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couvrir une éclufe placée fur la haute Deule, à la gorge de cet ouvrage. Tout le front eft couvert d'une petite demi - lune revêtue. Ces ouvrages font entourés d'un foffé, d'un chemin couvert, d'une place d'armes, & d'un glacis : à l'extrémité on remarque deux angles faillants de deux lunettes de terre. Au-delà eft encore un avantfoffé. La demi-lune de la porte Notre-Dame eft couverte par un grand ouvrage à corne de terre, nouvellement conftruit & retranché. Son front eft couvert d'une autre demi-lune revêtue, le tout entouré d'un foffé, d'un chemin couvert, avec fes places d'armes & traverfes ; & de fon glacis, au pied duquel eft fon avant foffé. Aux angles faillants de ce dernier foffé, font placées trois demi-lunes ou lunettes de terre. Ces ouvrages ont encore leur ouvrage particulier accompagné de fon chemin couvert & de fon glacis. On remarque qu'une des aîles de cet ouvrage à corne eft couverte par une espéce de demilune que nos ingénieurs ont appellée un épaulement. Cet épaulement eft encore couvert de fon foffé, de fon chemin couvert, de fon glacis, & d'un avant foffé qui eft proprement un quatrième foffé pour la place de ce la place de ce côté-là. Dans ce dernier foffé, au pied du glacis, font placées aux angles faillants deux petites lunettes. Tous ces ouvrages font nouvellement conftruits auffi-bien que les deux petites lunettes qui font au pied du glacis du côté d'Arras. Une partie de la ville d'Aire eft entourée d'un terrein bas, qui eft un pré marécageux, fur lequel on blanchit les toiles. On peut y former une inondation, & on y a conftruit plufieurs redoutes pour en empêcher les approches.

LE FORT SAINT-FRANÇOIS eft à une bonne portée de canon d'Aire, & la riviere de Lis. On va de l'un à l'autre par un canal des plus réguliers. Au milieu eft une redoute de terre de figure pentagonale, & qui eft placée dans l'endroit où aboutit le canal, appellé le neuf foffé. Sur le bord du canal d'Aire, on remarque une grande chauffée ou digue parfaitement bien conftruite, pour arrêter les débordemens de la Lis, & pour conferver un chemin libre & facile pour aller d'Aire au fort SaintFrançois. Ce fort eft un petit pentagone régulier, compofé de cinq bastions bien revêtus. Il n'y a qu'une feule porte au fort, elle eft du côté de la chauffée. Cette petite place eft environnée d'un foffé, chemin-couvert & glacis dans le foffé. On ne trouve qu'une demi-lune revêtue. Au-delà du glacis, on remarque un avant-foffé fort large, qui vient des deux côtés de la Lis, & cette riviere forme auffi, du côté qu'elle coule, un pareil avantfoffé fort large, enforte que cette petite place eft entiérement ifolée par ce foffe & par la Lis. Au milieu du front, qui eft fur la riviere, on trouve une éclufe couverte d'une petite demi-lune qui n'a qu'un foffé. Sur le bord de la riviere, à l'entrée, du côté du fort, eft placée une redoute de terre quarrée, & environnée feulement d'un foffé. La ville d'Aire étoit déja bâtie dans l'onziéme fiécle, elle paffoit alors pour une place confidérable. Beaudouin de Lille, comte de Flandres, y fonda l'an 1064 l'églife collégiale de S. Pierre, & dans le fiécle fuivant, le comte Philippe d'Alface augmenta l'an 1186, le nombre des miniftres de cette églife. * Longuerue, Desc. de la France, 1. part. p. 91.

II. AIRE, ville d'Ecoffe. Voyez AYR. AIRIACUM, nom latin d'AYRI. AIRIENNE, montagne de Normandie, à une lieue de Falaife. Elle eft du côté de l'occident, & on y prend des oifeaux de proie & paffagers, des faucons, des facres, des tiercelets, des éperviers, des émérillons, & plufieurs autres oifeaux de fauconnerie. * Corn. Dict.

AIRON, riviere de France, dans le Nivernois. Elle eft formée de deux ruiffeaux qui viennent du côté du village de Champalemand, & va fe décharger dans la Loire par les foffés de la ville de Décife, après avoir reçu l'Arrou, le Quesne (la Quenne) l'Andarge, l'Alagne (l'Alaine) & plufieurs autres rivieres. * Corn. Dict.

AIRONO, ville d'Italie, dans le Milanez, fur les frontieres de Bergamasque. * Corn. Dict.

AIROU, petite riviere de France en Normandie,dans le Cotantin. Elle a fa fource au-deffus de l'étang de Mantravers & le groffit des rivieres de la Corbiere & de Hérou. Son cours eft continué proche de Lalande d'Airou, & outres plufieurs ruiffeaux, elle reçoit Hébarde au-des

fous du pont S. Crepin, paffe par Draqueville au pont
Ifabelle, & accrue des eaux de Doncœur, qu'elle preni
au pont d'Airou, elle tombe dans la Sienne, proche le
manoir de Ver. * Corn. Dict. & Vaudome, Mém.
Géog.

AIRU, riviere d'Ecoffe. Elle a fa fource dans les
montagnes de Gransbain que les Latins nommoient
Mons Grampius, en la province de Marr, & fe joint à la
riviere de Spey, dans la province de Buchan. *'Camden.
Britt.

AIRVAUX, Aurea Vallis, abbaye d'hommes en France, de l'ordre de S. Auguftin, dans le haut Poitou, à dix lieues au couchant de Poitiers, diocèfe de la Rochelle, fondée en 763 par Hildegarde, veuve d'Herbert, premier vicomte de Thouars.

AIS D'ANGILLON. Voyez DAN-GILLON.

AISANCE, riviere de France. Elle a fon cours dans la Normandie, & fe joint à celle de Coesnon, au-deffus d'Antrain.* Coulon, Riv. de France, 1 part. p. 222.

AISCH, riviere d'Allemagne, où elle arrofe la Franconie. Elle vient du midi de Seckenvald, court au nord par la ville de Winsheim, reçoit le Mudach entre Dachsbath, Hochstalt & Adelsdorff, & fe perd dans la Rednitz avec laquelle elle coule à Bamberg, pour fe jetter enfemble dans le Mein. Les pays qu'elle baigne, font le margraviat d'Anspach, partie de celui de Culmbach & l'évêché de Bamberg. Sanfon, Atlas.

*

AISE, ou LAISE, petite riviere de France en Normandie, dans le diocèfe de Bayeux. Elle a fa fource aux environs de Tournebu, qui eft le titre d'une baronnie; & après avoir arrofé le territoire de l'abbaye réguliere des Bernardins de Barberi, elle coule par le bourg de Bretteville, d'où elle va fe jetter dans l'Orne, trois lieues audeffus de Caen.* Corn. Dict. Mém. dreffés fur les lieux.

AISIER, bourg ou village de Normandie, dans le pays de Caux, diocèfe de Rouen, avec titre de baronnie & haute juftice. Il eft fitué trois lieues au - deffous de Caudebec, à deux lieues de Quillebeuf, & du même côté, à l'oppofite du château de S. Luc, qui eft fur l'autre bord de la Seine, affez large au paffage de vieux port. Aifier appartient à l'abbaye de Fescamp, & a exemption de jurisdiction épiscopale. * Corn. Dict. Mém. dreffés fur les lieux.

24,

› 53.

AISME, ou ESME, bourg de la Tarentaife, entre
Monftier & le petit S. Bernard, en latin AXIMA. Long.
18,
latit. 45
On trouve ce nom dans la table
de Peutinger, Segm. 2, un peu déguisé à la vérité, car
on y écrit AXUNA, & Ptolomée, l. 3, c. 1, met ce lieu
dans les Centrons après Forum Claudii,comme la feconde
ville des Centrons.

AISNAY. Voyez AINAI. Corneille dérive ce nom d'.4-
thenaum, qu'il explique par une académie d'Eloquence,
J'en ai marqué une étymologie plus exacte.

AISNE, riviere de France, en latin Axona. Elle a sa
fource dans la Champagne, fur les frontieres du Barois
d'où prenant fon cours vers le feptentrion, elle passe á
Sainte Ménehould, & traverfe le pays d'Argone, où
étant jointe par la riviere d'Ayr, au-deffous de Grand-
Pré, elle coule vers le couchant par le Retelois, en pas→
fant à Attigni, Retel & Château-Portien, puis elle entre
dans la Picardie, paffant à Neufchatel, à Pont à-Vefle,
où elle reçoit la riviere de Vefle, puis à Vefly; & tra-
verfant enfuite le Soiffonnois & la ville de Soiffons
qu'elle divife en deux parties inégales, elle fe joint enfin
à la riviere d'Oyfe, un peu au-deffus de la ville de Com-
piegne, quoiqu'elle ait autant d'eau que l'Oyfe; ce qui
eft caufe qu'on entend quelquefois murmurer agréable-
ment les bonnes gens de ces quartiers-là, de ce que cette
riviere perd ainfi fon nom au lieu de le donner à l'Oyfe
qui n'a pas plus d'eau qu'elle, & peut-être moins, vù
fon peu de cours: elle reçoit encore diverfes petites ri-
vieres. On a parlé depuis longtems de la joindre avec la
Meufe par un canal de deux lieues, depuis Semui jus-
qu'à la riviere de Bar. Toutes les mefures en étoient
prifes, & les piquets y étoient plantés; mais les guerres
en ont retardé l'exécution, qui auroit été d'une grande
commodité. De Louvois, qui en avoit formé le projet,
prétendoit, outre l'utilité pour le commerce, que le roi
devoit tirer un avantage confidérable le
pour trans-
port des munitions dans les places de la Meufe. Et com

en

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me l'Aisne ne porte bateau qu'à Château-Portien, il avoit entrepris de la rendre navigable jusques un peu au-deffus Sainte-Ménehould; mais la mort de ce miniftre, & les guerres qui font furvenues, ont fait avorter ces deux projets. *Baudrand, éd. 1705. Piganiol de la Force,Desc. de la France, t. 3, p. 84.

AISO, ville ancienne d'Espagne, qui eft entierement détruite, felon Corneille, dict.; mais aucun ancien auteur n'en parle. Ptolomée, l. 3, c. 6, parle d'un Oarfo que Pline appelle Alarfo ; c'eft aujourd'hui Diarço, village à deux lieues de Fontarabie. Les auteurs latins l'appellent Ocafo & Alarle. Elle étoit dans la province de Guipuscoa, à deux lieues de Fontarabie & à trois de S. Sébastien. On tient même que cette derniere eft bâtie des ruines de l'ancienne Aifo. * Corn. Dict.

AITIAT, place forte du royaume de Maroc, dans la province de Tedla. Elle eft fituée fur une petite colline de celles qui descendent du mont Atlas, & a été bâtie par ceux de la tribu de Muçamoda. Elle a environ trois cens cinquante habitans, & eft fermée de hauts murs du côté de la montagne. Comme elle eft environnée de précipices & de rochers escarpés, il lui feroit inutile d'en avoir ailleurs. Entre cette ville & celle de Cititeb, il y a quatre lieues de montagnes, & la ville eft arrofée par une petite riviere qui descend de ces rochers, & qui la traverfe. Les habitans font trafic de laine, & ont abondance de troupeaux. Il y a parmi eux quelques marchands & artifans Juifs. On voit dans la ville diverfes fontaines,qui toutes fe vont rendre dans la Derne, & fontd'abord de fort grands ruiffeaux qui arrofent ces côteaux & ces vallées, & font bordés de vergers & de jardins, avec un grand nombre d'oliviers. On recueille beaucoup d'orge fur la montagne, & quantité de bon froment dans la plaine, ce qui fait connoître combien cette contrée eft fertile. La ville d'Aitiat a été tourmentée de plufieurs guerres en divers tems; & à l'avénement des fchérifs, elle étoit entre les mains du tyran Beni-Hascen, qui fut tué par les habitans, après un régne de plufieurs années. Lorsqu'il fut mort, ils fe rendirent au roi de Fez, & enfuite reconnurent le chérif. * Corn. Dict. Marmol. tom. 2, 1. 3, c. 83.

AITONA, ou AYTONA, château & bourg d'Espagne en Catalogne, fur la riviere de Ségre, à une lieue de Lerida, aux frontieres d'Aragon. Il y a eu des feigneurs de ce nom qui fe font fignalés dans le fiécle précédent & celui-ci. Ils font de la maifon de Moncade, à laquelle ce lieu appartient depuis plus de quatre cens ans. Il n'avoit d'abord titre que de baronnie, & c'eft une des plus confidérables & des plus anciennes de toute la principauté de Catalogne. Don Jean de Moncade fut créé comte d'Aitona, & Gafton II, fon fils, fut marquis d'Aitona & viceroi de Sardaigne. La qualité de marquis d'Aitona & de grand d'Espagne a palle à fes descendans jusqu'à préfent. Baudr. Etat prés. d'Espagne, t. 3, p. 35. AIVE, petite ville du diocèfe de Senlis. On écrit aujourd'hui plus communément Eve. L'abbé Leboeuf croit que ce mot peut venir de la féchereffe de fon territoire. Sa conjecture eft fondée fur ce que dans l'ancien langage vulgaire Ave fignifie brûlé, fec, aride.

*

AIWIERS, abbaye de filles, ordre de Câteaux, dans les Pays-Bas, au Brabant-Walon.

1. AIX, ville de France, dans la Provence occidentale, & la capitale de toute la province. Long. 23, 6, latit. 43, 31. Elle a été fondée par le général Romain Sextius Calvinus, qui, ayant paffé les Alpes vers l'automne de l'an 630, & ayant hyverné dans le pays des Salies, en un lieu où il y avoit des eaux chaudes, y fit bâtir une fortereffe (comme dit Strabon) où il mit garnifon romaine pour mettre le territoire des Marfeillois à l'abri des incurfions des Gaulois, & il la nomina Aqua Sextia, à caufe des eaux qu'il avoit trouvé en ce même lieu, & ausquelles il donna fon nom. Cette place fut d'abord du nombre de celles qu'on appelloit les Villes Latines (Oppida Latina) jusqu'au tems de Pline, qui la nomme ainfi; enfuite elle fut faite colonie romaine, & elle l'étoit déja du tems de Ptolomée. La ville d'Aix étoit de la Viennoife, & fous la métropole de Vienne; ce fut fous Honorius, qu'après la derniere multiplication des provinces des Gaules, & l'inftitution d'une feconde Narbonnoife, Aix devint métropole civile ; mais elle ne le fut

pas pour les chofes eccléfiaftiques; & dans le tems que les évêques d'Arles & de Vienne disputoient entr'eux la dignité & la jurisdiction métropolitaine, l'évêque d'Aix n'y prétendoit rien. Les évêques d'Arles furent reconnus feuls fupérieurs de la province d'Aix, jusqu'à la fin du huitiéme fiécle, lorsque les peres du concile de Francfort renvoyerent l'évêque d'Aix au pape pour décider s'il feroit à l'avenir métropolitain ou non, ce qui ne fut décidé qu'en 878; mais les archevêques d'Aix refterent toujours fous la primatie d'Arles. Par la fuite ils font devenus indépendans, & la primatie de l'archevêque d'Arles n'eft plus qu'un titre. Celui d'Aix, dont le revenu eft de trente-fix mille livres, a fous fa métropole cinq évêchés, Fréjus, Riez, Apt, Sifteron & Gap. Son églife métropolitaine eft dédiée à faint Sauveur, il eft préfident né des états & de l'affemblée des communautés, & premier procureur du pays de Provence. La ville d'Aix fut ruinée par les Sarrafins, lorsqu'ils envahirent la Provence & le royaume de Bourgogne, fous Charles Martel; elle a été enfuite rebâtie, mais on ne croit pas que ce foit précisément fur le plan de l'ancienne ville. Elle a été fort augmentée fous le regne de Louis XIV, ayant à préfent quantité de belles maifons bien bâties; il ya un parlement inftitué par Louis XII, l'an 1501, une chambre des comptes & une cour des aides, établie par Henri II, l'an 1555. Les confuls d'Aix, qu'on élit & change tous les ans, font procureurs nés du pays de Provence, & ont beaucoup d'autorité dans la province. Aix eft à une portée de mousquet de la petite riviere d'Arc. La ville eft belle & affez bien bâtie: c'eft une des villes de tout le royaume qui imite mieux Paris, tant pour la grandeur de fes édifices que pour la politeffe de fes habitans. Il y a quantité de fontaines & plufieurs belles places publiques. Le cours, nommé d'Orbitelle, eft beau: c'eft la promenade ordinaire de la ville, il eft planté de quatre rangs d'arbres qui forment trois allées. Ce cours eft grand, il a deux cens vingt cannes de longueur & vingt de largeur. Il eft bordé des deux côtés par de belles maifons toutes de pierres de taille, & plufieurs ornées de sculpture & de balcons. Au milieu il y a quatre basfins & quatre fontaines agréables qui jettent de l'eau jour & nuit. Elles font toutes quatre de différentes figures, & variées par des ornemens particuliers. On entre dans la ville par huit ou neuf différentes portes. Les rues en général font bien bâties & bien pavées, mais mal propres. On trouve dans Aix des gens de mérite: plufieurs ont des cabinets très-curieux. Un des plus renommés a été ramaffé par un maréchal-ferrant, nommé Reboule. Parmi les maifons particulieres on s'attache à celle du baron de Chateaurenard, dont l'escalier eft un des plus beaux qui fe voyent. La place des prêcheurs eft fur le penchant d'une colline. Elle a quatre-vingt cannes de longueur, & eft entourée d'arbres & de maisons de pierres de taille à trois étages. Le palais eft à une des extrêmités de la ville. Il eft diftribué en plufieurs beaux appartemens, dont les deux plus bas font occupés par la chambre des comptes & par le fénéchal. Celui d'en haut eft deftiné aux féances du Parlement. La grande falle, que le peuple appelle la falle des pas perdus, eft la plus grande piéce en ce genre qui foit dans toute la province. Au fond eft la petite chapelle ornée de quelques vieilles peintures. La falle d'audience eft décorée des portraits de tous les rois de France, placés en haut dans des compartimens quarrés. Ceux des trois derniers rois font détachés des autres. Ils font représentés à cheval, & aussi grand que le naturel. Les falamandres que l'on voit fur le haut des fiéges des confeillers, & presque fur toutes les anciennes portes du palais, indiquent qu'il a été retabli fous le régne de François I, qui avoit pris cette devife : l'appartement des tréforiers généraux a une jolie façade. On y remarque une ftatue de Louis XIV, à demi-corps. Le fronton, le bas - relief & les inscriptions repréfentent le foleil & fes effets. L'hôtel de ville eft un affez bel édifice, mais il eft masqué par les maifons d'une rue étroite, dans laquelle il fe trouve placé. C'eft un grand bâtiment quarré de pierre de taille, au milieu duquel eft une grande cour, autour de laquelle il y a trois rangs de fenêtres & de pilaftres l'un fur l'autre,dont les ordres d'architecture font le toscan, le dorique & l'ionique, qui font terminés par une grande corniche

qui régne au-dessus du bâtiment. La grande falle du confeil de ville, qui eft au fecond étage, eft conftruite dans une bonne proportion longue de huit cannes, large de fix pans, & haute de trois cannes. Au haut de la porte eft un balcon foutenu par quatre groffes colonnes doriques. Sur les côtés on remarque les ftatues de Charles d'Anjou & du roi Louis XI, & au-deffus le bufte du roi Louis XIV, en marbre. La façade eft ornée de trois rangs de pilaftres & de fenêtres. Les deux premiers font le dorique & l'ionique, & le troifiéme a des espéces de cariatides. Cette façade joint la tour de la grande horloge; elle eft quarrée & fort élevée. On y remarque à micorps la itatue du roi Louis XIII. La bibliothéque de l'hôtel de ville eft publique. La cathédrale eft un affez grand édifice. Le frontispice eft comme à tous les bâtimens gothiques, chargé de petites figures des prophétes, des apôtres, des faints placés fans goût & fans choix, & d'une miférable exécution. La porte eft d'un bois rougi & verni: elle est enjolivée de divers ornemens affez délicats. On l'eftime pour un ouvrage de cette nature, & on a feint de la couvrir d'une contreporte; elle n'est découverte qu'à certaines fêtes de l'année. Le maître-autel eft un crucifiement où l'on voit diverfes figures de bois affez eftimées. On remarque fur-tout à côté de cet autel le maufolée de Charles d'Anjou, dernier comte de Provence. Il eft repréfenté en figure de marbre blanc, étendu de fon long avec divers ornemens & une épitaphe. Dans la nef on trouve une petite chapelle voutée très ancienne, dont l'entrée eft interdite aux femmes. Tous les jours de la Transfiguration, le chapitre y vient faire l'office, & à la meffe on fe fert de vin muscat nouveau. Le baptiftaire est un morceau à voir; fa figure eft octogone avec un dogme foutenu de huit colonnes de jaspe & de granite avec leurs chapiteaux & d'ordre corinthien. Les fept autels, qui font pratiqués dans les faces de l'octogone, ont quelques ornemens. On y voit un tableau gothique qui repréfente notre Seigneur comme un petit enfant, & portant fa croix. La Vierge y eft représentée, tenant d'une main les clefs des huit portes de la ville. L'autel eft un vieux morceau chargé de petites ftatues mal faites. On a beaucoup de dévotion à la chapelle de Notre-Dame de l'Espérance : le peuple y va en foule. On conferve dans la facriftie quelques précieux morceaux; celui du gril de faint Laurent doit être une piéce bien vieille & bien rare. Parmi l'argenterie on remarque une image de la Vierge auffi grande que nature. On montre une rofe d'or donnée il y a près de cinq cens ans par Innocent IV à Raimond Berenger, comte de Provence. Cette rofe eft une de celles que les papes avoient coutume de bénir le quatriéme dimanche de carême, pour les donner aux princes qui s'étoient fignalés en rendant au faint Siége quelque fervice important. Les peres de l'Oratoire ont une belle églife: des deux côtés régne une galerie fermée de baluftre. Le maîtreautel mérite attention, il a trois faces qui occupent le fond & s'élevent même jusques dans la voute de l'églife. L'architecture eft d'un ordre corinthien, il eft tout de bois fur-doré & décoré de colonnes, figures, frontons & autres ornemens. Six tableaux de Mignard accompagnent cet autel. On en voit encore dans l'églife quel qu'autres de ce peintre. Dans la cour des Peres on remarque une petite chapelle où l'on voit une vingtaine de tableaux, la plupart de la façon de Daret, fameux peintre de cette villé, où on a affecté de repréfenter une espéce de généalogie ou d'arrangement des principaux parens, amis ou disciples de Notre Seigneur, fans oublier les fameux faints de la province, que l'on met dans cette claffe, comme faint Lazare, évêque de Marfeille, faint Maximin, que l'on croit avoir été un des foixantedouze disciples; & faint Sidoine, que l'on prétend être l'aveugle né de l'évangile. Le plafond de cette chapelle repréfente un ciel fort orné d'anges & des plus connus de la hiérarchie célefte. La chapelle des pénitens bleus n'eft pas loin des peres de l'Oratoire : ce n'eft que peintures & dorures. Dans celle des pénitens blancs, on remarque un bas relief de marbre, qui repréfente NotreDame de Pitié; & on croit qu'il eft de Michel Ange. Cette feule opinion peut faire le mérite de l'ouvrage; mais on s'attache principalement à regarder le plafond de cette chapelle, fur lequel, dans un ovale de trentedeux pieds de diametre dans fa longueur, eft représentée

la réfurrection. C'eft un morceau de Daret, placé dans fon vrai point de vue. Toutes les parties en font bien exécutées; la perspective, l'invention, le deffein & le coloris s'y trouvent exactement fuivis, & font assurément un riche tableau. Sur l'arc du dôme de cette chapelle, au-deffus de l'autel, font les armes du cardinal de Vendôme, gouverneur de la province, qui avoit été recteur & bienfaicteur de cette communauté de pénitens. La Visitation eft un grand couvent, avec une jolie églife: on y monte par plufieurs degrés. L'autel eft d'un beau marbre que la ducheffe de Modène Laure Martinozzi fit venir d'Italie avec bien de la dépenfe. On remarque dans le chœur des religieufes dominicaines le tombeau de Charles le Boiteux, comte de Provence roi titulaire de Jérufalem, de Naples & de Sicile. Le corps de ce prince eft confervé dans un cercueil de bois de cyprès, avec fon sceptre de fer. On ne finiroit pas à compter les faintes reliques que ces Dames confervent. Le couvent des prêcheurs feroit un des plus beaux de la province, s'il étoit achevé. L'églife eft grande. Le corps de Jeanne d'Albert, femme de Charles d'Anjou, dernier comte de Provence, eft dans l'épaiffeur de la muraille à gauche depuis plus de deux cens quarante ans. Par fon teftament elle avoit ordonné fa fépulture dans une chapelle qui devoit être bâtie à cet endroit. La confrairie du Rofaire, qui eft établie dans cette églife, a une statue de la Vierge, presque grande comme nature. On va voir dans le cloître les portraits des plus grands hommes de l'ordre. Ceux des meilleures maifons font à gauche, comme Louis de Lorraine, duc de Guife, Etienne de Lufignan, le prince Othoman, fils d Ibrahim, Jerôme d'Aragon & Humbert, dernier dauphin. Des autres côtés font les papes, les cardinaux & les favans de l'ordre, faint Thomas, Grenade, Albert le Grand & les autres. La galerie qui régne au - deffus du cloître eft une des plus éclairées qui le puiffe voir. La bibliothèque eft placée dans l'endroit le plus élevé du monaftère. C'eft de ce côté-là que les vûes d'Aix font les plus belles : on découvre affez avant dans la couvre affez avant dans la campagne. Les collines paroiffent couvertes d'oliviers & de vignobles; la plaine & les vallées diverfifiées de prairies & de guérets presque toujours verds, entrecoupées de ruiffeaux, de torrens, & bordées de gros arbres, qui font une agréable verdure plus de la moitié de l'année. Dans l'églife des carmes on voit un vieux tableau qui n'eft pas, à la vérité, d'un grand goût par lui-même, mais qui est estimable, parce qu'il a été peint de la propre main du roi René. Les jéfuites avoient à Aix une églife toute neuve & affez bien bâtie. On peut y remarquer qu'à droite & à gauche régnent des bas côtés, différente en cela des autres églifes des jéfuites. La chapelle de la congrégation eft belle, le plafond eft porté par quatre termes de figures coloffales, fortant d'une gaine de draperie. L'hiftoire de la fainte Vierge eft peinte de tous côtés dans cette belle chapelle, qui eft d'ailleurs ornée de huit ftatues des plus grands perfonnages de l'ancien teftament. Le quartier, qu'on appelle d'Orbitelle, eft le plus beau de la ville. Les maifons y font bien bâties, les rues tirées au cordeau. Celle de S. Michel feroit une des plus belles d'Aix, fi elle étoit bien peuplée. Au milieu de cette rue eft une fontaine qui donne de l'eau par quatre dauphins. Au bourg S. Jean on remarque la grande églife de ce nom, qui eft de l'ordre de Malthe. C'eft un édifice de conféquence; le frontispice eft flanqué de deux tours qui ont chacune fept fenêtres à lucarnes; & au milieu il y a un portail gothique, avec tous les ornemens qui accompagnent cette bizarre architecture. Un grand fronton, orné de fleurons, couronne le frontispice. Au-desfus paroît la forme d'une grande vitre ronde, de deux toifes de diamètre, avec des enlacemens gothiques. Un grand balcon de deux toifes de long régne au-deffus du vitrage. Le cadran de la grande horloge eft au- deffus dans le vuide du tympan; vingt-deux pyramides terminent les arcboutans de l'églife. Une troifiéme tour la flanque du côté du presbytere, & les trois frontons qui forment la croix de l'églife, font ornés de vieilles sculptures. Le clocher a trente-huit toifes de hauteur à le prendre depuis le pied, & on le voit de l'étang de Berre, à cinq lieues d'Aix. Il y a trois étages, dont le dernier eft flanqué de quatre pyramides à jour & de quatre frontons. Aux faces du milieu de ces huit piéces d'architec

ture s'éleve la flêche du clocher. Sa pointe eft octogone & ornée de fleurons gothiques à tous les angles. Elle eft percée de huit fenêtres; tout cet édifice eft terminé par un globe chargé d'une croix. On voit dans l'église les tombeaux du beaupere de S. Louis, Raymond Berenger, comte de Provence, & de Béatrix de Savoie fa femme. La facutie a de belles reliques. On y montre un anneau dans lequel il y a un faphir. Les uns prétendent qu'il a été à Zacharie, les autres à S. Jean-Baptifte. On remarque les deux calices des Templiers, ils font des plus larges & faits en forme de ces grandes coupes, qui étoient en ufage dans les anciens banquets. On voit aufli une foubrevefte rouge avec une grande croix blanche au milieu, que les chevaliers mettent lorsqu'ils fervent par terre pour la religion. On fort de la ville pour voir les eaux qui ont été découvertes dans ces dernieres années. On y a élevé aux dépens de la ville de grands édifices pour la commodité des buveurs. Le fauxbourg des cordeliers eft labord de toutes les denrées qui descendent de la montagne, & le paffage de celles qu'on transporte de Marfeille & de toute la province à Lyon. Il eft orné d'une grande place, qui a plus de cent vingt toifes de long, fur une largeur bien proportionnée. C'eft dans ce fauxbourg que font les bains publics, & la fontaine minérale. Les chartreux font à l'extrêmité de ce fauxbourg. Le frontispice de leur églife eft décoré d'un ordre d'architecture, dont l'entablement eft porté par quatre grands pilaftres compofites, qui laiffent au milieu un espace confidérable pour le fronton, qui eft au - deffus de la porte. Notre-Dame de la Seds eft la plus ancienne églife d'Aix; le fiége épiscopal & le chapitre de la cathédrale y étoient autrefois. On appelle cette églife dans les anciennes chartres, Ecclefia noftre Domina Sedis Episcopalis, & c'eft du mot Sedis que par corruption on lui a donné le nom de la Seds. Le chapitre quitta cette églife vers l'an 1000, dans le tems des guerres, & vint s'établir dans l'endroit de la ville le plus peuplé, & a donné dans la fuite l'églife de la Seds aux minimes, qui s'y font établis l'an 1556. C'eft une célébre dévotion où l'on trouve un grand concours de peuple. On y voit une image de la Vierge copiée fur celle qui eft à Rome dans l'églife de fainte Marie Majeure. Les capucins n'ont rien que de fimple dans leur maifon, fuivant la coutume de ces bons Peres; mais on voit chez eux ce Crucifix qu'ils nomment inexpugnable, & dont on parle tant à Aix. Le cours, qui eft à la porte de S. Louis, eft terminé par la façade de l'églife des recollets, & ce coup d'œil fait un affez bel effet. Les armes du maréchal de Vitry font étalées fur ce frontispice, aux clefs de la voute & fur les vitres: auffi étoit-il un des grands bienfaiteurs de la maifon. Dans le jardin eft une grotte de coquillages, dans laquelle on a pratiqué quatre antres ou cavernes faites de congélations affez particulieres. La charité, qui fert d'hôpital général, eft une maifon belle & commode. *Longuerue, Desc. de la France, 1 part. p. 345. Piganiol de la Force, Desc. de la France, t. 3, p. 302. & fuiv.

2. AIX, ville du duché de Savoie, fur le lac du Bourget: elle eft à moitié chemin, entre Chamberi au midi, & Anneci au feptentrion, environ à trois lieues & demie de chacune. Longit. 23, 36, latit. 45, 43. Cette ville eft ancienne, & a titre de marquifat, mais elle eft petite & mal bâtie: elle n'a rien de confidérable que fes eaux minérales, où il va tous les ans un grand nombre de gens pour en boire & pour s'y baigner. Ses bains font l'ouvrage des Romains, & ils furent réparés par l'empereur Gratien; ce qui a donné lieu au nom latin de cette ville & de ces eaux, AQUÆ GRATIANE. Selon Davity, il y a un doyenné avec un chapitre de chanoines féculiers; & dans leur églife on conferve avec beaucoup de vénération un crucifix, qu'on dit avoir été fait du bois de la vraie croix, par S. Jerôme.

3. AIX, ou Ez, ifle de France, dans le golfe de Gascogne, entre l'ifle d'Oleron & la terre ferme du pays d'Aunis, de laquelle elle n'eft féparée que par un canal, où l'on trouve quatre braffes d'eau : il y en a fix au midi de l'ifle, & fept, ou même neuf, entre l'ifle d'Aix & celle d'Oleron.

4. AIX en Gothe, ville ou bourg de France, dans le Sénonois : il eft fitué aux confins du pays. * Corn. Dict. Aix en Othe, (car c'eft ainfi qu'il faut écrire ce nom, felon de l'Ifle, & l'auteur du Dénombrement du royau

me de France, t. 1, p. 139) eft une bourgade de 318 feux,
en Champagne,
en Champagne, dans la généralité de Châlons, élection
de Troye, & non pas dans l'élection de Sens, qui dépend
de la généralité de Paris.

5. AIX-LA-CHAPELLE, ville libre & impériale d'Allemagne, dans le cercle de Weftphalie, fur les limites des duchés de Juliers & de Limbourg. Les Allemands la nomment AACH; les Flamands, ACKEN; les Latins, Aquisgranum. Le P. Riccioli, Geograph, Keflit. l. 9, qui la nomme ACKEM & AKEN, lui donne 50 deg. 46' de latitude, & 29 d. 12 de longitude. (a) Elle eft enclavée dans le duché de Juliers, & eft fous la protection de l'électeur Palatin, en qualité de duc de Juliers. Son nom latin d'Aquisgranum eft formé d'Aque, eaux, & de Granus, nom de Serenus Granus fon fondateur, qui la fit bâtir, fous l'empire d'Adrien, vers l'an de Jefus-Chrift 124. Attila la pilla & la brûla en 451; & elle resta enfevelie fous fes cendres jusqu'au tems de Charlemagne, qui, charmé de fa fituation, la fit rétablir, pour en faire le lieu de fa réfidence. Il y fit bâtir plufieurs églifes, entr'autres celle de Notre-Dame, où il fut enterré, & où l'on voit encore fon tombeau. Cet empereur, regardant AIX-LA-CHAPELLE comme fon ouvrage, en fit le fiége de l'empire, en - deçà des Alpes. C'est ce qu'exprime l'inscription qu'on lit fur le palais.

CAROLUS INSIGNEM REDDENS HANC CONDIDIT

URBEM,

QUAM LIBERAVIT POST ROMAM, CONSTITUENDO
QUOD SIT TRANS ALPES HIC SEMPER REGIA SE-

DES:

UT CAPUT URBS, HANC QUÆQUE COLAT, ET GAL

LIA TOTA:

GAUDET AQUISGRANUM PRE CUNCTIS MUNERE

CLARUM

QUE PRIUS IMPERII REGES NUNC LAUREAT ALMI.

Charlemagne fit réparer les bains. Plufieurs ont prétendu qu'il les avoit fait conftruire; mais ils fe trompent: on les connoiffoit avant cet empereur. (b) on a été longtems fans faire d'autre ufage des eaux d'Aix que pour le bain; mais Blondel, Médecin, les prescrivit en boiffon, & en donna l'analyse. Il affure que fur trois livres de ces eaux, poids de médecine, il y a très-fouvent quatre scrupules, ou, ce qui eft la même chofe, quatrevingt grains de fel, & autant de foufre & de fes fleurs; deux grains d'argile & presque un de fable: fi quelquefois on en trouve un peu moins dans les fources du petit bain, & dans celles de l'empereur, on en découvre quelquefois davantage dans celles de faint Corneille &. dans celles de la Rofe. Outre ces particules fenfibles il fe détache de ces eaux un esprit très - fubtil, dont la quantité ne peut être appréciée; mais fon action eft àpeu-près la même que celle des corpuscules détachés de laimant, & qui agiffent à travers le verre le plus folide. Becker effaya de faire éclore des œufs enfermés dans un verre bouché & fuspendu dans les vapeurs chaudes de ces bains: fon expérience ne répondit point à ce qu'il en avoit attendu lorsqu'au terme il ouvrit ces œufs, il les trouva très-frais & aromatifés de cet esprit fulfureux, qu'il reconnut à l'odorat. Dans les fels confus qui fe trouvent dans ces eaux, eft un mélange de fel marin, de vitriol, de nitre & d'alun. Les eaux de Borschéid différent de celles d'Aix en ce qu'elles n'ont que l'odeur du foufre, beaucoup d'alun, quantité de fel & de vitriol de mars, au lieu que celles d'Aix l'ont en fubftance avec beaucoup de nitre, peu de fel, de vitriol & d'alun. On boit les eaux d'Aix, mais on boit rarement celles de Borschéid.

:

On attribue à ces eaux plufieurs vertus. Il y a deux faifons pour les boire & pour prendre les bains. L'une commence à la mi-Mai, l'autre à la mi- Août : elles durent fix femaines chacune. Il y a dans la ville fix bains : les petits bains, ceux de l'Empereur, ceux de Saint Quirin, ceux de la Rofe, ceux des pauvres & ceux de Saint Corneille. Aix-la-Chapelle eft encore fort renommée à caufe des reliques qui y font dépofées & que l'on y montre tous les ans avec folemnité. La couronne, le fceptre, l'épée & le manteau royal de Charlemagne font dans le tréfor de cette ville, & fervent au couronnement des empereurs. Le magiftrat à qui ces orne

mens

que

mens font confiés, les envoye dans le lieu où fe doit faire la proclamation, fur l'avis qu'en donne l'archevêde Mayence qui s'en rend garant & s'oblige de les remettre après la cérémonie. * d'Audifret, Geog. Geog. t. 3, (b) Bresmal Hydrog. des eaux minérales d'Aix & de Spa, 2. part. p. 40 & fuiv.

Le marquis de Spinola la prit en 1614, & y rétablit la religion catholique. Depuis elle fut presque réduite en cendres, mais elle a été rebâtie. Elle eft célébre par les conciles qui s'y font tenus fous les empereurs Charlemagne & Louis le Débonnaire, & par le traité de paix qui y fut conclu en 1668 le 2 mai, entre la France & l'Espagne.

Aix-la-Chapelle eft mal nommé en latin Aquisgranum; c'eft évidemment un ufage vicieux. On a trouvé dans les dates des anciennes chartres Aquisgrani, & l'on n'a pas fait réflexion que ce nom eft compofé de deux mots dont il n'y a que le premier qui fe décline. Ainfi on doit dire Aqua Grani, Aquarum-Grani, Aquisgrani, &c. Ceux qui difent Aquisgranum s'expriment aufli mal que s'ils difoient Aquisvoco pour Aqua-Voconis, AquisCafar pour Aquis-Cafaris Mémoires de Trévoux du mois de Septembre 1729. Cette erreur vient de ce qu'on a pris Aquisgrani pour le génitif d'Aquisgranum.

*

*

6. AIX, lieu de France dans le Dauphiné avec titre de Baronnie, auprès de Die. Il est remarquable par deux fources féparées par l'espace de deux pieds; l'eau de l'une eft falée, & celle de l'autre eft douce. Piganiol de la Force, Desc. de la France, t. 3, p. 239. 1. AIZU, ville d'Afie, capitale d'un petit royaume du même nom, qui fait partie du Japon, felon Cardin, cité par Baudrand

2. AIZU, petit royaume du Japon: il eft fitué dans la partie feptentrionale du pays d'Ochio ou Ofioé, felon Reland, carte du Japon. Cet auteur ni de l'Ifle ne marquent point ce royaume dans leurs cartes. Baudrand dit que c'eft une province de l'ifle de Niphon, en tirant vers la terre d'Iedzo, entre les royaumes de Nambo & de Wozo. Ces deux royaumes ne font pas plus marqués que celui d'Aizu fur les deux cartes citées, qui font néanmoins ce que nous avons de plus exact fur le Japon. Robert marque une ville de ce nom à l'embouchure d'une riviere, dans la partie orientale de la province d'Oxu, au midi de Nambu, qui n'eft pas un royaume chimérique, comme on le dit ici.

pays

AKAŃCÉAS, fauvages de l'Amérique feptentrionale, à huit lieues de ceux qu'on appelle Kappas. Leurs terres renferment plus de foixante lieues, & ils font divifés en plufieurs villages; favoir, les Torimas, les Topingas, & les Sothuis. Ce climat eft fur le 34° deg de latit. Le abonde par-tout en grains, en fruits, & en gibier de toutes espèces. La température de l'air y eft merveilleufe: on n'y voit jamais de neige, & très peu de glace. Leurs cabanes font bâties de bois de cédre, & entiérement natées en-dedans. Ils n'ont point de culte déterminé, & adorent toutes fortes d'animaux ou, pour mieux dire, ils ne réverent qu'une feule Divinité, qu'ils prétendent fe manifefter dans un certain animal, tel qu'il plaît de le choifir. C'eft tantôt un bœuf, tantôt un chien & tantôt un orignac, ou quelqu'autre. Quand ce dieu fenfible eft mort, c'eft un deuil univerfel, qui fe change peu de tems après en joie, par le choix qu'ils font d'une nouvelle divinité, qui fe prend toujours d'entre les brutes. De l'Ifle les nomme les Akanfas, & les place au bord oriental de la riviere de Miffiffipi, à fa jonction avec une riviere affez grande, & laquelle cft nommée, à caufe d'eux, LA RIVIERE DES AKANSAS. Les relations imprimées entre les voyages au nord, t. v. portent Akancéas.* Corn. Dict. & nouv. relat. de l'Amérique feptentrionale 1687.

AKAS, petite ville du Japon. Voyez Accas. AKASCHIN, ville du royaume de Tangut, vers les frontieres de l'Inde. Abulgafi Can, Hift. généalogique des Tatars, p. 227, dit que Gengis-Can foumit la ville d'Akaschin dans le pays de Tangut; mais on ne connoît à préfent aucune ville de ce nom dans ces quartiers-là, y a apparence qu'elle en a changé depuis que le Tangut eft fous la domination des Calmoucks.

il

AKEMIN. Voyez ACKEMIN & AKHMIN.
AKEN. Voyez AIX-LA-CHAPELLE.
AKENT, petite ville à demi ruinée de l'Ethiophie:

elle eft fituée fur la Mer Rouge, à quatre journées de
chemin de la ville de Mancona, & à cinq de celle de
Bacthi. Cette ville, qui n'a point de
port, a
feulement
une méchante rade, parce que la côte de la Mer Rouge,
qui borde l'Ethiopie, n'eft presque pas navigable, à
caufe des rochers & des bancs de fable qui empêchent
les vaiffeaux de s'en approcher : il n'y a que l'ifle du Sua-
ken & le port d'Arkiko qu'on puiffe aborder. * D'Her-
belot, Bibl. orient.

AKERMAN, ou Akierman, ville de la Beffarabie à
l'embouchure du Niefter, & nommée plus communé-
ment Bialogrod. Voyez ce mot.

AKERMAN. Corneille fait une feconde ville de ce nom, & dit fous la garantie de Tavernier, qu'elle eft dans la petite Tartarie, qu'elle appartient au Kan, mais qu'il n'y fait pas fa réfidence; qu'on la trouve entre celle de Queli & de Caffa, environ à quinze lieues de la premiere, & à beaucoup davantage de l'autre. La lecture même de Tavernier, t. 1, l. 3, c. 6, à l'endroit cité par Corneille, fait voir que cette ville, qu'il nomme AQUERMAN, n'eft autre que celle de laquelle il s'agit dans l'article précédent, & dont le nom le plus ordinaire eft Bialogrod. Car celle qu'il nomme Queli, & où il dit que le plus grand bras du Danube fe jette dans la Mer Noire, eft nommée Keli ou Kelia fur les cartes, & pour fe rendre delà à Caffa, Kaffa, ou Kaffet; on trouve en côtoyant la Mer Noire, la ville d'Akerman, ou Akierman, peu-près aux mêmes diftances que marque Tavernier; favoir, à cinquante milles de la premiere, & trois cens cinquante de la feconde.

à

AKERSOND; en latin Akerfunda, petite ifle fur la côte méridionale de Norwege, dans le gouvernement d'Aggerhus, entre Frédériftadt au couchant, & Tonsberg au levant. * Baudr.

Le Neptune François met cette ifle d'ailleurs peu re-
marquable à 29 deg. 15' de longitude, & 58 deg. so' de
latitude. Frédéricstadt eft au levant de cette ifle, &
Tonsberg au couchant. Baudrand femble dire le con-
traire.

AKERTEWE. Corneille dit que c'eft une ville d'Afie,
de
dans l'ifle de Maragnan, l'une de celles qui font com-
prifes dans le Bréfil, & cite Sanfon, c. 31. L'ifle de Ma-
ragnan & le Bréfil ne font point dans l'Afie, mais dans
l'Amérique méridionale.

AKHLATH, ou KHLALATH, ville d'Arménie. Quel-
ques auteurs Arabes la placent au cinquiéme climat, lui
donnent 75 deg. 40' de longit. & 39 deg. 20' de latit.
feptentrionale. Il y en a qui comptent cette ville entre
celles de l'Aderbigian ou Médie. Après que les Arméniens
& les Grecs l'eurent longtems disputée,Schah-Armen s'en
empara vers l'an 1182. Après fa mort, fes esclaves de-
vinrent les maîtres de cette ville. Saladin tâcha de les ent
chaffer trois ans après; mais il n'y pût réuffir. Son ne-
veu, appellé Almalek-Al-Auhad, les dompta entiere-
ment l'an 1207. Gelal-Eddin le Khuérasmien prit Akh-
lath de force fur Malek-Al-Aschraf, frere d'Almalek-
Al-Auhad, l'an 1230. Mais Maleck-Al-Aschraf l'ayant
reprife fur lui quelque tems après, le contraignit de fuir
en Perfe. Ala-Eddin ou Aladin, fultan de la Natolie,
qui étoit de la maifon des Selgiucides, étant venu en
perfonne au fecours d'Aschraf avec des forces confidé-
rables, avoit beaucoup contribué à la défaite de fon en-
nemi. Cependant ayant confidéré la grande puiffance
que les Mogols & les Tartares établiffoient en Afie fur
la ruine des Khuérasmiens, dont ils avoient tué le fultan
Gelal-Eddin, il envoya des ambassadeurs à Oktai, qui
avoit fuccédé à Genghiskhan fon pere, mort dès l'an
1227, & fe déclara fon vaffal. Sa foumiffion ayant été
acceptée l'an 1233, il fe prévalut de fa nouvelle allian-
ce, & prit la ville d'Akhlath fur Malek-Al-Aschraf.
Cette ville demeura ainfi plus d'un fiécle entier entre les
mains des Selgiucides, d'où elle a paffé avec tous les au-
tres états de ces fultans fous la domination des Turcs,qui
la poffédent. * D'Herbelot, Bibl. orient.

AKHMIN, ville de la Thébaïde, que l'on appelle
moyenne, pour la diftinguer de la haute & de la baffe.
On y voit encore des reftes admirables de palais, d'obé-
lisques & de ftatues de marbre ou pierre appellée granite.
Cette ville avoit autrefois la réputation d'être la demeure
des plus grands magiciens. *D3llerbelot, Bibl. or.
C'eft li même qu'ACKEMIN. V. cet article.

Tome I. ୧

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