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tributs ; mais un tyran s'en étant rendu maître en 1504, à la faveur du roi de Fez, il abolit l'université, & fit vendre les livres dont il tira plus de quatre mille ducas. * Marmol, t. 2. 1. 4. c. 82.

BENI ZANTEN OU BENYE-GINEFEN, petite montagne d'Afrique, dans la province d'Etrif, au royaume de Fez. Sa longueur est de trois lieues & demie, & fa largeur d'un peu plus d'une. Elle est séparée de celle de Beni-Hamet par un grand ruisseau qui prend sa source des fontaines d'alentour, & il y a quantité de vignes dont l'on fait du vin & des raisins secs. Les habitans ne recueillent point de bled; mais ils ont de grands troupeaux de chevres qui font leur principal soutien, outre que cette montagne est couverte de vergers : ce sont de pauvres gens, mais glorieux, qui font trois mille hommes de combat, tous à pied & qui ont toujours guerre avec ceux des autres montagnes. * Marmol, t. 2. 1. 4. c. 93.

BENI-ZARVAL, montagne d'Afrique, dans la province d Errif, au royaume de Fez. Elle rapporte quantité de fruits, de vignes & d'oliviers, de forte qu'avec ce qu'elle a de bled & de troupeaux, le peuple seroit à fon aise sans les impôts excessifs qu'il est contraint de payer aux seigneurs de Chechuan dont il releve. Les habitans, gens simples & toujours occupés à leur travail font deux mille combattans, parmi lesquels il y a des arquebusiers & quelques gens de cheval. On tient dans cette montagne un marché de vivres toutes les semaines, où les autres Montagnards accourent. * Marmol, t. 2. 1. 4. c. 78.

BENI-ZENETE, montagne d'Afrique, qui fait une branche du grand Atlas, & qui prend le nom des peuples qui y demeurent. Ce sont des Béréberes d'entre les Zenetes. Sa longueur est de dix lieues sur cinq de largeur. Elle est à dix-huit lieues de Tremecen vers l'occident, & touche d'un côté au désert de Garet, & de l'autre à celui d'Angad. Cette montagne est haute, rude, escarpée & toute remplie de forêts de carrobiers, Les terres ne produisent point de bled. Ainsi les habitans se nourrissent principalement de carrouges, & man gent de la chair de leur troupeaux qui font en grand nombre. Ils vivent dans des villages tout ouverts, & font braves & honorables. Au plus haut, il y a un lieu fort, par art & par nature, où demeure le commandant qui a plusieurs cavaliers & arquebufiers, & peut faire plus de vingt mille combartans bien expérimentés dans les armes, à cause des guerres continuelles qu'ils ont avec les Turcs & avec les Arabes des déserts, dont ils se défendent par l'apreté de leur montagne. Il y a d'ordinaire de grandes factions & de grandes inimitiés entre ces barbares, sur le sujet du gouvernement, ce qui les expose à de rudes démêlés, lorsqu'ils n'ont point d'ennemis au dehors; car lorsqu'ils en ont, ils se joignent tous pour leur résister. Les Turcs, qu'ils haissent mortellement, n'ont jamais pu les assujettir. * Marmol, t. 2. 1. 5. C. 24.

BENI-ZEQUER, montagne d'Afrique, en la province de Habad, au royaume de Fez. Elle commence à celle d'Arhon, & a de longueur huit lieues d'occident en orient, & trois de largeur. Les habitans qui prennent le nom de leur montagne, recueillent peu de froment, & n'ont que de méchante orge; mais ils ont force troupeaux & vivent assez à leur aise. Ils font d'entre les Gomeres, & il y a parmi eux plusieurs corroyeurs & tifferans. Ils ont grande abondance de miel & vendent quantité de cire tous les samedis en un marché qu'ils tiennent, & où se rendent les marchands de Fez & d'autres villes, & particulierement les Chré tiens qui trafiquent en Barbarie. Ils font quinze mille hommes de combat; gens orgueilleux, barbares & qui s'entretuent souvent par jalousie. Quelques-uns appellent cette montagne BENI - FENSECARE, mais mal à propos. * Marmol, t. 2.1.4. C. 58.

BENIBERA. Voyez ASCALON.

BENIM OU BENIN, ville, riviere & royaume d'Afrique, dans la Guinée. * Corn. Dict.

Le royaume a pris son nom de sa ville capitale, & est borné au nord-ouest par Ulcami, Laboc, Isago & Odobo; au nord par Gaboé, qui est à huit journées

de chemin du grand Benin; au levant par litana Forçado & Ouwerre; au midi par la mer. On ne fait encore précisément jusqu'où va fon étendue du côté du nord, parce qu'il y a des lieux qui font féparés par des bois impénétrables. Tout ce que l'on fait, c'est que d'occident en orient, fa longueur eft de cent cinquente lieues. Il y a aufli beaucoup de villes & une infinité de villages, dont les noms font ignorés. Les villages font entre la ville de Benim, le royaume d'Ulcami, & le long de la riviere qui porte le nom du pays. Cetre riviere, que les Portugais appellent Kio de Benim, & les habitans Arbon, coule au levant de Rio Lagos, à vingt-cinq lieues de là; son embouchure est fort large; quoiqu'il y ait un banc de fable au-devant, les yachs & les chaloupes y peuvent entrer facilement; mais quand on est remonte jusqu'entre Arbon & Goton, on s'apperçoit que fon lit est fort étroit, & le rivage fort recourbé. Au milieu de fon embouchure, lors même que l'eau est plus haute, elle n'a que dix pieds de profon deur. Il en fort beaucoup de petits ruffleaux qui arrosent ce pays, & un entre autres qui va se rendre dans le Rio-Lagos.

La riviere de Benim est la plus considérable de toutes celles du royaume, & l'on y trouve, comme dans toutes les autres, des crocodiles, des hyppopotames, & plusieurs fortes d'excellens poitions. On y en prend un quel quefois qui est fort petit, & on se sent fremir le bras aussi tôt qu'on l'a touché. Près de l'embouchure de cette mente riviere, est le village de Locbo, & en remontant vingt lieues, on trouve une bourgade appellée Arbon ouArgon, qui a cinq cens pas de long, fur cent de large. On ne voit que des buissons dans la campagne, & quelques sentiers si étoits, qu'a peme deax hommes peuvent y paffer de front. Proche de la fource de Benim, qui est trente lieues plus haut, on découvre le village de Goron; il est un peu plus large qu'Arbon, & de la même longueur. A quatorze ou quinze lieues de de village, tirant vers le nord, est une Ville que les Hollandois nomment GRAND-BENIM, parce qu'en tous ces quartiers il n'y en a point de plus grande.

Elle a huit lieues de circuit, en y comprenant le palais de la reine qui en a trois. Elle est fermée d'un côté d'une muraille de deux pieds de haut, faite d'une double palissade d'arbres, avec des fascines au milieu, entrelacées en forme de croix, & garnies de terre grasse. De l'autre côté est un marais, bordé de buiffons, qui, s'étendant d'un bout de la muraille jusqu'à l'autre, fert de rempart naturel à cette ville. Il y a plusieurs portes, hautes de huit ou neuf pieds, & larges de trois; elles font de bois tout d'une piece, & tournent fur un pieu, comme les claies qui ferment les prés. Quant à la ville, elle est composée de 30 grandes rues fort droites, & larges de six-vingt pieds, outre une infinité de petites qui traversent. Les maisons sont en bon ordre, & rangées près l'une de l'autre. Elles ont des toits, des auvents, des balustrades, & font ombragées de feuilles de palmiers & de bananas, parce qu'elles n'ont qu'un étage de hauteur. Celles des gentilshommes ont de grandes galeries par dedans, & plusieurs chambres, dont les murailles & le plancher font de terre rouge. Ces peuples font paroître une grande propreté; ils lavent & frottent si bien leurs maisons, qu'elles font polies & reluisantes comme une glace de miroir. Le palais du roi est au côté droit de la ville, au sortir de la porte de Goton. C'est un assemblage de bâtimens qui occupe un grand espace, & qui est fermé de murailles. Il y a plusieurs appartemens pour les ministres du prince, & de belles galeries, dont la plupart font très-grandes. Elles sont foutenues par des piliers de bois, enchassés dans du cuivre, où sont gravées ses victoires. Le plus grand nombre de ces maisons royales sont couvertes de branches de palmier, disposées comme des planches carrées. Chaque coin est embelli d'une petite tour en pyramide, sur la pointe de laquelle est perché un oiseau du cuivre étendant les aîles. Le roi de Benin entretient un grand nombre de femmes, quelquefois plus de mille. Quand il meurt, on enferme dans une serail celles avec qui il a eu commerce; elles font gardées par des eunuques; chacune a sa chambre à part. Son fucces

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feur hérite des autres. Ce prince paroît en public une fois toutes les années. Il est à cheval, couvert de ses ornemens royaux, avec une suite de trois ou quatre cens gentilshommes. Il a aussi une troupe de joueurs d'instrumens, dont les uns précedent & les autres suivent. La cavalcade se fait autour du palais, sans s'en éloigner beaucoup. On mene enchaînés quelques leopards apprivoisés, & quantité de nains & de sourds qui fervent de divertissement au roi. Pour achever la so lemnité, on étrangle, ou l'on coupe la tête à douze ou quinze esclaves, dans la créance que ces malheureux vont dans un autre pays, où ils ressuscitent, & où leur condition devient meilleure, & que quand on y sera arrivé,chacun retrouvera ceux qui lui appartiennent. Il y a un autre jour où l'on fait voir les trésors royaux, qui consistent en jaspes, en corail, & en d'autres raretes. Dans ce même jour le roi donne les charges, & distribue les récompenfes, qui sont ordinairement des femmes & des esclaves. Il ne se fait rien de considérable qu'on ne confulte la reine mere, à laquelle il fait rendre de grands honneurs, sans qu'il leur soit permis de se voir. Il y a une loi qui le défend. Elle demeure dans une belie maison hors de la ville, où elle est servie par un grand nombre de femmes. Quand la mort du roi arrive, on creuse dans son palais un sépulcre si profond, que les travailleurs tombent fort souvent dans l'eau & se noyent. Le corps étant apporté pour le jetter dans la fosse, tous ses favoris & ferviteurs se présentent pour accompagner leur maître, & l'aller servir en l'autre monde. Ceux qui obtiennent cet avantage, descendent dans son tombeau, sur l'ouverture duquel on roule une pierre, & des gens demeurent pour y veiller jour & nuit. Le lendemain, après avoir levé cette pierre, on demande à ceux qui font enfermés dans le tombeau, ce qu'ils y font, & fi personne n'est allé servir le roi, cela dure quelques jours, pendant lesquels on répond que tels & tels ont pris les devans; & quand on n'entend plus aucune voix qui réponde, ce qui est une assurance, que tous ces zélés courtisans sont morts, on le fait savoir au successeur présomptif de la couronne, qui fait d'abord allumer un grand feu fur le tombeau, pour rôtir de la chair que l'on distribue au peuple. On enterre avec le roi mort la plupart de ses habits, de ses meubles, & de ses coquilles des Indes. Quelques-uns disent qu'on ne jette dans cette fosse que des cadavres sans tête couverts d'une pièce de drap, que personne n'ose ôter, & que pour cela on tue grand nombre de gens par les rues & dans les maisons. Quand le roi n'a point d'enfans, ce qui est fort rare, à cause de la grande quantité de femmes qu'il a, la couronne tombe à ses freres. Ce prince sentant approcher la derniere heure, fait venir un de ses gentilshommes, qui porte le titre d'Onegma, auquel il déclare lequel de ses fils il a choisi pour son successeur. Ce dépositaire de ses volontés est après sa mort régent du royaume pendant quelques jours, & alors tous les héritiers présomptifs de la couronne, lui vont offrir de grands avantages, en cas qu'il les nomme. Il fait ensuite appeller le général de l'armée, qu'on appelle Ouafe Afferri, ou Siaffeere, qui, ayant appris de lui la volonté du feu roi, proclame celui qu'il lui a nommé. Le prince élu se tient à genoux dans ce moment, après quoi s'étant levé, on le revêt des ornemens de la royauté, & il va s'asseoir fur fon thrône, où tous les généraux de l'armée qui le viennent saluer, se mettent à genoux devant lui. La cérémonie finie, le nouveau roi va tenir sa cour dans un village nommé Ocfebos, parce qu'on ne lui permet pas de faire d'abord les fonctions de souverain. On le laisse pourtant entrer dans Benin, lorsqu'on y fait des facrifices d'hommes & d'animaux fur le tombeau de fon pere, & on fait aspersion sur lui du fang des victimes. Lui-même institue à l'honneur de son prédécesseur des fêtes annuelles, qui font célébrées par des facrifices de plusieurs hecatombes, & de quatre ou cinq cens hommes. On en tue vingt-trois par jour, qui font presque tous des criminels dignes de mort, qu'on garde pour cette folemnité. Quand le tems des sacrifices s'approche, & qu'il n'y a pas un affez grand nombre de victimes, on fait la ronde de la ville la nuit, & l'on

mene en prison tous ceux qui se trouvent fans flambeau
dans les rues. Si ce sont des malheureux, leur procès
est bientôt fait; les riches se peuvent tirer de ce mauvais
pas à force d'argent. Le nouveau roi ayant fait connoître
par sa conduite qu'il n'est pas indigne de regner, le gé-
néralle va chercher, & il fait son entrée dans la capitale,
Un de premiers soins qu'il ait, est de pourvoir à la fu-
reté de sa personne & de ses états, en se défaisant de
ses freres. On dit qu'il les contraint de se pendre eux-
mêmes, parce qu'il n'est pas permis de mettre la main
fur les princes du sang; ce qui étant fait, on les enterre
avec pompe. Il est rare qu'il les laisse vivre plus de vingt-
cinq ans, dans la crainte qu'ils ne causent quelque
émotion. Durant le fiécle paflé, un roi de Benin étant
malade, un de ses freres entreprit de l'empoifonner,
d'intelligence avec quelques nobles. Le roi l'ayant sçu,
le fit étouffer; & ayant fait venir tous ceux qui étoient
de la conspiration, il leur fit couper la tête.

Après le général de l'armée, les trois grands fiadors
font les trois premiers ministres de l'étar. Chacun d'eux
gouverne un quartier de la ville de Benin. Les autres
villes ou bourgades ont aussi leurs fiadors. Goton en a
cinq, & Arbon sept. Ceux-ci jugent les causes civiles.
Les criminelles vont toutes dans la capitale, & tombent
entre les mains des grands fiadors, qui donnent fou-
vent le tort à celui qui a moins de coquilles des Indes
pour se racheter. Le roi de Benin peut mettre en un jour
vingt mille foldats sur pied, & lever en peu de tems
une armée de quatre-vingt & de cent mille hommes,
ce qui fait la terreur de ses võisins, & la crainte de ses
peuples. Leurs armes font la pique, l'écu, la zagaie,
l'arc, & les fléches empoisonnées. Les gentilshommes
qui vont faire une campagne, portent un bel habit
d'écarlate, uncollier de dents d'éléphant & de léopard,
& un turban rouge fouré & bordé de peau de léopard
ou de civette, d'où pend une queue de cheval. Les fol-
dats font nuds depuis la ceinture en haut & portent
sur le reste du corps un habit d'une étoffe aussi fine
que la foie. Ils n'oferoient rien garder du butin qu'on
fait, si ce n'est à la dérobée, & en s'exposant beaucoup.
Il appartient tout entier au général. Ils font hardis &
généreux, & n'abandonnent jamais leur poste, quoi-
qu'ils ayent la mort devant les yeux. Après le combat
ils vont remercier le prince de l'honneur qu'il leur a
fait de les employer à son service. On rapporte le reste
des fléches dans l'arsenal, & les Fetiseros on prêtres en
empoisonnent de nouvelles pour remplacer celles qui
se sont perdues. Le roi de Benin a pour vassaux les rois
d'Istana, d'Ouwerre, de Jaboe, d'Isago & d'Odobo',
& tous ses sujets font autant d'esclaves. Ils portent mê-
me une incision sur leur corps, comme une marque de
servitude qui leur est imprimée dès leur enfance. Les
Négres sont plus civilisés, que les autres de la même
côte. Ce sont des gens qui ont une police bien réglée,
& qui vivent en fort bonne intelligence. Ils en ufent
fort honnêtement avec les étrangers, & n'aiment ni le
larcin, ni l'yvrognerie. Les hommes y font mieux faits
que les femmes, & portent quatre ceinturons comme
à Arder, excepté que le menu peuple n'en porte qu'un.
Les femmes ont une cotte qui leur descend jusqu'au
gras des jambes, les cheveux frisés autour de la tête,
comme une guirlande la moitié teinte en noir, l'autre
en rouge, & des boucles de cuivre aux bras. Personne
à la cour n'ose se couvrir d'un habit, s'il ne l'a reçu da
roi, ni laisser croître ses cheveux, s'il n'en a la per-
mission expresse. Quelquefois au lieu d'un habit, ce
prince donne une femme aux jeunes gens; ils obtien-
nent par là le privilége de s'habiller & d'entretenir leur
chevelure. Les filles même n'ofent porter une robe,
jusqu'à ce que celui qui les prend en mariage leur en
donne; de forte que l'on voit des personnes de l'un &
de l'autre sexe courir tout nuds par les rues, fans aucu-
ne honte. Les hommes peuvent épouser autant femmes
qu'ils veulent, & entretenir encore des concubines;
mais il est défendu aux femmes négres, fur peine de la
vie, d'avoir habitude avec les étrangers blancs. Lors-
qu'une femme a un fils, fon mari mourant, elle de-
vient son esclave, & ne fauroit se remarier, s'il ne le
permet. Si quelqu'un veut avoir la mere, il est obligé

de

:

:

de la demander au fils, & de lui donner une jeune fille en sa place, pour obtenir son consentement. Ce fils exige ordinairement de celui à qui il veut bien accorder fa mere, qu'il ne pourra la vendre sans la permiffion du roi. Pour les filles, fi-tôt qu'elles ont treize à quatorze ans, elles cessent d'être sous la direction de leur pere.

Quand un homme est mort, toutes les femmes qui lui appartiennent, & avec lesquelles il a couché, font à la disposition du roi. Les autres toinbent en partage aux enfans mâles qu'il a laissés, qui les gardent pour eux ou les remarient à d'autres. De ces femmes qui dépendent du roi, ce prince en fait souvent les plus jolies Regetaires, c'est-à-dire, des courtisanes, qui font obligées de lui faire part du gain qu'elles font. Si par hasard l'une d'elles devient grosse, & qu'elle accouche d'un fils, elle est affranchie de ce tribut. Si c'est d'une fille, le roi prend cette fille sous sa protection. Ces regetaires forment une espéce de république à part, & ont leurs officieres collecteuses, qui ressortissent immédiatement aux grands fiadors.

Le meurtre n'effraie point ces peuples, & la mort des personnes diftinguées entraîne ordinairement un grand nombre de leurs esclaves. On raconte d'une femme qu'étant prête de mourir, elle ordonna que l'on îmmolât 78 esclaves qu'elle avoit, & que pour fournir le nombre de quatre-vingt, elle voulut qu'on y ajoutât deux de ses enfans, un garçon & une fille. Ils enterrent les morts avec leurs habits. Les sept jours qui suivent celui de la sépulture, sont des jours de fêtes, pendant lesquels on danse au fon du tambour & des instrumens, autour du tombeau; quelquefois ils ouvrent le sépulcre pour faire de nouvelles offrandes d'hommes & de bêtes à ces cadavres. Après la mort d'une femme, ses parens prennent les pots, les caisses, les coffres & tous les meubles qu'ils trouvent dans la maison, & les portent fur leur tête dans les rues, chantant fur des instrumens les louanges de la défunte. Le mari demeure le maître de tout, & les enfans n'ont de leur mere que ce qu'elle a puleur donner pendant sa vie. Au contraire, les femmes n'héritent de rien, & à la mort de leurs maris, si elles n'ont point d'enfans mâles, elles tombent en la puissance du roi.

Quoique 'ces Négres reconnoissent un Dieu qui gouverne tout, & qui a créé le ciel & la terre, ils s'imaginent que, comme il est bon de sa nature, il n'est pas nécessaire de le servir; mais qu'il faut appaiser le diable par des sacrifices, pour empêcher qu'il ne leur fasse du mal. Ils nomment Dieu Orifa. Ils adorent les idoles d'herbe verte, de bois & d'autre nature, qu'ils appellent Fetisis. Ils entretiennent des prêtres qui contrefont les magiciens, auxquels ils demandent confeil dans leurs doutes. Ces prêtres font nommés Fetiseros. Les Beniniens font tous les ans un grand sacrifice à la mer, afin qu'elle leur foit favorable ; & leur plus grand ferment, lorsqu'ils jurent, est par l'Océan, & par leur roi. Ils ont plusieurs fêtes qu'ils célèbrent avec des jeux & des danses, & beaucoup de bonne chere, mais ils les fouillent par des sacrifices d'hommes. Près de l'embouchure du fleuve Benin, dans le village de Loebo demeure un fameux Fetifero, qui en est seigneur, & qu'on dit descendu de pere en fils de célèbres magiciens. Ses premiers ancêtres se faifoient passer pour les maîtres de la mer & des tempêtes, & l'on prétend qu'ils avoient prédit que des vaisseaux étrangers aborderoient en leur pays, long-tems avant que l'on y en vit paroître. Cela obligea le roi de Benin de leur faire présent de ce village, & de tous ses habitans. Leurs successeurs en jouissent encore présentement, & font le même métier. Comme ce prétendu magicien fait le possédé, pour se conserver de la réputation, ceux de Benin n'ofent l'aller voir lotsqu'ils viennent dans ce village, & il lui est aussi défendu d'entrer dans Benin.

Le terroir de ce royaume est bas, couvert de bois & entrecoupé de rivieres, & d'étangs en quelques endroits: il y en a d'autres où il manque d'eau, comme fur le chemin de Goton au Grand Benin. Le roi paye des gens pour en fournir aux voyageurs. Ces of ficiers ont soin d'en tenir de grands pors pleins d'es

pace en espace, avec une conque pour boire; mais personne n'oferoit en prendre fans payer; & fi l'on ne trouve point le commis, on y laisse l'argent, & on pourfuit fon chemin. Ce pays est fécond en bêres farouches & privées; l'on y voit des éléphans, des tigres, des léopards, des cerfs, des sangliers, des finges, des civettes, des chats sauvages, des chevraux, des ânes, des liévres, des chevres & des brebis qui ont du poil au lieu de laine. On y trouve aussi de toutes fortes de reptiles, ferpens, limaçons, crapaux, & de plusieurs espéces d'oiseaux, des perroquets, des pigeons, des tourterelles, des cicognes, des perdrix & des autruches. Les plantes y viennent fort bien, & le chemin de Goton à Benin est tout bordé d'oran gers & de limoniers. Il y croît du poivre, mais moins qu'aux Indes, & la graine en est plus petite.

C'est le pays du coton. Les arbres qui le portent en produisent beaucoup, & les habitans en font des habits. Ces habits font de fils de coton, composés de quatre bandes, qui ont deux aunes & demie, ou trois aunes moins un quart de long sur deux de large. Il y en a de plus petits qui ne font que de trois bandes. Tous les quatre jours on tient un marché à Goton, où l'on apporte des provisions de bouche, & des habits à vendre, d'Arbon, de Benin & de Cofo, qui est à une journée au-delà de Benin vers le levant. Il y a entre Benin & Goton plusieurs grandes plaines qui fervent de marché, & de rendez-vous aux paysans d'alentour pour se fournir de toutes les choses dont ils ont besoin. Lorsqu'il survient quelque différent entr'eux, ce font les nobles du pays qui le décident. Le commerce & la milice sont des offices séparés, & personne n'a droit de rien acheter des Européens, que les fiadors & les marchands que le roi nomme pour aller négocier avec eux. Un soldat ne fauroit entrer dans le magasin des Chrétiens, fans se mettre en danger d'être puni.

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Si-tôt qu'un vaisseau a jetté l'ancre fur cette côte, on en donne avisau roi, qui mande quelques fiadors & vingt ou trente marchands, auxquels il donne pouvoir d'aller trafiquer avec les blancs. Ces commis fe rendent en diligence à Goton où les Hollandois ont un magasin, & prennent fur le chemin autant de canors & de rameurs qu'il leur en faut pour arriver promptement. Ils marquent là les maisons les plus commodes & y font porter leurs marchandifes fans s'informer si le maître en eft content. Il faut même bien souvent que les habitans de Goton abandonnent leurs maisons, & fe retirent ailleurs pour leur re place. La premiere entrevue des fiadors & des Hollandois n'est qu'une visite de civilité. Les premiers fuperbement habillés, & portant un collier de jaspe ou de corail fin, vont faluer les autres de la patt du roi. Ils leur demandent des nouvelles de l'Europe, après leur avoir offert quelques fruits que le prince leur envoye; les Hollandois répondent à leurs complimens par truchement, & ils ne les interrompent que pour boire. Le lendemain les fiadors reviennent & demandent à voir les marchandises que les Hollandois ont apportées. Si ce font des choses qu'ils ayent déjà vues, ils les prennent sur le même pied ; & fi c'est quelque chose de nouveau, ils marchandent tant qu'ils peuvent, & fouvent des mois entiers.

Les marchandises que les Hollandois appottent dans ce pays, font des draps d'or & d'argent, des draps rouges & de l'écarlate, des pots à boire qui ont des rayes rouges au bout, de toute forte de coton fin, de la toile, des oranges, des limons, & autres fruits verts, confits, du velouts rouge, des brasselets de cuivre jaune, du poids de cinq onces & demie, de la lavande, du fleuret violet, du corail fin, des étoffes de Harlem fott goithmées & à fleurs, des pendans d'oreilles de verre rouge, des miroirs dorés, des barres de fer, des pierres crystalines, des bojes ou coquil les des Indes, qui leur fervent de monnoie. Les mal chandises que les Hollandois prennent en échange, font des habits de coton rayés, qui se débitent fur la côte d'Or, & des bleus qu'on vend fur la riviere de Gabon, & fur celle d'Angola, des pierres de jaspe, Tome I. Part. II. Z

des femines esclaves, car ils ne veulent pas vendre les hommes, des peaux de léopards, du poivre & de l'acori, qui est une espéce de corail bleu, qui croît en forme d'arbre dans l'eau, fur un fond pierreux.

NISORS.

1. BENISSONS - DIEU, abbaye de France. Voyez 2. BENISSONS - DIEU, OU LA BENISSONS-DIEU, Benedictio Dei, abbaye de filles, en France, de l'ordre de Citeaux, filiation de Clairvaux, au diocèse de Lyon, dans le Forez, fur la petite riviere de Sorin, à trois lieues au nord de Rouanne, confins du Forez, de la Bourgogne & du Lyonnois.

BENIT (LELAC), lac de Savoye, dans le Faussigny, au-dessus d'une montagne, du côté de Bonneville. Il a mille pas de circuit. On l'appelle ainsi parce que deux paroisses voisines vont tous les ans y faire une cérémonie le jour de faint Claude, pour être préservées de fon inondation. * Davity, t. 2. p. 447.

BENLAUNI, ancien peuple de la Vindelicie, selon Prolomée, 1. 2. c. 13. Ses interpretes (Edit. Bertii) mettent en marge Perlacherheyd, comme si c'en étoit le nom moderne ; & comme Ptolomée, avant ce peuple, parle de deux autres peuples qu'il nomme LEUNI & CONSUANTE, ces mêmes interpretes ajoutent en marge: Aujourd'hui dans ce même canton est la petite ville de Weilheim. Ortelius, Thefaur. le dit dans les mêmes termes, non pas des peuples Leuni & Confuanta, mais des Benlauni. Baudrand, éd. 1682, rapporte le sentiment d'Ortelius, & écrit Vueilheim. Il ajoute que d'autres croient qu'ils étoient dans le pays où est présentement le marquisat de Burgow en Suabe, du côté d'Ulm.

BENNA. Etienne le géographe dit que c'étoit une ville de Thrace; qu'on écrivoit ce nom tantôt avec deux N, tantôt avec une seule; que quelques - uns l'écrivoient par une diphthongue, & d'autres par un E fimple, & il témoigne approuver ce dernier. Il appelle Byvas apparemment Bένναιος un homme de cette ville. Il dit que le golfe Bennique, Βεννικός κόλπος, en prenoit le nom. Il ajoute que les habitans de ce pays étoient nommés Bennasiens. Le canton où étoit cette ville est sans doute ce que Ptolomée, 1. 3. c. 11. nomme Bennique, dans la Thrace, & Pline, 1. 4. c. II. en appelle les habitans BENNI.

BENNAVENNA, BENNAVENTA, & BENNAVENTo; c'est ainsi qu'on lit dans les divers exemplaires de l'itinéraire d'Antonin: c'est le nom d'une station romaine dans la Grande-Bretagne, sur la route de Blatum-Bulgium, au port Ritupa, Rutupia, c'est-à-dire, de Boulnesse à Stonar, aujourd'hui Sandwick. Gale, In Anion. p. 59. dit que c'est Wedon. Il y avoit autrefois, dit-il, une station romaine à l'endroit où est présentement CASTLE-DIKES, qui se voit à environ mille pas de Wedon. Dans cette contrée, ajoute-t-il, font les fources de deux rivieres, nommées également en latin Aufona. L'une qui garde un reste de l'ancien nom, s'appelle l'Avon, l'autre est nommée Nen. Le mot Pen, dans l'ancienne langue des Bretons, fignifie la tête, & les Romains disoient la tête d'une riviere pour dire sa source. De ce mot Pen & du mot d'Avon, ce lieu avoit été nommé Pennavenna. Il est à vingt milles Anglois de Cleybrook, que le même Gale prend pour le Venonis d'Antonin, qui compte entre Venonis (Vennona) & Bennavenna dix-sept milles. On trouve, poursuit-il, à Wedon des preuves de son antiquité, & j'y ai moi-même ramaffé des médailles romaines. Dans une autre route, Antonin compte de Venonis à Bennavenna dix-huit mille pas; & dans cet endroit, Gale, Ibid. p. 108. prétend que c'est le même lieu qu'lsaŇAVATIA. Voyez ce mot.

Corneille fait deux articles de suite, l'un sous le titre de Bennavenna, cité ancienne des Catieuchlains; & il dit que cette ville est celle d'Angleterre, qu'on nomme présentement Northampton. L'autre sous le titre de Bennaventa, ville ancienne des Catieuchlains. Les géographes, dit-il, croient que cette ancienne ville est le bourg ou village du comté de Northumberland, que l'on appelle aujourd'hui Veedon. Ce qui a trompé Corneille, c'est qu'il a pris ces deux articles en deux

différens livres. La double orthographe & la double explication l'ont abufé. Ortelius cite Cambden, & veut que cet auteur ait dit que Bennavantum est présentement Northampton. Cambden dit au sujet ducomté de Northampton, que Veedon est la Bannavenna d'Antonin; qu'il craindroit de trahir la vérité s'il pensoit autrement. Il avoue qu'il a été autrefois d'une autre opinion, & allegue les motifs qui l'en ont fait changer.

BENNEFENSIS OU BENEFENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Bizacène, selon la notice d'Afrique, qui fait mention d'Hortulan, évêque de Benefe, Benefenfis. On trouve dans la conférence de Carthage, p. 270. Ed. Dupin. Æmilianus Bennefenfis. L'auteur de la vie de saint Fulgence, c. 14. dit que le monastere où ce saint se retira, étoit contigu au rivage de Benefe, Benefensi Littori maxima ex parte contiguum. Guntafius Benefenfis, évêque de Benefe, souscrivit au concile nommé Cabarfuffitanum Concilium par Dupin, Cabarsieffitanum par le P. Labbe, qui dit qu'il fut tenu sous le pontificat de Syrice, l'an 394.

BENNINGDON: on trouve dans les chroniques faxones d'Angleterre BENNIGTUM, BYSINTUM, BENESINGTUN, BENETONE. On doute si c'est aujourd'hui Benfon ou Benfington, au comté d'Oxfort, aux frontieres de Berckshire, ou Bennigton en Hardfordshire. Ces mêmes chroniques nomment Benefica une des trois rivieres qui coulent en Hardfordshire, & entre lesquelles le roi Edouard fit bâtir un fort l'an 913.11 y a deux petites rivieres qui tombent dans la Lea, entre Hardford & Ware, & elles ne fauroient être que celles que l'on appelloit autrefois Memera & Benefica; mais laquelle des deux est Memera ou Benefica? C'est ce qu'on ne peut décider que sur de légeres conjeCtures, au rapport de Gibson. L'une des deux a fur sa rive un village nommé Bennington, & ces trois lettres Ben, qui font initiales dans les deux noms, font conjecturer que le nom de la riviere a fourni celui du village, ce que l'on voit affez communément en Angleterre. L'auteur cité laisse à chacun la liberté d'en croire ce qu'il lui plaira. Vers l'an 850, dit le pere Labbe, il se tint à Benningdon un concile, sous le regne de Bertulfe, roi de Mercie. Corneille fur ces indices dit: Benningdon, ville d'Angleterre, dans le pays des Merciens: ensuite de quoi il parle du concile. Il y a lieu de douter que la Benningdon où s'est tenu le concile soit le même lieu que Benningdon, duquel parle Gibson, & dont il est fait mention dans la chronique faxone d'Angleterre. On y lit que l'an 571, Cutwulf fit la guerre aux Bretons auprès de Bedicanford (Bedford) & prit quatre petites villes, savoir: Lygeanburg (Leighton) Egelsburgh (Ailesbury) Bennington, & Egonesham (Ensham en Oxfordshire.) Il est remarquable que quelques exemplaires de cette chronique, n'ont pas Benningtun mais Benefingtun; & Gibson dans sa carte Saxone met Benfington au nord de la Tamise, au-dessous de Dorchester; assez loin de Hardford, qui n'étoit pas du royaume de Mercie, où il faut que le concile se soit tenu; mais Benfington en étoit; au lieu que Bennington, village situé sur une des deux rivieres qui tombent dans la Lea, n'en fauroit avoir été.

BENNOPOLIS. Surius cité par Ortelius, Thefaur. dit que la ville de Hildesheim a été nommée Bennopolis, à cause de S. Bennon qui y étoit né. * Baillet, Topogr. des Saints, p. 560.

BENOISTE VAUX, Benedicta Vallis, abbaye de filles, de l'ordre de Citeaux, en Champagne, au diocèse de Toul, dans les bois, entre Chaumont & Joinville, vers le levant. Cette abbaye ayant été ruinée, les religieuses se sont retirées dans un fauxbourg de Chaumont.

BENSE (L'isle de), isle d'Afrique, à l'entrée de la riviere de Sierra Leona, à neuf lieues de la rade. Cette isle a peu d'étendue, & le terroir en est stérile. Les Anglois y avoient élevé un petit fort qui fut pris & rafé par les François, le 17 Juillet 1704. * Barbot, p. 428.

BENSHEIM, ville d'Allemagne, au Palatinat, dans de Bergstrass, & dans le bailliage de Starkenburg, fur le ruisseau de Lauter, à deux milles de Weinheim, en tirant vers le nord, fur la route de Heidelberg à Francfort. Ce nom étoit connu avant celui de Heidelberg, dès l'empire d'Otton I, ce n'étoit d'abord qu'une métairie, puis un village. Otton, à la priere de l'im pératrice, y institua un marché toutes les semaines ou une foire annuelle, & le produit de la douane fut donné en partie au monaftere de Lorsch. L'anil, négligeoient les lettres, le savoir-vivre, & ne s'at

pouvoient naviger jusqu'en Egypte, & par le golfe de Corinthe, il leur étoit aisé de faire voile vers l'Italie. Le même Ephorus regardoit l'Euboée comme partie de la Béotie, vu qu'elle n'en est séparée que par l'Euripe, canal qui est fort étroit. Il ajoute qu'elle étoit en état de se faire un vaste empire; mais que l'indociliré de la nation, toujours mécontente de ses chefs, avoit été un obstacle à fon aggrandissement. Les Béotiens, dit

1504, le landgrave de Hesse l'affiégea. La bourgeoisie se défendit si bien qu'elle donna à l'électeur Philippe le tems de venir de Heidelberg la dégager. Le landgrave leva le fiége & incendia tous les environs en se retirant. Elle a été prise & reprise plusieurs fois, & faccagée durant les longues guerres civiles d'Allemagne. * Zeyler, Palat. Topog. p. 12.

BENTHEIM OU BENTHEM, bourg d'Allemagne, au cercle de Westphalie & au comté de même nom, avec un château bâti sur le sommet d'une montagne, au pied de laquelle passe la riviere de Wecht. Ce château donne le nom au pays, & à une famille qui est partagée en trois branches. L'aînée a le comté de Teklenbourg, la feconde le comté de Bentheim, & la troifiéme le comté de Steinfurt. A l'égard de cette famille, voyez les articles de Steinfurth & Teklenbourg. * Baudrand, édit. 1705. Hubner Géograp. pag. 509.

LE COMTÉ DE BENTHEIM, petit pays d'Allemagne, en Westphalie; il s'étend en long du feptentrion au midi, le long de la riviere du Wecht, entre le pays de l'évêque de Munster, au levant l'Overissel, & la Twente au couchant. Il prend son nom du château de Bentheim.

BENTENSIS. Les notices de l'Empire, Sect. 42. mettent entre les procurateurs des Gynecies, Procurator Gynacii in Britannis Bentensis, selon l'édition du Louvre; celle de Pancirole porte Biennenfis, & dans son commentaire il change ce nom en celui de Dremtenfis. J'aime mieux croire avec, Ortelius, Thefaur. que Bentensis est le vrai nom, qui avec le seul changement d'un V en B, a été mis pour Ventenfis de Venta. Il y avoit plus d'une ville de ce nom dans la Bretagne. Ces Gynecies étoient des lieux où l'on assembloit beaucoup de femmes que l'on occupoit à filer des laines pour les habits des troupes, & à préparer des chanvres, à faire des cordes pour les machines, & des voiles pour les vaisseaux, & autres usages qui concernoient l'utilité publique. Ces Gynecies avoient un procurateur chargé de la subsistance des personnes qui y étoient occupées, & du soin de fournir ce qui leur étoit nécessaire pour le travail. Les Romains en avoient dans beaucoup de grandes villes des Gaules, à Arles, à Lyon, à Rheims, à Tournai, à Tréves, à Mets, &c. & ils en avoient aussi en Angleterre, & principalement à Venta. C'est ce que la notice nomme Bentense Gynacium.

BENTICHI. Voyez HERACLÉE. BENTITIANA. Voyez VENTOTIENE. BENTIVOGLIO, bourg & château d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife, au Bolonois, à dix milles de Bologne au feptentrion, sur le chemin de Ferrare. Ce lieu étoit autrefois considérable; mais il fut ruiné par le pape Jule II, & est encore à présent en très-mauvais état. C'est de là que vient la famille de Bentivoglio, qui a eu la principauté de Bologne durant plusieurs années. 1

BEOL. Voyez BOHOL, ifle d'Afie, l'une des Philippines.

BEOLOY-OSTROF, ifle de l'empire Russien. Les Hollandois lui donnent 70 deg. de latitude septentrionale,, & 84 d. de longit.

BÉOTIE; quelques-uns écrivent BÉOCIE, Bæotia, ancienne province de Grece. Elle étoit entre l'Attique, la Locride & la Phocide. Ephorus, au rapport de Strabon, 1. 9. p. 400. disoit que cette province a cela de fingulier, qu'elle touche à trois mers, & a quantité de ports. Les trois mers qu'il entendoit, font la mer Supérieure, qui est entre la Macédoine & l'Ionie, la Propontide & la Méditerranée, par où les Béotiens

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tachoient qu'à l'art militaire. La Béotie fut d'abord occupée par des peuples barbares, les Aones & les Temnices, qui faifoient des courses depuis Sunium, les Leleges & les Hyantes. Elle fut ensuite peuplée de Phéniciens, que Cadmus avoit amenés de Phénicie; ce chef ayant enceint de muraille la ville Cadmeia, qui porta fon nom, laissa la couronne à ses descendans. Ceuxei ajouterent à la ville de Cadmus celle de Thebes, & la plus grande partie de la Béotie; ils étendirent leur royaume jusqu'à la guerre des Epigones. Dans ce tems, ils abandonnerent en quelque façon la ville de Thébes, mais ils y revinrent. Les Thraces & les Pelasges les ayant chassés, ils établirent en Thessalie, avec les Arnéens, une république qui dura long-tems, & ils furent tous appellés Béotiens. Dans la suite ils rentrerent en possession de leur pays, après que l'on eut assemblé à Aulide de Béotie la flotte Æolienne pour mener les fils d'Oreste en Afie. Ayant ajouté l'Orchomenie à la Béotie, (car Strabon prouve que ces deux contrées n'étoient pas uniesanciennement, parce qu'Homere ne nomme pas les Orchomeniens avec les Béotiens, mais à part, sous le nom de Minyes;) ils joignirent leurs forces, chasserent du côté d'Athenes les Pelasges, dont le nom fut donné à une partie de leur capitale, & qui se retirerent au pied du mont Hymette." Ils obligerent les Thraces de reculer jusqu'au Parnasse. Les Hyantes allerent bâtir Hyampolis dans la Phocide. Ephorus rapporte que les Thraces firent une tréve avec les Béotiens; que ceux-ci se croyant en paix, négligerent de faire bonne garde, que les Thraces les attaquerent de nuit, & furent répouffés. Comme on leur reprochoit leur mauvaise foi ils répondirent qu'ils avoient bien fait la tréve pour le jour, mais non pas pour la nuit. Cette réponse donna lieu au proverbe la fubtilité des Thraces. Il raconte aussi que durant la guerre, les Pelasges & les Béotiens envoyerent confulter l'oracle. Il ne dit pas quelle réponse enrent les premiers, mais il dit que la prêtresse répondit aux Béotiens, qu'ils feroient bien leurs affaires , s'ils commettoient une impiété. Leurs députés crurent qu'elle se moquoit d'eux, parce qu'elle étoit compatriote des Pelasges, la faifirent & la jetrerent dans le feu, prétendant avoir fatisfait aux ordres de l'oracle, ftelle l'avoit rendu de bonne foi; ou l'avoir punie, fi elle les avoit voulu tromper. Ils furent arrêtés, & les gardes du temple n'oferent les faire mourir sans leur donner des juges. On choisit pour cela des prêtresses; mais elles n'étoient plus que deux. Les députés alléguerent que les femmes n'ont nulle part le droit de juger. On joignit deux hommes aux deux prêtresses. Ceux-ci déclarerent innocens les députés, que les prêtresses condamnoient à mort: les voix étant égales pour & contre, celles qui étoient favorables l'emporterent. De là vint que lorsque les Béotiens confultoient l'oracle, c'étoient des hommes qui leur répondoient, au lieu que c'étoient des femmes pour toutes les autres nations..... La guerre que les Perses firent auprès de Platées fit beaucoup de tort à la Béotie; mais elle se rétablit si bien, que les Thébains se virent ensuite en état de disputer l'empire de toute la Grece; ils gagnerent deux batailles sur les Lacédémoniens. La derniere ne laissa pas de leur être funeste, car ils y perdirent Epaminondas, & avec lui l'espérance de la primauté. Ils épouserent néanmoins la querelle des Grecs contre les Phocéens, qui avoient pillé un temple qui étoit commun à toutes les nations de la Grece. Cette guerre les affoiblit; les Macédoniens ravagerent ensuite leur capitale, qui du tems de Strabon méritoit à peine le nom d'un village remarquable. Il dit que les autres villes de la Béotie eurent le même

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