BANDER, ce nom en persan signifie UN PORT DE MER. 1. BANDER, ville du Mogolistan, en Afie, dans le royaume & fur le golfe de Bengale, à l'embouchure la plus orientale du Gange, environ à quarante lieues de la ville de Chatigan. * Baud. ed. 1705. 2. BANDER ABASSI, c'est-à-dire le PORT D'ABAS, selon Chardin, Voyag. 1. 9. p. 241. c'est-à-dire du roi Abas le Grand, parce que ce prince le prit sur les Portugais l'an 1614. Ils s'en étoient emparés sur le roi de Laar l'an 1611, & y avoient bâti deux forteresses; c'étoit afin d'avoir de l'eau & des vivres pour leur ifle d'Ormus qui n'en sauroit avoir que de dehors. Ce port, lorsqu'ils le prirent, étoit possédé par le roi de Laar, qui s'étoit démembré de l'empire de Perse, du tems d'Ismaël Sephi, grand pere du roi Abas. Mais ce prince ayant réuni par conquête de royaume de Laar à fon enpire, envoya un de ses généraux nommé Daoud Can, le long du golfe, & celui-ci au bout de quelques années chassa les Portugais de leur ifle, & fon da ce port, qu'il nomma port d'Abas, où il mit une grosse garnison pour empêcher les descentes des Portugais. Ce lieu s'appelloit auparavant Gombron. La plûpart écrivent Gomron, d'autres Komron, mot turquesque, qui fignifie lieu de Douane, parce que c'étoit le port où l'on s'embarquoit communément pour Ormus, pour l'Arabie & pour les Indes. C'est à présent le plus célèbre abord de la mer Persique. Le Bander Abassi est bâti le long de la mer, si proche du rivage, que les flots viennent laver le pied des maisons dans les hautes marées. Il est situé justement entre les isles d'Ormus & de Kichmichs, que l'on voit, la premiere à gauche, & l'autre à droite, à environ quatre lieues de distance. La côte d'Arabie, que l'on voit aussi à la droite, n'en est qu'à vingt lieues : & comme cette côte est de hautes montagnes, on la voit fort à plein du Bander Abassi quand le ciel est serein, Cette place a aussi de hautes montagnes derriere foi, à trois lieues seulement, lesquelles ne sont pas stériles comme dans la plus grande partie de la Caramanie déserte, mais fertiles, chargées de bois & abondantes en eaux. Le terroir du Bander au contraire est sec & stérile, un sable mouvant qui ne produit qu'à force de culture, & fur-tout à force d'eau. On peut appeller le Bander une ville; car il est ceint de murs du côté de la terre, ayant deux petites forteresses: on y compte quatorze ou quinze cens maisons, le tiers d'Indiens gentils ou idolâtres, environ cinquante Juifs, & le reste de Persans naturels. Pour des chrétiens, il n'y en a que d'étrangers, & point qui y soient établis. Le quai a plus d'un mille de longueur. Les maisons des compagnies orientales de France, d'Angleterre & de Hollande font les plus.commodes du lieu. Le gouverneur de la province, qui d'ordinaire fait ici fa résidence, & non pas dans la capitale, qui est appellée Neris, & qui est à dix journées de chemin, y a un palais assez grand & affez commode, à un bout de la ville, à l'endroit le plus éloigné de la mer, bâti en partie de pierres & de marbres tirés d'Ormus. Les maisons du lieu font toutes en plate formes, avec des tours à vent pour avoir de l'air. Ces tours, qui font au milieu, ou aux côtés de la plate-forme, font quarrées & hautes de dix à quinze pieds, selon la chaleur du pays; car les plus hautes font le plus d'air, & de fix à huit pieds de diamètre, divisées par dedans en quatre, fix ou huit espaces comme des tuyaux de cheminées, afin que l'air qui entre par le haut, se trouvant plus resserré, se fasse mieux sentir. On le reçoit en une ou en plusieurs chambres, comme on le veut, en faisant que tous les tuyaux répondent au milieu d'une chambre, ou qu'ils donnent dans les coins. On s'en fert principalement pour les appartemens des femmes, à cause qu'elles ne pourroient pas prendre le frais sur les plate-formes ou les terrasses, comme les hommes, sans les voir & fans en être vues. On voit des tours à vent particulierement aux maisons qui ne sont pas bâties sur le quai, comme n'étant pas si ouvertes à l'air. Du reste il n'y a rien de considérable dans les édifices publics du Bander Abassi. Cette ville n'a point de port, ce n'est qu'une rade; mais elle est grande, bonne & afsurée, autant qu'aucune de l'univers. Cependant il y a un grand inconvénient; c'est que les vaisseaux qui y passent l'été, font attaqués de vers qui les percent, fur-tout les vaisseaux de l'Europe; parce que le bois n'en est pas fi dur que celui des vaisseaux des Indes. Les navires font à l'ancre à quatre ou cinq brasses d'eau en toute assurance, comme dans un bassin, fans jamais sentir d'orages, ni même de gros vents; de forte que l'on charge les vaisseaux fort vite & fort commodément. L'eau du Bander est fort mauvaise, salée, pesante & amere, se tirant de puits creusés dans le sable, à trois brasses de profondeur seulement; ce qui fait qu'il n'y a que le pauvre peuple qui en boive. Le commun boit de l'eau des Mines, qui est un hameau à une lieue du port, où les Indiens vont faire leurs dévotions sous un de ces arbres des Indes, qui jettent ses branches en terre, d'où elles repoussent en haut comme de nouveaux furgeons.. . Les gens accommodés boivent de l'eau d'Iffin, grand & beau village à trois lieues de là, alu pied des montagnes. On la porte de nuit dans des pots de terre sur des ânes, quatre pots fur chacun, & chaque pot tient environ huit pintes d'eau. Elle est fraîche en arrivant plus qu'au fortir du puits: on l'achete huit fols la charge. Il y a aussi quelques citernes dans la ville. Quant à l'air qu'on y respire, je ne pense pas qu'il y en ait au monde un plus méchant & plus mal fain, sur-tout depuis la fin d'avril jusqu'à la fin de septembre. Il faut dire même qu'il est mortel, fur-tout aux étrangers qui n'y fauroient faire de long séjour, mourant tous au bout de peu d'années, & fi non tous, da moins neuf de dix dans l'espace de dix ans ; c'est le compte que l'on en fait d'ordinaire; ce qui vient, ou de ce que les montagnes dont il est environné, empêchent l'air de se rafraîchir, ou des exhalaisons de fel & de soufre dont les ifles voisines font couvertes; ou des vapeurs puantes de la mer durant le tems chaud, qui font bondir le cœur la premiere fois qu'on les sent; ou bien enfin de la nature du climat, qui est chaud & humide au dernier degré. Les naturels da pays portent fur leur teint, & dans leur conftitution les marques de cet air malin: étant jaunes & haves, dès l'âge de vingt ans, & s'affoiblissant dès l'âge de trente. Aussi-tôt que vient le mois de mai tous les étrangers songent à s'en aller, & les naturels du pays s'en vont tous bientôt après, & se retirent dans les montagnes; les plus riches à plus de distance que les autres, parce que plus on s'éloigne de la mer, moins l'air est dangereux & la chaleur incommode. Il ne demeure dans le Bander durant les mois de l'été, que des gens pour garder les maisons qui se relaient de dix en dix jours. Ces fix mois d'été sont ceux durant lesquels la moisson (Mouffon) est fermée; c'est-à-dire que l'on ne peut naviguer dans la mer des Indes, à cause des pluies & des ouragans; ce qui fait qu'il n'y a guères d'affaires au Bander durant ce semestre-là. Les maladies les plus ordinaires dans ce lieu font la dyssenterie, le flux de fang, & les fiévres malignes. On se fait emporter hors de la ville dès que l'on s'en sent attaqué; mais la plupart ne laissent pas d'en mourir au bout de quatre ou cinq jours; ou si l'on n'en meurt pas, on s'en sent incommodé bien des années. Ce lieu est encore sujet à des tremblemens de terre qui reviennent tous les trois ou quatre ans, & toujours dans l'automne, mais non pas également violens. On observe dans ce lieu que les vents y changent fort régulierement quatre fois le jour presque toute l'année. De minuit à l'aube du jour, le vent vient du septentrion & est froid. Depuis l'aube du jour jusqu'à dix ou onze heures qu'il tombe tout-à-fait, il vient d'orient, & fouffle froid aussi. Il s'en leve un autre méridional à trois heures qui dure jusqu'au coucher du soleil, & qui est chaud, venant du côté de la mer. Du foir à minuit, celui qui regne vient d'occident, & est chaud de même; & c'est ce changement de vents froids & chauds d'heures en heures, qui cause les maladies, & qui donne la mort en si peu de tems. Une chose que l'on remarque aussi généralement, c'est que plus le vent est chaud, plus l'eau qui y est exposée se rafraîchit, comme au : • .. contraire le vent froid la rechaufe au lieu de la rafraîchir. Les vivres au reste y font bons & en abondance, & particulierement le poisson.. On y en apporte de frais soir & matin; les pêcheurs rejettant à la mer ce qu'ils n'ont pas vendu une heure après être arrivé à terre. Durant l'hyver on y apporte de l'Arabie du poisson qui est vermeil, & de bon goût plus que le saumon & le thon. Pour les viandes, celle du chevreau y est la plus délicate, & en même tems la plus commune. On y mange quelquefois des gazelles, espece de biches, & des perdrix; mais ce dont il y a le plus, c'est le laitage & les légumes de toutes fortes, comme dans l'Europe. Quant aux fruits, on y en a aussi de toutes fortes durant l'hyver; mais comme on les apporte de bien loin, ils ne sont pas à bon marché. Les plus communs font les pavis, les coins, les citrons, les oranges, les grenades, les pommes, les poires, les noix, les amandes, & les raisins noirs & blancs qu'on apporte en affez grande quantité pour faire du vin. L'auteur de qui j'emprunte cet article, y avu des prunes & des figues en leur saison, & beaucoup de melons & de pategues presque en tout tems. Il donne à 28 d. 24 min. d'élévation. Ce lieu, qui Bander Abaffi est nommé GAMARON dans les tables de longitude & de latitude hollandoises, y est mis à 27 degrés 20 minutes de latitude, & à 78 degrés 45 minutes de longitude. 3. BANDER-CONGO, BANDER - GONGO, ou comme dit Chardin, 1. 9. p. 24. le PORT DE CONGUE, c'est à-dire, le Port des Sourds, port de la mer Perfique, à trois journées de Bander Abassi, dans la province du Farsistan, au lieu que Bander Abassi est dans le Kerman. Bander Gongo est au nord, & vis-à-vis de la pointe occidentale de l'isle de Queixoma; la même qui est nommée Kismis dans les voyages de le Brun, p. 322. & Kichmichs, par Chardin, dans l'article précédent. Baudrand dit que l'air y est sain & les eaux excellentes; cependant le commerce qui y étoit, lorsque la ville d Ormus subsistoit, est anéanti, parce que depuis le détroit d'Ormus jusqu'à cette ville on trouve un grand nombre de petites isles, entre lesquelles la navigation est dangereuse, & que l'eau y est si basse qu'un vaisseau qui a plus de vingt piéces de canon n'y peut passer. Chardin, l. c. dit que le commerce n'y est pas grand, à cause que les vaisseaux ne fauroient y être à flot fi près de terre. Les Anglois aiderent aux Persans à débusquer les Portugais de l'isle d'Ormus, & du château de Kichmich, en vertu d'un traité, dont le troisiéme article leur promettoit, entre autres privileges & avantages, la moitié des droits de douannes qui se payent par tous les marchands qui négocient du côté d'Ormus, tant par mer que par terre: mais la Perse a bien diminué ces avantages; & on peut voir dans les voyages de Chardin, l. 3.p. 150. les raisons qu'elle eut de ne s'en pas tenir à ce traité. Au reste, GAMRON, GAMERON, KOMRON, ou GOMRON; car les auteurs varient, est le nom que les Portugais avoient donné au Bander Abassi. Le Brun, p. 321, dit qu'ils nommerent ce lieu CAMRANG, d'après les petites écrevisses appellées Gamberi, qui s'y trouvent en abondance. BANDERA ou MANORA, château de l'Inde propre au royaume de Cambaye. Il est sur la côte de l'Océan près du golfe de Cambaye & de Baçaim, & appartient aux Portugais. * Baudrand, éd. 1705. , BANDERMACHEN, ce mot est employé dans le premier voyage des Hollandois, aux Indes Orientales, pour fignifier une place de l'isle de Borneo. Cette place est nommée BENGERMASSIN, dans un autre voyage du même recueil; BENDARMARSSIN, sur les cartes de Sanfon, & BANDARMASSEN, dans le dictionnaire de Baudrand. Voyez BENJARMASEN, qui est l'orthographe que fuit De l'ifle. * Voyages de la Compagnie, t. 1. p. 360. & t. 2. p. 649. BANDO, royaume de l'Indoustan, dans l'empire du Mogol, & presqu'au milieu de ses états, entre les royaumes de Dehli & d'Agra, à l'orient, & à celui de Jesselmere, au couchant. On le nomme aussi le royaume ou la province d'Asmer du nom de sa capitale, felon les cartes de De l'Isle. Baudrand prétend au con traire que la capitale se nomme Bando, & il la met à foixante dix lieues espagnoles au levant d'Agra, & à vingt d'Asmer au septentrion. Les cartes dressées pour l'histoire de Timur-Beck marquent une place nommée BAND OU BATNIR, à l'orient de la fource d'une riviere qui ne peut être que le Paddar; & cette fituation s'accorde assez avec celle que De l'Isse donne à la ville d'Asmer. Mais il y a plus; P'historien fur lequel ces cartes font dressées raconte, 1. 4. 6. 14. de quelle maniere Timur prit la forteresse de Batnir qu'il faccagea, & fit main basse sur les habitans. Cet auteur remarque que Batnir étoit le nom de la citadelle, & que la ville avoit nom BEND; car c'est ainsi qu'il faut lire, & non pas Berid, qui est une faute d'impression. La citadelle de Batnir, dit l'auteur perfan, dans la traduction françoise, étoit une place extrêmement forte & une des plus célèbres des Indes. Elle est éloi gnée du chemin ordinaire, & située dans un défert : les habitans n'ont de l'eau que d'un grand lac qui eft auprès de la porte de la ville, qui ne se remplit que par des inondations. L'histoire de ce fiége fait mention des fauxbourgs qu'elle avoit alors. De ces remarques, je conclus qu'ASMER, BANDO, & BEND, font la même ville capitale du royaume de Bando, que Barnir en étoit la citadelle, & qu'enfin le royaume de Bando, & le royaume d'Asmer, signifient la même province de l'Indoustan. Le P. Catrou, dans son histoire générale du Mogol, sur les mémoires de Manouchi, dit, p. 361. que la ville d'Asmer donne son nom à un royaume. Sa situation, poursuit-il, est par les 30 d. de latitude & les 120 d. 30 min. de longitude. Il y a bien du rabais à ce calcul, & il faudroit dire par les 93 d. 45. min. de longitude, & dans le 26 d. de latitude, qui est la position d'Asmer, selon De l'Ifle. La carte de l'empire du Mogol mise au devant des voyages de Bernier, semble avoir servi de guide à * Baudrand. BANDOBENA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, fur le Choaspe, fleuve qui, selon Strabon, 1. 15. p. 697. baignoit la ville de Plegerion, & couloit auprès de Gorydale ville, Bandobena, & la Gandaritide. Ptolomée, 1. 7. c. 1. place vers les sources de l'Indus les Gandares, peuple; Gorga, ville; & Barborana, autre ville : ce qui rend vraisemblable la conjecture de Villanovanus, felon lequel la Bandobena de Strabon pourroit bien être la Barborana de Ptolomée. BANDON BRIDGE, petite ville ou bourg d'Irlande, dans la province de Munster, au Comté de Cork, fur la riviere de Banne, où son nom fignifie qu'elle a un pont. Elle est à huit milles presque à l'ouest de Kingsale, & envoie deux députés au Parlement. BANE'ANES. Voyez BANIANS. BANEAS, lieu de Syrie. Maundrell, dans son voyage d'Alep à Jérusalem, p. 27. dit: Strabon nomme tout le pays qui est entre Jebilée & Aradus, le pays des Arades. Il nomme aussi plusieurs places qui étoient situées anciennement le long de cette côte, à savoir Paltus, Balanea, &c. Cet auteur se contente de les nommer, sans donner des marques suffifantes pour les reconnoître par leur situation. L'on croit pourtant, poursuit-il, que la Balanea de Strabon fubsiste encore, & que c'est le même lieu que les Tures nomment Baneas, dont ils n'ont fait que changer tant soit peu le nom. Cette place est à quatre bonnes lieues de Jebilée: elle est située sur une petite descente, à un stade de la mer, & est arrofée au midi d'une petite riviere fort claire & fort rapide. Elle n'est pas habitée à présent; mais l'on voit bien par sa situation & par ses ruines que ç'a été autrefois une jolie ville, dont la baie étoit fort avantageuse au commerce. A un quart de lieue de Baneas, en suivant la côte de la mer, est un vieux château sur le sommet d'une haute montagne: il a la figure d'un triangle équilateral: l'un de ses angles s'étend du côté de la mer. Les Turcs le nomment Merchab, & parlent fort des fiéges qu'il a foutenus autrefois; mais quelque fort qu'il puiffe puisse avoir été aux fiécles passés, il ne fert présente ment que de demeure à de pauvres payfans. Voyez BALANEA. BANF. Voyez BAMFE. BANGIS, riviere dont l'anonyme de Ravenne, l. 4. c. 12. fait mention. C'est, selon l'apparence, la même que le BUGES de Prolomée & de Mela. 1. BANGOR, ville d'Angleterre, au pays de Galles, au comté de Caernawan: elle est fort petite, mais néanmoins elle a un évêché suffragant de Cantorbery. Elle est sur le détroit de Menay, vis-à-vis de l'isle d'Anglesey, n'étant qu'à trois mille de Beaumarish au midi, & à fix de Caernawan au levant d'été, & à cent quatre-vingt de Londres au couchant d'été. C'est l'ancienne ville que les Romains nommoient Bonium : & ce qui l'a rendue très-fameuse, c'est l'abbaye dont il est parlé dans l'article suivant. L'évêché de Bangor est pauvre, c'est pourquoi l'on y a annexé un des trois archidiaconés qu'il contient savoir, Bangor, Anglesey & Merioneth, afin que l'évêque puisse mieux subsister. * Etat de la Grande Bretagne, t. 1. p. 136. , 2. BANGOR, fameuse abbaye d'Angleterre. L'au teur de l'état present de la Grande Bretagne dit, en parlant de la ville épiscopale de Bangor, qu'elle étoit autrefois fameuse par fon vaste monastere, qui entretenoit environ deux mille moines, mais qui tomba en ruine avant la conquête des Normands. Cet auteur confond deux monafteres qu'il faut diftinguer. L'historien de l'ordre de faint Benoit ne les confond pas. Saint Daniel, dit-il, 1. 2. c. 44. p. 325. fonda l'évêché & le monaftere de Bangor, que l'on diftingue de l'abbaye de Bangor, située sur la riviere de Dée, au-dessus de Chester, laquelle fut autrefois habitée d'un grand nombre de religieux. Voilà deux cloîtres différens, le premier fondé par faint Daniel, & dont il est question dans cet article. Cambden, dans la province de Caernarvonshire la nomme Bangor ou Banchor, ainsi nommée, selon lui, à cause de la beauté de son chœur, ou comme d'autres l'expliquent, le lieu du chœur. Ce fiége épiscopal a sous lui quatre-vingt-feize paroisses. L'église est dédiée à saint Daniel, qui en a été évêque; elle n'est pas d'une fort belle structure. La ville est à présent petite, & ne mérite plus, comme autrefois, d'être appellée Banchorvaur, à cause de sa grandeur. Ce que je viens de rapporter içi, tiré de Cambden, regarde la ville épiscopale qui est dans le pays de Caernawan & ce n'est pas à ce lieu que la situation de l'ancienne Bonium convient, mais à Bangor en Flintshire, aussi au pays de Galles, où est lautre abbaye dont il est aussi parlé ci dessus. Cette fameuse abbaye étoit dans une partie de Flintshire au bord de la Dée, fur les confins de Chefshire & de Shropshire. Elle est très-bien marquée dans la carte de Blaeu, où sont les comtés de Denbig & de Flint: elle y est qualifiée de la plus ancienne abbaye du monde par une exagération peu vraisemblable; c'est ce monastere qui a fuccédé à la Bonium d'Antonin. Les Bretons l'appellerent Benchor & Bancor. Les Anglois le nommerent enfuite Bancornabyrige & Banchor. Bede, cité par Cambden, dit que le nombre des moines y étoit fi grand, qu'ils étoient partagés en sept portions, dont chacune avoit fes directeurs, qu'aucune n'avoit moins de trois cens hommes, qui vivoient tous du travail de leurs mains. Ce monastere a fourni de grands hommes à l'église. On dit que Pélage, que faint Prosper appelle le ferpent breton, & dont l'hérésie fit de fi grands ravages dans l'église, avoit été moine de Bangor; mais on le dit fans preuve. Il est certain, dit l'historien de l'ordre de faint Benoit, L. 1. c. 7. p. 74. que le miférable Pélage, ennemi de la grace de Jesus-Chrift, prit naissance dans la Grande Bretagne, & qu'il fut aussi moine, quoique le pape Zozime & Paul Orose le qualifient laïc parce qu'il n'avoit point été admis dans le clergé; mais nul auteur digne de foi n'a dit qu'il se soit fait religieux dans son pays; & c'est sans preuve que quelques-uns ont publié qu'il avoit été moine à Winchester ou à Bangor: il est beaucoup plus vraisemblable qu'il embrassa la vie folitaire en Italie, & même à Rome, où il fut perverti, à l'égard de la foi, par Rufin le Syrien; & étant devenu lui-même un grand maître d'erreur, il eut, entre ses disciples, le moine Celeftius. 3. BANGOR, petite ville d'Irlande, dans la province d'Uifter, au comté de Downe: elle est située fur la baie de Carickfergus, à sept milles au sud-est de cette place, & envoie deux députés au parlement. Le duc de Schomberg étoit comte de Bangor. * Etat préfent de l'Irlande, p. 60. BANGUE, riviere d'Afrique, dans la Nigritie: elle se jette dans la mer au midi de Sierra Liona. * Dapper, Afrique, p. 226. BANHALOM ou BANHALMA. Corneille dit que c'est une ville de la Haute-Hongrie, & qu'elle est située dans le comté de Thurtur. Il ne dit point où il a pris cela; mais en remontant le cours de la Zeisse, on trou ve à l'orient de Zolnock, dans les cartes de De Wit, Banhalon village; dans celles de Jaillot, Banhalam bourgade; fur celle de De l'Isle, Bantalora village. Ce lieu, qui n'est rien moins qu'une ville, est dans le comté de Zolnock, & Thurtur est un village au comté de Tarantal. 1. BANI, province d'Afrique, dans la Nigritie, au midi de la province de Moco. Le principal village eft Culeba: celui qui y commande en a neuf ou dix autres sous lui, & fes terres s'étendent au couchant de la riviere de Calbarie jusqu'à Sangma. * Dapper, Afrique, p. 315. Selon De l'Isle, Bani est un village du royaume de Benin, affez près de l'embouchure de la tiviere Calbary ou Rio Real, dans une ifle nommée Moço, au midi du pays de Calbary. 2. BANI, ancien peuple qui s'empara du pays de Pont, sous l'empire d'Anastase, selon les recueils de Théodore le Lecteur, cités par Ortelius. BANIALUCA, BANIALUCH BAGNALUC Ou VLAMMELUCCA, ville capitale du royaume de Bosnie; elle appartient aux Turcs depuis fort long tems: elle est vers les montagnes & fur les frontieres de la Dalmatie, à quarante milles de Sebenico vers le levant, & à trente de Spalatro vers le septentrion : c'est la résidence du Beglerbey de Bosnie. Cette ville est sur la riviere de Cerina. * Baudrand, éd. 1705. BANIALUCH ou BAGNALUC, lac de Bosnie auprès de la capitale qui en prend le nom. * Baudrand, édit. 1705. 1. BANIANA, ville de l'ancienne Espagne, dans la Bérique, au territoire des Turdules, felon Ptolomée, 1. 2. c. 4. 2. BANIANA, ville des Indes, fur la route de Surate à Agra, à dix costes (coffes) d'Hindoo, & à quatorze de Vettapour, qui n'en est qu'à douze d'Agra, selon Tavernier, Voyage des Indes, l. 1. c. 5. 11 dit qu'Hindoo & Baniana font deux villes, où, comme dans les lieux circonvoisins, se fait l'indigo plat qui est rond; & comme c'est le meilleur de tous les indigos, il est aussi cher au double. BANIANS, BANJANS, BANIANES, BANEANES. Texeira, Relacion de los Reyes de Persia, lib. 1. p. 97. dit que leur véritable nom est Vanean, d'où les Portugais ont formé, par corruption, le nom de Banéanes. Il dit de plus, que Vanean est le nom général que l'on donne aux naturels du royaume de Guzarate. Davity. met dans les Indes un royaume particulier des Banians; on peut cependant assurer que les Banians n'ont aucun pays propre; c'est une tribu des Bramines, & la troifiéme Caste de cette nation; car au lieu que les Bramines font les prêtres, & à peu près dans leur nation ce qu'étoient les lévites chez les anciens Juifs, les Rasboutes ou Rageputes font en poffession des emplois militaires; les Banians font le commerce, & s'occupent à faire travailler les artisans, & à débiter leurs ouvrages en gros & en détail. L'historien françois du Mogol dit, que les Banians font les plus rigides observateurs des loix, & les plus fcrupuleux à s'abstenir de chair & de poisson. La charité pour les hommes & pour les bêtes n'alla jamais plus loin que parmi eux. Outre les hôpitaux qu'ils ont érigés pour les malades & pour les orphelins, on en voit d'autres Tome I. Part. II. H fondés pour les vaches, pour les finges & pour les oiseaux. Les Banians, continue cet auteur. feroient les plus aimables de tous les hommes, si la crainte d'être fouillés par le commerce des étrangers ne les rendoit fauvages, & fi la fourberie ne les rendoit dangereux dans le négoce. Un voyageur anglois, qui a publié une disserration historique sur la religion des Banians, dit qu'il y en a un très-grand nombre dans le royaume de Guzaratte ou de Cambaye. Ils font pauvrement vêtus, n'ayant pour tout habillement qu'une espéce de juste-au-corps de toile qui leur descend affez bas: ils ont la mine fimple & efféminée & vivent en ces quartiers-là parmi les Mahométans à peu près comme les Juifs entre les Chrétiens: ils font profession d'être gens de bien & fort finceres ; & parce qu'ils ont de grandes habitudes dans le pays, les marchands anglois & hollandois s'en fervent comme de courtiers pour l'achat & pour la vente de leurs marchandises. On dit pourtant qu'avec toute leur simplicité, il ne faut s'y fier que de la bonne forte, & qu'ils trompent comme les autres hommes quand ils le peuvent impunément. Ce même voyageur dit que l'on comprend sous le nom de Banians ceux qui * sont seulement marchands, ou ceux qui font courtiers pour les marchands; car on n'achete rien que par l'entremise de ceux que l'on appelle Banians; mot qui signifie, selon la langue des Bramines, fans malice; parce qu'ils ne peuvent fouffrir que l'on fasse du mal à une mouche, à un ver, ou à quelque autre chose vivante que ce soit, & aussi parce que, quand on les frape, ils souffrent avec patience & fans se revancher. Le nombre de leurs familles est égal à celui des Bramines; &, fi on en croit le Lord, ils font de la même tribu, ayant le choix de se soumettre à la discipline des Vifalnagranaugers, ou à celle des Vulnugranaugers, qui les instruisent dans la religion; & comme leurs loix font fort conformes à celles des Bramines, ils suivent plus précisément que les autres tribus tout ce qu'ils leur ordonnent. Cet auteur differe en cela des autres auteurs qui assurent que ces tribus ne s'allient point l'une avec l'autre ; & Gemelli Carreri partage la tribu des Banians en vingt sectes, dont aucune ne se marie avec l'autre. Ils font idolâtres, & ont des fentimens de religion, dont il est assez difficile de faifir la vérité ; car on les trouve rapportés différemment en plusieurs relations. Quoique communément on regarde les Banians comme faisant partie des Brachmanes ou Bramines, il y a des relations, comme celle de della Valle, où le nom des Banians, t. 2. p. 92. se donne à tous les Indiens idolâtres ; & l'on pourroit dire, au sens des unes, que les Bramines sont les prêtres d'entre les Banians, & au sens des autres, que les Banians font les marchands & courtiers d'entre les Bramines. La maniere dont ils achetent & vendent mérite qu'on y fasse attention, car elle est tout-àfait différente de celle qui se pratique parmi les autres nations. Le courtier qui traite avec le vendeur, & qui fait le prix de sa marchandise, dénoue un tablier qu'il a autour du corps, & le met sur ses genoux. Par desfous, en prenant la main du vendeur, il marque avec le bout de fes doigts les livres, les fols & les deniers que l'acheteur en veut donner, & le vendeur fait connoître tout de même ce qu'il en veut avoir : ils font ainsi leurs marchés fans parler, difant que cela leur est ordonné par leur loi. Tavernier, Voyages des Indes, l. 2. c. 15. dit que cet usage est commun aux Indiens, tant idolâtres que Mahométans , pour toutes fottes de marchandises. Tout se passe, dit-il, en grand filence, & fans que personne parle. Le vendeur & l'acheteur font affis l'un devant l'autre comme deux tailleurs, & l'un des deux ouvrant sa ceinture, le vendeur prend la main droite de l'acheteur, & la couvre avec la sienne de la ceinture, sous laquelle, en présence de plusieurs marchands qui se rencontrent quelquefois dans la même sale, le marché se fait fecretement, fans que personne en ait connoissance; car alors le vendeur & l'acheteur ne parlent ni de la bouche ni des yeux, mais seulement de la main, ce qu'ils font de cette maniere. Quand le vendeur prend toute la main de l'acheteur, cela veut dire mille, & autant de fois qu'il la lui presse, ce font autant de mille pa godes ou roupies, felon les especes dont il est question. Quand il ne prend que les cinq doigts, cela signifie cinq cens, & s'il n'en prend qu'un, c'est cent. N'en prenant que la moitié jusqu'à la jointure du milieu, cela veut dire cinquante, & le petit bout du doigt jusqu'à la premiere jointure signifie dix. Voilà, dit Tavernier, tout le mystere que les Indiens apportent à leurs marchés; & il arrive souvent qu'en un même lieu, où il y aura plusieurs gens, une même partie (de diamans) se vendra sept ou huit fois fans que la compagnie sache ce qu'à chaque fois elle aura été vendue. Thevenot, dans son voyage des Indes, c. 32. p. 161. dit qu'il y a à Multan beaucoup de Banians ; & que cette ville du Mogolistan est leur principal rendezvous pour négocier en Perse, où ils font ce queles Juifs font ailleurs; mais, ajoute-t-il, ils font bien plus adroits qu'eux; car rien ne leur échape, & ils ne négligent aucune occafion de gagner, quelque petite qu'elle foit. Cet auteur donne à leur tribu le quatriéme tang entre les castes, tribus ou sectes des Gentils. Ils font, dit-il, les choses si adroitement , que presque personne ne se peut passer d'eux, On leur donne toutes fortes de commiffions. Quoiqu'on sache qu'ils en tireront du profit, on aime mieux s'en servir que de faire les choses soi-même, & j'ai éprouvé en plusieurs endroits, poursuit Thevenot, que j'ai eu beaucoup meilleur marché de ce qu'ils m'ont acheté, que de ce que j'ai acheté ou fait acheter par mes gens. Ce qu'il y a d'agréable en eux, c'est qu'aucun service vil ou honorable ne les rebute, & qu'ils font toujours prêts à fatisfaire ceux qui les veulent employer; aussi chacun a fon Banian dans les Indes, & il y a des personnes de qualité qui leur confient tout ce qu'elles ont, quoiqu'elles n'ignorent pas leur hypocrifie & leur avarice. Il y en a parmi eux qui font les plus riches marchands des Indes, & j'en ai rencontré de cette maniere dans tous les endroits où j'ai été dans ce pays. Ils font ordinairement très-jaloux de leurs femmes; mais si l'on en croit de Chefé, auteur d'un journal fait aux Indes orientales, t. 3. p. 700 71. il dit que quoique les Banians ne mangent rien de ce qui a eu vie, ils ne laissent pas de traiter splendidement chez eux les étrangers en chair & en poisson ; il remarque que celui chez qui il fut régalé de cette maniere, ne se mit point à table. Il ajoute qu'à la fin du repas on leur donna des jeunes filles, dont on laissa à chacun la liberté de dis poser selon ses defirs; & il avertit que c'est une coutume répandue parmi tout ce qu'il y a de geris aifés dans l'Orient, qui ont comme des serails pour les étrangers, & que c'est faire infulte à un homme que de ne s'y pas conformer, & de ne faire aucun usage des belles qu'il offre. II attribue mal à propos cet ufage aux fubtiles impostures de Mahomet; & on voit dans Quinte Curse, l. 2. c. 4. que cette coutume est encore plus ancienne que les conquêtes d'Alexandre. * Le P. Catrou. Hift. générale du Mogol, p. 58. Lord. Cette Differt. est dans le livre intitulé Cérémonies & Coutumes Relig. de tous les Peuples du Monde, t. 1. 2. part. Lord,l. c. c. 12. BANISÆ, ou plutôt BAPANISÆ, peuple ancien de la Thrace, selon Etienne le géographe. BANISIA, pays autour de la Syrie, felon Curopalate, cité par Ortelius, Thefaur. BANJUBÆ, peuple ancien de la Mauritanie Tingitane, felon Ptolomée, 1. 4. c. 1. Pline, l. 5. c. 2. qui fait aussi mention de ce peuple, le nomme, BANURRI, selon les vieilles éditions, & BANJURE, selon celle du P. Hardouin. Ptolomée, 1. 4. c. 2. place encore dans la Mauritanie Cefariense un peuple nommé BANJURI. Il est différent de celui dont parle Pline qui met le sien dans la Mauritanie Tingitane. BANKEWEL, selon Davity & Corneille. Voyez BAKEWEL. BANKICH, province de l'Indoustan; BANKISCH, felon Mandeslo & Corneille, ou BARISCH, felon Baudrand. Voyez BANCHISCH. BANNANAS, ifles d'Afrique, à une petite lieue du rivage de l'Afrique, dans la mer Atlantique, vis-à-vis de Sierra Liona. Voyez BRAYA. 1. BANNE, BAN, OU BAND, riviere d'Irlande, dans la province de Leinster. Elle fort du lac Neaugh, & coulant du midi au nord, elle passe à Colraine, & peu après se décharge dans la mer. Quelques géogaphes la prennent pour l'ancienne ARGITA; que d'autres disent être le lac Foyle, & d'autres le lac de Swilly, qui font deux lacs de la même province. Longitude 11 d. 5 min, latit. 52 d. 10. min. * Baudrand, éd. 1705. 2. BANNE OU BANOW, petite ville d'Irlande, dans la province d'Ulster, au comté de Wexford, à quatre milles au sud de Clamine: elle envoye deux députés au parlement. Elle est située près d'une baie commode, qui porte le même nom. * Etat d'Irlande, p. 47. BANNESDOWNE, montagne d'Angleterre comté de Sommerfer. Quelques-uns croyent que c'est le mons Badonicus des anciens, à cause de la ressemblance de ce nom avec celui de BATHONIA, nom latin de la ville de Bath, qui est située au pied de Bannesdowne. , au BANNOCHORN, lieu d'Ecosse, dans sa partie méridionale, vers la province de Merch & la riviere de Twede, où larmée d'Edouard III, roi d'Angleterre, fut défaite & taillée en piéces, par Robert Brus, roi d'Ecosse; qui par cette victoire affranchit l'Ecoffe de la domination des Anglois. * Baudrant, éd. 1705. Ce fut sous Edouard II, & non pas fous Edouard III, que se donna cette bataille, ce dernier n'ayant regné que l'an 1327. Le P. d'Orléans, Révol. d'Angl. t. 1. 1. 4. P. 453, dit: On arriva avec afsurance, sur le rivage de BANNAFBORNE, à une petite lieue de Sterlin. L'armée écossoise étoit au-delà, campée sur une chaîne de montagnes, ayant depuis ce lieu jusqu'à la riviere un espace suffifant devant elle pour se mettre en ordre de bataille. Les Anglois en avoient autant de leur côté. Cette même bataille est nommée par Rapin Thoyras, Hist. d'Ang. t. 3. l. 9. p. 105. la journée de BANNOCKS-BROWN. Il dit que Robert s'étoit mis en bataille sur un terrein avantageux où il ne pouvoit être enveloppé; une montagne hérissée de rochers inacceffibles couvroit un de ses côtés, & l'autre étoit en fureté par le moyen d'un marais profond. La riviere dont il est ici question est nommée BANNOCK-BURNE dans l'atlas de Blaeu, & se perd dans le Forth, un peu au-dessus de Bentheit. BANNOLES, ou BAGNOLAS, petite ville d'Espagne, en Catalogne, à trois lieues de Gironne, du côté du nord. BANNONE. Voyez BAGNONE. BANOU, ville d'Asie dans le Cabulestan, près l'Indus. * Hift. de Timur-Beck, 1. 4. c. 32. BANTACHIA OU BANTAKIA, ville d'Afie, dans l'ifle des Célebes, fur le bord oriental du golfe de Macassar, environ à trente lieues de la ville de Macassar, du côté du nord. * Baudrand, éd. 1705. BANTAM, Bantamum, ville capitale & la plus puissante de l'ifle de Java, dans les Indes. Elle est située à vingt-cinq lieues ou environ de l'ifle de Sumatra, au pied d'une montagne, de laquelle trois rivieres fortent. Il y en a deux qui lavent les murailles de cette ville, & la troifiéme la traverse ; mais elles font toutes trois fi basses, qu'elles ne sont point navigables. La ville qui est assez grande, a de fort méchantes portes qu'on enfonceroit d'un coup de levier; mais on prend tant de soin de les bien garder, qu'on en approche roit difficilement, fans que l'on s'en apperçût. Elle n'a point de bastions, ni de tours. Au lieu de cela, on y fait des échafauts à trois érages, d'où l'on peut faire une grande défense. Les murailles, qui font de briques, & qui ont environ trois pieds d'épaisseur, n'ont point de terre-plein, encore qu'elles foient flanquées. Bantam est rempli par-tout d'arbres de cocos, & il n'y a point de maisons qui n'en ait plusieurs. Ces maisons font fort mal bâties, de pailles & de cannes, fur des pilotis façonnés, comme les pilotis d'Achem. Ceux qui les habitent font leur toit de feuilles de cocos, & ne ferment le corps de logis qu'avec des rideaux, afin de jouir de l'air dont ils ont besoin dans un climat où les chaleurs font fort grandes. Ils ont des magasins de pierre pour la conservation de leurs marchandises; mais ils ne sont couverts que de paille; & pour les garantir du feu, qui n'y est que trop fréquent, ils couchent plusieurs gros arbres sur le toit, & ils les couvrent de sable afin que le feu n'y pénétre point. Les appartemens de leurs maisons ne sont séparés que par des cloisons faites de ces groffes cannes que l'on appelle bambous qu'ils coupent fi minces, qu'un seul cheval peut porter de quoi faire toutes les chambres d'une maifon. Il n'y a dans la ville que trois grandes rues principales. Elles aboutisient au palais du roi, qu'ils appellent Pacebam. La premiere va depuis ce palais au port. La seconde va vers la porte qui est du côté de la campagne. C'est où les esclaves & les auttes domestiques du roi demeurent; & la troifiéme va à la porte, qui est au pied de la montagne. Il n'y a aucune de ces rues pavées; mais le sable qui les couvre les rend aussi propres que si elles l'étoient. Les canaux qui coupent la ville en plusieurs endroits, font au contraire fort fales, parce que le coulant de la riviere n'étant pas affez fort pour entraîner les ordures qu'elle amene & qu'on y jette, l'eau y croupit & fait des marais qui infectent tout. Il n'y a aucune perfonne de qualité qui n'ait sa mosquée dans sa maison, à l'entrée de laquelle on trouve une tour carrée, où est le corps de garde; cat tous les seigneurs en ont chacun un de dix ou douze hommes, & donnent là audience à ceux qui la demandent, sous une petite hute couverte de cannes ou de feuilles de cocos. C'est dans des coins de cette cour qu'est la mosquée où il font leurs dévotions à midi, & proche de-là est l'auge où ils se lavent. En entrant dans le corps du logis, on trouve des deux côtés d'une allée étroite, plusieurs petites niches où sont les esclaves qui veillent à la conservation de leur maître, n'y en ayant point qui n'ait lieu de craindre d'être tué la nuit par ses ennemis. Il y a une grande mosquée commune auprès du palais du roi, du côté de l'arsenal & de l'écurie. La ville est divisée en plusieurs quartiers, qui ont chacun une perfonne d'autorité qui y commande en tems de guerre, & qui a la direction de la po lice. Il n'y a point de coin de rue qui n'ait fes gardes & après que le soleil est couché, l'on retire & l'on enferme toutes les barques de passage; de forte qu'on ne voit personne aller de nuit par les rues. Ils ont un tambour de la grosseur d'un de ces tonneaux d'Allemagne, qu'on appelle foudres. Ce tambour leur fert de cloche, & on le bat avec une barre de bois, le matin, à midi & le foir, & quand on veut donner l'alarme. Le roi de Bantam fuit la religion de Mahomet, & fait observer un très-bon ordre pour le commerce, ce qui soutient fa grandeur. Les Guzurates, Malayes, Bengales, Abysfins, Chinois, Portugais & Hollandois, demeurent hors la ville, dans laquelle il y a trois grands bazars où les marchands ne manquent point de s'assembler tous les jours. Le grand bazar ou marché est vers la partie orientale de la ville, & fert de rendez-vous au marchands forains, comme Bortugais, Arabes, Turcs, Chinois, Peguans, Malayes, Guzurates, Malabares, & autres Indiens, qui s'y trouvent depuis le point du jour jusqu'à neuf heures, après quoi ils vont donner ordre à leurs affaires. Le second marché est devant la grande mosquée, qui en est séparée par une palissade. On vend dans ce marché toutes fortes de denrées, ce qui dure auffi jusqu'à neuf heures, & enfuite on ouvre le marché qui est devant le palais du roi, & où l'on vend des vivres de toutes fortes, & quelque poivre qui est débité aux Chinois par les habitans, Il n'y a presque point d'hommes dans la ville de Bantam qui n'ait trois ou quatre femmes. Quelques-uns en ont jusa qu'à dix ou douze, sans les coucubines, qui servent de suivantes aux légitimes, & qui les suivent effectivement quand elles fortent, ce qui arrive rarement. Alors tout le monde leur fait place, & le roi même ne voudroit pas y manquer : l'on ne reconnoît celles qui font de qualité que par leur fuite; car les femmes font habillées toutes de la même forte, c'est à-dire, d'une jupe de toile de coron ou de foie, qui leur prend depuis le fein jusqu'à la moitié de la jambe. Elles n'ont point de chaussure, & vont tête nue ayant les cheveux noués au fommet de la tête en un toupet. Mais quand elles se trouvent ou à des nôces ou à quelque autre assemblée publique, elles ont une couronne d'or, & les doigts & les bras chargés de brafsselets & de bagues. Elles font extrêmement propres, & il ne se passe point de jour , |