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qu'elles ne fe lavent trois ou quatre fois. Les enfans vont tout nuds, à l'exception des filles, qui couvrent d'une plaque d'or & d'argent ce que la pudeur ne permet pas de montrer. On les marie dès l'âge de huit, de neuf & de dix ans, moins pour les mettre à couvert des desordres, qui fans cela feroient inévitables en ce climat, que par ce que le roi eft héritier de ceux qui en mourant laiffent des enfans mineurs, dont il fait des esclaves, auffi bien que des femmes & des autres domestiques du défunt. Le mariage qu'on donne aux filles de condition confifte en esclaves de l'un & de l'autre fexe & en une certaine quantité de petites pié ces de monnoie, qui est bien considérable quand elle monte jusqu'à trois cens mille, qui font environ vingtdeux écus & demi, argent de France. Le magiftrat de la ville tient fon fiége dans la cour du palais du roi, depuis quatre du cinq heures du foir jusqu'à la nuit. Le demandeur & le défendeur y plaident eux-mêmes leurs caufes. Il n'y a qu'un feul fupplice pour les criminels. On les attache à un poteau, & on les tue d'un coup de poignard. Les étrangers ont le privilége de fe racheter de la mort, en contentant la partie civile, pourvu qu'ils n'ayent point tué avec avantage & de fang froid. Le confeil du roi s'affemble pour les affaires publiques au clair de la lune, fous un gros arbre. Il s'y trouve quelquefois jusqu'à cinq cens perfonnes qui ne fe féparent que quand la lune fe couche. On dort jusqu'à l'heure du dîner, & après cela les confeillers d'état donnent audience à ceux qui ont des propositions à faire au confeil. Quand le roi s'y trouve, il se met au milieu de deux ou de quatre de fes principaux miniftres, & propofe l'affaire fur laquelle il veut avoir l'avis de fon confeil, ou il l'a fait propofer par le gouverneur de la ville. On appelle au confeil de guerre les trois cens capitaines dont leurs armées font compofées, & qu'on leve dans la ville même. Ils ont une police particuliere pour le feu lorsqu'il prend dans leurs maifons, les femmes feules font employées pour l'éteindre, les hommes étant fous les armes pendant ce tems pour empêcher le pillage. Ceux qui font de qualité, lorsqu'ils vont à la cour ou par la ville, font porter devant eux une pique, & une épée dans un foureau de velour noir: & par cette marque de grandeur, ils obligent tout le monde à leur faire place, & à fe retirer pour s'affeoir fur les genoux, jusqu'à ce qu'ils foient paflés. Ils s'habillent ordinairement d'une étoffe ouvragée de foie, & ont un turban d'une toile fine de Bengale. Il y en a qui portent des mandilles de velours noir, ou rouge cramoifi, ou d'écarlate ; & ils n'oublient pas de mettre leur poignard dans la ceinture. Ce feroit une honte parmi eux de porter des fouliers par la ville; ainfi ils vont tous nuds-pieds, fuivis d'un fort grand nombre d'esclaves. * Corneille, Dict. Mandelo, Voyage des Indes, 1. 2.

Depuis que l'auteur cité écrivoit, le Brun qui étoit à Bantam au mois de juin 1706, fournit les particularités fuivantes, qui méritent bien d'être ajoutées. On a dit qu'il n'y avoit point de baftions aux murailles de Bantam ; ce nouveau voyageur fait mention, p. 349. & 357. de deux, à savoir du bastion de Speelwick, & du bastion de Caraganto. Le port où fe rendent les petites barques avance affez dans la mer, & n'a point de profondeur. Il traverse toute la ville jusque derriere le château. Le peu de petites maifons qui s'y trouvent, ne font pas grand chofe, & les arbres dont la ville est entourée empêchent qu'on n'en voye le refte, & le château de ce côté-là. Ce château eft un grand bâtiment carré affez long, ceint d'une haute muraille avec quatre bastions, & deux-demi lunes entre deux, & qui a près d'un quart de lieue de tour; il eft bien pourvu d'artillerie, & a une garnifon hollandoife d'environ 400 hommes. La ville eft bâtie fur le rivage de la mer, & a bien deux lieues de tour. La plupart des maisons en font fort chetives, faites de branches d'arbres, & couvertes de feuilles. Elle a auffi des fauxbourgs & des cabanes le long de la côte de la mer & du côté de la terre, & eft fort peuplée & remplie d'enfans. Tout le commerce de ce quartier-là ne confifte qu'en poivre. Le grand port y a près de deux lieues de tour, & eft aufli large que long à l'entrée, de for

te que les vaiffeaux y font en pleine fureté. Bantam eft à vingt-quatre ou vingt-cinq lieues de Batavia, à l'oueft.

LE ROYAUME DE BANTAM, royaume des Indes, dans l'ifle de Java, dont il occupe la partie occidentale; de forte qu'il eft entouré de la mer de tous côtés, excepté à l'orient, où il eft borné fur la côte méridionale par le pays de Cadocwang, & par l'empire de Mataran plus haut dans les terres. Je comprends dans le royaume de Bantam le terrein que la compagnie des Indes orientales des Provinces Unies poffede dans l'ifle de Java, puisque ce terrein faifoit partie de ce royaume, avant que cette compagnie s'y fût établie. Outre BANTAM capitale dont ce royaume porte le nom, & où réfide le roi, il y a divers ports confidérables; a favoir Jacarra qui eft devenue la capitale des Indes hollandoifes, & qui eft préfentement plus connue fous le nom de Batavia qu'elle a dans les relations modernes. Elle eft fur la côte feptentrionale de l'ifle, à l'orient de Bantam. Les autres places maritimes de quelque confidération font fur la côte méridionale; à favoir;

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Ce royaume a de hautes montagnes, parmi lesquelles il y a plufieurs volcans, comme Cheribon, Tegal & Matam. Il y a auffi quantité de bois, de vaftes plaines couvertes de riz & un affez grand nombre de rivieres dont nous ne connoiffons guères que l'embouchure. La côte feptentrionale de ce pays eft bordée d'une infinité de petites ifles & d'écueils qui en rendent l'approche dangereufe aux vaiffeaux dont les pilotes ne font pas fur leurs gardes. Les Anglois avoient ci-devant un établiffement dans ce royaume; & voici comment l'abbé de Choifi, dans fon journal du voyage de Siam, p. 134. raconte la chofe : Les Anglois, dit-il, prirent la ville de Jacatra fur l'empereur de Mataran, & la brulerent. Ils y bâtirent une loge avec un méchant petit port. Les Hollandois y vinrent en 1717, & fous prétexte de mettre des malades & des marchandifes à terre, ils firent descendre de petits canons dans les balots, & un jour de prêche taillerent en pieces tous les Anglois, & s'y établirent. Cet auteur ne parle pas jufte. Il est de fait que les Hollandois y avoient fait leur négoce dès le mois de novembre 1598. Quant aux guerres que fe firent les deux nations Hollandoifes & Angloifes, il falloit rapporter les jaloufies, les mauvais offices & les hoftilités qui donnerent lieu à la rupture, ce qui juftifie les Hollandois, & n'est pas de mon fujet. Voyez BATAVIA. Ce même abbé nous dépeint les deux rois de Bantam comme deux prifonniers, & raconte ainfi de quelle maniere la compagnie les foumit. Il y a dit-il, cinq ou fix ans (il écrivoit en 1685.) que fultan Agom, roi de Bantam,fe démit de la couronne en faveur de fon fils fultan Agui, & fe retira à la campagne, pour ne fonger qu'à fon falut. Il eft fort dévot mahométan, & étoit adoré de fon peuple. Le jeune roi voulut d'abord mettre les portes où étoient les fenêtres, & envoya en exil deux Pan-Grands: ce font les grands feigneurs Javans: Le bon homme roi dont ils étoient les miniftres, le trouva fort mauvais, & manda à fon fils de les rappeller; mais le fils les envoya auffi-tôt maffacrer. Dès que le pere le fut, il reprit les ornemens royaux : tous les peuples fe déclarerent pour lui, & il vint avec une armée de trente mille hommes affiéger fon fils dans la fortereffe de Bantam. Le jeune roi fe voyant abandonné de tout le monde, eut recours aux Hollandois qui vinrent à fon fecours. De Saint Martin mit pied à terre avec trois mille hommes de troupes réglées, du canon, des bombes, des grenades. Les Javans, entre lesquels il y avoit des Macaffars, qui font les plus braves des Indiens, défendirent quelque tems la descente, farent forcés, battus,& mis en fuite. Les Hollandois fe faifirent de la fortereffe & du jeune roi. Ils ont depuis attrapé le vieux roi ; ils les gardent tous deux, mais les traitent bien différemment. Le vieux ne mange que du riz, n'a point de femmes, & ne voit perfonne. Le jeune a toutes les apparences de la royaú

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té: rien ne fe fait que fous fon nom; il a fon palais, fon férail, fes gardes, & fume tant qu'il veut. Cet auteur, avec fon badinage ordinaire, cherche à réjouir Tes lecteurs aux dépens de qui il appartient. On peut voir dans les voyages de le Brun, p. 356. que le roi de Bantam n'eft point l'esclave, mais l'ami de la compagnie hollandoife, avec laquelle il vit en bon voifin; Baudrand a plus de tort que l'abbé de Choifi d'avoir dit que les Hollandois y ont mis garnifon depuis peu d'années,fous prétexte d'affifter le roi de Banram, contre fon pere, felon leur bonne foi ordinaire. Il y a du travers d'esprit à attaquer la nation Hollandoifé du côté de la bonne foi. Autant vaudroit accufer les Suedois de poltronnerie, les Espagnols d'inconftance & les Italiens de stupidité.

Le Brun, p. 356. dit que le roi Machdoem ou Soefoekoenang Goenoeng Diati étoit, felon la chronologie des Bantamites, petit-fils du roi Banni Ifraël, qui regnoit en Arabie. Ce prince qui vouloit voir le monde, traversa la Chine pour se rendre dans la ville de Java, où il débarqua dans un lieu appellé Dammak. Après y avoir fait quelque féjour, il fe rendit à Sirrebon, où il eut bien des partifans. Il y mourut, & y fut enterré. On dit même qu'on y voit encore fon tombeau qui eft en grande vénération, & que ce prince fut le premier qui y introduifit le mahométisme : ce tombeau qui eft entouré de plufieurs bâtimens & de plufieurs murailles, eft eftimé fi facré, qu'il y va tous les ans un grand nombre de seigneurs & d'ecclésiastiques mahométans, avec des présens de la part de leurs princes, & particulierement de celui de Bantam. Ce roi Machdoem ou Soefoekoenang Goenoeng Diati avoit épousé à Sirrebon,la fille de Kiay Giudhing Babadan,dont il n'eut point d'enfans. Il époufa enfuite la fille de Ratoe Ayoe, dont il eut un fils nommé Paneunbaham Sirrebon, & puis une autre fille du même Ratoe Ayoe cadette de la premiere, dont il eut un fils nommé Hafanodin, Pan ou Depati Socrafowan, qu'il déclara fon fucceffeur, & qui a été connu après la mort de ce prince, fous le titre de Soefoekoenang ou de Pangeran Seda Kingking. Cet Hafanodin abandonna Sirrebon, & fe fit déclarer roi de Bantam, fous le nom de Pangeran. Son pere l'avoit marié à une fille du roi de Demack, nommée Pangeran Ratoe, dont il eut plufieurs enfans. Il époufa enfuite une fille de Radja Indrapora, qui eut en mariage le pays des Sillabares, peuple de Banca-Houlon ou de la côte occidentale de Pollowbang, dont il eut deux enfans, & plufieurs de fes autres femmes & de fes concubines. Il mourut âgé de cent vingt-ans, & laiffa fa couronne à fon fils Jofeph, qui prit le nom de Pangeran Paffareean. Ce prince eut plufieurs femmes & plufieurs enfans, & eut pour fucceffeur fon fils Machomed Pangeran Séedangrana, qui eut auffi plufieurs femmes & plufieurs enfans, & laiffa fa couronne à Aboema Vacher Abdul Kader, fils d'une de fes concubines, lequel fut le premier qui prit le titre de fultan; il époufa RatoeAdjoe, fille de Pangeran Aria Ranga Singa Sari, dont il eut plufieurs enfans, & entr'autres Aboel Maali, qui fut fon fucceffeur. Ce prince eut plufieurs femmes & une nombreuse lignée, & de fa premiere femme Ratoe Koelon, fille de Pangeran Djaya-Karta, un fils nommé Abdoelphatachi ou Abdoelphata, auquel il laiffa fa couronne. Celui-ci, qui eut plufieurs enfans, eut pour fucceffeur fon fils Abdoel Kahar Aboenafar, lequel eut cinq femmes & plufieurs enfans, & entre autres Moechamad Jachein, qui regna après lui, & Aboe Machafin Moechamad-Dsjenoel Abidin, qui étoit posfeur du trône en 1706. Vander Hagen dans la relation de fon voyage, t. 2. p. 281. fait mention d'une fingularité. Il y a Bantam, dit cet auteur, un gouvernement particulier pour les femmes, & elles font gouvernées par une princeffe du fang royal légitimement élue pour ce fujet : tous les différens qui naiffent entre les femmes, font portés devant elle, & décidés par fon autorité. Cette princeffe jouit de grands priviléges. Elle a la liberté de parler au roi quand elle veut, fans être obligée, fuivant l'ufage général, d'en demander la permiffion.

BANTAYAN, isle d'Asie, dans l'Océan oriental,

& l'une des Philippines, proche de l'ifle de Sibu, du côté du nord-eft. Elle est environnée de quatre ou cinq autres plus petites, dans toutes lesquelles on ne compte que trois cens tributaires, occupés feulement à la pêche, à & faire des toiles & des bas de coton. Elle n'est point marquée fur les cartes. * Gemelli Carreri, voyage, t. 5. p. 117.

BANTIA, petite ville d'Italie, dans la Pouille. Etienne le géographe écrit BANTEIA par une diphthongue. Holftenius, dans les Annot. Geogr. p. 282. dit qu'il en refte encore le nom & les ruines, à cinq ou fix milles au-deffus de Forentum. Horace, dans le paffage rapporté à l'article FERENTUM, fait mention des bois de Bantia, & les nomme SALTUS BANTINOS. Ce même auteur nous apprend que cette ville n'étoit pas éloignée du mont Vultur, qui féparoit la Pouille de la Lucanie. Holftenius compte douze milles ou environ, entre Venufe & le lieu, nommé aujourd'hui SANTA MARIA De Vanze; c'est le nom moderne de Bantia. Pline, l. 3. c. 10. donne cette ville à la Lucanie, & l'exprime par le nom de ses habitans BANTINI. L'Abbé Lenglet du Fresnoy écrit Rantia, & fe trompe. Le nom Bantia, dit fon critique, fubfifte en quelque façon dans l'abbaye de Sainte Marie de Baigni ou de Vanzi.

BANTII, nation de la Thrace, felon Etienne le géographe.

BANTINI. Voyez BANTIA,

BANTON, petite ifle d'Afie, dans l'Océan oriental, & l'une des Philippines, au midi de celle de Luçon, mais beaucoup plus près de l'ifle de Panai, au nord de laquelle elle eft fituée. Les cartes des Sanson la mettent trop à l'orient. Cette ifle eft, auffi bien que la précédente, négligée dans les tables de longitude & de latitude.

BANTRAN, ifle d'Afie, au royaume de Siam, dans la riviere de Menam, qui la forme au-dessous de la capitale. De la Loubere lui donne 120 deg. 55 min. de longitude, & 13 deg. 6 min. de latitude boréale. Dans la partie feptentrionale il y a un village nommé Coua co; au fud-eft de l'ifle, fur la rive méridionale du Menam, on trouve un village nommé BANTRAN.

BANTRE, riviere d'Irlande, dans la province de Mounfter, au comté de Desmond que quelques-uns comprennent dans celui de Cork; elle paffe à Bantrey, & fe perd dans la baie nommée fur les cartes Bantreybay. Les cartes d'Allard nomment Bantre riviere cette partie de la baie vers le fond où fe perdent plufieurs rivieres, & on y nomme MELLOCH celle à l'embouchu→ re de laquelle eft fitué Bantrey.

BANTRET-YAI, ifle d'Afie, au royaume de Siam, fur la riviere du Menam, au-deffous de celle de Bantran. Il y a un fort dans la partie feptentrionale, & un village du même nom que l'ifle.

BANTREY ou BANTRY, petite place d'Irlande, dans la province de Mounster, au comté de Desmond: elle a titre de baronnie. Baudrand, éd. 1705. la met fur la petite riviere de Bantra; Allard, Carte de l'Irlan de, la met fur celle de Mellogh.

BANTRE BAY, que quelques-uns écrivent mal BAUTRE BAY, petit golfe d'Irlande, dans la province de Mounfter, au nord occidental du cap nommé MisSen Head.

BANTURARI, ancien peuple de la Mauritanie Céfarienne, felon Ptolomée, l. 4 c. 2.

BANTZ, ville de la Baffe Hongrie, fur la Save, entre Sirmich & Belgrade. * Baudrand, éd. 1705. BANUBARI, peuple de l'Arabie Heureufe, felon Ptolomée, 1. 6. c. 7.

BANYA, Nagibania, Rivulinum, ou Rivuli Puellarum, petite ville de Tranfilvanie; on la nomme autrement Nagibania. Elle eft fituée fur les frontieres de la Haute Hongrie, à fix milles d'Allemagne de Besterze au couchant. De l'Ifle, dans fa carte de la Hongrie de 1703, met au bord feptentrional de la riviere de Samos, à l'orient de Zatmar, NAGIBANIA OU NEUSTAT, place qu'il donne à la Haute Hongrie, aux frontieres de Tranfilvanie. Presque toutes les villes de Hongrie ont plufieurs noms, & font nommées diverfement par les Hongrois & par les Allemands ; quel

'ques-unes 'même en ont un troifiéme donné par les Turcs. Le comte de Marfigli m'a affuré qu'un voyageur qui chercheroit en Hongrie les villes fuivant que les moms font écrits fur les cartes, ne feroit pas entendu la plupart du tems. * Raudrand, éd. 1705.

1. BANZA, ce mot veut dire COUR dans la langue des Ethiopiens.

2. BANZA, felon Corneille, Dict. & De la Croix, Relat. d'Afrique, t. 3. ville d'Afrique, au royaume de Congo, dont elle eft la capitale. Elle eft fituée presqu'au milieu de la province de Pembo, fur une montagne, dont la plus grande partie eft de roche, & qui contient plus de deux lieues de circuit. Marmol, 1. 3. l. 9. p. 94. appelle cette ville AMBAS CONGO, & les Portugais lui donnent préfentement le nom de SANSALVADOR. Elle eft fituée à cent cinquante milles de la mer, au fud-eft de la riviere de Zaïre, & ombra gée de palmiers, de tamarins, de bacoves, de colas, de limoniers & d'orangers. Le côteau fur lequel elle eft bâtie eft fi haut, que lorsqu'on eft fur fon fommet, on peut porter la vue auffi loin qu'elle peut s'étendre, fans qu'aucune montagne l'arrête. Il n'y a point de murailles à l'entour, fi ce n'eft du coté du midi, que le premier roi chrétien de Congo donna aux Portugais, pour les mettre à couverts des infultes. Il fit auffi fermer de murailles fon palais & toutes les maifons royales des environs, laiffant une place vuide où l'on bâtit enfuite un palais & un cimetiere. La cime de la montagne eft occupée par des maifons conftruites fort près l'une de l'autre. Les perfonnes diftinguées en poffedent la plus grande partie, & font des enceintes de bâtimens qui reflemblent à une petite ville. Les habitations des gens du commun font rangées de file en diverfes rues. Elles font grandes; mais les murailles ne font que de paille, excepté quelques-unes que les Portugais ont faites, dont les murs font de brique, & le toit de chaume. Le palais du roi, auffi grand qu'une ville ordinaire, eft fermé de quatre murailles. Celle qui regarde fur le quartier de Portugais eft de pierre & de chaux; les autres ne font que de paille travaillée fort proprement. Celles des fales & des chambres font ornées de tapifferies de paille natée avec beaucoup d'art. Dans l'enceinte intérieure du palais, il y a des jardins & des vergers embellis de berceaux, & de pavillons fort beaux pour le pays. On y trouve dix ou douze églifes, la cathédrale,fept chapelles dans la ville & trois églises dans le château du prince. Il y a auffi une maifon de Jéfuites, qui font tous les jours le cathéchisme au peuple, & des écoles où l'on enfeigne le latin & le portugais. L'eau fraîche le trouve fort abondamment en ce lieu, & elle eft fournie par deux fontaines, dont l'une eft dans la rue Saint Jacques, & l'autre dans la cour du palais, fans parler d'un bras de la riviere de Lelunde, appellée Vefe, qui fort du pied de la montagne au levant de la ville. L'eau en eft fort bonne, & le peuple en va puifer. Elle fert à arrofer & à rendre fertiles les campagnes d'alentour. Il y a des pourceaux & des chévres, mais peu de moutons & de bœufs. On les renferme la nuit dans des parcs qui font dans la ville auprès des maifons.

BAOL, royaume d'Afrique, dans le pays de Négres. C'est une feigneurie qui commence au levant du village de Comino, & qui s'étend jusqu'au Porto d'Ale, Pespace de vingt-cinq lieues. Le roi demeure à deux journées de la côte, dans une grande bourgade, appellée Lambaye, qui eft la principale habitation de ce royaume. A trois lieues au nord-oueft de cette place, eft un autre grand village, appellé Sangay, où ce prince a auffi un palais. Comme ce pays eft abondant en bétail, on tient qu'il a plus de cinq mille bœufs. Chacun de fes gentilshommes en a à proportion. Le roi de Baol prend le titre de Tar. * Corn. Dict. La Croix, Hiftoire d'Afrique, t. 2.

1. BAORUCO, contrée de l'Amérique, dans l'Ifle Espagnole ou Hispaniola. Elle confine avec celle d'Yacuymo, & l'accès en eft fort rude pour les bêtes de charge, à caufe de fes montagnes extrêmement hautes & interrompues par des collines. La difette des pâturages y eft grande. Ce fut où fe réfugierent au tems paffé plufieurs Indiens qui avoient fecoué le joug des Espa

gnols, & on ne put les obliger d'en fortir qu'en leur accordant des conditions avantageufes. * Corn, Dict. De Laët, Ind. Occ. 1. 1. c. 5.

2. BAORUCO, chaîne de montagnes, qui fe termine à la côte du fud de l'ifle de Saint Domingue, vis-àvis de la petite ifle Beata; & pour cette raison on les appelle vulgairement les montagnes de la Beata. Le cacique Henry, qui fe révolta contre les Espagnols en 1519, s'y retira avec en 1519, s'y retira avec le peu d'infulaires qui reftoient dans l'ifle, s'y retrancha; & de là fit des courfes fur les ennemis, qu'il contraignit de déferter la moitié de l'ifle Espagnole, dont les François font aujourd'hui en poffeffion. Hift. de S. Dom. l. 1 & 6. BAPARA, &

*

BAPARENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Mauritanie Céfarienfe, felon la notice épiscopale d'Afrique. Il y a lieu de foupçonner que ce nom eft corrompu, & qu'il falloit dire Vabarenfis. VABAR étoit une ville de la Mauritanie Céfarienfe au rapport de Ptolomée, /. 4. c. 2. Cette conjecture eft dans la notice rectifiée par Dupin, & publiée dans fon édition d'Optat.

1. BAPAUME, Bapalma, ville de France, en Picardie, à quatre ou cinq lieues d'Arras, & à pareille diftance de Cambray. Elle eft fituée dans un pays fec, où il n'y a ni riviere, ni fontaines, & ce défaut d'eau fait fa principale défenfe. Cette ville eft affez ancienne, & a été fortifiée felon la méthode du chevalier de Ville. On y entre par deux portes diametralement oppofées. Les dedans font affez réguliers, & les rues pas mal pavée. Il y a deux places publiques, l'une fous le château, & l'autre au milieu de la ville. La premiere eft plus réguliere que l'autre, & les deux grandes rues des deux portes y aboutiffent. Il n'y a que quatre ou cinq églifes. L'enceinte de cette place eft d'une forme affez réguliere, formant une espéce de trapeze. Cette enceinte eft compofée de fept bastions, trois desquels entourent le château. Il y en a deux qui font extrê mement grands, & ont des places hautes, ainfi que le pratiquoit le chevalier de Ville. A la gorge de chacun de ces baftions font placés des cavaliers en forme de fer à cheval. La place eft entourée d'un foffé, dans lequel font placées fept demi-lunes. Celle qui couvre la porte d'Arras eft plus grande que les autres, & de la conftruction du maréchal de Vauban fa forme eft pentagonale. Toutes ces demi-lunes font entourées chacune de leur foflé particulier qui communique dans le grand foffé de la place, le tout entouré de fon chemin couvert avec les traverfes, places d'armes & glacis à l'ordinaire. Le château eft placé à l'angle le plus aigu que forme l'enceinte de la ville. Ce n'est proprement qu'une petite enceinte de forme carrée, dont les trois bastions forment une partie du contour. Les deux autres côtés qui regardent la ville, ne confiftent qu'en deux lignes droites, qui forment un angle en dedans de la place, dont elle n'eft féparée que par un fimple foffé fec. Sur les quatre angles, font placés quatre cavaliers en forme de fer à cheval. Bapaume n'étoit au commencement qu'un château où s'étoit fortifié un nommé Beranger, chef d'une troupe de voleurs l'an 1090, & qu'on eut peine à en chaffer. Depuis ce tems ce château fubfifta toujours fous les comtes de Flandres & d'Artois. Eudes, duc de Bourgogne, comte d'Artois, érigea ce bourg en ville en le faifant fermer de murailles, l'an 1335. L'Artois étant venu au pouvoir de la maison d'Autriche, & Bapaume étant fur les confins de la France, Charles V fit fortifier cette place qui étoit alors importante, étant oppofée à Peronne, qui étoit le boulevart de la Picardie. Cette place fut prife, l'an 1641, par les François fous le regne de Louis XIII, & elle a été cédée à Louis XIV par le traité des Pirenées. * Piganiol de la Force, Defcription de la France, t. 3. p. 71. Longuerue, Defcription de la France, 2. part. p. 88.

2. BAPAUME, petite riviere de France, en Normandie; elle a fa fource à Cailly, bourg du pays de Caux, éloigné de Rouen de quatre lieues. Elle arrofe les paroiffes de S. Germain, Gouville Fontaine le Bourg, Tandos, Montville, où elle reçoit un ruisfeau qui vient du bourg Claire. Enfuite elle coule par

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Saint Maurice, Saint Martin du Haume, Bondeville, Maromme & Deville; après quoi elle vient à BAPAU ME, qui eft un hameau, fitué au pied de la côte de Croiffet, où elle entre dans la Seine, une demi-lieue au deffous du château de Rouen. Cette petite riviere, en paflant par Maromme, y fait aller deux moulins à poudre à canon, dont on fournit toute la province. *Corneille, Dictionnaire. Memoires dreffes fur les

lieux en 1703.

BAPHYRA &

BAPHYRUS, nom que portoit l'Helicon, lorsqu'après avoir coulé quelque tems par des fouterreins il revenoit à paroître. Voyez HELICON, riviere.

BAPUTA, ville d'Afie, dans la grande Arménie, felon quelques exemplaires de Ptolomée, l. 5. c. 13. Au lieu de ce nom on lit CAPUTA dans quelques éditions, entre autres celle de Bertius.

BAR, ou plutôt BAHR ; ce mot en Ethiopien fignifie la MER, & fe donne auffi a de grands lacs. Ainfi en Ethiopie on nomme BAHR-NAGASH, non pas un royau me particulier, comme le difent quelques relations, mais un gouvernement dont le département eft fur la côte.

BAR DE DAMBRA. Voyez Dambée.

1. BAR, petite riviere de France, en Champagne, dans le Rhetelois; elle a fa fource au village qui lui donne le nom, près de Befanci, d'où, coulant au nord, elle fe jette dans la Meufe auprès de Doncheri. Eile porte bateau Baudrand, éd. 1705.

2. BAR, petite ville d'Ukraine, avec un château fur une colline, fur le ruiffeau de Cou, entre des marais, entre Braklaw & Kaminieck.

3. BAR, duché entre la Lorraine & la Champagne. On le nomme indifféremment, le DUCHÉ DE BAR & le BARROIS ou le DUCHÉ DE BARROIS, & autrefois le COMTÉ DE BARROIS. Il eft fort grand, & s'étend depuis la Champagne, & le territoire de Sermaife, qui eft du bailliage de Vitri, jusqu'au-delà de la Mofelle. Il eft composé d'un grand nombre de châtellenies, de prevôtés & de feigneuries, qui ont été unies en un feul corps. I reconnoiffoit deux dominations; car quoique le duc de Lorraine fût ci-devant propriétaire de tout ce duché, néanmoins il a toujours reconnu la fouveraineté du roi de France, pour ce qui eft au-deçà de la Meufe, & il y a appel de fes juges au parlement de Paris. Du refte le duc jouiffoit, dans tout fon duché des droits régaliens, comme font les princes de l'empire, ne devant rien à la couronne de France pour le Barrois mouvant, que l'hommage & le reffort. * Longuerue, Defcription de la France, 2. part. p. 177.

Les comtes ou princes de ce pays, ont pris autrefois le titre de comtes de Monçon ou Moujon, à caufe d'une ancienne fortereffe qu'ils poffédoient. Frederic, qui fut créé duc de Mofellane, ou de la Haute-Lorraine, par Brunon, archevêque de Cologne, duc général du royaume de Lorraine, pour fon frere l'empereur Othon, a été le premier leigneur propriétaire de Bar. Ce duc étoit propriétaire du pays que l'on appelle aujourd'hui Barrois, du moins d'une partie : ce fut lui qui bâtit Bar-le-Duc, qui a donné le nom à ce pays, qui fut poffédé par Thierry fils, & par Frederic II, petit fils de Frederic I. Frederic II n'eut que deux filles, Bea rix & Sophie, qui n'hériterent pas du duché de Mofellane; car on ne le regardoit pas encore comme un propre, & une principauté héréditaire : mais ces dames eurent feulement les biens allodiaux. Beatrix n'eut de fon mari, Boniface, marquis de Toscane, qu'une fille, qui fut la célèbre comteffe Mathilde, qui mourut fans enfans. Ainfi Sophie eut tous les biens allodiaux de Lorraine, qui avoient appartenu à fon pere, le duc Frederic II, l'empereur n'ayant ôté à ces dames que les fiefs, & non les terres allodiales: Ajudicatum fuit tenere allodia patris, non feoda, comme dit Alberic de trois Fontaines, en fa chronique à l'an 1033.

Le premier fondateur de Bar-le-Duc, fut Frederic, duc de Lorfaine, comme nous l'apprenons de l'ancien écrivain des antiquités de l'abbaye de Saint Mihel, qui marque que Bar fur fondé fur les confins de la Lorraine & de la Champagne, pour s'opposer aux fré

quentes incurfions des Champenois: propter frequen-
tes Campanorum in Lotharingiam incurfiones, in con-
finio Lotharingia & Campania Caftrum extruxit.

Manegaud, abbé de Saint Mihel, étant tourmenté
& vexé par Renaud II, comte de Bar, vers l'an 1150,
préfenta une requête au pape Eugene III, dans la-
quelle on voit (ce qui fe trouve auffi dans les antiquités
de S. Mihel) que le duc Frederic s'étoit rendu le maître
abfolu de l'abbaye de S. Mihel, dont il étoit voifin, &
laquelle étoit fort éloignée des empereurs ou rois d'Al-
lemagne, fes véritables protecteurs. L'abbé ajoute, que
le duc, ayans pris le titre d'avoué & défenfeur de
Saint Mihel, s'étoit emparé du tiers de tous les biens
& des revenus de cette abbaye, & que de ce tiers, il
avoit compofé le domaine de Bar, qui n'en avoit point
auparavant de tertiâ parte pradiorum ecclefia (de Saint
Mihel) Caftrum fuum Barrenfe, quod extruxerat, cafa-
vit; & illaiffa cette feigneurie en héritage à fes fucceffeurs
mâles & femelles; c'eft pourquoi, après la mort de
Frederic II, fes filles, Beatrix & Sophie, eurent Bar,
avec d'autres biens allodiaux. Sophie, après la mort de
la comteffe Mathilde, fa niéce, eut tous les biens qu'el-
le apporta à fon mari Louis, que plufieurs appellent
comte de Montbelliard, parce qu'il étoit maître de cette
place, comme l'aflure Hermanus Contractus : mais
Alberic, à l'an 1233, l'appelle Louis, mari de Sophie,
comte de Mouffon ou Monçon, (en latin Moncionis.)
Quoiqu'on ne voie par aucun acte authentique, que
ce comte Louis ait pris le titre de Mouffon, ni d'aucune
autre place, néanmoins fes descendans ont porté le
nom de Mouffon, ou Monçon, ou Mouzuns, qui
étoit du patrimoine de Louis, mari de Sophie, dame.
de Bar, qui n'a point porté le titre de comteffe de Bar
dans le tems qu'elle a vécu; mais fon fils Thierri est
appellé comte de Bar par le moine Laurent de Liége
qui a achevé fa chronique, l'an 1145. Laurent a vécu
du tems des enfans du comte Thierri, & a pu voir
Thierri lui-même; de forte que cette autorité nous
empêche de douter que Bar n'ait été comté, & que
Thierri n'en ait porté le nom avant l'an 1100, étant
mort dès le commencement du dixième siècle. Il laissa
trois fils; Thierri, qui fut comte de Montbelliard ;
Louis, qui fut comte de Mouffon ; & Renaud, qui
fut comte de Bar premierement, puis de Mousson,
après le décès de Louis, mort fans poftérité. Le comte
Renaud fut tige de la branche qui a porté le nom de
Bar, & joignit à ces comtés plufieurs feigneuries, dont
nous parlerons en leur lieu. Renaud jouit quelque tems
du comté de Verdun, & eut la guerre contre l'em-
pereur Henri IV, ou Henri V, qui le pourfuivit
comme un rebelle, l'affiégea & le prit dans le château
de Bar; il vouloit même le faire mourir, mais il lui
pardonna. Les Allemands prétendoient alors que Bar
étoit dans les limites de leur royaume, que l'on ap
pelle aujourd'hui l'empire, & que les Allemands nom-
ment toujours Das-Reich, c'eft-à-dire, le royaume ; c'est
pourquoi Othon de Freffingue au livre VII de fa chro
nique, décrivant l'expédition de l'empereur Henri IV
ou V, en Lorraine, dit qu'il affiégea le comte Re-
naud dans le château de Bar, in Caftro Barra in ter
mino Regni fito. Alberic dir la même chofe dans fa
chronique, que cette place ou château de Bar étoit
dans les limites du royaume, in termino Regni ; & peu
après il ajoute, que l'empereur pardonna à Renaud,
à la priere de tous fes parens, très-nobles du royau-
me, c'est à-dire, d'Allemagne. De plus, on cite dans
les notes fur la vie de faint Gerard, évêque de Toul,
des lettres des empereurs Henri I, & Othon I, qui
confirment la ville de Bar à l'églife de Toul.

Cependant le Barrois a toujours dû être du royaume
de France, comme il en eft encore aujourd'hui, & fans
doute que les confirmations ci-dessus étoient de pures.
entreprifes des empereurs allemands fur nos rois, les
évêques de Metz, Toul & Verdun, qui avoient la
principale partie de leurs diocèfes fous leur domina-
tion, & qu'ils combloient de biens & d'honneurs pour
les mettre dans leurs intérêts, ne fongeant alors qu'à
fecouer le jourg des monarques françois, comme l'a
très-bien remarqué Chantereaux dans fes confidérations
hiftoriques fur la Lorraine, page 123. C'est ce qu'on

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conclut encore de ce que dit Flodoard, qu'en 951, Frederic, duc de Lorraine, entra dans la France, & construifit à Banis ou Fanis, fans le confentement du roi, Louis d'Outremer, un château, d'où il ravageoit le pays des environs, & que Louis s'en plaignit à l'em-pereur Othon, lequel répondit que Frederic n'agiffoit point par fon ordre car foit que ce lieu de Banis ou Fanis, foit celui de Bar même, comme l'a cru l'hiftorien des évêques de Metz, ou que ce foit feulement celui de Fain qui lui eft contigu, comme le veut l'hiftorien des évêques de Toul, il s'enfuivra toujours que ce pays étoit alors de la France. Auffi la chronique de Saint Mihel ne met point Bar dans la Lorraine, mais entre la Lorraine & la Champagne, in confinio Lotharingie & Campania, & apparemment que l'in termino Regni d'Othon de Freffingue, & d'Alberic, ne s'entend non plus que d'un pays limitrophe, au royaume de Lortaine. Enfin les comtes de Bar paroiffent avoir été plus dépendans de nos rois que des empereurs. Henri II combattit aux côtés de Philippe Augufte contre l'empereur Othon, à Bouvines: Thibaud II, qui avoit fait hommage à faint Louis, fut condamné par arrêt du parlement de France, en vingt mille livres de dédommagement envers les moines de Beaulieu en Argonne; & Henri III, qui avoit auffi fait hommage à Philippe le Bel, avant fa révolte, en faveur du roi d'Angleterre, fon beau-pere, fur forcé de le renouveller en 1301.

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Ce fut Charles IV, qui érigea, l'an 1354, étant à Metz, le Pont-à-Mouffon, en marquifat. Il ne comprend que le Barrois d'au-delà de la Meufe, & c'eft ce qu'il faut feulement entendre, quand Albert de Strasbourg, qui vivoit alors, dit que cet empereur avoit érigé le Barrois de comté en marquifat, ex Comitatu Barrenfi Marchionatum. Auffi tous les empereurs qui ont fuivi Charles IV, jusqu'à Ferdinand II, en donnant l'inveftiture des fiefs impériaux de Lorraine, n'ont fait mention que du marquifat de Pont, dont le titre procede de la grace des empereurs. Pour l'érection de Bar en duché, il n'y a aucune apparence que les empereurs en ayent jamais été les auteurs quoique les écrivains allemans & lorrains l'ayent foutenu. Les François ont de leur côté maintenu que cette érection venoit des rois de France, & que le roi Jean, en mariant fa fille Marie avec Robert, premier duc de Bar, l'avoit fait pour favorifer fon gendre; mais on répond que Marie n'a été mariée au duc Robert qu'après la mort du roi Jean, arrivée à Londres l'an 1364, 9 d'avril; le roi Charles V, fils & fucceffeur de Jean, n'ayant conclu le mariage de fa fœur avec le duc, que le 4 de juin fuivant; & il y avoit déjà long-tems que Robert étoit duc, puisque Duchesne cite des lettres du même Robert, datées de l'an 1357, où il fe dit duc de Bar. I en allegue d'autres des années 1360 & 1362, où Robert prend le même titre, d'où ce favant homme a conclu que Robert a été créé duc, l'an 1357, fept ans avant fon mariage; & c'eft avec d'autant plus de raifon que l'on voit dans la patente de l'empereur Charles IV, donnée pour la confirmation des priviléges du Pont-à-Mousson du 21 décembre 1356, que Robert de Bar n'avoit alors que le titre de comte & de marquis. Mais il y a encore quelque difficulté d'attribuer en cette année cette érection au roi Jean, qui étoit alors prifonnier en Angleterre, ayant été pris à la bataille de Poitiers le 19 de feptembre 1356. Il faudroit donc que Bar eût été érigé en duché par Charles, fils de Jean, régent du royaume de France; & c'est ce qui est auffi peu vraisemblable. D'ailleurs les lettres d'érection ne paroiffent point, & n'ont jamais été alléguées; ainfi l'origine de ce titre ducal eft fort obscur. Il eft plus vraisemblable que le comte Robert l'a ufurpé, il devoit aspirer après cet honneur pour s'égaler au duc de Lorraine fon voifin. Sa ville s'appelloit déjà Bar-le-Duc, à caufe du duc Frederic fon reftaurateur : il y avoit même peu de différence entre un comte de fon rang & un duc: enfin la France étoit dans ce tems-là dans une confufion terrible, & on étoit dans la néceffité de le ména ger: ainfi dans ces circonftances feroit-il furprenant qu'il eût eu l'audace de s'arroger de fa propre autorité

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le titre de duc, & qu'il eût fu le conferver, fur-tout ayant enfuite époufé la fœur du roi, qui en partageoit la gloire avec lui. Les comtes & ducs de Bar ont mar qué en détail dans leurs actes de foi & hommage à nos rois, depuis Philippe le Bel jusqu'à préfent, les feigneuries qu'ils tiennent de la couronne. Le Barrois n'a pas toujours refforti nuement du parlement de Paris; il y avoit autrefois appel des juges de Bar au bailli de Sens; mais quoique les rois ayent changé cet ufage, & qu'ils ayent même accordé des droits régaliens & de grands priviléges aux ducs de Bar, ils ne leur ont cependant pas donné celui des pairs & des pairics.

Le titre de duc ne demeura pas long-tems dans cette maifon de Bar; car le duc Edouard, fils aîné de Robert, étant mort l'an 1415, il eut pour héritier fon frere Louis, cardinal de Bar. Leur four Yoland avoit époufé Jean, roi d'Arragon, dont étoit née Yoland d'Arragon, femme de Louis d'Anjou, II du nom, roi de Sicile. René d'Anjou, fils de Louis & d'Yoland d'Arragon, qui fut depuis roi de Sicile & comte de Provence, étoit petit-neveu du cardinal de Bar, qui l'inftitua héritier de fon duché de Barrois, & de fes autres états & feigneuries, par fes lettres données à Saint Mihel le 13 d'août l'an 1419.

René, après la mort de fon fils Jean, duc de Calabre, & celle de Nicolas, duc de Lorraine, fon petit-fils, fit fon teftament l'an 1474, dans la ville de Marseille, par laquelle il inftitua fon héritier au duché de Bar, fon petit fils René, duc de Lorraine, fils de fa fille Yoland, & de Ferri, comte de Vaudemont.

Le roi Louis XI s'étoit faifi de Bar-le-Duc, & fe maintint durant quelques années en poffeffion. Après fa mort, fon fils, Charles VIII lui fuccéda, qui étoit fort jeune. Le duc René vint à la cour, & demanda tous les biens & tous les états de fon grand-pere, le roi René. On nomma des arbitres, qui débouterent René de la plus grande partie de fes prétentions; mais on lui adjugea le duché de Bar, en rendant au roi les mêmes hommages que ses prédécesseurs.

Louis XII, roi de France, lui accorda, par grace, les droits régaliens, & François I en ufa de même à l'égard du duc Antoine, qui donna fes lettres de reconnoiffance l'an 1541, dans lesquelles il avouoit qu'il ne pouvoit ufer de ces droits que de la grace spéciale du roi, fon fouverain seigneur. Les fucceffeurs d'Antoine en ont toujours joui au même titre. Par le traité des Pyrenées, le Barrois mouvant & non-mouvant avoit été cédé à la France; mais le feu roi Louis XIV le reftitua, l'an 1661, au duc Charles, grand-oncle du duc Léopold, qui a été remis en poffeffion de ce duché par le traité de Ryswick, & en a fait hommage au roi comme fes prédéceffeurs.

Par le dernier traité de paix, du 18 de novembre 1738, Staniflas I, roi de Pologne, a été mis en posfeffion de ce duché qui eft retourné à la France, après la mort de ce prince.

Le Barrois mouvant comprend deux bailliages, qui font celui de Bar-le-Duc, & celui de Baffigni: ces bailliages font divifés en plufieurs prevôtés & châtellenies.

4. BAR-LE-DUC, ville capitale du duché de Bar. Elle eft fituée fur la pente d'une colline, dont le bas eft arrofé de la petite riviere d'Ornain, laquelle fe jette dans la Marne au-deffous de Vitri-le-François. Elle eft fortifiée d'un ancien château. Cette ville, qui a donné fon nom au Barrois, reconnoît, comme on l'a dit dans l'article précédent, pour fondateur Frederic I, beaufrere de Hugue-Capet, qui fit bâtir la fortereffe de Bar pour fervir de boulevart à la Lorraine, contre les incurfions des Champenois, & il la nomma Barrum, c'est-à-dire, Barram, une barre. On a donné ce nom à d'autres fortereffes plus anciennes dans les Gaules: & dans les capitulaires des rois de la feconde race, il eft fait mention de deux différens pays de Barrois, fort différens de celui d'aujourd'hui, dont Bar-le-Duc eft la capitale. Cette origine de la ville de Bar a été écrite il y a fept cens ans par l'auteur de l'histoire de Saint Mihel, qui témoigne avoir entrepris fon ouvrage du tems & en confidération de Nanterus, qui étoit abbé de Saint Mihel, vers l'an 1920. Au reste on prouve

que

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