THEATRE. M DE L'IMPRIMERIE DE FAIN, PLACE DE L'ODÉON. A PARIS, CHEZ TH. DESOER, LIBRAIRE, RUE CHRISTINE. 1817. GETTE pièce est bien moins une traduction qu'une esquisse légère de la fameuse comédie de Wicherley*, intitulée Plain dealer, l'Homme au franc procédé. Cette pièce a encore en Angleterre la même réputation que le Misantlurope en France. L'intrigue est infiniment plus compliquée, plus intéressante, plus chargée d'incidens; la satire y est beaucoup plus forte et plus insultante; les mœurs y sont d'une telle hardiesse, qu'on pourrait placer la scène dans un mauvais lieu attenant un corps de garde. Il semble que les Anglais prennent trop de liberté, et que les Français n'en prennent pas assez. Wicherley ne fit aucune difficulté de dédier son Plain dealer à la plus fameuse appareilleuse de Londres. On peut juger par la protectrice du caractère des protégés. La licence, du temps de Charles II, était aussi débordée que le fanatisme avait été sombre et barbare du temps de l'infortuné Charles 1. Croira-t-on que, chez les nations polies, les termes de gueuse, de p...., de bor..., de rufien, de m..., de v..., et tous leurs accompagnemens, sont prodigués dans une comédie où toute une cour très-spirituelle allait en foule? Croira-t-on que la connaissance la plus approfondie du cœur humain, les peintures les plus vraies et les plus brillantes, les traits d'esprit les plus fins, se trouvent dans le même ouvrage? Rien n'est cependant plus vrai. Je ne connais point de comédie chez les anciens ni chez les modernes, où il y ait autant d'esprit; mais c'est une sorte d'esprit qui s'évapore dès qu'il passe chez l'étranger. Nos bienséances, qui sont quelquefois un peu fades, ne m'ont pas permis d'imiter cette pièce dans toutes ses parties; il a fallu en retrancher des rôles tout entiers. Je n'ai donc donné ici qu'une très-légère idée de la hardiesse anglaise; et cette imitation, quoique partout voilée de gaze, est encore si forte, qu'on n'oserait pas la représenter sur la scène de Paris. Nous sommes entre deux théâtres bien différens l'un de l'autre : l'espagnol 'et l'anglais. Dans le premier on représente Jésus-Christ, des possédés et des diables; dans le second, des cabarets et quelque chose de pis. PROLOGUE **. M. DU TOUR, VOLTAIRE. Mine, DU TOUR. Non, je ne joûrai pas: le bel emploi vraiment! Le plaisant divertissement , Pour le jour de Louis, pour cette auguste fête, Voyez ce que M. de Voltaire dit de Wicherley et de ses ouvrages dans les Mélanges en prose. ** La Prude fut représentée sur le théâtre d'Anet pour madame la duchesse du MaineM. de Voltaire y joua, et fit ce prologue pour annoncer la pièce. TOME II. 35**. |