BATÆ, peuple de la Serique, selon Ptolomée, 1.6. c. 16. Ammien Marcellin, 1. 23. p. 276. éd. Lindebrog. les nomme BETA. BATAILLIER, riviere de France: elle arrose la Provence, & a sa source dans le bois de Laverne, enfuite se vient décharger en la mer à la côte Negre. * Corn. Dict. BATALLO, montagne d'Afrique, dans la province de Sargel, au royaume d'Alger. Les Turcs l'appellent CARAPULA, & les Maures GIRAFLUMAR. Elle est à deux petites lieues de Sargel, vers l'orient, & d'une telle hauteur, que de dessus son sommet on peut découvrir un vaisseau en mer éloigné de douze lieues. Il y croît beaucoup de mures rouges & blanches.* Corn. Dict. La Croix, Hist. d'Afrique, t. 2. BATAN, ville ou bourgade d'Asie, dans la Mésopotamie. Elle est des dépendances de celles d'Arran, qui est l'ancienne Carrac, d'où le patriarche Abraham fortit pour venir dans la Palestine, & auprès de laquelle Cras fus fut défait par les Perses. Mohammed ben Giaber, grand philosophe & mathématicien, étoit natif de la ville de Batan, ce qui le fit furnommer Albatani. * D'Herbelot, Bibl. Orient. BATAN CESARA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Ptolomée, l. 7. c. I. BATANAA, en françois la Batanée. Voyez BASAN. BATAVA pour BATAVIA. Voyez l'article qui fuit. BATAVES, ancien peuple maritime, dans la Belgique, à l'extrémité septentrionale de la côte des Gaules: leur origine est bien marquée dans Tacite, Hift. 1. 4. c. 12. Les Bataves, dit cet auteur, tant qu'ils furent au-delà du Rhin étoient une partie des Cattes. Ayant été chassés de leur patrie par une guerre domestique, ils s'approprierent l'extrémité de la côte de la Gaule où il n'y avoit point d'habitans, & en même tems d'une isle bornée par l'Océan d'une part, & enfermée par le Rhin de tous les autres côtés. On pourroit même croire qu'il y avoit dans le pays des Cattes un canton particulier des BATTEN, Batii, & peut-être étoit-il le long de la riviere de l'Eder, où l'on trouve encore des lieux qui portent dans leurs noms des traces de celui des Batten, savoir, Battenberg, Battenhausen. Les Batten ou (fi l'on veut ce nom en latin) les Batti s'étant rendus dans cette ifle, prirent un nouveau nom formé de l'ancien & du mot Aven, qui fignifie des prairies, des pâturages. (Voyez AW.) Les Romains qui le terminerent & l'adoucirent, felon le génie de leur langue, en firent Batavi. Le pays qu'ils occupent, tant dans cette isle qu'aux environs, a été nommé à cause d'eux l'ifle des Bataves par César, de Bell. Gall. l. 4. c. 10. & par Pline, 1. 4. c. 15. Tacite, Ann. 1. 2. c. 6. le nomme le champ ou le territoire des Bataves; Dion Cassius, 1. 55. Batava; Zofime, l. 3.6. 6. Batavia ; ce dernier nom lui est aussi donné par Eumenius, Paneg. Const. c. 3. & pro restaur. Scholis, c. 21. & par Pacatus, Paneg. Theodof. c. 5. Hadrien Junius, Hift. Batav. c. 4. a voulu ravir ce pays à la Gaule pour le donner à la Germanie, en quoi il a été réfuté par Cluvier, German. ant. l. 2. c. 34. L'entreprise de Junius a été traitée de téméraire par le savant Spener. On ne fait pas quand se fit leur migration de la Germanie dans les Gaules : on fait seulement qu'elle a été unique, & qu'ils se sont tenus dans ce pays, étant toujours comptés entre les Belges. La table de Peutinger, dressée ou gravée par des gens qui étoient sujets à estropier les noms, change celui de Batavia en Patavia, & nomme Patabus une riviere qui coule au-dessous; ou ne sait si on a voulu marquer par ce nom le Vahal ou la Meuse. Les Bataves étoient traités en freres, & en amis du peuple Romain. Tacit. Hift. l. 4. 6. 12. 13. & 1.5.6. 25. dit expressément qu'on ne les chargeoit point d'impôts, qu'ils ne fournissoient à l'empire romain que des troupes courageuses, qui avoient long-tems fait la guerre en Allemagne : ils s'acquirent, dit-il, une nouvelle gloire dans la Bretagne (l'Angleterre,) où il passa de leurs cohortes, commandéespar les plus illustres d'entre eux, felon l'ancienne coutume. Ils avoient gardé dans leur pays, de la cavalerie d'élite, qui ne se faifoit pas une affaire de passer le Rhin à la nage par escadron, sans quitter ni arines, ni chevaux. Les mauvais traitemens qui furent faits à Civilis les aliénerent beaucoup des Romains; mais après que ces desordres eurent cessé, il se reconcilierent de bonne foi, , & furent amis fidéles & conftans jusqu'à ce que de grands partis s'étant formés dans la Germanie en faveur de la liberté, ils aimerent mieux s'y joindre, que de continuer leur attachement aux Romains. Le pays des Bataves, fi nous nous en rapportons à César & à Pline, étoit en partie dans le continent avec le reste de la Belgique, & en partie dans l'ifle que forment les bras du Rhin. Tacite l'appelle l'extrémité de la côte des Gaules. Il s'étendoit donc depuis les Gugernes, le long de la Meuse & du Vahal, entre ces deux rivieres, jusqu'à leur confluent. C'est dans cette partie de la Batavie, qui est en-deçà du Vahal , par rapport aux auteurs romains, qu'étoit la ville des Bataves à laquelle Civilis mit le feu, après sa défaite auprès de Vetera, que l'on croit être SANTEN, & avant que d'abandontier l'isle aux ennemis. Tous les auteurs anciens conviennent que l'ifle des Bataves étoit formée par les deux bras du Rhin, l'un qui garde son nom, dit Tacite, & qui ne perd rien de , la rapidité avec laquelle il parcourt la Germanie, jusqu'à ce qu'il arrive à l'Océan; l'autre plus large, plus tranquille, coule au rivage de la Gaule, & le habitans du pays le nomment le Vahal. Presque tous les anciens conviennent aussi que les Bataves n'occuperent que cette ifle de ce côté, & ne posséderent aucun terrein de l'autre côté du moyen canal du Rhin. Mais on dispute si Drufus, en creusant son nouveau canal, ne changea point l'étendue de l'isle des Bataves, & s'il n'y ajouta point de nouvelles terres. Haemrode, Bat. difcept. Junius, Bat. defc. Pontanus, Chorog. defc. & Cellarius, Geog. ant. l. 2. c. 3. font pour l'affirmative. Cluvier, Germ. ant. l. 2. c. 31. & 3 2. est pour la négative, & en donne de fortes raisons qui me paroissent si concluantes qu'il est étonnant que Cellarius ne s'y soit pas rendu. entre Pour les villes & lieux remarquables de ce pays, on en trouve un sous l'empire de Vespasien, sçavoir: Batavorum Oppidum ou la Ville des Bataves; il n'étoit pas dans l'isfle, mais entre le Vahal & la Meuse. Tacite met dans l'isle quatre villages, où il y avoit garnison, sçavoir Arenacum, Batavodurum, Grinnes & Vada. Entre Batavodurum & la mer, c'est-à-dire, dans la basse partie de l'ifle, Tacite ne met rien; mais Ptolomée y place Lugodinum, qui n'est que le Lugdunum des autres déguisé. L'itineraire d'Antonin, & la table de Peutinger, y mettent plusieurs autres lieux, dont voici les plus remarquables. Trajectus Mannaricium & Albiniana Caftra, on voit assez que c'est Utrecht ; Albiniana Caftra aujourd'hui Alfen, Pretorium Agrippina, dont la distance & le nom font voir que c'est Roomburg, comme qui diroit forteresse des Romains. On ne convient pas assez de ce que c'étoit anciennement que l'Arx Britannica ou Brittenbourg, ville ou forteresse submergée que l'on voit encore fous l'eau, pour en parler ici. Voyez BRITTENBOURG. Forum Adriani est connu aujourd'hui sous le nom de Vorburg. Les Bataves partageoient leur isle avec les CANINEFATES. Voyez ce mot. Quand je parle dans cet article du bras du Rhin, qui bornoit l'isle des Bataves au nord, il ne faut pas l'entendre du cours qu'il a aujourd'hui par le Leck, vers Rotterdam, mais du vieux canal qui passe à Arnhem, à Wageningen à Rhenen, au Vieux Rhenen, à Utrecht, à Woerden & à Leyde, & qui avoit fon embouchure à l'endroit où est Catwyk. Ce que l'on appelle présentement le BETUVE, nom dérivé de l'ancien, n'y répond pas assez exactement, pour que l'on puisse rendre l'un par l'autre. D'Ablancourt qui s'est donné, dans ses traductions très-infidéles, la licence de faire une géographie à sa mode, & toure nouvelle, rend toujours les Bataves de Tacite par les Hollandois, ce qui est ridicule; la Batavie de cet auteur, & la Hollande aujourd'hui, sont très-différentes l'une de l'autre : car il n'entroit dans la premiere qu'un partie de la Hollande méridionale ou Suyd Holland; encore Tome I. Part. II. Q 1 VES. 2. BATAVIA: ce mot se prend dans les écrits des modernes dans un fens plus étendu que dans les écrits des anciens, & signifie quelquefois toute la république des Provinces-Unies. C'est dans ce sens que Despreaux, dans son ode pindarique, appelle BATAVES, les troupes hollandoises, qui étoient commandées par Guillaume III, roi d'Angleterre, lorsque Louis XIV prit Namur. 3. BATAVIA, ville d'Afie, dans l'isle de Java, au royaume de Bantam. Les Hollandois qui en font les fouverains lui donnerent ce nom dès sa fondation. Les François la nomment BATAVIE. Elle fut bâtie en 1619, au lieu où étoit auparavant JACATRA, ville qui fut ruinée pendant les guerres; de là vient que les Javanois ne l'appellent point autrement que Jacatra. Je joindrai ici la description qu'en donne Nicolas de Graaf, celui des voyageurs Hollandois qui en parle le plus amplement, avec connoissance de cause. La relation qu'il en donne se trouve à la fin de ses voyages aux Indes orientales, p. 275. & fuiv. Batavia eft à 6 deg. 10. min. de latitude méridionale, au côté septentrional de l'isle de Java dans une plaine unie, mais basse. Elle a la mer au nord, & derriere de grandes forêts & des montagnes très-hautes. Une riviere qui vient de ces montagnes la sépare en deux. Elle est entourée de murailles de pierre où l'on compte 22 bastions, qu'on appelle Amsterdam, Middelbourg, Delft, Rotterdam, Hoorn, Enchuysen, Vianen, Gueldre, Catzenellebogen, Orange, la Porte Neuve, Hollande, Diest, Nassau, Zélande, Utrecht, Frise, Overissel, Groningue, Zeelande, Kuilenbourg & Midelpunt, ou le bastion du milieu. Il y a quatre portes, dont deux sont fort artistement bâties; l'une est la neuve, l'autre la porte de Diest, les deux autres font appellées Rotterdam & Utrecht. Les deux côtés de la riviere font revêtus de pierre dans toute la ville, & jusqu'à la barriere qui se ferme tous les foirs à neuf heures, & où il y a bonne garde de soldats. La ville est environnée de fossés larges & profonds, & où il y a beaucoup d'eau principalement dans le tems des hautes marées; car alors les chemins près de la ville font souvent inondés. Les rues font, à peu près, tirées à la ligne, larges de 30 pieds, & ont de chaque côté auprès des perrons des maisons, des chemins pour les gens à pied, pavés de briques. Elle a huit rues droites, ou de traverse qui font bien bâties, & proprement entretenues. La rue du prince est la principale, car elle va en droite ligne du milieu du château jusqu'à l'hôtel de ville: elle est croisée en deux endroits par des canaux. Tous les espaces qui sont derriere les maisons sont propres & bien ornés, selon les circonstances; car la plupart des maisons ont des cours de derriere qui donnent de l'air, & de beaux jardins où l'on trouve toutes fortes d'arbres, de fleurs & d'herbes potageres. L'église de la Croix est un bâtiment fort beau & considérable. Elle est de pierre, & fut bâtie l'an 1640. Du milieu du toit il s'éleve une petite tour fort jolie, furmontée d'un ouvrage de fer qui termine à la girouete. Dans la tour il ya une cloche, qui ne sonne jamais que lorsqu'on va prêcher dans cette église, qui est vaste en dedans & fort claire. Il y a pour le foir des luftres de cuivre, comme ceux de Hollande, d'où ils ont été apportés. La chaire du prédicateur, & les bancs des magistrats & des gouverneurs, font trèspropres & bien faits, étant ornés de piéces de rapport, comme ébene & autres bois. L'hôtel de ville, qui fut bâti l'an 1652, est au milieu de la ville, dans une place fort grande & fort unie. Il est à deux étages. La porte qui est de l'ordre corinthien, est au milieu. Il y a au-devant de la salle d'en haut un balcon de pierre qui y répond, par où l'on peut regarder commodément au dehors. On y voit de belles chambres & de beaux appartemens pour les conseillers, pour les échevins, pour les directeurs des orphelins, pour ceux des petites affaires, & pour le chef du conseil de guerre de la bourgeoisie. Il a une cour en dedans entourée d'un mur de pierre fort haut, dans laquelle font les cachots pour garder les malfaiteurs, & les empêcher d'échapper. C'est aussi là que loge le geolier, & autres suppôts de la justice. L'hôpital eft fur la riviere, qui passe au milieu de la ville. C'est là qu'on prend soin des malades, qui y font au nombre de plus de deux cens, quelquefois même plus de trois cens. 11 y a de jolis appartemens pour les directeurs & leur suite, pour le médecin, l'apothicaire, le chirurgien, le trésorier, & pour le concierge de la maison, & les esclaves qui doivent tenir la maison nette, aider les malades, les panfer & leur donner ce qui leur est nécessaire. Tous ces gens-là sont payés & entretenus par la compagnie. Trois personnes considérables ont l'intendance de cette maison, & en font la visite toutes les semaines, prenant foin fur-tout d'examiner, s'il y a parmi ceux qui y ont été conduits quelqu'un qui soit en état de pouvoir reprendre son travail. On y trouve une place fort agréable, où il y a des arbres pour la récréation des malades, qui peuvent aller à la riviere par un quai de bois, & s'y rafraîchir. Tous les foirs & tous les matins, le visiteur des malades fait une priere que le fon d'une cloche annonce. Cette cloche est dans une petite tour au-dessus du toit; l'exercice finit par un cantique. Le dimanche un lecteur lit un fermon, où tous les malades, qui font tant foit peu en état, doivent assister. Le Spinhuis est une maison, où l'on renferme des femmes de mauvaise vie. Cette maison est ainsi appellée, parce qu'on les y fait filer, ou travailler à quelque ouvrage qui leur convient. Il y a donc un Spinhuis à Batavia, qui n'a point de vue au-dehors, finon par une ouverture, qui regarde le côté oriental du canal, où il y a des grilles de fer, & qui est fermé par une fenêtre de bois que personne ne peut déverrouiller que le directeur. Deux échevins ont infpection sur cette maison avec une femme, qui met au travail celles qui font ainsi renfermées, & qui prend soin que chacune d'elles acheve la tâche qu'on lui a donnée, faute de quoi elles n'ont qu'à s'attendre au fouer. Si elles commettent quelque crime, la connoissance en appartient aux magistrats, & ce sont eux qui les font punir. Tous les dimanches on leur dit une prédication, en présence des deux inspecteurs, pour tâcher de les retirer, s'il est possible, de leur libertinage, & leur inspirer la crainte de Dieu. Il y a deux boucheries au bord de la riviere sur des pilotis, qui sont couvertes de tuiles, & toutes les saletés en font jettées dans la riviere. On y tue du bétail deux fois la semaine, & chaque boucher y a son banc, pour y exposer sa viande, & la vendre aux bourgeois, au prix taxé; mais avant qu'il puisse tuer une bête, il faut qu'elle ait été eftimée par le fermier, & que le dixiéme denier en ait été payé; avec cette réserve, que si le fermier l'a estimée trop haut, selon l'avis des autres bouchers, il faut qu'il la prenne pour le prix qu'il y a mis. La poissonnerie est aussi sur des pilotis, & couverte de tuiles Il y a dans le milieu un bureau pour le crieur public qui vend le poisson; & c'est là que doivent aborder tous les pêcheurs, qui viennent de la mer; car le poiffon y est vendu au plus offrant. Presque tous les poiffonniers font Chinois. Ils payent tous les mois deux rixdales pour leur banc avant de pouvoir vendre le poisfon qu'ils ont acheté. Dès qu'il est vendu, le crieur les paye argent comptant, & il a pour fon droit deux fols par réale. Cette vente dure depuis le matin à dix heures jusqu'à quatre heures après midi, & chacun y peut trouver ce qu'il defire en poiffon de mer, ou d'eau douce, selon ses facultés. A l'opposite de la poiffonnerie, mais un peu à côté, est le marché au riz, qui est bâti à peu près de la même maniere, excepté qu'il n'y a point de bancs. On trouve au bout le logement de l'étaloneur, qui deux fois l'année, en janvier & en د juin, marque dans l'hôtel de ville toutes les mesures & tous les poids de la marque publique, en présence de deux échevins, & qui reçoit fix fols pour chaque marque. Les habitans appellent Ganting la mesure dont on se fert pour mesurer & vendre le riz. Elle contient le poids d'environ quatorze livres, qui se vendent d'ordinaire fix fols. Le marché à la volaille est auprès du nouveau pont qu'on traverse pour aller à l'église de la Croix. On trouve là des paniers pleins de toutes fortes de volailles; une poule médiocre s'y donne quelquefois pour deux ou trois fols, & le reste à proportion. Ceux qui les vendent font la plupart des Mardykkes & des Toupasses. Tout auprès il y a quantité de cabanes faités de bambous, où l'on trouve à vendre du poifsson sec, de l'ail, des oignons, 'des œufs, de la poterie, & autres choses semblables. Pour se pourvoir de toutes fortes de fruits & d'herbes, on a un marché le long de la riviere jusqu'au pont neuf. Depuis quatre heures après midi jusqu'au foir, il est plein tant de Chinois & de Mores, qui y portent leurs denrées à vendre, que d'acheteurs & de curieux. Au-delà de l'hôtel de ville, au côté occidental de la place, il y a un bâtiment de bois, qui a cinq allées remplies de part & d'autre de boutiques. Ce font principalement des Chinois, qui vendent là des étoffes, & des habits tout faits. Ils donnent pour cela trois rixdales par mois aux fermiers, & font obligés de tenir ce lieu propre. Chacun peut trouver là de quoi s'accommoder; mais il faut prendre garde à ne se pas laisser attraper par l'adresse des Chinois à faire paroître leur marchandises; car lorsqu'ils ont trompé quelqu'un, bien loin de le cacher, ils s'en vantent comme d'une preuve de leur habileté. L'hôpital des malades & des vieilles gens Chinois qui a été bâti l'an 1646, est près du Spinhuis. Il est environné d'une muraille de pierre. Il y a de bonnes chambres pour les malades, les orphelins, & ceux qui ne fauroient gagner leur vie, & une cour pour récréer les malades. Tous les Chinois, qui représentent des comédies, ou qui font jouer des feux d'artifices, ou qui se marient, ou qui font enterrer leurs morts, sont obligés de payer une certaine somme à cette maison, Plusieurs riches Chinois lui font de grands présens pendant leur vie, & s'en fouviennent encore à leur mort. Deux Hollandois & deux Chinois ont inspection fur cette maifon. Il y a un hôpital où les orphelins font nourris jusqu'à ce qu'ils soient devenus grands. Il est entouré d'un haute muraille de pierre, & a de bonnes chambres pour les orphelins, & pour ceux qui doivent en prendre foin. Cette maison n'avoit point encore de revenus en 1686, & ne fubfiftoit que des aumônes des personnes charitables. Il n'y a point aux Indes de rasphuis, c'est-à-dire, de maisons où les malfaiteurs sont comdamnés à scier du bois du Brefil, ou à travailler comme à Amsterdam; parce que la chaîne de Rosegay, & autres endroits devant Batavia, & les ifles des Robbes, ou Chiens de Mer, & celle de Maurice devant le cap de Bonne Espérance, tiennent lieu de ces maisons pour punir, & dompter les criminels & les méchans. On voit le château, qui est très-beau, à l'embouchure de la riviere tout contre la ville. Il est de pierre & de figure carrée, défendu par quatre bastions, dont l'un est appellé le Diamant, l'autre le Rubis, le troisiéme le Saphir, & le quatriéme la Perle, qui sont revêtus de la même pierre que le corps du château, lequel est pourvu de bons logemens, de gros canon & d'une bonne garnifon. Les fossés en font larges & profonds. Dans l'enceinte du château il y a deux places. La maison où loge le gouverneur général de tout ce que les Hollandois tiennent dans les Indes, est dans la plus grande. La maison est bâtie de brique, à deux étages, de forte qu'on peut la voir de fort loin en mer, par dessus les autres maisons, & par dessus les bastions, & la reconnoître à la tour, qui est au-dessus du toit précisément au milieu, travaillée fort artistement; il y a audessus, au lieu de girouette, un vaisseau de fer, qui tourne au gré du vent. L'entrée est au milieu, & l'on y monte par un large escalier de pierre; c'est là que s'assemblent le grand conseil, la chambre des comptes, & la fecretairerie. Les maisons des conseillers des Indes font auffi fort belles & bien ornées. Elles font aux côtés de la porte qui va à la campagne, laquelle est à l'ouest du château, & il y a des corps-de-garde aux deux côtés. Il y a de plus l'arsenal, les logemens du capitaine de la chambre de la mer, des marchands, du médecin, du chirurgien & de l'apothicaire. C'est auffi là qu'est le laboratoire général pour la chirurgie, & qu'on prépare les caisses de médicamens qui font envoyées dans tous les bureaux hollandois des Indesa C'est là aussi le bureau général, & le lieu où font les archives: tous les papiers & toutes les lettres y font gardées, toutes les affaires qui regardent la compagnie y font traitées & résolues. Il y a un grand nombre de magasins, où l'on garde de toutes fortes de vivres, viande, lard, mom, qui est une bierre forte de Brunswyck, huile, vinaigre, vin, & autres chofes nécesfaires; des caves à mettre la poudre, les feux d'arti fice & autres choses dont on se sert à la guerre. Le château a deux portes principales, dont la plus confidérable est celle qui va à la campagne. Elle a été faite l'an 1636. Il y a fur le fossé un pont de pierre de taille qui a quatorze arches, vingt-fix toises de long, & dix pieds de large. Il est pavé de brique, & a de chaque côté des gardes-foux de pierre. La seconde s'ap pelle la porte de l'Eau: elle est au nord, & fert de corps-de garde & de bureau pour les gardes magasins, qui logent des deux côtés le long de la courtine. Elle a été faite l'an 1630, comme il paroît par l'infcription qui est au-dessus. Il y a deux petites portes dans les courtines à l'orient & à l'occident, qui fervent à charger & décharger le canon, les boulets & les munitions de bouche. Ce château est embelli d'une petite église octogone qui est fort propre, & qui fut bâtie l'an 1644. Elle est fort claire. Le toit qui est appuyé sur des colonnes de bois est en terrasse. Il y a des orgues; le pavé est de pierres blanches & bleues, polies & disposées avec art. Les fenêtres d'en haut font de beau verre de plusieurs couleurs, & celles d'en bas de roseaux fendus, à la maniere des Indes, & disposés fort ingénieusement. La chaire du prédicateur & les bancs du général, des conseillers des Indes & des personnes considérables, font de bois de Kajatte, & autres bois aussi précieux, & travaillés aussi bien qu'il est possible. La ville est environnée de la forteresse à l'orient, jusqu'à la riviere Ansjol, & à l'occident jusqu'à la riviere Anke, le long du golfe de Batavia, au midi, c'est-à-dire, vers la campagne, par le port de Noordwyk, celui de Riswyk, qui a cinq bastions, & par Jacatra; de forte que ceux qui ont des terres, font à couvert des irruptions & des chagrins qu'on pourroit leur faire fans cela, & peuvent cultiver leurs champs & leurs riz fans rien craindre; aussi voit-on hors de la ville de belles allées, des rivieres, des champs de riz & de cannes, & des jardins où il y a de toutes fortes d'arbres fruitiers; quelques - uns même ont de belles maisons, & des lieux de plaisance fort agréables. Pour encourager les gens à cultiver la terre, & à planter des arbres, les magistrats de Batavia firent arrêter, l'an 1659, le cours de la grande riviere, audessus de Riswyk, & la détournerent dans deux canaux larges & profonds, dont l'un va à Riswyk, & l'autre à Jacatra, prenant soin que les champs euffent l'eau qui leur étoit nécessaire. L'un de ces bras fut conduit dans un canal qui va droit à la ville, & est retenu par une digue prés du second pont de la porte neuve. Cette eau fait aller sept moulins; un à bled, un à scier, un à papier, & les autres à poudre, qui rapportent beaucoup de profit à la compagnie. On voit plusieurs tuileries & briqueteries, & un grand nombre de moulins à sucre, qui rapportent beaucoup aux propriétaires, & font d'une grande commodité pour la ville. Il y a un lieu où l'on purifie le foufre, & un autre où l'on blanchit le linge. Afin que ce qu'on doit porter dans la ville, y vienne plus commodément & à moins de frais, on a fait en l'an 1658 une forte écluse de pierre, pourvue de bonnes portes; mais comme le fond n'avoit pas été affez bien affermi, & qu'on ne prit pas le foin qu'il falloit, l'eau l'a gâtée par dessus, l'a ruinée & l'a rendue inutile; de forte qu'ơn y a fait depuis un pont à rouleaux, fur quoi l'on fait passer les bateaux. 1 On a bâti un lazaret hors de la porte de Diest à côté du chemin d'Anke, où tous ceux qui font attaqués de maladie contagieuse sont transportés & nourris. Quelques-uns des plus vieux & des plus considérables HolJandois prennent foin de cette maison. Les habitans de Batavia font ou libres, ou attachés à la compagnie. C'est un mélange de peuples de divers pays; car on voit là des Chinois, des Malayes, des Amboiniens, des Javanois, des Makassars, des Mardykkes, des Hollandois, des Portugais, des François & autres. Les Chinois y font un grand négoce, & contribuent beaucoup à la prospérité de la ville. Ils furpassent de beaucoup tous les autres peuples des Indes dans la connois fance de la mer & de l'agriculture. C'est leur grand foin & leur diligence qui entretient la grande pêche & c'est par leur travail qu'on est pourvu à Batavia de riz, de cannes, de grains, de racines, d'herbes potageres & de fruits. Ils affermoient autrefois les plus gros péages, & les droits de la compagnie. Ils vivent selon les loix de leur pays, & ont un chef qui prend soin de leurs intérêts. Ils portent des robes très-amples qui ont des manches fort larges, de coton ou de foie, chacun selon son état. Leurs cheveux ne font pas coupés à la maniere des Tartares, comme dans la Chine, mais font longs & fort joliment tressés. Leurs maisons font presque basses & carrées. Elles sont en différens quartiers, mais toujours où il se fait le plus de commerce. Les Malayes qui different beaucoup des Chinois en subtilité, font aussi moins propres qu'eux au commerce. Ils s'attachent principalement à la pêche, à quoi ils sont adroits. Ils entretiennent leurs batteaux fort propres & fort luifans. Les voiles en sont de paille, selon la maniere des Indes, & ils savent bien les hausser pour arriver de bonne heure au marché. Le chef de qui ils dépendent a sa maison sur le quai du Rhinoceros, où logent aussi la plupart de ceux de cette nation. Leurs habits font de coton ou de foie; mais les femmes les plus considérables font habillées d'étoffes de foie à fleurs ou à raies, qu'elles disposent d'une maniere industrieuse, afin qu'elles flottent. Les hommes s'enveloppent la tête d'une toile de coton, tant pour la tenir ferme, que pour retenir leur cheveux. Leurs maisons sont fort peu de chose, couvertes de feuilles d'ole ou de jager, & entourées d'arbres de cocos. Il mâchent continuellement du bétel, ou fument avec une pipe de canne vernie. Les Mores ou Mahometans sont à peu près semblables aux Malayes, & habitent au même quartier; mais ils s'attachent un peu plus aux métiers, & à être colporteurs. Ils vont dans lesrues avec de la mercerie, comme du corail, des perles de verre & autres choses semblables. Les plus considérables d'entre eux exercent le négoce fur tout celui de pierre à bâtir qu'ils apportent des ifles dans leurs bâtimens, & qu'ils vendent. Leur maniere de s'habiller est la même que celle des Mores. Les Amboiniens habitent hors de la ville, près du cimetiere des Chinois, fur le chemin de Jacarra. Ils ont un chef à qui ils doivent obéir, qui a fait bâtir en ce lieu-là une belle maifon, fort parée à la maniere de cette nation. La plupart de ces gens là s'entretiennent en bâtifssant des maisons avec des bambous; ce qu'ils font adroitement, accommodant les chassis des fenêtres avec des cannes fendues en diverses figures, tantôt en étoiles, tantôt en carré, pour recevoir le jour par-là. C'est un peuple hardi, plein de courage, avec qui il est difficile de traiter, prêt à se soulever, & dont le meilleur ne mérite point de confiance. Leurs armes font de grands fabres & de longs boucliers, par le moyen desquels ils se défendent avec beaucoup d'adresse des coups de fabre & de fléche. Les hommes ont autour de la tête une toile de coton, dont ils laissent pendre les deux bouts, & ornent de fleurs cette espece de turban. Les femmes portent un habit fort mince, au milieu du corps & s'enveloppent l'épaule d'une toile de coton, qui laisse le bras nud. Leurs maisons font de planches, couvertes de feuilles d'ole, & ont deux ou trois étages, Les Javanois demeurent de l'autre côté du cimetiere, dans des maifons de bambous, felon l'usage du pays: elles font fort proprement faites, & couvertes des mêmes roseaux. Quelques-uns s'occupent à l'agtitulture; d'autres font de petits batteaux avec quoi les habitans portent leurs denrées au marché. Ils s'en fervent pour la pêche; & vont si vite sur l'eau, que les Hollandois disent qu'ils volent. Presque tous les hommes vont nuds, ayant feulement le milieu du corps couvert d'un peu de toile qui leur descend jusqu'au genou. Ils portent quelquefois une espece d'écharpe, où ils cachent un crit, ou quelqu'autre arme. Leur tête est couverte d'un bonnet; mais ils vont pieds nuds. Tout le gouvernement des Hollandois, dans les Indes, est partagé en fix conseils. Le premier & le fupérieur est composé des conseillers des Indes : le général en est toujours le président. C'est dans cette affemblée qu'on délibere sur toutes les affaires générales & d'étar. C'est-là que se lisent toutes les lettres & les ordres des directeurs de la compagnie, & qu'on y répond. Ceux qui ont quelque chose à demander à ce conseil peuvent avoir audience tous les jours. Le second a neuf membres, outre le président. C'est-là proprement le conseil des Indes. Il a en sa garde, le grand sceau, où est représentée une femme dans un lieu fortifié, ayant une balance dans une main, & une épée dans l'autre ; avec des mots autour: Sceau du Confeil de Justice du château de Batavia. Toutes les affaires qui regardent les membres de la compagnie & les chambres des comptes viennent devant ce conseil, qui est appellé confeil de justice. Quand on prétend avoir fujet de se plaindre de quelque sentence donnée par les échevins, on peut appeller à ce confeil, en payant vingt-cinq réales pour l'amende, en cas que la fentence soit confirmée. Le troisiéme est celui des échevins qui font neuf, entre lesquels il y a deux Chinois. C'est-là qu'on plaide toutes les affaires qui font entre les bourgeois libres, ou entre eux & ceux qui dépendent de la compagnie, avec la liberté, comme je l'ai dit, d'en pouvoir appeller au conseil de justice. Le quatriéme est celui des directeurs des orphelins. C'est un confeiller des Indes qui y préside. Il est compofé de neuf perfon nes, de trois bourgeois & deux officiers de la compagnie. Ils administrent le bien des orphelins, confervent leurs héritages, & ne souffrent point qu'un homme qui laisse des enfans les quitte, à moins qu'il ne leur laisse suffifamment de bien, en cas qu'il ne revienne pas. Le cinquiéme y est établi pour les petites affaires. Il a pour président un conseiller des Indes. Tous ceux se qui marient doivent y comparoitre, pour y faire figner leur bans ou annonces, en présence de témoins. Ce conseil prend soin d'empêcher qu'aucun infidele ne se marie avec une Hollandoife, ou un Hollandois avec des femmes du pays, qui ne parlent pas flamand. Le sixiéme & dernier est le conseil de guerre des bourgeois, Le premier officier de ceux qui font libres y préside. Toutes les petites affaires y font portées par l'officier qui a le soin de la garde, & elles y font d'abord décidées. Ce conseil s'assemble à l'hôtel de ville, & tient deux fois la semaine l'audience. 4. BATAVIA, riviere de la Terre Australe, dans la Carpenterland, ou pays de Charpentier. Les Hollandois qui l'ont découverte lui ont donné ce nom: on n'en connoît que l'embouchure. * Baudrand, éd. 1682. 1. BATAVODURUM, ou BATAVORUM OPPIDUM, selon Alting, Not. Batav. Ant. p. 18. ancienne ville des Bataves, située sur le bord septentrional de la Meuse, au fud-est du Bois facré, & au fud-ouest de Nimegue. C'étoit la capitale du pays, & même la seule ville qu'il y ait eu dans ces quartiers-là jusqu'à l'empire de Vespafien. C'est par cette raison, à ce qu'on croit, que Tacite, V. Hift. 19. la nomme simplement Oppidum Batavorum, fans ajouter de nom propre, la trouvant fuffisamment désignée, parce qu'il avoit dit qu'elle étoit la capitale de la nation, & l'endroit où se tenoient Cl. Civilis & Cl. Labéon : car on ne peut placer ailleurs le lieu où même Tacite, IV. Hift. 18. die que les bourgeois eurent du différent au sujet de ces deux généraux. C'est cette même ville où Civilis, après avoir été défait par Cerealis, auprès du lieu appellé pour lors ad Vetera, l'an 70 de l'ere chrétienne, mit le feu avant que de passer le Vahal, voyant qu'il n'étoit pas en état de la défendre par les armes. Ainfi il paroît visiblement que cette ville n'étoit point dans l'isse des Bataves, mais à l'extrémité de la Gaule. Cluvier, Ger. Ant. 6. 19. affure qu'elle subsiste encore aujourd'hui fous le nom de BATEMBURG, formé de celui de Batavedurum. Il paroît vraisemblable par la carte de la Gaule de Ptolomée, Geograph. II. capit. 9. Europ. Tabula III. qu'après que la guerre fut finie, la ville fut rétablie, & que l'on y fixa le fiége de la justice que les Bataves avoient déjà établi auparavant dans ce même lieu, en-deçà du Vahal: car c'est dans l'endroit où cet auteur place Batenburgum, fur la Meuse, qu'étoit Batavodurum. Cluvier reprend à la verité Ptolomée dans cet endroit; mais au lieu d'y avoir de l'erreur, comme il le prétend, il paroit que Ptolomée ne pouvant distinguer cette ancienne ville, appellée Batavorum Oppidum, de plusieurs autres qui se trouvoient alors avoir le même nom, a jugé à propos de se servirdu nom appellatif de Forum Judiciarium, sous lequel elle étoit également connue, & qui la diftinguoit des autres villes. Cependant comme les Bataves avoient deux de ces Forum Judiciarium, l'un dans un village de l'isse, sur le Rhin, & l'autre fur la Meuse, dans l'ancienne ville, Ptolomée auroit dû écrire Batavodurum ad Mosam; mais comme son principal deslein étoit de faire des tables géographiques, il a cru qu'il suffisoit d'avoir marqué Batavodurum, sur le bord de la Meuse. , 2. BATAVODURUM, selon Alting, Not. Batav. Ant. p. 18. ou BATAVODURUM VICUS, village de l'isle des Bataves, fur le bord méridional du Rhin, environ à treize milles d'Utrecht, & à vingt de Batavorum Oppidum. Tacite, V. Hift. 20. place aussi ce village sur la partie supérieure du Rhin, qui étoit la seule dont les Romains fussent encore les maîtres, & où ils avoient leur seconde & leur dixiéme légion avec quelques cohortes alliées & quelque peu de cavalerie. Ce village étoit peu considérable dans ce tems-là, & on y con1truifoit un pont pour la défense duquel étoient préposés les soldats de la deuxiéme légion. Cet auteur ne marque point à quelle distance étoient Batavodurum d'Arenacum; de Grinnes ou de Vada, village des environs: il ne désigne pas même la fituation de ces derniers, observant plutôt dans cette énumération la dignité des garnisons, que l'ordre de la position des lieux: car il nomme d'abord Arenacum & Batavodurum, où étoient les camps des deux légions, quoique ces deux lieux fufsent aux extrémités, & ne nomme que le dernier le lieu où étoient les troupes alliées, quoiqu'il fût située entre les autres. Cependant, comme H. Junius & P. Scriverius ont fait voir par d'anciennes médailles d'or que ce Batavodurum a été nommé par les Romains Dorestate, & qu'il subsiste encore aujourd'hui, fans avoir changé de place; sa juste situation se trouve à treize milles d'Utrecht, & à vingt-deux de Noviomagus, aujourd'hui Nimegue. On y voit à présent une ville avec une citadelle. La ville s'appelle WYK, & la citadelle DUURSTEDE, & toutes deux ensemble WYK-TE-DUURSTEDE. Cet endroit est devenu une ville considérable depuis l'établissement du christianisme; mais du tems de Tacite ce n'étoit qu'un village, puisque dans l'ifle des Bataves il n'y avoit dans ce temslà encore aucune ville. BATAVORUM INSULA. Voyez au mot BATAVES. BATAVORUM OPPIDUM. Voyez BATAVODUBATAUTINGES, rochers de la mer de Sumatra. * Voyage de la Comp. Holland. t. 3. p. 110. RUM. I. 1. BATE, village ou canton de la Tribu Ægeide, dans l'Attique, selon Etienne le géographe. 2. BATE, riviere d'Asse, sur la côte de Malabar : elle a sa source dans les montagnes de Gate, d'où, coulant vers l'occident, elle passe au nord de la petite ville de Bate, & se jette dans le golfe qui est entre Raçaim & les ifles de Bombaïm & de Salcete. * Atlas, Robert de Vaugondy. 1. BATÉCALO OU BATECALOU. Baudrand écrit BATICALON. Le Grand, dans sa traduction de l'histoire de Ceylan, balance entre BATECALOU & MATECALOU. Knox, dans sa carte de Ceylan, écrit BATTACALow, & dans la relation, BATTICALON, royaume de l'ifle de Ceylan, fur la côte orientale: il est borné par la mer au levant, par le pays de Cottiari au nord, par le royaume de Candi au couchant, & par le pays de Paunoa ou Panua au midi. Il peut avoir environ vingt & une lieues de côtes depuis les 7 d. 13 min. jusqu'à 8 d. 12 min. de latitude teptentrionale. Sa largeur, qui est inégale, est d'environ douze lieues & demie au midi, & va en diminuant jusqu'au nord, où elle n'est pas de fix lieues. 2. BATECALO, ville de l'isle de Ceylan, au royaume dont elle est la capitale: elle est située sur la riviere de Paligam, à deux bonnes lieues de la mer. On la nomme aussi MALTECALO. * Voyages de la Comp. Holland. t. 2. p. 533. 3. BATECALO, port de mer de l'ifle de Ceylan, royau me de Batecalo, à l'embouchure de la riviere de Paligam. Ce port est un petit golfe, dont l'ouverture est vers le nord, & où il a deux ifles afssez remarquables par leur grandeur. Les Hollandois y aborderent en 1602 & 1603, & les Portugais ayant reconnu l'importance de ce poste, résolurent d'y bâtir quelques forteresses pour empêcher les nations étrangeres d'avoir par-là aucun commerce avec les rois de Candi. Les terres sont hautes & élevées du côté de Triquinimalé. Il y avoit là un fameux pagode, ou plutôt il y en avoit trois; mais celui qui étoit fur la pointe la plus éminente, qui avançoit dans la mer, & qui dominoit sur toute la baie, étoit le plus considérable. Les Portugais l'abbatirent en 1624, & y bâtirent une forteresse, ce qui toucha vivement les Chingulais; & comme l'air y est mal fain, & qu'on y est sujet à des fiévres chaudes violentes, ces peuples superstitieux crurent que c'étoit un effet de la vengeance de leurs dieux fur les Portugais. Peu de tems après Constantin de Sa, pour achever d'enfermer le roi de Candi, & lui ôter toute communication & tout commerce avec aucune nation, fit encore élever un autre fort dans une ifle qui est à l'entrée de la riviere de Paligam ou de Batecalo: ce fut ce qui acheva d'irriter le roi de Candi, & le détermina à recommencer la guerre. Les Hollandois, alliés avec ce prince, prirent ces forts fur les Portugais, & les lui rendirent, parce que ne fongeant alors qu'au commerce de la canelle, & ces lieux d'ailleurs étant trop éloignés du canton où elle se cueille ils se faisoient un mérite auprès de Henar-Pandar de les lui rendre ; mais ils garderent Punta de Gallé, Calature, & autres places qu'ils aiderent à conquérir fur les Portugais leurs ennemis communs. * Ribero, Hift. de l'Isle de Ceylan, p. 98. Route de Batecalo à Candi. Candi cinq lieues, en tout trente-une lieues & demie. RIVIERE DE BATECALO. J'ai déjà remarqué que cet te riviere porte également le nom de la ville & du royaume qu'elle arrofe, & celui de Paligam: elle a sa source dans les forêts de Tammaquod, province du royaume de Candi, d'où elle coule vers l'orient, jusqu'à ce qu'étant entrée au royaume de Batecalo, elle se tourne vers le midi oriental, passe auprès d'Aldea-More & de la capitale, qu'elle laisse sur sa rive gauche, & à deux lieues plus loin elle se perd dans le golfe où font les ifles dont je viens de parler. * Voyage de Spilberg, entre ceux de la Comp. Holland. t. 2. p. 457. BATENBOURG. Baudrand, Maty & Corneille écrivent BATEMBOURG, par une faute qui leur est commune avec la plupart des François, qui écrivent une M pour une N dans les syllabes qui précedent la finale BERG OU BOURG, & disent Fustemberg, Wirtemberg pour Furtenberg, Wirtenberg, &c. Batenbourg est une petite ville des Provinces Unies des Pays-Bas, au duché de Gueldre, dans la Betuve, fur la rive droite de la Meuse, au-dessous de Ravenstein, & au-dessus de Megen; elle a titre de baronnie. Le duc d'Albe fit trancher la tête aux deux freres de Batenbourg à Bruxelles l'an 1569. Les comtes de Horn font fortis de cette maison. Cette ville est ancienne. Voyez BATAVODURUM. C'est présentement le chef-lieu d'un pe |