Images de page
PDF
ePub
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

marine y font l'exercice. La maifon des jéfuites qui étoient dans ce quartier, eft affez belle, il y a un féminaire pour les eccléfiaftiques qui fervent d'aumôniers fur les vaiffeaux. Il y a auffi dans cette ville plufieurs couvens de religieux & de religieufes, fans compter la maifon des prêtres de l'oratoire, qui ont le coliége. L'hôtel de ville eft dans le quartier vieux, fa principale entrée eft fur le quai qui regne le long du port. Cette maison n'eft remarquable que par deux beaux termes de pierre qui font aux côtés de la grande porte; ils femblent foutenir un balcon & repréfentent deux hommes qui avoient déplu au fculpteur. Ces termes font du fameux Pierre Puget, & ont fait l'admiration du cavalier Bernin. Le parc ou l'arfenal eft à une des extrémités de ce quai; il eft compofé de tous les lieux qui font néceffaires pour la conftruction & pour l'armement des vaiffeaux ; on y voit la corderie, qui eft un lieu furprenant pour la longueur; elle eft toute voûtée & à perte de vue; on y fait les cables; & dans l'étage de deffus, une infinité d'ouvriers préparent les filafles & les chanvres. Les écoles des gardes de la marine fervent à les faire travailler aux mathématiques, au.deffein, à voltiger, à faire des armes, &c. La falle d'armes eft un grand maga fin où fe font les mousquets, fufils, piftolets, hallebardes & autres uftenfiles des canonniers. L'artillerie eft auffi dans un bon ordre; on voit encore les lieux où l'on fait la menuiferie & la tonnelerie, où dans un lieu très-vaste on montre un nombre infini de futailles pour embarquer les vivres & les boiffons. On entre dans un autre lieu qui eft à côté, où l'on travaille à leur conftruction. Les maillets font ici un fi grand bruit, qu'il eft impoffible qu'on s'y entende parler. Ön fe rend de-là au parc de l'artillerie, où il y a des canons en piles. On y voit auffi un nombre infini de bombes, de grenades, de mortiers, de boulets à deux têtes de différentes espèces, rangés tous dans un ordre à faire plaifir; les ancres bordent tout le tour du canal qui environne le parc; on découvre de-là les forges qui en font éloignées. La falle des voiles eft fort longue, & les yeux s'égarent par la quantité des chofes qu'on y voit; on y trouve tout ce qui eft néceffaire à un vaiffeau ; il y a un nombre in fini d'ouvriers qui travaillent ; & enfin pour voir tout ce qui compofe cet admirable arfenal, on peut monter au-deffus de la falle des voiles, où l'on met le gaudron aux cables. La fonderie des canons mérite d'être vue. La boulangerie royale & les fours, tout cela peut être vu en pasfant; on doit aller enfuite au chantier de conftruction; rien n'eft fi curieux ni fi furprenant que de voir lancer à l'eau quelque vaiffeau. * Piganiol, Description de la France,

t. 4, p. 166.

Toulon fut fajette aux mêmes événemens & révolutions que le refte de la Provence; cette ville fut ruinée par les Sarrazins dans le commencement du dixiéme fiécle, & on ne voit pas qu'elle ait été rétablie qu'après l'an 1000 par les vicomtes de Marseille qui en étoient feigneurs. Comme les Sarrazins ou Mores étoient puiffans fur mer, ils attaque rent dans le douzième fiécle deux fois Toulon, & ils le prirent l'an 1176 & l'an 1197. A toutes les deux fois ils ruinerent la ville, & emmenerent les habitans.

Les Marseillois qui avoient acquis le vicomté de Marfeille, céderent à Charle I, ce qui avoit appartenu à ces vicomtes, tant à Toulon qu'aux villes voilines. Depuis ce tems la ville de Toulon fe maintint & s'accrut fous la protection de ses princes, les rois de Sicile & de Naples, comtes de Provence. Son port eft un des plus affurés de toute la Méditerranée; il eft auffi un des plus capables, puisqu'il a neuf pas de tour. Son entrée eft défendue par plufieurs forts, & ces ouvrages ont été augmentés depuis que la Provence fut envahie l'an 1707 par une grande armée ennemie, commandée par Victor Amédée II, duc de Savoye, & foutenue par une grande flotte. Toulon résista à tant de forces qui fe joignirent pour l'attaquer.

mille

Depuis ce tems on a ajouté de nouvelles fortifications aux anciennes, & on y a bâti une citadelle. Son port est un des plus beaux de l'Europe. On entre d'abord dans une grande rade, la plus forte qu'il y ait, & dont l'entrée eft défendue par un grand nombre de batteries & de forts, parmi lesquels la groffe tour eft le plus confidérable. Le port eft à une des extrémités de cette rade. L'entrée en eft fi étroite, que les vailleaux n'y peuvent entrer qu'un après l'autre, & elle eft défendue par plufieurs bonnes batteries, revêtues & bien munies de canons. Au

fond de ce golfe eft la ville, laquelle embraffe le port. Il eft ll partagé en deux par une groffe jettée de pierres. Il eft couvert par une partie de l'enceinte de la ville. On voit quelquefois fur ce port un fpectacle affez divertiffant: on l'appelle la Targue, c'eft une espece de joute. On arme plufieurs bâtimens, fur lesquels on met horizontalement une planche large de neuf à dix pouces, & d'environ quatre pieds de faillie. Le champion qui doit jouter eft debout fur l'extrémité de cette planche & en balçon, tenant dans la main droite une lance fans pointe, & de la gauche une espéce de bouclier qu'on nomme Targu, & qui donne le nom à ces joutes. Les bâtimens ayant chacun leurs combatvont les uns contre les autres à force de rames & au bruit des trompettes. Les combattans fe couvrent de leurs targues, & fe préfentent leurs lances pour le culbuter. Celui qui renverfe davantage fans s'ébranler remportent le prix. Louis Ferrand, avocat au parlement de Paris, & très favant dans l'antiquité & dans les langues grecque & orientale, étoit né à Toulon en 1645, & mourut à Paris en 1699. Il a donné plufieurs ouvrages, entr'autre, un gros commentaire fur les pfeaunies. Toulon a été affligée de la pefte au commencement de l'an 1721.

tans,

Il n'y a aucun monument certain qui faffe mention de l'églife de Toulon & de fes évêques avant le milieu du cinquiénie fiécle. Elle avoit alors un évêque appellé Honorat, que faint Léon le Grand nomme dans une lettre écrite aux évêques des Gaules. Il eft fait mention des évêques de Toulon dans le fixiéme fiécle, où ils comparurent & fignerent au concile de France. C'eft pour lors qu'on commença à alterer le nom Telo en Tolo. Saint Cyprien fut évêque de Toulon après Gratien, vers l'an 516, & il eft compté pour le troifiéme ou quatrième évêque de la ville. Il mourut avant 549, où l'on voit que Pallade, fon fucceffeur, a fouscrit au cinquiéme concile d'Orléans. Il eft le fecond patron ou titulaire de l'église après la fainte Vierge. On honore encore un martyr de ce nom dans la même ville. * Baillet, Topogr. des faints, p. 495.

L'évêché de Toulon eft d'une très petite étendue : il n'a que vingt-cinq paroiffes, parmi lesquelles Sixfours eft collégiale, depuis 1650. Cuers & Hiéres le font auffi Cuers depuis 1650, & Hiéres en 1572. On croit qu'Honoré ou Honorat fut le premier évêque de Toulon. Le chapitre de la cathédrale eft compofé d'un prévôt, d'un archidiacre, d'un facriftain, d'un capiscol & de huit autres chanoines, dont l'un eft théologal. Il y a dans ce diocèse une abbaye de filles de l'ordre de cîteaux, fondée l'an 1243, près du château d'Hiéres. Elle fut transférée en l'églife de faint Etienne du Pont en 1406. Cette abbaye jouit d'environ neuf ou dix mille livres de rente. * Piganiol, Descr. de la France, t. 4, p. 95.

La BAIE DE TOULON qui a de bons mouillages, dit Michelot, Portulan de la Medit. p. 71, eft de l'autre côté du cap Sepet, environ deux milles vers l'oueft-nord-ouest de la pointe de ce cap, & au-dedans du cap il y a une petite calanque entre deux groffes pointes, qu'on appelle communément LE CREUX DE SAINT GEORGE, vis-à-vis duquel on mouille avec les galeres par huit, dix, douze, quinze braffes d'eau, fond d'herbes vafeux, portant une amarre fur la pointe de l'oueft fi l'on veut; mais il ne faut pas s'enfoncer dans la calanque de faint George, parce que le fond manque tout-à-coup. Les vaiffeaux du roi & autres mouillent un peu plus au large dans la grande rade. On peut mouiller auffi entre les deux tours de Balaguier & de l'Eguillette, ou vers le milieu de la baie : on y a huit & dix braffes d'eau. Entre la pointe du cap Sepet & celle du creux de Saint-George il y a une grande infirmerie qu'on appelle l'hôpital de faint Louis, ou faint Mandri; & lorsqu'on va du cap Sepet à faint George, ou à la grande rade, il faut prendre garde à une madrague qu'on met pendant l'été presque à moitié chemin, vis-à-vis d'une groffe pointe.

Environ à une demi-lieue au nord oueft de la pointe de Saint-George, eft une grande tour ronde, revêtue & armée de canons, & fituée fur le bord de la mer. On l'appelle la TOUR DE BALAGUIER. Entre les deux il y a un enfoncement, à l'eft duquel on trouve le Lazaret ou l'infirmerie. Ce font des baffes terres, bordées de grandes plages de fable, où ordinairement les vaifleaux en tems de contagion mouillent pour faire quarantaine. A trois cents foixante toifes ou environ, au nord quart de nord-est de la tour de Tome V. IIiiii

Balaguier, il y a une autre grande tour carrée, revêtue d'une faulle braie, & fituée fur le bord de la mer. On l'appelle la TOUR de l'EGUILLETTE. On peut mouiller entre ces deux tours à discrétion, par quatre, cinq à fix braffes d'eau.

A l'eft de la tour de l'Eguillette, enyiron fix cents cinquante toifes, il y en a une autre encore fur le bord de la mer, & qu'on appelle LA GRANDE TOUR. Elle eft aufli revêtue d'une faulle braie. Toutes ces tours font bien armées. Elles défendent généralement toutes les rades de la baie, & les approches de Toulon. Il ne faut pas ranger cette tour à plus de deux longueurs de cables pour le moins, d'autant qu'il y a une longue pointe qui s'avance fous l'eau fort au large, & où il y a fort peu d'eau. Environ à quatre cents toifes au fud-fud-oueft de la grande Tour, il y a un petit banc de fable, fur lequel on ne trouve que cinq brasfes d'eau, & aux environs on en a dix à douze. Il y en a um autre petit au nord-ouest quart d'ouest de la même tour, environ à deux cents cinquante toises. On ne trouve que trois braffes & demie d'eau fur ce banc.

De l'autre côté de ces deux dernieres tours, en allant vers le nord, il y a encore un grand enfoncement, & du côté du nord de la grande Tour, environ un mille & demi eft la ville de Toulon. Il y a plufieurs batteries qu'on a faites en différents endroits de cette baie pour en défendre fes approches. Lorsqu'on vient du large, & qu'on veut aller mouiller à la petite rade qui eft vis-à-vis de la ville, à l'ouverture du vieux port, ou qu'on veut entrer dans des deux ports, il faut prendre garde à une féche qu'on appelle la Taffe, qui eft presque vis-à-vis de la grande Tour fur la droite en entrant, un peu en-dedans, à une bonne longueur de cable, fur laquelle il n'y a qu'un à deux pieds d'eau; c'est pourquoi, foit en entrant ou en fortant, il faut s'en éloigner à discrétion, enfuite gouverner droit par le milieu de la ville, où l'on trouvera huit, fept, fix, jusqu'à trois braffes d'eau, fond de vafe & herbiés, jusqu'au proche de l'entrée du vieux port qui eft du côté de l'eft. Ordinairement les galeres mouillent vi-à-vis de cette entrée, comme nous avons dit, par trois à quatre braffes d'eau, la commandante & quelques autres portent des amarres proche l'entrée du port, à des arganaux qui y font pofés exprès, ayant une bonne ancre vers le fud-fud-oueft pour refter affourche, à cause du nord-oueft qui eft fort

violent.

Les vaiffeaux du roi font ordinairement dans l'un ou l'au tre port, qui fe ferment à chaîne le foir; mais lorsqu'ils arment, ils viennent mouiller à la petite rade dont il a été parlé ci-deffus proche la côte de l'eft: on appelle ce lieu le

Morillon.

Du côté de l'ouest de la ville de Toulon, environ à quatre milles, on voit un grand enfoncement, au fond duquel eft un grand village nommé LA SEINE, fitué fur le bord de la mer. On y peut aller mouiller avec des vailleaux médiocres; mais il faut paffer par le milieu pour aller d'une terre à l'autre, parce qu'il y a fort peu d'eau aux côtés, le fond étant vafeux avec de grands herbiés. Il y a pourtant affez proche de la Seine, trois, quatre à cinq braffes d'eau. Le traverfier de la petite rade eit l'oueft-nord-oueft,& celui de la grande eft l'eft - nord - eft, & le nord-eft y eft auffi fort rude. La latitude eft 43d 9', & la variation 6d nord

Queft.

Environ à un quart de lieue de la grande Tour eft le fort des Vignettes. C'est une espece de tour ou ras d'eau qu'on y a fait avec une batterie auprès du côté de left, & devant laquelle on peut mouiller au cas qu'on ne puiffe gagner la rade. On y eft à couvert des vents de nordoneft, nord & nord-eft; & l'on y a douze à quinze braffes d'eau affez proche de terre.

Au nord eft du cap Sepet, environ à quatre ou cinq milles, eft la pointe de Sainte-Marguerite qui eft fort escarpée. Sur le haut on voit une églife & quelques maifons auprès. Entre la grande tour & cette pointe la côte eft haute & fort escarpée. Il y a trois à quatre batteries de canons & de mor

[blocks in formation]
[ocr errors]

& il n'y a que l'eft-nord-oueft qui y donne à plein. La pointe de Querqueragne termine la baie de Toulon de ce côté-là.

TOULON EN CHAROLOIS, bourg de France, dans la Bourgogne, au diocèle d'Autun. Ce bourg eft à sept lieues d'Autun, à quatre de Montcénis & à fix de Charoles, fur la riviere d'Arroux, qui fépare en cet endroit le Charolois de l'Autunois. Il y a un dépôt & une chambre à fel qui dépend de Baray-le-Monial. C'eft la quatrième communauté qui députe aux états du Charolois. Il y a un prieuré de bénédictines, fous le vocable de Notre-Dame de Champehanoux. L'on pêche dans la riviere des faumons. De l'autre côté de l'Arroux eft le village de Toulon en Bourgogne, auquel ce bourg fe communique par un pont de treize arcades. La riviere feroit navigable jusqu'à Toulon, fi l'on coupoit quelques petits rochers à deux lieues de-là, qui font à fleur d'eau, ce qui faciliteroit le commerce du Charolois avec Paris. Il y a plufieurs lieux qui dépendent de ce Toulon; favoir, le bois de Toulon, l'Abergement & Rémangé, qui font trois hameaux; les Grandeurs, la Grange, la Maillotte, Marimban, Aubigny, le Sacq & le Boulet, qui font dépendans des Granges. Toulon fut la patrie d'Antoine Garreau, procureur au parlement de Dijon, auteur de la description de la Bourgogne. Il mourut le 14 septembre 1738. TOULONJEON, comté de France, dans la Bourgogne, au diocèse d'Autun.

TOULOUBAN, ville des Indes, dans la province de Multan, à trente-cinq milles de la ville de ce nom, fur le bord de la riviere de Multan. * Petis de la Croix, Hift. de Timur-Bec, 1. 4, c. 5.

TOULOUSAIN, contrée de France, dans le haut-Languedoc; c'eft proprement le pays des environs de Toulouse. Il eft compofé des diocèfes de Toulouse & de Rieux, & de la partie de celui de Montauban qui eft dans le Languedoc. C'est ce qui étoit refté au dernier comte de Toulouse après la guerre des Albigeois. Ce pays n'eft presque que de plaines, nes, belles & abondantes en bleds, entrecoupées de rivieres & de ruiffeaux, 'qui forment de belles prairies. On y recueille des vins qu'on confomme dans le pays; beaucoup de millet & du paftel. Cette derniere graine qui eft beaucoup plus belle que celle de l'indigo, fert particulierement pour le bleu. Sa ville capitale eft Touloufe; les autres villes font Rieux, évêché, Castel-Sarrafin & Grifolles; fa principale riviere eft la Garonne. Le canal royal de Languedoc y prend fa naissance.

TOULOUSE, ville de France, dans le haut Langue. doc, dont elle eft la capitale, comme de toute la province de Languedoc. Cette ville, fituée fur le bord oriental de la Garonne, dans le pays des anciens Tectofages, eft une des plus anciennes des Gaules, puisque Trogue Pompée & plufieurs autres anciens auteurs affurent qu'elle étoit la patrie des Tectofages, qui ravagerent la Grece du tems de Brennus, près de deux cents quatre-vingts ans avant Jesus-Christ. Elle eft nommée Tolofa par Céfar, lib. 1, bell. Gall. cap. 10. Tolofa-Colonia par Ptolomée, l. 2, c. 10, Urbs-Tolofatium par Sidonius Apollinaris, 1. 4, Epift. 17, & Civitas Tolofatium, dans la notice de la Gaule. C'étoit anciennement comme aujourd'hui, une ville d'une grande étendue, & elle étoit divifée en cinq parties, fuivant ce vers d'Aufone, Epift. 23, v. 83.

Quincuplicem focias tibi Martie Narbo Tolofam.

On lui donna l'épithète de PALLADIA, foit à caufe du culte que fes habitans rendoient à Pallas; foit à cause du goût que fes habitans ont toujours eu pour les fciences & pour les belles lettres, felon ces vers de Martial, lib. 9, Epigram. 101.

Marcus Palladia non inficianda Tolofa

Gloria, quem genuit pacis alumna quies.

Le premier vers de cette épigramme fait voir que Mar tial entend parler de l'étude des belles lettres :

Marcus amat noftras Antonius, Attice, Mufas,

Toulouse étoit encore confidérable par fa magnificence; il y avoit un capitole. On y voyoit auffi un temple célé

[ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

1. 4.

de cet état jusqu'à Guillaume, qui vivoit dans le onzième fiécle, & ne laiffa qu'une fille nommée Philippia, qui époufa le duc Guillaume, pere du dernier duc d'Aquitaine; elle ne fuccéda pas à fon pere, parce que fon oncle Raymond de faint Gilles, comte de Querci & frere de Guillaume, comte de Touloufe, s'empara de cette ville. Il prit enfuite le premier le titre de duc de Narbonne, fans aucun droit, & fit la guerre pour chaffer de Provence le comte Gilbert. Raymond en allant à la Terre- Sainte, défigna: comte de Toulouse, fon fils Bertrand, qu'on croit avoir été bâtard, & qui mourut fans enfans l'an 1114 ou

bre dans tout le voisinage, & fameux par fes richeffes, auxquelles perfonne n'ofoit toucher. Juftin & quelques autres hiftoriens ont cru que les Tectofages enleverent le tréför du temple de Delphe, & que pour appaifer la colére d'Apollon qui les défoloit par une cruelle pefte, ils jetterent ce tréfor dans le lac de Toulouse. * Strabo, Cette ville fut prife fur les Tectofages par le conful Servilius Capion l'an 648 de Rome, felon l'époque de Varron, cent fix ans avant l'ére chrétienne. Ce conful enleva de, grands tréfors que les habitans y avoient amaffés de longue main, & entr'autres celui du temple d'Apollon; tous les historiens & les autres auteurs affurent que Capion finit malheureusement, & fut puni avec tous ceux qui avoient eu part à fon facrilege, ou qui dans la fuite eurent quelque partie de cet or de Toulouse; c'eft de là qu'eft venu le proverbe Aurum Tolofanum, dont on s'eft fervi pour défigner une chofe qui attire un très-grand malheur à celui qui l'acquiert. Ce temple d'Apollon, qui étoit à Touloufe, a fait confondre, même dans l'antiquité, cet or de Touloufe avec celui du temple de Delphe; & quelques-uns fe font imaginés que Brennus, général des Gaulois, ayant pillé le temple de Delphe, les Gaulois, & fur-tout les Tectofages, avoient remporté leur butin dans leur pays; mais Strabon dit que le temple de Delphe avoit été pillé par les Phocéens avant la venue des Gaulois, lesquels, bien loin de prendre la ville de Delphe, & de pouvoir piller fon temple, furent repousfés avec perte; & ayant été enfuite battus en plufieurs rencontres, ils périrent tous fans qu'il s'en fauvât un feul. Quoique Touloufe fut une des villes des plus célébres de l'empire romain, néanmoins elle ne fut jamais métropole ou capitale de province fous les empereurs. Ce fut fous les rois des Wifigots qui y établirent leur réfidence, qu'elle devint une ville royale, reconnoiffant toutefois pour métropole eccléfiaftique, Narbonne, dont elle n'a été fouftraite que l'an 1317, par Jean XXII. Ce pape divifa le grand diocèle de Toulouse en plufieurs, où il mit des évêques, leur donna pour métropolitain le cardinal Jean Raymond de Comminges, premier archevêque de Touloufe. * Longuerue, Description de la France, part. I, P. 228.

La jurisdiction temporelle, après avoir été entre les mains des officiers. de l'empire romain, fut affujettie aux Wifigots, lorsque le roi Ataulphe s'établit dans les Gaules au commencement du cinquiéme fiécle.

Cent ans après ou environ, Clovis ayant défait Alaric, s'empara de Toulouse, & laiffa cette ville à fes fuccefleurs, qui la gouvernerent par des officiers qu'on nommoit comtes. Dagobert la donna l'an 628, à fon frere Aribert, qui y établit fa résidence; mais ce prince, ayant à peine regné trois ans, mourut, & fon état revint fous la domination de Dagobert, qui laiffa la ville de Toulouse à fon fils, Clovis II, roi de Neuftrie.

[ocr errors]

Après la mort de Bertrand, Guillaume, duc d'Aquitaine, foutenant les droits de fa femme, prit Touloufe; mais il en fut dépoflédé par Alfonfe, fils légitime de Raymond de faint Gilles. Le dernier, Guillaume, duc d'Aquitaine, & fa fille Eléonor hériterent des droits de Philippia, qu'Henri II, roi d'Angleterre, mari d'Eleonor, foutint contre Raymond comte de Toulouse, fils d'Alfonfe, & en demanda justice à Louis le Jeune, roi de France, qui accorda les parties, à condition, que la propriété du comté de Touloufe demeureroit à Raymond, qui feroit tenu d'en faire foi & hommage au roi d'Angleterre, duc de Guienne, ce qui fut exécute. Richard, fils d'Henri & d'Eléonor, demanda l'hommage du comté de Toulouse; mais cette affaire fut terminée l'an 1196, lorsque Raymond, dit le Vieux, comte de Toulouse, fils d'Alfonfe, ayant époufé Jeanne, fœur de Richard, ce roi céda tous fes droits fur le conté de Touloufe au comte Raymond; ce fut le même Raymond, qui, s'étant déclaré protecteur des Albigeois, fut poursuivi par le pape Innocent III, qui donna le comté de Toulouse à Simon de Montfort, général des catholiques, du confentement de Philippe-Augufte; ce qui détermina Raymond, abandonné par le roi, fon feigneur féodal, à reconnoître un autre feigneur ou fouverain, qui fut Pierre, roi d'Aragon, à qui le comte fit foi & hommage. C'est là l'origine du droit que les Aragonnois prétendoient fur le comté de Touloufe, auquel ils renoncerent par la tranfaction paffée entre faint Louis & Jacques roi d'Aragon l'au 1258.

Les princes Mérovingiens en ont toujours été les maîtres jusqu'au commencement du huitiéme fiécle, que le duc Eudes, qui fe rendit abfolu dans l'Aquitaine, s'empara de Touloufe, qu'il défendit contre le Sarrazins l'an 721. Onze ans après ils la prirent & la faccagerent avec Bordeaux, & la plupart des villes d'Aquitaine qu'il ne conferverent point, parce qu'ils furent défaits près de Poitiers par Charles Martel, maire du palais; ainfi Eudes jouit comme auparavant de l'Aquitaine, & laiffa cet état à fon fils Hunaud, à qui Gaifre fon fils fuccéda. Le roi Pepin, fils de Charles Martel, fit une cruelle guerre à Gaifre, qui perdit enfin tous les états & la vie.

Pepin s'empara l'an 767, de la ville de Toulouse, que lui & fes fucceffeurs gouvernerent par des comtes qui n'étoient que de fimples officiers, jusqu'au tems de Charles le Simple, qui perdit presque toute fon autorité, & fut dépofé & mis en prifon, où il mourut; ce fut fur la fin du regne de ce prince, que Régimond ou Raymond fe rendit abfolu à Toulouse vers l'an 920. Il eut pour héritier fon fils Raymond Pons. Ces premiers comtes de Toulouse prenoient la qualité de ducs & marquis d'Aquitaine, quoiqu'ils n'euffent qu'une petite portion d'un fi grands pays, n'étant maîtres au commencement que de l'ancien territoire de Touloufe & du Querci, n'ayant aucune autorité fur le reste de la Gothie ou Septimanie, appellée aujourd'hui le Languedoc.

Les comtes descendans du premier Raymond, jouirent

Simon de Montfort ne put fe maintenir dans fa conquête, & fon fils Amaury céda fes droits à Louis VIII, pere de faint Louis. Raymond le Jeune, fils & fucceffeur de Raymond le Vieux, fit la paix avec le roi de France & avec l'Eglife, & tranfigea l'an 1228 avec faint Louis. Par ce contrat, la princeffe Jeanne, fille de Raymond, fut accordée avec Alfonfe, comte de Poitiers & frere, du roi. On convint que Jeanne fuccéderoit aux états de fon pere, & qu'en cas qu'elle & fon mari vinffent à mourir fans enfans mâles, le tout feroit réuni à la couronne. Raymond mourut l'an 1249, & eut pour fucceffeur fa fille Jeanne & fon gendre Alfonfe, qui finirent leurs jours l'un & l'autre peu après la mort de faint Louis, l'an 1270, après quoi Philippe le Hardi prit poffeffion du comté de Toulouse, & le réunit à la couronne.

Il y avoit dans Toulouse un amphithéâtre, un capitole & plufieurs autres monumens fuperbes; mais les Wifigots les ruinerent de fond en comble, enforte qu'il n'en refte que quelques mafures de l'amphithéâtre près du château de faint Michel. La ville de Toulouse étoit autrefois divifée en bourg & cité; mais en 1346 le bourg fut enfermé dans la ville. Quoiqu'il n'y ait point de ville dans le royaume plus avantageufement fituée pour le commerce que Touloufe, il ne s'y en fait cependant presque point. Le génie des habitans n'eft pas tourné de ce côté-là, & les porte plus volontiers à jouir de la nobleffe que leur donne le capitoulat, ou à entrer dans les charges de robe. C'eft le parti que prennent ordinairement les enfans des marchands diftingués, & ce qui fait que Toulouse, une des plus grandes villes du royaume, eft une des moins riches, & n'eft pas même fort peuplée; il y a quelques rues fort longues. En général les maisons n'y font pas belles, étant toutes de brique: il y en a cependant de remarquables. Le pont eft beau & du deffein de François Manfart. Les arches qui le forment font bien conftruites. Le cintre eft d'un trait fort hardi. A chaque pile eft une ouverture en coquille pour donner paffage à l'eau lorsque la Garonne eft débordée. Il eft terminé par un bel arc de triomphe, fur lequel Louis le Grand eft repréfenté. L'églife cathédrale n'eft pas achevée, le choeur eft beau, clair, & élevé, mais la nef ne Tome V. IIiiii ij

e célé

répond pas à ces beautés. Le grand autel eft du deffein de Gervais Drouet, qui a fait lui-même les figures du lapidement de faint Etienne en 1670 l'architecture eft d'ordre corinthien à colonnes, frifes, & panneaux de marbre de Languedoc. La cloche appellée la Cardaillac, eft d'une gros feur extraordinaire. Elle fut fondée par Jean de Cardaillac, patriarche d'Alexandrie, & adminiftrateur perpétuel de l'églife & de l'archevêché de Toulouse, qui mourut le tobre 1390. Cette cloche pefe cinquante mille livres. Le cloître eft fort vafte, & le palais de l'archevêque eft d'une ftructure entendue. Il a été bâti par M. de Colbert, archevêque de cette ville, & frere du grand miniftre de ce nom. * Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 377 &

fuiv.

7 oc

Saint Sernin eft une églife ancienne. L'édifice eft grand & majeftueux, mais fort fombre. Le clocher eft beau & élevé. La tradition veut que cette églife ait été bâtie fur un lac, & fur des pilotis. Dans le chœur, à côté de l'évangile, eft un endroit, où un canal répond depuis les fondemens de l'édifice jusqu'à hauteur d'homme; en prêtant l'oreille fur cet endroit, Fon entend un certain murmure, que l'on dit être celui des eaux qui coulent deffous. Les corps faints, qui rendent cette églife une des plus fameu1es du monde chrétien, font dans des niches, pratiquées dans des chapelles qui font au pourtour du chœur. On y montre plufieurs châfles remplies de faintes reliques, & jusqu'aux fouterreins, tout inspire la fainteté. On y voit des autels, des fépultures, des inscriptions, des lampes, &c. Cette églife fe vante d'avoir vingt-fix corps faints, parmi lesquels il y en a fept d'apôtres, qui font faints Jacques, faint Philippe, faint Barthelemi, faint Simon, faint Jude & faint Barnabé. La châffe qui renferme les reliques de faint Saturnin eft grande, & couverte de lames d'argent. On garde, dans cette même église, une autre châlle, qui eft d'un prix ineftimable; c'eft celle de faint George. Elle représente un temple à l'antique, d'ordre corinthien, avec des figures de ronde boffe, dans les entre-colonnes, & quatre autres qui repréfentent les quatre évangeliftes, & font affifes une à chaque coin du focle. Cette châffe eft le chef d'œuvre de Bachelier, orfévre très-habile, & frere de ce fameux fculpteur, à qui les Touloufains ont donné une place parmi les illuftres qui font dans la galerie de leur capitole. La maifon de ville eft grande & bien bâtie. On lui a donné le nom de capitole, d'où l'on a fait celui de capitouls. Ce font huit échevins, que l'on élit tous les ans. Ils ont l'adminiftration de la justice criminelle & de la police; mais ils ne peuvent rien réfoudre fans appeller le confeil de bourgeoilie, qui eft compofé des habitans qui ont été capitouls. En entrant fous la porte de l'hôtel de ville, eft un grand corps de garde, où l'on voit quelques armes, & des boucliers ronds des anciens Touloufains. On y lit une inscription en lettres d'or, qui eft un magnifique éloge de Louis le Grand,

[ocr errors]
[blocks in formation]

Un peu plus bas eft un foleil d'or, au-deffous duquel font huit fleurs de foleil ou girafols, inclinées de fon côté, & ce vers, Nous regardons toujours celui qui nous a faites, qui fait allufion aux capitouls de ce tems-là, & dont les armes font à côté. Dans une grande fale batle, à main gauche, appellée le grand confiftoire, font les portraits de plufieurs capitouls, & un grand tableau, qui repréfente l'entrée de Louis XIV, dans Touloufe, le 14 octobre 1659. Sa majefté, accompagnée de la reine, fa mere, & du duc d'Orleans, fon frere, tous en carolfe, confirme les priviléges des capitouls, qui font à genoux à la por. tiere. Vis-à-vis, à main droite, en entrant dans la même fale, eft une ftatue de marbre blanc, qui représente da

me Clemence Ifaure, qui donna fa maison à la ville, & fonda les jeux floraux. Elle eft dans une niche, au-dellus d'une des portes, & fous fes pieds eft une inscription. Dans la même fale font les mesures originales en fer, favoir, l'aune de roi, & la canne de Toulouse. A gauche de cette fale eft la chapelle, & au-delà le petit confistoire. Dans ce dernier l'on voit de grands regiftres, ou livres d'histoire écrits fur du velin. Chaque année, l'on y écrit tout ce qui s'eft paffé de remarquable dans l'état & dans la ville de Touloufe. Cet ufage s'obferve depuis fix ou fept fiécles. Les huit capitouls & le chef du confiftoire y font peints en mignature. L'on voit dans ces registres les entrées des rois, des reines, & des dauphins dans la ville de Touloufe. On y remarque entr'autres celle de Charles VII & de Louis XI, qui n'étoit que dauphin, & qui, pour faire donner à la reine, fa mere, le dais, qu'on lui refufoit, la fit entrer en croupe derriere lui. On y voit auffi les entrées de Louis XII, de François I, de Charles IX, de Louis XIII & de Louis le Grand. L'on admire fur ces mignatures la fingularité des habits, &c. En haut de la fale, qui eft à gauche en entrant, font les portraits des capitouls, & au-deffus de la porte d'entrée eft un tableau, où font repréfentés dame Clémence Ifaure, & les jeux floraux de Toulouse, fous la figure d'une femme couchée, qui tient un bouquet de fouci, & a derriere elle deux enfans qui jouent des inftrumens. Dans le lointain eft la ville de Toulouse. Ce tableau eft d'une beauté parfaite. A l'autre bout de la même fale, & au-deffus de la porte, eft une Toulouse guerriere, repréfentée fous la figure d'une Pallas couchée, qui de la main gauche flate un agneau, & de la droite tient la jave line, & auprès d'elle fon bouclier, où font les armes de Touloufe. Ce tableau est beau, mais il est bien inférieur à l'autre.

La galerie, qui eft contigue à cette premiere fale, occupe le fond de la cour. L'on y voit les buftes en marbre des plus grands hommes dans les armes & dans les lettres, ausquels Toulouse a donné la naissance. Ces illus

tres font:

1o. Antoine I, furnommé Becco dans fon enfance. Il fut, felon Tacite, un des plus grands capitaines de fon tems, & fon éloquence égaloit fa valeur.

2°. Statius Surculus, rhéteur qui vivoit du tems de Néron.

30. Æmilius Magnus Arboricus, rhéteur, qui enfeigna, dans Touloufe, les belles lettres aux freres de Conftantin. * Toulouse, p. 335 & fuiv.

4°. Victorinus, rhéteur célébre. 5°. Theodoric, roi de Touloufe. 6°. Theodoric II, roi de Toulouse. 7°. Raymond de Saint Gilles, comte de Touloufe. 8°. Bertrand, comte de Toulonfe. 9°. Guillaume de Nogaret. 10°. Jacques Forneri ou Fournier, qui fut pape fous le nom de Benoît XII. 11°. Pierre Bunel, qui a contribué des premiersau rétablisfement de la pureté de la langue latine. 12°. Joannes- Pinus, évêque de Rieux. 130. Nicolas Bachelier, grand architecte, & grand sculpteur, & éleve de Michel Ange. 14°. Jean de Nogaret de la Valette, à qui Charles IX donna le gouvernement de Languedoc. 15°. Arnoul du Ferrier, un des plus grands jurisconfultes de fon tems, enfeigna le droit à Touloufe, fut préfident aux enquêtes du parle ment de Paris, & ambaffadeur, pour le roi, au concile de Trente. 16°. Jacques Cujas, le plus favant homme que nous avons eu pour le droit romain. 17°. Gui du Faur, feigneur de Pibrac, préfident au parlement de Paris, & auteur des quatrains qui portent fon nom. 18°. JeanEtienne Duranti, avocat du roi, & puis préfident au parlement de Touloufe. 19°. Pierre du Faur de Saint-Jory, mort premier préfident du parlement de Toulouse. zoo. An toine Tolofani, réformateur & général de l'ordre de faint Antoine de Vienne. 21°. Auger Ferrier, médecin de la reine Catherine de Médicis. 22°. Philippe Bertier, préfident au parlement de Touloufe. 23°. Antoine de Paulo, grand-maître de Malte. 24°. Guillaume Maran, qui préfera la profeffion d'avocat à une chaire de profeffeur de droit, aux dignités de la robe & de l'églife, qu'on lui offrit. 25°. Guillaume Catel, hiftorien. 260. Guillaume de Fieubet, préfident à mortier au parlement de Toulouse. 27°. Pierre de Cafeneuve. 28°. François Maynard, poëte fort connu, & l'un des quarante de l'académie françoife. 29o, Goudouli, connu par les poéfies en langue gasconne.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

30°. Emanuel Maignan, minime, favant dans la philo-
fophie, la théologie, & les mathématiques. Au fond
de cette galerie eft le bufte de Louis XIV; orné de tro-
phées magnifiques, & ayant cette inscription au-des-

fous.

Anno falutis MDCLXXIII.
Regnante Ludovico XIV.
Semper invicto.

Senatus Principe Gasparo de Fieubet
Hanc Porticum inftaurari, & illuflrium
Tolofatum iconibus ornari curarunt
Octoviri Capitolini.

Bernardas de Jean, Bernardus Albert, Andreas Maraft,
Paulus Tiffi, Guillelmus Cantuer, Antonius Crozat,
Germanicus de la Faille.

Dans l'autre fond eft une inscription qui marque que
cette galerie fut commencée en 1673, & achevée en
1677, & les noms des capitouls, par les foins desquels
cet ouvrage fut conduit à fa perfection. Au bout de cetté
galerie eft la falle des comptes, où entr'autres tableaux
fon remarque celui qui repréfente l'entrée de Louis dau-
phin de France en 1442. Ce prince eft à cheval, ayant
en croupe Marie d'Anjou, fa mere, fous un poële porté
par les capitouls. Cette peinture eft une copie en grand
de celle que j'ai dit être dans les regiftres du petit con-
fiftoire. Dans une autre fale font quatre excellens tableaux,
dont les fujets font pris de l'hiftoire des anciens Tou-
loulains. Il y en a un de Boulogne l'aîné, un de Jouvenet,
un de Coypel, & celui du fond eft de Jean-Pierre Ri
vals, & représente le bâtiment d'un temple de Minerve,
déeffe protectrice des Touloulains. Tout eit fi naturel dans
ce tableau, & la lumiere eft diftribuée avec tant d'art,
que l'on eft trompé en le regardant de l'autre bout de
la falle, & qu'on le prend pour un bâtiment véritable.
Ce tableau à pour inscription, Tectofages Ancyram conde-
bant. En commençant la description de cet hôtel, j'ai
oublié d'avertir que dans la cour, à main droite en en-
trant, & à la hauteur du premier étage, l'on voit, fur
la muraille, quelques marques, que l'on dit être du fang
de M. de Montmorenci, qui eut le cou coupé en cet en-
droit, fur un échaffaut, élevé à la hauteur d'une fenêtre,
par laquelle on le conduifit au fupplice. On voit encore
dans l'hôtel de ville, une falle d'opera, finie en 1738,
& qui ne le céde en rien à celle de Paris. Le palais eft
fitué au lieu où étoit autrefois le château narbonnois, la
plus forte place de tout le pays fous le roi Charles VI.
C'eft une groffe maffe de bâtiment informe.

La dorade eft une église ancienne, décorée de colonnes, de figures de patriarches & de faints La ftatue de Notre-Dame, qui eft dans cette églife, eft dorée, & a donné le nom à ce temple. On la descend dans les grandes calamités, & on la porte en proceffion. La maison des bénédictins, qui deffervent cette églife, eft belle, mais refferrée de tous côtés. Ils n'ont presque point de promenade; mais ils ont fait une longue galerie dans le haut de la maison, qu'ils appellent la mirande, où ils fe promenent en hiver & dans le mauvais tems.

des carmes, fous le titre de Notre-Dame de Bonne-Espé-
rance. A peine eut-il fait ce vou, qu'il entendit donner du
cor & la voix des chiens, ce qui lui fit connoître qu'il
n'étoit pas loin de ceux qui l'accompagnoient, & qu'il les
rejoignit. Il accomplit fon vou, & diftribua aux princes
& aux grands qui étoient avec lui à chacun une ceinture
d'or, fur laquelle étoit ce mot espérance. Il faut remarquer
Charles VI inftitua cet ordre à l'imitation de celui que
que
Louis, duc de Bourbon, fon oncle maternel, avoit infti-
tué vingt ans auparavant.

Dans celle de la maifon profeffe qui appartenoit aux jéfuites, on voit un tombeau de marbre noir, qui a été érigé pour le cœur du maréchal de Montmorenci, dont le corps fut transporté à Moulins.

pe

L'églife des dominicains et belle & grande; mais on trouve la voûte trop élevée, & il a fallu la foutenir par des pilliers qui coupent l'églife en deux, & forment une dispofition de bâtiment fort extraordinaire. Les colonnes font belles, mais l'on doit principalement remarquer dans cette églife le tombeau de S. Thomas, qui eft dispofé de maniere que quatre prêtres y petivent dire la melle en même tems, devant les reliques du faint, lesquelles font dans une magnifique châffe de vermeil doré. Au deffus de la porte de cette église est une orgue double, dont la menuiferie eft parfaitement bien coupée & entendue, de même que la fculpture qui en fait l'ornement. La facriftie renferme de beaux ornemens, entr'autres un parement d'autel en broderie, or & argent, avec des fleurs au naturel. Cet ouvrage eft un des plus beaux qu'il y ait en ce genre, & a été fait par un frere de ce couvent. La Dalbade eft une affez belle églife, dont le clocher eft le plus élevé de la ville. Elle eft deffervie depuis 1620 pat les res de l'oratoire. Le couvent des cordeliers, ou la grande obfervance, a une église grande & vafte. On voit au milieu du choeur le tombeau d'un comte de Toulouse, & au côté droit du maître autel celui d'Etienne Duranti, préfident au parlement de cette ville, qui fut tué dans une émotion populaire l'an 1589. De l'autre côté eft celui de fon petit-fils. Le rétable du maître-autel eft d'ordre corinthien, à colonnes frifes & paneaux de marbre de Languedoc, & le plus bel ouvrage que l'on puiffe voir pour fa fimplicité & pour fon bon goût. Dans un caveau qui eft au-deffus, & que l'on appelle le charnier, l'on voit environ foixante-dix cadavres d'hommes & de femmes desféchés, n'ayant que la peau collée fur les os. Ils font dresfés tout à l'entour contre la muraille de ce caveau. Ces corps ainfi defléchés font ceux qu'on retire des tombes de l'églife; cette terre étant ici la feule qui ait la propriété de confumer les chairs fans endommager le refte. Les cloîtres, ni les autres endroits où l'on enterre n'ont point cette vertu. Lorsqu'on inhume dans l'églife des corps nouveaux, l'on porte les anciens au clocher, pous diffiper le mauvais air, & de-là on les transporte dans le charnier. Parmi ces corps defléchés, l'on a vu pendant long tems celui de la belle Paule, qui fut la plus belle femme de Toulouse. Le prétendu Marville rapporte avoir ouï dire à un de ses amis, que le fils d'un médecin de Touloufe y ayant reconnu le cadavre de fon pere, tomba évanoui, & penfa mourir fur la place. Les cloîtres font beaux & embellis de peintores qui repréfentent la vie de S. François. L'enclos est fpacieux, & la communauté fort nombreuse.

Il y a dans cette églife une orgue magnifique, préfent qui a été fait par la reine d'Espagne, femme de Philippe Quint.

La compagnie des pénitens bleus de Toulouse, eft la plus célébre du royaume. Elle a dans fes regiftres les noms font au de plufieurs rois, de plufieurs princes du fang, & de tout ce qu'il y a de plus diftingué dans le clergé, dans l'épée & dans la robe. Leur chapelle eft une des plus régulieres de toute l'Europe. C'est Louis XIII qui en a posé la prémiere pierre.

L'églife des carmes eft vafte, & la chapelle du Mont-
Carmel, fuperbe pour les dorures & autres ornemens.
L'on voit fur la muraille du cloître de ces religieux une
peinture fort ancienne, où un roi de France eft représenté
à cheval, s'inclinant devant une image de la Vierge; des
feigneurs, au nombre de fept, y font auffi repréfentés
tout armés, hormis la tête, & marchant à pied après le
roi. Les armoiries de leurs maifons & leurs noms,
bas. Ces noms font écrits en caractères de ce tems-là;
mais il y en a deux qui font effacés, & l'on n'en peut lire
que cinq, qui font ceux du duc de Touraine, du duc de
Bourbon, de Pierre de Navarre, de Henri de Bar & d'Oli-
vier de Cliffon. Le fond du tableau eft chargé de loups
de fangliers, & au plus haut il a une espéce de frife où
font peints deux anges, qui portent des bandelettes, fur
lesquelles eft écrit trois fois le mot espérance. La tradition
veut que
Charles VI, étant à la chaffe dans la forêt de
Bouconne, à quelques lieues de Touloufe, fut furpris de la
nuit au milieu du bois, fans favoir où il étoit, & que dans
cet embarras, il se voua à la fainte Vierge, & adreffa
particulierement fon vou à une chapelle qui eft dans l'églife

Il y a dans cette ville un grand nombre de colléges; celui de Narbonne fut fondé en 1343 par Gafbert, archevêque de Narbonne : celui du S. Martial par le pape Innocent VI. Il avoit été profeffeur de droit dans l'univerfré de Toulouse. Celui de Maguellonne fut fondé en 1370 par le cardinal Audouin, pour l'entretien de dix pauvres étudians en droit. On lui donna le nom de Maguellonne, parce que cette éminence avoit été évêque ou adminiftrateur perpétuel de cet évêché. Le collège de Pé

IIiiii i

« PrécédentContinuer »