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TOUR DE PHANUEL, de celle de SoccOTH, de celle de SICHEM, & de quelques autres, qui étoient comme les citadelles & les forteresses de ces villes. Voyez MAGDALUM. La TOUR DE BABEL, dont nous avons parlé sous le nom de BABEL, devoit être aussi comme la forterelle de Babylone : Faciamus civitatem & Turrim. (b) S. Jérôme remarque que les Septante se servent souvent du mot grec BARIS, qui est un terme propre à la Palestine, où l'on appelloit de ce mot les maisons fermées de toutes parts, & faites en forme de tours; & c'est apparemment ce qu'il nous a voulu marquer dans les Paralipomenes, en disant que Josaphat avoit bâti dans Juda des maisons en forme de tours: Edificavit in Juda domos ad inftar turrium. L'hébreu porte Biranioth; ce qui vient de Chaldéen Bira, un palais. ( (a) Dom Calmet, Dictionnaire. (b) Genef. 11,

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2. TOUR, (La) baronnie de France, dans la Champagne, élection de Rheims, appartient à l'illustre maison de Colligny, qui descend des cadets de la premiere maison de Bourgogne, & qui en justifie la filiation depuis Manaflès I du nom, comte & duc de Bourgogne, qui vivoit en 888. Tout le monde sait que cette maison a possédé en France les premieres dignités, & qu'elle y a eu des maréchaux de France, des cardinaux, & fur-tout Gaspard de Colligny, amiral de France. * Baugier, Mémoires historiques de Champagne, t. 2, p. 345.

3. TOUR, (La) bourg de France, dans la Gascogne Toulousaine, au comté de Comminges, élection de ce

nom.

TOUR DE BALAGUIER. Voyez TOULON.

TOUR DE BELIZAIRE, tour de la Romanie. En allant par mer du château des Sept Tours au serrail, on rencontre à main gauche une tour carrée, qui est dans la mer à environ vingt pas des murailles de la ville de Constantinople. Les habitans la nomment la tour de Bélizaire, & ils ajoutent que cet illustre général, pour récompense des importans services qu'il avoit rendus à l'empereur Justinien, contre tous ses ennemis, tant en Asie, qu'en Afrique & en Europe, fut renfermé dans cette tour, après avoir été dépouillé de tous ses biens, & réduit à la derniere nécessité; & qu'après qu'on lui eut crevé les yeux, il fut contraint, pour ne pas mourir de faim, de prendre un petit sac au bout d'un bâton, au travers d'une fenêtre, & de crier aux passans : Donnez, s'il vous plaît, une obole au pauvre Bélizaire, que l'envie, & non aucun crime qu'il ait commis, a réduit au triste état où vous le voyez. * Le Bruyn, Voyage du Levant, t. 1, p. 237.

TOUR-BLANCHE, bourgade de France, dans l'Angoumois, aux confins du Périgord-Noir, sur la route d'Angouléme à Périgueux.

TOUR DE BOSE, tour de France, dans le Piémont, au comté de Nice, sur la côte du golfe de Gênes. A une petite demi-lieue au nord quart de nord-ouest du fort Saint-Hospice ou Saint-Soupir, on voit une petite pointe, de l'autre côté de laquelle il y a une tour carrée & une petite chapelle qu'on appelle la tour de Bose, devant la quelle il y a une petite plage; mais il y a plusieurs roches aux environs de cette pointe. Entre la tour de Bose & Saint-Soupir, il y a un grand enfoncement, dans lequel on peut mouiller avec des vaisleaux & galéres, venant du côté de l'eft, & ne pouvant gagner Villefranche, il y a dix, douze à quinze brasses d'eau; il faudroit s'approcher du fort de Saint-Soupir à discrétion, il n'y a que sept à huit brasses. Vis-à-vis la forteresse, environ une longueur de cable, il y a un petit banc de roches à fleur d'eau, qu'il ne faut pas approcher, ce mouillage n'est guères fréquenté, à cause de la proximité de celui de Villefranche. * Michelot, Portul. de la Médit. p. 85.

TOUR DE BOUC OU D'EMBOUC, petit fort de France, dans la Provence, est bâti sur un rocher, à l'embouchure de l'étang de Martigue, dans la Méditerranée, à fix lieues à l'occident de Marseille. On appelloit ci-devant cet endroit Caftel Marseilles.

TOUR DE CÁCHIQUE, tour d'Afrique, sur la côte de la baie d'Alger, près de la ville de ce nom. A l'ouestsud-ouest du cap Cassine, environ dix-huit milles, est la tour de Cachique, qui est sur une pointe un peu avancée vers l'ouest, au bout de laquelle il y a quelques écueils hors de l'eau, & fous l'eau proche la terre. Du côté de l'ouest de cette pointe, il y a un peu d'enfoncement, & une plage

de sable, où l'on peut mouiller, & y être à couvert des vents de nord & nord-eft; on y mouille par quatre à cinq brasses d'eau.

TOUR DE CORDOUAN. Voyez CORDOUAN.

TOUR DE DERMON, tour de France, dans la Provence, sur la côte du golfe de Gênes, dans l'évêché de Grafle, aux confins de l'évêché de Fréjus, fur un petit cap qui forme l'entrée de l'anse d'Agay. * De l'ise, Atlas.

TOUR DES GARDES. (La) On trouve souvent cette maniere de parler dans l'Ecriture sainte: depuis la tour des gardes jusqu'à la ville fortifiée : (a) c'est pour marquer généralement tous les lieux du pays, depuis les plus petits jusqu'aux plus grands. (b) Les tours des Gardes, ou des Bergers, étoient seules au milieu de la campagne, pour loger les bergers & les autres pasteurs qui gardoient les troupeaux, ou pour placer des sentinelles. Le roi Ozias fit bâtir plusieurs tours de bergers dans les déserts, & y fit creuser beaucoup de cîternes, parce qu'il avoit grand nombre (c) de troupeaux. La tour du Troupeau, dont il est parlé dans cette liste des tours, & la tour dont parle Ifaïe, 6.5, 1.2, qui fut bâtie au milieu d'une vigne, étoient de cette forte. (a) IV Reg. 17,9 & 18, 8. (b) Dom. Calm. Dict. (c) II Par. 26, 10.

TOUR GRISE, bourg de France, dans le Perche, près de Verneueil.

TOUR. (La grande) Voyez TOULON.

TOUR DE LEANDRE, tour ou petite forteresle de la Romanie, sur le canal de Constantinople. On la rencontre dans le passage de Pera à Scutari. On ne fait pas pourquoi on la nomme ainsi. Les Turcs l'appellent Kisf-Kolæ, c'est-à-dire, la tour des Vierges. Elle est entre Scudaret & le Serrail; mais plus près de la côte d'Asie que de celle de l'Europe. Elle est très-forte, pourvue de pièces de canon, qui servent à tenir en sureté les deux canaux de la mer Noire & de la mer Blanche, qui sont des deux côtés du bosphore de Thrace. Il y a un puits dans cette tour, dont l'eau est très-fraîche, excellente à boire, & que la plupart croyent être une fontaine sous terre, mais il y a apparence que ce n'est qu'une citerne. Elle est sur un écueil qui a deux cents pas de tour, l'empereur Manuel la fit construire, & en fit bâtir une autre du côté d'Europe, au couvent de S. George, pour y tendre une chaîne qui ferma le canal. Cette tour est carrée, & terminée par un comble pointu, garnie de quelques piéces d'artillerie; elle est enfermée dans une enceinte auffi carrée & presque sans défense. * Le Bruyn, Voyage au Levant, p. 174.

TOUR DU LAY, (La) prieuré en France, au diocèse de Beauvais, à une lieue ou environ de Beaumont sur Oife, dans l'étendue de la paroisle d'Hedouville. Ce prieuré est de l'ordre de S. Benoît, & dépend de l'abbaye du Bec, diocèse de Rouen. Il seroit peu connu sans une ordonnance & une lettre pastorale, que donna à son sujet l'an 1727 M. de Saint-Agnan, alors évêque de Beauvais. Elles furent imprimées séparément, & se débitoient chez François Josse & Briasson. On y lit que ce prieuré avoit primitivement été fondé par un comte de Beaumont, petit-fils de France, sous le titre de Notre-Dame; que par la suite on y donna un second patron que le prélat avoue être inconnu, & qu'il dit être nommé S. Nerlin, dans le titre de fondation qu'il s'en fait exhiber; qu'insensiblement le peuple a changé le nom de ce saint Nerlin en celui de saint Robert, qu'il s'est imaginé être le fils du fondateur; qu'on lui a attribué bien des miracles; qu'on a accouru à un tombeau érigé dans la nef de ce prieuré, & à une fontaine du jardin à laquelle on a donné le nom de ce saint Robert, qu'on a cru devoir honorer le 21 avril. C'est ce culte que M. l'évêque de Beauvais a défendu dans ce prieuré. L'église en est assez vaste, les bâtimens du prieuré sont atsez nombreux & bien entretenus, sans religieux cependant. Ce lieu eft environné de quelques petits bois sur une élévation. Le tombeau du saint qui a excité le concours étoit encore élevé de plus de deux pieds, avec une figure de prêtre assez antique, l'an 1732. Il est sur fix piliers: la retrécislure du mausolée du côté des pieds, semble indiquer qu'il y a au moins quatre cents ans que cela a été dressé. On trouve dans le Berri, en quelques collégiales des martyrologes manuscrits, où au 21 avril on lit, Item Roberti abbatis; ce qui marqueroit que le culte de ce saint Robert, qu'on a prétendu être encore plus inconnu que Tome V. KKkkkk

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$. Nerlin, n'a pas éré borné au diocèse de Beauvais. * moire dreffé fur le lieu en 1732.

TOUR DE PATRIA, tour d'Italie au royaume de Naples. Michelot, Portul. de la Médit. p. 113, dit: De la pointe de Gayette au cap de la Mesa, la route est le sudeft quart-de-fud, & la distance de quarante-un milles; & du cap de la Roque au même endroit, la route est le stud. fud eft, environ vingt-cinq milles. Entre les deux il y a un grand enfoncement, des terres baffes & des dunes de fable, bordées de plages. Presque par le milieu de cet enfoncement, on voit une tour sur une haute pointe, & on l'appelle la tour du Patria. Près de cette tour du côté du fud, il passe une riviere ; & il en coule une autre entre la tour de Patria & le cap de la Roque. On la reconnoît par quantité de grands arbres dont elle est bordée; dans ce même espace, on voit beaucoup de marécages. TOUR DE PEIL, petite ville de Suisse au canton de Berne, dans le bailliage de Vevay du pays Romand; elle est située au bord du lac de Geneve, & fait un même corps d'église avec la ville de Vevay, quoiqu'elle en soit séparée, à l'égard du gouvernement civil. On y voit un vieux château à demi démoli, au bord du lac, qui fut bâti l'an 1,239, par le comte Pierre de Savoye. Il paroît avoir été fort avant l'usage du canon. * Etat & délices de la Suiffe,

t. 2, p. 252.

1. TOUR DU PIN, (La) bourgade de France, dans le Viennois, à deux ou trois lieues du Rhône. Les seigneurs de la Tour du Pin avoient plusieurs terres au-delà de cette riviere, tant dans la Bresse que dans le Bugey; & ils étoient également indépendans des deux côtés du fleuve, excepté à Peroge, & en d'autres fiefs de Bresse, où ils relevoient des archevêques de Lyon. Le premier de ces seigneurs qu'on trouve, est Berlion, qui vivoit l'an 1107. C'est de lui que descendoit en ligne directe masculine Humbert, seigneur de la Tour du Pin, qui épousa Agnès, héritiere du Dauphiné; il unit à perpétuité sa baronnie libre de la Tour, à la principauté de sa femme, & obtint de l'empereur Albert d'Autriche, la confirmation de cette union. Les rois de France ont aliéné la propriété de la Tour du Pin, qui est sortie de leur domaine, il y a longtems. Longuerue, Description de la France, part. 1, P. 323.

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2. TOUR DU PIN, petite riviere de France en Dauphiné, a sa source dans un lac, passe par la Verpisiere, sous le pont de la Tour du Pin, & se jette dans le Rhône.

TOUR DE ROUSSILLON, tour de France, (a) dans le Rouflillon, près de la Tet, à deux milles de Perpignan, Ce font les restes infortunés de l'ancienne ville de Ruscino, qui a donné le nom à tout le pays. Tite-Live nous apprend que c'étoit une ville célébre du tems d'Annibal, où les petits rois des pays voisins s'assembloient pour conférer & délibérer fur leurs affaires. L'illustre & favant de Marça, (b) croit que cette ville fut détruite vers l'an 828, lorsque Louis le Débonnaire châtia ceux auxquels la garde de la frontiere avoit été confiée, & qui l'avoient mal défendue contre les Sarrazins. (a) Piganiol, Descript. de la France, t. 7, p. 617. (b) Marca Hispanic. l. I, p.20.

TOUR-SANS-VENIN, tour de France, dans le Dauphiné, sur la pointe d'un rocher, à une lieue de Grenoble. Il n'en reste aujourd'hui qu'une muraille. On l'avoit appellée Sans-Venin, parce qu'on n'y a jamais vu d'infectes veneneux, que ceux qu'on y a quelquefois portés, & qui s'en font aussi tôt éloignés. * Piganiol, Descript. de la Fr. 1. 4, p. 11.

TOUR DE SILOÉ. (La) C'étoit apparemment une tour voisine de la fontaine de même nom, à l'orient de Jerufalem.

TOUR DE STRATON. C'est le lieu où l'on bâtit depuis la ville de Césarée de Palestine. Voyez STRATON.

TOUR DES SYÉNES. Ezéchiel parle en deux endroits de la TOUR DE SYENES. A Turre Syenes usque ad terminos Ethiopia. Mais nous avons fait voir sous l'article SYÉNE, qu'il faut ainsi traduire l'hébreu. Depuis Migdol ou Magdolum, ville de la basse Egypte, jusqu'à la ville de Syéne, située à l'extrémité de l'Egypte, & fur les frontieres de l'Ethiopie. * Dom. Calmet, Dict.

TOUR DE TANPAN ou TOUR DE TIMPAN, tour de France, dans la Provence, à l'embouchure du Rhône.

Michelot dit : Environ quatre à cinq milles vers le nord de la pointe des Tignes ou l'ifle Baudus, il y a une groffe tour carrée, qu'on appelle Tour de Tanpan, située sur un bas terrein, sur le haut de laquelle il y a une espéce de guérite, qui de loin ressemble aux voiles d'un vaisseau. On découvre cette tour bien plutôt que le terrein des environs, qui est, comme nous avons dit, extrêmement bas. Elle est également apperçue, soit qu'on vienne de l'ouest ou de l'est, & c'est en partie ce qui donne la connoislance de cette basse pointe. L'autre entrée du Rhône, qui est du côté du nord-eft de l'ifle Bandus, est la plus profonde ; & c'est par celle là qu'entrent toutes les tartanes & autres petits bâtimens qui vont à Arles; mais parce qu'il y a plusieurs petits bancs de fable à l'entrée, il est nécessaire d'avoir des gens pratiques, parce que ces bancs font tantôt d'un côté & tantôt de l'autre, suivant les débordemens de la riviere, ou des tempêtes qui remuent les fables par-dessous les eaux; aufli y voit on presque toujours brifer la mer à moins qu'elle ne soit calme, ou que les vents ne foient à la terre. Sur la pointe de la droite en entrant dans le Rhône, il y a plusieurs cabanes de pêcheurs qui en donnent une connoillance, & quelques dunes de fables, qui paroiffent de loin comme de petites isles. * Michelot, Port. de la mer Méditerranée, p. 60.

Remarques.

On reconnoît encore cette pointe de Tignes, par le changement de couleur que produisent les eaux douces, qui paroissent blanches sur la surface de la mer, & s'étendent fort loin, aufli-bien que par les fils des courans, qu'on voit ordinairement par le travers de l'embouchure de cette riviere, dont les eaux vont presque toujours vers le sud-ouest. On peut paffer par un beau tems, pendant le jour, fort proche la pointe de Tignes, y ayant à un mille au large cinq à fix brasses d'eau. Il est encore à observer, qu'on navigue le long des côtes du golfe de Lyon; il faut avoir égard, autant qu'on le peut, aux différens courans qui y sont fort irréguliers; car on remarque, lorsqu'il a fait de grandes pluies, & que les étangs & les rivieres se dégorgent plus abondamment, que les mers portent plus vivement au large, & qu'an contraire dans le tems des sécheresses que ces mêmes étangs se rempliffent, les mers portent alors à terre: outre qu'une longue expérience nous fait connoître que les golfes & les plages attirent toujours les vagues de la mer, à quoi il faut que les pilotes ayent égard. On dira peut-être qu'on ne peut pas savoir, venant de loin avec un vaiffeau, les tems qu'il a faits dans le golfe, puisqu'ils ne font pas universels; mais au moins on sera averti qu'il faut se précautionner à tout évenement, en se tenant plus au large, à moins que le vent ne fût du côté de terre.

TOUR DU TROUPEAU OULA TOUR D'ADER. On dit que cette tour étoit au voisinage de Bethleem, Genesis, 35,21, & que les pasteurs à qui l'ange annonça la naislance de Notre Sauveur, (a) étoient près de cette tour, (b) où dans la suite on bâtit une église. Plusieurs interpréres prétendent que le passage de Michée, où il est parlé de la Tour du troupeau, (c) Et tu Turris gregis, nebulosa filia Sion, désignoit la ville de Bethleem, d'ou devoit fortir le Sauveur du Monde. D'autres soutiennent que le prophéte a voulu marquer la ville de Jerufalem. Voyez les commentateurs fur cet endroit. (2) Luc. 2.8, 13. (b) Hieron, ep. 27. (5) Mich. 4,8.

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TOUR-LA-VILLE, bourg de France, dans la Norman. die, du diocèse de Coutances, sous l'élection de Valognes. Ce bourg n'est séparé de la ville de Cherbourg que par la riviere; il y a de très-beaux moulins; la chapelle de faint Maur est dans une lande; il y a aussi deux hermitages très propres; les hermites sont prêtres & cordeliers, à la nomination du seigneur de ce bourg. On voit encore dans cette paroiffe, à l'extrémité dans la forêt, une très-belle glacerie, où l'on fait des glaces de miroir qui font brutes, & qu'on embarque par mer à Cherbourg pour les porter à Paris, où on les polit. Il y a un directeur, un contrôleur, un payeur, & autres officiers. Il y a plus de cent ouvriers oc cupés à différens ouvrages. Il y en avoit autrefois deux cents fix gentilshommes qui n'avoient soin que de couper les glaces de toutes grandeurs. Ils se relevoient de trois en trois heures, & avoient pour cela douze cents livres d'appoin temens; mais depuis l'an 1706 ils ont été supprimés avec grand nombre d'autres souffleurs qui coupent à présent les glaces; ils travaillent la nuit comme le jour, & les fourneaux ne s'éteignent jamais : c'est une chose très-curieuse à voir.

TOURAINE, province de France, séparée en deux par la riviere de Loite. Elle est bornée au septentrion par le Maine, à l'orient elle a l'Orléanois, au midi le Berri, au couchant d'hiver le Poitou, & à l'occident l'Anjou. Tours est sa capitale, & ses peuples appellés Tourangeaux, ont pris leur nom des anciens Turones ou Turoni, marqués entre les Celtes au dixiéme & au septiéme livre des commentaires de Céfar. Comme les Tourangeaux ont habité un fort bon pays, ils ont paffé en tout tems pour ennemis de la guerre; & Tacite, au troisiéme livre de ses annales, les nomme Turoni imbelles. Je fais que quelques-uns veulent qu'il faille lire dans Tacite rebelles; mais Sidonius Apollinaris, qui étoit Gaulois, & dont l'autorité ne peut être rejettée, refute cette leçon, rebelles, lorsqu'il dit dans le panégyrique de Majorien, qu'il avoit défendu contre les Goths, les Tourangeaux qui craignoient la guerre, bella timentes de fendit Turones. C'est pourquoi on doit attribuer, non au mérite du peuple de Tours, mais à sa situation avantageuse & à la bonté de son pays, la préférence que lui donna l'empereur Honorius sur les autres cités de la nouvelle province, ou troisiéme Lyonnoise qu'il institua, y ayant plusieurs de ces cités très-célébres, & entr'autres le Mans & les Mano ceaux, qui avoient fait des conquêtes en Italie, ils avoient établi une colonie qui portoit le nom de ce peuple, qui avoit fondé la ville de Verone. * Longuerue, Description de la France, part. 1, p. 104.

Lorsque l'empire romain fut entierement détruit en Occident, les Wisigoths s'étant rendus maîtres de toute la partie des Gaules qui est au midi de la Loire, la ville de Tours vint à leur pouvoir sous le regne d'Euric, & Tours étoit encore sous leur domination l'an 506, lorsque Verus, évêque de Tours, comparut par procureur au concile d'Agde, composé des évêques & des députés des églises sujettes aux rois des Goths; mais l'année suivante 507, Clovis ayant vaincu & tué Alaric près de Poitiers, il se rendit maître de tout ce qui est entre la Loire & les Pyrénées, & il assujettit aisément la ville de Tours, où il alla en dévotion au tombeau de saint Martin, qu'on regardoit comme le saint tutelaire des Gaules. Après la mort de Clovis, les villes de Neustrie & d'Aquitaine ayant été partagées entre ses quatre fils, Tours échut à Thierri, roi d'Austrasie: & on voit, par Grégoire de Tours, que les rois qui régnerent à Mets dans la France orientale, posléderent toujours cette ville jusqu'au tems de Clotaire II, qui réunit la monarchie françoise. Depuis ce tems, Tours fut toujours sujette aux rois de Neustrie, tant sous les Mérovingiens, que sous les Carlovingiens. Ceux de cette seconde race perdirent leur pouvoir & leur autorité sous Charles le Simple, qui fut dégradé de la dignité royale, & confiné dans une prison perpétuelle.

Ce fut dans ce tems, que Thibaud, surnommé le Tricheur, comte de Blois & de Chartres, qui s'étoit rendu absolu dans ces pays, au mépris de l'autorité royale, se rendit maître aussi de Tours, que ses successeurs posséderent long-tems. Ils n'étoient pas néanmoins les maîtres absolus du pays, car on voit dans l'ancienne histoire des seigneurs d'Amboise, que les seigneurs de cette ville, & ceux de Loches ou de Chinon, étoient ennemis du comte de Blois, & dépendoient du comte d'Anjou. Enfin, l'an 1037, Thi baud, comte de Blois, étant avec son frere Etienne, comte de Champagne, rébelle à Henţi I, roi de France, & ayant ravagé les terres de Lisoius, seigneur d'Ambroise & de Chaumont, & celles de Roger, seigneur de Monthréfor & de plusieurs autres alliés ou vassaux de Geoffroi Martel, comte d'Anjou. Ce comte Geoffroi Martel alla, avec une puislante armée, au secours de ses amis, & vainquit en bataille les comtes de Champagne & de Blois. Le dernier ayant été fait prisonnier, fut contraint de donner Tours, & de céder ce qu'il avoit en Touraine pour sa ran çon à Geoffroi Martel, qui laissa tous ses états à ses neveux, fils de sa sœur, qui furent depuis nommés les Plantégenests, à cause de Geoffroi d'Anjou qui avoit porté ce nom, & dont le petit-fils, Jean Sans-Terre, roi d'Angleterre, fut privé par Philippe-Auguste des états qu'il avoit deça la mer. Enfuite Henri III, fils de Jean, céda, entre

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autres pays, la Touraine à Saint Louis, par le traité de 1259.

La largeur de la Touraine, dans sa plus grande étendue, du levant au couchant, depuis Valieres-les-Grands, jusqu'à Gande, n'est que de vingt-deux lieues, & fa longueur du midi au septentrion de vingt-quatre. Ce pays est arrosé par dix-sept rivieres, dont les plus connues font

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sans compter plusieurs ruisseaux qui arrosent ce pays, & lui donnent beaucoup de commodité pour le commerce, & pour la communication avec les autres provinces. Son climat est tempéré, & cette province en général est délicieuse & agréable, ce qui lui a mérité, à juste titre, la qualité de Jardin de la France. La bonté du terroir n'est pas égale par-tout. LES VARENNES qui font le long de la Loire sont des terres sablonneuses, faciles à cultiver, & toujours en labour. Elles rapportent du seigle, de l'orge, du mil, des légumes pour la province, & on en tire la gaude pour les teintures. LE VERNON est une contrée à peu près semblable; mais le terroir est plus gras, & dans une situation plus élevée. On y recueille des bleds, des vins & de très-bon fruits, noix, amandes, & fur-tout des prunes, dont les habitans font commerce, de même que ceux de Sainte-Maure, de l'isle Bouchard, & de SainteMarguerite. LA CHAMPAGNE est une petite contrée entre le Cher & l'Indre. C'est un pays assez uni, dont les terres font graffes & fertiles en bled, sur tout en froment. LA BRENNE est une terre humide, marécageuse & pleine d'étangs. Les côteaux de la Loire & du Cher font chargés de vignes qui donnent des vins en abondance; ceux du Vouvray sont les plus recherchés. Les forêts les plus considérables sont celles d'Amboise, de Loches, de Chinon, &c. On trouve en quelques endroits de la Touraine des landes, dont quelques-unes servent aux pâturages. La GASTINE est un pays sec, dont les terres sont difficiles à cultiver. Enfin, les rivieres donnent des prés, & des pâturages pour la nourriture des bestiaux. On trouve des mines de fer en quelques endroits près de Noyers. Il y en a une de cuivre, dans laquelle on prétend qu'il y a de l'or. On trouve aussi du salpêtre dans les côteaux de la Loire, exposés au midi, & en divers endroits des pierres de moulage, dont on fait commerce avec les étrangers. Il n'y a, de fontaines minérales, que celle de la Roche-Posay qui ait quelque réputation; son eau prise au commencement de l'été, est limpide & fans saveur. Auprès des savonnieres, à deux lieues de Tours, sont ces fameuses caves que l'on a surnommées gouttieres, parce qu'il en dégoutte continuellement de l'eau. Elles sont dans le roc, & fi fombres, qu'on n'y entre qu'avec de la lumiere. L'eau qui tombe de leurs voûtes forme des ruisseaux qui coulent sans cesse, ou se congele même dans les plus grandes chaleurs de l'été, de maniere qu'elle forme plusieurs corps transparens, & femblables au fucre candi. Elle se convertit aussi en pierres si dures, qu'il est difficile de les rompre à coups de marteau; les plus petites ressemblent si fort à des dragées, que plusieurs personnes s'y sont trompées. Dans ces congélations, où ordinairement chacun voit ce qu'il y veut voir, on prétend que tout le monde y remarque la forme d'un calvaire & une image de saint Martin à cheval, fides fit penes auctorem. Dans une plaine qui n'est pas loin de Ligueil, l'on trouve une infinité de coquillages, dont les uns se réduisent en poudre, & les autres sont fort durs. Les premiers fervent à fumer les terres. Il y a aussi aux environs de Ligueil un étang, dont on dit que l'eau pétrifie en très-peu de tems le bois qu'on y jette; mais, à parler vrai, elle n'y fait que des appositions pierreuses. * Piganiol, Description de la France, t.7, p. 1 & suiv.

Cette province n'est pas aussi peuplée que celles du voisinage, & on prétend que le Tasse a fort bien peint le caractère de ses bâtimens, Gierufalemme liberasa, canto primo.

Non è gente robusta, ò faticosa,
Se ben tutta di ferro ella riluce.
La terra molle, e lieta, e dilettosa
Tome V. KK kkk kij

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Simili à se gli habitator produce :

Impeto fa nelle battaglie prime;

Ma di leggier poi langue, & fi reprime.

Ce portrait que fait le Tasse des Tourangeaux, a été élégamment rendu par un Sicilien, qui n'étoit guère moins poëse que le Talle:

Turba licet Chalybis cataphracta horrore nitentis,
Ægra laboretamen, nec vivida robore : mollis
Blandaque terra fibi fimiles educit alumnos,
Scilicet: hi fub prima ruunt discrimina pugna
Pracipites, fed restincto mox fulgure torpent.

Toute cette province est du ressort du parlement & de la cour des aides de Paris. On y compte deux présidiaux; Tours & Châtillon sur l'Indre; trois fiéges royaux, Loches, Chinon & Langeais; & trois bailliages royaux, Amboise, Loudun & Montrichard. Le grand bailli de Touraine est d'épée, & a les mêmes fonctions & prérogatives que ceux des autres provinces. Par édit du mois de novembre 1639, le roi érigea Châtillon en présidial, & créa en même tems un bailli d'épée qui a droit de commander la noblesse de l'arriere-ban de son district. Sa majesté augmenta lors de cette érection l'ancien ressort de Tours, outre lesquelles le roi donna encore le marquisat de Mézieres & la baronnie de Preuilly; mais ayant connu qu'il avoit trop affoibli le présidial de Tours, il y remit Mézieres, compofé de douze paroiffes, & Preuilly, composé de vingt-quatre, par sa déclaration du mois de mai de l'an 1643. Il y a cependant encore quelques paroisses de Mézieres contestées entre le présidial de Tours & celui de Chatillon. Quoique la ville de Loudun & le Loudunois foient du diocèle de Poitiers, & que la plupart des géographes les mettent dans le Poitou, l'une & l'autre font néanmoins du reffort de Tours pour la justice & finance; mais ils ont une coutume particuliere qu'on prétend n'être que locale. Le roi Henri III transféra le parlement & les autres cours supérieures de Paris à Tours l'an 1583, où elles demeurerent jusqu'au mois de février 1594, que le roi Henri le Grand les rétablit à Paris. Pendant le séjour que firent ces cours su. périeures à Tours, cette ville s'accrut d'un tiers au moins, & cette raison fait ardemment souhaiter aux habitans qu'il plût au roi d'y établir un parlement. Il y a aussi une jurisdiction confulaire établie à Tours. Elle est composée d'un grand juge, de deux confuls, qui sont élus tous les ans par les marchands, & de douze conseillers qui font de Touraine, qui fut rédigée pour la premiere fois en 1460, & en dernier lieu le 8 octobre 1559.

La chambre des monnoies de Tours & celle de Paris sont les plus anciennes de France: car il n'y avoit autrefois que Paris & Tours où l'on battit monnoie. La monnoie frappée au coin des seigneurs particuliers, n'étoit reçue que dans leurs seigneuries, ou dans celles des seigneurs avec qui ils étoient en confédération expresse pour cela. La monnoie de Paris étoit plus forte d'un quart en sus, ou d'un cinquiéme au total que celle de Tours; ainsi le sol Parisis valoit quinze deniers tournois, & le fol Tournois n'en valoit que douze. L'ordonnance de 1667, a abrogé la différence du Parisis & du Tournois : car on ne peut plus stipuler que la livre Tournois. La chambre ou l'hôtel des monnoies de Tours, est composée de deux juges gardes, d'un procureur du roi & d'un greffier. Il y a des monnoyeurs & des tailleresses qui travaillent à cette fabrique, & nos rois ont accordé ces droits à des familles particulieres. On trouve dans les anciens titres Parvi Turonenfes, deniers tournois, doubles tournois. Solidi Turonenfes étoient aussi de cuivre, & c'est ce que nous appellons un fou tournois. Libera Turonenfis étoit un denier d'or, & souvent appellé francus aureus & fcutatus aureus, & valoit vingt sols. Toutes ces espéces avoient pris leur nom de la ville de Tours, où elles étoient fabriquées, de même qu'on appelloit sous Parisis, livres Parifis, celles qui avoient été frapées à Paris. Le bureau des finances de Tours a été établi au mois d'octobre 1567, & est composé d'un premier président & de vingt trois trésoriers de France, dont les quatre plus anciens prennent la qualité de contrôleurs généraux des finances, & deux receveurs généraux. La généralité de Tours comprend la Touraine, l'Anjou & le Maine. On y compre seize élections, & mille cinq cents soixante-dix-neuf pa

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Sainte-Maure & Preuilly.

Par édit du mois de février 1689, le roi créa un grand maître des eaux & forêts, au département de Touraine. Cette grande maîtrise des eaux & forêts, a une maîtrise particuliere établie à Tours, composée d'un maître particulier d'un lieutenant, d'un procureur du roi, d'un garde-marteau, d'un greffier & de deux gardes. Sa majesté a trois forêts dans cette province: celle d'Amboise qui contient feize mille arpens de bois, dont il y en a mille trois de haute futaye, & le reste en taillis; celle de Loches contient cinq mille arpens, tous en bois de futaie, & celle de Chinon environ sept mille arpens, tous en bois de futaie. Toutes ces forêts sont plantées de chênes, parmi lesquelles il y a quelques hêtres. Sa majesté avoit aussi huit villes royales, qui faisoient partie de son domaine; savoir,

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Mais le domaine de toutes ces villes est engagé, à l'exception de celui de Tours. Toutes les impofitions, tant ordinaires qu'extraordinaires, qui se sont établies dans les autres provinces, ont lieu dans celle-ci.

Le principal commerce de cette province consiste dans le débit des marchandises qui se fabriquent dans les manufactures, dont, selon l'ordre de leur établissement dans cette province, la draperie est la plus ancienne, la tannerie vient ensuite, & enfin la soierie.

On trouve plusieurs réglemens qui concernent la draperie dans la coutume de cette province; mais elle ne fut établie à Tours qu'en vertu des lettres - patentes du roi Charles VII, données à Bourges le 6 mars 1460, avec exemption aux ouvriers pendant dix ans de guet, de garde des portes & d'aides. Les draps qu'on fabriquoit dans cette manufacture étoient autrefois fort estimés, & on y a compté plus de deux cents cinquante métiers, & plus de cent vingt maîtres; mais la guerre, la mortalité & la difficulté des tems, ont presque anéanti en Touraine cette manufacture, qui ne s'est soutenue que dans la seule ville d'Amboise, dont les étamines & les droguets font fort estimés. La tannerie attiroit autrefois beaucoup d'argent dans la province, & a enrichi plusieurs familles On tient qu'il y avoit plus de quatre cents tanneries en Touraine; mais il n'en reste aujourd'hui qu'environ cinquante-quatre dans toute cette province.

La soirie est la manufacture la plus considérable & la derniere établie en Touraine. Louis XI envoya chercher à Venise, à Florence, à Génes & jusque dans la Grece les plus habiles ouvriers qu'il y eût, & les fit venir à Tours en 1470. Il obligea d'abord les habitans de les loger, & de leur fournir l'ustensile; mais en 1480, il leur permit par lettres patentes de faire un établissement, & leur accorda des priviléges. L'industrie de ces ouvriers se perfectionna tellement, que dès le tems du cardinal de Richelieu, cette manufacture égaloit ou furpassoit celle de Génes & d'Angleterre. On comptoit, pour lors, dans la seule ville de Tours, vingt mille ouvriers en soie, plus de huit mille métiers d'étoffes de soie, sept cents moulins à foie, & plus de quarante mille personnes employées à dévider la foie, à

l'apprêter & à la fabriquer, fans parler de la rubanerie, dont il y a eu autrefois, tant à Tours qu'aux environs, plus de trois mille métiers; il n'en reste pas maintenant soixante: plusieurs choses ont concouru à réduire cette manufacture au point de diminution où elle est à présent. La cessation du commerce avec les étrangers, la fortie des ouvriers hors du royaume, l'obligation qu'on a imposée aux marchands d'acheter à Lyon les soies dont ils ont befoin, &c. Le séjour que le parlement de Paris fit à Tours, la situation de cette ville dans un pays fertile, & la commodité de la riviere de Loire, donnerent lieu au dessein d'y établir une université, qui fut créée par lettres patentes de Henri le Grand, données au mois de janvier 1594; mais comme le parlement fut rétabli à Paris un mois après, ces lettres n'ont point eu d'exécution. Les jésuites avoient un collége à Tours où ils enseignoient jusqu'à la théologie.

Cette province a été érigée en gouvernement général l'an 1545, & aujourd'hui, elle a un gouverneur, un lieutenant général, un lieutenant de roi, & quelques gouverneurs particuliers. Le gouvernement de la ville & du château de Tours est attaché au gouvernement général de la province, & la même personne est revêtue de l'un & de l'autre. La ville de Loches a un gouverneur & un lieutenant de roi. Amboise a aussi un gouverneur particulier, qui est le bailli de la ville & du château, & un lieutenant de roi. Beaulieu n'a qu'un gouverneur, & point de lieutenant de roi. Chinon a un gouverneur pour le roi, & le château en a un autre, qui est à la nomination du duc de Richelieu, lequel en est seigneur; mais il a des provisions du roi.

La maréchauffée générale étoit composée d'un prévôt, de deux lieutenans, d'un assesseur, d'un commissaire aux montres, d'un procureur du roi d'un greffier, de deux exempts & de trente archers. La maréchauffée provinciale avoit un prévôt, deux lieutenans, un assesseur, un commiffaire aux montres, deux exemts, un greffier & dix-neuf archers. Par la déclaration du roi, du 9 avril 1720, il n'y a plus pour la Touraine que deux lieutenans du prévôt général d'Angers, établis à Tours, avec un asfefleur, un procureur du roi, un greffier, &c.

Il y a deux duchés-pairies dans ce gouvernement, Montbazon & Luynes. On compte dans la Touraine vingt. sept villes, dont il y en a huit royales, ainsi que je l'ai déja remarqué, & les autres appartiennent à de seigneurs particuliers. La plupart de ces dernieres ne font, à proprement parler, que des bourgs; mais on leur donne le nom de villes, parce que les seigneurs barons ont droit, par la coutume de Touraine, d'avoir villes closes; ou bien parce que ceux du pays les qualifient de villes.

TOURAN. C'est l'ancien nom du pays de Turquestan, qui tire son origine de Tours, fils de Feridoun, roi de Perse, de la premiere dynastie, nommée des Pischdadiens. Tour avoit un frere aîné, nommé Irag', lequel eut, de son pere, la Perse en partage; de forte que Tour, fon cadet, fut contraint de passer le Gihon ou l'Oxus, & d'aller régner dans les provinces Transoxanes. Les fuccefleurs de Tour, dont le plus célébre est Afra fiab, ont toujours donné beaucoup d'affaires aux rois de Perse, sur quoi il faut voir les titres de Aferidoun ou Feridoun, & d'Afrasiab. On se contentera seulement de remarquer ici, que depuis ce tems, les provinces, qui composent aujourd'hui le royaume de Perse, ont porté le nom d'Iran, que l'on prétend avoir été tiré de celui d'Irag', fils de Feridoun, & que toutes celles qui sont au-delà du Gihon ou de l'Oxus, ont pris de Tour, autre fils de Feridoun, celui de Touran, & que dans les traités de paix, qui se faisoient autrefois entre les Persans & les Turcs Orientaux, on mettoit toujours le Gihon ou l'Oxus , pour ligne de séparation entre ces deux grands états, qu'on nominoit l'Iran & le Touran. L'auteur de P'histoire intitulée Moschtarek, écrit que les limites du pays de Touran sont du côté du couchant, la province de Khouarezm, & du côté du midi le fleuve Gihon, depuis le pays de Badalkhschan, qui est à l'orient, jusqu'à celui de Khouarezm, & que ses bornes font inconnues, tant du côté de l'orient que du côté du septentrion. Le même auteur ajoute que la nation appellée Haïathelah, qui a fait de si grandes irruptions dans la Perse, sous Gobad & Nouschirvan son fils, rois de Perse,

étoient fortis du pays de Touran. Ahmed Ben A'rabschad écrit auffi dans son Akhbar-Timour, que tous les pays qui s'étendent au-delà du fleuve Gihon, portent le nom de Touran, d'où les Arabes prétendent, quoique faufslement, que celui de Turkestan soit dérivé. Le même auteur ajoute que le partage de l'Iran & du Touran fut fait entre Caïcaous, roi de Perfe, & Afrafiab, roi des Turcs, conformément à ce qu'en écrivent les historiens de Perse. Mirkhond écrit qu'il y a une ville du Mauaralnahar, située sur la rive orientale du Bahr Khozar, qui est la mer Caspienne, qui fut bâtie par Tour, fils de Feridoun, duquel on vient de parler, & que c'est du nom de cette ville que tout le pays, qui est au-delà du fleuve Gihon, ou de l'Oxus, a tiré celui de Touran.*D'Herbelot, Biblioth. or. p. 395.

Selon l'auteur de l'histoire des Tatars, pag. 329, се nom TOURAN est pris quelquefois dans un tens opposé au pays d'Iran, & en cette signification, il désigne tous les pays qui sont au nord de la riviere d'Amù, comme le pays d'Iran désigne tout ce qui est au sud de la même riviere; mais dans sa véritable signification, le pays de Touran comprend seulement cette étendue de pays qui est renfermée entre la mer Glaciale, la riviere de Jeniféa & les montagnes du Caucase; ce qui est précisément la Sibérie. Enfin, Petis de la Croix dit, dans son histoire de Timur Bec, l. 2, c. 30, que le Touran est tout ce qui s'appelle la Grande Tartarie, depuis l'Oxus jusqu'en Moscovie, Sibérie & Chine. Timur, ajoute-til, après avoir absolument réduit sous sa domination les pays & royaumes du Touran, que Genghiz-Kan avoit autrefois partagés entre ses deux enfans Touchi Kan & Zagatai-Kan, il les confia à la garde de ses lieutenans, & résolut de conquérir l'empire de l'Iran ou de Perse.

TOUBALÉ ou TOURBALI, village de la Natolie, au pays de Sarchan, environ à moitié chemin entre Smyrne & Arafalouk, ou Ephele. Spon, Voyage du Levant, liv. 3, fait entendre qu'il y a deux routes pour aller de Smyrne à Ephése; savoir, l'une qui est le chemin ordinaire, & qui traverse les rochers du mont Mimas, où il y a un passage dans le roc, que les bonnes gens de ces quartiers disent que saint Paul coupa avec son épée; l'autre route passe par la plaine, & c'est celle que prit Spon, comme la plus fûre. Après avoir passé de grandes plaines, & traversé la petite riviere Halis, qui alloit autrefois à Colophon, il vit à droite & à gauche les ruines d'un aqueduc, qui traversoit le chemin, & alloit vers le village de Tourbalé, qui donne quelques marques d'avoir été anciennement une place plus considérable qu'elle n'est préfentement, & qui étoit, peut-être, la ville appellée METROPOLIS, dont il pourroit se faire que le nom de Tourbalé seroit venu. Voyez METROPOLIS.

TOURBE, riviere de France, dans le Retelois. Elle prend sa source à Somme-Tourbe, passe à Ville-Tourbe, & se jette dans l'Aisne au-dessus du bourg d'Autri.*Coulon, Rivieres de France, p. 166.

TOURBILLON ou TURBEL, château du Valais, près de la ville de Sion, sur une montagne. L'évêque de Sion y fait ordinairement sa demeure. * Longuerue, Descript. de la France, part. 2, p. 305.

TOURIENNE, montagne de Turquie, dans la Romanie, au pied de laquelle est le village de Tofbourg: il faut deux heures pour la traverser.

TOURILLE, (plage de) plage d'Espagne, sur la côte de la Catalogne, dans la viguerie de Girone. Michelot, pag. 47, dit, dans son portulan de la mer Méditerranée : Environ cinq milles vers le nord, cinq degrés vers l'est de la pointe du nord de Bégu, sont les ifles de Médes; entre cette pointe & ces ifles est une grande anse, bordée d'une plage de sable, qui a deux à trois milles d'enfoncement, appellée communément plage de Tourille, dans laquelle on peut mouiller, lorsqu'on a le vent à la terre; toutefois, il ne faut point trop s'approcher de la plage, fur-tout proche le cap Bégu, vis-à-vis d'un petit vallon, où sont quelques magasins à pêcheurs; pour le reconnoî tre, on voit au dessus le vieux château & la tour que nous avons dit être au-dessus de Bégu, qui se voit de l'autre côté. On mouille, vis à-vis cette plage, à telle distance que l'on veut; car à la petite portée du canon de terre, il y a dix, douze & quinze brasses d'eau, fond de fable vaseux. Vers le nord ouest du lieu où l'on mouille, il y KKkkkkiij

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