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DE L'IMPRIMERIE de A. BELIN.

DES MÉMOIRES

RELATIFS

A L'HISTOIRE DE FRANCE,

DEPUIS L'AVÉNEMENT DE HENRI IV JUSQU'A LA PAIX DE PARIS
CONCLUE EN 1763;

AVEC DES NOTICES SUR CHAQUE AUTEUR,

ET DES OBSERVATIONS SUR CHAQUE OUVRAGE,,

PAR MESSIEURS

A. PETITOT ET MONMERQUÉ.

TOME LVI.

PARIS,

FOUCAULT, LIBRAIRE, RUE DE SORBONNE, N° 9.

1826.

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DU

que

DUC DE GUISE..

LIVRE QUATRIÈME.

LES ministres de Rome et les cardinaux de la faction d'Espagne ayant été consultés sur la dépossession du duc d'Arcos, et sur l'établissement de l'autorité en la personne de don Juan, jugeant que c'étoit le seul moyen de rétablir leurs affaires, conseillèrent qu'il ne falloit pas négliger cet expédient, l'on devoit exécuter sans remise. L'on commença d'y travailler sérieusement, et peu de jours après il se dépouilla de la vice-royauté, et don Juan en prit possession avec un applaudissement général des Espagnols et de tous ceux de leur parti; et l'autre se sacrifiant au bien de l'Etat, et se résolvant à se charger de la haine publique pour que son maître et son roi en pût tirer quelque avantage, disposa toutes choses pour son départ, qui fut au 26 de janvier, les châteaux, les vaisseaux et les galères lui rendant les derniers honneurs par des salves d'artillerie et de mousqueterie qui durèrent tout le jour. Le peuple ne le solennisa que par des injures et des imprécations contre lui.

T. 56.

I

Le lendemain, don Juan ayant reçu les complimens accoutumés de tous les ministres, de la noblesse, des gens de guerre et du peuple, qui étoit de son côté, fit une superbe cavalcade avec l'accompagnement de tous ceux qui purent avoir des chevaux pour le suivre, et se fit voir dans tous ses quartiers, visita les châteaux et tous les postes; dont nous fûmes avertis par les salves de réjouissance, les générales acclamations, et les feux de joie qui durèrent toute la nuit. Ensuite il fit publier un manifeste, rejetant toutes les violences passées et tout le mauvais gouvernement sur l'humeur altière et sur l'avarice du duc d'Arcos, promettant au peuple un pardon général de sa rebellion, la conservation de ses priviléges, et non-seulement la confirmation des capitulations qui lui avoient été accordées, mais une augmentation de grâces, dont il s'offroit d'être la caution; et il n'oublia rien de tout ce qui pouvoit ébranler son esprit. Il écrivit aussi des lettres à M. le cardinal Filomarini, à l'élu du peuple, à Vincenzo d'Andrea, et à beaucoup d'autres des plus autorisés de la ville. La plupart m'apportèrent leurs lettres toutes fermées, mais Gennaro ne me dit rien de la sienne; et comme il ne savoit pas lire, celui à qui il s'étoit confié pour en apprendre le contenu vint aussitôt m'en rendre compte. Je dissimulai quelques jours pour voir comment il en useroit; et lassé de son silence, je lui dis, un matin qu'il vint à mon lever, qu'il me faisoit un secret d'une dépêche si importante qu'il avoit reçue. Il me l'alla querir à l'heure même, et m'assura qu'il avoit oublié de me l'apporter plus tôt, quoiqu'il en eût eu l'intention. Je me payai de cette méchante excuse, et l'observai depuis

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