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qu'elle put être propre aux ufages de la médecine.

TOUKICHI, (les) branche des Turcs occidentaux. Ils habitoient à l'occident du fleuve Ili, & poflédoient les terres qui s'étendoient jusque fur les frontieres de l'empire romain. Vers l'an 706 de J. C. le grand khan des Turcs s'étant fait hair de fes fujets, par fes cruautés, Outchele profita de cette conjoncture favorable, pour parvenir à la fouveraineté. Un grand nombre de Turcs, dont il avoit gagné l'amitié, fe foumirent à lui, & le pro-, clama khan. Ce royaume ne fubfifta que vingt ans au plus il fut détruit par les Turcs vers l'an 714.

TOUKOHOEN (les) font des Tartares originaires de Leaotung, & de la même horde que les Sienpi. Un tanju des Sienpi, nommé Poukuei, avoit deux enfans; le premier nommé Toukohoen, & le fecond Joulohoei, qui fut le premier roi des Tcieuyen. Toukohoen reçut, de fon pere Poukuci, mille fept cents familles; il vivoit avec fon frere Hoei, & ils étoient occupés l'un & l'autre du foin de nourrir des chevaux. Quelques bleffures, que ces chevaux fe firent en fe battant, mirent la divifion entre les deux freres. Le procédé de Hoei obligea Toukohoen de quitter le pays; il paffa du côté de l'occident, & vint fe camper dans les montagnes qui font au nord du pays d'Ortous. Dans la fuite, profitant des troubles qui arriverent dans la Chine, il descendit davantage du côté du midi, & le cantonna dans les environs de Kong-Tchangfou, du côté de l'occident, dans le Chenfi. Sa poftérité s'étendit vers Chatcheou, où elle devint très-puiffante. Le commencement de cet empire eft fixé à l'an 312. Il fut détruit, vers l'an 700, par les Toufans, qui s'emparerent de leur pays. Voyez l'hiftoire générale des Huns, par de Guignes, t. 1, p. 193.

*

TOUKON, ville de Perfe. Tavernier, Voyage de Perfe, l. 3, qui dit que les environs de cette ville font affez bons, la marque à 82d 45′ de longitude, fous les 43d 15' de latitude.

TOUL, ville de France, dans la Lorraine, fur le bord de la Mofelle, à cinq lieues de Nanci, & à douze de Metz. Quoique cette ville n'ait pas fans doute été fondée par Tullus Hoftilius, troifiéme roi de Rome, comme quelques uns l'ont avancé ; il eft néanmoins conftant qu'elle eft fort ancienne, puisqu'un favant fait mention d'une médaille antique, fur laquelle on lit TULLO-CIVITAS. Ptolomée, lib. 2, cap. 9, la nomme Tullum, & la donne aux peuples Leuci, qui étoient Belges; & lorsqu'on partage la Belgique en deux provinces, ils furent mis fous la premiere & fous la métropole de Tréves. Leur territoire étoit de fort grande étendue. Voyez ToULOIS.

La ville de Toul, comme fa métropole, Tréves, avec Metz & Verdun, vint au pouvoir des François, au commencement de leur établiffement dans les Gaules; elle fut toujours fujette aux rois d'Auftrafie, fous les Mérovingiens & fous les Carlovingiens. Elle fut aflujettie, du tems de Louis d'Outremer, à Othon I, & reconnut fes fucceffeurs pour fouverains.* Longuerue, Descript. de la France › part. 2 p. 212.

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Les comtes héréditaires s'étoient établis dès l'an 1000, & Alberic nous apprend dans fa chronique, qu'alors un certain Ulric étoit comte de Toul, du tems de l'évêque Berthold. Ils fe fuccéderent durant près de deux cents ans, jusqu'à Frédéric, comte de Toul, qui étoit un feigneur fi confidérable, que le pape Innocent II s'employa pour faire fa paix avec l'évêque de Toul, Henri, qui étoit frere de Simon I, duc de Lorraine, & fils du duc Thierri & de Gertrude de Flandre, & par conféquent petit-fils de Robert le Frifon, comte de Flandre.

Le

pape employa, pour négocier cette paix, un cardinal-légat, qui étoit affitté de Simon, duc de Lorraine, de la ducheffe Adelaïde fa femme, & de Renaud, comte de Bar.

Le comte confirma le traité, par fa bulle datée de l'an 1136. Ce comte Frédéric n'eut qu'une fille, qui époufa Matthias de Lorraine, fils du duc Mathieu I. Il n'y eut point d'enfans de ce mariage. La race de ces comtes étant éteinte, il n'y eut plus d'autre comte à Toul que l'évêque & les ducs de Lorraine, qui fuccéderent, en quelque façon à ces mêmes feigneurs, & ne prirent jamais la qualité de comte, ils fe contenterent de l'avouerie de la ville de Toul, de laquelle ils fe font fait inveftir par les empereurs, jusqu'à Charles III, qui a pris l'inveftiture de

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l'avouerie de la cité de Toul, avec celle de ces fiefs im-
périaux, l'an 1627.

Les ducs, pour leur droit de garde & de protection
levoient par an, fur la ville, mille francs barrois, & y exer-
çoient d'autres actes de jurisdiction, même depuis l'an
1552, où la protection des rois fut établie. Les officiers
royaux s'oppoferent aux entreprises du duc, mais inutile-
ment, & eiles n'ont ceffé que quand le duc Charles III
fut chaffé de fes états. Il avoit fait les efforts
pour s'ap-
proprier la fouveraineté des deux fauxbourgs & des ab-
bayes de faint Manfuit & de faint Epvre ou Evre, de
l'ordre de faint Benoît, qui font anciennes & confidéra-
bles, & les habitans de ces fauxbourgs avoient quelquefois
été contraints de reconnoître la jurisdiction du bailli de
faint Michel.

Le duc Charles, après la paix des Pyrénées, renouvella
les prétentions qu'il avoit foutenues avant de fortir de la
Lorraine. On renvoya en général, les difficultés qui se
rencontroient, à des commiffaires, par le dernier article
du traité de Vincennes de 1661, & dans le dixième du
traité de l'an 1663, on convint que l'on nomméroit, de
part & d'autre, des commiffaires, pour régler plufieurs
différends entre le roi & le duc, entr'autres celui qui
concernoit les abbayes de faint Evre & de faint Manfuit,
ce qui n'eut aucun effet, & le duc fut dépouillé de fes
états l'an 1670.

La reftitution de la Lorraine, faite à fon petit-neveu
Léopold, a encore renouvellé ce différend qui regardoit
Toul; mais enfin, par l'article VII du traité de Paris de
l'an 1718, le duc a renoncé à fes prétentions fur les ab-
bayes & fur les bans de faint Manfuit & de faint Evre.
Il ne pouvoit plus faire valoir fon avouerie, qu'il tenoit
des empereurs & de l'Empire, puisque la fouveraineté de
la ville & de l'évêché de Toul a été cédée à perpétuité
à la couronne de France, par l'Empire, au traité de
Weftphalie, & le roi, par l'indult de Clément IX, a
les mêmes droits de nomination & de dispofition de l'évê-
ché & des autres bénéfices du Toulois, qu'il a à Metz &
à Verdun.

On commença à fortifier Toul fous Louis XIV, après
que Nanci eut été rendu au duc de Lorraine, en exécu-
tion de la paix de Ryswick. Cette ville eft fituée dans
un vallon très-fertile. Une chaine de montagnes (a) & de
côteaux couverts de cignes, l'entoure à moitié. La Mofelle
coule près de fes murailles, & y reçoit un ruiffeau, lequel
traverfant la ville y fait moudre plufieurs moulins, &
fournit les eaux néceflaires aux tanneurs & aux bouchers.
Le roi a fait faire fur la Mofelle un très-beau pont, dont
les extrémités font terminées par des grandes chauffées
avec des voûtes d'espace en espace, pour donner cours
aux eaux qui inondent la prairie dans les débordemens.
Les anciens murs de la ville furent rafés en 1700, & l'on
forma une nouvelle enceinte, flanquée de neuf bastions
royaux, ce qui en a fait une
royaux, ce qui en a fait une place très-réguliere & beau-
coup plus grande qu'elle n'étoit auparavant. Il y a beau-
coup de couvens & d'églifes dans la ville de Toul. La
cathédrale est un fort beau bâtiment. On compte fix mille
habitans dans Toul, diftribués fous quatre paroilles, &
fous neuf bannieres ou quartiers. Cette ville a deux faux-
bourgs, uniquement confidérables par les deux abbayes
qui leur ont donné le nom. L'un eft appellé le fauxbourg
Saint-Evre & l'autre Saint-Manfuit. Saint Manfuit fut

le premier évêque de cette ville. (b) On prétend qu'il
n'y eut que fix évêques entre lui & faint Auspice, qui
vivoit fur la fin du cinquième fiécle. Saint Evre, Aper,
fut fait évêque de Toul vers l'an 410, & on ne fait de
combien fut fon épiscopat. Cette opinion fuppofe que ce
foit le même que l'ami de faint Paulin de Nole, de qui
nous avons emprunté tout ce que nous avons dit de meil-
leur & de plus certain de faint Aper. (a) Piganiol, Descr.
de la France, t. 7, p. 369 & fuiv. (b) Baillet, Topogr.
des Saints, p. 498 & fuiv.

Le B. Bodon, dit faint Leudwin, évêque de Toul au
huitiéme fiécle, étoit frere de fainte Salaberge. S. Gerard,
évêque de Cologne, fut fait évêque de cette ville en 963,
après Gozelin, & mourut l'an 994. Saint Léon, pape,
IX du nom, appellé auparavant Brunon, fut élevé à
Toul, y fit fes études, fut enfuite chanoine de l'églife,
puis évêque de la ville en 1026. Saint Aloph ou Elof,
Eliphius, martyr fous Julien l'Apoftat, étoit du territoire

).

ou de la ville de Toul. H y fouffrit la mort & fut enterré dans le diocèse. Il avoit trois fœurs, Menne, Libaire, Sufanne, qui véquirent dans une grande fainteté, aulli-bien que fon frere Euchaire, qui, felon quelques uns, fut fait évêque de la ville, & felon d'autres, il le fut de celle de Grand, mais qui peut-être ne l'a été nulle part. Quelquesuns adjugent faint Aloph avec fon frere & fes foeurs à la ville de Grand, qu'ils prétendent avoir été un fiége épis copal dans le pays même des Leuques, dont on croit ordinairement que Toul étoit la cité; mais il nous faut de bonnes preuves pour nous perfuader que ç'a été un évêché différent de celui de Toul, & qu'on a vu deux fiéges & deux évêques en même tems dans un feul pays. Saint Loup, évêque de Troyes & faint Vincent fon frere, qui n'eft autre que celui de Lérins, felon plufieurs, étoient de Toul. Sainte Salaberge, abbeffe de Saint Jean de Laon, étoit du diocèle de Toul; elle y fut mariée au B. Blandin-Bafon en fecondes noces, & eut fainte Auftrade qui fut abbelle après elle à Laon, le B. Baudoin & le B. Euftafe. Saint Vaaft, évêque d'Arras, avoit été prêtre de l'églife de Toul, dans le diocèfe duquel il s'étoit retiré d'Aqui taine. Clovis l'avoit pris à Toul pour fe faire catéchi fer.

d'un procureur du roi, de deux receveurs alternatifs, d'un fecrétaire, de fix affelleurs & d'un commissaire aux revues & logement des troupes. Le gouvernement militaire a un gouverneur & lieutenant général. Il fut vendu avec l'agré ment du roi en 1690, par M. de Choifeul à M. le mar quis de l'Hôpital, la fomme de cent vingt mille livres. Il a été vendu en 1715, par M. de Melun de Maupertuis à M. de Crecy-Verjus, pour cent trente-cinq mille livres, & il rapporte près de douze mille livres. La lieutenance gé nérale rapporte encore plus que le gouvernement; elle vaut environ dix-huit mille livres par an. La ville de Toul a un gouverneur particulier, un lieutenant de roi, un major.

TOULA. Voyez TULLE, no. 2.

TOULI, nom d'une ille qu'Albergendi, dans le neuvićme chapitre de fa géographie, dit être fituée dans le fep tentrion, au-delà du feptième climat. C'est apparemment celle que les anciens ont appellée Última Thule. * D'Her belot, Biblioth. orient, p. 893.

TOULIGNAN, en latin Tulliniatum, bourg de France en Dauphiné.

TOULOIS, ou COMTÉ DE TOUL, Tullenfis Ager, gouvernement militaire de France, enclavé dans la LorraiLes évêques de Toul n'ont pas eu de grands revenus de- ne, au feptentrion, à l'orient & au midi; il touche un peu puis plufieurs fiécles; on n'eftime ce fiége que parce qu'il a à la Champagne à l'occident. C'eft le pays des anciens eu des évêques diftingués par leur fainteté; auffi dans le LEUCI, dont Céfar, Strabon, Prolomée & Pime font pays, lorsqu'on qualifie les trois évêchés, on dit Toul le mention. Voyez ToUL. Ce pays étoit autrefois d'une Saint, Metz le Riche, parce qu'il a toujours eu de grands grande étendue, & le diocèle de Toul qui a les mêmes revenu, & Verdun le Noble, parce que ce fiége depuis fept bornes, eft le plus grand des Gaules, ou de tous les pays cents ans, a presque toujours été tenu par des princes ou qui font au deça du Rhin, mais aujourd'hui le Toulois ou par des prélats d'une extraction fort illuftre. L'évêque de le comté de Toul a des bornes bien plus étroites. Ce Toul qui jouit aujourd'hui de cinquante mille livres de ren- gouvernement comprend le temporel de l'évêché de te, fe qualifie évêque de Toul & prince du Saint-Em- Toul, dont la fouveraineté a été unie à la France dès pire. Le chapitre de l'églife cathédrale eft compofé de l'an 1552 par Henri II: il renferme le bailliage de Toul trente-fix canonicats qui valept huit ou neuf cents livres de qui eft compofé de fix prévôtés, dont les plus confidérarevenu, & de quatre dignités; favoir, le grand doyenné bles font celles de Liverdun & de Vichery. Le pays eft affez de cinq mille livres de revenu, la chantrerie de trois mille abondant; la Mofelle eft la feule riviere remarquable. Ce livres, la trésorerie & l'écolâtrerie, chacune de mille cinq gouvernement faifoit autrefois partie de celui de Metz & cents livres. de Verdun, fous le nom du gouvernement de trois évêchés ; il eft du parlement, de l'intendance & de la maréchauffée de Metz; il a un gouverneur de province & un lieutenant général, dont les appointemens font plus confidérables que ceux du gouverneur.

Le diocèle s'étend bien au-delà du gouvernement de Toul & du Toulois, & eft un des plus étendus du royaume il comprend la meilleure partie de la Lorraine, depuis Nanci jusqu'au mont de Vosge. Rambervilliers, Moyen & Baccarat, qui font du temporel de l'évêché de Merz, quel ques villages de Champagne, tout le pays qu'arrofe la Meule au deffus de Saint-Michel, & la Mofelle depuis Pont-à-Mouffon jusqu'à leur fource, & aux montagnes qui font fur les limites du diocèle de Befançon & de l'AL face. On compte quatorze cents paroiffes dans le diocèfe de Toul; il y a même des écrivains qui en compte deux mille, le dernier pouillé n'en compte que neuf cents quatrewingt-dix-huit. Il y a encore dans ce diocèfe les chapitres de faint Gengoul, de l'églife primatiale de Nanci, de faint George dans la vieille ville de Nanci, de faint Die en Vosge; outre ces chapitres d'hommes, il y en a encore quatre de filles; favoir, Remiremont, Epinal, Pouffay & Bouxieres. Les prébendes & les abbayes font affectées à des filles d'une nobleffe épurée, & qui font obligées de faire des preuves très-rigides. Le revenu des prébendes de ces chapitres eft différent ; il y en a qui ne valent que deux cents livres, & d'autres valent jusqu'à cinq cents. Dans quelques-unes de ces maifons l'on a ce privilége, que la même perfonne peut polléder jusqu'à cinq prébendes, à des conditions qui ne nuifent point au fervice divin. Dans le diocèfe de Toul font renfermées les abbayes de

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1. TOULON, ville & port de mer de France, dans la Provence, avec évêché fuffragant d'Arles. Il n'y a aucun géographe, hiftorien ou autre ancien qui ait fait mention de Toulon avant l'auteur de l'itinéraire, qui a marqué Telo Martius à douze milles de Tauroente, ville maritime, autrefois fondée par les Marfeillois, de laquelle on ne voit plus de veftige, mais que l'auteur de l'itinéraire diftingue bien de Toulon, & réfute par-là invinciblement quelques écrivains modernes qui ont confondu ces deux villes.* Longuerue, Description de la Francé, 1. part.

P. 359.

On lit, dans la notice de l'Empire, qu'il y avoit une teinturerie à Toulon qui avoit un intendant impérial, qui eft appellé Procurator Baphiorum: ainfi cette place étoit célé bre dès la fin du quatrième fiécle.

Toulon a été nommé en latin Telo, Telonium & TeloMartius, d'un tribun de ce nom qui y conduifit une colonie. Prolomée nomme cette ville Tauroentium. Le pere Hatdouin conjecture que Toulon pourroit être le portus Citharifta dont parle Pline. Sa conjecture eft d'autant plus vrailemblable, qu'Antonin dit que ce port eft éloigné de Marseille de trente milles, & c'eft précisément la diftance qu'il y a de Marfeille à Toulon. Cette ville eft dans une Hituation admirable exposée au midi, & couverte au feptentrion par des montagnes élevées jusqu'aux nues, qui rendent fon port un des plus grands & un des plus furs qui foient au monde. C'est une affez grande ville; le bâtiment de fon églife cathédrale eft peu de chofe, mais la chapelle de Notre-Dame eft un lieu de dévotion qui y atrite un grand concours de peuple. On trouve dans une des rues de la ville une allée d'arbres qui forment une espece de cours. Le port est un des plus connus de l'Europe; il eft deftiné aux vaifleaux de guerre.On y distingue deux différents ports, le vieux & le nouveau, qui communiquent l'un à l'autre. La ville eft généralement très mal propre en beaucoup d'endroits ; le quartier neuf eft affez bien bâti, fa place eft un carré long, elle eft bordée d'arbres, & les gardes de la

marine

marine y font l'exercice. La maifon des jéfuites qui étoient dans ce quartier, eft affez belle, il y a un féminaire pour les eccléfiaftiques qui fervent d'aumôniers fur les vaiffeaux. Il y a auffi dans cette ville plufieurs couvens de religieux & de religieufes, fans compter la maifon des prêtres de l'oratoire, qui ont le collége. L'hôtel de ville eft dans le quartier vieux, fa principale entrée eft fur le quai qui regne le long du port. Cette maison n'eft remarquable que par deux beaux termes de pierre qui font aux côtés de la grande porte; ils femblent foutenir un balcon & repréfentent deux hommes qui avoient déplu au fculpteur. Ces termes font du fameux Pierre Puget, & ont fait l'admiration du cavalier Bernin. Le parc ou l'arfenal eft à une des extrémités de ce quai; il eft compofé de tous les lieux qui font néceflaires pour la conftruction & pour l'armement des vaiffeaux; on y voit la corderie, qui eft un lieu furprenant pour fa longueur; elle eft toute voûtée & à perte de vue; on y fait les cables, & dans l'étage de deffus, une infinité d'ouvriers préparent les filaffes & les chanvres. Les écoles des gardes de la marine fervent à les faire travailler aux mathématiques, au deffein, à voltiger, à faire des armes, &c. La falle d'armes eft un grand magafin où fe font les mousquets, fufils, piftolets, hallebardes & autres uftenfiles des canonniers. L'artillerie eft auffi dans un bon ordre; on voit encore les lieux où l'on fait la menuiserie & la tonnelerie, où dans un lieu très-vaste on montre un nombre infini de futailles pour embarquer les vivres & les boiffons. On entre dans un autre lieu qui eft à côté, où l'on travaille à leur conftruction. Les maillets font ici un fi grand bruit, qu'il eft impoffible qu'on s'y entende parler. Ön fe rend de-là au parc de l'artillerie, où il y a des canons en piles. On y voit auffi un nombre infini de bombes, de grenades, de mortiers, de boulets à deux têtes de différentes espéces, rangés tous dans un ordre à faire plaifir; les ancres bordent tout le tour du canal qui environne le parc; on découvre de-là les forges qui en font éloignées. La falle des voiles eft fort longue, & les yeux s'égarent par la quantité des chofes qu'on y voit; on y trouve tout ce qui eft néceffaire à un vaiffeau; il y a un nombre in fini d'ouvriers qui travaillent ; & enfin pour voir tout ce qui compofe cet admirable arfenal, on peut monter au-deffus de la falle des voiles, où l'on met le gaudron aux cables. La fonderie des canons mérite d'être vue. La boulangerie royale & les fours, tout cela peut être vu en pasfant; on doit aller enfuite au chantier de conftruction; rien n'eft fi curieux ni fi furprenant que de voir lancer à l'eau quelque vaisseau. * Piganiol, Description de la France,

1.4, p. 166.

Toulon fut fajette aux mêmes événemens & révolutions que le reste de la Provence; cette ville fut ruinée par les Sarrazins dans le commencement du dixiéme fiécle, & on ne voit pas qu'elle ait été rétablie qu'après l'an 1000 par les vicomtes de Marseille qui en étoient feigneurs. Comme. les Sarrazins ou Mores étoient puiffans fur mer, ils attaquerent dans le douziéme fiécle deux fois Toulon, & ils le prirent l'an 1176 & l'an 1197. A toutes les deux fois ils ruinerent la ville, & emmenerent les habitans.

Les Marfeillois qui avoient acquis le vicomté de Marfeille, céderent à Charle I, ce qui avoit appartenu à ces vicomtes, tant à Toulon qu'aux villes voifines. Depuis ce tems la ville de Toulon fe maintint & s'accrut fous la protection de fes princes, les rois de Sicile & de Naples, comtes de Provence. Son port eft un des plus affurés de toute la Méditerranée; il eft auffi un des plus capables, puisqu'il a neuf mille pas de tour. Son entrée eft défendue par plufieurs forts, & ces ouvrages ont été augmentés depuis que la Provence fut envahie l'an 1707 par une grande armée ennemie, commandée par Victor Amédée II, duc de Savoye, & foutenue par une grande flotte. Toulon résista à tant de forces qui fe joignirent pour l'attaquer.

Depuis ce tems on a ajouté de nouvelles fortifications aux anciennes, & on y a bâti une citadelle. Son port eft un des plus beaux de l'Europe. On entre d'abord dans une grande rade, la plus forte qu'il y ait, & dont l'entrée cft défendue par un grand nombre de batteries & de forts, parmi lesquels la groffe tour eft le plus confidérable. Le port eft à une des extrémités de cette rade. L'entrée en eft fi étroite, que les vaiffeaux n'y peuvent entrer qu'un après l'autre, & elle eft défendue par plufieurs bonnes batteries, revêtues & bien munies de canons. Au

fond de ce golfe eft la ville, laquelle embraffe le port. Il eft partagé en deux par une groffe jettée de pierres. Il est couvert par une partie de l'enceinte de la ville. On voit quelquefois fur ce port un spectacle affez divertissant: on l'appelle la Targue, c'eft une espece de joute. On arme plufieurs bâtimens, fur lesquels on met horizontalement une planche large de neuf à dix pouces, & d'environ qua. tre pieds de faillie. Le champion qui doit jouter eft debout fur l'extrémité de cette planche & en balçon, tenant dans la main droite une lance fans pointe, & de la gauche une espéce de bouclier qu'on nomme Targu, & qui donne le nom à ces joutes. Les bâtimens ayant chacun leurs combattans, vont les uns contre les autres à force de rames & au bruit des trompettes. Les combattans fe couvrent de leurs targues, & fe préfentent leurs lances pour fe culbuter. Celui qui renverfe davantage fans s'ébranler remportent le prix. Louis Ferrand, avocat au parlement de Paris, & très-favant dans l'antiquité & dans les langues grecque & orientale, étoit né à Toulon en 1645, & mourut à Paris en 1699. Il a donné plufieurs ouvrages, entr'autre, un gros commentaire fur les pfeaunies. Toulon a été affligée de la pefte au commencement de l'an 1721.

Il n'y a aucun monument certain qui false mention de l'églife de Toulon & de fes évêques avant le milieu du cinquiénie fiécle. Elle avoit alors un évêque appellé Honorat, que faint Léon le Grand nomme dans une lettre écrite aux évêques des Gaules. Il eft fait mention des évêques de Toulon dans le fixiéme fiécle, où ils comparurent & fignerent au concile de France. C'eft pour lors qu'on commença à alterer le nom Telo en Tolo. Saint Cyprien fut évêque de Toulon après Gratien, vers l'an 516, & il eft compté pour le troifiéme ou quatrième évêque de la ville. Il mourut avant 549, où l'on voit que Pallade, fon fucceffeur, a fouscrit au cinquiéme concile d'Orléans. Il eft le fecond patron ou titulaire de l'églife après la fainte Vierge. On honore encore un martyr de ce nom dans la même ville. * Baillet, Topogr. des faints, p. 495.

L'évêché de Toulon eft d'une très petite étendue : il n'a que vingt-cinq paroiffes, parmi lesquelles Sixfours eft collégiale depuis 1650. Cuers & Hiéres le font auffi; Cuers depuis 1650, & Hiéres en 1572. On croit qu'Ho noré ou Honorat fut le premier évêque de Toulon. Le chapitre de la cathédrale eft compofé d'un prévôt, d'un archidiacre, d'un facriftain, d'un capiscol & de huit autres chanoines, dont l'un eft théologal. Il y a dans ce diocèfe une abbaye de filles de l'ordre de cîteaux, fondée l'an 1243, près du château d'Hiéres. Elle fut transférée en l'églife de faint Etienne du Pont en 1406. Cette abbaye jouit d'environ neuf ou dix mille livres de rente. Piganiol, Descr. de la France, t. 4, p. 95.

La BAIE DE TOULON qui a de bons mouillages, dit Michelot, Portulan de la Medit. p. 71, eft de l'autre côté du cap Sepet, environ deux milles vers l'oueft-nord-oueft de la pointe de ce cap, & au-dedans du cap il y a une petite calanque entre deux groffes pointes, qu'on appelle communément LE CREUX DE SAINT GEORGE, vis-à-vis duquel on mouille avec les galeres par huit, dix, douze, quinze braffes d'eau, fond d'herbes vafeux, portant une amarre fur la pointe de l'queft fi l'on veut; mais il ne faut pas s'enfoncer dans la calanque de faint George, parce que le fond manque tout-à-coup. Les vaiffeaux du roi & autres mouillent un peu plus au large dans la grande rade. On peut mouiller auffi entre les deux tours de Balaguier & de l'Eguillette, ou vers le milieu de la baie : on y a huit & dix braffes d'eau. Entre la pointe du cap Sepet & celle du creux de Saint-George il y a une grande infirmerie qu'on appelle l'hôpital de faint Louis, ou faint Mandri; & lorsqu'on va du cap Sepet à faint George, ou à la grande rade, il faut prendre garde à une madrague qu'on met pendant l'été presque à moitié chemin, vis-à-vis d'une groffe pointe.

Environ à une demi-lieue au nord ouest de la pointe de Saint-George, eft une grande tour ronde, revêtue & armée de canons, & fituée fur le bord de la mer. On l'appelle la TOUR DE BALAGUIER. Entre les deux il y a un enfoncement, à l'eft duquel on trouve le Lazaret ou l'infirmerie, Ce font des baffes terres, bordées de grandes plages de sa ble, où ordinairement les vaifleaux en tems de contagion mouillent pour faire quarantaine. A trois cents foixante toi, fes ou environ, au nord quart de nord-est de la tour de

Tome V. IIiiii

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Balaguier, il y a une autre grande tour carrée, revêtue d'ane faufle braie, & fituée fur le bord de la mer. On l'appelle la Tour de l'EGUILLETTE. On peut mouiller entre ces deux tours à discrétion, par quatre, cinq à fix braffes d'eau.

A l'eft de la tour de l'Eguillette, environ fix cents cinquante toifes, il y en a une autre encore fur le bord de la mer, & qu'on appelle LA GRANDE TOUR. Elle eft auffi revêtue d'une faulle braie. Toutes ces tours font bien armées. Elles défendent généralement toutes les rades de la baie, & les approches de Toulon. Il ne faut pas ranger cette tour à plus de deux longueurs de cables pour le moins, d'autant qu'il y a une longue pointe qui s'avance fous l'eau fort au large, & où il y a fort peu d'eau. Environ à quatre cents toifes au furd-fud-ouest de la grande Tour, il y a un petit banc de fable, fur lequel on ne trouve que cinq brasfes d'eau, & aux environs on en a dix à douze. Il y en a un autre petit au nord-oueft quart d'ouest de la même tour, environ à deux cents cinquante toifes. On ne trouve que trois braffes & demie d'eau fur ce banc.

De l'autre côté de ces deux dernieres tours, en allant vers le nord, il y a encore un grand enfoncement, & du côté du nord de la grande Tour, environ un mille & demi est la ville de Toulon. Il y a plufieurs batteries qu'on a faites en différents endroits de cette baie pour en défendre les approches. Lorsqu'on vient du large, & qu'on veut aller mouiller à la petite rade qui eft vis-à-vis de la ville, à l'ouverture du vieux port, ou qu'on veut entrer dans les deux ports, il faut prendre garde à une féche qu'on appelle la Talle, qui eft presque vis-à-vis de la grande Tour fur la droite en entrant, un peu en-dedans, à une bonne Jongueur de cable, fur laquelle il n'y a qu'un à deux pieds d'eau ; c'est pourquoi, foit en entrant ou en fortant, il faut s'en éloigner à discrétion, enfuite gouverner droit par le milieu de la ville, où l'on trouvera huit, fept, fix, jusqu'à trois braffes d'eau, fond de vafe & herbiés, jusqu'au proche de l'entrée du vieux port qui eft du côté de l'eft. Ordinairement les galeres mouillent vi-à-vis de cette entrée, comme nous avons dit, par trois à quatre braffes d'eau, la commandante & quelques autres portent des amarres proche l'entrée du port, à des arganaux qui y font pofés exprès, ayant une bonne ancre vers le fud-fud-oueft pour refter affourche, à caufe du nord-oueft qui eft fort violent.

Les vaiffeaux du roi font ordinairement dans l'un ou l'au tre port, qui fe ferment à chaîne le foir; mais lorsqu'ils arment, ils viennent mouiller à la petite rade dont il a été parlé ci-deffus proche la côte de l'est : on appelle ce lieu le Morillon.

Du côté de l'ouest de la ville de Toulon, environ à quatre milles, on voit un grand enfoncement, au fond duquel eft un grand village nommé LA SEINE, fitué fur le bord de la mer. On y peut aller mouiller avec des vaisleaux médiocres; mais il faut paffer par le milieu pour aller d'une terre à l'autre, parce qu'il y a fort peu d'eau aux côtés, le fond étant vafeux avec de grands herbiés. Il y a pourtant affez proche de la Seine, trois, quatre à cinq braffes d'eau. Le traverner de la petite rade elt l'oueft-nord-oueft,& celui de la grande eft l'eft - nord - eft, & le nord-eft y eft auffi fort rude. La latitude eft 43d 9', & la variation 64 nord

Quest.

Environ à un quart de lieue de la grande Tout eft le fort des Vignettes. C'eft une espece de tour ou ras d'eau qu'on y a fait avec une batterie auprès du côté de l'eft, & devant laquelle on peut mouiller au cas qu'on ne puiffe gagner la rade. On y eft à couvert des vents de nordoueft, nord & nord-eft ; & l'on y a douze à quinze braffes d'eau affez proche de terre.

Au nord-eft du cap Sepet, environ à quatre ou cinq milles, eft la pointe de Sainte-Marguerite qui eft fort escarpée. Sur le haut on voit une églife & quelques maifons auprès. Entre la grande tour & cette pointe la côte eft haute & fort escarpée. Il y a trois à quatre batteries de canons & de mor. tiers.

Enfin, à trois ou quatre milles vers le fud-eft de la pointe de Sainte-Marguerite, il y a une groffe pointe qu'on appelle Querqueragne, qui forme du côté du nord-oueft une petite anfe de fable, où l'on peut mouiller avec des galéres dans une néceffité, y ayant cinq à fix braffes d'eau, fond d'herbe vafeux. On y eft à couvert des vents de fud-oueft,

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& il n'y a que l'eft-nord-oueft qui y donne à plein. La pointe de Querqueragne termine la baie de Toulon de ce côté-là.

TOULON EN CHAROLOIS, bourg de France, dans la Bourgogne, au diocèfe d'Autun. Ce bourg eft à sept lieues d'Autun, à quatre de Montcénis & à fix de Charoles, fur la riviere d'Arroux, qui fépare en cet endroit le Charolois de l'Autunois. Il y a un dépôt & une chambre à fel qui dépend de Baray-le-Monial. C'est la quatrième communauté qui députe aux états du Charolois. Il y a un prieuré de bénédictines, fous le vocable de Notre-Dame de Champehanoux. L'on pêche dans la riviere des faumons. De l'autre côté de l'Arroux eft le village de Toulon en Bourgogne, auquel ce bourg fe communique par un pont de treize arcades. La riviere feroit navigable jusqu'à Toulon, fi l'on coupoit quelques petits rochers à deux lieues de-là, qui font à fleur d'eau, ce qui faciliteroit le commerce du Charolois avec Paris. Hy a plufieurs feux qui dépendent de ce Toulon; favoir, le bois de Toulon, l'Abergement & Rémangé, qui font trois hameaux; les Grandeurs, la Grange, la Maillotte, Marimban, Aubigny, le Sacq & le Boulet, qui font dépendans des Gran-* ges. Toulon fut la patrie d'Antoine Garreau, procureur au parlement de Dijon, auteur de la description de la Bourgogne. Il mourut le 14 feptembre 1738. TOULONJEON, comté de France, dans la Bourgogne, au diocèle d'Autun.

TOULOUBAN, ville des Indes, dans la province de Multan, à trente-cinq milles de la ville de ce nom, fur le bord de la riviere de Multan. * Petis de la Croix, Hist. de Timur-Bec, l. 4, c. 5.

TOULOUSAIN, contrée de France, dans le haut-Languedoc; c'eft proprement le pays des environs de Toulouse. Il eft compofé des diocèfes de Toulouse & de Rieux, & de la partie de celui de Montauban qui eft dans le Languedoc. C'est ce qui étoit refté au dernier comte de Toulouse après la guerre des Albigeois. Ce pays n'eft presque que de plaines, belles & abondantes en bleds, entrecoupées de rivieres & de ruiffeaux, qui forment de belles prairies. On y recueille des vins qu'on confomme dans le pays; beaucoup de miller & du paftel. Cette derniere graine qui eft beaucoup plus belle que celle de l'indigo, fert particulierement pour le bleu. Sa ville capitale eft Touloufe; les autres villes font Rieux, évêché, Caftel-Sarrafin & Grifolles; fa principale riviere eft la Garonne. Le canal royal de Languedoc y prend fa naiffance.

TOULOUSE, ville de France, dans le haut Languédoc, dont elle eft la capitale, comme de toute la province de Languedoc. Cette ville, fituée fur le bord oriental de la Garonne, dans le pays des anciens Tectofages, eft une des plus anciennes des Gaules, puisque Trogue Pompée & plufieurs autres anciens auteurs affurent qu'elle étoit la patrie des Tectofages, qui ravagerent la Grece du tems de Brennus, près de deux cents quatre-vingts ans avant Jesus-Christ. Elle eft nommée Tolofa par Célar, lib. 1, bell. Gall. cap. 10. Tolofa Colonia par Ptolomée, l. z, c. 10, Urbs-Totofatium par Sidonius Apollinaris, l. 4, Epift. 17, & Civitas Tolofatium, dans la notice de la Gaule. C'étoit anciennement comme aujourd'hui, une ville d'une grande étendue, & elle éroit divifée en cinq parties, fuivant ce vers d'Aufone, Epift. 23, v. 83.

Quincuplicem focias tibi Martie Narbo Tolofam.

On lui donna l'épithète de PALLADIA, foit à cause du culte que fes habitans rendoient à Pallas; foir à caufe du goût que fes habitans ont toujours eu pour les fciences & pour les belles lettres, felon ces vers de Martial, lib. 9, Epigram. 101.

Marcus Palladia non inficianda Tolofa

Gloria, quem genuit pacis alumna quies.

Le premier vers de cette épigramme fait voir que Mare tial entend parler de l'étude des belles lettres :

Marcus amat noftras Antonius, Attice, Mufas.

Touloufe étoit encore confidérable par fa magnificence; il y avoit un capitole. On y voyoit auffi un temple célé

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bre dans tout le voisinage, & fameux par fes richeffes, auxquelles perfonne n'ofoit toucher. Juftin & quelques autres hiftoriens ont cru que les Tectofages enleverent le tréfor du temple de Delphe, & que pour appaifer la colére d'Apollon qui les défoloit par une cruelle pefte, ils jetterent ce tréfor dans le lac de Toulouse. * Strabo,

1. 4.

Cette ville fut prife fur les Tectofages par le conful Servilius Capion l'an 648 de Rome, felon l'époque de Varron, cent fix ans avant l'ére chrétienne. Ce conful enleva de grands tréfors que les habitans y avoient amalfés de longue main, & entr'autres celui du temple d'Apollon; tous les historiens & les autres auteurs affurent que Capion finit malheureusement, & fut puni avec tous ceux qui avoient eu part à fon facrilege, ou qui dans la fuite eurent quelque partie de cet or de Toulouse; c'eft de-là qu'eft venu le proverbe Aurum Tolofanum, dont on s'eft fervi pour défigner une chose qui attire un très-grand malheur à celui qui l'acquiert. Ce temple d'Apollon, qui étoit à Toulouse, a fait confondre, même dans l'antiquité, cet or de Toulouse avec celui du temple de Delphe; & quelques-uns fe font imaginés que Brennus, général des Gaulois, ayant pillé le temple de Delphe, les Gaulois, & fur-tout les Tectofages, avoient remporté leur butin dans leur pays; mais Strabon dit que le temple de Delphe avoit été pillé par les Phocéens avant la venue des Gaulois, lesquels, bien loin de prendre la ville de Delphe, & de pouvoir piller fon temple, furent repousfés avec perte; & ayant été enfuite battus en plufieurs rencontres, ils périrent tous fans qu'il s'en fauvât un feul. Quoique Touloufe fut une des villes des plus célébres de l'empire romain, néanmoins elle ne fut jamais métropole ou capitale de province fous les empereurs. Ce fut fous les rois des Wifigots qui y établirent leur réfidence, qu'elle devint une ville royale, reconnoiffant toutefois pour métropole eccléfiaftique, Narbonne, dont elle n'a été fouftraite que l'an 1317, par Jean XXII. Ce pape divifa le grand diocèfe de Toulouse en plufieurs, où il mit des évê. ques, leur donna pour métropolitain le cardinal Jean Raymond de Comminges, premier archevêque de Touloufe.* Longuerue, Description de la France, part. i,

p. 228.

La jurisdiction temporelle, après avoir été entre les mains des officiers de l'empire romain, fut affujettie aux Wifigots, lorsque le roi Ataulphe s'établit dans les Gaules au commencement du cinquième siècle.

Cent ans après ou environ, Clovis ayant défait Alaric, s'empara de Toulouse, & laiffa cette ville à fes fuccefleurs, qui la gouvernerent par des officiers qu'on nommoit comtes. Dagobert la donna l'an 628, à fon frere Aribert, qui y établit fa résidence ; mais ce prince, ayant à peine regné trois ans, mourut, & fon état revint fous la domination de Dagobert, qui laiffa la ville de Toulouse à son fils, Clovis II, roi de Neuftrie.

Les princes Mérovingiens en ont toujours été les maîtres jusqu'au commencement du huitiéme fiécle, que le duc Eudes, qui fe rendit abfolu dans l'Aquitaine, s'empara de Toulouse, qu'il défendit contre le Sarrazins l'an 721. Onze ans après ils la prirent & la faccagerent avec Bordeaux, & la plupart des villes d'Aquitaine qu'il ne conferverent point, parce qu'ils furent défaits près de Poitiers par Charles Martel, maire du palais ; ainfi Eudes jouit comme auparavant de l'Aquitaine, & laiffa cet état à fon fils Hunaud, à qui Gaifre fon fils fuccéda. Le roi Pepin, fils de Charles Martel, fit une cruelle guerre à Gaifre, qui perdit enfin tous les états & la vie.

Pepin s'empara l'an 767, de la ville de Toulouse, que lui & fes fuccefleurs gouvernerent par des comtes qui n'étoient que de fimples officiers, jusqu'au tems de Charles le Simple, qui perdit presque toute fon autorité, & fut dépofé & mis en prifon, où il mourut; ce fut fur la fin du regne de ce prince, que Régimond ou Raymond fe rendit abfolu à Toulouse vers l'an 920. Il eut pour héritier fon fils Raymond Pons. Ces premiers comtes de Toulouse prenoient la qualité de ducs & marquis d'Aquitaine, quoiqu'ils n'euffent qu'une petite portion d'un fi grands pays, n'étant maîtres au commencement que de l'ancien territoire de Touloufe & du Querci, n'ayant aucune autorité fur le reste de la Gothie ou Septimanie, appellée aujourd'hui le Languedoc.

Les comtes descendans du premier Raymond, jouirent

de cet état jusqu'à Guillaume, qui vivoit dans le onzième fiécle, & ne laiffa qu'une fille nommée Philippia, qui époufa le duc Guillaume, pere du dernier duc d'Aquitaine; elle ne fuccéda pas à fon pere, parce que fon oncle Raymond de faint Gilles, comte de Querci & frere de Guillaume, comte de Touloufe, s'empara de cette ville. Il prit enfuite le premier le titre de duc de Narbonne, fans aucun droit, & fit la guerre pour chaffer de Provence le comte Gilbert. Raymond en allant à la Terre - Sainte, défigna comte de Toulouse, fon fils Bertrand, qu'on croit avoir été bâtard, & qui mourut fans enfans l'an 1114 ou IIIS.

Après la mort de Bertrand, Guillaume, duc d'Aquitaine, foutenant les droits de fa femme, prit Touloufe; mais il en fut dépoffédé par Alfonse, fils légitime de Raymond de faint Gilles. Le dernier, Guillaume, duc d'Aquitaine, & la fille Eléonor hériterent des droits de Philippia, qu'Henri II, roi d'Angleterre, mari d'Eleonor, foutint contre Raymond, comte de Toulouse, fils d'Alfonfe, & en demanda juftice à Louis le Jeune, roi de France, qui accorda les parties, à condition, que la propriété du comté de Toulouse demeureroit à Raymond, qui feroit tenu d'en faire foi & hommage au roi d'Angleterre, duc de Guienne, ce qui fut exécuté. Richard, fils d'Henri & d'Eléonor, demanda l'hommage du comté de Toulouse; mais cette affaire fut terminée l'an 1196, lorsque Raymond, dit le Vieux, comte de Touloufe, fils d'Alfonfe, ayant époufé Jeanne, fœur de Richard, ce roi céda tous fes droits fur le comité de Touloufe au comte Raymond; ce fut le même Raymond, qui, s'étant déclaré protecteur des Albigeois, fut poursuivi par le pape Innocent III, qui donna le comté de Toulouse à Simon de Montfort, général des catholiques, du consentement de Philippe-Augufte; ce qui détermina Raymond, abandonné par le roi, fon feigneur féodal, à reconnoître un autre feigneur ou fouverain, qui fut Pierre, roi d'Aragon, à qui le comte fit foi & hommage. C'est là l'origine du droit que les Aragonnois prétendoient fur le comté de Toulouse, auquel ils renoncerent par la transaction paffée entre faint Louis & Jacques roi d'Aragon l'an 1258.

Simon de Montfort ne put fe maintenir dans fa conquête, & fon fils Amaury céda fes droits à Louis VIII, pere de faint Louis. Raymond le Jeune, fils & fucceffeur de Raymond le Vieux, fit fa paix avec le roi de France & avec l'Eglife, & tranfigea l'an 1228 avec faint Louis. Par ce contrat, la princeffe Jeanne, fille de Raymond, fut ac cordée avec Alfonfe, comte de Poitiers & frere du roi. On convint que Jeanne fuccéderoit aux états de fon pere, & qu'en cas qu'elle & fon mari vinffent à mourir fans enfans mâles, le tout feroit réuni à la couronne. Raymond mourut l'an 1249, & eut pour fucceffeur fa fille Jeanne & fon gendre Alfonfe, qui finirent leurs jours l'un & l'autre peu après la mort de faint Louis, l'an 1270, après quoi Philippe le Hardi prit poffeffion du comté de Toulouse, & le réunit à la couronne.

Il y avoit dans Toulouse un amphithéâtre, un capitole & plufieurs autres monumens fuperbes; mais les Wifigots les ruinerent de fond en comble, enforte qu'il n'en reste que quelques mafures de l'amphithéâtre près du château de faint Michel. La ville de Toulouse étoit autrefois divifée en bourg & cité; mais en 1346 le bourg fut enfermé dans la ville. Quoiqu'il n'y ait point de ville dans le royaume plus avantageufement fituée pour le commerce que Toulouse, il ne s'y en fait cependant presque point. Le génie des habitans n'eft pas tourné de ce côté-là, & les porte plus volontiers à jouir de la nobleffe que leur donne le capitoulat, ou à entrer dans les charges de robe. C'est le parti que prennent ordinairement les enfans des marchands diftingués, & ce qui fait que Toulouse, une des plus grandes villes du royaume, eft une des moins riches, & n'eft pas même fort peuplée; il y a quelques rues fort longues. En général les maifons n'y font pas belles, étant toutes de brique: il y en a cependant de remarquables. Le pont eft beau & du deffein de François Manfart. Les arches qui le forment font bien conftruites. Le cintre est d'un trait fort hardi. A chaque pile est une ouverture en coquille pour donner paffage à l'eau lorsque la Garonne eft débordée. Il eft terminé par un bel arc de triomphe, fur lequel Louis le Grand eft repréfenté. L'églife cathédrale n'eft pas achevée, le chœur eft beau, clair, & élevé; mais la nef ne Tome V. IIiiii ij

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