Images de page
PDF
ePub

Théodoricopolis, Diétenhofen,
Vermegaton.

Les villes, dont je ne marque point le nom moderne, ne font pour la plupart nommées que dans cet auteur, qui n'en dit rien de plus que le nom ancien. Elles étoient presque toutes fondées par les Romains. On ne peut dire guères de chofes fur leur gouvernement: ils avoient plufieurs rois en même-tems, & en différens territoires les fils fuccédoient aux peres; car Guadomadus & Wa domar, freres, tous deux rois des Allemands, font nommés, l. 14, c. 10, par Ammien Marcellin aufli-bien que le roi Withicabius, l. 27, c. 10, fils de Wadomar. Les princes du fang royal prenoient tous le titre de royaux (Regales) & ces rois avoient plufieurs comtes. Ce peuple perdít fa liberté lorsque Clovis, roi de France, défit les Allemands, l'an 496 à Zulpich ou Zulch, (Tolpiacum Caftrum) où il les mit en fuite après avoir tué leur roi. Une partie de ce peuple fe réfugia chez les Oftrogohts en Italie; Théodoric, roi des Öftrogoths, n'ayant pû rien obtenir pour eux, Witiges les renvoya quarante ans après. Les autres, qui étoient demeurés en grand nombre dans l'Allemagne & la Suabe, depuis la Lohn jusqu'aux Alpes Rhétiques, s'étoient foumis à Clovis qui leur donna un duc du fang. Aujourd'hui le nom d'Allemand eft devenu particulier aux Allemands, aux Germains, aux Saxons, aux Vandales, aux Bavarois, en un mot, à tous les peuples qui compofent aujourd'hui l'empire d'Allemagne.

ALEMANNUS, nom latin de l'ALMUL, riviere d'Allemagne. Corneille en fait une ville.

ALEMIBIG, felon Corn. Dict. ou ALEMIBIGEN, lac de l'Amérique feptentrionale, dans la partie occidentale de la nouvelle France. Voyez ALIMIBIC.

ALEMQUER. C'est ainsi qu'on trouve écrit dans quelques cartes Alanguer, ville de Portugal. Voyez ce mot. ALENCHE. Voyez ALANCHE.

ALENÇON, en latin Alenconium, Alencio & Alenco, ville de France dans la baffe Normandie, avec titre de duché, à cinq lieues de Sées au midi; elle paffe pour la trofiéme ville de la Normandie, & eft l'une des trois où il y a généralité. Ce n'étoit autrefois qu'un fimple château qui appartenoit à la maifon de Bellesme au Perche, dont les feigneurs étoient vaffaux des ducs de Normandie à caufe d'Alençon & de fes dépendances, comme on le peut voir dans l'hiftoire de Guillaume de Jumiéges, & il en eft fait mention du tems de Richard III, & de fon frere Robert ducs de Normandie. Les comtes de Bellesme étoient pour le Perche vaffaux des rois de France; & depuis ils fe diviferent en deux branches, l'une des comtes du Perche,& l'autre des comtes d'Alençon. Robert dernier, comte d'Alençon, étant mort après l'an 1216, les droits de fes héritiers furent acquis par Philippe Augufte roi de France, fur la fin de fon regne. Pierre de France fils de S. Louis eut en partage le comté d'Alençon, & ce prince Pierre étant mort fans enfans l'an 1283, ce comté fut donné à Charles fecond fils de Philippe le hardi: Charles comte de Valois le donna en partage à fon plus jeune fils Charles de Valois, tige de la branche d'Alençon, qui époufa Marguerite fœur de François I; & ayant pris la fuite à la bataille de Pavie, & étant arrivé à Lyon, il y mourut l'an 1525. Ce duché fut réuni à la couronne, malgré les oppofitions des fœurs du duc, lefquelles vouloient hériter de ce duché, à quoi le procureur général s'oppofa, parce que le même duché ayant été plufieurs fois légitimement confifqué à caufe de la félonie des ducs d'Alençon prédéceffeurs de Charles, les rois qui avoient par leur volonté abfolue rendu ce duché à ces Princes, n'avoient pû porter préjude ni à leurs fucceffeurs, ni à leur couronne; ainfi ces dames fe contenterent de quelques terres qu'on voulut bien leur laiffer. Ce duché d'Alençon a été depuis donné plufieurs fois en appanage aux enfans de France, & depuis peu à Charles fils de France, qui portoit le titre de duc de Berry, lequel eft mort fans enfans l'an 1714. Cette ville eft fituée fur les confins du pays du Maine, au milieu d'une vafte campagne très-fertile & abondante en toutes fortes de grains & de fruits, laquelle remplit l'espace qui eft entre les forêts d'Ecoues & de Perfeigne dans le Maine. La riviere de Sarte qui arrofe cette campagne, baigne les

murailles de la ville. Alencon eft bornée d'un autre côté des prés de Hambon on y jouit aufli des eaux de la Briante qui entre dans la Sarte fous le pont, & forme dans la ville une petite ifle autour du couvent de Sainte Claire. Il y a un bailliage royal & fiége préfidial, une vicomté, une généralité, une élection, un grenier á fel, un bureau des tréforiers de France,& une maîtrife des eaux & forets. Cette ville a un maire, quatre échevins, un lieutenant de police, une maifon de ville, un cours planté d'arbres, une maifon magnifique où l'intendant loge, un beau, grand & fort château, avec une groffe tour, un donjon & beaucoup de logement. La ville eft environnée de murailles foutenues de bonnes tours, avec de profonds & larges follés. La plupart de fes maifons font affez bien bâties, & l'on y trouve de belles & grandes rues. Elles n'a dans fon enceinte qu'une paroille dédiée à Notre-Dame, où font les tombeaux des ducs d'Alençon. Le grand portail de cette égli e eft un ouvrage hardi & dégagé ; la nef en eft belle, mais le chœur ne répond pas à la beauté de la nef. L'églife de Saint Léonard n'eft que fuccurfale; on y fait le fervice paroiflial, mais on n'y baptife & on n'y marie perfonne; il y a un college; l'églife en eft petite, mais fort propre, & le grand autel eft orné de marbre. Il y a aufli des filles de Sainte Claire, conduites par des cordeliers; des filles de la congrégation de Notre-Dame, un hôpital & la chapelle de Saint Louis. Celle de Saint Blaife, deffervie par deux prêtres, donne le nom au fauxbourg où les capucins ont leur couvent; la menuiferie de leur maître-autel eft un affez beau travail. Le fauxbourg de Montfort qui eft de l'autre côté de la Sarte, eft du diocèfe du Mans. La paroiffe de ce fauxbourg porte le titre de Saint Pierre ; on y voit un prieuré de bénédictines, un monaftere de filles de la vifitation de Sainte Marie, & une chappelle de Notre-Dame de Lorette. Le commerce d'Alençon confiite principalement en grains, en toiles & en vélins. On y tient marché tous les lundis, les jeudis & les famedis de chaque femaine, & trois foires dans l'année; la premiere, à la Chandeleur, la feconde, le premier lundi de carême, & la troifiéme à la micarême. Il y a dans le voifinage des carrieres de pierres à bâtir, & l'on y trouve des diamans qu'on appelle d'Alençon. Il y a un vieux châteaux où les ducs d'Alençon faifoient autrefois leur réfidence. Ils y avoient établi une chambre fouveraine, nommée l'Echiquier; parce qu'elle étoit compofée d'un certain nombre de juges fubdélégués de différentes cours de juftice. Cette chambre fut fupprimée par la réunion du duché à la couronne. La généraiite d'Alençon comprend quatre pays différens, fitués tous quatre en Normandie; favoir,la campagne d'Alençon, le pays d'Auge, le pays d'Hioulme, & le pays Lievin. Les toiles de la manufacture d'Alençon font d'une très-bonne qualité, & il s'en fait un grand commerce à Paris. La manufacture des points de France y a aufli fleuri. * Piganiol de la Force, defcription de la France, t. 5. p. 49, & fuiv.

Alençon eft de 2. d. 15' plus occidentale que l'Obfervatoire de Paris, & à 48. d. 39' de latitude, felon les obfervations recueillies par le P. Feuillée, p. 697.

ALENDIN, ville d'Afrique dans la province d'Hafcore. On l'appelle aufli Elmedin : elle eft fituée dans une vallée, à une lieue d'Almedine, en tirant vers l'orient & environnée de quatre montagnes. Ses maifons font a peu près au nombre de mille. Corn. Dict. De la Croix. Hift. d'Afr. t. 1.

ALENDORF. Voyez ALLENDORF.
ALENGUER. Voyez ALANGUER.
ALENITICUS SINUS. Voyez ELANA.

ALENTAKEN, petite province de Livonie dans
l'Esthonie : elle eft entre le golfe de Finlande & le lac
Peypus ou Crudzko. C'eft dans cette province qu'eft la
ville de Narva, fur une riviere du même nom.
** Corn.
Dict.

ALENTEJO, en latin Provincia inter Tagum & Anam, province de Portugal, nommée autrement, Entre Tejo à Guadiana, parce qu'elle eft entre les rivieres du Tage & de la Guadiana. Elle eft frontiere de l'Espagne, vers le levant; & felon Olivera elle a environ tentre-fix lieues de longueur & trente-quatre de largeur. Ce pays eft fi fecond en grains qu'on l'appelle le grenier du Portugal, Il n'eft pas moins renommé par les grandes actions qui Tome I. Tij

s'y font autrefois paffées. Ce fut dans cette province qu'Alfonfe I de ce nom, roi de Portugal, gagna en 1139, la celebre bataille d'Ourique, contre cinq rois ou généraux mures. A l'égard des troupes qui font dans 'Alentejo, il y a deux lieutenans généraux, un général de cavalerie, huit compagnies de cavalerie, chacune de cinquante maîtres, & cinq régimens d'infanterie de 500 hommes,chacun en dix compagnies. Les officiers de l'artillerie confiftent en un lieutenant général, trois capitaines, fept aides, quatre connétables & cent cinquante canoniers, que l'on diftribue dans les villes d'Evora, d'Elvas, de Campo-Mayor, d'Olivença, de Villa-Viciofa, d'Eftremos, de Moura, de Caftello-do-Vide, de Mouraon, de Serpa & d'Aronches, qui font les principales de cette province. * Corn. Dict. & le Quien de la Ñeuv. Hift. Gen. de Portugal.

ALEON & ALEOS, felon Plin. 1. 5 c. 29 riviere d'Afie dans l'Ionie. Elle arrofoit la ville Erithra,que l'on croit être aujourd'hui le village de Gefmé dans la presqu'ifle, qui eft au couchant de Smyrne. Les anciens attribuoient à fes eaux la vertu de faire venir du poil au corps. ALEP, ALEPPO, HALAB, felon Corn. Dict. la plus grande ville de la Syrie, fous la domination du Turc. Quelques uns veulent que ce foit l'ancienne Hierapolis, qui étoit le fiége d'un archevêché, fous le patriarchat d'Antioche. D'autres difent que c'eft Berræa, & les chrétiens du pays font de cette opinion. Elle eft fituée dans un affez bon terroir à 22 lieues d'Alexandrette & de la mer de Syrie. Les auteurs latins la nomment Alepum & Chalybon, & les Arabes Aleb. Les Sarrafins la prirent l'an rs de l'hégire de Mahomet, qui eft environ l'an 637 du chriftianifme, fous le regne d'Heraclius empereur de Conftantinople. Naffir Eddin, p. 93, qui la nomme HALAB, la met à 72 d. ro' de longitude & à 35. d. so' de latitude dans le 4. climat: mais par des obfervations plus recentes, elle eft de 35 degrés plus orientale que l'obfervatoire de Paris, & à 36 degrés de lati-tude feptentrionale. * Obfervat. du pere Feuillée, p.

-697.

Cette ville, felon Tavernier, voyage de Perfe, t. 1.1. 2. c. 2. eft bâtie fur quatre collines. Le château eft fur la plus haute, qui fait le milieu d'Alep & qui eft foutenue par des voutes en quelques endroits, pour empêcher que la terre ne s'éboule. Ce château peut avoir cinq ou fix cens pas de tour, & fes murailles & fes tours, quoique de pierres de taille, font d'affez peu de défenfe. On n'y peut entrer que par une porte, qui eft du côté du midi, fans pont-levis; & l'on s'y rend fur quelques arcades qui traverfent le foffé, profond d'environ fix ou fept toifes. Il n'y en a gueres que la moitié où l'eau fe puiffe arrêter, encore eft-ce une eau croupie, qui ne coule point; le refte du foffé eft fec. On tient d'ordinaire une forte garnifon dans cette place où il vient de l'eau par un canal, des fontaines de la ville. Il n'y a dans le territoire d'Alep, pour toute riviere qu'un petit ruiffeau que les Arabes appellent Coïc, qui arroffe tous les jardins, où il croît des fruits en abondance, & particulierement des piftaches plus groffes & d'un goût plus rélevé que celles qui viennent proche de Casbin. Au défaut d'une riviere, il y a dans Alep beaucoup de fontaines & de refervoirs d'eaux qu'on fait venir de deux lieues loin. La ville a plus de trois milles de circuit, dont plus de la moitié eft fans foffé, & ce qu'il y en a n'a pas plus de trois toifes de profondeur. Les murailles font allez bonnes & toutes de pierres de taille, avec plufieurs tours carrées, diftantes les unes des autres de foixante & dix ou quatre-vingt pas, entre lefquelles il y en a d'autres plus petites; mais ces murailles ne font pas égales par-tout, & il y a des endroits où leur hauteur n'excede pas quatre toifes. Les rues font toutes pavées, à l'exception de celles des Bazars, qui font des rues où les marchands & les artifans tiennent leurs boutiques; les principaux, & qui font le plus grand nombre, font les ouvriers en foye & ceux qui font les camelots de poil de chèvre. On entre dans la ville par dix portes, qui n'ont ni foffés ni pontlevis. Il y a fous l'une de ces portes un lieu que les Turcs ont en grande vénération. Ils y tiennent des lampes allumées, & difent que le prophète Elifée a demeuré quelque tems en cet endroit. Les édifices, tant publics que particuliers, ne font beaux que par dedans. Leurs

murailles font revêtues de marbre de différentes couleurs, & les lambris enrichis de feuillages & d'écriture en or. Les fauxbourgs d'Alep font grands & peuplés, & prefque tous les chrétiens y ont leurs maifons & leurs églifes.

On trouve dans cette ville quatre fortes de Chrétiens Levantins, des Grecs, des Arméniens, des Jacobites ou Suriens, & des Maronites. Les Grecs font environ quinze ou feize mille. Ils ont un archevêque, & leur églife eft dédiée à Saint George. Les Arméniens, dont l'église est dédiée à la Vierge, font à peu près douze mille, & ont un évêque, qu'ils appellent Vertabet. L'églife des Jacobites eft auffi dédiée à la Vierge, & gouvernée par un évêque : ils font environ dix mille; & les Maronites ne paffent pas douze cens. Ceux-là dépendent du pape, & leur églife eft fous le titre de Saint Elie. Les catholiques Romains ont trois églifes deffervies par les capucins, les jéfuites & les carmes déchauffés.

[ocr errors]

Quant aux mofquées, il y en a environ fix-vingt, tant dedans que dehors la ville. On en voit fix ou fept aflez belles avec de beaux dômes & trois couvertes de plomb. La principale & la plus grande de toutes, étoit une églife de Chrétiens, qu'on appelloit Alhha, c'est-à-dire, Ouie. On croit que c'eft Sainte Helene qui l'a bâtie. Il y en a une dans un fauxbourg, qui a été aufli autrefois une églife de chrétiens, où l'on voit, à côté de la porte, dans le mur, une pierre affez remarquable; elle a trois pieds en carré. On y diftingue trèsclairement la figure d'un calice & d'une hoftie deffus, laquelle eft couverte par un croiffant dont les deux pointes defcendent fur les bords de l'ouverture du calice. Plufieurs confuls ont voulu l'acheter, & quelquesuns en ont offert jusqu'à deux mille écus; mais les bachas d'Alep n'ont jamais voulu la vendre. Ón compte dans la ville & dans les fauxbourgs environ deux cens cinquante mille perfonnes, quarante carvanferas & cinquante bains publics. Il y a deux ou trois colléges, mais peu d'écoliers, quoiqu'on ait gagé des gens de lettres pour enfeigner la grammaire, une efpéce de philofophie, & les chofes qui concernent la réligion, qui font les fiences où ils s'appliquent le plus. La ville eft gouvernée par un bacha, qui commande toute la province, depuis Alexandrette jufqu'à l'Euphrate. Sa garde eft pour l'ordinaire de trois cens hommes. Il y a auffi un aga ou capitaine de cavalerie, tant dedans que dehors la ville, qui commande environ quatre cens maîtres, & un autre aga qui a fous lui fept cens janiffaires. Ce dernier eft maître des portes de la ville, dont on lui apporte les clefs tous les foirs, & il ne releve point du bacha.

Le château eft auffi fous un autre commandant, qui eft envoyé immédiatement de Conftantinople, & qui a fous lui deux cens moufquetaires, & tout le canon en fon pouvoir. Il y en a vingt cinq ou trente, huit groffes piéces : les autres font fort petites. Il y a encore un aga ou capitaine de la ville, qui commande trois cens arquebufiers, fans parler d'un fous-bachi, qui eft comme un chevalier du guet, qui fait la ronde la nuit avec fes officiers, par la ville & avec fes officiers, par la ville & par les fauxbourgs. C'est lui qui fait exécuter la fentence du bacha, quand il a condamné quelqu'un à mort. Quant au civil & à la police, il y a un cadi ou préfident fans affeffeurs; il juge feul de toutes les caufes civiles & criminelles, & fait & diffout tous les contrats de mariage. C'eft lui qui crée tous les maîtres jurés de chaque métier, & tous les actes d'achats & de ventes fe paffent en fa préfence. La recette des droits du grand feigneur eft faite par un tefterdar ou tréforier général, qui a fous lui des receveurs particuliers en divers départemens. La religion regarde le moufti, qui eft le chef & l'interpréte de la loi, tant en ce qui concerne les cérémonies, que les caufes civiles qui pourroient y furvenir. Il y a encore entre les gens de la loi un chieke ou docteur, ordonné pour inftruire les nouveaux convertis au maho métifme, & leur en apprendre les maximes & les coû

tumes.

Le trafic eft grand à Alep d'étoffes de foye & de camelots de poil de chévre; mais principalement de noix de gale & de valanede, qui eft la coque du gland, fans quoi les corroyeurs ne peuvent bien préparer leurs cuirs. Il s'y fait auffi grand négoce de favon & de plufieurs

la

autres marchandifes, & il s'y rend des négocians de tous les endroits du monde. On voit toujours à Alep quantité de François, d'Italiens, d'Anglois & de Hollandois, & chaque nation y a fon conful, pour le foutien de fes intérêts & de fes droits. Tavernier fait remarquer que ce grand commerce ne fe fait pas, comme quelques-uns ont écrit, par la commodité des deux rivieres de l'Euphrate & du Tigre, par lefquelles ils difent que les marchandifes fe transportent en defcendant & en montant. La quantité de moulins, dit-il, qu'on a bâtis fur l'Euphrate, que les Turcs appellent Morat-Sou, en empêche navigation, & la rend dangereufe; & fi en l'année 1638, une partie de l'armée du grand feigneur, & plufieurs munitions de guerre defcendirent fur cette riviere, quand il alla mettre le fiége devant Babylone, ce fut parce qu'on ôta tous les moulins, ce qui ne fe fit pas fans peine, & fans de grands frais. Pour le Tigre, il n'eft guere navigable que depuis Bagdad jufqu'à Balfara, où on le monte & on le defcend avec des barques. En defcendant on fait d'ordinaire le chemin en neuf ou dix jours; mais au moindre village ou pavillon que l'on trouve fur le bord, il faut donner ce qu'on demande, afin d'avoir le paffage libre, ce qui eft fort à charge aux voyageurs. Alep eft après Conftantinople & le Caire, la plus confidérable ville de tout l'empire des Turcs. On voit à demi - lieue de-là une grotte, où ils difent que Hali a demeuré quelques jours; & parce qu'il y a une figure affez mal faite d'une main imprimée dans le roc, ils prétendent que c'est la main de Hali, qui a voulu laiffer de ces marques dans cette grotte. Elle est fur un côteau fort agréable, qui eft la promenade des Francs. Proche Alep, du côté du levant, eft une maifon de Dervis, qui a été autrefois un couvent célébre de l'ordre de Saint Bafile. Il est encore en fort bon état, & toutes les falles, les chambres & les galeries font revêtues de marbre.

LE BEGLERBEGLIC D'ALEP, eft une grande Province, & l'un des gouvernemens généraux de l'empire Ottoman. Il prend fon nom de la capitale, où eft la réfidence du Beglerbeg ou gouverneur général. Il comprend la partie feptentrionale de la Sourie. Baudrand, éd. 1705, y renferme neuf fangiacats ou gouvernemens particuliers. Ricaut, état de l'Empire Ottoman, l. 3. p. 524, n'y en met que fix, favoir,

[blocks in formation]

avec 117 Ziametz & 1044 Timars.

ALERANES. Voyez ALACRANES.

1. ALERIA, COLONIA, Colonie de l'ifle de Corfe établie par Sylla felon Pline, l. 3. c. 6. Ptolomée, . 3. c. 2, en fait auffi mention. Le P. Charles de Saint Paul Geog. Sacr. p. 67, dit que les habitans la nomment les habitans la nomment communément ALERIA. Bonofe fon évêque foufcrivit au concile de Latran fous Martin, & Saint Grégoire le Grand adreffe une de fes lettres; favoir, la vingtdeuxićme du cinquiéme livre, à Pierre évêque d'Aleria en Corfe. Elle eft le fiége d'un évêché fuffragant de l'archevêché de Pife; elle eft à préfent prefque abandonnée, à caufe du mauvais air; il n'y a plus que dix maifons & l'églife. On ne l'appelle plus qu'Aleria détruite. Elle eft fur le bord de la riviere de Tavignano proche de la côte orientale de l'ifle, & dans le quartier qu'on appelle le dedans, fous l'obéiffance de la république de Genes, environ à vingt milles au levant de la ville de Corfe où réfide l'évêque, & à vingt-quatre milles des ruines de Mariana vers le midi. * Baudrand.

2. ALERIA, riviere de l'ifle de Corse. Voyez TAVI

[blocks in formation]

que l'églife cathédrale, avec les maifons des chanoines & de leurs domeftiques.

Baudrand, de qui eft cet article, nomme pour fes garans, François de Vico dans fa defcription de la Sardaigne, & les autres qui en ont écrit. L'évêché d'ALES OU LESA en Sardaigne ne fe trouve, ni dans la notice des évêchés par Aubert le Mire, ni dans celle du P. Charles de Saint Paul. De l'Ifle, Sanfon, & Robert ne parlent point de cette ville que je crois imaginaire.

ALESA, ancienne ville épiscopale de Sicile, fous la métropole de Syracufe, felon Aubert le Mire, qui cite la difpofition de l'empereur Léon. Corneille dit qu'on croit que cette ville eft aujourd'hui le bourg de Tofa, dans la vallée de Demona, où paffe un fleuve nommé autrefois Alefus ou Halefus, & aujourd'hui Pitineo; que cette ville d'Alefa étoit auffi nommée ALÆSA & HALESA. * Notit. Episc. 1. 3, p. 115, & l. 5, p. 234.

Prolomée, l. 3, c. 4, écrit Alafa, Cicéron, 2. Verr. écrit Halefa, de l'Ifle fuit l'orthographe de Ptolomée. De plus il s'accorde avec les interprêtes de ce géographe, & avec le P. Charles de Saint Paul, p. 66, qui expliquent cette ville par le nom moderne de CARONIA. Solin, c. 5, édit. Salmaf. dit que dans la contrée Haléfine, (c'eft à-dire, auprès de cette ville) il y avoit une fontaine, dont les eaux étoient fort tranquilles tant que l'on gardoit le filence, mais qu'elles s'enfloient & s'élevoient plus haut que fes bords dès que l'on jouoit de la flûte, comme fi elles euffent été fenfibles à cette mufique. Le pyrrhonifme n'eft jamais mieux employé qu'à l'occafion de ces fortes de faits.

ALESENI, peuple arabe, vers le golfe Perfique & la Babylonie, felon Strabon.* Ortel Thefaur.

ALESHAM, bourg d'Angleterre dans la province de Norfolck. On y tient marché public. Etat préfent de la Gr. Bret. t. 1.

ALESSANDRETA, ville de Sourie. Voyez ALEXAN

[blocks in formation]

DRIE.

ALESSANO, en latin Alexanum, ville du Royaume de Naples, dans la province d'Otrante & dans fa partie plus méridionale, avec un évêche fuffragant de l'archevêché d'Otrante. Elle eft fort petite & a titre de duché, à trois milles de la mer Ionienne, à cinq milles du cap de Sainte Marie de Leuca au nord, en tirant vers Caftro & vers Otrante qui n'en eft qu'à quinze milles, felon Magin. * Baudrand. éd. 1705.

ALESSIO, en latin Liffus ou Liffum, ville d'Albanie & évêché fuffragant de l'archevêque de Durazzo. Elle eft fur une côte fort efcarpée, avec un bon fort fous la puiffance des Turcs depuis deux cens ans : ils l'appellent Arnaut ESKENDERIAZI. Elle eft à 2 milles au-dessus de l'embouchure du Drin, dans le golfe de ce nom entre Croie au midi, & Scutari au feptentrion. * Baud. éd.

Quelques géographes ignorants nomment cette ville LODRIN, faute de favoir que Drino eft le nom de la riviere que nous nommons le Drin, & qui donne fon nom au gelfe Dello Drino, c'est-à-dire du Drin. Ils ont féparé dello en deux fyllabes, & joint la feconde au nom du fleuve; ainfi de ces mots dello Drino, ils out fait del Lodrino pour en faire une ville imaginaire.

ALESSIO, (Cap de Saint) Argennum. Cap de Sicile dans fa partie orientale, près de Tavorminas, dans la vallée de Demona.

ALESSO, riviere d'Italie. Voyez ALECE. ALESTEROSO, en latin Alectriopolis & Gazorus ville de Macédoine, vers les côtes de l'Archipel, entre Salonique & Philippe. * Baudr.

1. ALESUS, fleuve de Sicile au nord de cette isle. Quelques-uns croyent que c'eft aujourd'hui le PITINEO. Mais comme il paffoit par la ville d'Alefa, que nous avons dit être Caronia, c'eft fans doute la riviere de CARONIA. * Ortelius Thefaur.

2. ALESUS, nom ancien d'une riviere d'Italie en Tofcane, nous la nommons aujourd'hui SANGUINARIA. * Ortel. Thefaur.

ALET, ville de France, dans le bas Languedoc, avec évêché, fuffragant de l'archevêché de Narbonne. Elle eft au pied des monts Pyrénées, fur la riviere d'Aude. Cette ville eft appellée indifféremment dans les anciens

actes, & dans les auteurs du moyen fiécle, Electa, Electum & Alecia. Il ne faut pas la confondre avec Aletum, qui certainement et la ville de Saint Malo en Bretagne. On croit qu'Arles le Blanc, dont le préfident Faucher parle en fes antiquités Gauloifes, où il dit que Charles le Chauve donnà à Bernard, comte de Touloufe, Carcaffonne, Rodez & Arles le Blanc, doit être entendu d'Alet plutôt que d'Albi: quoique la dénomination d'Albi donne l'idée de quelque chofe de blanc, qui eft exprimé par le mot Albus dans la langue latine; cependant l'état où étoit la ville d'Albi au tems que ce don fut fait, ne s accorde pas au fentiment de ceux qui veulent qu'Arles le Blanc foit Albi, puifque du tems de Charles le Chauvre, Ermengard étoit comte d'Albi, comme le remarque Aimoin en fon traité de la tranflation des reliques de Saint Vincent. * Corn. Dict. Graverol, avocat & académicien de Nîmes, dit dans fon abregé historique des vingt-deux villes, chefs des diocèfes de la Province de Languedoc; qu'en cas que cet Arles le Blanc doive fe rapporter à Alet, ce qu'il a peine à croire, puifque fur la fin du 9 fiécle, qui eft le tems où le roi Charles le Chauve vivoit, Alet n'étoit proprement qu'une abbaye, qui ne pouvoit être la matiere de ce don: il croit que Fauchet en travaillant à fes antiquités, a confulté quelque ancien manufcrit, où au fujet de ce don, Alecta devoit être délignée fous le mot corrompu d'Arelecta ou d'Arelectea, qu'il a traduit par Arles le Blanc, comme fi Arelecta devoit, felon l'idée qu'il en a pû prendre, être Arelas-lactea. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'Alet n'étoit autrefois qu'une abbaye de l'ordre de Saint Benoît, qui devint évêché par la tranflation que le pape Jean XXII y fit en 1319, de l'évêché, que deux ans auparavant il avoit établi à Limoux. L'églife cathédrale d'Alet eft dédiée à la Vierge. Un doyen, trois autres dignités & douze chanoines en compofent le chapitre. Le diocèfe renferme quatre-vingt paroiffes, & confine avec ceux de Narbonne & de Mirepoix, & avec les comtés de Foix & de Rouillon, ou autres terres d'Espagne. Limoux fe trouve compris dans ce même diocèfe. Cette ville & celle d'Alet, fituées dans le pays de Razez, limitrophe de Carcallonne, font voifines & fi unies, que l'une & l'autre envoyent un conful aux états, & lorfqu'on y appelle leur voix, on dit, Atet & Limoux. Celui d'Alet a toujours la préféance, comme chef de diocèfe, & opine aux féances du matin, & celui de Limoux à celles de l'après-diner, prenant l'avis l'un de l'autre, excepté aux affemblées de la fénéchauffee, où Alet opine toujours, prenant toutefois avis des députés de Limoux. Le conful d'Alet, qui va aux états, eft choifi par nomi. nation de fes collegues, au lieu que c'est toujours le premier conful de Limoux qui y va, ce qui apparemment ne fe fait ainfi, que parce qu'il n'y a point de primauté, ni de rang entre les quatre confuls d'Alet, qui fe placent comme ils fe trouvent. Quant au diocèfain d'Alet & de Limoux, qui doit entrer aux états, il eft pris alternativement de l'une & de l'autre de ces villes. L'évêché d'Alet, en ce qui eft du temporel, & de la taillabilité, fi l'on peut parler ainfi, eft compofé de deux membres, favoir du diocèfe d'Alet, & de l'officialité de Limoux. Il dépend de l'archevêché de Narbonne pour le fpirituel, & tout cela fe nomme Diocèse d'Alet & de Limoux.

La ville d'Alet eft fituée dans une vallée étroite,& au pied d'une des montagnes qui l'environnent, fort une fontaine d'eau chaude, appellée le Tuberon, qu'on dit avoir plufieurs propriétés pour la guérifon de diverfes maladies. On prétend que les Romains ont tiré de l'or de ces montagnes. Il y a plufieurs ouvertures dans ces rochers, & il paroît que l'on y a fait de grands travaux; mais foit que les mines ayent été épuifées, ou que l'on n'ait pu les retrouver, tous ces tréfors font aujourd'hui fi cachés, qu'on a renoncé à les chercher. Une preuve certaine qu'il y a encore de l'or dans les entrailles de ces montagnes, c'eft que de petits ruiffeaux qui en viennent, entraînent des paillettes d'or que les payfans ramaffent, & fouvent en affez grand nombre, pour en tirer dequoi vivre. On y trouve aufli quelques paillettes d'argent. En 1672. Colbert fit travailler à ces mines, mais l'on ne trouva que quelques veines de cuivre, qui n'acquitterent pas les frais.

ALETA, ville d'Illyrie, dans la Dalmatie, felon Ptolomée, . 2, in fine. C'est aujourd'hui MOSTн, au fentiment de Niger.

ALETE, ville de Sicile, felon Prolome, l. 3, C. 4. Elle ne le trouve point dans le grec.

ALETH, felon Longuerue, Defc. de la France, 1 part. pag. 90, ancienne ville de France dans la Bretagne. Elle étoit fituée fur la mer, environ à une lieue de Saint Malo, près du port de Solidor. On en voit encore les ruines qu'on nomme dans le pays Quidaleth ou Guichaleth, comme qui diroit bourg d'Aleth, Vicus Aletenfis: elle avoit déja été fondée comme une ville & une fortereffe dès le tems des Romains, & c'étoit la réfidence du commandant des foldats nommés Milites Martenfes, comme le prouve la notice de l'empire faite fous Honorius & Valentinien III. Sub difpofitione Ducis Armoricani, Prafeclus Militum Martenfium, ALETO. On ne voit pas néanmoins qu'Aleth ait eu d'évêque avant Saint Malo, qui vivoit fous les enfans de Clovis. Nous avons vû déja que Rennes, cité armorique, avoit fon territoire fur la mer, ce qu'elle n'auroit pu avoir, fi les évêchés d'Aleth & de Dol n'avoient point été démembrés de celui de Rennes. Le géographe Sanfon a donc eu raifon de dire que ces deux diocèfes faifoient autrefois partie du territoire de Rennes. Les évêques d'Aleth avoient fous leur Jurisdiction l'évêché de Dol, avant le tems de Numenoius; car Salacon qui fut chaffé par ce prince des Bretons, étoit évêque d'Aleth, comme il eft démontré par la rélation donnée au public par le P. Sirmond: & cependant l'épitre fynodale du concile de Soiffons, tenu l'an 866, le nomme évêque de Dol, parce que Dol étoit de fon évêché, & que malgré lui Numenoius y avoit établi un nouveau fiége, non-feulement épiscopal, mais métropolitain.

ALETIUM, ancienne ville de la grande' Grece, au pays des Salentini, felon Ptolomée & Pline, qui la placent dans les terres. C'eft aujourd'hui Lecce. Voyez

ce mot.

ALEXANDREA, montagne d'Afie dans la Myfie, felon Strabon, 1. 13. Ce fut fur cette montagne que, felon la mythologie des Payens, les trois Déefles Junon, Pallas & Venus, difputerent le prix de la beauté, en préfence de Pâris qu'elles choifirent pour juge de leurs attraits; ce qui a fait dire agréablement à Sarrazin :

D'efprit coquet les Déeffes étoient,
D'aller ainfi, fans connoître un jeune homme,
Lui découvrir tout ce qu'elles portoient,

Et lui montrer le cu pour une pomme.

Son nom d'Alexandrea lui vient de celui d'Alexandre que portoit Pâris. Et comme elle fait partie du mont Ida, qui s'étend jufques là, les poëtes mettent fur le mont Ida la fcéne du fameux jugement de Pâris. La ville d'Antandre étoit au pied du mont Alexandrea.

ALEXANDRETTE, felon Corn. Dict. ville de Syrie, qu'on appelloit autrefois LA PETITE ALEXANDRIE, pour la diftinguer de l'Alexandrie d'Egypte. Les Turcs la nomment aujourd'hui SCANDERONA, & celle d'Egypte SCANDERIA. Elle eft fituée fur le golfe de l'Ajazze, au milieu de quelques marais, affez près du bord de la mer, à 22 lieues de la fameufe ville d'Alep. Ce n'eft qu'un amas confus de mauvaifes maifons, habitées par des Grecs, qui reçoivent les matelots & autres petites gens. Les marchands vont loger ordinairement chez les viceconfuls de leur nation, & il y paroît peu de reftes de fon ancien état. Proche de là on voit une tour affez grande, mais peu forte, & où font encore les armes de Godefroy de Bouillon. Il y a un gouverneur, & quelques foldats. Davity dit que les marchands de Venife ont fait comme une nouvelle ville proche le rivage, à deux milles ou environ de la vieille Alexandrette. Ses maifons, à l'exception de quelques-unes que l'on a bâties de pierres, font toutes de bois, & même il y en a plufieurs faites de branches d'arbres ent elacées; il feroit facile aux corfaires de s'en emparer, & l'on eft étonné qu'ils ne l'avent pas tenté. Un petit ruiffeu d'eau noire traverfe la ville, & fe rend prefque au litôt dans la mer. Il faut que ceux qui y viennent du

Levant paffent ce ruiffeau fur un pont-levis, qui fert

de fortification de ce côté-là.

La proximité des marais, qui font dans les plaines voifines, rendent l'air fi mal fain, à Alexandrette, furtout en été, que beaucoup de perfonnes en meurent. Auffi dès que les grandes chaleurs approchent, la plupart des habitans les vont patfer dans un villages appellé Belan ou Beylan, fitué fur une montagne, à quatre ou cinq lieues delà, & où l'on trouve de fort bonnes eaux, & d'excellents fruts. Au milieu de la montagne, eft une grande ouverture qui donne paffage au vent du nord-eft; & quand il foufle avec véhémence, il agite tellement la place d'Alexandrette, que tous les vaiffeaux qui s'y trouvent, levent promptement les ancres, & gagnent la mer, pour n'être point en danger de périr. Au fortir du village de Belan, on traverfe la plaine d'Antioche, l'une des plus agréables & des plus fertiles qu'on puiffe voir. Elle eft de cinq ou fix lieues d'étendue, entrecoupée d'une infinité de ruiffeaux, abondante en pâturages, & remplie de troupeaux qu'on y engraiffe. Le P. d'Avril Jéfuite, qui en parle ainfi dans fon voyage d'Orient, dit qu'ayant débarqué à Alexandrette, il y vit dépêcher un pigeon, dont on fe fert ordinairement dans le pays pour porter les nouvelles qu'on veut faire favoir fort promptement à Alep, qui en eft éloignée de 30 lieues. Voici comment cela fe pratique. Si quelque marchand de cette ville-là veut être averti des premiers de la qualité des marchandises qui viennent de France ou d'ailleurs, il envoye par un exprès à Alexandrette un pigeon qui a des petits, dans le tems qu'il croit que quelque vaiffeau y doit arriver. Son correfpondant d'Alexandrette, fi-tôt qu'on a jetté l'ancre, va s'informer de ce qu'il juge à propos pour bien remplir fa commiffion. Il écrit enfuite, & ayant attaché au cou du pigeon la lettre, où il rend compte de tout au marchand d'Alep, il le porte au haut d'une petite montagne, & lui donne la liberté, fans aucune crainte qu'il s'égare. Celui que vit lâcher le Pere d'Avril fur le fommet de cette montagne, fe guinda fort haut, apparemment pour découvrir le lieu d'où on l'avoit tiré quelques jours auparavant ; &, pouffé par l'inftinct commun à tous les oifeaux qui ont des petits, il prit fon vol vers Alep, où il arriva en moins de trois heures. Tous les pigeons ne font pas également propres pour porter des lettres. Il y en a d'une espéce particuliere qu'on dreffe aifément à cet exercice, & qui font d'un très-grand fecours, quand les affaires ont besoin d'être ménagées fans retardement, comme il arrive fouvent dans les échelles du Levant où les François font établis.

Il n'eft pas permis aux Francs d'aller à pied d'Alexandrette à Alep. Cette défense eft venue de ce que le chemin n'étant pas long, beaucoup le faifoient à peu de frais, & fe trouvoient en état de mettre une enchere de quatre ou cinq par cent fur les marchandises, ce qui les faifoit renchérir. Les marchands du Levant s'en plaignirent, & obtinrent une défenfe générale d'aller à pied à Alep. Les frais de voiture étant forts, iroient au-delà du profit, fi l'on mettoit encore à l'enchére. *Tavernier, voyage de Perfe.

ALEXANDRÉUM CASTELLUM, le fort ou le château d'Alexandre; place forte de la Judée. Jofeph, de bello, l. 14. c. 6 & 7, nous apprend que Pompée ayant pallé Scythopolis, & fini fes affaires avec Ariftobule, auprès du château d'Alexandre, campa près de Hiericho. Le même auteur dit que ce château étoit près de Corée; que c'étoit une belle fortereffe, fituée au fommet d'une montagne; qu'Alexandre fils d'Ariftobule la fortifia par de nouveaux ouvrages: il en parle plufieurs fois, fans qu'on puiffe juger de fa fituation bien précise. Cella rius, L. 3. c. 13, dit qu'il lui femble que ce château avoit été fondé par Alexandre Jannée, pere d'Hircan & d'A riftobule, dont Pompée termina la querelle.

1. ALEXANDRI CASTRA, nom d'un lieu d'Afrique dans la Marmarique. Il a pris le nom de Camp d'Alexandre de ce que ce roi y campa dans le voyage qu'il fit pour confulter l'oracle d'Ammon. Ce camp eft mis par Ptolomée, l. 4. c. 5, dans la contrée Ammoniaque,' au levant d'été de la ville & du temple d'Ammon.

2. ALEXANDRI COLUMNÆ. Ptolomée, l. 5. c. 9, met au pied du mont Hippicus, les colonnes d'Ale xandre, quoique ce heros n'ait jamais été jufques-là.

Saumaife conjecture qu'il érigea un monument de fes victoires fur le Jaxartes, que quelques-uns ont pris fauffement pour le Tanais, (le Don) ce qui a donné lieu à des impofteurs, ou à des ignorans d'ériger des colonnes qui ont caufé cette erreur, quoiqu'elles foient plys proches du fleuve Rha (Wolga) que du Tanaïs (Don.)* Cellarius Geogr. l. 3. c. 24.

l.

3. ALEXANDRI INSULA,ou l'Ifle du Golfe Perfique, fous la Perfide propre, felon Ptolomée, 4. 6. c 4. C'est la même que Pline, liv. 6, c. 25, nomme ARACIA & qu'il dit être confacrée à Neptune; il ajoute qu'il y a une très-haute montagne.

4. ALEXANDRI PORTUS. Arrien. Indic. c. 25, place un port d'Alexandre dans la Gédrofie, fur le rivage de la mer, entre le fleuve Indus, & l'Arbis, dans l'Arbitide, & dit que Néarque le nomma ainfi.

ALEXANDRIA, en François, ALEXANDRIE. Il y a eu quantité de villes ainfi nommées, defquelles plufieurs ont encore eu d'autres noms.

[ocr errors]

1. ALEXANDRIE, ville d'Afie, dans l'Arachofie, felon Ptolomée, 4. 7. c. 20, qui la met à 114. d. de longitude, & à 31. d. de latitude. Ammien Marcellin, 1. 33, en parle comme d'une ville peu importante. Il est probable que c'eft aujourd'hui la ville de Candahar.

2. ALEXANDRIE, ancienne ville de l'Albanie Afiatique. On croit que c'eft la ville de Derben. Quinte Curfe, 7, la met au pied du mont Caucase, & au bord de la mer Cafpienne. Voyez DERBENt.

3.

ALEXANDRIE, ville d'Afie dans l'Arie, felon Pline qui dit qu'elle avoit Alexandre pour fondateur, & qu'elle étoit fur le fleuve Arius. Strabon, l. 15, & Ammien Marcellin, l. 23, en font auffi mention.

4. ALEXANDRIE, ville d'Afie dans la Bactriane. Ptolomée n'en parle point, mais Etienne le géographe la met auprès de Bactres, fans dire à quelle distance. Strabon, l. 11, dit qu'Alexandre bâtit huit villes dans la Bactriane & dans la Sogdiane, & Pline, l. 6. c. 16 &

23,

dit que cette Alexandrie de la Bactriane portoit le nom de fon fondateur: ces deux paffages s'éclairciffent. 5. ALEXANDRIE, ville d'Afie dans la Carmanie felon Pline, l. 6. c. 23, & Ptolomée, l. 6. c. 8. Ammien Marcellin, l. 23, en fait auffi mention.

6. ALEXANDRIE, ville d'Afie, dans la Sacaftene felon Ifidore de Chárax, p. 8, qui la niet auprès de Sigal, capitale de ce peuple.

7. ALEXANDRIE, ville d'Afie dans les Indes. Voyez BUCEPhala.

8. ALEXANDRIE, ville d'Afie dans la Cilicie; les géographes latins la nomment Alexandria ad Ifjum, parce qu'elle étoit voifine de la ville d'Iffus. L'anonyme de Ravenne, l. 5. c. 8, a écrit le grec en lettres latines, & dit Alexandria cata Iffon, & la carte de Peutinger dit encore plus mal Alexandria Catiffon.

9. ALEXANDRIE, ville de la Margiane. Antiochus, l'ayant rétablie, elle quitta le nom de fon fondateur pour prendre celui de fon reftaurateur. Voyez ANTIOCHE.

10. ALEXANDRIE, ville d'Afie fur l'Oxus. On la nommoit ordinairement Alexandria Oxiana, pour la diftinguer des autres villes de même nom. Cellar. Geog. ant. liv. 3, chap. 21.

II. ALEXANDRIE, ville d'Afie, dans le pays des Paropamifades, au nord de ce pays. Alexandre allant en Bactriane, & paffant le Paropamife, que l'on appelle auffi Caucafe, bâtit cette ville au pied de cette montagne. Pline, l. 6. c. 23, ne la nomme point, mais il la défigne ainfi : Ad Caucafum Cadrufi: Oppidum ab Alexandro conditum, c'eft-a-dire, près du Caucafe les Cadrufiens, ville bâtie par Alexandre. Solin, c. 44, n'entendant point cela, prend le nom des Cadrufiens, qui eft celui d'un peuple, pour une ville bâtie par Alexandre, laquelle il nomme Cadrufia.

12. ALEXANDRIE, ville d'Afie, dans la Sogdiane, felon Pline. l. 6. c. 16. Elle eft nommée par Proloméé 1. 6. c. 12. Aacžúvdpeca ioxárn, c'est-à-dire l'Alexandrie, derniere, parce qu'elle étoit à l'extrêmité de la Sogdiane. Pline dit qu'elle fût bâtie par Alexandre le grand.

13. ALEXANDRIE, ville de la Troade. Voyez TROAS. Je n'ai pas joint à ces noms anciens le nom des villes que l'on croit être à-peu-près les mêmes. Je marque ces opinions aux articles des villes modernes. Etienne le géographe en nomme jufqu'à dix-huit d'ancien

« PrécédentContinuer »