favoir, ils appellent souvent d'un même nom des distances dont l'étendue n'est pas la même mesure de chemin en Italie, en Angleterre, leterre, en Allemagne, en Hongrie, en France, &c. Quiconque ignoreroit ces différences, ne pourroit que se faire des idées très-fausses de l'étendue d'un pays. Quelques peuples comptent par journées de chemin ; mais ces journées different étrangement dans les pays où l'on va par caravane, une journée d'un courrier, celle d'un homme à pied, celle d'un homme monté sur un chameau, ne font pas les mêmes. D'ailleurs les milles n'ont pas été mesurés par tout à la toise comme en quelques provinces de France, des Pays-Bas & de Suéde. Il y en a encore, fur-tout en Afrique, en Afie & en Amérique, dont les distances ont été jugées à peu près par les voyageurs. Cela jette fouvent du faux dans les cartes des plus habiles géographes. Il faut se contenter de ce qu'il est possible de savoir. J'ai recueilli dans l'article MESURES ITINERAIRES un ample dé tail des mesures avec leurs noms & leur valeur; de forte qu'il est aisé de réduire chacune de ees mesures à celle de son pays, ou à tout autre que l'on veut lui comparer. , III. Les Souverainetés se divisent en provinces, & ces dernieres ont aussi leurs fubdivisions. On a reproché à M. Corneille d'avoir négligé ces DIVISIONS, & ce reproche n'est pas • injufte. On a loué au contraire MM. Sanson d'avoir débrouillé la géographie par des tables qui l'ont rendue plus méthodique & plus aisée. Le P. Briet a fait pour l'ancienne géographie de l'Europe, ce qu'ils avoient fait pour la géographie nouvelle. J'ai inféré en leur lieu les divisions de ces illustres géographes; mais comme, elles mériteroient souvent d'être réformées, j'ai averti que je ne prétends point les garantir. Je les donne pour des ouvrages qui ont été estimés, mais je ne les donne point pour quelque chose de parfait. Si je les avois changées, ce ne seroient plus celles de ces auteurs, mais les miennes. : IV. Comme ces divisions n'ont pas toujours été les mêmes dans tous les siécles, j'en ai marqué les plus importantes révolutions; ainsi on trouve plusieurs divisions de la France, de l'Italie, de l'Angleterre, &c. V. Il y a des peuples qui subsistent depuis très-long-tems, & qui sont toujours les mêmes; il y en a d'autres qui ont fouffert des changemens si considérables, qu'on peut dire que ce n'est plus la même nation. Les François d'aujourd'hui sont un mélange de Gaulois, anciens habitans du pays, des Romains qui le conquirent, & des Francs, qui venus d'au-delà du Rhin, chafferent les garnisons Romaines. Ce font différens peuples qui ont alternativement habité le même pays, & qui demandent des articles particuliers. Ainsi on ne doit pas être furpris, si outre l'article ALLEMAGNE, j'en fais un sous le titre de GERMANIE, qui est l'ancien nom du pays, & un autre sous celui D'ALMANI, peuple d'origine Gauloise, qui s'établissant dans la Germanie, devint enfin si puissant, qu'il lui imposa son nom: de même, outre les articles de FRANCE, D'ANGLETERRE, &c. on trouve encore ceux de GAULES, D'ALBION, &c. VI. Il y a eu d'autres peuples qui ne subsistent plus depuis très-long-tems, parce qu'ils ont été ou entierement détruits, ou incorporés avec d'autres. Je leur ai donné des articles particuliers, où j'ai recueilli ce que j'ai pu trouver de plus certain fur les limites, les partages & les villes du pays qu'ils habitoient. VII. J'ai fait aussi des articles particuliers pour les anciennes villes qui ne sont pas précisément les mêmes que celles qu'on leur a substituées. Ainsi j'ai diftingué APOLLONIE, ancienne ville de l'Afie-Mineure appellée aujourd'hui A BOUILLONA, d'avec LUPADI Ou LOUBAT, qui est la même que les Grecs du moyen âge nommoient Lopadion, quoique plufieurs géographes confondent aujourdhui Apollonia & Lupadi. VIII. J'ai pris soin de diftinguer quantité de villes de même nom, qu'il est aisé de confondre dans l'histoire. MM. Baudrand, Maty & Corneille ne connoiffent qu'une seule ville ď'ATHENE. Il y en avoit pourtant une douzaine qui portoient ce nom. Le premier dans son dictionnaire latin ne fournit que dix APOLLONIES; j'en donne trente bien distinctes, sans compter quatre autres sur lesquelles Ortelius s'est trompé; & ainsi de quantité d'autres. IX. En écrivant les noms géographiques anciens, j'ai cru qu'il étoit indifférent de mettre la terminaison latine, ou la françoise, dans le titre de l'article. Mais j'ai toujours conservé l'ancien nom avec le plus de simplicité & le moins de changement qu'il a été possible. Je dis les Belges, les Bataves, & je crois que c'est ainsi qu'il faut nommer les peuples des Pays-Bas, lorsqu'il est question du tems de Jules César ou de Vespasien; j'avoue que M. d'Ablancourt, dont j'admire d'ailleurs l'élégance & les autres talens, ne me paroît pas supportable, quand à la place de ces noms, que nos poëtes françois emploient encore fans difficulté, il introduit des noms modernes qui n'y conviennent pas. Les HOLLANDOIS, dans une traduction de Tacite, me paroissent aussi ridicules, que le seroit M. de Vaugelas, s'il avoit dit dans sa tradution de Quinte-Curce, que Philippe & Alexandre le Grand étoient rois du Comenolitari, sous prétexte qu'on appelle ainsi présentement une grande partie de la Macédoine. : X. Je crois aussi que les noms propres modernes des lieux étrangers ne doivent être fran pifés que de la maniere la plus approchante du vrai nem, & qu'à moins qu'il n'y ait un usage 1 universellement reçu, il vaut mieux garder le vrai nom que de le changer en un autre. On doit dire en françois Ratisbonne, Londres, la Vistule, & non pas Regensbourg, London & Weixel; quoique ces derniers foient les véritables, l'usage françois l'a ainsi réglé; mais c'est avoir une trop lâche complaisance pour les personnes qui parlent mal, que de dire avec elles la Douere, Couilloure & Cafeloutre, au lieu de dire avec les personnes qui parlent bien, le Duero, Colioure & Keiserslautern. XI. Il m'est souvent arrivé de prendre de quelqu'un de mes prédécesseurs un article & d'en relever les fautes, ou bien de l'éclaircir par des remarques. XII. Les DESCRIPTIONS font une chose à laquelle je me fuis fort appliqué; ce sont elles qui rendent un livre intéressant, & qui font connoître plus particulierement un lieu, en défignant ce qu'il a de commun avec les autres, ou ce qu'il a de fingulier. C'est par là que Strabon & Paufanias ont eu plus de vogue que certains géographes qui les ont suivis on précédés. J'ai feulement tâché d'éviter deux excès: le premier eft d'enfler une description de tout ce que présente quelque Auteur que ce soit. Le second, de se jetter immodérément sur l'histoire d'un pays. XIII. Au lieu d'emprunter toujours les propres termes des Auteurs, dont quelques-uns ont un style diffus & chargé de paroles inutiles, je me suis souvent contenté de prendre la substance de leur description, la resserrant dans le plus petit nombre de paroles que j'ai pu. Souvent aussi j'ai conservé le style même des Auteurs, pour peu qu'il ait été supportable, changeant néanmoins les expressions quand elles m'ont semblé capables de faire de la peine aux lecteurs. XIV. Dans les descriptions des ports & des villes marchandes, j'aurois souhaité de pouvoir marquer par tout ce qui regarde le commerce particulier de chaque lieu, & la maniere dont il se fait, quelles font les denrées que l'on y porte, celles qu'on en tire; les saisons auxquelles il faut y arriver ou en partir, & les précautions les plus importantes qu'il y ait à prendre: mais n'ayant pas trouvé cette matiere affez préparée, je me suis contenté de l'effleurer & de mettre ce qui en est venu à ma connoissance. XV, Quantité de villes de guerre y font décrites avec le détail de leurs fortifications, & la plupart des capitales y font traitées avec un détail qui en fait connoître les principales beautés. Outre le grand nombre d'articles dresses sur les lieux & communiqués à M. Corneille, j'ai eu les miens, entre autres exemples on peut voir les articles d'AMSTERDAM, de BOLOGNE, de CASSEL, de FORLI, & quantité d'autres. En parlant des hommes illuftres, à l'occasion des lieux qu'ils ont habités, j'ai été fort court; on en trouve des exemples aux articles d'ANDELI, de DANTZIG, de DELFT, &c. où je parle de M. Corneille, de Cluvier & de Grotius, &c. C'est aux historiens à fournir les détails de leur vie. XVI. En parlant de ces villes, j'ai tâché d'en marquer la position, c'est-à-dire, la longitude & la latitude, quand des Auteurs exacts l'avoient marquée. M. Baudrand n'en met pas une, Cellarius n'en met que dans ses cartes, encore ne met il que les latitudes. M. Corneille ne donne guères de longitudes & de latitudes que celles des villes de Perse tirées de Tavernier, ou celles des Arabes qu'il trouve dans la bibliotheque orientale de M. d'Herbelot. Outre celles-là je donne celles qui résultent des observations répandues dans l'histoire & dans les mémoires de l'Académie royale des Sciences; dans les observations du P. Feuillée en Amérique, des PP. Jésuites dans l'Orient, &c. Aux ports, rades, caps, &c. je joins quelquefois la position que lui donnent les tables hollandoises. Cette partie de la géographie est très-importante & mériteroit que l'on dressât de nouvelles tables de latitude & de longitude conformes à toutes les observations que l'on a déjà. Les premiers qui ont déterminé Ies positions, ne l'ont pas toujours fait avec la précision nécessaire. Souvent des navigateurs ont cru les marquer à peu près, & se sont trompés de beaucoup. Toutes les cartes d'Afrique, avant celles de M. DE L'ISLE, marquoient le cap de Ceuta comme la partie la plus septentrionale de l'Afrique; cependant il est au moins d'un degré 45 minutes plus méridional que le cap Négre, voisin de l'isle de Sardaigne. Ce savant homme (dont la mort arrivée le 25 Janvier 1726 m'a sensiblement affligé) a rendu des services immortels à la géographie, en la purifiant d'un très-grand nombre de fausses positions, par l'usage qu'il faisoit des obfervations astronomiques. Je remarque dans le cours de cet ouvrage une foule de corrections qu'il a osé faire le premier, s'exposant généreusement aux criailleries des vendeurs d'images, qui lui disputoient témérairement le nom de géographe. : XVII. En parlant des fontaines minérales, j'ai ajouté l'analyse de leurs eaux, quand je l'ai trouvé faite par des personnes qui en parloient savamment: je l'ai fait aux articles d'AixLA-CHAPELLE, de BAGNERES, de BALARUC, de BOURBON, de FORGES, d'OLONITZ, de PASSI, &c. XVIII. J'ai rapporté soigneusement ce que j'ai trouvé de plus particulier sur les MINES & les FOSSILES. Brown & Tollius, qui ont parcouru celles de Hongrie, M. Léopold, qui a visité celles de Suéde, M. Jufieu, qui a examiné la mine d'Almade, &c. m'ont prêté des fingularités très-instructives, qui, jointes à d'autres articles de cette nature sur les mines du Chili & du Pérou, &c. ne feront pas désagréables au lecteur. XIX. Je n'ai pas dû refuser une place aux lieux imaginaites qui n'existent que dans des relations peu fideles, ni à ceux dont l'existence n'est pas affez avérée. J'ai marqué l'incerti tude des uns & la fausseté des autres ; on en peut voir des exemples aux articles ANIAN, BABIN, &c. XX. J'avois eu dessein d'ajouter à chaque article les ARMOIRIES des états, des provinces & des villes; mais outre que je n'avois rien de fort complet sur cette matiere, j'ai appris depuis l'impression de mon projet, qu'un homme de lettres fonge à donner un Dictionnaire Héraldique universel, où entrent les armoiries des pays, villes, communautés, familles nobles & hommes illuftres, qu'il a pu recouvrer. Il est juste de lui réserver une matiere qui ne m'étoit qu'accessoire, & que je n'eusse traitée qu'imparfaitement. XXI. Ceux qui savent par expérience que les différentes manieres d'écrire un nom, sont une des plus grandes croix de ceux qui composent des Dictionnaires, concevront combien j'ai dû être souvent embarraffé. Le parti que j'ai pris alors, c'est de mettre dans l'ordre alphabétique les noms écrits d'une maniere vicieuse, avec un renvoi à ces mêmes mots écrits selon celle dont se servent les bons auteurs; afin que ceux qui malheureusement ne les connoissent que par ce nom défiguré, sachent où les trouver dans leur véritable lieu. XXII. Cette différence d'orthographe devient très-importante dans les traductions de l'écriture sainte. Souvent un même nom est écrit différemment dans le texte hébreu, dans le grec & dans la vulgate. C'est ce qui m'a porté à ajouter à la fin une table alphabétique générale de tous les noms géographiques, avec un renvoi aux articles où ils font exprimés ou expliqués. Cette table contient tous les noms étrangers Grecs, Latins, Arabes, Turcs, Allemands, Italiens, Espagnols, Anglois, Flamands, &c. tant anciens que modernes, employés dans les articles. XXIII. Cette table doit être accompagnée de deux autres. L'une est une LISTE DES AUTEURS CITE'S, où je marque les éditions dont je me suis fervi, & ce que signifient les abbréviations. L'autre, en maniere de supplément, contiendra les additions & corrections dont je serai averti avant la fin de l'impression, ou dont je me ferai apperçu moi-même d'ici à ce tems-là. Les articles que je n'ai pu recevoir à tems pour les inférer en leur lieu, & les renvois qui pourroient n'avoir pas été remplis, se trouveront commodément inférés dans ce second alphabeth. Rien n'est plus facile dans un si long ouvrage que d'oublier un renvoi, & l'éditeur françois de M. Baudrand, qui reproche à M. Maty d'avoir fait cette faute, y eft tombé lui-même. XXIV. J'ai déjà parlé de l'exactitude que j'ai apportée dans les citations que j'ai mises à la fin des articles, & renvoyées quelquefois par de petites lettrines entre deux parentheses: celles où il n'y en a point ont rapport à l'article entier, & l'étoile n'est que pour séparer le texte. Dans quelques citations j'ai suivi l'usage ordinaire; par exemple, quoique je me fois fervi de l'édition de Pline du R. P. Hardouin, qui divise cet auteur par sections, j'ai mieux aimé me servir de l'ancienne division, qui est par chapitres; parce que toutes les autres édi-tions étant plus communes que la sienne, il fera plus aisé à ceux qui ne l'ont pas & qui ont une des anciennes, de trouver l'endroit in indiqué. Je dis toujours Ptolomée, & non pas Ptolemée, comme le disent plusieurs savans, parce que ce géographe est le même que l'astronome, auteur du systême que nous appellons système de Ptolomée. Or il seroit ridicule que le même auteur fût nommé Ptolomée comme astronome, & Ptolemée comme géographe. C'est encore, pour ne pas trop m'écarter de l'usage établi, que je nomme Victor d'Utique l'historien, dont je sais que le nom latin est Victor Vitenfis, & non pas Uticenfis, comme on l'a cru autrefois. XXV. Le Dictionnaire latin de M. Baudrand contient à la fin des LISTES GENERALES DES METROPOLES, ARCHEVECHE'S & EVECHE'S, des VILLES LIBRES & IMPERIALES, des UNIVERSITE'S, &c. on n'auroit pas dû les négliger dans les Dictionnaires françois. J'ai inféré celles-là & quelques autres, mais dans leur ordre naturel aux mots ACADEMIE, ARCHE VECHE', ELECTION, EXARCHAT, VILLE, UNIVERSITÉ, &C. XXVI. Enfin j'ai spécifié quelle est la RELIGION dominante de chaque endroit, la LANGUE qui y est la plus usitée, & les USAGES qui méritent quelque réflexion. XXVII. Je ne joins point d'ERRATA à ces volumes, j'en ferai un général pour tout le Dictionnaire. Je ne crois pas qu'il faille demander grace au lecteur pour le style. Il n'est pas possible, dans un ouvrage de cette étendue, d'avoir la même attention aux phrases & aux mots que dans un discours académique, ou dans un livre de peu de feuilles. J'ai seulement évité d'être barbare. Uniquement occupé du fonds que j'avois à traiter, j'ai supposé qu'il suffisoit d'y avoir mis deux qualités préférables aux fleurs de l'éloquence, savoir, vérité & netteté. XXVIII. Je ne crois pas qu'on me compte pour un grand défaut l'omission de quantité d'articles qui manquent encore à ce Dictionnaire. Les juges équitables conviendront que la matiere étant presque inépuisable, je ne pouvois pas la saifir toute entiere du premier coup. Je m'assure au contraire qu'on me saura quelque gré d'avoir évité des milliers de fautes qui se trouvent dans M. Baudrand & dans ceux qui l'ont copié, & d'avoir ajouté plusieurs autres milliers d'articles dont ils n'avoient pas donné la moindre idée. Cependant quoique je fois perfuadé que mon livre a une bonté de comparaison qui le doit faire préférer à tous les DiAionnaires géographiques qui l'ont précédé, je connois aussi-bien que personne combien il est encore loin de la perfection où je voudrois l'avoir amené. Je ne le puis faire que par les secours du public, & je les demande. J'ai dit franchement mon opinion fur les fautes des autres, prêt à corriger les miennes dès que j'en serai averti. Je prie ceux qui les remarqueront, de me communiquer leurs lumieres: je ne parle point ainsi par une fausse modestie. Je n'excepte pas même de cette priere ceux qui ont le malheureux défaut de ne pouvoir relever les fautes d'autrui qu'avec des injures grossieres. La géographie en profitera, & je me dévoue pour elle, perfuadé que je contribue par là à l'utilité publique, à laquelle tout honnête homme doit consacrer ses veilles & ses talens. Je proteste que dans ce que j'ai dit sur les prétentions, possessions & autres droits des Princes, je n'ai eu les lumieres d'aucune cour; mais simplement les miennes & celles des auteurs que j'avois en main: que je n'ai voula confirmer ni infirmer aucunes prétentions en les rapportant. Ainsi je desavoue toutes les conféquences que l'on en voudroit tirer en quelque tems que ce soit, contre les intérêts & les droits des Princes que je n'ai pas rapportés, parce qu'ils m'ont été inconnus ou incertains. Π V.P LE GRAND DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE, HISTORIQUE ET CRITIQUE. A A A. Riviere de France dans la Sologne. C'est ce que M. del'Isle appelle Connon. Voyez ce mot.*Corneille, Mém. particuliers. A A. Ce nom qui, selon Hesyche, se donnoit anciennement à un amas d'eaux, eft commun commun à beaucoup de ruisseaux & de riviéres. AA, iviere de France, en latin Agnio & Euneno. Elle a fa fource dans le haut Boulonnois, au Nord du village de Bourte, &, coulant vers l'orient d'hyver, elle se recourbe enfuite vers le Nord, arrose le bourg de Renty en Artois. g. Au-dessous de Wime elle se sépare en deux branches qui se rejoignent dans les fossés de Saint Omer qu'elle traverse. Plus bas elle reçoit plusieurs ruisseaux, & inonde les marais où font les Isles flotantes. Ses divers rameaux se réunissent au-dessus de Watten; enfin elle se partage en trois branches, dont la gauche communique au canal de Calais; celle du milieu conserve fon nom, sépare la Flandre d'avec la Picardie, & va se jetter dans l'Océan un peu au-dessous de Gravelines; la droite, que l'on appelle LA COLME, se répand par plusieurs coupures dans les canaux de Bourbourg, de Mardyk, de Furnes, & de Dunkerque. * Cartes de l'Artois par G. de l'Ifle. AA, rivieres de Suiffe. Il y en a trois. La premiere a sa source au Midi de la petite ville de Gruninghen, dans le Turgow qu'elle baigne. Groffie enfuite par un ruisseau qui descend du village de Nofficken, elle se jette dans la partie méridionale du lac de Greiffen, nommé en la langue du pays Greiffen-Zće. La seconde, qui s'appelle aussi ALPHA ou ALPH, a fa fource au pied du Mont Brunnik, proche le village de Lungeren, dans le Canton d'Underwald: elle forme, à peu de distance de-là, trois petits lacs; &, se déchargeant de l'un dans l'autre, elle va se perdre dans le lac de Lucerne, où elle forme un petit golfe à qui elle donne le nom AA, rivieres des Pays-Bas. On en compte principalement cinq, dont voici les noms. AA, Ou AADE. Voyez AADE. Les quatre autres joignent à leur nom d'Aa, celui d'un des lieux qu'elles baignent, ce qui fert à les diftinguer. On appelle STEENWYCKER-AA, la riviere qui a fa source dans l'Overiffel, au Sud-Ouest du village de Dieveren, & qui, passant auprès de Steenwyck, au Nord de cette ville, se partage ensuite en deux branches, dont la plus méridionale est nommée OLD AA, ou l'ancienne AA, & la plus feptentrionale est nommée T NIEUWE DIEP, ou le nouveau foffé. L'une & l'autre de ces deux branches se jettent dans le Gieters-Meer, ou Lac de Gie-ter, qui se décharge dans le Zuyder-Zée auprès de BlockZyl. * Atlas de F. de Wit. On appelle HAWELTER-AA une riviere qui a sa source dans le comté de Drente, & qui, coulant vers le SudOuest, reçoit les eaux de deux autres sources, passe à l'Est de Hawelte qu'elle laisse au couchant à la distance de deux lieues communes, baigne le village de Meppel, où elle eft groffie par une autre riviere ; & un peu plus bas, elle en reçoit une seconde dont elle va porter les eaux avec les siennes à Swarte-Sluys, où elle se joint au Wecht qui tombe près delà dans le Zuyder-Zée. Il y a dans le même comté de Drente deux rivieres, ou même trois, qui fortent du marais de Bourtang, & qui, après avoir coulé séparément vers le Nord, n'ont qu'un même lit dans le Wester-Wold. La plus occidentale de ces deux rivieres s'appelle MUSSEL-AA, & la plus orientale est nommée RUTEN-AA, Après leur jonction, on les Tome I. A |