chemin, leur adressa gravement un long discours, et se retira ensuite. Les survenants construisirent alors à la hâte un petit hangar au milieu du malaï, s'accroupirent un moment après l'avoir terminé, puis se confondirent dans la foule. Le fils de Poulaho, précédé de quatre ou cinq naturels, alla s'asseoir à son tour près du hangar, et une douzaine de femmes d'un rang élevé se dirigèrent vers lui deux à deux, chaque couple tenant dans les mains une pièce d'étoffe blanche de deux ou trois aunes de longueur, déployée dans l'intervalle qui séparait les deux couples. Cela formait comme une immense draperie vivante. Arrivées auprès du jeune prince, elles s'accroupirent, passèrent autour de son corps quelques-unes de ces pièces; après quoi elles revinrent se mêler au reste de l'assistance. Alors Poulaho parut, précédé de quatre hommes, et alla s'asseoir à la gauche du jeune prince; ce qui obligea ce dernier à se lever pour prendre place, parmi les chefs de la suite, sous le hangar voisin. Ce mouvement donna lieu à quelques manœuvres singulières. Des hommes coururent vers le bout de la pelouse, et s'en retournèrent ensuite; d'autres s'élancèrent vers le prince avec des rameaux verts; puis, après diverses haltes, reprirent leurs places. A ce moment arriva la grande procession venue du faï-toka par de longs détours. Elle se dirigea vers la droite du hangar, où se tenait le jeune prince, se prosterna, déposa ses ignames simulées, se retira dans une attitude recueillie, et alla s'accroupir sur les côtés du malaï. Pendant ce long défilé, trois hommes, assis auprès du prince, prononçaient une sorte de formule sacramentelle, lente et monotone. Après une nouvelle pause, un orateur, placé au haut de la prairie, débita un long discours, qu'il interrompait de temps à autre pour venir briser les bâtons apportés par les hommes de la pro cession du faï-toka. Quand cette harangue ou prière fut dite, le prince et sa suite se relevèrent, traversèrent une double haie d'assistants et d'acteurs, et disparurent. L'assemblée se dispersa aussi; les bâtons brisés restèrent épars sur la pelouse du malaī. Ainsi finit le premier jour du natchi. Les cérémonies recommencèrent le jour suivant de fort bonne heure, et, malgré les résistances des naturels, Cook y assista encore. Quand il arriva, la foule était déjà nombreuse, et sur le sol gisaient dispersés de petits paquets de feuilles de cocotier attachés à des bâtons. Tout ce que le capitaine put apprendre, c'est qu'ils étaient tabous. Peu à peu la multitude augmentait; et, à chaque groupe survenu, un dignitaire préposé ad hoc adressait une harangue, dans laquelle se trouvait souvent le mot ariki. Cependant, l'heure solennelle approchant, on voulut encore éloigner le capitaine. Il tint bon avec son opiniâtreté habituelle, et, par une sorte de compromis, on toléra de nouveau sa présence, à la condition qu'il mettrait ses épaules à découvert comme les sauvages. Cook ne recula pas devant la formalité exigée. A demi-nu, il put rester et voir. C'était l'instant où le prince, les femmes et le roi arrivaient dans le malaï. On recommença les cérémonies de la veille, la marche des femmes avec des étoffes, les courses et les prières. Dans un moment où la troupe évoluait à deux ou trois pas de Cook, on l'obligea à tenir les yeux baissés, et à prendre l'air réservé et modeste d'une jeune fille. C'était une loi un peu dure pour ce visage rébarbatif et cet œil si altier d'habitude. Comme la veille, la procession entra sur le malai; elle défila comine la veille. Seulement, au lieu d'une igname vraie ou simulée, les naturels portaient une feuille de cocotier au milieu de leurs bâtons. Ces bâtons, une fois déposés à terre, une autre bande arriva, dont chaque couple tenait à la main un panier en feuilles de palmier; puis une troisième avec diverses sortes de petits poissons au bout de bâtons fourchus. Les bâtons furent placés aux pieds d'un vieillard, qui les prit tour à tour, et les déposa sur le sol, en marmottant une sorte de prière. Quant aux poissons, on les présenta à deux hommes armés de rameaux verts, en déposant le premier poisson à leur droite, le second à leur gauche. Cela se fit avec ordre; mais, au troisième poisson, un insulaire, assis derrière les deux officiers, s'élança vers l'objet pour le saisir. Ceux-ci, de leur côté, le disputèrent, et il en résulta que le poisson fut déchiré en plusieurs morceaux. L'agresseur jetait derrière lui tous les lambeaux qu'il pouvait empoigner; les deux autres continuaient à les placer à leurs côtés. Cette scène burlesque dura jusqu'à ce que le tiers survenu eût pu enlever un poisson entier; alors l'assemblée applaudit en criant: Malié!m alié! (bravo! bravo!). Après cet incident, le classement du poisson continua sans conteste. Cette opération finie, des prières eurent lieu pour préparer l'assistance à l'acte essentiel de la fête. C'était le moment où le roi allait admettre son fils à l'insigne faveur de manger en même temps que lui, cérémonie qui se consommait avec un morceau d'igname grillée servie à la fois à l'un et à l'autre. Pendant cette solennelle minute, on fit tourner le dos à Cook, afin qu'il ne pût rien voir. Le capitaine viola bien la consigne, mais un mur de naturels le séparait du lieu de la scène ; il n'en put distinguer aucun détail. D'autres marches, contre-marches, évolutions, processions, tantôt silencieuses, tantôt accompagnées de chants bruvants, de mouvements de mains et de pieds, suivirent cette cérémonie du natchi entre le père et le fils. La fête se termina par des combats simulés de troupe à troupe, de champion à champion, par des scènes de lutte et de pugilat, accessoire obligé de tous les divertissements populaires. Évidemment ce natchi, si dépourvu de sens pour un spectateur européen, devait avoir sa signification allégorique. Les ignames, les bâtons qui en tenaient lieu, les feuilles de cocotier, les longues perches, les prières, les combats, bats, les défilés, le cérémonial, la communion entre le fils et le père, tout cela était autant d'emblèmes religieux et de mythes indigènes. Il était impossible de s'y tromper à l'air recueilli de l'assistance, à l'appareil grave et prévu de toute cette fête, au choix des témoins et des acteurs, tous pris dans les hautes classes; enfin à l'étiquette rigoureuse à laquelle on soumit même les Européens présents. Pour satisfaire leur curiosité, les Anglais furent obligés de se découvrir jusqu'à la ceinture, de laisser flotter leurs cheveux sur leurs épaules, de s'asseoir par terre les jambes croisées, et d'y affecter une posture humble et modeste. Du reste, ce natchi, au dire des insulaires, n'était pas l'un des plus solennels. On apprit à Cook que trois mois plus tard, Tonga-Tabou célébrerait un autre, où acourraient tous les naturels de l'île et ceux de Hapaï et de Vavao, avec des tributs de tous genres; cérémonie terrible et imposante, que devaient consacrer des sacrifices humains. en Le 10 juillet 1777, Cook quitta Tonga-Tabou, et alla mouiller devant l'île Éoa. Cette relâche n'offrit rien d'important, excepté l'aventure suivante. Le séducteur d'une femme tabou (inviolable) fut surpris avec elle en flagrant délit. Amené au milieu du peuple, on lui ouvrit le crâne, et on lui brisa une cuisse à coups de casse-tête. On se contenta d'administrer quelques coups de bâton à la femme, grâce à sa haute naissance. Cook mit à la voile le 17 juillet, après avoir reconnu tout l'archipel, sauf Vavao et les écueils voisins de cette île. Maurelle, commandant la Princesa, frégate espagnole, découvrit l'île Amargura, le 26 février 1781, sans y mouiller; mais l'état de dénûment dans lequel il se trouvait le força de relâcher dans un port beau et sur de l'île Vavao, qu'il nomma Port du Refuge. L'abondance vint bientôt succéder à la disette. Les indigènes lui apportèrent toutes sortes de provisions, et le toubou (*) (c'est ainsi que le nomme Maurelle), homme âgé, et d'une telle corpulence qu'il fallut le hisser à bord, vint s'asseoir avec sa jeune et jolie femme sur le banc de quart. Maurelle lui rendit sa visite le 7 mars, et reçut les honneurs d'un kava. Quand le ca. pitaine espagnol parut devant le toubou, celui-ci lui fit les plus grandes caresses, et l'embrassa cent fois. Son cortége s'assit, formant un grand cercle dans le même ordre qu'il était arrivé. On apporta deux tapis de palmes; le roi s'assit sur l'un, et le fit asseoir sur l'autre à sa droite. Tous gardaient un profond silence; seulement ceux qui étaient près du toubou, et que leur grand âge rendait sans doute les plus respectables, répétaient fidèlement toutes ses paroles. On apporta bientôt des racines, avec les quelles on fit, dans des espèces d'auges, une boisson, qui devait être sans doute fort amère, à en juger par les gestes de ceux qui en burent. Ce rafraîchis sement fut servi dans des vases faits de feuilles de bananier. Trois ou quatre jeunes indigènes en offrirent à Maurelle et au roi. Le premier n'en goûta point, la vue seule lui soulevait le cœur. L'insulaire le plus voisin du toubou désigna ceux qui devaient en boire. On n'en servit point aux autres. On mit ensuite devant le capitaine des patates grillées et des bananes parfaitement mûres; il en mangea. Peu après, il vit paraître des canots remplis de provisions semblables, des tinées à être réparties entre ses soldats. La reine parut à cette audience, précédée de dix femmes de 15 à 18 ans, qui la soutenaient; car elle était tellement chargée d'étoffes qu'elle avait bien de la peine à marcher. Elle sourit à Maurelle, en disant: Lélé! lélé! (bien! bien!). Voici comment le capitaine espagnol rend compte des fêtes et des preuves (*) C'était vraisemblablement le Toubo de Cook, oncle de Finau. d'affection qu'il reçut à Vavao: «Le roi m'invita à une réjouissance qu'il avait dessein de me donner. Quand je débarquai le 12, je vis dans le bois touffu qui avoisinait le bord, un vaste espace circulaire qu'on avait fait essorer, de manière à ce qu'il n'y restât plus le moindre tronc. Peu après, les Indiens, deux à deux, se rendirent dans la maison du toubou, portant sur leurs épaules de longues perches d'où pendaient beaucoup de patates, de bananes, de cocos et de poissons: le toubou fit conduire ces provisions au camp nouvellement défriché; on en fit un monceau de forme cubique haut de deux vares. « Les éguis et les vénérables anciens arrivèrent pour conduire le toubou, qui me prit par la main, et nous nous rendimes au vaste cercle, où nous étions attendus par plus de deux mille Indiens. Nous nous assîmes sur des tapis de palmes préparés à cet effet; tout le peuple en fit autant, mais en conservant toujours la distinction des castes et des familles, les unes ne se mêlant point avec les autres. « Le roi m'offrit alors tous ses fruits, et les fit porter à la chaloupe qui en fut entièrement remplie. Les porteurs étant de retour à leurs postes respectifs, on fit un profond silence silence pendant penda que le roi parlait; ceux à qui leur âge ou leur dignité avait donné le droit d'être assis auprès du roi, répétaient toutes ses paroles. « Je ne savais à quoi tout cela aboutirait, et cependant j'ordonnai à ceux de mes soldats qui avaient à leur tête le premier pilote, de se tenir prêts à faire feu de leurs fusils et de leurs pistolets s'ils s'apercevaient de quelques mouvements hostiles. « Il sortit aussitôt des rangs un jeune homme fort et robuste, la main gauche sur la poitrine, et frappant de la droite sur son coude. Il fit autour de la place beaucoup de gambades visà-vis des groupes qui n'étaient pas de sa tribu. Un autre de ceux-ci, s'étant présenté en faisant les mêmes gestes, ils commencèrent à lutter, se prenant corps à corps, se poussant et repous sant avec tant d'animosité que leurs veines et leurs nerfs paraissaient trèsgros. Enfin un des deux tomba si violemment que je crus qu'il ne pourrait jamais se relever. Il se releva pourtant tout couvert de poussiere, et se retira sans oser retourner la tête. Le vainqueur vint présenter son hommage au roi, et ceux de sa tribu chantèrent; je ne sais si c'était à la honte du vaincu ou à l'honneur du vainqueur. « Ces combats de lutte durèrent plusieurs heures; un des combattants eut un bras rompu; j'en vis d'autres recevoir des coups terribles. Pendant que cette lutte continuait, d'autres champions se présentèrent, les poignets et les mains enveloppés de grosses cordes, ce qui leur servait comme de cestes. Cette espèce de combat était bien plus terrible que la lutte. Dès les premiers coups, les combattants se frappaient au front, aux sourcils, aux joues, à toutes les parties du visage, et ceux qui recevaient ces fières décharges en devenaient plus impétueux et plus ardents. J'en vis qui étaient renversés du premier coup de poing qu'ils recevaient. Les assis tants regardaient ces combats avec un certain respect, et tous n'y étaient pas indifféremment admis. • Des femmes, surtout celles qui servaient la reine, assistèrent à cette fête. Je les trouvai tout autres qu'elles ne m'avaient paru jusqu'alors. Je ne les avais pas jugées désagréables; mais ce jour-là elles étaient parées de leurs beaux atours, ayant leurs mantes bien repliées et assujetties par un grand nœud sur le côté gauche, portant des chapelets à gros grains de verre à leur cou, les cheveux bien arrangés, le corps lavé et parfumé d'une huile dont l'odeur était assez suave, et la pead si propre qu'elles n'auraient pu y souffrir le plus léger grain de sable. Elles fixèrent toute mon attention, et me parurent beaucoup plus belles. ■ Le roi commanda que les femmes se battissent à coups de poing comme les hommes. Elles le firent avec tant d'acharnement qu'elles ne se seraient pas laissé une dent, si, de temps à autre, on ne les eût séparées. Ce spectacle me toucha l'âme: je priai le roi de mettre fin au combat; il accéda à ma prière, et tous célébrèrent la compassion que j'avais eue de ces jeunes demoiselles. « Le toubou fit ensuite chanter une vieille femme qui portait au cou une burette d'étain; elle ne cessa de chanter pendant une demi-heure, accompagnant son chant d'actions et de gestes qui auraient pu la faire prendre pour une actrice déclamant sur un théâtre. « Enfin le jeu se termina, et nous retournames à la maison du roi; j'y trouvai la reine qui me reçut avec les marques accoutumées de sa bienveillance: je lui demandai pourquoi elle n'avait pas assisté à la fête; elle me répondit que ces sortes de combats lui déplaisaient. « Les nœuds de notre amitié ainsi resserrés au point que le toubou me nommait son hoxa, c'est-à-dire son fils (plutôt ofa, ami), je pris congé de lui et de la reine, et je retournai m'embarquer. La plage était toute couverte d'Indiens qui faisaient mille caresses à mes gens sur ce qu'ils avaient bien voulu assister à leur fête. « Les vainqueurs me prirent sur leurs épaules, et me placèrent dans la chaloupe. Le toubou, qui, de sa maison, voyait cette multitude, et qui savait combien je souffrais quand les Indiens se mêlaient avec mes gens, ordonna à ses capitaines de poursuivre ces insulaires, et il entra lui-même dans une telle colère, qu'il sortit avec un gros bâton frappant ceux qui lui tombaient sous la main. Tous se sauvèrent dans les bois; deux, plus maltraités que les autres, furent laissés comme morts sur la place. J'ignore s'ils se sont rétablis. » Cette narration, pleine de simplicité, ne manque pas de charme, et nous aurions craint de la gåter, si nous l'avions reproduite sous une autre forme. Maurelle laissa à ce groupe le nom de Don Martin de Mayorga, dont Vavao est la terre principale, et dont le véritable nom est Hafoulou-Nou, |