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nes; mais il ne les détermine pas affez, & je me fuis contenté de rapporter les principales & les plus connues. 14. ALEXANDRIE, fameufe ville d'Egypte; les Turcs l'appellent Scanderia. Elle fut fondée par Alexandre le Grand, 332 avant Jefus-Chrift. Les Ptolomées, fucceffeurs de ce conquérant, y établirent leur demeure, & l'éleverent au plus haut dégré de fplendeur. Prolomée Soter y fonda une académie, & y établit une bibliotheque que ces fucceffeurs eurent foin d'augmenter: on y comptoit fept cens mille volumes, lorfqu'une partie fut brûlée dans la guerre que Jules-Céfar fit à ceux d'Alexandrie. Cléopâtre, pour réparer cette perte, y fit transporter la bibliothéque de Bergame, dont Antoine lui avoit fait préfent, & qui fe montoit à deux cens mille volumes. Cette grande reine y en ajouta encore d'autres, & la rendit plus nombreuse qu'elle n'étoit au

paravant.

:

deux, mais elle eft de plufieurs groffes pierres. La colonne eft tout d'une pièce de granite, haut de plus de cent pieds &, groffe de vingt & un. Au haut eft un fort beau chapiteau: à quelques pas delà on trouve le palais de Céfar, dont la face eft encore affez entiere. Tout le refte eft ruiné, & on n'y voit plus que quelques colonnes de porphire en leur entier & fur leur pied. On voit encore le canal du Nil, que les anciens Egyptiens firent creufer, pour conduire l'eau de ce fleuve dans Alexandrie, n'en ayant point d'autre à boire. Ce canal, qui eft à-peu-près de la largeur de celui qui paffe par le Caire, commence à fix lieues ou environ au-deffus de Roffette, & vient delà en Alexandrie. Quand le Nil eft débordé, on lui donne paffage par ce canal, & cette eau remplit des citernes, qui font faites exprès fous la ville, de grande étendue, & très - magnifiques. Tout le deffous de l'ancienne Alexandrie eft creux, & n'eft proprement qu'une citerne, dont plufieurs belles colonnes de marbre foutiennent les voûtes. Les maifons d'Alexandrie étoient bâties fur ces voûtes, d'où l'on a dit qu'il y avoit en Alexandrie une ville aufli grande fous terre qu'elle étoit deffus. Quelques-uns affurent qu'on peut encore à préfent aller fous toute la ville par de belles rues, dans lesquelles on voit des boutiques, mais les Turcs ne permettent pas qu'on y descende. L'eau du Nil qui entre du canal dans la ville, fert pour boire toute l'année; chaque maifon en fait tirer par des pouferaques, qui la verfent dans la citerne particuliere de la maifon. Ces pouferaques font des roues où il y a une corde en chapelet fans bout, autour de laquelle font attachés plufieurs pots de terre, qui, remontant toujours pleins d'eau, la verfent dans un canal qui la conduit où l'on veut. En août & en feptembre, qui font les mois où l'on emplit les citernes, cette eau nouvelle eft mal faine. Plufieurs gardent celle de l'année précédente, & ne boivent de la nouvelle qu'au mois de novembre.

Les Romains, fi avides de dépouilles, refpecterent de précieux monument de la grandeur des Prolomées: il fubsista jusqu'au tems où l'Egypte fut conquife par les Arabes, dont la barbarie détruifoit tout. Un philofophe célèbre nommé Jean, fectateur d'Ariftote, lequel avoit su gagner l'amitié d'Amrou, général des Arabes, voulut fauver cette bibliothéque, & la demanda mais Amrou lui répondit qu'il n'en pouvoit difpofer que par l'ordre du calife. C'étoit Omar. Ce barbare repondit à fon général, que fi les livres de cette bibliothéque s'accordoient avec le livre de Dieu, (il défignoit Falcoran,) ils étoient inutiles parce que l'alcoran fuf fifoit; que s'ils ne s'y accordoient pas, il falloit les détruire. En conféquence de cet ordre, les livres furent condamnés au feu. On les diftribua par la ville, pour chauffer les bains, qui étoient au nombre de quatre mille, & l'on fut fix mois entiers à les confumer. Amrou ayant été dépofé & rappellé à Médine, les Grecs profiterent de fon abfence pour reprendre Alexandrie: mais ce guerrier reparut bien-tôt à la tête de L'on trouve encore dans Alexandrie deux célébres l'armée, força la ville, en fit démolir les remparts & monumens de fes anciens monarques. Ce font deux obé les fortifications. Depuis ce tems elle a toujours dimi- lisques en forme de pyramides, dont l'un eft planté fur nué, & d'Alexandrie il n'en refte que des débris. Elle fon piédestal, & l'autre abattu. Ils font remplis de hie forme une efpéce de croiffant dont le milieu s'eloigne rogliphes, & celui qui eft à droite a foixante coudées de de la mer environ de cinq cens pas; mais les deux hauteur. On dit par tradition que vingt mille perfonnes extrémités qui font comme les cornes de ce croiffant, avoient été employées pour le mettre en place, & que reviennent jufqu'au bord du rivage. Sur celle qui regar- le roi qui le faifoit dreffer, 'craignant que les maîtres de de l'orient, étoit fitué le palais de Cléopâtre. Il l'ouvrage n'euffent de la négligence à bien prendre leurs n'en reste plus que les ruines de quelques galeries mefures en dispofant les machines, fit lier fon propre qui s'étendoient le long de la mer, avec une tour ronde fils fur la pointe, afin que les ouvriers priffent plus dé que le tems a respectée. Elle eft toute de marbre blanc, foin d'une chofe à laquelle il remettoit le falut de l'hé→ & fa hauteur contient plufieurs falles. Dans ce qui eft ritier de la couronne. Il y avoit encore un grand nombre en bas, on voit une très-belle voûte qui eft une maffe d'obélisques & de colonnes; mais on les a transportées de bâtiment folide fituée au milieu. Tout autour de à cette épaiffeur, il y a diverfes niches en distance égale, ornées de colonnes auffi de marbre, fur lesquelles la voûte vient se terminer en berceau. On croit que c'étoit dans ces niches que la reine Cléopâtre avoit fait mettre les fimulacres de fes fauffes divinités.

Les murailles d'Alexandrie, quoique ruinées, font en core magnifiques. On en voit une bonne partie dans leur entier, ce qui prouve la folidité avec laquelle elles étoient bâties. Ces murailles ont leurs fauffes-brayes, & font flanquées de grandes tours quarrées, diftantes d'environ deux cens pas l'une de l'autre. Entre deux il y en a une petite, & deffous font des cafemates magnifiques qui peuvent fervir de galeries & de promenade. Ces tours font toutes de la même forme. Au bas de chacune fe trouve une grande falle quarrée, dont la voûte eft foutenue par de groffes pierres thébaiques. On voit en montant plufieurs chambres, & tout au haut une grande plate-forme carrée de plus de vingt pas. Toutes ces tours, dont chacune pourroit tenir deux cens hommes, étoient autant de palais. Leur muraille eft épaiffe de plufieurs pieds, & par-tout il y a des embra

Rome ou à Conftantinople, & on en a brifé quelquesunes dans les divers faccagemens qu'Alexandríe a foufferts. On voit encore en-dedans de fes murs deux petits monticules que les Romains avoient fait élever de ruines & de terres rapportées. On ne fait fi c'étoit pour regar der dans le faraillon, ou bien à deffein de découvrir dans la haute mer; mais aujourd'hui il y a une tour fur l'un de ces monticules pour prendre garde aux vaiffeaux qui paroiffent.

On ne trouve plus les monumens de ce fameux phare, fi célébre qu'on le regardoit comme une des fept merveilles du monde. Softrate Gnidien en fut l'architecte, & Prolo+ mée Philadelphe employa 800 talens à le conftruire. Le premier étage étoit un corps de logis de marbre blanc agréablement ouvert. Au-deffus s'élevoit une tour carrée toute du même marbre & d'une hauteur extraordinaire. C'étoit comme une quantité de galeries baluftrées, l'une au-deffus de l'autre, & foutenue au-deffus de l'autre, & foutenue par de riches colonnes. Cette tour, depuis les deux tiers en haut, alloit en di, minuant jusques vers fon fommet. L'on dit encore en ce pays-là qu'il y avoit des miroirs fi ingénieufement dispofés dans les plus élevées de ces galeries, que l'on y voyoit tous les vaiffeaux qui approchoient du port. Au Après ces murailles, la plus belle des pièces antiques lieu de ce pompeux bâtiment, on voit aujourd'hui le qui ont réfifté au tems, eft la colonne de Pompée que corps d'un affez grand château de figure irréguliere, à Jules Céfar fit dreffer pour monument de la victoire caufe de la dispofition du rocher. La place où il eft affis qu'il remporta fur Pompée : elle eft à deux cens pas de n'eft pas plus relevée que la plaine qui le regarde. Il a la ville, fur une petite éminence qui la fait voir de fort loin, & pofée fur un piédeftal carré, haut de plus de fept ou huit pieds. La bafe de ce piédestal eft aufli carrée, large de vingt pieds ou environ, & haute de

fures.

pour fa premiere enceinte une fauffe braie de fept pieds de haut, & au - dedans eft une muraille plus élevée, toute garnie de créneaux, qui environne le corps du fort; mais ni l'une ni l'autre ne font terraffées; elles fuivent

feulement

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feulement l'inégalité du terrein, fans être fanquées de tours ni de baftions. Du milieu du bâtiment s'éleve une haute tour qui fert de phare.

La ville d'Alexandrie a trois ports, dont le premier eft appellé le Port vieux. Il eft affez grand, mais l'entrée en eft fort difficile, ce qui en éloigne les vaiffeaux. Il y a deux châteaux qui en défendent l'abord, un de chaque côté, & tous deux fort bien gardés. Les deux autres ports font plus hauts & féparés par une petite ifle, autrefois plus éloignée de la terre ferme qu'elle ne l'eft à préfent. On l'appelloit anciennement le phare. Aujourd'hui elle eft jointe à la terre ferme par un pont de pierre. C'est au bout de cette ifle qu'est le château appellé Faralion. Le premier des deux ports qu'elle divife eft celui des galeres: il n'y entre point d'autres bâtimens. L'autre eft le grand port ou le port neuf, dont la bouche eft gardée d'un côté par le faralion, & de l'autre par un petit château qui n'est pas fi bon: cependant on y tient encore plufieurs foldats, & ces deux châteaux fe fecourent facilement l'un & l'autre. Les pierres & les écueils rendent ces deux ports fort dangereux.

On voit encore dans Alexandrie les reftes du palais du pere de fainte Catherine, qui s'élevent de quatre pieds de haut. Dans l'églife de fainte Catherine que tiennent les Grecs, on montre la pierre fur laquelle cette fainte vierge fut décapitée. Elle eft comme un morceau de colonne ronde, haute de près de deux pieds, & percée d'un bout à l'autre, d'un trou à mettre le poing. Les Grecs difent que ce fut fur ce trou qu'elle eut la tête coupée. Le pillier de marbre qu'ils ont fait faire exprès pour pofer cette pierre, eft haut environ de quatre pieds. Les Coftes font en poffeffion de l'églife de faint Marc: on y voit la chaire où il montoit pour prêcher. Saint Marc fut le premier patriarche d'Alexandrie; & comme il y fouffrit le martyre, fon corps y fut confervé jusqu'à ce que des marchands Vénitiens le transporterent à Venife. Dans la même église est un tableau de faint Michel, qu'on dit avoir été fait par faint Luc. Le marbre granite & le porphire font fi communs en Alexandrie, qu'on en garnit les portes. Celle de la marine, quoique fort haute & large, eft toute garnie de granite. On trouve encore parmi les ruines de cette ville des agates, des grénats, des émeraudes & autres femblables, gravées l'une d'une tête, l'autre d'une idole, une autre d'une bête, &c. Quand il pleut, les Maures'en vont chercher parmi les ruines pour les vendre aux Francs, & ne manquent guères d'en trouver. Ceux qui veulent aller voir toutes ces antiquités, montent fur des ânes qu'on trouve tout prêts dans les rues pour peu de chofe, & qui vont fort vîte, & galoppent même quand on veut ; car en Egypte les Chrétiens, francs ou non, ne peuvent aller fur des chevaux, fi ce n'eft à la campagne.

Alexandrie dépend du beglierbey ou bacha d'Egypte, qui réfide au Caire. Il y a feulement dans la ville un Aga qui repréfente fa perfonne & qui y commande. Il y a auffi un grand cadi ou moulla qui a d'autres cadis fous lui & deux foubachis, l'un de la ville & l'autre de la marine. Tous les agas des châteaux d'Alexandrie dépendent auffi du bacha d'Egypte, qui choifit ceux à qui il en veut donner le commandement. La maifon où logent les vice-confuls de France s'appelle le Foudigue, & appartient au grand feigneur, qui en entretient les bâtimens. Elle elt grande & spacieuse, environnée de murailles où il y a deux portes cocheres, & au-dedans de la cour qui eft très-belle, eft un logement femblable à un couvent de religieux. (a) Hift. des Arabes, t. 1, p. 391. (b) Corn. Dict. Thevenot, V. du Levant, 2 part. c. 1, 2. Chopin. Voy. d'Egypte, c. 4.

La ville d'Alexandrie a été la patrie d'Euclide & d'Origene. Le premier étoit mathématicien & vivoit vers la 120 olympiade, c'est-à-dire, environ 300 ans avant la venue de JESUS-CHRIST, du tems que Ptolomée Lagus régnoit en Egypte. Nous avons de lui l'ouvrage appellé communément Elémens d'Euclide, divifé en quinze livres. Il y a quelques favans qui croyent que les deux derniers font d'Hypficle, qui étoit auffi d'Alexandrie, & qui a écrit des commentaires de géométrie.

Origene, théologien du troifiéme fiécle, eft connu par fes écrits, par fes voyages & par les perfécutions qu'il fouffrit. Il mourut vers l'an 256, dans fa 70e. année.

Appien, hiftorien Grec, né aufli à Alexandrie, en a été furnommé Alexandrin. Il étoit d'une famille trèsconfidérable, & il a vécu fous l'empire de Trajan, d'Adrien & d'Antonin le débonnaire. Etant venu à Rome, il fe rendit fi fameux dans le barreau, qu'on le choisit pour être l'un des intendans des affaires de l'empereur. Il fit une hiftoire qui contenoit vingt-quatre livres, felon ce que rapporte Photius. Elle commençoit par l'embrafement de Troye, & finiffoit à l'empire de Trajan. Cette hiftoire étoit traitée par provinces & par nations, & il ne nous refte plus de ce grand ouvrage que ce qui regarde les guerres Puniques, les Syriaques, les Parthiques, les Civiles, & celles qui ont été entreprises contre Mithri date, contre les Espagnols & contre Annibal; celles d'Illyrie & un fragment des Celtiques:

15. ALEXANDRIE, Alexandria, petite ville de Pologne, dans la Wolhinie fur la riviere de Horin, à huit milles d'Allemagne d'Oftrog, vers le nord, & à douze de Lucko, vers l'orient, felon le Vaffeur. Elle fut bâtie vers la fin du xvire fiécle. * Baudr.

16. ALEXANDRIE. Voyez CHARAX 10.

17. ALEXANDRIE, ancienne ville d'Afie, dans l'Adiabene. Pline, l. 6, c. 13, eft le feul auteur qui en parle, & il femble qu'Alexandre l'ait fondée fur le champ de bataille, où il défit Darius. C'est la conjecture du favant P. Hardouin.

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fes

18. ALEXANDRIE DE LA PAILLE, en latin ALEXANDRIA STATIELLORUM, petite ville d'Italie, dans le duché de Milan, avec un évêché fuffragant de l'archevêque de Milan (a). Elle porte le nom d'Alexandre III, en l'honneur de qui elle fut bâtie en l'an 1168, par partifans contre l'empereur Frederic I, qui l'afliégea l'année d'après. Il l'appelloit CÉSAREE, & le pape Alexandre vouloit qu'elle fût nommé Alezandrie; l'empereur fe mocquant du grand nom d'Alexandrie, la traita d'une Alexandrie de Paille. Miffon croit (b) qu'il eft difficile de s'affurer de la vérite de ce fait. Il dit auffi qu'il eft faux que les empereurs y ayent jamais été couronnés d'une couronne de paille. Comme les allufions font une fource très-féconde, la Forêt Bourgon dit que la vigueur des troupes avec lesquelles Frideric l'affiégeoit, fut bien un feu de paille; car, ajoute-t'il, elle fe rallentit si fort, qu'il fut contraint d'en lever le fiége, après s'y être morfondu fix mois. Les François, commandés par le duc de Modene, eurent le même affront en 1657, après un mois de tranchée ouverte. Cette ville eft partagée en deux par le Tanaro. Ce fut le même pape Alexandre III qui en fonda l'évêché, & accorda à cette ville plufieurs priviléges dont elle jouit encore. Elle a paffé avec le Milanez fous la domination des Espagnols, & à préfent elle eft revenue à la maison d'Autriche avec ce duché. (a) La Forêt Bourgon, géog. hift. t. 2, p. 440. (b) Voyage d'Italie, t. 3, P. 47.

ALEXANDRIN, (l') en italien ALESSANDRINO, petit quartier d'Italie, dans le duché de Milan, & autour de la ville d'Alexandrie, qui lui donne fon nom : il s'étend vers le Montferrat, qui le termine au couchant & au midi, ainfi que le Tortonnois au levant.

ALEXANDRINA REGIO, pays d'Afrique, dans la baffe Egypte, entre le lac Maréotis au couchant, & le bras le plus occidental du Nil au levant : il tiroit fon nom d'Alexandrie qu'il renfermoit: je le crois plus étendu qu'Alexandrinorum Regionis Nomos, qui avoit Hermopolis pour capitale, & qui n'en faifoit qu'une partie.

1. ALEXANDROPOLIS, ville d'Afie, dans l'Arachofie, dont elle étoit la capitale, felon Ifidore de Charax. Ptolomée & Ammien Marcellin la nomment Alexandrie; c'est en effet la même. Voyez ALEXANDRIE 1.

2. ALEXANDROPOLIS, ville d'Afie, dans la Parthyene, pays qui, felon Ptolomée, l. 6, c. 5, étoit une portion de la Parthie ou pays des Parthes. Pline, l. 6, c. 25, dit: Nyfaa Parthyenes nobilis, ubi Alexandropolis à conditore: c'eft-à-dire, Nifée, ville fameufe de la Parthyene, où eft Alexandropolis, ainfi nommée à cause de fon fondateur; ainfi Nifée & Alexandropolis font deux villes de la Parthyene. Cellarius, Geog. Ant. l. 3, c. 20, qui cite fouvent l'édition du P. Hardouin, ne l'a pas confulté en parlant de cette ville; mais il s'eft fervi d'une des anciennes, où l'on fait un pays de Nifaa qui étoit à bon droit fufpect à Saumaife. Dans la période Tome I. Y

précédente, les anciennes éditions portoient : in media (Parthia) Hecatompylos, Arfacia: Regio Nifaa Parthyenes nobilis, ubi Alexandropolis à conditore, ce qui n'est ni juste, ni même intelligible; au lieu qu'il falloit lire: In medio Hecatompylos, Arfaca Regia: Nifaa Patthyenes nobilis, ubi Alexandropolis à conditore, ce qui eft clair, & fait un fens très-vrai. Le même Cellarius croit que c'eft l'Alexandrie de la Margiane.

3. ALEXANDROPOLIS, ville d'Afie, dans la Sacastene, felon Ifidore de Charax, p. 8, elle étoit différente d'une Alexandrie qui étoit auffi dans la même province.

4. ALEXANDROPOLIS, ville de Thrace, dans le pays des Médares ou Médarores. Alexandre le Grand n'ayant encore que feize ans, fut laiffé feul régent du royaume, & maître du fceau royal, pendant que Philippe fon pere faifoit la guerre aux Byfantins. Plutarch. in Alexand. Il fubjugua les Médares qui s'étoient révoltés, & ayant pris leur ville d'affaut, il en chaffa les Barbares, y établit des peuples mêlés de plufieurs nations, & nomma la ville Alexandropolis. Etienne le géographe la met pour la troifiéme ALEXANDRIE; &, comme le remarque Berkelius, il y a apparence que c'eft encore la même qu'il met pour la feizième auprès du golfe Melas, qui étoit de la Thrace. Le P. Lubin, dans fes tables géographiques, dit que cette ville s'appelloit auparavant JAMPHORINA; je ne fais fur quelle autorité, finon parce que Jamphorina étoit la capitale des Madi, qui, vraifemblablement, font les Médares ou Médarores de Plu

tarque.

ALEXANDROW, bourgade de Pologne, dans la Ruffie Rouge, & dans le palatinat de Braclaw, en Podo lie, à fix milles Polonois de Braclaw, vers le midi, & à quatre de Ladizin & de la riviere de Bog: elle a été presque ruinée par les Cofaques, felon le Vaffeur, cité par Baudrand, ed. 1705.

ALEXIA. Voyez ALISE 2. ALEZ. Voyez ALAIS. ALFACHS, (les) en latin ALFAQUIUM, port de mer & bourg d'Espagne, dans la Catalogne. Le Portulan de la Mer Méditerrannée écrit ALFAQUES. Baudrand dit que ce bourg & ce port font fur les confins du royaume de Valence, à l'embouchure de l'Ebre, plus au couchant, avec deux tours dans deux petites ifles qui font fur la côte. Sanfon & de l'Ifle, dans leurs cartes générales d'Espagne, nomment les Alfachs les ifles mêmes, & non pas le bourg, dont ils ne font point mention.

LA BAIE des ALFACHS ou ALFAQUES: on la nomme auffi la baie de ZOFFA. Voyez ce mot.

ALFAQUES, selon Baudrand, édit. 1705, petite ville de Barbarie, au royaume de Tunis, fur la côte occidentale du golfe de Capes. De l'Ile nomme ESFAQUES une bourgade de ce pays-là. Quelques-uns veulent que ce foit l'ancienne RUSPÆ, ville épiscopale de la Bifacene. Voyez RUSPA & ESFAGUES.

ALFARO, ville d'Espagne, dans la haute Navarre, proche de l'Ebre, à l'endroit où quelques-uns ont crû qu'étoit l'ancienne VARIA, mais que d'autres croyent être LOGROGNE.* Corn. Dict. Davity, Navarre.

ALFATERNIA. Voyez NUCERIA 3. ALFAVATES, petite ville de Portugal, dans la province de Tra-los-Montes, fur une hauteur, aux confins du royaume de Léon, du côté de la montagne de Bodon ou de Tornas Bacas, qui eft une contrée de l'Eftramadure, en Espagne : elle eft environnée de murailles, avec un bon château pour défense, & a environ deux cens habitans en une feule paroiffe. *Corn. Dict. Desc. fummar. del reino de Portugal.

ALFELD, ALFELDA, felon Baudrand, ALVELD OU ALVELDE. Zeyler, dans fa topographie de la baffe Saxe, préfére la derniere ortographe: bourg & château d'Allemagne, dans la baffe Saxe, où il eft enclavé dans le duché de Brunswig, à trois milles germaniques au midi de Hildesheim, & à quatre de Goflar au couchant, fur la riviere de Leyne. Il étoit autrefois aux ducs de Brunswig, qui l'ont cédé à l'évêque de Hildesheim par le traité de Gollar.

ALFELLANI, ancien peuple d'Italie, felon Pline, l. 3, c. 11. Le P. Hardouin conjecture que ce doit être Affilani, ou les habitans d'Affile, bourg duquel parle Frontin, de Colon. p. 83.

1. ALFEO, ANAPUS, petite riviere de Sicile, dans la vallée de Noto: elle a fa fource près de Palazzuolo, d'où elle fe rend dans la mer près de Syracufe.

2. ALFEO, riviere de la Morée. Voyez ALPHÉE. ALFERTON ou ALFRETON, bourgade d'Angleterre, en Darbyshire, près de la petite riviere d'Amber, fur les confins de Nottinghamshire, à huit milles de Derby, & à cent de Londres, felon Baudrand, éd. 1705, qui s'appuye fur l'autorité de Spéed.

ALFIDENA, ville du royaume de Naples, dans l'Abruzze citérieure. C'eft l'ancienne Aufidena, fi fameufe dans la guerre des Samnites. Tite-Live, l. 10, en fait mention, & Ptolomée, . 3, c. 1, en fait le chef-lieu des Caraceni, peuple qu'il foure dans cet endroit, pour me fervir des termes du P. Briet, Paral. 2° part. l. 5, p. 621. A la place de ces Caraceni, Pline, l. 3, c. 12, met beaucoup mieux les Aufidenates. Alfidena a titre de marquifat, felon Davity.

ALFORD, ville d'Angleterre, felon Maty, dict. bourgade feulement, felon Baudrand, éd. 1705. Elle eft en Lincolnshire, à quatre milles de la mer, & à cent sept milles de Londres: elle n'a rien qui la diftingue que le droit de tenir marché. * Etat préf. de la Gr. Bret. t. 1, p. 82.

ALFRANG. C'est ainfi qu'Abulfeda, felon Chorasm. desc. p. 20, nomme les Chrétiens qui vivent en Europe. Baudrand, édit. 1705, écrit ALFRANCK & AL-FRANCK & dit que les Turcs appellent ainfi l'Europe en mémoire des François. Il fait enfuite un article des ALFRANQUES: les Turcs & les Levantins appellent ainsi, dit-il, les Chrétiens d'Europe, & fur-tout ceux de fa partie occidentale, à caufe des belles actions qui ont été faites par les François en leur pays, & fur-tout dans les guerres de la Terre Sainte.

ALFTA-FIORD, golfe d'Iflande, dans la partie méridionale de cette ifle, proche du château de Befefted. * Baudrand, éd. 1705.

ALGE, port d'Italie, à trois mille pas de Centum Cella, qui eft aujourd'hui Civita Vecchia. * Anton. Itin.

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ALGAGIOLA, petite ville des états de Gênes, dans l'ifle de Corfe, fur la mer, felon Davity, qui ajoute qu'on y voit deux belles tours : il ne marque point en quel quartier de cette ifle. Elle eft fur la côte occidentale, à l'embouchure de la riviere d'Aregno: fon nom est écrit dans les atlas de de Wit, de Sanfon & de de l'Ifle, ARGOGLIOLO. Celui du Pere Cornelli porte ARGOGLIOLO ou ARGAIOLA; mais il laiffe douter fi ces deux noms, fynonimes entr'eux, ne font pas ceux du fleuve Aregno, & fi le nom S. Ambrofio n'eft pas celui qu'il donne à la ville. Les autres géographes déterminent.

ALGARA, nom latin d'Algeri, ville de l'ifle de Sardaigne.

ALGARRIA (l') ou ALCARRIA, province d'Espagne, dans la nouvelle Caftille, dont elle eft la partie la plus feptentrionale : elle eft bornée au levant & au midi par le Tage, au nord & au couchant par la vieille Caftille. C'est un pays fertile & affez plain, d'où vient fon nom, & dans lequel font comprifes les villes de Madrid, qui en eft la capitale; de Tolede, qui l'étoit autrefois, felon de Vayrac, Etat de l'Espagne, tom. 1, p. 338, celles d'Alcala & de Guadalaxara. Cette derniere, felon Baudrand, en étoit autrefois la principale: elle est encore la capitale, fi nous en croyons Corneille, qui a tiré fpn article de Davity.

I. ALGARVE ou ALGARBE, royaume qui eft à présent une province de celui de Portugal, dont il compose la fixiéme & la plus méridionale région. Il s'étend depuis Odefeixa (Odesciza) jusqu'à Caftro Marin, felon Maugin, desc. du royaume de Portugal, p. 9, fa plus grande longueur eft de vingt-fept lieues, & fa largeur de huit: l'Océan le borne au couchant & au midi, la Guadiane l'enferme au levant, & le Portugal au nord. Le terroir de cette province eft montueux, mais fort fertile, furtout en vins excellens : il produit quantité de figues, qui, étant féchées, font un commerce confidérable, & fournit beaucoup d'huiles, d'amandes & de dattes. La pêche fait un des plus grands revenus de ce royaume, qui a trois cités; Sylves, où il y a un fiége épiscopal, Tavira. & Faro; fes villes font Lagos, Sagres, Loulé, Algefur, Cafela, Alvor & Villa Nova de Portimaon, qui eft l'an

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par

ger, qu'elle céda à Charles II, roi d'Angleterre, pour la
dot de l'infante de Portugal qu'il épouía, & les Anglois
l'ont enfuite abandonné à caufe des dépenfes qui n'é-
toient pas compenfées par une utilité proportionnée. Les
Espagnols n'ont que Ceuta dans la Barbarie.

3. ALGARVE. On a donné plus particulierement ce
nom à une province la plus feptentrionale du royaume de
Fez, en Afrique : elle eft nommée plus communément
HASBAT dans les auteurs qui ont traité de l'Afrique, &
fur les cartes. Voyez HASBAT.

4. ALGARVE fignifie, en langue maures que,une campagne fertile. Il y a grande apparence, dit le Quien de la Neuville, que la fécondité du climat qui produit des figues, des amandes, des olives & d'excellens vins, a beaucoup contribué à faire donner à ce pays le nom qui lui refte.

ALGDIUM. Corneille dit que c'est une ancienne ville. Elle étoit, dit-il, fituée près de Tusculum, au fommet d'une montagne, & on l'appelle préfentement ROCCA DEL PAPA, à caule de fon alliette : c'eft fans doute une faure d'un copilte, qui a écrit Algdium pour Algidum.

cien port d'Annibal. Les titres de l'Algarve font es marin, (c'est-à-dire toute la côte de Barbarie, qui eft à
comtés de Dodemira, d'Alcoutin & de Villa Nova. Ses l'oppofite de l'Andaloufie & du royaume de Grenade.)
peuples aiment la guerre. Le Quien de la Neuville, dans Dela vient que les rois d'Espagne fe difent rois des Al-
ion hiftoire de Portugal, dit qu'Alfonfe X, roi de Cas- garves, fans que pour cela les rois de Portugal, qui jouif-
tille, donna l'Algarve en dot à fa fille naturelle Béatrix, fent aufli de ce titre, puiffent s'en plaindre, puisqu'ils
qu'il avoit eue de Marie de Gusman de Villena, en lui poffèdent une grande partie de l'ancienne Algarve, quoi-
faifant époufer Alfonfe III, roi de Portugal. Cette dot que fous d'autres noms, comme je viens de dire qu elle
feroit un préfent bien particulier, puisque ce pays étoit renfermoit l'Andaloufie, partie du royaume de Grenade.
poffédé par les Maures, lorsque dom Alfonfe, devenu Le roi de Portugal fe dit roi des Algarves deçà & delà la
roi la mort de dom Sanche, répudia la reine Ma- mer en Afrique: cependant tout ce que cette couronne
thilde fon épouse, fous prétexte de itérilité, pour épou- poffédoit fur les côtes de Barbarie eft retombé fous la
fer Béatrix. Ce mariage, dit Maugin, atrege de l'hiftoire domination des Maures : il ne lui reftoit plus que Tan-
de Portugal, pag. 89 & fuiv. fit beaucoup de bruit. Ma-
thilde s'y oppofa, & le fit caffer par le pape Alexandre IV.
La bulle de ce pontife eut moins de force que l'amour
d'Alfonfe; il garda fa nouvelle époufe, & à la mort de
la comtelle Mathilde, le pape confirma ce mariage, &
légitima le prince qui en avoit été le fruit. Cette affaire
terminée, dom Alfonfe voulut conquérir l'Algarve, dont
le roi de Caftille, fon beaupere, avoit commencé la
conquête, & le plus renommé de fes généraux Payo
Cortea, maitre de l'ordre de faint Jacques, Portugais
d'origine, y étant alors cccupé, dom Alfonfe envoya la
reine Béatrix fon époufe lui demander la ceffion de fes
droits fur ce pays. Le Caftillan reçut favorablement cette
princeffe fa fille, & lui accorda la ceffion qu'elle deman-
doit fous certaines conditions, aufquelles il renonça
quelque tems après en faveur de dom Denis, l'infant de
Portugal fon petit-fils. Maugin prévient les objections
qu'on peut lui faire. Il n'eft pas à croire, dit-il, que les
Caftillans euffent plus de droit fur 1 Algarve que les
Portugais; au contraire ceux-ci paroilloient être les
mieux fondés à prétendre cette province, puisqu'ils
avoient conquis autrefois, fur les Maures, la ville de
Sylves, capitale de l'Algarve, & l'avoient confervée pen
dant plus de quarante ans. Il eft vrai qu'ils l'avoient per-
due; mais ils l'avoient reprise pour la feconde fois avant
que le général Caftillan arrivât aux frontieres de l'Al-
garve: on a même des lettres qui montrent que les rois
de Portugal & de Caftille faifoient de concert la con-
quête de ce pays. Ainfi la reine de Portugal n'alla dans
la Caftille, autant qu'on le peut croire, que pour tra-
vailler au réglement des limites, ou pour empecher que
les Caftillans ne s'appropriaflent les conquêtes Portugai-
fes, ou enfin pour obtenir un ordre au général Caftillan
de rendre les villes d'Aljuftrel & de Mertola qu'il avoit
furprises, quoiqu'elles appartiffent aux Portugais. J'a-
joute que
fi l'Algarve lui avoit été donnée pour fa dot,
comme le dit Baudrand, qui la fait fille d'Alfonfe IX,
& non pas d'Alfonfe X, qu'avoit à faire le roi de Portu-
gal de faire folliciter la ceffion des droits de fon beau-
pere fur ce pays? Quoiqu'il en foit, Alfonfe III entra
dans l'Algarve, & fut joint près de Sélir par le général
de l'armée Caftillane, qui l'ayant reconnu pour fouve
rain de ce pays, lui rendit compte de fes conquêtes,
lui offrit fes fervices. Ce monarque les accepta: ils alle-
rent de compagnie mettre le fiége devant Faro, qui fe
rendit peu de tems après. Dom Alfonfe mena fon armée
victorieufe devant Loule, qu'il prit d'affaut; Algefur
& Albufeyra eurent le même fort: en un mot il fe rendit
maître de tout le refte de l'Algarve, & en chaffa les Mu-
fulmans qui le poffédoient depuis cent quatre-vingt ans.
Ainfi le Portugal eft devenu maitre de l'Algarve par droit
de conquête, & le beaupere la facilita à fon gendre par
les fecours qu'il lui donna. Denis I, fils d'Alfonfe & de
Béatrix, furnomme le Pere de la Patrie, prit le titre de
roi des Algarves, que fes fucceffeurs ont confervé.

&

2. ALGARVE. Ce nom a été donné du tems des Maures à une étendue de pays beaucoup plus grande que celle de l'Algarve Portugaife; car, felon le Quien de la Neuville, hift. génér. de Portugal, ce pays comprenoit beaucoup de terres en Afrique & en Efpagne. Celles du côté d'Espagne s'étendoient depuis les côtes du cap S. Vincent jusqu'à la ville d'Almeiria, & l'on comptoit un grand nombre de villes & de châteaux. A ce compte, outre le pays qui porte aujourd'hui le nom d'Algarve, on y renfermoit encore l'Andaloufie, & une partie du royau ine de Grenade. Les terres du côté d'Afrique contenoient tout ce qu'il y a depuis le détroit jusqu'à Tremecen, où font fitués les 10yaumes de Fez, de Ceuta & de Tanger, qu'on appelloit anciennement le royaume de Bena

ALGER, (felon Corneille, dictionnaire) royaume d'Afrique, qui porte le nom de fa ville capitale, & qui comprend aujourd'hui, felon Davity, la Mauritanie Ĉéfarienne. Cluvier n'eft pas de ce fentiment, il croit que la Mauritanie Céfarienne eft le royaume de Dara, fitué dans le Bilédulgerid. Le royaume d'Alger, Bugie, Constantine, & d'autres provinces, étoient autrefois les dépendances du royaume de Trémecen; prefentement Trémecen même dépend du royaume d'Alger. Il a pour bornes à l'occident la Mauritanie Tingitane, ou la partie orientale du royaume de Fez, dont les fleuves de Zis & de Mulvia le féparent; au midi, les déferts de Numidie; à l'orient, le royaume de Tunis; & au feptentrion, il eft arrofé par la Mer Méditerrannée. Sa plus grande longueur, depuis l'embouchure de Mulvia jusqu'au fleuve Suf Gemar, le long des côtes de la Mer Méditerrannée, eft de cent cinquante lieues d'Espagne, & fa largeur de cinquante. Dans certains endroits, depuis la mer jusqu'au grand Atlas, il n'a que vingt lieues de large. Pierre Dan, qui a fait l'hiftoire de Barbarie, étend la longueur des côtes jusqu'à cent foixante-deux lieues de France. Long. 16, 26, latit. 34, 37.

L'air de ce royaume eft affez tempéré : la chaleur de l'été ne brûle point les feuilles des arbres, & la rigueur de l'hiver ne les defféche point. Les fruits y font en abondance. Les cérifes y muriffent au commencement de mai; les pommes & les poires à la fin du même mois. On a du railin dès le mois de juin : il s'y rencontre des feps de vigne d'une fi prodigieufe groffeur, qu'à peine un homme les peut embraffer: les grapes qu'ils produifent ont une coudée de long. Au mois d'Août on y cueille des figues, des pêches, des olives & des noix. Au nord de Trémecen, proche la Mer Méditerrannée, on trouve de beaux pâturages, les montagnes qui font à l'occident de Tenez, d'Alger & de Bugie font très fertiles en bleds. On fait deux ou trois fois l'an la recolte dans la plaine de Motigia. Les melous y font excellens : il s'y en trouve toute l'année. Les déferts font remplis de lions, de tigres, de léopards, de fangliers, de hériffons, de bœufs, de cerfs, de finges, d'autruches, de porc-épis; enfin de gibier de toute espéce, fur-tout de perdrix. Il s'y trouve une animal fauvage, appellé capar, qui fe laiffe apprivoifer. Gramaye affure qu'il en a apprivoifé plufieurs. Sa tête reffemble à celle d'un chat : il a la queue mouchetée comme une panthere, & les pieds de derriere plus élevés que ceux de devant. Sa légereté eft caufe qu'on s'en fert à la chaffe; mais comme il fe morfond, il le faut porter de tems en tems. Il y a encore une autre espéce d'aniTome I. Vij

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mal qui tient du renard & du chien. On dit que ceux qui ont des engourdiffemens dans les membres peuvent être guéris, lorsqu'ils fe mettent dans fon haleine, étant à jeun.

La force de ce royaume confifte en citadelles. Ses principales rivieres font Zis, Hued - Habra, Tesne, Mina, Zilef, Celef, Ceffaye, Hued-lar, Hued-el-Quibir, SufGemar & Yadoch.

Ce pays eft habité par diverfes nations, par des Turcs, des Janiffaires, que la pauvreté & l'espérance de faire fortune y amenent du Levant; des Maures,tributaires du Turc, qu'on appelle Cabey-Lefen, des Afuagues qui y viennent des montagnes de Couco & de Labez, beauCoup de Juifs & de Morisques chaffés d'Espagne, des Grenadins, des Andalouliens & des Tagacins, qui ont été bannis d'Aragon & de Catalogne, & grand nombre d'esclaves que les corfaires font fur mer. Il y a auffi quantité de Larbuffes. Marmol divife le royaume d'Alger en quatre provinces, Trémecen ou Telenfin, Tenez, Alger & Bugie. Gramaye dit que les Turcs les féparent préfentement en dix-huit provinces, qui font Alger propre, Trémecen, Angad, Béni-Araxid, Miliane, Couco, Labez, Tenez, Tebeffa, Humanbar, Haresgol, Horan, Moftagan, Sargel, Bugie, Gigiri, Conftantine &

Bone.

LA PROVINCE D'ALGER PROPRE, l'une des quatre anciennes du royaume de Télenfin, a celle de Tenez pour bornes à l'occident, celle de Bugie à l'occident, celle de Bugie à l'Orient, le grand Atlas au midi, & la Mer Méditerrannée depuis l'embouchure du fleuve Chinelaf jusqu'aux confins de Bugie, au feptentrion. Les plaines de cette province font habitées par des Arabes riches & puiffans, appellés Aben - Terixa, & les montagnes par des Béreberes & par des Afuagues. Ses villes font Alger, Metafuz, Teddelez, le Col des Médujares & Safa. Ces dernieres ne font habitées que par des marchands qui négocient dans le Bilédulgérid & dans les autres contrées du pays des Négres.

ALGER, felon Corn. Dict. ville d'Afrique, dans le royaume de même nom, dont-elle eft la capitale. Les anciens l'ont appellée Rufcurum ou Rufucurum; c'étoit la capitale de la Mauritanie, du tems du roi Juba, & il feroit difficile d'en trouver le fondateur. On croit que c'est l'ancienne ville de Salde; & Mercator veut, avec quelques autres, que ce foit le Jol ou la Julie Cefarienne de Ptolomée. Ce nom vient de ce que le fils de Juba ayant été emmené prifonnier à Rome par Jules-Céfar, gagna fi bien le cœur des Romains, qu'Augufte lui rendit la liberté, avec le royaume de fon pere. Sa reconnoiffance obligea ce prince lorfqu'il fit rebâtir cette ville, à l'appeller Julie Cefarienne, & l'on voit encore ce nom gravé dans quelques médailles des Empereurs Claude & Antonin. Les Arabes Mahométans qui ravagerent l'Afrique depuis, & qui fe faifoient un plaifir d'abolir le nom Romain, ne voulant pas détruire cette ville, l'appellerent Algezair, ce qui veut dire, Ifle, parce que le mole de fon havre eft devant une petite Ifle, ou bien à caufe de la proximité des Ifles Baléares. Ce nom s'eft corrompu depuis ce tems en celui d'Alger par le commerce des Européens. Les Arabes appellent cette ville, Gezier-de-Beni-Mozgana, du nom de fes fondateurs les Bereberes, de la branche de Mozgana. La ville eft carrée, & bâtie fur la pente d'une montagne, en face du port, en forme d'amphithéatre, de forte que les maifons de deffus font plus élevées que celles de deffous, & qu'elles ne fe couvrent point la vue les unes aux autres. Les murailles de la ville font faites en partie de pierres de taille, en partie des briques, & ont en bas trois mille quatre cens pas de circuit, & en haut dix-huit cens, ou felon Pierre Dan, un mille & un quart. Leur largeur eft de douze pieds, & leur hauteur de trente dans les lieux les plus élevés; mais elles en ont quarante le long du port, afin de pouvoir réfifter à afin de pouvoir réfifter à l'impétuofité de la mer. Elles font fortifiées par des tours carrées, par quelques boulevards, & par un grand foffé le long des murailles, particuliérement du côté de porte de Babafon. Les follés n'avoient autrefois que fix pieds de large; mais Arabamet les fit creufer depuis le château jusqu'à la mer, & leur donna vingt pieds de large, & fept de profondeur. La plupart des rues font en pente, conformément à l'affiette de la ville.

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Afin d'y être à l'abri du foleil, on les a faites fi étroites qu'à peine deux hommes peuvent y paffer de front. La rue qui va de la porte orientale à l'occidentale est beaucoup plus large, & a douze cens pas de long : mais elle s'étrécit en quelques endroits. Alger a fix portes ouvertes, & quelques autres murées. Les deux principales ont communication par cette longue rue, dont les deux côtés font garnis de boutiques, remplies de marchandifes de toutes fortes. C'eft-là qu'eft le marché du bled, du pain, de la viande & du poiffon. La porte qui eft à l'orient s'appelle Babafon, & celle qui eft à l'occident Babalouette. C'eft proche de cette premiere que l'on exécute les Turcs criminels. On les pend à un crochet, qui eft attaché aux murailles de la ville, & on fait jultice des Chétiens proche de l'autre. La troifiéme porte eft appellée la porte nouvelle. Elle est auffi fituée vers l'orient, du côté qui mene au château de l'empereur. La quatriéme eft la porte d'Alcaffava, qui eft tout contre un château de même nom. La cinquiéme regarde vers la mer, & on la nomme la porte du Mole ou la porte du Divan. La fixiéme porte s'appelle en langue franque, la porte de la Piscaderie ou Balbazira. A chacune de ces portes il y a trois ou quatre Turcs, avec des bâtons à la main, dont par divertiffement ils frappent fur les épaules des esclaves qui paffent. Il n'y avoit ni puits ni fontaines dans Alger, on étoit obligé d'aller fort loin chercher de l'eau: mais au commencement du 16°. fiécle, un des maures chaffés d'Espagne y fit deux aqueducs, qui donnent de l'eau à plus de cent fontaines. Il y a près de quinze mille maisons faites de brique & de pierre, & blanchies par dedans & par dehors. Elles font toutes très-petites, & n'ont pas plus d'un étage. Les chambres font pavées de carreaux de brique de différentes couleurs, enchaffés fort proprement. Dans chaque maifon demeurent ordinairement cinq ou fix familles. Il y a quatre galeries en haut, & autant en bas, & elles répondent toutes à une cour qui eft au milieu. Les chambres ne reçoivent du jour que par la porte, qui eft fi grande qu'elle va jusqu'au plancher; mais celles qui regardent la rue ont des fenêtres. Le toit qui eft plat, pavé & couvert de terre, leur fert de jardin. Il n'y a point de cheminée; on fait du feu dans de grands pots de terre qu'on tient à la porte. On a foin de reblanchir les murailles à l'approche de quelque grande fète. Les Algériens n'ont pour meubles que des pots, des plats, de grandes cueillers, des coffres de bois, une nate, un tapis, un matelas, & deux couvertures étendues fur deux ou trois bâtons qui leur tiennent lieu de lit. La plupart couchent la nuit fur une nate qui leur fert de nape le jour. Le beau bâtiment d'Alger eft le palais du Bacha, qui eft au milieu de la ville, entouré de deux belles galeries, au-deffus l'une de l'autre, foutenues par deux rangs de colonnes de marbre. Il y a deux cours. La plus grande a trente pieds en carré. C'eft où le divan s'affemble les famedis, les dimanches, les lundis & les mardis. Le bacha y traite les confeillers au tems de la fête de Pâques. L'autre cour est devant le palais du viceroi. Il y a neuf beaux bâtimens qu'on appelle Cafferies, Funduques ou Alberga en langue franque. Ils font occupés par fix cents janiffaires qui ont foin de les faire tenir propres par leurs esclaves. Les Turcs mettent les esclaves qu'ils font fur mer dans des prifons qu'on appelle Bagnes ou Bafios des esclaves : il y en a fix, & foixante-deux bains, dont les deux plus beaux ont des chambres pavées de marbre. Les mosquées y paffent le nombre de cent, & la plûpart font fituées le long du rivage de la mer. Il n'y dans Alger ni auberges ni logis publics, de forte que les Maures & les Turcs qui paffent par cette ville, font obligés d'aller loger chez quelqu'un de leur connoiffance; & fi c'eft un marchand Chrétien, les Juifs qui ont leur quartier à part, tiennent des chambres garnies où il peut fe loger. On y trouve force cabarets & rotisseries, où des esclaves Chrétiens vendent, au nom de leurs maîtres, du pain, du vin, & de toutes fortes de viandes. Les Turcs, les Maures & les Renégats s'y vont divertir pêle-mêle; & quoique la loi de Mahomet défende le vin, on ne laiffe pas de s'y enyvrer fouvent.

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Les fauxbourgs d'Alger étoient autrefois fort grands. L'an 1473, on comptoit hors de la ville près de deux mille maifons, que l'on réduifit en cendres au bruit de

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